Voici pourquoi la cérémonie d’ouverture des JO de Paris n’était pas “woke”

Parce que c’était Français : riche, contradictoire, parfois choquant (et nous ne sommes pas tous choqués par les mêmes choses), parfois léger, le sexe et le désir omniprésent, la colère et la révolte également, hermétique parfois (il n’était pas immédiatement compréhensible que le moment de rock métal rendait aussi hommage au Bataclan), docte et arrogant à d’autres moments (bien sûr on adore Louise Michel), picaresque au sens rabelaisien et beau comme un défilé de toutes les modes.

C’était même à certains moments ridicule, parfois hésitant entre hommage et « blasphème », et menaçant de tomber dans les eaux.

Et c’était extrêmement parisien ! Fluctuat nec mergitur, n’est-ce pas !

Alors Paris s’est célébrée et a presque fait oublier l’objet de sa fête, les athlètes parqués sur des bateaux mouches pour ne pas gêner les chorégraphies, jusqu’à ce moment lumineux, le passage de la torche par des gloires passées – la France hésite toujours entre nostalgie et avenir – l’hommage à un grand ancien – nous sommes existentialistes, nous savons que nous allons tous mourir – et la promesse de la lumière !

C’est en France que commence la conquête du ciel. Cette montgolfière ne rappelle pas que le rêve des deux frères inventeurs. Les toiles de la première montgolfière sont travaillées par les ouvriers du faubourg Saint-Antoine dans les ateliers de l’industriel Réveillon. Celui-ci est un adepte du libre échange, mais confronté à la concurrence déloyale anglaise, il veut “baisser le coût du travail”. L’émeute de ses ouvriers révoltés en avril 1789 sert de répétition à la prise de la Bastille, qui partira du même quartier, trois mois plus tard. C est de ce faubourg qu’a été lancé la marche des femmes parisiennes sur Versailles à l’automne. C’est ce faubourg qui popularise le “Ça ira !” et qui se bat contre l’arbitraire bonapartiste. En 1870, les ouvriers du quartier acclament Gambetta quittant Paris encerclé par les troupes germano-prussiennes pour organiser la résistance nationale. Il s’enfuit … en montgolfière. Et c’est avec les ouvriers de ce quartier que Louise Michel combat pendant la Commune.

Enfin, la lumière de la flamme, illuminant la Ville-Lumière, rappelle que nous sommes la Nation enfantée du « Siècle des Lumières ! » C’est-à-dire : Universaliste !

Il n’y a rien d’Américain dans le spectacle proposé vendredi soir – même les stars nord-américaines invitées ont offert un témoignage de culture française et d’hommage à la France. Et la Marseillaise fut magnifiquement chantée par une enfant de cette histoire contradictoire, née aux Amériques françaises, portant à la fois l’esclavage et son abolition. Rappelons le : la République américaine fit la guerre à la République française parce que celle-ci avait osée avoir des députés noirs au sein de son assemblée, qu’elle avait osé abolir l’esclavage. Notre histoire n’est pas celle des Américains : elle les dépasse et les surpasse. Et c’est pourquoi nous n’avons pas besoin de leurs théories sociales.

Tout dans cette cérémonie était Française. Profondément et contradictoirement Française. Si vous êtes dépassés par votre propre Nation, et bien acceptez de lire pour comprendre enfin ce qu’elle raconte au monde et d’elle-même, ou bien, choisissez-vous une Nation plus simple.

Mathias Weidenberg

Crise estivale des Hôpitaux – focus sur les PADHUE

L’été est depuis plusieurs années une période compliquée pour le système de santé. Nous nous en sommes faits plusieurs fois l’écho les années précédentes. Par manque de personnel, les hôpitaux ont souvent du mal à garder leur lit ouvert et cherchent donc à embaucher des milliers de médecins quand ils ont les crédits suffisants.

Avec la pénurie de praticiens consécutive à des années de numerus clausus abscons (qui n’a été levé que de manière théorique, puisqu’il n’y a pas assez de places pour tous les étudiants en médecine potentiels), les hôpitaux se tournent vers les Praticiens à diplômes hors Union Européenne (et Espace Économique Européen) ou PADHUE. En cette période chargée, il nous semble utile de se pencher sur leur situation, ces médecins formés à l’étranger et qui ont obtenu leur diplôme en dehors du territoire européen. L’hétérogénéité des statuts de ces médecins a justifié la mise en place d’un nouveau cadre d’affectation en 2020, permettant de « sécuriser le parcours des praticiens, leur accueil en établissement ainsi que leur activité au sein des services. Cela, à travers la mise en place d’épreuves de vérification des connaissances (EVC) réformées, d’un parcours de consolidation des compétences (PCC) et du statut de praticien associé. » Pourtant, ils n’obtiennent ainsi qu’une autorisation temporaire d’exercice qui, toute durée cumulée, ne peut pas excéder deux ans.

En janvier dernier, Emmanuel Macron avait appelé à les régulariser, eux qui « tiennent parfois à bout de bras nos services de soins ». Six mois plus tard, ils attendent toujours, un grand classique du macronisme : célérité sur le démantèlement de l’État social, déclarations sans suite sur les urgences sociales.

Or leur situation reste très précaire. D’abord, l’épreuve qui leur aurait permis d’exercer de plein droit est « ultra-compétitive », ce concours en 2023 a ouvert seulement un poste pour trois candidats : logiquement, les deux tiers des PADHUE ont échoué. Pour les non lauréats qui sont 2700 à travailler déjà dans nos hôpitaux et qui arrivent au bout de leur mission, les directeurs peuvent les prolonger, mais depuis janvier, sous un statut d’étudiant toujours plus vulnérable. Ainsi on demande à ces praticiens d’aller faire une signature de convenance de leur dossier dans leur pays d’origine pour pouvoir continuer à bénéficier d’une convention étudiante sans cotisation. Pire, les préfectures ont durci leurs procédures : certaines d’entre elles, voyant arriver ce type de conventions, refusent de prolonger les titres de séjour pour des personnes sous un statut aussi précaire. Aujourd’hui, une dizaine de litiges sont en cours, dont les PADHUE font directement les frais.

D’autre part, avec un statut d’étudiant, leur rémunération pose question, car elle a même diminué : quand ils étaient sous statut de praticien-attaché associé, ils gagnaient 3 300 euros, avec le statut d’étudiant/stagiaire ils se retrouvent rétrogradés de 43 %, à 1 700 euros, sans plus cotiser à rien. Leur précarité financière les amènent de plus en plus fréquemment à s’endetter auprès de leur famille. Ils n’ont pas de droit au chômage non plus, étant des « étudiants ».

À force de pétitions, de sit-in, de menace de grève, les collectifs de PADHUE ont obtenu à la mi-mai la promesse d’un statut, un vrai contrat de 13 mois, renouvelable une fois. Mais le problème, c’est que les décrets d’application se font encore attendre, alors que d’autres textes ont été publiés dans le même laps de temps malgré la dissolution, comme celui qui permet à un orientateur situé aux urgences, avec 14 heures de formation, de trier les malades (décret d’application de la Loi Valletoux sur les déserts médicaux), ou encore un décret d’application de la loi Darmanin qui simplifie les OQTF.

En somme, on manque cruellement de médecins pour faire tourner les hôpitaux : mais les priorités de l’exécutif semblent ailleurs, la gestion des affaires courantes ne va pas arranger les choses et si un changement de politique donc d’équipe gouvernementale n’a pas lieu, il n’y a aucune raison que l’on progresse. Pourtant affaires courantes ou pas, considérant en plus que le président de la République s’était engagé sur ce dossier, cela devrait être une priorité nationale.

Frédéric Faravel

Après le sursaut du Nouveau Front Populaire, renforcer la Gauche Républicaine

La Gauche a su faire face à « l’étrange »* et brutale dissolution du 9 juin 2024 pour permettre aux Françaises et aux Français de sanctionner la désastreuse politique macroniste et empêcher la victoire du RN. Elle a été d’une clarté absolue pour faire barrage partout à l’extrême droite. Le 7 juillet dernier, non seulement le pire a été évité, mais le Nouveau Front Populaire est arrivé en tête en nombre de députés.

Mais cela n’a pas suffi à lui donner les moyens de gouverner seul pour appliquer pleinement son programme ; la situation politique est confuse, la décomposition du macronisme produit sans cesse de nouveaux effets, sans qu’il semble possible aujourd’hui de constituer une majorité parlementaire stable, comme cela pourrait être le cas dans n’importe quelle démocratie européenne. La réélection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée Nationale démontre une volonté de ne pas tenir compte de la sanction électorale et de s’opposer à quoi qu’il en coûte à une nouvelle expérience gouvernementale de gauche.

La faute à des acteurs politiques, au premier rang desquels se trouve le président de la République, qui n’ont tendu à l’extrême le débat public sans jamais apporter de réponse aux attentes de nos concitoyens dont la colère monte. Le pays a besoin d’apaisement, le pays a besoin d’une alternative durable à l’extrême droite, le pays a besoin d’une gauche qui fait vivre la promesse du Nouveau Front Populaire , d’une gauche qui privilégie la dynamique unitaire . même quand une partie de ses membres ne sont pas à la hauteur, d’une gauche qui rassemble toutes les classes populaires et tous les travailleurs, d’une gauche qui soit capable de prendre ses responsabilités.

Pour renforcer et faire vivre cette gauche, rejoignez-nous : adhérez à la Gauche Républicaine et Socialiste !

* cf. L’étrange défaite

Yaël Braun-Pivet réélue Présidente de l’Assemblée : on ne change pas une équipe qui perd !

Le premier acte de l’Assemblée nationale issue de la dissolution du 9 juin est un très mauvais signal envoyé aux Français.

Après la défaite d’Emmanuel Macron aux élections législatives anticipées, la réélection de Mme Braun-Pivet au Perchoir avec les voix de la droite n’annonce rien de bon pour notre pays.

Les électeurs du Nouveau Front Populaire sont floués de leur mobilisation. Les députés macronistes leur ont tourné le dos en pactisant avec les députés LR, élus eux aussi grâce aux voix de la gauche, mais qui lui dénient tout droit à gouverner ! Leur machination politicienne révèle leur refus de se conformer au choix des Français. La France ne peut pas se permettre la reconduction à l’identique d’une majorité sortante désavouée.


Emmanuel MAUREL
Député de la 3ème circonscription du Val d’Oise
Co-fondateur de la Gauche Républicaine et Socialiste

Macron ruine l’Etat sans résultat : vite, l’alternance à gauche !

La Cour des Comptes a publié lundi 15 juillet 2024 son rapport sur l’état des finances publiques1. La gestion des gouvernements sous les deux présidences d’Emmanuel Macron a été et reste catastrophique. C’est un échec complet à l’intérieur même de son propre cadre idéologique de référence. Pour les magistrats financiers, l’année 2023 a été « très mauvaise », l’exercice 2024 est « à risques » et la trajectoire de rétablissement des finances publiques d’ici à 2027 est « peu crédible et peu réaliste ».

L’Insee a également publié le 11 juillet dernier les chiffres de la pauvreté en France : cette politique désastreuse et ruineuse n’a pas bénéficié aux classes populaires2. Le décrochage des territoires ruraux et périurbains, ceux qui depuis votent à plus de 50% pour le RN, est attesté par l’Insee. Les banques alimentaires, regroupant tant les fédérations départementales que des associations d’utilité publique comme les restos du cœur, Emmaüs, le Secours Populaire et le Secours Catholique, alertent déjà depuis quelques années sur l’explosion des demandes, y compris de salariés, et notamment dans ces territoires abandonnés.

Et contrairement à ce que raconte la propagande gouvernementale sur les créations d’entreprises, l’industrie a perdu 5 points de part de PIB. Ce bilan économique et social est désastreux.

Dans toute démocratie normale, à l’occasion de deux élections nationales successives, il aurait été un sujet central du débat public. C’est pourquoi les gauches rassemblées avaient présenté un programme, en partie inspiré par les expériences portugaises et espagnoles de consolidation des comptes publics par la relance industrielle et la demande des particuliers au travers de l’augmentation des salaires3. Le débat fut escamoté par des polémiques absurdes et des amalgames diffamatoires. Mais tant à droite, en votant rassemblement national, qu’à gauche, en mettant celle-ci en tête des législatives, l’incompétence de de la coalition macroniste Ensemble n’est plus supportée.

Que face à un tel bilan les mêmes souhaitent continuer à gouverner sans rien changer est le signe de deux défauts de caractère : l’arrogance, qui empêche de reconnaître ses erreurs, et la stupidité, qui fait répéter la même erreur constamment en espérant à chaque fois un résultat différent – ou syndrome Shadok.

Aussi ne faut-il ne faut pas seulement une alternance parce que les Français l’ont souhaité : il la faut parce qu’il serait très difficile, en gestion des finances publiques, de l’économie, des crises sociales, de faire pire … et qu’il n’est plus tenable de laisser la conduite des affaires publiques à ce personnel politique là.

Ajoutons que le rapport d’une association d’intérêt public, Oxfam, constate également un déficit considérable d’investissement pour faire face aux transformations du climat4. Ces transformations sont déjà là. Il ne s’agit plus d’empêcher un réchauffement dans le futur, mais d’adapter nos sociétés à ses conséquences de plus en plus visibles, destructrices et meurtrières5. Sans compter l’absence de réelle stratégie productive, accompagnée d’une stratégie d’intelligence économique pour défendre et développer notre potentiel industriel, des filières soutenues pas des investissements et commandes publiques… cette absence ayant largement contribué à l’appauvrissement du pays.

Ce qui amène à cette question : dans quelles poches a finalement atterri le « quoi qu’il en coûte » pour de tels médiocres résultats ? À l’évidence, il n’est pas allé dans celles des Français des classes populaires si l’on s’en tient à l’explosion du surendettement6.

Changeons d’équipe, changeons de politique !

Mathias Weidenberg

1 https://www.francetvinfo.fr/economie/budget/la-situation-des-finances-publiques-en-france-est-inquietante-alerte-la-cour-des-comptes_6666375.html

2 https://www.insee.fr/fr/statistiques/8216285

3 https://www.nouveaufrontpopulaire.fr/le_financement

4 https://www.oxfamfrance.org/rapports/changement-climatique-nous-ne-sommes-pas-prets/

5 https://www.lesechos.fr/economie-france/budget-fiscalite/le-rechauffement-climatique-pese-aussi-sur-la-dette-publique-2107689

6 https://www.leparisien.fr/economie/les-dossiers-de-surendettement-bondissent-de-14-au-1er-semestre-2024-12-07-2024-P4G6K4CQ7RAGBNE2ERYSBY3TYY.php?xtor=AD-366

Avec le nouveau Front Populaire, la Gauche doit se refonder

La Gauche Républicaine et Socialiste présente avec cet article son analyse des élections législatives de juin et juillet 2024 et de la période qui s’ouvre pour le pays et la gauche.

LE FRONT RÉPUBLICAIN A TENU

Si le pire a été évité au soir du dimanche 7 juillet 2024, c’est que le front républicain a fonctionné à un point qu’on n’imaginait plus. On ne l’imaginait plus car les instituts de sondages et les dirigeants de la droite républicaine avaient fini par nous convaincre qu’une majorité d’électeurs du centre et de la droite refuserait de faire barrage au Rassemblement National en votant pour des candidats de gauche ; on ne l’imaginait plus car le camp présidentiel avait cultivé la confusion et la cacophonie sur les consignes de vote pour le second tour.

La participation électorale (66,7%) retrouve des niveaux qu’elle n’avait pas connus depuis 1997. Le résultat est quant à lui frappant et au-delà des espérances dans une situation politique particulièrement dégradée : le Nouveau Front Populaire arrive en tête, suivi par la coalition des soutiens du président de la République ; le Rassemblement National et ses ralliés atterrissent encore loin de la majorité absolue qui leur semblait promise au soir du 1er tour. Les citoyens français sont décidément plus intelligents que nombre de leurs dirigeants.

Le spectacle donné par la Macronie depuis lundi matin est consternant. Principal responsable de situation d’instabilité politique que connaît le pays, le président de la République continue de fragiliser les institutions et ne cesse de contester la prééminence du Nouveau Front Populaire à l’Assemblée nationale. Jeu dangereux auquel joue Emmanuel Macron car il remet en cause les règles démocratiques de notre République.

La gauche n’a pourtant pas démérité dans cette élection, notamment en constituant une coalition nouvelle sous la forme du Nouveau Front Populaire qui évite les déséquilibres et les ostracismes qui avaient présidé à l’accouchement de la NUPES. Emmanuel Macron avait fait le pari qu’elle serait incapable de s’unir face à la « guerre éclair » qu’il croyait lui imposer : il s’est lourdement trompé. Les partis de gauche et leurs dirigeants ont su mettre de côté les querelles amères, qui avaient conduit au sabordement de la précédente coalition, pour affronter le risque que le locataire de l’Élysée avait fait peser par caprice sur toute la Nation.

Le Nouveau Front Populaire et les députés divers gauche comptent désormais 195 sièges contre un peu plus de 150 dans la précédente assemblée. La gauche a gagné avec la progression de la participation un peu plus de 3 millions de voix au 1er tour.

Des résultats qui légitiment un sentiment de soulagement mais qui invite également à la modestie et au sursaut : la gauche ne fait que se maintenir à flot tandis que le bloc d’extrême droite progresse de plus 5,6 millions voix.

UNE VICTOIRE EN DEMI-TEINTE

Le danger que le Rassemblement National représente pour notre pays reste donc entier. En 2017, le RN comptait 8 députés ; en 2022, 89 ; depuis lundi matin, l’extrême droite en a 143 (dont les 17 députés LR qui ont été élus sur la base d’une alliance indigne conduite par Eric Ciotti, mais qui sont donc passés ouvertement dans le camp de l’extrême droite). Une progression de 54 sièges, le groupe parlementaire le plus important de la nouvelle Assemblée Nationale.

Les résultats successifs des élections européennes et législatives nous obligent à faire preuve d’honnêteté et d’humilité : l’extrême-droite n’est plus le rassemblement de quelques franges aisées de la population et de racistes. Elle concentre désormais autour d’elle une grande partie de la classe ouvrière et des classes moyennes ; une immense part de celles et ceux qui n’ont que leur travail pour vivre.

Bien qu’il ne faille pas négliger le niveau d’abstention qui sévit chez les plus modestes, force est de constater que le parti lepéniste progresse d’une élection à l’autre parmi les ouvriers (57% d’entre eux votent RN en 2024 soit +12 points par rapport à 2022) et les employés (44% d’entre eux en 2024 soit + 19 point par rapport à 2022).

Force est également de constater qu’il représente un recours pour une large part de cette France des oubliés et de la périphérie qui a constitué le cœur des mobilisations des « Gilets jaunes » : le RN fait régulièrement 40% dans les villes de moins de 10 000 habitants, plus de 30% dans celles de 50 000 à 200 000 habitants (contre « seulement » 28% dans les métropoles de plus de 200 000 habitants).

Des territoires entiers basculent dans la France du Nord et de l’Est, dans le pourtours méditerranéen et la vallée de la Garonne. Déjà en 2022 nombre de départements mettaient le RN en tête : l’Aude, la Haute-Marne, la Haute-Saône et les Pyrénées-Orientales ; il faut y ajouter deux ans plus tard les Alpes-de-Haute-Provence, la Côte-d’Or, la Creuse, le Gard, la Meuse, le Tarn-et-Garonne… La Lorraine ouvrière est tombée. Dans le Pas-de-Calais, en Picardie, dans le Languedoc, en Haute-Normandie ou en Provence, les circonscriptions qui échappent à l’extrême droite font l’effet d’îlots urbains (et parfois bourgeois) au milieu d’une marée brune « qui monte » et a l’ambition de tout recouvrir comme s’est plu à le rappeler Marine Le Pen.

Par facilité intellectuelle, quand ce n’est pas par mépris social, certains à gauche se complaisent dans l’idée que le vote des classes populaires et moyennes en faveur du Rassemblement national n’est qu’un vote revanchard et plein de ressentiment. C’est faire insulte à des femmes et des hommes – qui certes ici font le mauvais choix : celui de pointer du doigt la figure de l’autre, de l’étranger comme cause de tous les malheurs – à qui la gauche avait auparavant promis l’amélioration des conditions de vie matérielle et morale.

C’est oublier un peu trop vite la responsabilité d’un camp, le nôtre qui, depuis maintenant quarante ans, s’est converti à la religion du tout marché et de la mondialisation heureuse. Un camp qui, dans son exercice du pouvoir en 2012, a laissé filer nos industries et fermer nos usines ; a cassé le code du travail au nom de l’ouverture internationale ; a dessaisi l’État d’un certains nombres de compétences au profit d’une construction européenne foncièrement libérale et inégalitaire, a troqué la défense de la diversité culturelle hexagonale contre l’uniformité américaine.

OUVRIR UN NOUVEL HORIZON A GAUCHE

Certes, l’idéal propre à la gauche d’une société du partage réel des richesses, des savoirs et des pouvoirs où l’argent n’est plus la mesure de toute chose reste intact. Mais sa réalisation implique désormais un grand moment de refondation.

Une refondation intellectuelle tout d’abord : oui la cause écologique est indéniablement l’un des grands enjeux du XXIe siècle, mais elle ne peut être audible que lorsqu’elle s’articule à une critique radicale de la société du tout marché, du libre-échange généralisé, de la précarisation du monde du travail. Oui la dénonciation des dérives autoritaires, et à bien des égards liberticides, de l’État est légitime mais elle ne peut être entendable que dans un rappel à un ordre juste et républicain. Oui la gauche doit embrasser les nouvelles luttes et les nouvelles revendications qui émergent dans le pays mais toujours en les articulant autour de ce qui fonde son identité et son histoire : la lutte pour l’égalité.

Une refondation sociologique ensuite : la fracture entre le monde du travail – celui des ouvriers agricoles et d’industrie, des employés du secteur privé comme des fonctionnaires, des enseignants mais aussi des soignants – et la gauche est un drame dont nous devons prendre toute la mesure. Rien ne fonde la légitimité de notre camp si celui-ci n’est pas en mesure de répondre aux colères légitimes et aux préoccupations des premiers de corvées, des exploités des oubliés. Rien ne l’autorise à gouverner s’il n’est jamais qu’un conglomérat de métropoles mondialisées qui abandonne les villes moyennes et les villages, qui méprise les sous-préfectures et la ruralité.

Il y a un impératif au sortir de ces élections : retrouver la majorité sociale du pays. Et cet impératif doit pouvoir se matérialiser dans les prochains mois et les prochaines années autour de revendications concrètes et de combats quotidiens : contre la fermeture des postes et des services publics de proximité, contre les déserts médicaux et le renchérissement des prix des médicaments, pour la préservation des petits commerces qui font la fierté des petits bourgs comme de nos quartiers populaires…

Le chemin à parcourir risque d’être douloureux, il n’en est pas moins nécessaire. Tel pourrait être en tout cas le sens d’une gauche qui ne se résigne pas à voir la bataille identitaire fracturer un peu plus le pays.

La Gauche Républicaine et Socialiste pèsera en ce sens en travaillant au sein du Nouveau Front Populaire avec celles et ceux qui partagent le plus fortement ses analyses et en agissant pour que l’union soit maintenue à gauche et dans le respect de chacune de ses composantes.

DIMANCHE 7 JUILLET, ON VOTE POUR LA RÉPUBLIQUE

Après les résultats du premier tour des élections législatives, le dimanche 30 juin 2024, qui a vu le RN et ses ralliés atteindre 33% des suffrages exprimés, les partis attachés aux principes républicains ont fait preuve d’une forme de sursaut face au danger annoncé d’une arrivée de l’extrême droite au pouvoir.
Le Nouveau Front Populaire a créé une dynamique politique réelle face à la responsabilité du moment en élargissant le rassemblement ; avec cette nouvelle coalition, la gauche a fait mieux que résister, elle a progressé et apparaît aujourd’hui comme le meilleur rempart pour éviter une majorité parlementaire pour le RN.

A gauche, les candidats du Nouveau Front Populaire arrivés en troisième ou en quatrième positions dans les circonscriptions où l’extrême droite pouvait l’emporter se sont tous retirés au profit du candidat macroniste ou divers droite afin de faire barrage. Cette discipline républicaine n’a malheureusement pas prévalu chez les anciens LR ; elle a été appliquée majoritairement mais à géométrie variable par les candidats macronistes. Et encore une partie du camp présidentiel prétend encore opérer des distinctions entre candidats du Nouveau Front Populaire, allant souvent jusqu’à mettre un signe égal entre le RN et certains candidats insoumis.
C’est une nouvelle démonstration d’une perte de repères à droite et au centre.

Cela ne signifie pas qu’il n’existe pas des désaccords à gauche, notamment sur le comportement à adopter dans le débat public et sur la stratégie de la tension : on peut parfaitement porter un programme radical sans être irrespectueux avec ses adversaires et les Français, la Gauche Républicaine et d’autres partis le prouvent chaque jour.

Mais l’urgence vitale pour notre République, c’est d’empêcher la prise du pouvoir par le Rassemblement National et c’est dimanche 7 juillet 2024 que nous pouvons le faire tous ensemble. La Gauche Républicaine et Socialiste est claire et cohérente : elle appelle à voter pour les candidats de gauche dans toutes les circonscriptions où ils sont présents au second tour ; elle appelle partout ailleurs à faire barrage au RN/FN et à ses ralliés en votant pour les candidats divers droite ou macronistes les mieux placés. Contrairement à ce que laisse penser les sondages et les projections en sièges (toujours très approximatives), la mobilisation ne doit pas faiblir, aucune voix ne doit manquer, surtout dans le contexte médiatique anxiogène de ces derniers jours : le RN est toujours en capacité d’accéder à la majorité absolue ou de s’en rapprocher dangereusement.


Par ailleurs, la forte mobilisation des Français pour donner un maximum de voix au Nouveau front populaire doit être respectée : des duels entre candidats de gauche qui portent le même projet ne devraient plus avoir leur place dans ce contexte. Dans les quelques très rares cas où de tels duels subsistent, la GRS appelle à soutenir les candidats et candidates les mieux placés. C’est avec elles et eux que nous constituerons demain la force parlementaire du Nouveau Front Populaire à l’Assemblée nationale.

Un mot encore pour saluer la très belle campagne emmenée par Emmanuel Maurel, candidat de la Gauche Républicaine et Socialiste et du Nouveau Front Populaire dans la troisième circonscription du Val-d’Oise. Rassemblant toutes les forces de gauche autour de lui et de sa suppléante Valérie Gonçalvès Andral (PCF) et de très nombreux sympathisants qui s’étaient éloignés de l’action politique ou pour qui c’est la première campagne électorale, il a obtenu près de 36% des suffrages arrivant très largement en tête. Le score d’une candidate RN invisible sur le terrain a convaincu la députée macroniste sortante de se désister en faveur de notre camarade. Nous remercions tous les camarades de la GRS qui sont venus apporter leur aide à cette campagne. Avec toute l’équipe de campagne, il poursuit la dynamique du premier tour et jusqu’à minuit ce soir il y a fort à parier que tout le monde sera sur le terrain pour emporter le siège et obtenir le score le plus haut possible.

Alors dimanche 7 juillet 2024, pas d’hésitation :
VOTEZ ET FAITES VOTER POUR LA RÉPUBLIQUE, POUR LA RÉPUBLIQUE SOCIALE, POUR LA RÉPUBLIQUE ÉCOLOGIQUE, POUR LA RÉPUBLIQUE LAÏQUE… FAITES VOTER CONTRE L’EXTRÊME DROITE !

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.