Licenciements abusifs : Bruno Le Maire, ministre voyou des patrons voyous

Bruno Le Maire a indiqué dans Le Parisien dimanche 3 décembre que le gouvernement veut s’attaquer à nouveau aux droits des salariés au pas de charge, en vue du vote de la loi Pacte II prévue début 2024. « Un recours contre l’entreprise reste possible pendant 12 mois. Il est important que les salariés puissent être protégés, mais ce délai est trop long ». L’objectif du ministre de l’économie est de réduire ce délai de recours à 2 mois…

Depuis la fin des années 2000, la prescription en matière de contestation de la cause réelle et sérieuse du licenciement a déjà été drastiquement réduite. En 2008, une loi l’avait divisée par six, de 30 ans à 5 ans. Puis en 2013, une autre loi avait entériné son passage à 2 ans. Aussitôt après l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, l’ouvrage a été remis sur le métier. Une baisse à six mois avait été initialement envisagée mais devant la levée de boucliers des syndicats, c’est le passage à un an qui avait été finalement retenu dans la réforme du Code du travail.

La proposition de Bruno Le Maire ne suscite aucun enthousiasme du côté des employeurs. Pourtant enclines à dénoncer les risques de contentieux, aucune des trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P) n’est demandeuse d’une telle réduction des délais. Il faut dire que la succession des réformes du code du travail depuis Nicolas Sarkozy (quinquennat Hollande inclus évidemment avec les lois Macron et El Khomri) ont sérieusement déséquilibré le rapport de force en faveur du patronat. Après la création des ruptures conventionnelles en 2008, les ordonnances Macron de 2017 ont sérieusement desserré la pression judiciaire sur les employeurs, avec le plafonnement du montant des dommages et intérêts : le nombre de nouvelles affaires aux prud’hommes a baissé de 44% entre 2015 et 2022, car les salariés n’ont en réalité plus grand chose à attendre de ces instances. Procéder à un licenciement abusif – c’est-à-dire illégal ! – ne coûte plus grand chose…

L’ensemble des organisations syndicales de salariés ont dénoncé cette nouvelle sortie du gouvernement par la voix de son ministre de l’économie et nous partageons leur colère. En effet, ne pas laisser aux salariés le temps de constituer un dossier recours – deux mois, c’est trop court pour sortir de la sidération, se renseigner sur ses droits et pouvoir contester à temps – ne peut que favoriser les patrons voyous ; les cas de licenciement abusif risquent donc de se multiplier … encore.

En réalité, la remontée des chiffres du chômage inquiète le gouvernement qui voit s’éloigner l’objectif des 5% en 2027. Emmanuel Macron et ses gouvernements ont toujours été acquis à une vision idéologique du marché du travail et de l’activité économique… Récemment encore le Chef de l’État déclarait au patronat « Réveillez-vous ! » son raisonnement est à la fois transparent et parfaitement irrationnel… Emmanuel Macron et le centre libéral-autoritaire qui le soutient sont convaincus d’avoir « fait le job », « j’ai précarisé les travailleurs, j’ai flexibilisé le marché du travail, j’ai pénalisé les chômeurs, c’est à vous de nous faire passer de 7,4 à 5%. » Or la facilitation des licenciements, l’indulgence accrue pour les écarts aux codes du travail, la flexilibisation du marché du travail, tout cela ce sont des stratégies qui ont été entamées dans les années 1990 et qui ne fonctionnent pas. Elles ont en réalité donné peu de résultats et une nouvelle étape n’en donnera pas plus. La maltraitance à l’égard des salariés, la casse du droit du travail et la précarisation des travailleurs vont assurément encore dégrader le climat social, mais cela ne créera pas d’emplois, pas plus que cela n’en a créé auparavant d’ailleurs. Et cela ne peut tenir lieu d’une véritable politique industrielle qui manque toujours à la France.

Construire le plein-emploi de demain ne se fera pas en renforçant l’exploitation : non ! Nous voulons une société de citoyennes et de citoyens émancipés, fiers de ce qu’ils apportent à la société, fiers du fruit de leur travail.

Cela passe par des salaires justes, par des protections sociales et juridiques fortes, par la participation des travailleurs aux décisions économiques et par un État qui s’engage aux côtés des entreprises dans la reconquête de nos capacités productives.

Frédéric Faravel

Halte à la souffrance au travail !

Notre pays est engagé dans un mouvement social massif contre la remise en cause de notre système de retraites, qui va d’abord pénaliser les travailleurs les plus modestes, ceux qui ont commencé à travailler tôt et fait peu d’études. Le projet d’Emmanuel Macron fait par ailleurs comme à chaque fois l’impasse sur la pénibilité et la souffrance au travail. La GRS continuera quant à elle d’insister sur la nécessité de mettre le travail au cœur des propositions prioritaires de la gauche.

Une récente étude de l’IFOP indique désormais qu’une majorité nette des Français considère le travail avant tout comme une contrainte et non comme un moyen de s’épanouir. Atteignant presque 60% des sondés, ce chiffre est en hausse de près de 10 points depuis 2006.

La dialectique du travail n’est pas nouvelle. Dans les sociétés capitalistes libérales, le travail est à la fois un outil d’émancipation individuelle et collective grâce aux richesses qu’il crée, mais également une cause d’aliénation du fait des contraintes physiques et morales qu’il engendre et à la relation de dépendance à l’employeur qui se noue pour les salariés.

Tout le combat socialiste se retrouve dans cette opposition. Depuis le XIXème siècle, notre mouvement politique se bat pour que le travail soit le plus émancipateur possible, via la redistribution des richesses par le salaire et la sécurité sociale. Nous nous battons également pour qu’il soit le moins aliénant possible, via la retraite, le code du travail, la prévention des risques, la médecine du travail.

Cet horizon du travail heureux semble malheureusement, de l’avis même des Français, s’éloigner chaque jour un peu plus. Les causes sont connues. Le travail rapporte de moins en moins, avec des salaires qui stagnent, des emplois détruits par la mondialisation, des CDI de plus en plus rares, une précarisation des jeunes en hausse avec la plateformisation qui les guette. Le travail est également de plus en plus pénible. La pénibilité, sabordée par le gouvernement Macron dès 2017, n’est plus prise en compte. De la loi El-Khomri aux ordonnances Pénicaud, le code du travail est détricoté, au prétexte qu’il ne serait plus adapté au monde du travail d’aujourd’hui. Pour autant, les souffrances au travail liées aux technologies modernes ne sont pas ou mal prises en compte. Les temps de trajet domicile-travail s’allongent et privent toujours plus de temps de vivre. Les perspectives d’amélioration des conditions, surtout, sont absentes. Aucune hausse de salaire n’est envisagée, la réduction du temps de travail n’est plus de mise. Les libéraux n’ont en tête qu’un seul objectif, faire travailler plus, plus longtemps, plus durement.

Il n’est donc pas étonnant que le rapport au travail soit de plus en plus critique et désespéré. Les organisations patronales se plaignent que les Français n’aient plus le goût du travail et ne trouvent plus de travailleurs « motivés ». Les causes sont connues, des solutions existent. Ce n’est pas en allongeant l’âge de départ à la retraite, en faisant stagner les salaires et en précarisant les conditions de travail que les Français y reprendront goût. La souffrance au travail a explosé, il convient d’y mettre un terme.

Nous sommes la gauche du travail. Nous sommes la gauche qui n’a pas renoncé à l’horizon socialiste d’un travail qui émancipe sans aliéner, qui crée des richesses et rend possible le bien-être pour tous, sans pour autant détruire les corps et les esprits.

Augustin Belloc

La question du travail doit revenir au cœur de la gauche !

Depuis la fin du mois d’août et à la rentrée, la polémique a enflé à gauche : quelle est la place du travail dans la société et dans le projet que la Gauche doit proposer aux Français. Au-delà des slogans et des petites phrases (parfois maladroites) des uns, auxquels répondent les dénonciations de triangulation des thèses de la droite des autres, François Ruffin et Fabien Roussel ont permis ses dernières semaines, par la sortie d’un livre et leurs prises de position dans les médias, de rappeler que cette question est une des préoccupations centrales de nos concitoyens et que la valorisation du travail répond à leurs aspirations prioritaires. Ainsi la reconquête du pouvoir passe par leur prise en compte : il est donc indispensable de remettre le travail au cœur du projet de la gauche !

Un débat vieux comme le mouvement ouvrier

Il n’y a pas de société, ni de richesses créées collectivement sans une implication individuelle dans le travail. Evacuons d’entrée de jeu les faux débats : lorsque Karl Marx développe au milieu du XIXème siècle ses réflexions et ses écrits sur le système capitaliste, il dénonce l’aliénation par le travail du prolétaire qui est dépossédé de son individualité, de sa contribution créatrice personnelle et du produit même de son action, l’essentiel de la création en elle-même et la richesse qui en découle étant détournée par le propriétaire du capital. Le prolétaire est donc celui qui ne possède plus rien d’autre que sa force de travail, qu’il vend contre un subside de misère. L’idée commune du XIXème siècle chez tous les philosophes et acteurs d’un mouvement socialiste en construction, est que l’émancipation des travailleurs doit passer par leur association qui rendra inutile la propriété du capital et par la maîtrise de l’outil de travail ainsi que du bénéfice du produit de leur travail.

La place du salariat

Les conditions d’organisation des économies nationales et du système économique mondial ont été incroyablement transformées depuis le milieu du XIXème siècle, non seulement sous l’effet des évolutions du capitalisme lui-même mais aussi par la mise en branle d’un mouvement de la société pour dépasser le capitalisme ou, à tout le moins, limiter la place du capital dans celle-ci : Marx, les penseurs socialistes du XIXème siècle, Max Weber et bien d’autres ont provoqué une sorte de « paradoxe de Wigner » appliqué concrètement aux sciences sociales et économiques, leurs observations d’un phénomène ayant profondément modifié les conditions de l’expérience… Mais, alors que le salariat était unanimement à gauche voué aux gémonies à l’orée de la première guerre mondiale, les conditions d’organisation de la production et de nos sociétés en ont fait le vecteur principal de distribution des revenus des travailleurs. Les victoires successives quant à l’amélioration des conditions de travail et à l’acquisition des droits sociaux créent les conditions pour un début d’émancipation et la conquête d’une dignité au travail.

L’État social s’est ainsi construit patiemment tout au long du XXème siècle, et plus encore après la seconde guerre mondiale, et l’une de ses applications concrètes a été d’attacher au statut de salarié des droits et des protections, un cadre légal pour la distribution des revenus qui le fait sortir de l’arbitraire capitaliste. Aujourd’hui la stratégie des nouveaux acteurs du capitalisme (que sont notamment les plateformes numériques) et les néolibéraux (depuis presque 50 ans maintenant) visent à faire disparaître à terme ce statut (relativement) protecteur de salarié, tentant de faire passer l’auto-entreprenariat ou la soumission à un algorithme pour une forme de libération, alors que le plus souvent cela replonge le travailleur dans la logique d’aliénation dénoncée par Marx voici 170 ans !

Travail et émancipation des travailleurs

Les politiques néo-libérales, mises en œuvre dans toutes les économies développées, ont modifié fortement le rapport au travail et la place des travailleurs dans notre société, fragmentant le monde du travail et avec la flexibilité croissante (précarité, temps partiel, CDD, externalisation des postes). Ells visaient non seulement à réduire le « cout du travail » (ce qui en dit long sur leur pseudo attachement à la « valeur travail ») mais également à réduire le travailleur à un rôle d’exécutant d’une tache et non comme un acteur de l’entreprise qui pouvait légitimement revendiquer une part de pouvoir, mais aussi une répartition plus juste des profits et richesses produits. Cette tendance de long terme aboutit à une forme de déshumanisation avec de lourdes conséquences dans le profond malaise que vivent les salariés (les salariés français sont parmi ceux qui se sentent le moins bien reconnus et traités dans leurs entreprises, y compris dans la fonction publique). Remettre le travail au cœur de notre projet c’est s’attaquer résolument à ces dérives, que tous les gouvernements de droit comme de gauche au pouvoir ont accompagné, voire accéléré dans la dernière période (avec le quinquennat de François Hollande).

La question de l’émancipation des travailleurs doit donc être au coeur de la vision du monde et de la société proposée par la gauche : cela suppose une organisation collective, un État social, qui s’assure que chacun puisse avoir accès au travail et à des conditions de travail dignes, mais aussi participer d’avantage aux décisions stratégiques des entreprises, en particulier celles qui concernent directement les travailleurs. Que nous demandent la plupart de nos concitoyens ? Le fait de pouvoir travailler, dans un cadre qui assure des conditions de santé et de sécurité dignes, de recevoir en échange une rémunération qui permette de vivre décemment et d’offrir à leur famille un cadre de vie humain, mais qui marque aussi leur utilité sociale. Ils demandent aussi plus de sens à leur travail et un équilibre harmonieux entre temps de travail et leurs loisirs, leur temps libre. Car l’émancipation des travailleurs doit s’opérer dans l’emploi mais aussi dans sa capacité de vivre d’autres engagements, d’autres implications. C’est indissociablement lié.

Cela implique plusieurs choses : D’abord de redonner une valeur concrète au « droit au travail » qui est inscrit dans notre constitution et de raffermir à nouveau le droit du travail (tant mis à mal par la loi Hollande-El Khomri de 2016 et les ordonnances Macron-Pénicaud de 2017) pour s’assurer que celui-ci retrouve son caractère protecteur face à la toute-puissance du capital. Affirmer le droit au travail, c’est bel est bien permettre à chacun d’avoir accès à l’emploi. On observera que cette idée d’avoir accès à l’emploi conduit les soutiens de Bernie Sanders aux États-Unis à promouvoir l’idée d’un État garant de l’emploi en dernier ressort. L’objectif du plein emploi, d’un emploi utile permettant de vivre dignement, est donc aujourd’hui un axe incontournable d’un projet de gauche qui voudrait entrer en résonnance avec les aspirations de nos concitoyens.

Face à cette attente des Français, les libéraux, comme Emmanuel, Macron font de la triangulation à l’envers : avec eux l’objectif du plein emploi devient pour les salariés la contrainte d’accepter un emploi à tout prix, même déqualifié et dévalorisé, mal rémunéré, à temps partiel ; au final, ils construisent une société où la perspective des catégories populaires se réduit à être un travailleur pauvre, précaire et mal reconnu. Il donne une forme contemporaine à la vieille formule réactionnaire : « l’oisiveté mère de tous les vices ».

Or le plein emploi et la valorisation du travail sont pourtant indissociables. Nous n’attendrons en réalité jamais l’objectif du plein emploi sans agir sur la qualité du travail, la reconnaissance des métiers, l’amélioration des conditions de travail, l’augmentation des salaires et des retraites, l’égalité femmes/hommes et la participation aux décisions stratégiques de l’entreprise. Cela implique aussi une politique industrielle volontariste assurant la ré-industrialisation et l’indépendance de la France et prenant en compte les impératifs climatiques. Cela passe aussi par une consolidation de notre protection sociale, qui pour une large part s’appuie sur des droits liés au travail, quand elle ne s’apparente pas tout simplement à l’idée du « salaire différé ». Les dégâts générés par le quinquennat Hollande se mesurent bien à l’aune de cette perspective ; la situation s’est encore davantage détériorée avec Emmanuel Macron qui persiste et signe en prétendant aggraver encore sa première « réforme » de l’assurance chômage et en annonçant une offensive éclair contre notre système de retraites.

La suppression de la gestion paritaire de la protection sociale, en particulier pour l’Assurance chômage et les retraites (ces dernières sont de fait salaires différé) ne date malheureusement pas d’hier ; elle entre dans une stratégie qui a pour but de transformer sa nature même : de pacte entre des droits garantis, fondés sur des cotisations mutualisées, la technocratie gagnée aux idées néolibérales veut la faire glisser vers des politiques publiques de solidarité (aides octroyées). Les allocations chômages deviennent ainsi peu à peu des aides conditionnées à des critères définies par le gouvernement ; hier, la même logique amenait la droite (et une partie de la gauche) à changer la retraite par répartition en un socle de solidarité et des fonds de pensions par capitalisation en complément. Une logique similaire préside à la création (par un gouvernement de gauche) de la prime d’activité qui fait peser sur le budget de l’État une part de la rémunération du travail plutôt qu’augmenter les salaires et de placer les entreprises devant leurs responsabilités économiques. Nous sommes entrés en 2001-2022 dans l’engrenage de l’austérité salariale exigée par le patronat partiellement compensée pour les plus modestes par des primes aléatoires. Cette logique ne cesse de s’étendre. Nous l’avions combattu alors et il nous faut redoubler d’efforts plus encore aujourd’hui contre ce qui est devenu une stratégie pérenne (prime pour l’emploi, primes Macron défiscalisées…).

Ne nous faisons pas d’illusions : cette logique néolibérale n’a rien d’une spécificité française et l’on retrouve partout dans le monde ce même enjeu. C’est le sens de l’intervention récente de Lula qui disait très justement ce 12 septembre : « les gens ne veulent pas vivre tout le temps des prestations du gouvernement. Ce qui rends les êtres humains fiers c’est d’avoir un salaire et d’emporter de la nourriture avec leur travail. Et nous créerons des emplois. »

Conforter le financement de la protection sociale et réussir vraiment le plein emploi

N’oublions pas que l’essentiel de notre système d’État social est fondé sur la contribution des revenus du travail, que ce soit par les cotisations (employeurs et employés) ou par une forme de fiscalité. Quel serait le devenir de notre protection sociale si nous nous satisfaisions de la situation actuelle où des millions de personnes n’ont pas d’emploi ou sont sous-employées, ne cotisent pas ou peu ? Quel sera le devenir de notre protection sociale si nous ne cherchons pas à reprendre, comme le rappelle Christophe Ramaux dans son dernier livre Pour une économie républicaine, au Capital les richesses que nous lui avons abandonnées progressivement depuis une quarantaine d’année ?

Mais cela suppose que l’on mette fin aux baisses massives de cotisations sociales octroyées d’abord aux grandes entreprises (sans aucune contrepartie et sans aucune preuve de leur efficacité économique, et pour cause l’essentiel est parti dans les dividendes). Cela suppose qu’on réponde enfin aux discours libéraux sur le poids excessif de l’État sur l’économie ; et là encore, Christophe Ramaux, dans son dernier livre, livrent un certain nombre de réflexion sur lesquelles nous pouvons nous appuyer : le néolibéralisme a tenté de tuer l’État social dans toutes les économies occidentales, mais il n’y est pas arrivé (même aux USA) et ce dernier a été le recours incontournable face aux crises (financière de 2008 ou sanitaire de 2020-2021), nous avons donc un point d’appui pour reprendre au marché ce que nous lui avons abandonné et c’est le rôle d’une démocratie républicaine d’en fixer les bornes ; nous pouvons et devons revenir sur la libéralisation des marchés financiers et sur le tout libre-échange ; l’État peut et doit conduire la stratégie de transformation écologique avec comme premier enjeu le sujet central de la production d’électricité, l’intervention (et la dépense) publique doit en ce sens pleinement être réhabilitée car seule capable de proposer un projet mobilisateur aux citoyens, aux travailleurs du privé comme du public ; on peut et on doit remettre à plat le fonctionnement des entreprises en s’attachant à redonner de la fierté aux travailleurs comme acteurs à part entière…

Cela suppose aussi qu’on réhabilite le travail ! Et réhabiliter le travail ce n’est en rien flatter le travailleur pauvre pour stigmatiser celui qui n’a pu avoir un travail et n’a que la solidarité nationale pour survivre ! Réhabiliter le travail, c’est considérer qu’on doit le rémunérer correctement à l’inverse de l’austérité salariale relative qui sévit depuis plus de 30 ans, c’est engager des politiques publiques pour offrir un travail à chacun. Donc c’est également sortir du discours sur la fin du travail et sortir du défaitisme qui fait dire à certains dirigeants politiques que « de toute façon, il n’y aura jamais assez de travail pour tout le monde ». La gauche ne doit pas renoncer à un projet de plein emploi. Quand on mesure le nombre de besoins sociaux, économiques (rappelons nous de la « découverte » effarée de certains quand il apparut que la France risquait en mars 2020 une pénurie de paracétamol et devait gérer une pénurie de masques sanitaires) et même écologiques insatisfaits dans nos sociétés, cette posture est mortifère, l’argument des bullshit jobs ne tient pas face à cette réalité, quand bien même on sait qu’il existe des emplois dont on ne comprend pas toujours l’utilité.

Solidarité

Il existera toujours des situations où certaines personnes ne seront pas en capacité de travailler… La solidarité nationale est là pour assurer un filet de sécurité et garantir la dignité de tous. Mais la garantie d’une solidarité nationale efficace qui ne condamne pas ses concitoyens les plus en difficulté à surnager entre les eaux de la pauvreté et de la survie, cela implique une solidarité nationale financée fortement par les revenus créés par le travail. Dans le cas contraire, dans une mondialisation libérale sauvage, nous retomberions rapidement dans la situation décrite en 1847 dans Travail salarié et Capital par Karl Marx : « La grande industrie nécessite en permanence une armée de réserve de chômeurs pour les période de surproduction. Le but principal de la bourgeoisie rapport à l’ouvrier est bien sûr, d’obtenir le travail en tant que matière première au plus bas coût possible ».

Avant la réforme récente de l’assurance chômage, plus de la moitié des chômeurs ne touchaient rien de Pôle emploi, après la réforme, la proportion atteint 60 %. Qui peut encore croire que le durcissement des conditions d’indemnisation est une voie utile pour avancer vers le plein emploi ? Les conditions de travail et le niveau de rémunération ne sont-elles pas plus en cause ? Observons que plus la droite parle de « valeur travail » moins elle soutient la « valeur DU travail ». Voilà la réalité qui doit nous faire réfléchir quand le gouvernement et les organisations patronales continuent de défendre une forme d’austérité salariale alors que l’augmentation des salaires est une revendication générale et qu’elle est une nécessité. La logique visant à dégager les entreprises de leurs responsabilités salariales s’est incarnée dans le transfert vers l’État de la responsabilité du soutien au pouvoir d’achat avec la prime d’activité ou les pseudo-primes Macron.

Être à l’offensive et reconquérir les catégories populaires

François Ruffin et Fabien Roussel ont pu remettre le travail au cœur du débat à gauche. Leur surface médiatique leur permet de réussir là où nous commencions à désespérer de nous faire entendre. Ce qu’ils disent avec nous c’est que la gauche doit arrêter d’être défaitiste, doit arrêter de porter le discours sur la fin du travail parce que ses dirigeants pensent que toutes les politiques économiques de gauche seraient incapables de créer de l’emploi de qualité… Or ce qui a été mis en place à partir de 1985, et à de rares exceptions près, est d’abord une adaptation aux diktats du néolibéralisme triomphant…

Le think tank Terra Nova – qui a hélas inspiré une partie de la gauche – ont tiré en 2011 « les conséquences politiques » de cette fragmentation du monde du travail découlant de ces politiques (dont il partageait l’orientation générale), en plaidant pour un alliance entre les « minorités », les plus démunis et les classes moyennes supérieures intégrées (croyaient-elles) dans la mondialisation, rejetant dans la marginalité politique une large part du monde ouvrier et salariat… ces catégories se tournèrent vers l’abstention et une partie se réfugiera le vote FN/RN, s’éloignant durablement de la gauche qui semblait ne plus avoir grand-chose à lui proposer. Nous en sommes rendus au point que, même dans l’opposition et avec la politique antisociale de Macron, les forces de gauche n’ont pas été capables de retrouver grâce à leurs yeux lors des scrutins récents. Il faut donc rompre avec cette logique et redonner au travail sa place centrale dans le combat de la gauche.

Nous pouvons le faire et reprendre une politique économique ambitieuse qui crée de l’emploi de qualité. Nous sommes convaincus que la reconquête des catégories populaires attachées au travail passe par cette implication politique : c’est elle qui nous permettra de construire une véritable majorité de transformation sociale.

Engouffrons nous avec entrain dans la brèche ainsi ouverte !

Quelques unes de nos propositions issues de notre programme pour 2022

RECONQUÉRIR NOS CAPACITÉS INDUSTRIELLES

● Se libérer des accords de libre-échange, qui mettent en danger la production française au profit d’importations de qualité médiocre et polluantes (notamment le CETA et l’accord avec le Mercosur) ;

● Appliquer une taxe à l’importation sur les produits fabriqués ne respectant pas nos normes sociales et environnementales ;

● Développer le volet français du futur “Buy European Act” ;

● Relancer les 34 plans stratégiques abandonnés par Emmanuel Macron à l’automne 2014 ;

● Organiser avec les partenaires sociaux des plans de filières pour préparer les mutations dans les secteurs existants (notamment en lien avec la transition écologique) et les relocalisations (en réorientant les aides publiques) ;

● Créer un fonds d’accompagnement des reprises ou création d’entreprises par les salariés en particulier sous forme de coopératives (capital de portage transitoire, basculant progressivement vers l’actionnariat coopératif) ; interdire le départ des machines-outils si les salariés veulent reprendre l’activité ;

● Exiger la révision de la directive européenne « aides d’État » et « profiter » de cette période exceptionnelle pour déclarer sa suspension, voire le faire de façon unilatérale si besoin ;

● Lancer des grands plans d’investissements publics pour répondre à des besoins essentiels pour nos concitoyens, qu’ils concourent avec la qualité des services publics à la performance économique du pays, et qu’ils sont indispensables à la réussite de la transition écologique du pays.

RÉMUNÉRER LES TRAVAILLEURS

● Le SMIC sera porté à 1 400 € nets dès le début du quinquennat pour atteindre progressivement 1 600 € à la fin du mandat ;

● Fixer les salaires sur une échelle de 1 à 20, au sein d’une même entreprise ou d’un même groupe. Au-delà de cet écart, les rémunérations ne pourront être déduites de l’impôt sur les sociétés ;

● Plusieurs mesures très précises permettant de faire de l’égalité femmes hommes au travail sont décrites dans notre programme (page 36).

PROTÉGER ET GARANTIR LA DIGNITÉ DES TRAVAILLEURS

● Réduction du temps de travail : 6ème semaine de congés payés et négociation de la semaine de 32h ;

● Abroger les lois Travail et les accords de compétitivité « offensifs » ; rétablir les CHSCT et les délégués du personnel ;

● mettre fin au plafonnement des indemnités et aux barèmes prud’homaux ;

● Abroger les décrets Macron-Philippe-Pénicaud sur l’Assurance chômage ;

● Relancer la progressivité des cotisations en fonction de la valeur ajoutée dégagée par l’entreprise ;

● Mettre en place une garantie d’emploi, passant par un État employeur en dernier ressort des chômeurs de longue durée et la mise en œuvre effective d’un droit opposable ;

● Restaurer la hiérarchie des normes et le principe de faveur dans l’ensemble des négociations professionnelles ;

● Rendre obligatoire la présence de 50% de représentants des salariés avec voix délibérative dans les conseils d’administration et de surveillance des grandes entreprises ;

● Dans le cas d’une faillite ou d’une cessation d’activité, accorder la priorité aux projets de reprise défendus par les salariés ;

● Requalifier en contrat de travail salarié la fausse situation d’auto-entrepreneurs des plateformes type Uber et offrir une protection adaptée à ces travailleurs précaires.

« Il faut remercier François Ruffin et Fabien Roussel d’avoir remis le travail au cœur du débat à gauche » – tribune dans Le Monde

Dans une tribune au Monde publiée samedi 24 septembre 2022 à 6h, un collectif de responsables politiques et d’économistes explique que la gauche doit arrêter d’être défaitiste en renonçant au plein-emploi. Elle ne doit pas oublier l’importance du travail dans la société, et ce que nous devons tous à ceux qui l’assument.

La place du travail dans la société et dans le projet que la gauche doit proposer aux Français ne devrait pas faire polémique. Au-delà des slogans et des petites phrases qui ont été échangées par les uns et les autres, François Ruffin (député La France insoumise) et Fabien Roussel (député du Nord et secrétaire national du Parti communiste français) ont rappelé que les aspirations de nos concitoyens ne sont pas celles d’une société post-travail, mais celles d’une société qui puisse apporter à chacun un travail digne et vecteur d’émancipation.

Commençons par rappeler une évidence : il n’y a pas de société sans travail. Cela est vrai pour tout système économique, qu’il soit capitaliste ou non. De fait, le travail, qu’il soit salarié, indépendant, familial ou produit bénévolement pour une association, est la seule source de richesse pour la communauté.

L’Etat social s’est ainsi construit

Karl Marx (1818-1883) lui-même, théoricien de la valeur travail, n’a jamais nié son importance. Lorsqu’il développe au milieu du XIXe siècle ses réflexions et ses écrits sur le système capitaliste, il dénonce l’aliénation par le travail du prolétaire dépossédé de son individualité et de sa contribution personnelle.

Le prolétaire est celui qui ne possède que sa force de travail, qu’il vend contre un subside de misère. L’idée commune du XIXe siècle, chez tous les philosophes et acteurs d’un mouvement socialiste en construction, c’est que l’émancipation des travailleurs doit passer par leur association, leur rendant ainsi la maîtrise de l’outil de travail et le bénéfice de son produit.

Face au travail exploité incarné par le salariat, le socialisme rêvait d’un travail émancipé, organisé collectivement par les travailleurs eux-mêmes. Mais le salariat s’est étendu, tant et si bien qu’au début du XXe siècle, les conditions d’organisation de la production et de nos sociétés en ont fait le vecteur principal de distribution des revenus, notamment par la création de la Sécurité sociale.

De son côté, le droit social est venu protéger le salarié, améliorer ses conditions de travail et défendre l’expression syndicale au sein des entreprises.

L’Etat social s’est ainsi construit patiemment, comme le rappelle l’économiste Christophe Ramaux dans son dernier ouvrage, Pour une économie républicaine. Une alternative au néolibéralisme (De Boeck, 336 pages, 21,90 euros). L’une de ses applications concrètes fut d’attacher au statut de salarié un cadre légal visant à sortir de l’arbitraire capitaliste.

Une même logique d’aliénation

D’ailleurs, la stratégie des nouveaux acteurs du capitalisme que sont notamment les plates-formes numériques vise à enfoncer un coin dans le statut protecteur du salariat, faisant passer l’autoentrepreneuriat ou la soumission à un algorithme pour une forme de libération, alors que cela replonge le travailleur dans la même logique d’aliénation que celle qui fut dénoncée par Marx en son temps.

La question de l’émancipation des travailleurs doit rester au cœur des propositions de la gauche. Mais cela implique plusieurs choses.

Tout d’abord, il faut reconnaître que le travailleur est non seulement celui qui travaille, mais aussi tous ceux qui ont travaillé ou ont vocation à travailler sans être en mesure de le faire.

En ce sens, les chômeurs, les personnes en situation d’exclusion ou de handicap, ceux qui sont empêchés par la maladie, tout comme les retraités constituent ensemble la grande classe des travailleurs, et il est vain de chercher à les opposer. Il n’y a pas d’un côté des assistés fainéants et de l’autre des travailleurs méritants.

Admettre que les chômeurs, les étudiants et les retraités appartiennent à la grande classe des travailleurs implique qu’on réhabilite le travail, ce qui signifie en premier lieu de le rémunérer correctement, et en second lieu de lui donner des conditions dignes sur le plan sanitaire et social pour sa réalisation. Mais réhabiliter le travail, c’est aussi sortir du discours sur la fin du travail qui fait dire à certains dirigeants politiques que, « de toute façon, il n’y aura jamais assez de travail pour tout le monde ». Quand on voit le nombre de besoins sociaux insatisfaits, cette posture est mortifère.

Discours enflammés de la droite

Nous avons besoin de travail, parce que nous sommes pour le progrès social, et parce que nous pensons que chacun a la capacité de contribuer à sa mesure au bien commun. Ainsi, les étudiants ont vocation, une fois leurs études achevées, à contribuer à la création de richesses.

De même, les chômeurs doivent bénéficier d’un service public de qualité pour être accompagnés dans l’emploi. A ce titre, rappelons l’expérience fructueuse qu’ont été les expérimentations territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD), qui ont permis d’accompagner dans l’emploi des milliers de personnes en situation d’exclusion.

Nous ne devons pas nous laisser abuser par les discours enflammés de la droite et du gouvernement sur la valeur travail alors qu’ils œuvrent inlassablement pour réduire le coût, et donc la valeur économique du travail. Nous ne devons pas oublier que c’est le capitalisme néolibéral qui détruit le travail, lui fait perdre son sens, le parcellise.

Les droits et la dignité

C’est le capitalisme qui jette les travailleurs usés, qui délocalise et qui pousse les cœurs vaillants au burn-out. Sortir le travail de cette exploitation, ce n’est pas nier son rôle social, sa nécessité, c’est au contraire lui rendre son sens premier, celui de créateur de richesses et de progrès social.

Il faut remercier François Ruffin et Fabien Roussel d’avoir remis le travail au cœur du débat à gauche. Ce qu’ils disent, c’est que la gauche doit arrêter d’être défaitiste en renonçant au plein-emploi. Elle ne doit pas oublier l’importance du travail dans la société et ce que nous devons tous à ceux qui l’assument.

Comme eux, nous sommes convaincus que la gauche doit protéger le travailleur empêché non seulement en lui versant des revenus complémentaires, mais aussi, et surtout, en l’accompagnant dans l’emploi de qualité. Elle doit défendre les droits et la dignité de l’ensemble de la classe des travailleurs, qu’ils soient ou non en emploi. C’est ainsi qu’elle amorcera sa reconquête de l’électorat populaire et sera en mesure de reconstruire une majorité de transformation sociale.

Les signataires : David Cayla, économiste à l’université d’Angers ; Catherine Coutard, vice-présidente du Mouvement républicain et citoyen ; Frédéric Faravel, membre de la direction nationale de la Gauche républicaine et socialiste ; Marie-Noëlle Lienemann, ancienne ministre, sénatrice (PS) de Paris ; Emmanuel Maurel, député européen, animateur national de la Gauche républicaine et socialiste

POUR LA GAUCHE RÉPUBLICAINE, LA QUESTION DU TRAVAIL DOIT ÊTRE AU CŒUR DU PROJET DE LA GAUCHE

communiqué de presse de la Gauche Républicaine et Socialiste – mardi 13 septembre 2022

Les débats de ces derniers jours autour de la place du « travail » dans notre société et dans nos propositions ne devraient pas tourner à la polémique.
Nous avons besoin de travail, parce que nous sommes pour le progrès social, et parce que nous pensons que chacun a la capacité de contribuer à sa mesure au bien commun. Nous portons depuis toujours le combat pour l’émancipation des travailleurs c’est à dire de tous ceux et toutes celles qui travaillent ou ont travaillé (retraités, personnes en formation ou privés temporairement d’emploi). Nous ne devons pas nous laisser abuser par les discours de la Droite et du gouvernement sur l’importance de la valeur travail alors même qu’ils œuvrent inlassablement pour anéantir la valeur DU travail. Nous ne devons pas non plus nous laisser séduire par les théories sur la « fin du travail » alors même que tant de nos concitoyens aspirent à un emploi correctement rémunéré, respectant le droit du travail et assurant une amélioration des conditions de travail.

OUI, LA QUESTION DU TRAVAIL DOIT ÊTRE AU CŒUR DU PROJET DE LA GAUCHE, C’EST CE QU’ATTEND UNE MAJORITÉ DE FRANÇAISES ET DE FRANÇAIS ET C’EST LA CONDITION D’UN RASSEMBLEMENT MAJORITAIRE.

La Gauche Républicaine portera ce message dans son université de rentrée les 23-24-25 septembre à Rochefort. Elle le portera également en s’associant à la mobilisation sociale annoncée par les syndicats de salariés le 29 septembre prochain.

Les Jours Heureux : rendre sa dignité au monde du travail !

La Gauche Républicaine et Socialiste a fait le choix d’apporter son soutien à Fabien Roussel… Ce choix s’est d’abord fait car nous voulons avec lui rendre sa dignité au monde du travail !

Nous avons toujours été animés par la conviction que le rôle de la gauche consistait dans l’amélioration des conditions de vie matérielle et morale des travailleurs. Pour l’avoir oublié, de nombreux partis politiques sont aujourd’hui discrédités et, surtout, les salariés ont payé le prix fort depuis trois quinquennats.

  • Alors oui, nous nous engageons avec Fabien Roussel car nous voulons une hausse massive du SMIC et des salaires !… avec une conférence entre partenaires sociaux et l’Etat pour renégocier l’échelle des salaires. Oui nous voulons une hausse massive du point d’indice des fonctionnaires qui est gelé depuis près de 12 ans et qui entraîne une perte de pouvoir d’achat continue des agents publics !
  • Oui nous voulons que les professions féminisées, qui étaient en première ligne lors des confinements et de la crise sanitaire, à l’hôpital, dans les EHPAD, dans les commerces et dans les entreprises, soient revalorisés !… les “essentielles” n’ont pas cessé de l’être parce que nous commençons à mieux lutter contre la pandémie de COVID. Oui nous voulons que l’égalité salariale entre femmes et hommes devienne enfin une réalité effective et vite !
  • Oui nous abolirons toutes les mesures qui, sous François Hollande et Emmanuel Macron, ont humilié les salariés et leurs représentants, ont réduit leurs droits : la loi El Khomri, les ordonnances travail Macron-Pénicaud et la réforme de l’assurance chômage – qui condamne à la pauvreté des centaines de milliers de demandeurs d’emplois – doivent être abrogées !
  • Oui nous rétablirons le droit à la retraite à 60 ans, nous assurerons qu’il n’y ait pas une seule retraite sous 1200 €, nous garantirons un financement durable et juste des retraites en sécurisant le système par répartition. Nous ne voulons pas de la société de Pécresse et Macron qui condamnent les travailleurs modestes, ceux qui ont des travaux pénibles, à mourir au travail !

Rejoignez les Jours Heureux, dès le 10 avril, votez Fabien Roussel !

Emmanuel Macron contre la jeunesse

L’université publique ouverte à tous est un des ferments de la République. Quand Emmanuel Macron a voulu s’y attaquer la semaine, évoquant l’impossibilité d’en maintenir la gratuité, il a illustré une fois de plus sa volonté de démanteler un par un les services publics et les institutions qui caractérisent notre Nation.

Tout au long du quinquennat, l’université publique a été malmenée par le président de la République et son gouvernement. La réforme de Parcoursup, plateforme centralisée décidant de l’orientation post bac des lycéens, a laissé des milliers d’étudiants sans proposition de formation, les livrant sans diplôme au marché du travail où le chômage des jeunes non diplômés est catastrophique. Son discours du 13 janvier 2022 à la conférence des présidents d’université a confirmé son absence totale de politique sérieuse concernant ce secteur-clef pour l’émancipation économique et intellectuelle des jeunes citoyens français. Enchaînant les poncifs néolibéraux, il y a parlé « compétition internationale », « favoriser les synergies », problème « démographique ». Un seul mot manquait qui résumait pourtant tout le discours à lui seul : austérité. Alors que la dépense publique par étudiant n’a fait que baisser depuis la crise de 2008 (moins 12%), il a alors proposé une solution miracle : mettre fin à la gratuité de l’université.

Le modèle de l’université payante, en place dans les pays anglo-saxons, n’est absolument pas viable sur le long terme. Il se traduit nécessairement par un endettement massif des étudiants et de leur famille, accentuant donc la précarisation des classes moyennes et populaires. Cela crée des bulles spéculatives et augmente le poids de la rente dans l’économie avec le versement d’intérêts. Enfin, une éventuelle garantie publique sur ces prêts, telle qu’elle serait probablement proposée, aurait un coût pour l’État très important lors des crises économiques et des défauts de paiement en cascade. Comme en 2008, la dette privée serait alors reprise en dette publique, qui servirait à son tour de justification à l’austérité. Au-delà donc des coûts pour les étudiants, cet endettement aurait un coût direct pour la société, et favoriserait les banques seules. Le mode de financement le plus efficace pour l’université, c’est le financement public.

Revenant sur ses propos quelques jours plus tard, il jure alors qu’il n’a jamais eu l’intention d’augmenter les frais universitaires pour les plus défavorisés. Sa proposition en creux serait donc de laisser l’université gratuite pour les étudiants dont les revenus sont faibles et la rendre payante pour ceux dont les revenus, ou ceux des parents, sont élevés. Or cela mènerait à un affaiblissement de l’université publique. En effet, face à la perspective d’une université payante, il y a fort à parier que les classes aisées privilégieront encore plus qu’aujourd’hui les écoles de commerce post-bac, les formations privées et les études à l’étranger. En résulterait une mixité sociale encore plus faible à l’université, qui souffre déjà de stratégie d’évitement. Or, quand les usagers d’un service public sont majoritairement issus des classes populaires, le penchant réactionnaire des Libéraux s’éveille. Les plus pauvres sont alors accusés, en dépit de toute forme de logique élémentaire, d’être des profiteurs du système et les financements sont réduits.

Le service public, contrairement au secteur privé, dispose d’une vocation universelle. En traiter les usagers différemment selon les revenus, c’est ouvrir la porte à la marchandisation. La SNCF, qui privilégie aujourd’hui le développement de son offre première classe plutôt que de répondre à sa mission de desservir tout le territoire, en est l’illustration probante. Casser l’universalité de la gratuité universitaire, c’est à la fois confirmer la marchandisation de l’éducation supérieure et contribuer à réduire le consentement à l’impôt. Dans le meilleur des cas, il s’agit d’une mauvaise réponse au problème du financement universitaire, dans le pire des cas, il s’agit d’une stratégie délibérée pour casser un service public de plus. Après les banques, la distribution d’eau, de gaz et d’électricité, les jeux d’argent, les aéroports, le transport ferroviaire, il y aurait l’université ? Avant l’école, les hôpitaux, la production d’énergie ?

Emmanuel Macron aurait pu s’en tenir là, mais son mépris de la jeunesse, et en particulier de la jeunesse populaire, s’est déroulé avec encore plus de clarté dans la récente interview d’Alexis Kohler sur les perspectives d’un second quinquennat Macron. Ressortant du cimetière le Contrat Premier Embauche, il proposerait ainsi que les jeunes travaillent, en début de carrière, non plus 35 heures mais 45. Arguant du fait que les jeunes, moins fatigués que leurs aînés, pourraient délivrer plus de travail, il propose ainsi de mettre à mal leur santé au seul service du capital, puisque ces 45 heures ne seraient pas payées dans leur intégralité. Là encore, Emmanuel Macron tentera de mettre un coin dans l’universalité de la République, s’attaquant cette fois-ci au code du travail. Il poursuit ainsi une ligne de faille classique du néolibéralisme, qui tente remplacer la lutte des classes par la lutte des générations. Les jeunes qui refuseront seront considérés comme trop peu enclins au travail par les plus âgés, les plus âgés bénéficiant de contrat de travail à 35 heures seront vus comme des privilégiés par les plus jeunes. Les vrais privilégiés, ceux qui profitent de revenus issus de la rente, quel que soit l’âge, dormiront tranquille.

Le quinquennat d’Emmanuel Macron a eu en filigrane la destruction du service public et sa livraison au secteur privé pour maximiser les rentes actionnariales et minimiser les revenus du travail partagés. Les perspectives cauchemardesques qu’ils dressent pour un second quinquennat sont claires, ce sera à la jeunesse de contribuer au renforcement du capital, en travaillant plus sans gagner plus, en étant privé d’un service public universel de l’éducation supérieure.

La Gauche Républicaine et Socialiste rappelle son engagement pour l’université publique gratuite et s’oppose avec fermeté à l’idée d’un contrat de travail différencié sur la durée du temps de travail.

Plutôt que de déplorer la privatisation croissante de l’enseignement supérieur, où le secteur public est de plus en plus concurrencé par des formations privées, notre camp politique doit proposer un contre-projet de création d’un grand pôle public de l’enseignement supérieur. Le financement de l’université, à l’arrêt depuis des années, doit être relancé. Nous proposons également de créer enfin (!) une allocation d’autonomie pour les jeunes en formation. Il nous paraît par ailleurs nécessaire de sortir les dépenses publiques d’éducation et de formation professionnelle du calcul des déficits et d’élargir le programme Erasmus pour le rendre accessible à tous les jeunes Européens (non plus seulement à certains étudiants) pour ainsi en finir avec la sélection drastique qui fait des étudiants de ce programme des “heureux élus”. Pour lutter contre le chômage des jeunes, plutôt que d’augmenter la durée du travail (et donc de diminuer le nombre de postes disponibles), nous proposons le renforcement de la formation professionnelle et de développer le principe des territoires zéro chômeur, étendus à une classe d’âge. Qu’il s’agisse de l’enseignement supérieur ou de l’accès réel à l’emploi, une solution juste et universelle ne peut qu’être publique et commune. Car, pour reprendre la formule consacrée, quand tout sera privé, nous serons privés de tout.

UGR 2021 – Atelier “Revenu universel ou État garant de l’emploi en dernier ressort ? Quelle vision du travail et des revenus ?”

Samedi 25 septembre 2021 à 15h30 se tenait l’atelier “Revenu universel ou État garant de l’emploi en dernier ressort ? Quelle vision du travail et des revenus ?” dans le cadre des Universités de la Gauche Républicaine à Marseille.
Inégalités croissantes, chômage persistant, robotisation, uberisation, émergence de l’intelligence artificielle… Restera-t-il une place pour la main de l’Homme dans l’économie de demain ? La prophétisation de la fin du travail a conduit nombre intellectuels et politiques à proposer une rupture sociale : l’instauration d’un revenu de base permettant de répondre aux besoins économiques fondamentaux de la personne humaine. Sous quelle forme implémenter ou expérimenter une telle mesure ? Quelle philosophie sous-jacente ? Le revenu universel serait-il un outil à même de changer les rapports de force entre capital et travail, de mettre fin à la grande pauvreté ? Est un instrument de libération et d’émancipation des individus ou, au, contraire un aveu d’accommodation à la société néo-libérale et de renoncement à la perspective d’un travail pour tous ?

Les participants :

  • David Cayla, économiste, membre des Économistes atterrés
  • Marina Mesure, secrétaire générale de la Délégation France insoumise au Parlement européen
  • Capucine Edou, ex tête de liste Bouches-du-Rhône de la liste Rassemblement écologique et social en PACA, Génération.s
    Le débat était animé par Damien Vandembroucq, membre du collectif d’animation national de la Gauche Républicaine et Socialiste.

Le coût du travail n’existe pas !

Il n’y a plus de véritable politique de l’emploi en France.

Celle-ci se confond depuis maintenant de nombreuses années avec l’idée simpliste qu’il suffirait de baisser les coûts de production pour que le taux de chômage diminue. On assiste ébahi à un empilement de mesures visant à réduire le « coût » du travail (CICE, Pacte de responsabilité etc.) sans que cela ait le moindre effet pérenne sur le marché de l’emploi.

Cette non-politique a en revanche des conséquences directes et franchement absurdes sur notre appareil productif : multiplication des plans de réductions des effectifs, recours excessifs à la sous-traitance, développement d’emplois atypiques favorisant la précarité (CDD, interim, etc.).

Plutôt que de continuer dans cette voie la crise actuelle nous fournit l’opportunité d’entamer une bifurcation digne de ce nom, de rompre avec l’idée malsaine et faussée selon laquelle le travail est un coût qu’il faut baisser.

Rappelons-le, le travail n’est ni un coût ni une marchandise comme les autres.

Il est un investissement et constitue, au même titre que la monnaie, l’une des conditions indispensables de l’échange économique. Parler du coût du travail a donc aussi peu de sens que de parler du coût de la monnaie et est révélateur du renversement sémantique à l’œuvre depuis 30 ans qui vise à culpabiliser les travailleurs.

Leur précarisation croissante n’a par ailleurs jamais été une solution au chômage de masse. Au lieu de favoriser l’émergence d’un cercle vertueux dans lequel l’efficacité économique serait directement corrélée à la stabilité de l’emploi et à une revalorisation des salaires, les partisans de la « flexisécurité » pratiquent la dynamique inverse et créent de véritables trappes à pauvreté desquelles il sera particulièrement complexe d’extraire les travailleurs précarisés.

L’enjeu est donc de taille : il ne s’agit rien de moins que de construire une nouvelle stratégie économique orientée vers une véritable transition sociale et écologique dont les deux piliers seraient l’investissement dans des emplois de qualité et la réduction du temps de travail.

Contrairement donc à l’idéologie libérale, la baisse d’un prétendu « coût » du travail ne constitue pas un levier d’action adéquat. Une politique de l’emploi digne de ce nom ne pourra jamais se contenter d’une telle chimère ; elle doit se construire sur une série d’instruments allant de la politique industrielle au marché du travail en passant par l’éducation et la formation professionnelle. Et tous ces instruments doivent être animés par un objectif partagé : celui d’un appareil productif qui valorise des emplois plus qualifiés et de meilleure qualité.

L’urgence sociale et écologique nous force à tourner la page d’un hyperproductivisme low-cost qui ne survit que par la compression des coûts et la précarisation des travailleurs. La crise sanitaire du Covid-19 a d’ailleurs fait rejaillir le problème fondamental de l’utilité sociale des emplois :

comment ne pas s’insurger devant le traitement réservé à celles et ceux qui ont fait tourner le pays pendant ces deux derniers mois (personnels hospitaliers, ouvriers du bâtiment, travailleurs des services publics, conducteurs de métros et de bus etc…) ?

La question de la répartition du travail se pose également avec une intensité croissante.

Révolution numérique et persistance du chômage nous mettent face au défi de trouver une configuration du marché de l’emploi qui ne soit excluante pour personne. Le risque d’une société à deux vitesses où cohabiteraient des citoyens intégrés par le travail et d’autres vivant à sa marge existe bel et bien et montre l’impérieuse nécessité de relancer une dynamique d’aménagement et de réduction du temps de travail.

Faire le pari de l’emploi c’est également viser sa juste répartition :

le passage au 39h a entraîné la création de 145 000 emplois sur trois ans, avec les 35h il s’agit de 350 000 sur quatre ans. Certes la réduction du temps de travail n’est pas une fin en soi, elle doit s’accompagner d’une réflexion plus large sur la place du travail dans notre société, il n’en reste pas moins qu’elle constitue une politique de l’emploi redoutablement efficace quand elle est bien menée.

Face à la faillite sociale, économique et écologique du néolibéralisme il est encore temps d’engager nos politiques de l’emploi vers un futur plus souhaitable et soutenable, vers une vision qualitative de la production économique qui soit respectueuse des travailleurs et de l’environnement.

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.