« Penser, c’est chouette » a reçu Emmanuel Maurel, député, membre fondateur et animateur national de la Gauche républicaine et socialiste, à la veille du mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre 2025. Ils lui ont demandé de leur présenter sa vision de la situation dans laquelle se trouve la France, pourquoi nous en sommes là et quoi faire pour inverser la tendance afin de redresser la situation économique, politique et sociale et d’améliorer la vie des Français.
Loi immigration : le macronisme en débandade
La Gauche Républicaine et Socialiste fait part de sa sidération concernant le débat sur la loi immigration.
Les mesures convenues entre Renaissance et LR en CMP et intégrées au texte final démontrent l’impasse politique dans laquelle est engoncée la majorité présidentielle. Prisonnière de la droite, elle en est réduite à accepter des mesures qui confinent à l’inhumanité (« délai de carence » sur l’accès à l’aide et la protection sociales) et au danger sanitaire (promesse faite à LR de supprimer l’Aide Médicale d’Etat).
Pire : la loi votée ne prévoit rien sur l’intégration républicaine et restreint le droit du sol sans apporter aucune réponse crédible aux OQTF non exécutées. Les problèmes qu’elle entend régler seront donc inchangés. Ce texte se présente comme un catalogue de mesures mesquines, vexatoires et accessoires contre les étrangers en situation régulière.
La crise démocratique que nous vivons démontre que les institutions de la Vème République, malmenées par le macronisme, sont dépassées. Certains députés et ministres de la majorité présidentielle, qui n’ont jamais rien fait pour défendre les retraites, l’hôpital public, les fonctionnaires, les salaires, ont vaguement mis en scène une fronde de pacotille. Et l’extrême droite, par calcul, a donné le baiser de Judas au gouvernement.
La Gauche Républicaine et Socialiste appelle le Conseil Constitutionnel à censurer le texte et ses mesures contraires aux principes fondamentaux reconnus par les lois de la République. Elle appelle à l’ouverture d’une politique sérieuse et ambitieuse d’intégration.
3e confinement : l’échec du narcissisme présidentiel
L’intervention du président de la République le soir du mercredi 31 mars 2021 à 20 heures est l’illustration d’un homme prenant ses décisions seul malgré l’échec du pari qu’il avait fait au début de l’année 2021, pari dont on peut se demander si c’était la santé des Français qui en était l’enjeu ou son entrée en campagne présidentielle.
Car il faut bien le constater, c’est bien l’échec des précédentes décisions d’Emmanuel Macron à court, moyen et long termes qui conduit aujourd’hui à généraliser une forme de semi-confinement à tout le pays pour tenter de freiner une troisième vague de l’épidémie que les pouvoirs publics sous la férule de l’Elysée ont laissé filer pour ne pas – aussi longtemps que possible – désavouer la parole macronienne.
Les mesures annoncées hier soir sont prévues pour quatre semaines, mais l’expérience aidant comment les Français pourraient-ils avoir la garantie de cet horizon ?
Alors que l’éducation nationale – après un an de crise sanitaire – n’a toujours pas pu se donner les moyens d’assurer l’enseignement à distance partout et pour tous dans de bonnes conditions, la fermeture des établissements scolaires se traduira évidemment par de nouveaux dégâts chez les élèves et les étudiants. Le gouvernement a nié durant trop de mois que le niveau des contaminations dans les écoles, étant équivalant à celui en population générale, il participait évidemment à la diffusion du COVID ; pourtant jamais les établissements scolaires ne se sont vus dotés des moyens pour appliquer correctement les « protocoles sanitaires renforcés » ; quant aux campagnes de tests salivaires dans ces établissements, elles sont trop peu intenses, trop tardives, et non suivies (une fois un établissement testé on n’y revient plus ?), sans obligation de s’y soumettre pour être efficace. Les victimes de cette légèreté seront d’abord les élèves.
En deuxième, viennent leurs parents car – sauf à considérer que les Français avaient les reins économiques suffisamment solides pour partir en vacances – sans solution pour affronter 4 semaines sans école, le télétravail jouant déjà sans doute au maximum, les salariés risquent de se voir massivement contraint au chômage partiel, avec les dégâts économiques et sociaux qui suivront. Quand les familles ont déjà du mal à s’en sortir avec 100% du salaire, on peut déjà mesurer la détresse qui les guettent avec 80% du salaire. Sans compter les salariés qui perdront leur emploi…
L’intervention d’Emmanuel Macron marque aussi l’échec de la stratégie vaccinale de l’exécutif, sujet qui a été largement éludé hier soir. La seule stratégie de sortie de crise efficace est une campagne de vaccination massive : force est de constater que le gouvernement ne se donne pas les moyens de combler le retard, la pression exercée sur les groupes pharmaceutiques par l’Union européenne et la France étant très faible. Cette faiblesse se double d’un entêtement idéologique à refuser les vaccins russes, cubains, indiens ou chinois.
Enfin, que dire de la promesse de revenir à 10 000 lits de réanimation pour faire face. Alors que les soignants sont épuisés par plus d’un an d’errances diverses du gouvernement face à la crise sanitaire, on se demande si les propos du président de la République ne sont pas une provocation pure et simple ! Depuis un an, le gouvernement et les ARS ont poursuivi une politique de fermeture de lits (y compris en réanimation !). Depuis un an, rien de sérieux n’a été fait pour mobiliser dans la durée les hôpitaux privés aux côtés des hôpitaux publics. Depuis un an, rien de sérieux n’a été fait pour tarir l’hémorragie de personnels soignants qui quittent l’hôpital public démoralisés, découragés et épuisés. Depuis un an, le gouvernement nous explique qu’il ne peut pas former les professionnels compétents nécessaires à l’augmentation des lits de réanimation « en claquant des doigts » ; on en déduit que, dans ces conditions, l’augmentation « en claquant des doigts » du nombre de « lits de réa » se traduira par une dégradation de la prise en charge et de la qualité des soins. Il aurait pourtant été possible en un an de recruter les personnels compétents qui existent dans le pays et de retenir ceux qui continuent de partir en ayant la considération qui convient à leur égard !
Comment enfin considérer qu’avec de tels échecs et de telles annonces, notre démocratie ne serait pas atteinte. Depuis un an, le parlement est écarté des décisions, l’exécutif gouverne par ordonnances et par le truchement d’un état d’urgence sanitaire débarrassé de tout contrôle réel des députés et sénateurs. Le Parlement sera convoqué cet après-midi non pour avoir un débat éclairé, données à l’appui, pour discuter des mesures à prendre et dégager les moyens nécessaires, mais pour être sommé de partager, sous une forme de chantage, la responsabilité des décisions de l’oracle élyséens. Comment imaginer également que dans les semaines qui viennent, on puisse envisager dans des conditions sereines et équitables de conduire des campagnes électorales pour les élections départementales et régionales. Renvoyer à une dématérialisation de la campagne, on le sait, n’apporte aucune garantie d’information des citoyens, c’est empêcher tout émergence d’offre politique alternative à celles « grands partis » qui disposent déjà d’une audience sur les réseaux sociaux ou de financements importants, c’est l’assurance de ne récolter qu’une abstention massive qui atteindra la légitimité des futurs élus.
Emmanuel Macron a failli. Emmanuel Macron a depuis un an décidé seul, écartant le Parlement pour lui préférer l’opaque conseil de défense. Emmanuel Macron a joué avec le bien-être des Français comme on joue au loto. Emmanuel Macron est responsable des dégâts qu’il a causé et il devra en assumer les conséquences le jour de rendre des comptes.
Les tribulations d’un patron de PME sous Macron
- Voir le post original d’Anthony
Depuis des mois je ne sais comment expliquer la situation, ni quels mots utiliser. Le langage dur et rébarbatif de la gestion d’une entreprise n’est pas sexy. Depuis des années, par petites touches, je m’y essaie pourtant. Avec plus ou moins de succès. Le champs lexical qui s’applique à la mort de celle-ci est encore moins séduisant. Ce n’est pas Waterloo, mais ce n’est pas non plus le chant du Cygne. Rien de romantique. Pourtant il faut bien parler. Raconter ce qui est invisible. Témoigner.
L’interview de Bruno Le Maire mardi matin sur France Inter m’a décidé. Je ne me fais aucune illusion sur l’impact réduit du déballage indélicat et voyeuriste que je vais commettre. Mais ce sera dit.
Délirante interview. Terrifiante interview en vérité. Dans quel pays vit ce monsieur ? Pas dans le même que le mien, pour sûr. La réalité que je connais est tout autre. À Marseille les bars et les restaurants ont fermé depuis lundi. Les salles de sport ont clos leurs portes partout en France. C’est une première depuis le déconfinement. Il y en aura d’autres. Les traiteurs et les sociétés de l’événementiel souffrent. Les entreprises auxiliaires des transports terrestres et de l’aérien sont à l’agonie. Les associations connaissent une baisse des inscriptions inédites. Le secteur du tourisme dans sa globalité est lourdement touché. Sans parler de la restauration (au sens large du terme) et de la culture. Beaucoup de secteurs restent impactés par la crise sanitaire, qui repart de plus belle, mais le gouvernement ne prend aucune mesure d’envergure et Bruno Le Maire ne semble pas s’en rendre compte.
Les loyers commerciaux doivent être payé depuis le 10 septembre, quelle que soit la situation de l’entreprise. Le régime de chômage partiel va être révisé à la baisse au 1er novembre. Les banques ne délivrent plus de PGE (ou dans des conditions telles et avec tellement de paperasse que préparer le dossier équivaut à sacrifier l’activité de l’entreprise). La BPI est aux abonnés absents pour les PME et le médiateur du crédit est débordé. Les services des impôts se réveillent petit à petit et lancent les premières mises en recouvrement. L’URSSAF vient d’envoyer un courriel à toutes les entreprises en difficulté pour nous signaler qu’il faudrait bientôt négocier le recouvrement des créances. Les huissiers commencent à se lâcher. Les mandataires judiciaires, dans un silence monastique et sans ostentation, commencent le travail de sape en se frottant les mains. Dans les DIRECCT (Directions Régionales des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi), comme dans les Services des Impôts des Entreprises, les suppressions massives de postes de fonctionnaires depuis plus de 10 ans se font désormais sentir.
Fini les validations sous 48 heures. Les dossiers sont visés un par un, donc tout est en retard. J’attends encore le versement du chômage partiel d’août et la validation d’un deuxième volet de chômage partiel jusqu’à fin octobre déposé début septembre… En attendant la moitié de mes salariés n’ont rien touché depuis mi-août.
Les entreprises, commerçants, artisans… tous doivent faire face à une situation inédite avec des mesures d’urgence qui s’éteignent petit à petit et qui ont été prévues il y a des mois, alors même que l’épidémie continue au-delà de ce que chacun avait envisagé. Pendant ce temps de grandes entreprises (Phildar, Alinéa…) profitent d’une ordonnance honteuse qui permet la reprise des fonds de commerce par les propriétaires eux-mêmes au Tribunal de Commerce, en se débarrassant des créances et sans consulter le parquet. Les grands groupes trouvent des astuces avec la complicité du gouvernement. Les petits claquent. Nous sommes aux portes de l’enfer.
Étonnante situation que la mienne. J’entends Bruno Le Maire mardi matin sur France Inter nous parler du budget 2021, des mesures « exceptionnelles » de relances, de la priorité de l’emploi et d’un taux de croissance de 8%. Si peu sur les faillites. Pas un journaliste pour poser la question. Pas un journaliste pour confronter le discours à la réalité bien pauvre des mesures prises et de celles qui s’éteignent contre toute logique. À l’hallucination en action des tracasseries bancaires et administratives, à la faillite qui devient inévitable, s’ajoute un décalage profond, une dystopie réelle, entre ce que je vis et le bruit médiatique, dans un pays figé par la peur et l’angoisse du lendemain. Cachez cette crise que nous ne saurions voir. J’écoute de mes deux oreilles évidemment.
Comme militant et responsable politique j’essaie d’informer et d’alerter mes coreligionnaires, au risque de jouer les Cassandre (avec l’éternel refrain sur l’économie, qui est aussi psychologique : il ne faudrait pas affoler les foules, Anthony…).
J’ai travaillé à des mesures concrètes et au plan de relance proposé par mon Parti. Je suis convaincu que des mesures courageuses comme la diminution du temps de travail, le recours massif et durable au chômage partiel ; le privilège du travail sur la rente (en continuant de suspendre les loyers et les crédits) ; le gèle des entreprises les plus en difficulté pour les réveiller après la crise permettrait d’étaler la tempête, d’éviter un effet multiplicateur d’un chômage massif sur la crise économique et de faciliter la reprise après l’épidémie. Mais ça n’arrivera pas avec ce gouvernement. Comme chef d’entreprise je supporte de moins en moins ce glissement lent qui mène en silence vers l’abattoir.
L’abattoir ce sera le Tribunal de commerce. Le bourreau le mandataire judiciaire. Le complice, le bras désarmé du Parquet. Voici le théâtre du cauchemar éveillé auquel je vais bientôt être confronté avec tant et tant de mes confrères. Dans un silence de mort. La justice privée est douce et feutrée. C’est un étrangleur Ottoman. Elle tue puis enterre en silence. Je ne me laisserai pas ensevelir dans un songe. Dépecer.
Car à l’injustice d’une situation à laquelle nous ne pouvons plus rien, à la perte d’emploi, d’années de travail acharné, à l’opprobre qui ne manquera pas de tomber sur nous qui n’avons pas tenu, qui n’avons pas résisté aux soubresauts d’un monde malade, s’ajoute l’indifférence. L’insupportable indifférence de ceux qui nous gouvernent.
« Aucune entreprise ni aucun emploi… » avait-il dit… Pourtant le risque de tout perdre est là. Famille, logement, santé… Je ne me laisserai pas couler sous les larmes de crocodile du Ministre de l’Économie et du Président de la République. En attendant la fin, chaque jour travaillé est de plus en plus pénible. Par la fenêtre de mon bureau où s’agitait notre petit monde jour et nuit, plus rien ne bouge. Ou si peu. Les téléphones ne sonnent plus. Les portes restent fermées. Le silence s’est installé dans les bureaux et les entrepôts. Je ne m’étais pas rendu compte en presque 10 années que notre travail était aussi un bruit rassurant. Enveloppant. Il me manque. Chaque jour, ouvrir le courrier, comme un supplice. À un moment ou à un autre, que je ne peux prévoir, dans une enveloppe frappée des trois couleurs, quelques lignes froides scelleront notre destin pour nous envoyer à la liquidation. Liquidation, quel mot terrible… Tout sera alors consommé.
En attendant, il faut continuer. Tenir. Faire face aux coups et aux déboires. Un par un. Chaque jour j’apprends çà et là que tel artisan ou tel chef d’entreprise abandonne. Avec le cortège lamentable de suppression d’emplois qui suit. À Roissy, où mon entreprise opère, c’est quotidiennement l’annonce des mauvaises nouvelles, des plans sociaux et des redressements judiciaires. Le bruit insupportable des entreprises qui craquent et des vies qui se brisent. Il faudra supporter le bruit de l’effondrement qui est en cours. Vous nous entendrez rugir et gronder sans relâche, jusqu’à ce que les agneaux deviennent des lions.