Un bouclier logement mon œil !

 

Un bouclier logement mon œil ! Le poids des dépenses de logement des Français va encore augmenter alors qu’elles représentent près du quart de leurs revenus !! Au point de devenir insupportables pour de nombreux foyers.

Plafonner l’IRL (indice de la hausse des loyers autorisés pour les baux en cours) à 3,5 %, c’est laisser les loyers augmenter plus que les salaires (les négociations de branches ont décidé une hausse moyenne des salaires de 3 % donc inférieure à 3,5, pour le SMIC sans coup de pouce, ce sera 2,8 % en août.)

Donc, en tout état de cause, le pouvoir d’achat va se détériorer.

Augmenter les APL seulement de 3,5 % n’accompagne pas cette hausse, car hélas (et c’est déjà une critique que nous faisons au faible niveau des APL, qui s’est dégradé sous le précédent quinquennat Macron.) les APL Ne comble que très rarement entièrement le niveau des loyers. Aussi, la plupart des plus modestes, qui touche l’APL devra faire face à une hausse de leur loyer !

L’impasse sur la hausse des charges, en particulier de l’énergie qui pèse lourd aussi dans les dépenses logement.

Rien n’est fait pour revaloriser fortement le forfait charge (inclus dans les APL) qu’il faudrait au moins doubler, d’autant que cela fait des années qu’il n’a pas été dévalorisé !

Ce qu’il faut faire :

  • bloquer les loyers,
  • doubler le forfait charge des APL,
  • augmenter fortement les APL pour restaurer au moins le niveau qu’elles auraient sans les ponctions scandaleuses qui les ont fait baisser dans les 5 ans précédents.

Le gel des loyers est supportable si ces pertes de recettes sont intégralement compensées aux HLM d’autant qu’ils subissent de plein fouet la hausse du livret A et les dramatiques prélèvements de l’Etat comme la RLS. Pour le secteur privé (dont il faut savoir que la très large majorité des bailleurs sont multipropriétaires et rarement des propriétaires modestes dont le nombre n’a cessé de baisser ces dernières années), la hausse des loyers dans les années précédentes a été beaucoup plus forte que l’inflation et l’évolution des revenus des Français et ces bailleurs privés peuvent faire désormais un effort. Ceux qui ont acquis des biens l’ont fait à taux fixes et ne verront pas leur charge d’emprunt augmenter (même baisseront en valeur réelle).

Il n’y a pas de corrélation entre la hausse des loyers et les travaux d’économie d’énergie. On l’a vu en dépit des hausses importantes des loyers le privé fait encore peu de travaux d’économie d’énergie. Il faut jouer sur d’autres leviers. C’est un motif bidon avancée la première ministre qui ne veut jamais toucher les plus riches et d’engager une juste redistribution des richesses.

Sortir par le Haut

Après une élection présidentielle frustrante et décevante, les législatives, en dépit de l’arrivée salutaire d’un nombre important d’élus de gauche, précipitent notre pays dans une période confuse et incertaine. 

La composition de la nouvelle Assemblée nationale confirme l’absence d’adhésion majoritaire au projet du président. On ne peut que constater l’avènement d’une “tripartition bloquante”: bloc de gauche, bloc droite/RN et bloc macroniste s’équilibrent et s’entravent mutuellement.

Cette situation témoigne d’abord du rejet des politiques menées depuis de trop nombreuses années au détriment des aspirations populaires. Elle témoigne également de l’essoufflement de la Vème République. Le passage au quinquennat et l’inversion du calendrier électoral étaient censés présidentialiser le régime et faire de l’élection législative une formalité pour le camp du chef de l’État. Le scrutin majoritaire avait vocation à donner de la « stabilité » à la vie politique. Les Français ont choisi de “proportionnaliser” le scrutin et de rééquilibrer les pouvoirs. 

La France est confrontée à une grave crise démocratique

Ainsi, l’abstention s’enkyste dans le pays de façon préoccupante. Plus d’un Français sur deux ne s’est pas déplacé dimanche. Une désertion citoyenne s’installe élection après élection, à laquelle nombre de commentateurs et d’acteurs semblent se résigner. Pourtant, quand la jeunesse et les classes populaires refusent de participer à un scrutin aussi décisif, c’est la vitalité de la nation elle-même qui se trouve gravement menacée. 

Si l’abstention confirme son rang de vainqueur, Emmanuel Macron occupe celui de premier vaincu. Le scrutin de dimanche constitue un désaveu majeur et inédit pour un président fraîchement reconduit. Rattrapé par un dégagisme dont il fut naguère le bénéficiaire, il est le principal artisan de sa défaite.

Réélu par défaut, il s’est empressé d’écœurer ceux qui lui ont permis de battre le Pen. En mettant en exergue une seule mesure programmatique, la retraite à 65 ans, il a conforté son image de dirigeant obtus et injuste. En composant, au terme d’interminables consultations, un gouvernement aussi enthousiasmant qu’un slogan de Giscard, en refusant le débat pendant la campagne législative, en n’affirmant ni cap ni stratégie, il a donné l’impression de se moquer des Français, de leurs inquiétudes et de leurs aspirations. Les électeurs, en le privant de majorité, l’ont puni de cette désinvolture coupable.

Pire encore : celui qui fut présenté comme le « meilleur rempart » contre le Rassemblement National n’aura pas empêché celui-ci de réaliser une progression historique. Même avec la proportionnelle, l’extrême droite n’avait pas envoyé un tel nombre de députés au Palais Bourbon. Le refus du « front républicain », à droite, chez les macronistes, et même parfois à gauche, y aura contribué. Reste que cette dynamique brune vient de loin : faute d’avoir répondu aux angoisses des classes populaires des territoires délaissés par la mondialisation, faute d’avoir su combattre les inégalités territoriales et sociales, les gouvernements successifs ont préparé le terrain à ce succès électoral. Deux fois présente consécutivement au deuxième tour de l’élection présidentielle, disposant d’un groupe pléthorique à l’assemblée nationale, l’extrême droite peut aujourd’hui prétendre au pouvoir.

C’est à la gauche qu’il revient de briser cette ascension. Pour cela, il faudra qu’elle casse elle aussi un « plafond de verre », autant sociologique que politique. Certes, la stratégie unitaire ayant conduit à la formation de la NUPES aura permis à la gauche d’envoyer à l’Assemblée un nombre d’élus important (près de 150) en dépit d’un résultat en voix relativement faible. La France Insoumise est l’incontestable bénéficiaire (elle passe de 17 à près de 80 députés) de la coalition électorale qu’elle a finalement suscitée.

Militants unitaires, nous avons rappelé qu’une dynamique de rassemblement se construit dans le temps, autour d’axes programmatiques longuement débattus, et ne saurait se résumer à un seul accord électoral.

Nous avons également contesté le principe d’un accord général et exclusif : à rebours de la tradition de la gauche, il a abouti à un certain nombre d’erreurs. La diversité du camp progressiste n’a pas été suffisamment prise en compte. Le calcul au trébuchet des rapports de force n’a pas permis le choix optimal des candidats sur le terrain, comme l’ont déploré nombre de responsables locaux.

Mais le problème principal est ailleurs : la carte électorale révèle que, comme lors de l’élection présidentielle, l’audience de la NUPES est géographiquement et sociologiquement circonscrite. Elle triomphe dans les centres métropolitains et les banlieues proches mais décline souvent dans les territoires ruraux, villes moyennes et secteur péri-urbains. De surcroît, la gauche perd du terrain chez les actifs, ouvriers et employés. Cette chute est particulièrement marquée dans les régions qui lui furent longtemps acquises, des anciens bastions ouvriers du Nord et de l’Est aux terres rurales du Sud-Ouest. Et ce au profit du RN qui réalise des « grands chelems » dans certains départements longtemps (voire encore) socialistes.

Le rétrécissement sociologique de l’électorat de gauche est l’un principaux problèmes politiques qui nous est aujourd’hui posé, comme l’avancent à raison des élus comme François Ruffin ou Fabien Roussel et comme nous n’avons cessé de le souligner, ainsi qu’Arnaud Montebourg. Or pour répondre aux intérêts des classes populaires, si hétérogènes soient-elles, il faut que les forces progressistes ne négligent aucune des préoccupations de celles-ci : pouvoir d’achat, délitement des services publics, climat mais aussi insécurité sociale et physique, atteintes répétées à la laïcité, disparition du monde rural.

La gauche n’est pas condamnée à être « le plus gros des tiers ». Elle ne saurait se satisfaire de cette perspective qui ne lui permettra pas de gouverner dans la durée et de transformer durablement la vie de nos concitoyens. L’enjeu est bel est bien de reconstruire une gauche à vocation majoritaire et elle peut atteindre cet objectif si elle se fixe pour objectif d’arracher au RN ou à l’abstention les ouvriers et les employés des zones péri-urbaines et rurales, si elle sait se hausser à la hauteur du projet rassembleur et d’intérêt général que la situation exige (guerre en Europe, crise sanitaire, pouvoir d’achat en baisse drastique, dérèglement climatique, désindustrialisation du pays, perte des repères républicains…). Cela passe par un équilibre subtil entre mesures de justice et réponses d’ordre, entre radicalité et crédibilité. Cela implique de prendre en compte les éléments d’une politique de redressement républicain : retour de l’État dans la vie économique et sociale, augmentation massive des bas salaires et solidarité sociale, égalité et laïcité, démondialisation, promotion inlassable du « made in France », transition écologique et objectif zéro pétrole, égalité territoriale, refondation totale de nos institutions.

Dans ce contexte de crise multiforme, la gauche ne saurait se contenter de porter la colère. Pour ne pas être un facteur anxiogène supplémentaire, elle doit aussi rassurer et proposer, s’engager résolument à retrouver la confiance des couches populaires dans toutes leurs composantes, à s’implanter à nouveau sur l’ensemble du territoire sans en négliger aucun, réussir tout à la fois son élargissement et son unité dans le respect de sa diversité.

Communiqué de presse de la fédération de la gauche républicaine au lendemain du 1er tour des élections législatives

La Fédération de la Gauche républicaine a réussi son implantation sur l’ensemble du territoire, avec près de 4% en moyenne dans les circonscriptions où elle présentait des candidats. Constituée au lendemain de l’élection présidentielle, la Fédération de la Gauche Républicaine s’affirme comme une force qui comptera à l’avenir pour la gauche.

Nous demeurons fortement préoccupés par le haut niveau de l’abstention, témoignant d’une grave crise démocratique, ce qui pose la question de l’indispensable changement de nos institutions.

Le scrutin est marqué par un affaissement de la majorité présidentielle, traduisant la sanction du Président de la République par les Français. Ce dernier ne veut pas admettre les conditions singulières de son élection, largement acquise pour faire barrage à l’extrême-droite. Il faut, à l’issue du second tour, qu’il n’ait pas les mains libres pour mener son projet.

Aucune voix ne doit aller à l’extrême droite. Notre position de principe est de soutenir le candidat de gauche qualifié au second tour. Il reviendra à nos candidats, dans chaque circonscription, de se déterminer conformément à nos valeurs et à nos convictions républicaines.

Ensemble, continuons d’emprunter les chemins de l’espoir !

La gauche c’est une histoire et un héritage sur lesquels nous fondons nos principes, mais c’est surtout un projet d’avenir pour relever les défis de la justice sociale, du changement climatique et de la souveraineté populaire.

Ensemble continuons d’emprunter les chemins de l’espoir : dès le 12 juin, votez et faites voter pour les candidats de la Gauche Républicaine.

Retrouvez les candidats et le programme complet sur www.gaucherepublicaine2022.fr

CELLES ET CEUX QUI TRAVAILLENT DANS NOTRE SYSTÈME DE SOINS NE DOIVENT PLUS ÊTRE BERCÉS DE PROMESSES SANS LENDEMAIN

La Fédération de la Gauche Républicaine (Gauche Républicaine et Socialiste, MRC, Les Radicaux de Gauche, Nouvelle Gauche Socialiste, L’Engagement) apporte son soutien aux soignants de l’hôpital public qui subissent depuis des années des contraintes budgétaires sans considération pour la qualité des soins. Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron n’a pas changé cette orientation malgré les beaux discours post-COVID.

Les mouvements de grève exceptionnels dans ce secteur se multiplient depuis 3 ans en particulier dans les services d’urgence (2019), les infirmières anesthésistes (2021), les sages-femmes … La difficulté pour nos concitoyens à trouver un médecin traitant ou à accéder à certaines spécialités renforce encore le malaise grandissant.

Le gouvernement semble attendre l’effondrement du service public de façon absolument cynique. Il est grand temps de changer de braquet en mettant en priorité la qualité des conditions de travail pour l’ensemble des soignants comme pour le secteur médico-social.

NOUS APPELONS TOUS LES FRANÇAIS À MANIFESTER LEUR SOUTIEN AUX GRÈVES ET MANIFESTATIONS ORGANISÉES LE 7 JUIN ET AU DELÀ.

Les candidates de la Gauche Républicaine remercient les Français de l’étranger

5 ans après le désespérant raz-de-marée macroniste dans les circonscriptions des Français de l’étranger, les candidates et candidats de la Gauche Républicaine se réjouissent de la progression de la gauche chez nos compatriotes établis hors de France.
Le bilan du premier quinquennat d’Emmanuel Macron n’a pas seulement été calamiteux pour les Français d’Outre Mer et de l’hexagone, mais aussi pour tous les Français où qu’ils soient dans le monde.

Nous nous réjouissons d’avoir apporté notre pierre à ce combat et bien que nos résultats soient modestes, ils inscrivent désormais clairement notre présence chez les Français résidant hors de France alors même que nous nous étions constitués très récemment.
Nous remercions chaleureusement les 5037 électrices et électeurs qui ont porté leurs suffrages sur nos dix candidates, ils ont avec nous semé des graines pour l’avenir !

Nous avons bien l’intention de poursuivre notre combat collectif pour défendre auprès de nos compatriotes nos principes de justice sociale et climatique, de souveraineté populaire concrète et d’universalisme républicain, comme nous l’avons fait à la mesure de nos moyens lors de la campagne du premier tour des élections législatives.

Les usagers des transiliens doivent être traités avec dignité !

Samedi soir, des usagers des transports en commun de la gare de l’Est se sont retrouvés sans train suite à de fortes intempéries.
La mise en place de bus de substitution s’est faite très lentement et a généré une exaspération bien compréhensible. Or quand il ne s’agit pas d’orages violents, il s’agit de vol de câbles, de personnes sur les voies, d’incidents techniques ou de travaux qui s’éternisent depuis des années. Les conditions de transport dans les transiliens, particulièrement sur les lignes K, P et RER B – en raison des travaux pour le CDG express – se détériorent et deviennent très pénibles à vivre.
Au lieu de rassurer, d’orienter et de conseiller, les forces de l’ordre sont intervenues pour gazer les usagers trop pressés d’entrer dans l’un des quelques bus mis en place. Il n’est pas acceptable de gazer à tout va des citoyens – quand bien même ceux-ci exprimeraient une colère trop forte au goût des forces de l’ordre – et cela sans avoir à rendre compte. Les forces de l’ordre ne doivent pas user de leur force systématiquement ! En agissant de la sorte, elles se décrédibilisent vis-à-vis des citoyens, traités systématiquement comme des voyous : on ne maintient pas l’ordre dans cette situation et de cette façon !
Nous sommes solidaires des usagers des Transiliens qui subissent de plus en plus les désagréments des trains supprimés et en retard, en plus de conditions de transports déjà dégradées dans des wagons surchargés.
Le transport du quotidien doit redevenir une priorité collective ; il n’est pas acceptable que les Franciliens continuent d’être traités comme du bétail : c’est une exigence humaine, écologique et sociale.

Campagne audiovisuelle pour les élections législatives

📺Découvrez en avant première notre clip de la campagne officielle pour les élections législatives.🗳

Les dimanches 12 et 19 juin 2022, vous pouvez dire non à Macron en votant pour une gauche qui sait où elle va et pour qui elle se bat, une gauche qui n’a pas oublié la nécessité de notre souveraineté industrielle, d’une révolution écologique pour une France débarrassée du pétrole qui ne pénalise pas les plus modestes, et qui ne renie pas le message universaliste et laïque de la République française. Votez pour les candidates et les candidats de la gauche républicaine.

La Fédération de la Gauche Républicaine présente 100 candidats aux élections législatives

Au second tour de l’élection présidentielle, nous avons écarté le danger Le Pen. Aux élections législatives, nous pouvons faire échec à Emmanuel Macron.

Convaincus de l’inanité de la thèse des « gauches irréconciliables », nous avions plaidé (en vain) pour un programme élaboré en commun avant la présidentielle. Et cela à rebours des protagonistes actuels, qui jugeaient l’union impossible voire détestable. Le rassemblement amorcé par la gauche française va donc dans le bon sens.

Mais la gauche unie, ce n’est pas la gauche unique. Le choix d’imposer un seul candidat dans toutes les circonscriptions dès le 1er tour n’est pas forcément pertinent ou efficace.

Ces pratiques ne se justifient en réalité que dans les circonscriptions où l’extrême-droite risque de l’emporter ; et dans celles où la gauche risque d’être absente du 2nd tour.

Mais pour gagner face au programme de régression sociale du Président de la République, la gauche doit pouvoir s’exprimer dans toute sa diversité !

Cette diversité est d’autant plus nécessaire qu’une grande partie de nos concitoyens se sont détournés du vote de gauche, particulièrement les travailleurs des classes populaires éloignés des métropoles. La gauche ne doit délaisser personne ! Elle a vocation à reconquérir les cœurs et les esprits de ces électeurs, sur la base d’orientations claires, crédibles et rassembleuses.

C’est pourquoi nous défendons des thèmes essentiels, mais à ce jour insuffisamment abordés dans le débat public : la priorité absolue à l’éducation nationale, la défense exigeante de la laïcité, l’accès pour tous aux services publics, l’égalité territoriale, la réindustrialisation et la promotion du « Made in France », la sortie du pétrole avant 2040 et l’indépendance énergétique et alimentaire du pays.

Pour toutes ces raisons, nous présentons des candidats dans plus de 100 circonscriptions, afin d’exprimer cette singularité idéologique et politique. Ainsi, la Fédération de la Gauche Républicaine sera présente dans la moitié des départements.

Notre message aux électeurs est clair : nous voulons renforcer le camp républicain, laïque, attaché aux services publics et à l’État, au réformisme de transformation sociale. Pas plus qu’il n’existe de mandat impératif pour les élus, il ne saurait y avoir de vote impératif pour les électeurs.

Élections en Australie : victoire du Left Labour

Les élections générales australiennes de 2022 ont eu lieu le 21 mai, et ont ramené les travaillistes au pouvoir après presque une décennie de domination libérale.

Le système électoral australien repose sur le vote préférentiel. Dans chacune des 151 circonscriptions, les électeurs classent les candidats. Au moment du dépouillement, un candidat reçoit les voix de tous les bulletins qui l’ont classé en premier. Si aucun candidat n’atteint 50% des voix, celui arrivé en dernier est éliminé, et ses voix sont réallouées aux candidats en fonction des seconds choix de ses électeurs. Les candidats sont éliminés un à un jusqu’à ce que l’un d’eux dépasse la majorité absolue.

Si ce système semble à première vue favoriser les candidats modérés, le système politique australien ne dispose pas de parti centriste puissant, et la plupart des sièges sont remportés par l’un ou l’autre des deux grands partis qui structurent la vie politique australienne.

Un paysage politique spécifique

Il y a d’abord, à droite, une alliance de quatre partis, la Coalition, dont les différences sont plus géographiques qu’idéologiques. Le Parti Libéral National ne se présente qu’au Queensland (nord-est), le Country Liberal Party que dans le bastion travailliste des Territoires du Nord, le Parti National est puissant dans les zones rurales du sud-est. Dans le reste du pays, c’est le Parti Libéral qui représente la droite. Les cas de concurrence entre partis de la coalition sont rares, même si le système de vote préférentiel permettrait la division sans accroître les risques de défaite.

À gauche, le Parti Travailliste est en apparence plus uni, mais il est scindé en interne entre deux factions qui agissent de manière presque autonome. Left Labour et Right Labour se livrent périodiquement des guerres fratricides, afin d’obtenir les investitures dans les sièges-clefs et la direction du parti. Les syndicats australiens sont proches de l’un ou de l’autre, et l’adhésion à une faction repose sur des cotisations distinctes de celles d’adhésion au Parti Travailliste. Cependant, cet attelage tient la route malgré tout, et une fois les primaires internes achevées, les dissidences de la faction perdante sont rares. Le Left Labour dispose généralement de la majorité des militants, tandis qu’une majorité des parlementaires provient plutôt du Right Labour. Géographiquement, l’aile droite domine le sud-est, plus peuplé, tandis que l’aile gauche domine très largement le reste du pays.
Au-delà de ces deux grands partis et de leurs divisions respectives, les verts se sont imposés depuis plusieurs années comme la troisième force politique. L’extrême-droite est divisée entre le parti One Nation, dont le discours se concentre sur le rejet de l’immigration, et United Australia Party, libertarien et opposé aux mesures sanitaires de confinement.

Enfin, la Coalition a connu le départ de cadres féminines du parti, le jugeant trop peu actif sur les questions environnementales et féministes, qui ont décidé de se présenter sous un label commun appelé Teal Independants, « Indépendantes bleue verte » (littéralement « indépendantes bleues sarcelles ») – donc indépendantes, écologistes mais de droite.

Les jeux de pouvoir du Parlement australien ont de quoi faire pâlir House of Cards et Baron Noir. Le Premier Ministre sortant, Scott Morrison, avait renversé son prédécesseur Malcolm Turnbull dans un vote interne des parlementaires de la Coalition alors que celui-ci était Premier Ministre. Turnbull ayant lui-même renversé de manière similaire son prédécesseur Tony Abbott, lequel avait battu aux élections de 2013 le sortant travailliste Kevin Rudd, figure de l’aile droite du parti qui avait renversé à 4 mois des élections la Première Ministre Julia Gillard, plutôt issue de l’aile gauche du parti, aussi dans un vote interne des parlementaires.

Le retour de l’aile gauche travailliste aux manettes

C’est là le danger pour la frange gauche du parti travailliste. Les parlementaires ont le pouvoir de renverser un premier ministre issu de leur propre camp et usent abondamment de cette méthode. Le leader de l’opposition peut aussi se faire censurer par son groupe parlementaire, et la frange droite étant majoritaire, se hisser et se maintenir au pouvoir relève d’un jeu d’équilibriste compliqué pour Left Labour. Pourtant, c’est bel et bien dirigeant historique du Left Labour qui a conduit le Parti Travailliste lors des élections de samedi dernier.

L’accession à la tête du parti d’Anthony Albanese ne fut pas aisée. En 2013, le Right Labour avait renversé Mme Gillard à quatre mois des élections, lesquelles avaient été finalement perdues. Décrédibilisée auprès des militants, son leader M. Rudd ayant démissionné, l’aile droite avait pourtant réussi à conserver la direction du parti. La primaire opposait M. Albanese, pour le Left Labour, et M. Shorten, pour le Right Labour. Albanese gagna le vote des militants par 60% des voix, Shorten celui des parlementaires par 68% des députés, ce qui fut suffisant pour renverser le vote des militants. À la tête du Parti travailliste, M. Shorten connut deux défaites consécutives en 2016 et 2019, alors que les sondages donnaient les travaillistes gagnants. Ayant perdu toute crédibilité auprès des militants, Shorten dut démissionner, et M. Albanese fit un grand retour, et fut élu sans opposition à la tête du Parti Travailliste.

Pendant trois ans, il s’est attelé à construire les conditions d’accession au pouvoir par la gauche. Alors que la crise climatique se fait durement ressentir en Australie, M. Albanese a musclé le programme environnementaliste du parti, prenant le contre-pied d’une Coalition volontiers climato-sceptique. Avec un programme nettement plus interventionniste que celui de Shorten, M. Albanese a réussi, comme Jeremy Corbyn l’avait fait en Grande-Bretagne, à revigorer l’attrait du Parti Travailliste dans le corps central de la société australienne, les ouvriers, les employés, les travailleurs précaires. Les adhésions ont afflué, ils n’avaient pas eu autant de militants, 60 000, depuis 1954. Enfin, prenant à bras le corps la question des inégalités persistantes frappant les populations indigènes, Albanese a promis d’inscrire dans la constitution australienne la création d’une commission permanente portant la voix des Peuples Premiers et de faire la lumière sur les exactions de la période coloniale, promesse réitérée lors de son discours de victoire.

Ainsi furent réunies les conditions d’accession au pouvoir du l’aile gauche du Parti Travailliste australien. Avec 33% des voix préférentielles, contre 36% pour la Coalition, les travaillistes accèdent au pouvoir grâce aux bons reports des voix préférentielles des verts, qui culminent à plus de 11,5% des suffrages et obtiennent 3 députés, deux de plus qu’auparavant. Une fois les reports de voix intégrés, les travaillistes obtiennent 52% des suffrages et 75 sièges sur 151, contre 48% des voix et 58 sièges pour la Coalition. Entre 4 et 5% des voix chacun, les deux partis d’extrême-droite échouent à rentrer au Parlement, aucun de leurs candidats ne parvenant à remporter le scrutin préférentiel. En revanche, avec 5,5% des suffrages mais avec des voix très concentrées dans les banlieues chiques, les centristes libéralo-écolo-féministes Teal Independants parviennent à gagner 10 circonscriptions. Enfin, deux figures locales, l’une de la droite populiste, l’autre centriste, parviennent à se faire élire en tant qu’indépendants.

Trois sièges sont encore indéterminés, avec des résultats serrés entre travaillistes et libéraux. La victoire dans un seul d’entre eux suffirait pour garantir à M. Albanese, qui est déjà entré en fonction, la majorité absolue. Dans le cas contraire, les verts ont déjà indiqué vouloir travailler avec les travaillistes.

Dans tous les cas, la victoire du Left Labour, sur une plateforme ancrée à gauche, est incontestable. L’adage « les élections se gagnent au centre » se vérifie, non pas parce que M. Albanese a concouru sur une ligne centriste politiquement, mais parce qu’il s’est adressé au centre de la société, les classes populaires, celles qui sont le plus touchées par les crises, sanitaires, économiques, environnementales. La relative radicalité de son programme, avec des promesses de lutte anti-corruption, de réconciliation nationale avec les peuples aborigènes, d’extension de la sécurité sociale à la garde d’enfants, d’électrification du parc automobile australien, de dépenses publiques dans les infrastructures et de lutte résolue contre le réchauffement climatique, associée au respect des règles institutionnelles et à un discours posé et sans excès, ont garanti une majorité électorale inédite pour les travaillistes. Tout reste à faire, mais cela augure de beaux jours. Sur une ligne similaire, les travaillistes néo-zélandais se maintiennent durablement au pouvoir avec Jacinda Ardern depuis 2017. Un revirement à gauche océanien qu’il faut saluer.

Le Left Labour, historiquement, est bien moins atlantiste, « pacifiquiste » devrions-nous dire, que la Coalition ou le Right Labour. Espérons enfin que cela permettra à M. Albanese de rebâtir la confiance entre France et Australie, que l’annulation unilatérale des contrats d’armement par M. Morrison au profit des États-Unis avait anéantie.

La Gauche Républicaine et Socialiste salue la victoire de M. Albanese, et lui souhaite de réussir à mener sont programme de transformation sociale, économique et environnementale et de réconciliation nationale, et nous espérons qu’il restaurera l’amitié entre nos deux pays.

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