« L’élargissement de l’Europe sonnerait le glas du renforcement de son projet » – tribune dans Le Monde

tribune publiée par Emmanuel Maurel dans Le Monde, le jeudi 11 avril 2024

L’adhésion de l’Ukraine, de la Moldavie, de la Géorgie et des pays des Balkans occidentaux encouragera le dumping social intra-européen, regrette, dans une tribune au Monde, Emmanuel Maurel, député européen GRS de la Gauche unie. Si ce « grand basculement » était engagé, les Français devraient être consultés par référendum.

L’Europe est confrontée à des défis sans précédent. Une guerre est à ses portes depuis deux ans et une autre, dans son voisinage proche, depuis octobre 2023. Elle subit une concurrence féroce et déloyale de toutes parts. Elle paie la sortie de l’inflation d’une probable récession. Elle a un très gros problème énergétique et elle accumule les retards technologiques. Dans le même temps les écarts de richesse explosent et la cohésion sociale se délite.

C’est dans ce contexte que les dirigeants européens ont accéléré le processus d’adhésion de l’Ukraine, en ajoutant au passage la Moldavie et la Géorgie. Avec les pays des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie), la liste des impétrants compte désormais huit pays, soit plus de… 60 millions d’habitants. « Nous allons parachever l’unité du continent », clament-ils en chœur – et c’est vrai que ça sonne bien.

Référons-nous à la devise européenne – « Unie dans la diversité ». Davantage d’unité sortira-t-elle de cette nouvelle couche de diversité ? Tout porte à croire que cet élargissement-là n’apportera que le contraire. Souvenons-nous que le précédent élargissement aux pays d’Europe centrale et orientale avait profondément modifié la structure d’un édifice pensé au départ pour la seule Europe de l’Ouest.

Démographie des pays de l’Est

Le centre de gravité de l’Union s’était déplacé vers l’est, au profit de l’Allemagne et au détriment de la France et de l’Europe du Sud. Menée en parallèle d’un euro dévalué pour l’Allemagne et surévalué pour la France et l’Italie, l’entrée de onze pays avait provoqué une vague de délocalisations sans précédent, dont nous avons, nous, Français, fait les frais. Notre voisin germanique avait littéralement raflé l’économie des nouveaux venus pour en faire des sous-traitants de son puissant appareil industriel.

Dans les pays de l’Est eux-mêmes, les résultats sont contrastés. Economiquement, la réussite est incontestable – leur PIB a grimpé au rythme des exportations allemandes –, mais les salaires et les conditions sociales restent médiocres. On y vit évidemment mieux que dans les années 1990, mais le salaire minimum hongrois ou tchèque dépasse péniblement les 600 euros, celui de la Bulgarie s’élève à 400 euros. En Roumanie, le revenu moyen est inférieur de 67% au revenu moyen français. Le dumping social fonctionne toujours à plein régime en Europe.

La démographie des pays de l’Est est le gros point noir de l’élargissement, qui n’a pas enrayé leur tendance à la dépopulation depuis la chute du Mur. Les raisons en sont multiples, mais parmi elles, on ne peut ignorer l’émigration massive vers les pays riches que l’élargissement a facilitée voire encouragée. Rappelons enfin que les élargissements se sont appuyés sur de vastes transferts budgétaires.

Dumping social intra-européen

La France est contributrice nette de 10 milliards par an, alors que la Pologne reçoit 13 milliards de plus que sa cotisation au budget européen, la Roumanie et la Hongrie 5 milliards… Les fonds de cohésion étant limités, ils favorisent les régions pauvres de l’Est au détriment des régions pauvres de l’Ouest. Quant à leur bonne utilisation, de récentes affaires de corruption ont jeté une ombre sur la Hongrie, la Slovaquie ou la Croatie.

On imagine ce qui pourrait arriver si l’Ukraine (tout juste moins corrompue que la Russie, c’est dire…), la Moldavie (où des oligarques ont volé l’équivalent de 15% du PIB en 2018) ou la Géorgie (dont les dirigeants sont à peu près tous éclaboussés par des scandales retentissants) accédaient aux financements européens.

Refaire un élargissement, cette fois dans un contexte de déclin de l’Occident en général et de l’Union européenne en particulier, c’est s’exposer à des résultats bien pires. Les niveaux économiques et sociaux de l’Ukraine, de la Moldavie ou de l’Albanie sont encore plus éloignés de l’Europe de l’Ouest que ceux de la Pologne ou de la République tchèque au début du siècle. Le dumping social intra-européen n’en sera que plus massif et les coûts de transferts seront vertigineux.

Coup de grâce pour notre ruralité

Quant à la politique agricole commune (PAC), ses aides seront aspirées par l’Ukraine, l’autre géant agricole du continent, mais qui n’a aucune capacité contributive au budget européen. Nos agriculteurs subiraient ainsi une double peine. En 2022 et 2023, les importations d’Ukraine ont déstabilisé des filières entières (volaille, sucre, céréales…).

Même ses plus proches alliés, au premier rang desquels la Pologne, n’ont pas supporté la pression. Si l’Ukraine bénéficiait de la PAC telle qu’elle est organisée et financée aujourd’hui, ce serait le coup de grâce pour notre ruralité.

Faire fonctionner une Europe à vingt-sept avec les règles actuelles, c’est très compliqué. A trente-six, ce serait impossible. Certains ont déjà trouvé la solution : une centralisation des décisions à Bruxelles, c’est-à-dire la suppression de la souveraineté des Etats membres et le passage au vote à la majorité sur tous les sujets, y compris la politique étrangère et la défense.

Au bénéfice des États-Unis

Or qui domine la politique étrangère et de défense de la majorité des États membres ? Les États-Unis. L’Europe hyper-élargie voulue par Ursula von der Leyen ne sera ni plus unie ni plus puissante : elle sera lestée par encore plus d’alliés de Washington. Il n’est guère étonnant que les citoyens européens soient dubitatifs à l’idée d’accueillir si vite tant de nouveaux pays et d’habitants.

Rétablir un semblant d’équilibre économique, social et politique entre pays membres devrait être une priorité pour redonner force au projet européen. Non seulement ce n’est pas dans l’agenda de la Commission, mais l’élargissement sonnerait le glas de cette perspective.

Il ne faut pas engager de faux procès : il n’est pas question de remettre en cause notre soutien massif à l’Ukraine – plus de 150 milliards à ce jour – face à l’agression russe. Mais cela n’emporte aucune automaticité de l’adhésion – sinon nous aurions intégré la Bosnie depuis bien longtemps. En tout état de cause, les Français devront être consultés par référendum sur ce grand basculement.

Emmanuel Maurel met les points sur les “i”, lors de la présentation de la liste de la gauche unie pour le monde du travail

La conférence de presse de présentation de la liste de gauche unie pour le monde du travail se tenait en début d’après-midi du lundi 11 mars 2024.

L’occasion pour Emmanuel Maurel de revenir aux côtés de Léon Deffontaines sur plusieurs points essentiels que nous défendrons dans la campagne des élections européennes du 9 juin 2024. Face à la confusion générale, notre liste défendra la nécessité de mettre en avant vraiment la souveraineté (industrielle, alimentaire, numérique, culturelle) : nous défendons les intérêts de la France et les besoins de nos compatriotes. Les électeurs ne sont pas des marchandises !

Enfin, le discours de la liste macroniste conduite par Valérie Hayer est insupportable de vacuité. Son seul programme ? Faire barrage au RN, quand leur politique favorise l’extrême droite. Il est temps qu’ils rendent des comptes et nous nous emploierons à les obliger à faire face à leurs responsabilités dans la crise ! Nous proposerons donc un chemin d’espoir : on peut reprendre la main en France et en Europe, à gauche avec la liste conduite par Léon Deffontaines !

Les Gilets verts reprennent le chemin des Gilets jaunes

L’agriculture française meurt du libéralisme de la commission européenne relayé par les gouvernements français depuis 20 ans qui impose un modèle de production inadapté à notre pays, tout comme il l’est aux pays du sud et de l’est de l’Europe.

Le constat est clair, avec la baisse des surfaces cultivées et celle du rendement, le retrait du nombre d’élevages, la production agricole baisse depuis des années en France. Notre pays est de plus en plus dépendant des importations pour son alimentation : 80% de l’alimentation du bétail, la majorité des fruits sont importés. Et cette baisse de production s’accompagne d’une baisse des revenus et des retraites qui doivent être revalorisés avec l’instauration d’un prix plancher pour la vente des produits (coût de production et revenu minimum). Ceci conforterait la position des producteurs face aux industriels et à la distribution. Il faut reprendre les réflexions sur les retraites agricoles qui ont conduit à l’adoption de la Loi Chassaigne et leur donner leur pleine portée.

Avec la multiplication des traités de libre échange le modèle agricole Européen est mis en concurrence avec des modèles très différents : l’usage et le coût de la terre sont plus élevés en Europe que dans d’autres régions du monde où la population est moins dense (Amérique du Nord et du Sud, Nouvelle Zélande, Australie). Par ailleurs le cout de la main d’œuvre est moins élevé dans les pays du “nouveau monde” où l’on cherche à économiser du temps de travail en exploitant de très grandes surfaces avec des rendements à l’hectare médiocres et des salaires de misère. Cette agriculture est très rentable et peut vendre à faible prix comme le montre l’exemple du mouton néo-zélandais au faible cout de production car élevé en quasi-liberté. Enfin il n’y a pas de clauses miroir dans les traités de libre-échange sur les normes écologiques et fiscales ce qui se rend les importations extrêmement compétitives par rapport aux productions locales.

Sur ce point, depuis sa création, la GRS souhaite l’arrêt des accords de libre-échange, leur renégociation, la mise en place de mesures de soutien ou la possible instauration de barrières douanières portant sur les normes écologiques, sanitaires, fiscales et sociales.

C’est une première étape nécessaire pour que nos agriculteurs redeviennent compétitifs en s’éloignant d’un modèle qui induit une stagnation des rendements, une baisse globale de production et de revenus.

Il nous faut aussi assurer la souveraineté alimentaire de la France face à d’autres pays de l’Union Européenne qui n’ayant pas les mêmes normes sociales et écologiques, ni les mêmes contrôles, pratiquent un « dumping agricole » au sein de l’UE ou à ses frontières que ce soit l’Irlande pour les ovins ou L’Espagne et l’Italie dans le maraichage et l’arboriculture, nos voisins d’Ukraine pour le blé (et ce bien avant la guerre en Ukraine). Là encore nous proposons une harmonisation de règles minimales liées à l’immigration, aux normes sociales et écologiques. Pour l’élevage, un moratoire sur la baisse du nombre de têtes doit être imposé car il est ridicule de décompter l’émission de gaz à effets de serre sur les seules terres européennes sans tenir compte des GES importés en raison de l’augmentation de la consommation européennes de viande.

Dans l’impossibilité il faudra renverser la table pour privilégier les productions locales ou nationales.

En attendant l’urgence est à un soutien des gouvernants aux agriculteurs. 

Nos agriculteurs sont confrontés aux aléas des cours agricole mondiaux en baisse cette année alors que les prix des carburants et des engrais ne baissent pas, que celui de l’électricité explose et que la grande distribution étrangle le commerce agricole. Le gouvernement doit agir urgemment pour assurer un revenu minimal (prix plancher ou revenu de base agricole) et mettre en place de nouvelles règles de relation entre agriculteurs, fournisseurs et distributeurs.

Dans l’urgence une enveloppe conséquente doit être débloquée pour combattre les effets de la maladie hémorragique épizootique dans les élevages et pour assurer un fonds de trésorerie aux exploitations touchées tout à la fois par l’inflation et le dérèglement climatique, particulièrement en Occitanie mais pas que. Dans cette catégorie on peut estimer que la TVA sur le diésel agricole (et marin) doit rester inchangé.

L’enveloppe de la PAC doit être revue à la hausse et sa distribution réformée.

Elle a diminué globalement représentant près du tiers du budget européen, contre 50% il y a quelques décennies et connait pour la période actuelle une baisse annuelle de 15% en euros constant en raison de l’inflation et de la baisse globale du budget européen. Et elle est distribuée de manière très inégale, au bénéfice des pays influents comme l’Allemagne ou des gros exploitants au développement capitalistique avec le soutien des grands syndicats tels la FNSEA en France.

Nous souhaitons qu’elle soit déployée pour faire face aux crises structurelles de l’agriculture, gommer les règlementations inégalitaires, privilégier les investissements durables, aider sur la base de projets par filière et non plus à l’hectare.

Alors que la ruralité est en deuil, que la crise est profonde, nous invitons les agriculteurs à ne pas se tromper de colère. Si au Parlement européen le groupe des amis de M. Macron soutient la commission européenne, le groupe de l’extrême droite (dont M. Bardella est vice-président) a voté POUR la PAC et pour le traité de libre-échange avec la Nouvelle Zélande. « Bardella au parlement et Bardella aux champs » ce n’est pas la même chanson !

Le seul groupe à avoir voté contre ces deux mesures est le celui de la Gauche Européenne dans lequel siège Emmanuel Maurel, eurodéputé de la Gauche Républicaine et Socialiste : il faudra s’en souvenir en temps utile.

Alain Fabre-Pujol

Assumer le bras-de-fer avec le gouvernement allemand

Déjà absurde à l’origine et inefficace – la dette des États européens s’est maintenue à un niveau élevé et la croissance a été poussive durant les années 2010 –, le Pacte de stabilité et de croissance s’est fracassé sur le mur du Covid en 2020 et 2021. L’éclatement de la guerre en Ukraine, les besoins de la transition écologique et numérique ainsi que la réindustrialisation (notamment l’effort de défense) auraient dû signer sa fin, mais c’est le contraire qui va se passer : les règles du traité budgétaire de 2011 seront rétablies le 1er janvier 2024.

À côté de l’irréalisme des objectifs (3% de déficit, 60% de dette publique, obligation de dégager un excédent primaire, « réformes structurelles »), la quasi impossibilité politique d’infliger des amendes aux États déficitaires commandait pourtant de mettre à jour les lignes directrices de la politique budgétaire.

Timide proposition de la Commission

En avril dernier, la Commission semblait avoir pris (un peu) conscience de la nouvelle donne en proposant une (timide) modification du Pacte : les totems des 3% et 60% demeuraient, mais en privilégiant une approche « au cas par cas » censée tenir compte des spécificités nationales.

À chaque État hors les clous d’un ou plusieurs critères de Maastricht, la Commission souhaitait proposer une « trajectoire budgétaire de référence » sur quatre ans (renouvelable trois ans) si des « réformes structurelles » ou, nouveauté, des investissements de nature à alimenter la croissance, étaient engagés. Le mécanisme du Semestre européen (aux termes duquel les États soumettent leurs orientations budgétaires à la Commission, qui leur répond par des « recommandations ») et les injonctions à conduire des réformes néolibérales étaient maintenues. La Commission pouvait toujours ouvrir une procédure pour déficit excessif, mais avec des amendes moins lourdes.

Nouveau refus germanique

Ces aménagements, pourtant très modérés (pour ne pas dire cosmétiques), n’ont pas fait varier Berlin d’un iota : Scholz, sous la contrainte de Lindner, son très libéral et austéritaire ministre FDP des finances, n’avalise pas cette idée « d’individualisation des parcours » budgétaires, car cela nuirait à la « discipline » et donnerait à la Commission un pouvoir de négociation – et de décision – trop discrétionnaire à leurs yeux. Le gouvernement de la coalition des “feux tricolores” (rouge pour le SPD, jaune pour le FDP et vert pour les Grünen) demande le maintien des règles actuelles, sans changement.

Élisabeth Borne et Bruno Le Maire, qui trouvaient le projet de la Commission à leur goût, ont d’abord répondu « inenvisageable ». Mais comme d’habitude (à l’exception notable de l’inclusion du nucléaire dans la catégorie des énergies soutenues au titre de la transition écologique), Paris a fini par reculer.

Et comme d’habitude, l’Allemagne veut une Europe à son image, sans se soucier des besoins d’investissement massifs auxquels se sont engagés les autres États membres. Pour notre chère moitié du « couple », la seule chose qui compte c’est respecter le verdict de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe du 15 novembre dernier, qui a censuré l’utilisation de 60 milliards d’un fonds spécial hors budget, initialement destiné à la relance post-Covid, pour financer d’autres politiques publiques (l’existence de tels véhicules, qu’en finance privée on appellerait du « shadow banking », n’est pas sans poser question sur le sérieux de la « rigueur » allemande…). Sans doute un peu honteux d’avoir été pris la main dans le sac, Christian Lindner a décidé que pour faire bonne figure et rentrer en grâce en son pays, mieux valait faire payer les autres.

Le gouvernement règle ses problèmes intérieurs sur le dos des Européens

Toujours est-il qu’à ce jour, l’Allemagne n’a toujours pas bouclé son budget 2024. Et la raideur de sa position sur le Pacte budgétaire ne l’aidera pas plus que les autres à trouver les dizaines de milliards d’euros nécessaires à la transition énergétique et à endiguer les délocalisations industrielles provoquées par l’explosion des prix de l’énergie.

Emprunter des dizaines de milliards d’euros sur les marchés financiers est un réflexe politique tout sauf naturel pour les Allemands, qui depuis 15 ans se sont imposés une règle ultra-stricte, qu’ils avaient même inscrite dans leur Constitution : quasi-interdiction de tout déficit public, sauf situation d’urgence. La crise sanitaire avait été considérée comme telle, mais pas la crise climatique. Le SPD et les Verts voudraient bien sortir de cette tenaille, mais ont besoin pour ce faire d’un vote des deux tiers du Bundestag, ce qui est arithmétiquement impossible. Et pour le FDP de Christian Lindner, sans lequel il n’y a plus de majorité, il n’en est pas question.

Au cœur du programme du FDP on trouve en effet le refus catégorique de toute hausse des impôts, particulièrement sur les riches. Comme pour ce parti, plus de dette = plus d’impôts et que tout investissement public (en friche complète depuis Merkel, notamment dans les infrastructures : routes, ponts et canaux sont dans un état lamentable) doit être gagé sur des économies, l’obstacle semble infranchissable. La rentrée en récession de l’Allemagne, dont le secteur privé n’investit plus et réduit ses dépenses de R&D, finit de noircir le tableau, sans que cela émeuve les libéraux. On en vient à se demander si une partie de la classe politique d’outre Rhin n’espère pas secrètement que la Russie gagne la guerre et que le business avec cet ex fournisseur d’énergie reprenne comme au bon vieux temps.

Pour sa part, l’opinion publique allemande n’apprécie guère ces tergiversations et encore moins l’absolutisme du FDP. Les sondages lui donnent moins de 5% en cas d’élections anticipées et la paralysie politique éclabousse aussi le SPD et les Grünen. En revanche, au sein de la CDU, des voix se font entendre pour plaider moins de contraintes, voire la remise en cause de la règle d’or budgétaire. Il se murmure qu’un expédient pourrait être trouvé en prolongeant « l’état d’urgence financier » en 2024. Mais rien de bien consistant à ce stade, alors que le temps presse.

Avoir le cran de l’affrontement

S’il venait à l’idée d’Emmanuel Macron d’essayer de réussir (pour une fois) une opération diplomatique, la « cible Lindner » est tentante. Après tout, celui-ci a toujours dit « non » à toutes les propositions européennes du Président français, et ce depuis 2017. L’Élysée, qui ne manque pas de relais dans la presse, pourrait échafauder un plan qui pour le coup, serait bien utile à la France, l’Allemagne et l’Europe. Lindner et le FDP forment le noyau dur de la coalition des « égoïstes », ils ont failli faire capoter le plan de relance de 2020, ce qui aurait proprement démoli nos économies, et se débarrasser d’un tel « ennemi de l’intérieur » n’attristerait sans doute pas grand monde (et pas davantage Scholz, ni le patron des Grünen, Robert Habeck). Mais Macron aura-t-il le cran d’aller à l’affrontement direct avec l’Allemagne en visant Lindner ? Il est permis d’en douter.

Or le temps ne presse pas seulement pour le budget allemand ; il presse aussi et surtout pour la cohésion de l’Europe. Les élections européennes approchent et la vague d’extrême-droite se profile à l’horizon. Il ne reste, au mieux, que quelques semaines pour trouver un compromis sur le nouveau cadre budgétaire si les Vingt-Sept veulent qu’il soit adopté avant la fin de la législature. Dans cette hypothèse, le nouveau Pacte de stabilité rentrerait en vigueur dès 2025. D’ici là, les règles existantes pourraient être aménagées de manière flexible voire constructive. Mais pour l’instant, tout cela relève de la politique fiction.

Il ne nous reste plus qu’à défendre notre programme de gauche et de souveraineté populaire et à le porter dans la campagne pour forcer un gouvernement français quel qu’il soit à assumer enfin la confrontation européenne nécessaire.

Mathias Weidenberg et Frédéric Faravel

“L’accord UE-Mercosur serait perdant-perdant des deux côtés de l’Atlantique” – tribune d’Emmanuel Maurel dans Marianne

tribune publiée dans Marianne le vendredi 8 décembre 2023

Après le constat d’échec acté lors du sommet du Mercosur le 8 décembre, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le bloc sud-américain semble très mal parti.

L’activisme de la Commission, fortement appuyé par l’Espagne, qui préside le Conseil de l’Union européenne jusqu’au 31 décembre, et par l’Allemagne, qui a tenté d’arracher un compromis de dernière minute, n’a pas abouti et il faut s’en féliciter. Car s’il était finalement avalisé, cet accord serait perdant-perdant des deux côtés de l’Atlantique.

UNE MAUVAISE IDÉE

En termes géographique, démographique et économique, la relation entre l’Europe et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay – le Venezuela en est suspendu depuis 2017) est tout sauf anecdotique. Nous parlons là d’un ensemble de 15 millions de km², 780 millions d’habitants et 90 milliards d’euros annuels d’échanges bilatéraux.

« Le monde n’a pas besoin qu’on intensifie les échanges entre grands blocs “géopolitiques”. »

La Commission européenne, très friande du terme « géopolitique », n’a pas tort de souligner à quel point l’enjeu est important. Mais faire de la politique dans le « grand jeu » ne se distingue pas fondamentalement de la politique à plus petite échelle : c’est un art de contenu et d’exécution. Et si l’on exécutait le contenu de ce traité commercial, ce ne serait bon ni pour l’Europe, ni pour le Mercosur, ni pour le monde.

Le monde n’a pas besoin qu’on intensifie les échanges entre grands blocs « géopolitiques ». Au contraire : d’après une étude de la Banque de France publiée en 2020, l’accroissement de la circulation des flux de marchandises dans la mondialisation est responsable du quart des émissions supplémentaires de gaz à effet de serre. S’agissant du Mercosur, la donne s’aggrave des produits-phare inscrits dans le texte : il est prévu d’importer d’Amérique du Sud 99 000 tonnes de bœuf, 180 000 tonnes de volaille et 650 000 tonnes d’éthanol par an.

COÛT ENVIRONNEMENTAL ET ÉCONOMIQUE

Or selon différentes ONG, cet accroissement inédit des importations agricoles (pour le bœuf, +63 % d’ici 2035) provoquera entre +5 % et +25 % de déforestation supplémentaire. Mais ce n’est pas tout. L’accord favoriserait également les exportations vers le Mercosur de substances actives fabriquées en Europe et… rentrant dans la composition de pesticides interdits sur notre territoire ! Cela accroîtra en retour l’importation de millions de tonnes de produits agricoles traités avec ces pesticides dangereux pour la santé et pour l’environnement. On mesure au passage la contradiction, pour ne pas dire l’hypocrisie de certains discours écologiquement corrects.

« L’arrivée sur le marché européen de produits agricoles à bas prix en provenance du Mercosur exercera une pression concurrentielle. »

Bruxelles et Berlin ne jurent que par le « green deal » et la décarbonation de l’économie, mais quand on passe aux travaux pratiques, les millions de tonnes de CO2 des voitures allemandes et les millions de tonnes de méthane des bovins argentins ne posent plus problème – à tel point que le Chancelier allemand et le Commissaire européen au commerce étaient prêts à retirer du texte toute clause contraignante sur le respect de l’accord de Paris et sur la lutte contre la déforestation…

Au coût environnemental s’ajoute le coût économique, particulièrement pour l’agriculture européenne et française. L’arrivée sur le marché européen de produits agricoles à bas prix en provenance du Mercosur exercera une pression concurrentielle d’autant plus irrésistible que nos agriculteurs doivent respecter les normes les plus strictes du monde.

DES AGRICULTEURS QUI SOUFFRENT

Les partisans de l’accord rétorquent que ces contingents d’importation ne représentent qu’une faible part de la production et de la consommation de viande en Europe. C’est exact, mais comme l’agriculture est la variable d’ajustement quasi systématique des accords commerciaux négociés par la Commission, à force d’empiler les « faibles parts » les unes sur les autres, ça finit par faire beaucoup.

« Même dans la société civile sud-américaine, nombreux sont ceux qui redoutent la passation d’un accord. »

Beaucoup trop pour des millions d’agriculteurs qui souffrent déjà des conditions actuelles du marché, comme l’a rappelé l’épisode rocambolesque du poulet ukrainien, bloqué à la frontière par les Polonais, les Slovaques et les Hongrois – et comme le rappellent les tendances de fond qui affectent la France. Historiquement grande puissance agricole, elle est passée en 20 ans du 2e au 5e rang des exportateurs mondiaux et ses importations alimentaires ont explosé. En 2022, nous avons importé 63 milliards d’euros de denrées alimentaires : deux fois plus qu’en 2000.

Même dans la société civile sud-américaine, nombreux sont ceux qui redoutent la passation d’un accord qui ferait disparaître les droits de douane sur 90 % des marchandises. Syndicalistes et économistes y voient à juste titre un deal « viande et minerais contre voitures et marchés publics » et s’inquiètent des retombées prévisibles.

DANGER SUR LE MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT

Dans un texte commun des syndicats du Mercosur et de l’UE publié en juin, les représentants des travailleurs dénoncent « les dommages causés à la classe ouvrière » et « l’aggravation des inégalités sociales et du chômage », en raison notamment de la « mise en péril de l’industrialisation [du Mercosur] ».

Même son de cloche sous la plume de Paulo Nogueira Batista Jr, économiste et ancien membre du directoire du FMI qui estime, dans une tribune parue le 3 décembre dernier, que signer l’accord serait une « capitulation totale ». À ses yeux les droits de douane actuels sur les importations sont une « compensation partielle d’un ensemble de facteurs défavorables pour les entreprises brésiliennes » et l’« intérêt stratégique » des pays du Mercosur commande de les maintenir.

La sévérité – et la vérité – de ces analyses n’ont d’égales que la légèreté et la désinvolture des institutions européennes. Aux contradictions sur l’écologie s’ajoutent celles, tout aussi graves, sur le modèle de développement. La Commission a renié sa promesse d’une « nouvelle génération d’accords », censés mettre un terme à l’échange inégal entre le Sud et le Nord, où le premier est obligé d’exporter ses matières premières et des biens à faible valeur ajoutée pour pouvoir accéder aux produits sophistiqués du second.

CHANGEMENT DE CAP

À l’été dernier, les eurodéputés membres de la commission du commerce international votaient un texte appelant à partager la valeur entre les pays moins avancés ou émergents et les entreprises européennes, à mettre un terme au pillage de facto de leurs ressources et à promouvoir les plus hauts standards sociaux et environnementaux.

Quelques mois plus tard, la plupart ne trouvent rien à redire au très archaïque accord UE-Mercosur, qui contient exactement le contraire, et approuvent la liste interminable d’accords dans les tuyaux de la Commission : Chili, Philippines, Mexique, Indonésie, Inde…

Nouvelle illustration du « double langage occidental » qui nous est de plus en plus ouvertement reproché par le « Sud Global » ? Incapacité à s’extraire des exigences des grandes multinationales qui auraient, elles, certainement profité d’un tel accord ? L’Europe manque singulièrement de cohérence dans son approche de la nouvelle donne économique, sociale et environnementale.

Pour que sa voix porte à nouveau, elle devra faire son aggiornamento de la mondialisation et ne plus céder aux injonctions néolibérales de sa technostructure et de ses élites économiques et financières.

Résolution commune au parlement européen

Le Parlement européen condamne les attaques terroristes du Hamas et appelle au respect du droit international humanitaire

J’ai voté en faveur de la résolution commune du Parlement européen « sur les attaques terroristes odieuses du Hamas contre Israël, le droit d’Israël de se défendre conformément au droit humanitaire et international et la situation humanitaire à Gaza ».

Ce texte important condamne avec la plus grande fermeté les attentats et les meurtres abjects commis par le Hamas contre Israël et son peuple. Car ce n’est pas un acte de «résistance» qu’a commis le Hamas mais un acte de barbarie, un pogrom en terre d’Israël.

Cette résolution affirme en outre, et à raison, que le Hamas ne représente pas la population palestinienne qui subit depuis 2006 à Gaza sa dictature et sa répression féroces. Meilleur ennemi des Palestiniens, le Hamas prône la haine des Juifs et la destruction d’Israël, empêchant ainsi toute possibilité de progresser vers une solution négociée.

Ce texte rappelle enfin que chacune des parties doit respecter le droit international humanitaire. Dans cette guerre, la grande majorité des victimes sont des civils, des enfants et des personnes âgées. Elles se comptent déjà en milliers. Pris au piège par le blocus, les Gazaouis subissent la mort et la destruction des bombardements de représailles. Il faut d’urgence instaurer l’arrêt des combats et laisser passer la nourriture et les médicaments à la frontière égyptienne.

Les partisans de la paix et de la solution à deux États semblent aujourd’hui bien isolés. Palestiniens et Israéliens ont le droit à la sécurité et à la paix. Le rôle de la gauche est de porter cette voix.

Emmanuel MAUREL
Député européen
Co-fondateur de la Gauche Républicaine et Socialiste

#UGR2023 : Vers la marginalisation de l’Union Européenne ? samedi 7 octobre 2023

Samedi 7 octobre à 9h30 au Palais des Congrès de Rochefort (Charente-Maritime), se tenait la deuxième table ronde des universités de la gauche républicaine, avec Guillaume Duval (ancien rédacteur en chef d’Alternatives Economiques), Anna Pic (députée PS de la Manche), Marga Ferré (Transform’Europe, PGE) et Liêm Hoang Ngoc (Président de la Nouvelle Gauche Socialiste, ancien député européen, Maître de conférences en économie à Paris I)… Le débat était animé par Laurent Miermont, membre du pôle Idées du collectif de direction de la Gauche Républicaine et Socialiste.

La construction européenne est un idéal de paix, de prospérité et de fraternité entre des peuples qui sont loin d’avoir toujours cultivé ensemble ces valeurs. Mais elle est marquée depuis les origines par son hostilité à l’encontre de l’État Nation et de l’expression démocratique qu’il contient. L’Union européenne est devenue une implacable machine qui s’empare lentement, mais sûrement, de tous les éléments essentiels de la souveraineté. Pour quel résultat ?

Existe-t-il un intérêt général, ou un sentiment d’appartenance, européen ? Sur la scène mondiale, l’Europe est affaiblie et ne compte que peu face aux États-Unis et à la Chine. Comment faire pour éviter la marginalisation de l’Europe ?

Marché de l’électricité : comment tout a disjoncté ! (débat à la Fête de L’Humanité 2023)

Samedi 16 septembre 2023, sur le stand de la Gauche Républicaine et Socialiste pour la Fête de l’Humanité, la GRS avait invité David Cayla – Maître de Conférences en économique à l’université d’Angers, membre des Economistes atterrés et essayiste – et Laurent Miermont – responsable national au sein du pôle Idées, formation et riposte de la GRS – à débattre du marché européen de l’électricité.

Ils ont retracé la construction de ce marché européen et surtout le chemin de la “libéralisation” et de la création d’une concurrence totalement artificielle, dont le principal effet a été ouvertement de mettre à bas l’opérateur public historique français, EDF. Ils sont également revenus sur la crise de l’énergie qui a crû à partir de la fin 2021 avant d’exploser en 2022 avec la guerre en Ukraine, ainsi que sur les actions désordonnées de la commission européenne pour y faire face.

Les deux intervenants convergent en conclusion sur la nécessité urgente pour la France de sortir – y compris unilatéralement – de ce “marché européen”, qui pénalise les usagers et les entreprises, afin de surmonter la crise et de préserver les atouts de notre mix énergétique.

Elargissement de l’Union Européenne : « Cela ressemble à une fuite en avant » – Emmanuel Maurel dans L’Obs

Dans un contexte géopolitique bouleversé par la guerre en Ukraine, l’élargissement de l’UE à de nouveaux entrants d’ici à 2030 semble inévitable mais s’annonce comme un défi majeur. L’Obs a sollicité le 2 octobre 2023 l’avis de la secrétaire d’Etat Laurence Boone et de l’eurodéputé Emmanuel Maurel, dont publions les propos ci-dessous.

article publié le lundi 2 octobre 2023 dans L’Observateur

Que pensez-vous de l’idée d’élargir l’UE en accueillant possiblement des pays comme la Moldavie, l’Albanie, la Serbie… ?

Pour moi, cela ressemble à une fuite en avant : on cherche à élargir, mais sans se demander pourquoi et comment. Surtout, on ne porte pas une attention suffisante aux conséquences économiques et sociales de ce choix. Dans les pays que vous mentionnez, les salaires moyens et minimaux sont très inférieurs à ceux pratiqués dans l’Union. Que se passera-t-il si, demain, nous les accueillons ? Il est très probable que cela donnera lieu à du dumping social. Car nos entreprises seront évidemment tentées de délocaliser leurs activités dans ces pays à bas coût, provoquant du chômage à l’ouest et aggravant la désindustrialisation, particulièrement en France. Qui ira expliquer les « bienfaits » de cette Europe-là aux travailleurs de la classe ouvrière ? Je ne suis pas hostile par principe à l’élargissement à l’est. Mais ces choses-là prennent du temps.

Les défenseurs d’un élargissement mettent surtout en avant la nécessité de contrer l’influence de la Russie sur des pays qui sont encore fragiles démocratiquement…

J’entends l’argument, mais attention : on a tendance à croire que plus nous serons nombreux au sein de l’UE, plus nous constituerons un espace géopolitique puissant et indépendant. Mais c’est oublier que bien des pays à l’est de l’Europe ne partagent pas cette vision : ils souhaitent surtout s’arrimer à l’Otan et aux États-Unis. Je ne compare pas, bien sûr, l’influence américaine à l’influence russe, mais il me paraît important de souligner qu’intégrer trop largement risque plutôt d’affaiblir les institutions européennes. Sans compter la question de la gouvernance : aujourd’hui, à vingt-sept membres, c’est déjà une gageure d’obtenir une position commune sur certaines questions. Songez aux possibles blocages à trente-cinq !

Peut-être faut-il assouplir les processus de décision, par exemple en renonçant plus largement à la règle de l’unanimité entre les membres ?

C’est une orientation qui me paraît extrêmement difficile à prendre et à faire accepter aux Français. Car si, demain, nous renonçons à l’unanimité sur les questions de défense et de diplomatie par exemple, cela signifie que la France confiera à ses voisins une part essentielle de sa souveraineté. Imaginez qu’un jour, une majorité de pays européens soutienne une aventure militaire que nous désapprouvons largement. Faudra-t-il y participer malgré nous ? Imaginez encore qu’on transfère tout ou partie de la compétence « santé » à Bruxelles : on ne tarderait pas à voir la Sécu mise en concurrence, voire privatisée !

Sortir du marché européen de l’électricité – Podcast du 1er “Jeudi de Corbera”

Depuis un an et demi, une envolée inquiétante des prix de l’électricité entraine une crise économique et sociale majeure avec des répercussions multiples sur les entreprises, les territoires, les collectivités et les usagers.

Cette augmentation n’est pas liée à une explosion des coûts de production de l’électricité en France mais au mode de fixation du prix qui relève du marché européen de l’énergie.
Marché européen qui aligne le prix de l’électricité sur celui du gaz et met à mal la filière nucléaire française et qui s’avère surtout être est une impasse totale.

Depuis plusieurs années, la Gauche Républicaine et Socialiste appelle à en sortir, comme l’Espagne et le Portugal. Enjeu de pouvoir d’achat, enjeu de souveraineté et enjeu environnemental se recoupent dans ce débat central pour l’avenir de notre pays.

Comprendre comment nous nous retrouvons pris dans le piège de la libéralisation du secteur de l’énergie et tracer des perspectives alternatives, c’est le sujet de ce premier Jeudi de Corbera pour lequel Carole Condat accueillait :
➡️ Anne Debrégeas, Ingénieure- chercheuse sur le fonctionnement et l’économie du système électrique à EDF et économiste en électricité, Porte-parole du syndicat Sud Énergie.
➡️ Laurent Miermont, membre du pôle idées de la GRS, ancien adjoint au maire du 13ème arrondissement, assistant parlementaire européen.

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Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.