communiqué de presse du mardi 2 décembre 2025 – 19h00
Parlant des problèmes économiques et sociaux de la France, la Secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a dénoncé les calculs égoïstes des multinationales qui délocalisent, maltraitent leurs sous-traitants et suppriment des emplois, et a résumé son propos par la formule ultra classique « les rats quittent le navire ».
Et ces simples mots, certes polémiques mais utilisés mille fois avant elle, lui ont valu d’être… mise en examen !
Nous apportons notre soutien à Sophie Binet et à travers elle à la CGT et aux organisations syndicales, qui représentent les intérêts des travailleurs et sont souvent plus attentives aux conditions nécessaires pour réindustrialiser la France.
Notre pays a besoin de dirigeants d’entreprises responsables et soucieux du développement des entreprises plutôt que du développement des dividendes des actionnaires. Il est temps de rétablir une forme de patriotisme économique dans les actes plutôt que dans les mots.
Depuis plusieurs semaines, l’idée de s’inspirer du modèle d’organisation territoriale allemand pour corriger les supposés tares congénitales françaises refait florès. En l’adoptant, nous deviendrions tout à la fois plus vertueux économiquement et budgétairement. Voici pourquoi tout cela relève de la pensée magique…
Comme toutes les fédérations, une tendance à recentraliser
Le modèle fédéral allemand contemporain – né sous occupation militaire et après avoir envisagé un pays divisé en plusieurs États (sans rapport avec la séparation RFA/RDA née de la « guerre froide ») pour empêcher toute résurgence d’une Allemagne puissante – est souvent perçu comme un équilibre entre autonomie régionale et unité nationale, mais il a connu une centralisation progressive des pouvoirs au profit de l’État fédéral (Bund) depuis 1949. Si la Loi fondamentale attribue par défaut aux Länder la compétence législative, la réalité politique et constitutionnelle a modifié l’équilibre. Dès les années 1950-1960, des amendements ont élargi les compétences fédérales, notamment en matière sociale, économique et environnementale, souvent justifiés par la nécessité de garantir l’unité juridique ou économique et la cohésion sociale du pays. L’article 72, permettant au Bund d’intervenir pour assurer cette unité, a été largement mobilisé, réduisant l’autonomie des Länder, y compris dans des domaines comme l’éducation, via des conférences intergouvernementales. Cette centralisation s’est accompagnée d’une interpénétration financière et institutionnelle, rendant le système fédéral complexe et peu transparent. La réforme financière de 1969 créant un système de péréquation fiscale pour réduire les inégalités régionales a logiquement accru la dépendance des Länder les moins riches envers les transferts fédéraux. Les mécanismes de solidarité, bien que nécessaires, sont critiqués pour leur opacité et leur manque d’incitations à l’innovation locale. Les décisions de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, en validant l’extension des compétences fédérales, ont renforcé cette tendance.
Le fédéralisme coopératif allemand, marqué par une collaboration étroite entre le Bund et les Ländervia le Bundesrat1, assure une stabilité politique, mais il a aussi engendré une dilution des responsabilités. Les citoyens peinent à identifier clairement les niveaux de gouvernement responsables des politiques, d’autant que les compromis politiques, nécessaires pour obtenir l’accord du Bundesrat, aboutissent souvent à des législations peu lisibles. La multiplication des instances de coordination échappe en grande partie au contrôle démocratique direct, renforçant l’opacité du système.
Après 1993, l’intégration de 5 nouveaux Länder économiquement plus faibles a accru les besoins de péréquation financière et révélé les limites du système. Les transferts massifs vers les Länder de l’ex RDA ont alourdi la charge financière des Länder de l’Ouest et mis en lumière les inefficacités d’un système où les incitations à la performance locale sont faibles. Les débats sur une refédéralisation, visant à clarifier les compétences et à réduire les transferts, se heurtent à des résistances politiques et à l’attachement historique à la solidarité territoriale.
Ainsi, le modèle fédéral allemand, bien que stable, apparaît complexe et peu transparent pour les citoyens. La concentration des pouvoirs au niveau fédéral, couplée à une administration décentralisée mais encadrée, crée une distance entre les décisions politiques et leur perception par la population, limitant la capacité des citoyens à exercer un contrôle démocratique effectif.
D’où vient alors cet attrait pour le modèle fédéral allemand ?
Sans doute en grande partie d’un malentendu, largement alimenté par les élites dirigeantes françaises qui sont dans leur grande majorité convaincues que le modèle social français et nos concitoyens qui y sont attachés seraient archaïques et causes du décrochage économique et financier du pays. L’Allemagne serait donc ce contre-modèle rêvé où règne l’ordolibéralisme et la discipline budgétaire, un modèle couronné par des années d’excédents commerciaux massifs, acquis largement au détriment de ses partenaires européens (dont la France).
Le point de vue allemand fait prévaloir que l’excédent extérieur est le résultat essentiellement de la compétitivité sous-jacente de son secteur exportateur. C’est le succès du Made in Germany, les exportations de machine outils, les produits de la pharmacie et surtout les voitures dans un pays qui a fait le choix de conserver ses usines, quand la France et la Grande Bretagne prenait la voie en partie volontairement de la désindustrialisation, et d’organiser structurellement à son profit la sous-traitance chez ses voisins d’Europe centrale. La tendance au vieillissement de la population implique une augmentation de l’épargne pour lisser la consommation le long du cycle de vie ; face à une forme de désengagement de la puissance publique, les Allemands mettent de côté pour leur retraite, alors que leurs voisins auraient bien besoin d’un redémarrage de leur consommation pour aider leurs industries.
Au-delà toutefois de ces facteurs structurels, il y a également d’autres facteurs qui ont contribué à l’excédent croissant de l’Allemagne. Ils sont liées aux politiques économiques des dernières années :
Des politiques en faveur de la modération salariale : les coûts unitaires de main-d’œuvre de l’Allemagne par rapport à la zone euro ont chuté de 13,4 % entre 1995 et 2007 et l’écart s’est maintenu ensuite ;
Les avantages de l’appartenance à la monnaie unique : le taux de change l’euro est trop faible pour être compatible avec un solde extérieur allemand équilibré (et au demeurant conforme aux traités). Le taux de change réel de l’Allemagne (le taux de change ajusté en fonction de l’inflation) était sous-évalué de 5 à 15% (FMI 2014), il l’est resté. C’est un avantage sous-estimé pour l’Allemagne : si l’Allemagne utilisait encore le deutschemark, celui-ci serait vraisemblablement beaucoup plus fort que l’euro aujourd’hui, réduisant l’avantage en termes de coûts des exportations allemandes ;
Coûts unitaires de main-d’œuvre en Allemagne et dans la zone euro (1995-2016 ; par heure travaillée, 1995=100) – source : Eurostat
Un affaiblissement de la consommation privée car la part des salaires dans les revenus s’est dégradée : la compression des salaires (les réformes du marché du travail ont créé un secteur important à bas salaires) a eu des effets secondaires moins positifs sur l’économie. Malgré la forte croissance de l’emploi, la part du PIB revenant aux ménages est passée de 65% au début des années 1990 à moins de 60% actuellement, avec une augmentation analogue des bénéfices des entreprises ; la part des dépenses de consommation est tombée à 54% du PIB, soit beaucoup moins qu’aux États-Unis ou au Royaume-Uni, réduisant la part des importations dans le PIB et contribuant ainsi à la création de l’excédent extérieur croissant de l’Allemagne. Le rattrapage des salaires impliquerait plus d’importations, mais aussi moins d’exportations, car les entreprises produiraient pour un plus grand marché intérieur, en contradiction avec qui a primé jusqu’ici au détriment de la zone euro ;
Une austérité systématique dans le secteur public, avec des excédents budgétaires et des niveaux d’investissement public parmi les plus faibles d’Europe : la moitié de l’excédent du compte courant de l’Allemagne repose sur un « déficit d’investissement », estimé à 100 Md€ par an en 2018. L’Allemagne disposait sous Angela Merkel de la marge budgétaire nécessaire pour augmenter la dépense publique et réduire les impôts et les cotisations sociales, touchant notamment les bas salaires, pour stimuler la demande privée. Le solde budgétaire structurel de l’Allemagne était passé d’un déficit de plus de 3% du PIB en 2010 à un léger excédent. Une consolidation budgétaire indéfendable étant donnés l’épargne élevée du secteur privé et les taux d’intérêt extrêmement bas dont bénéficie l’Allemagne. Or après la crise des subprimes les gouvernements conservateurs allemands ont choisi de renforcer la « règle d’or » constitutionnelle : Merkel et Schaüble ont fait voter que le déficit structurel serait limité à 0,35% du PIB dès 20112 ;
Une baisse de l’investissement intérieur privé assis sur le désir de nombreuses entreprises allemandes d’investir à l’étranger. La faiblesse de l’investissement privé se fait sentir dans le secteur des biens non-échangeables et des services, résultat de politiques protectionnistes dans ces secteurs.
L’Allemagne si vertueuse est aujourd’hui en difficulté
Depuis 2023, l’Allemagne fait face à une récession légère mais confirmée et selon les dernières données disponibles de la Bundesbank, l’excédent commercial en biens et services de l’Allemagne diminue ; il atteint tout de même 119,6 Md € en cumulé sur les 7 premiers mois de l’année en baisse d’1/5e par rapport aux 7 premiers mois de 2024. Cette baisse s’explique par une progression plus marquée des importations que des exportations : les mesures commerciales des États-Unis (premier débouché des exportations de l’Allemagne en 2024) ont conduit à une nette dégradation vis-à-vis des États-Unis en 2025.
L’Allemagne est également confrontée à la concurrence chinoise, notamment dans le secteur automobile, car son concurrent est en avance sur la transition de son industrie automobile vers l’électrique. Depuis 2019, les exportations de véhicules chinois ont été multipliées par trois, contre une hausse de +16% pour les exportations allemandes ; dans le domaine des véhicules électriques les exportations chinoises ont été multipliés par 6 (240 000 véhicules en 2019 à 1,5 million en 2023), grâce à une concurrence par les prix très agressive s’appuyant notamment sur des coûts de production plus faibles que dans le reste du monde.
Or l’Allemagne a accumulé un retard préoccupant dans l’entretien et la modernisation de ses infrastructures publiques, résultat d’un sous-investissement persistant et de contraintes structurelles. L’État fédéral, les Länder et les collectivités ont négligé les réseaux routiers, ferroviaires et les équipements publics. Aujourd’hui, près de 4 000 ponts sont en état critique, tandis que le réseau ferroviaire, vieillissant et saturé, affiche des retards d’investissement dépassant les 100 Md €. Le secteur numérique, pourtant stratégique, n’échappe pas à cette logique. Malgré des annonces comme la stratégie numérique de 2022, les objectifs restent flous et les réalisations tardives.
Le déploiement de la fibre optique, par exemple, accuse un retard marqué, avec seulement 12% des connexions haut débit en fibre, contre plus de 70% en France, résultat des choix politiques passés, comme l’abandon d’un plan national ambitieux dans les années 1980. La complexité du système fédéral et la lenteur des procédures administratives ont aggravé ces retards. Les communes, souvent en première ligne, manquent de ressources pour répondre aux besoins locaux, qu’il s’agisse de la rénovation des écoles ou de l’entretien des routes.
Corriger le modèle ?
C’est dans ce contexte que les gouvernements qui ont succédé à ceux d’Angela Merkel ont dû faire face aux conséquences des politiques d’austérité et de consolidations budgétaires, alors même que l’Allemagne était assise sur des excédents impressionnants dont ils ne disposent plus. Les 3 années de chancellerie Scholz ne furent qu’une pénible transition marquée par l’indécision ; sa coalition « feu de circulation » est tombée justement sur le rejet d’un possible assouplissement de la règle d’or budgétaire par les libéraux-conservateurs du FDP.
Après la victoire relative de la CDU/CSU conduite par Friedrich Merz en février 2025, l’accord avec le SPD s’est notamment fondé sur un paquet fiscal très conséquent largement consacré aux dépenses de défense et aux infrastructures, nécessitant une réforme constitutionnelle pour en finir avec le « frein à la dette » avec une majorité des 2/3 au Bundestag et au Bundesrat pour être approuvée : ce vote a été obtenu le 18 mars avant l’installation du nouveau Bundestag (25 mars), car une telle majorité qualifiée était impossible à obtenir avec les rapports de force issus du scrutin de février.
Depuis le gouvernement de coalition CDU/CSU-SPD tente de mettre en œuvre un plan en 3 points :
La sortie des dépenses de défense3 au-delà de 1% du PIB des limites du frein à l’endettement. Les dépenses de défense répondent à une définition large incluant l’aide à l’Ukraine, le renseignement, la cybersécurité et la défense civile. Le jour même de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le chef de la Bundeswehr, Alfons Mais avait sur LinkedIn jugé sévèrement l’état de l’armée : « l‘armée que j’ai l’honneur de commander, se tient là plus ou moins les mains vides. Les options que nous pouvons proposer au gouvernement pour soutenir l’alliance sont extrêmement limitées » ;
L’autorisation d’un déficit structurel pour les Länder de 0,35% du PIB alors qu’ils devaient être à l’équilibre auparavant ;
La constitution d’un fonds d’infrastructures hors budget de 500 Md € (11,6% du PIB en 2024) sur 10 ans (environ 1% du PIB en dépenses annuelles). Le champ couvert toucherait l’éducation, les transports, la décarbonation, le logement et les mesures visant à renforcer la résilience économique. 100 Md € seraient transférés au fonds « climat et transformation » et un autre fonds de 100 Md € iraient aux Länder et aux communes.
Or, suite à la pression des Länder, la disposition qui prévoyait d’attribuer initialement 60 Md € exclusivement aux communes a été supprimée ; comme souvent dans le cadre du fédéralisme, ces dernières sont les parents pauvres de la négociation budgétaire. Pourtant, les communes allemandes assument 60% des investissements dans les infrastructures publiques et elles se trouvent en première ligne face à des missions de plus en plus complexes et coûteuses (l’accueil des réfugiés, la modernisation des écoles ou le développement des infrastructures numériques). Leur capacité à y répondre est limitée par un sous-financement structurel et une administration engorgée par les procédures.
Les subventions, bien que bienvenues, s’accompagnent de démarches qui découragent souvent les collectivités, faute de personnel et de temps pour monter les dossiers requis. Les délais d’examen, parfois interminables, aggravent la situation en exposant les projets à des surcoûts liés à l’inflation ou à la hausse des prix des matériaux, et, comme en France, les dotations ne sont pas ajustées en conséquence. Par ailleurs, l’obligation de « supplémentarité » inscrite dans le projet de loi initial – c’est-à-dire l’exigence d’utiliser l’argent exclusivement pour des investissements supplémentaires – a aussi été supprimée, alors qu’il avait été constaté que certains Länder réduisent leurs budgets d’investissement réguliers et comblent le vide avec les crédits du fonds spécial.
En définitive, si le plan d’investissement de Berlin répond à une nécessité criante et représente une opportunité théorique pour les communes et les Länder, son succès dépendra de la capacité des autorités à réformer en profondeur les procédures administratives et à allouer les ressources humaines nécessaires pour en assurer la mise en œuvre. Sans ces changements structurels, les fonds risquent de rester inutilisés ou mal employés, laissant les collectivités locales face à des défis toujours plus pressants, mais sans les outils pour y répondre efficacement.
Sortir de la mauvaise foi
La présentation de la réalité du fédéralisme allemand et des enjeux vitaux auxquels l’Allemagne est confrontée aujourd’hui devrait permettre d’aborder l’analyse du modèle allemand avec une plus grande rationalité. La nature fédérale de la puissance publique de notre grand voisin n’explique pas sa « réussite », ses erreurs ou ses échecs. Son organisation actuelle représente également des difficultés structurelles qui sont elles-mêmes critiquées à domicile ; celles et ceux qui prétendent importer en France la réussite germanique en copiant son modèle territorial ont en réalité autre chose en tête.
Aussi, soyons honnêtes : le sujet n’est pas l’organisation de l’État mais plutôt la nature des projets politiques qu’on défend et dont on débat (et la manière dont ces débat sont tranchés) et éventuellement la nature de l’État qui correspond le mieux à l’identité historique d’une nation et à la réalité de sa demande sociale.
Frédéric Faravel
Le Bundesrat ou Conseil fédéral est la représentation législative fédérale des 16 Länder. Ses membres sont nommés par les gouvernements des Länder ; même s’il exerce, en coopération avec le Bundestag (parlement fédéral), le pouvoir législatif et le pouvoir constituant au niveau fédéral, il ne peut être totalement assimilé à une chambre haute d’un parlement bicaméral supposé. ↩︎
Le 10 octobre dernier, à Rennes, un professeur des écoles exerçant en grande section de maternelle a refusé qu’une de ses élèves soit changée de classe à la demande des parents qui exigeaient qu’elle n’ait à faire qu’à une enseignante. Conformément au principe de laïcité, il a refusé la demande de la famille qui l’a menacé indirectement de mort.
Cet enseignant, également directeur de l’école, a porté plainte le 14 octobre « pour des faits de menace de mort datant du 10 octobre », a rapporté jeudi le procureur de la République Frédéric Teillet. Le rectorat a également porté plainte.
Par solidarité avec cet enseignant, quatre écoles de Rennes sont en grève aujourd’hui et certains se sont rassemblés ce matin devant l’établissement.
La Gauche Républicaine et Socialiste apporte son soutien plein et entier à ce professeur des écoles, aux personnels de l’Éducation nationale victimes de menaces pour avoir défendu une école universaliste et laïque ainsi qu’aux enseignants grévistes.
Nous demandons au ministre de l’Éducation nationale de protéger ses personnels, essentiels au développement des citoyens de demain.
Le débat budgétaire en France et la tenue concomitante de la COP30 au Brésil braquent les projecteurs sur les inégalités criantes entre les ultra-riches et l’essentiel de la population. La même semaine, on aura vu la droite et l’extrême-droite se liguer pour refuser la taxe Zucman à l’Assemblée Nationale et pour « assouplir » à Bruxelles le pacte vert européen qui vise à rendre l’Europe climatiquement neutre à l’horizon 2050.
Dans le même temps, les dons faramineux et le lobbying des entreprises vers l’extrême droite et les climato-sceptiques se multiplient tandis que les ultra-riches possèdent l’essentiel de la presse où se déploient les publicités de greenwashing.
Les mêmes bénéficient pourtant largement des infrastructures et services publics : enseignement, infrastructures routières, maritimes et aériennes, sport, santé, sécurité, énergies, réparation des dégâts dus au dérèglement climatique… Ce serait justice qu’ils participent à hauteur de leurs revenus personnels.
Les inégalités sont tout aussi criantes en termes d’impact sur le climat
Alors que le monde s’approche d’un dépassement d’ici à 2 ans du budget carbone (quantité maximale de CO2 rejetée dans l’atmosphère sans provoquer une hausse des températures mondiales supérieure à 1,5°c en 2050), les émissions se maintiennent aux niveaux actuels. Selon Lula, Président du Brésil et de la COP30, « la COP30 sera notre dernière chance d’éviter une rupture irréversible dans le système climatique ».
Les gouvernements, dont le gouvernement français, doivent agir de toute urgence pour lutter contre les émissions des gaz à effet de serre (GES), sinon nous serons confrontés aux effets de plus en plus catastrophiques et irréversibles du changement climatique, puisque loin de l’objectif de +1,5°c nous sommes sur une trajectoire nous emmenant à +4°c. C’est une catastrophe : une telle augmentation moyenne aura des impacts majeurs, avec la multiplication des canicules et des sécheresses, une destruction de la biodiversité ou des tempêtes extrêmes.
Réorientons les politiques publiques et stoppons les ultra-riches qui dilapident notre budget carbone
Depuis l’Accord de Paris de 2015, les 1% les plus riches de la population mondiale ont consommé plus du double du budget carbone restant par rapport à la moitié la plus pauvre de l’humanité réunie. Il en est de même en France puisque sur 10 ans (2012/2022) les 0,1% les plus riches ont vu leurs émissions de consommation augmenter de 11%, alors que celles des 50% les plus pauvres ont baissé de 17%. Ils ont fait main basse sur le climat !
La Gauche Républicaine et Socialiste avance depuis sa création des propositions pour lutter contre le dérèglement climatique tant du point de vue de la prévention de ses causes (émissions de CO2) que de la protection des populations de ses conséquences (dégâts environnementaux), le tout en assurant une politique de justice fiscale et d’investissements publics porteurs d’emplois : souveraineté énergétique, industrielle, agricole, sanitaire, alimentaire, pour la Défense et pour la régulation des activités climaticides.
Partout, les investissements doivent être fléchés : dans le domaine de l’énergie vers les énergies renouvelables ; dans les mobilités, l’habitat et l’urbanisme vers des solutions résilientes ; dans l’agriculture en faveur des investissements durables sur la base de projets par filières, par la réforme de la PAC et des politiques nationales ; de même, dans l’industrie où nous devons tout à la fois protéger les fleurons de notre industrie et les PME et artisans de France.
Rien ne procède davantage de la Res Publica que l’air, l’eau, le sol, les forêts, le vivant, biens relevant de l’intérêt général. Le combat écologique posant les questions du dérèglement climatique et de la disparition de la biodiversité confère une légitimité renforcée et une dimension nouvelle à l’intervention publique. Seul un État républicain fort pourra organiser une transition écologique garantissant l’égalité des droits et l’égalité de participation à la décision sur la base du principe connu « de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins ».
C’est ce à quoi nous invitent les travaux de la COP30. Il faut agir, maintenant !
Alain FABRE-PUJOL et le pôle « écologie républicaine » GRS
C’était il y a 10 ans et le sentiment de l’horreur des attaques terroristes du 13 novembre 2015 ne nous a pas quittés. Les commandos islamistes, qui ont massacré nos concitoyens ce soir-là au Stade de France, au Bataclan, dans les Rues de Paris visant les terrasses des cafés et les salles des restaurants, avaient décidé de tuer en masse des Françaises et des Français, des habitants de notre pays qui appartiennent à une société ouverte. Nous n’oublierons jamais nos 130 morts et nos 413 blessés.
La guerre que les terroristes islamistes avaient portée sur notre territoire était dirigée contre la République française, contre toutes celles et tous ceux qu’elles accueillent et contre ce qu’elle représente : une espérance toujours renouvelée et fertile de Liberté, d’Egalité, de Fraternité et de Laïcité, une démonstration vivante que, malgré nos lourdes imperfections, on peut vouloir vivre ensemble et surpasser nos différences.
Il n’y a pas eu de marée humaine comme aux lendemains des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l’Hyper-Casher 10 mois plus tôt, les conditions de sécurité ne le permettaient objectivement pas. Mais depuis 10 ans, notre société n’est pas tombée dans leur piège, elle ne s’est pas embourbée dans une ambiance de guerre civile, ce qui était l’espoir explicite des djihadistes. Au contraire, elle a fait passer la Justice. Notre société n’est pas parfaite, le chemin de l’émancipation et de la fraternité réelles sont ardus et à réinventer chaque jour, mais la haine et la peur reculent. C’est la plus belle victoire que nous pouvions opposer à nos ennemis mortels.
2025 est une année noire pour l’agriculture française : pour la première fois, depuis 1968, la France enregistre un déficit commercial dans l’agroalimentaire, ce qui est particulièrement préoccupant.
Tout le travail des paysans, des parlementaires, des organisations de consommateurs et de citoyens, améliorer le budget de l’État pour sauver notre agriculture ne suffiront pas à redresser la situation si, par ailleurs, il n’y a pas une vraie réflexion sur la protection que nous devons avoir en matière commerciale. L’année noire a été confirmée le 6 novembre par une journée noire : en effet, l’exécutif par la voix du Président de la République s’apprête, après que la France aura dit le contraire pendant des années, à accepter l’accord commercial entre l’Union Européenne et le Mercosur.
Quand Emmanuel Maurel était député européen, avec quelques uns de ses collègues français, il expliquait que cet accord commercial est un accord « viande contre bagnole » : la Commission Européenne, et quelques-uns des Etats membres de l’UE, est totalement lucide sur le fait qu’elle sacrifiait l’agriculture française pour d’autres intérêts industriels, et notamment allemands. C’est une folie et la seule évocation des clauses de sauvegarde par Emmanuel Macron pour se défausser ne suffira pas, parce que la concurrence telle qu’elle est imposée est éminemment déloyale. On met en concurrence des agriculteurs français avec des exploitations qui sont 10, 15, 100 fois plus grandes, avec des conditions de production qui ne respectent aucune des règles que nous nous fixons à nous-mêmes pour la santé des Européens et la préservation de notre environnement, avec des salaires qui sont 5 fois inférieurs au SMIC.
Sans une réflexion sur le protectionnisme solidaire au niveau européen et au niveau français, nous sacrifierons notre autonomie agricole, donc notre souveraineté alimentaire et notre souveraineté sanitaire. Ce protectionnisme solidaire, c’est la seule voie pour sauver notre agriculture.
Nous ne devons plus supporter de voir l’agriculture française et l’industrie sacrifiées sur l’autel d’une concurrence, prétendument « libre et non faussée », mais qui est en train de faire crever des pans entiers de l’agriculture et de l’économie nationale.
La soirée du mardi 4 novembre a marqué une défaite flagrante pour les Républicains et les candidats soutenus par le Président des Etats-Unis d’Amérique : référendum californien, mairie de New York, élections des Gouverneures et des chambres en Virginie et au New Jersey… Le camp républicain et MAGA ont été sèchement battus. Mais il est encore tôt pour dire que le camp démocrate est sorti d’affaire et surtout sur quelle orientation politique il reconstruira l’alternative.
Tous les ans, le premier mardi de novembre marque la journée électorale annuelle américaine. Les années bissextiles, cela correspond à l’élection présidentielle, les années paires, au renouvellement de la Chambre des représentants et le tiers du Sénat. L’année précédant la présidentielle, la plupart des États élisent leur gouverneur. L’année suivant la présidentielle, la plupart des villes leur conseil municipal. Les chambres locales sont généralement renouvelées en même temps que le gouverneur de l’État, et divers référendums locaux peuvent avoir lieu.
Mardi 4 novembre se sont donc tenues les élections annuelles de cette année N+1 de la présidentielle. Si l’élection à la mairie de New York a fait couler beaucoup d’encre, elle n’était néanmoins pas la seule élection avec beaucoup d’enjeu.
Un socialiste élu maire de New York
Commençons tout de même par cette élection qui a tant passionné la classe politique et journalistique mondiale. Zohran Mamdani, candidat de l’aile gauche du Parti Démocrate qui en avait remporté la primaire, a devancé l’ancien gouverneur de l’État, Andrew Cuomo, positionné à l’aile droite du parti, qui s’était présenté en dissident. Le candidat républicain, Curtis Sliwa, s’effondre par rapport à il y a quatre ans, son électorat ayant massivement voté pour faire barrage à un democratic socialist.
L’élection de M. Mamdani a soulevé autant d’angoisse que d’enthousiasme. Doté d’un programme très à gauche pour les États-Unis, reposant sur le gel des loyers, la gratuité des transports et des écoles, et le partage des richesses, il a été dépeint par ses adversaires comme un bolchévique le couteau entre les dents.
On en oublierait presque cette donnée, tant le discours dominant, de la droite raciste à la gauche sociétale, semble ne retenir que son origine, indo-ougandaise, et sa religion, musulmane. Certains s’en enthousiasment, d’autres s’en horrifient, mais peu essayent d’aller plus loin qu’une lecture identitaire de cette élection.
Il faut dire que la culture politique américaine, très communautarisée, laisse la part belle aux envolées lyriques sur la fierté des origines, sur l’exaltation de la spiritualité, et le débat actuel sur la politique migratoire américaine a forcément eu un écho important dans cette campagne. Ainsi, le récit médiatique, et par conséquence les analyses politiques qui en ont été tirées en Europe, s’est concentré sur cet aspect de la campagne, pourtant banal et classique aux États-Unis. Donald Trump parle allègrement de ses origines écossaises, JD Vance parle constamment de sa foi catholique, les campagnes de Barack Obama, Hillary Clinton et Kamala Harris rappelaient sans cesse leur identité afro-américaine, féminine, ou les deux. Rien que de très communs, et peu différenciant.
La victoire de M. Mamdani, c’est celle des idées sociales contre la tentative d’enfermement communautaire qu’ont tentée ses opposants. Bien sûr, ses opinions controversées sur le conflit israélo-palestiniens ou d’anciens propos tenus sur twitter relativisant un attentat terroriste en Grande-Bretagne devraient tempérer l’enthousiasme de son élection. Tout cela étant dit, il convient tout de même de souligner que ces propos sont anciens et qu’il a tout fait pour s’en tenir éloigné toute la campagne, préférant débattre de sujets socio-économiques. La campagne de M. Cuomo a au contraire tenté de faire de cette élection un référendum identitaire : c’est donc elle qui a péché par excès de communautarisme, ne répondant pas aux attentes essentielles des New-yorkais sur leur quotidien.
Carton plein pour les Démocrates
Cette tendance ne s’est pas annoncée qu’à New York. L’élection municipale de Minneapolis en a été la démonstration inverse. L’opposant de l’aile gauche du Parti Démocrate a tenté de doubler le maire sortant par un discours fortement marqué par les questions identitaires et il a perdu. Les élections gouvernatoriales du New Jersey et de Virginie, et le renouvellement de la chambre basse de ce dernier État, marquent un triomphe des démocrates et un effondrement des républicains.
En plein shutdown de l’État central, les administrations fédérales sont fermées. Les Démocrates ont activement fait campagne pour le dénoncer, tandis que les Républicains vantaient la politique migratoire et identitaire du président. Ces derniers sont en déroute. Ils s’effondrent en Virginie, perdent la majorité qualifiée dans le Mississippi, une élection en Géorgie, et surtout le référendum sur la carte électorale en Californie, qui favorisera les Démocrates aux élections de mi-mandat de l’an prochain. Ce vote, en représailles d’une loi spéciale au Texas qui avantageait les républicains, poursuit la guerre totale que se sont lancés Démocrates et Républicains sur tous les plans politiques, juridiques et identitaires. Mais au-delà de ce récit, si M. Trump a gagné en 2024, c’était à cause de l’inflation, si son parti perd aujourd’hui, c’est à cause des fermetures d’administration. Le réel social cogne toujours.
La victoire de M. Mamdani en particulier et des Démocrates en général mardi a été celle d’une gauche qui parle du quotidien, contre la droite qui s’embarque dans des polémiques identitaires. Car si Mamdani apparaît comme une émergence social-démocrate, les candidates élues dans le New Jersey et en Virginie, bien plus libérales que lui, ont choisi pourtant la même stratégie : parler du concret et du social. Voilà ce que nous retenons de cette séquence politique américaine, ni plus, ni moins.
Pourquoi la gauche française se trouve en pamoison devant une élection locale américaine ?
L’élection du démocrate socialiste Zohran Mamdani à la mairie de New York a suscité un véritable engouement au sein d’une gauche française en quête d’exemples et de renouveau. Pour La France insoumise, cette victoire symbolise la réussite d’une « gauche de rupture », authentique et combative, capable, comme elle le revendique, de triompher de l’extrême droite. Mathilde Panot y voit une « leçon », tandis que Sophia Chikirou appelle à suivre ce modèle à Paris. Pourtant, le parallèle entre Mamdani et Mélenchon, séduisant en apparence, se révèle trompeur et réducteur.
On l’a dit plus haut, le contexte américain est très particulier : New York reste une ville majoritairement démocrate, une enclave progressiste sans équivalent dans le paysage politique français. Mamdani a été parfois qualifié de « communiste » par ses adversaires républicains et le président Trump. Le nouveau maire de New York est-il radicalement de gauche ? Pour l’Amérique trumpiste, clintonienne ou obamienne, oui ; avec nos critères, non. S’il défend la cause palestinienne et accuse le gouvernement Netanyahu de commettre un génocide, il n’a pas fondé sa campagne sur le Proche-Orient, mais sur des sujets concrets du quotidien : la flambée du coût de la vie, l’explosion des loyers et la difficulté croissante à se loger. Sa promesse phare, renforcer l’encadrement des loyers, illustre une approche pragmatique centrée sur la justice sociale : cette mesure existe déjà en France depuis 2014, portée par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault et sa ministre Cécile Duflot … une des mesures consensuelles à gauche d’un mandat présidentiel qui a divisé la gauche.
Mamdani a mené une campagne patiente, de terrain, proche des habitants, attentive à leurs problèmes réels. La gauche française peine à incarner cette proximité avec les Français et leurs attentes : selon le Cevipof, 23% seulement des Français jugent que LFI répond à leurs préoccupations, contre 34% pour le PS et 42% pour le RN. Dramatique ! La victoire new-yorkaise rappelle que la reconquête passe par le concret : parler logement, santé, transports, sécurité, pouvoir d’achat. Retisser le lien avec la population, renouer avec le réel, voilà le défi de la gauche française qui, pour avancer, doit moins rêver d’Amérique que se réancrer dans la vie quotidienne des Français. En tout cas, Mamdani et les autres candidats démocrates (libéraux ou socialistes) des partielles de mardi ont fait preuve d’une lucidité qui manque cruellement à beaucoup de nos camarades.
Augustin Belloc (avec le soutien de Frédéric Faravel)
Mardi 4 novembre, à Lyon, la majorité de gauche et écologiste lance officiellement sa campagne pour les municipales de 2026. Grégory Doucet (élu écologiste et maire de Lyon) se positionne comme chef de file de cette alliance de la « gauche républicaine et socialiste », comme la nomme Rue 89 Lyon. Autour de Doucet on retrouve les partis comme le Parti socialiste, le Parti communiste français, l’Après, Génération·s, Place publique, Voix commune et, évidemment, la Gauche Républicaine et Socialiste autour de notre camarade Adrien Drioli. Lors de ce lancement place Antonin-Jutard (3ᵉ arrondissement), le Maire Grégory Doucet a déclaré que « chacun devra avoir sa place pour 2026 ». La campagne de cette gauche unie portera avant tout sur les préoccupations concrètes et quotidiennes des classes moyennes et populaires de Lyon : services publics, logement, l’accès à la propriété via le bail réel solidaire, encadrement des loyers… Ce positionnement se fait avant même la dimension écologique, ce qui marque un ordre de priorités explicite pour cette alliance, alors que d’autres font le choix d’une aventure solitaire face à une offensive brutale d’une droite au parfum ultra-conservateur avec Jean-Michel Aulas. La campagne se veut également participative : un rendez-vous prévu le samedi 8 novembre en presqu’île pour présenter les résultats d’une « Grande écoute », série d’échanges avec les habitants que les Verts avaient lancé dès l’été dans tous les arrondissements. La majorité de gauche à Lyon entre désormais en campagne, et reprend l’initiative après que les droites ont fait beaucoup de bruit depuis la rentrée.
communiqué de presse de la gauche républicaine et socialiste – mardi 4 novembre 2025, 15h00
Aujourd’hui, l’enseigne de fast fashion Shein est sur le point d’ouvrir des points de ventes dans plusieurs villes françaises. La Gauche Républicaine et Socialiste se joint aux voix de ceux qui dénoncent la validation active et passive d’un mode de consommation nuisible à l’environnement, aux entreprises françaises, et à la qualité des produits.
Shein et d’autres plateformes du même type (AliExpress, Temu ou Wish notamment) représentent l’aboutissement du capitalisme mondialisé, débridé et amoral : tout est marchandise et le scandale, dévoilé hier, des poupées pédopornographiques initialement mises en vente démontre s’il en était besoin que cela n’a posé problème à ces entreprises uniquement parce que cela a été médiatiquement dénoncé. Shein et les entreprises similaires ont été plusieurs fois sanctionnées ; il a été démontré à plusieurs reprises que la majorité des produits qu’elles distribuent représentent un danger pour le consommateur ; mais elles joueront sur l’absence de réelle volonté politique pour protester de leur bonne foi, retirer les produits incriminés, mieux camoufler leur prochain forfait et ne pas être interdits sur les marchés français et européens.
Shein produit et distribue vêtements et artefacts produits en Chine dans des conditions sociales et environnementales catastrophiques, transportés jusqu’en Europe dans des cargos polluants, et noyant le marché sans qu’aucune protection soit apportée aux commerçants, artisans et industriels français qui respectent la réglementation favorable aux consommateurs, travailleurs, et à l’environnement. Tout cela plaide pour interdire formellement la vente en ligne, comme en boutique, de produits qui ne respectent pas strictement les normes européennes.
Toutefois, lutter contre Shein ne sera pas suffisant si on ne s’attaque pas directement aux problèmes qui ont permis son implantation. L’appauvrissement généralisé des Français, et le libre-échange forcené de la commission européenne font que s’ils disparaissent, un autre les remplacera. La Gauche Républicaine et Socialiste dénonce toutes les personnalités complaisantes qui, comme Christophe Castaner (par avidité) ou comme Philippe Aghion – ce matin encore sur France Culture –, osent avec indécence expliquer que ces plateformes sont une réponse utile au problème de pouvoir d’achat et de faibles rémunérations des catégories populaires en France et en Europe.
La Gauche Républicaine et Socialiste appelle le gouvernement à s’opposer fermement à l’installation de magasins Shein et fast fashion sur le territoire, mais également à se battre pour augmenter les salaires et à combattre le libre-échange imposé par la Commission Européenne.
Après des mois d’insistance de Donald Trump,la banque centrale des États-Unis (Fed) avait mi septembre baissé ses taux d’un quart de point1, espérant ainsi donner un coup de fouet à l’économie américaine, devant un marché du travail d’apparence vacillant. Un seul des douze votants s’était opposé à cette décision: le gouverneur de la Fed récemment promu par le président Donald Trump, Stephen Miran, qui voulait une diminution plus forte, d’un demi-point.
Mais ce que montre le compte-rendu des discussions (« minutes »), c’est que des responsables étaient au contraire réservés face à l’idée d’abaisser les taux directeurs. Ces responsables s’inquiètent de voir l’inflation s’éloigner à nouveau de la cible de 2%, fixée par la Fed et jugent peu probable une hausse rapide du chômage. Ces responsables ont malgré tout proposé mercredi 27 octobre une deuxième baisse d’un quart de point.
Mauvais chiffres de l’emploi
La raison de cet « emballement », sous pression politique, est qu’aux États-Unis, la situation s’est dégradée sur le front de l’emploi. Le taux directeur de la Fed influence les taux que les banques commerciales vont ensuite appliquer à leurs clients, ménages et entreprises. Les chiffres de l’emploi sont-ils à ce point inquiétant que la Fed décide donc d’abaisser le coût du crédit ? À première vue, non, le taux de chômage atteint 4,3 % aux États-Unis, pas loin du plein emploi. La France et beaucoup de pays européens pourraient envier de tels résultats. Mais confronté à la réalité économique et sociale, ce taux est trompeur et masque une situation embarrassante pour l’administration Trump.
D’abord, le chômage a augmenté. C’est le plus haut niveau depuis 4 ans. Et d’après des rapports récents, l’économie américaine crée beaucoup moins d’emplois qu’auparavant : 22 000 seulement en août 2025, alors que les prévisions tablaient sur 80 000 postes créés en juin. 13 000 emplois ont même été détruits. La croissance de l’emploi a commencé à ralentir en avril, au moment de l’entrée en vigueur des principaux droits de douane, décidé par l’homme orange, qui ont sans doute rendu les employeurs plus frileux. Et on peut ajouter au tableau le tour de vis sur l’immigration qui a affecté certains secteurs et les licenciements dans la fonction publique.
Un point noir doit être souligné : le chômage de longue durée. Plus d’un quart des chômeurs, soit près de deux millions d’américains, sont sans emploi depuis plus de 6 mois. C’est rare dans l’histoire de l’économie américaine. On a vu ça au moment du COVID-19 ou de la crise financière de 2008, mais sinon il faut remonter aux années 1980. Tout cela confirme que le marché de l’emploi est atone : les États-Unis d’Amérique compte plus de chômeurs que d’offres d’emploi. Des secteurs comme l’industrie, que Donald Trump avait promis de revitaliser, affichent de très mauvais chiffres. Le gouvernement relativise ces résultats très décevants. Le mois dernier, il les a même nié. Trump a viré la patronne du bureau fédéral des statistiques, l’organisme de référence sur le chômage.
Conflit juridico-politique avec la Réserve fédérale
L’inflation, qui reste élevée – près de 3 % – pourrait conduire toutefois un peu de prudence. Mais depuis l’été, les débats se déroulent dans un contexte politique tendu : la Fed est menacée de reprise en main par le pouvoir. Une de ses gouverneurs, Lisa Cook (première femme afro-américaine à siéger au conseil) a été limogée, un licenciement pour le moment suspendu par décision de la Cour Suprême le 1er octobre dernier. Le débat juridique tourne autour de la formulation des textes, qui permettent au président de démettre un gouverneur, s’il y a « un motif ». Sans en préciser la nature. Donald Trump en fait une interprétation large : il estime pouvoir disposer de leur sort « à [s]a discrétion », s’il juge qu’ils se sont mal comportés. Lorsqu’il a nommé juste avant la baisse des taux de mi-septembre son principal conseiller économique, Stephen Miran, à un poste vacant, ce dernier n’a pas démissionné de son poste à la Maison Blanche mais s’est simplement mis en retrait : une première dans l’histoire.
Les proches de Donald Trump, surtout ceux qui espère intégrer le conseil de la Réserve fédérale, et le président lui-même s’en prennent régulièrement au patron de la fed, Jerome Powell, qu’il surnomme « trop tard » pour sa tendance à temporiser. La Maison Blanche essaie également de lui imputer la responsabilité du dérapage des luxueux travaux de rénovation des bâtiments de la Fed. Face aux attaques de M. Trump, M. Powell a trouvé une parade efficace : il ne dit rien, ou pas grand-chose.
« M. Paradoxe » conviendrait mieux : « Jay » Powell est un avocat qui occupe un poste d’économiste. C’est un homme discret qui incarne l’une des fonctions les plus exposées au monde. C’est un républicain aux idées modérées, autant dire une espèce en voie de disparition. Il a été nommé à la tête de la Fed par un président républicain (Donald Trump), puis confirmé pour un second mandat par un démocrate (Joe Biden). a grandi dans une petite banlieue fortunée du Maryland, à quelques pas de Washington, où il réside toujours. Lycée de Jésuites, études de sciences politiques à Princeton puis de droit à Georgetown, il est le premier président de la Fed sans formation économique depuis l’éphémère George Miller, à la fin des années 1970. Après des passages dans l’administration Bush Sr, il mène une carrière d’avocat d’affaires à succès, à New York, ce qui fait de lui le président de la Fed le plus riche depuis les années 1940. C’est aussi un fan inconditionnel des Grateful Dead, groupe rock US iconique de la fin des années 1960.
L’homme, nommé en 2018 pour son côté consensuel, se révèle, en cette fin de mandat, farouche défenseur de l’indépendance de la Fed, quitte à s’aliéner le président des États-Unis. Depuis son retour au pouvoir, Trump se heurte au rempart Powell, qu’il a même envisagé d’évincer avant la fin de son mandat, en mai 2026. Fidèle à son habitude, M. Powell n’a pas répondu, mais a fait savoir qu’il utiliserait tous les moyens judiciaires à sa portée pour contester pareille décision, quitte à payer de sa poche les frais d’avocat. Mi-juillet, le plongeon de Wall Street à l’hypothèse d’un remplacement du patron de la Fed lui a apporté un soutien de poids. Le locataire de la Maison Blanche a fini par renoncer. Peut-être s’est-il rappelé ce que quelqu’un avait dit de M. Powell lors de la nomination de ce dernier, en 2018 : « Il est fort, il est déterminé, il est intelligent. » La citation est de Trump lui-même.
On sait en tout cas qu’elles ont été les premiers effets de l’assouplissement monétaire : la bourse de New York avait connu mi-septembre une série de hausses. Une politique monétaire accommodante est généralement favorable aux actions, il faut le dire, puisqu’elle permet aux entreprises de se financer à moindre coût. Ce sont toujours les entreprises de la tech qui ont vu leurs actions monter le plus : alphabet, la maison-mère de google a dépassé le seuil symbolique des 3 000 milliards de dollars de capitalisation boursière, derrière NVIDIA, microsoft et apple.
Et maintenant, le shutdown…
En attendant, en l’absence d’accord sur le budget au Sénat, l’administration américaine est bloquée depuis le 1ᵉʳ octobre. Plus de 600 000 employés fédéraux ont été placés au chômage partiel et les agents pourraient se voir privés d’une partie de leur salaire. les effets du blocage de l’administration fédérale des États-Unis commencent à se faire ressentir dans le pays. Alors qu’aucune sortie de crise ne semble se profiler, beaucoup d’Américains s’attendent à voir dans les jours qui viennent l’impact économique direct du blocage politique, dû au désaccord au Sénat entre les républicains et les démocrates sur les questions budgétaires.
Aux États-Unis, les salaires fédéraux sont la plupart du temps versés en deux fois, le 1er et le 15 du mois. Si la première partie a globalement été assurée le 1er octobre, au premier jour du shutdown, de nombreux travailleurs n’ont pas reçu leur chèque mercredi. Dans un pays où l’épargne des ménages est beaucoup plus faible qu’en France, les conséquences risquent de se voir très rapidement. Avec également un effet néfaste sur la consommation. Les militaires, au nombre de 1,3 million, qui font partie des personnels jugés essentiels, sont confrontés à cette situation pour la première fois de l’histoire. En début de semaine, Russell Vought, directeur du bureau du budget à la Maison blanche, avait déjà provoqué un vent de panique parmi les agents fédéraux. Son bureau a émis une note qui mentionne la possibilité de ne pas régler les salaires à l’issue du shutdown.
Les impacts sur le secteur privé sont pour le moment moindres, mais ils vont s’intensifier. De nombreuses entreprises sont dépendantes des contrats fédéraux et ont reçu l’ordre d’interrompre leurs opérations. D’autres ont besoin d’approbations des autorités administratives pour poursuivre ou lancer des projets et sont obligées de suspendre leurs investissements.
Les principales institutions économiques américaines, dont la Réserve fédérale, sont désormais obligées de naviguer à vue : le bureau des statistiques, touché par le blocage, ne produit plus ses statistiques habituelles. Les chiffres très surveillés du marché de l’emploi, en berne ces derniers mois, n’ont pas été publiés début octobre. L’agence a rappelé des salariés pour produire ceux concernant l’inflation.
Frédéric Faravel
1 à toutes fins utiles, on rappellera que le taux directeur est le taux d’intérêt fixé par une banque centrale pour les prêts qu’elle accorde aux banques.
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