POUR LA GAUCHE RÉPUBLICAINE, LA QUESTION DU TRAVAIL DOIT ÊTRE AU CŒUR DU PROJET DE LA GAUCHE

communiqué de presse de la Gauche Républicaine et Socialiste – mardi 13 septembre 2022

Les débats de ces derniers jours autour de la place du « travail » dans notre société et dans nos propositions ne devraient pas tourner à la polémique.
Nous avons besoin de travail, parce que nous sommes pour le progrès social, et parce que nous pensons que chacun a la capacité de contribuer à sa mesure au bien commun. Nous portons depuis toujours le combat pour l’émancipation des travailleurs c’est à dire de tous ceux et toutes celles qui travaillent ou ont travaillé (retraités, personnes en formation ou privés temporairement d’emploi). Nous ne devons pas nous laisser abuser par les discours de la Droite et du gouvernement sur l’importance de la valeur travail alors même qu’ils œuvrent inlassablement pour anéantir la valeur DU travail. Nous ne devons pas non plus nous laisser séduire par les théories sur la « fin du travail » alors même que tant de nos concitoyens aspirent à un emploi correctement rémunéré, respectant le droit du travail et assurant une amélioration des conditions de travail.

OUI, LA QUESTION DU TRAVAIL DOIT ÊTRE AU CŒUR DU PROJET DE LA GAUCHE, C’EST CE QU’ATTEND UNE MAJORITÉ DE FRANÇAISES ET DE FRANÇAIS ET C’EST LA CONDITION D’UN RASSEMBLEMENT MAJORITAIRE.

La Gauche Républicaine portera ce message dans son université de rentrée les 23-24-25 septembre à Rochefort. Elle le portera également en s’associant à la mobilisation sociale annoncée par les syndicats de salariés le 29 septembre prochain.

Nous condamnons la nouvelle agression militaire de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie

L’Azerbaïdjan vient de relancer les opérations militaires illégalement contre l’Arménie voisine avec pour objectif d’assurer une continuité territoriale avec la région autonome azérie du Nakitchevan. L’Azerbaïdjan a jugé le moment venu pour engager une guerre de conquête dans le sud-est de l’Arménie, la situation internationale actuelle lui assurant une forme d’impunité inacceptable : revers importants de la Russie en Ukraine, montée en puissance de la Turquie qui lui sert de parrain géopolitique, indifférence intéressée des Européens qui lui achètent son gaz en remplacement de celui provenant de Russie.

Voici près de deux ans déjà, l’Arménie avait subi une agression militaire délibérée et s’était effondrée face à l’offensive azerbaïdjanaise soutenue directement par la Turquie, sans secours aucun de ses voisins et de la communauté internationale. La République arménienne d’Artsakh, reconnue par de nombreux parlements européens, avait été rayée de la carte.

Aujourd’hui, cette offensive s’inscrit dans la dérive ultra-nationaliste du régime d’Erdogan qui – par vassaux interposés – vise à assurer une continuité territoriale panturque depuis la Thrace jusqu’au Turkestan. C’est le même projet géopolitique délirant qui avait animé Enver Pacha qui, après avoir été un des instigateurs du génocide arménien, rêvait de voir renaître sous une autre forme l’empire ottoman qui venait de s’effondrer.

L’existence même de l’Arménie est en jeu… Comme l’Ukraine avant elle, elle réclame des armes pour se défendre. Le moins que la communauté internationale puisse faire, le moins qu’elle est dans l’obligation de faire, est d’ordonner à l’armée azerbaïdjanaise de rentrer immédiatement dans ses casernes, d’exercer les pressions nécessaires pour y arriver, d’apporter son aide humanitaire à la population arménienne, et d’apporter des garanties à l’intégrité territoriale de la République d’Arménie.

La GRS à la Fête de l’Huma

La Gauche Républicaine et Socialiste retrouve le chemin de la Fête de l’Humanité où elle tiendra comme en septembre 2019 un stand, en plus grand et avec beaucoup de débats. Retrouvez nous du vendredi 9 au dimanche 11 septembre Rue du Colonel-Fabien à deux pas du stand du conseil national du PCF. Voici le programme !

Vendredi 9 septembre 2022

15h00 Ouverture du stand

Après-midi militante

Rencontre avec les référents départementaux / régionaux /nationaux des différents partis composant la FGR… Café débat / formation…

17h00 Atelier débat La laïcité au quotidien

Intervenant : Charles Arambourou,
Magistrat financier honoraire, administrateur national de l’Union des Familles Laïques
Animatrice : Maryvonne Rocheteau, adjointe au Maire d’Arcueil (Val-de-Marne)

18h30 – Atelier débat Média et bataille culturelle

Intervenant : Gérard Streiff, Journaliste, essayiste et romancier, membre de la Revue Cause Commune
Intervenante : Laëtitia Riss, rédactrice en chef du média en ligne Le Vent Se Lève
Intervenant : Hugo Guiraud, rédacteur en chef du média Le Temps des Ruptures, revue du pôle jeunesse de la Gauche Républicaine et Socialiste

19h45 – Atelier festif Karaoké chants révolutionnaires

Redécouverte collective des Chants révolutionnaires… atelier animé par Augustin Belloc

21h00 Concert devant le stand de la GRS

Venez écouter et danser au son de la fanfare Open brass band

Samedi 10 septembre 2022

10h00 – Café débat militant

Temps d’échange politique entre militants autour du café et du petit-déjeuner. Atelier d’éduc pop / Fresque politique / Boîte à idées des militants…

11h00 – Table ronde Le travail à l’heure de l’ubérisation

Intervenants :
Christophe Ramaux, économiste et essayiste, Maître de conférences à la Sorbonne, membre des “économistes atterrés”, auteur de plusieurs ouvrages dont le récent Pour une économie républicaine
Barbara Gomes, docteure en droit du travail, spécialiste de l’ubérisation, conseillère PCF de Paris
Leïla Chaïbi, députée européenne de La France Insoumise
Anthony Gratacos, secrétaire général de la GRS, conseiller départemental de Seine-et-Marne, chef d’entreprise

12h30 – Apéritif militant et concert de la fanfare Open brass band devant le stand

14h00 – Table ronde Quel avenir pour la Gauche républicaine ?

Intervenants :
Emmanuel Maurel, député européen, animateur national de la GRS
Isabelle Amaglio-Térisse, conseillère municipale et communautaire de Sartrouville (78), co-présidente des Radicaux de Gauche – LRDG
Liem Hoang Ngoc, économiste et essayiste, ancien député européen, président de la Nouvelle Gauche Socialiste
Jean-Luc Laurent, maire du Kremlin-Bicêtre, président du Mouvement Républicain & Citoyen
Animatrice :
Catherine Coutard, médecin urgentiste, vice-présidente du MRC, membre du Collectif d’Animation National de la GRS

16h00 – Table ronde Fiction & politique


18h30 – concert de la fanfare Open brass band

20h30 – Atelier Karaoke et chants révolutionnaires

Dimanche 11 septembre 2022

10h 00 – Café débat

Temps d’échange politique entre militants autour du café et du petit-déjeuner. Atelier d’éduc pop / Fresque politique / Boîte à idées des militants…

11h00 – Table ronde Construire l’écologie populaire

14h00 – Table ronde La Gauche heureuse

Le Chili sera-t-il l’avant garde d’un nouveau monde ?

Le 4 septembre 1970, Salvador Allende devenait le premier Président socialiste élu démocratiquement en Amérique latine, soulevant alors d’importants espoirs en termes de lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales. Aujourd’hui, 52 ans jour pour jour après cette élection historique, le peuple chilien tient entre ses mains l’opportunité de redonner vie à ces espoirs bafoués par le coup d’État militaire perpétré par Augusto Pinochet à l’encontre d’Allende en 1973.

En effet, pour la première fois depuis la chute de Pinochet en 1990, la population chilienne est invitée à se prononcer sur l’adoption d’un nouveau texte constitutionnel qui viendrait se substituer à la Constitution adoptée sous le régime de Pinochet, toujours en vigueur à l’heure actuelle. Ce référendum représente ainsi l’apogée d’un processus de changement institutionnel entamé par les mobilisations massives qui se sont tenues à partir du mois d’octobre 2019 en vue de dénoncer les importantes inégalités économiques et fractures sociales générées par la perpétuation des logiques économiques néolibérales qui se trouvent au cœur de cette Constitution adoptée en 1980 avec l’appui des Chicago Boys. Ce groupe d’économistes chiliens formés au sein de l’Université de Chicago, qui constitue alors le laboratoire de la pensée néolibérale, est porteur de l’idée selon laquelle l’État doit se désengager au maximum du marché́ économique, afin de laisser libre cours à l’initiative individuelle, perçue comme la condition d’une gestion adéquate d’un secteur économique dans la mesure où chaque individu agit de manière rationnelle puisqu’il poursuit son intérêt propre. Ce postulat idéologique se transforme alors en principe constitutionnel au Chili, dans la mesure où la Constitution de 1980 contient un ensemble de clauses visant à protéger l’investissement privé face à l’intervention de l’État, à l’image de l’interdiction des nationalisations économiques.

Or, il se trouve que cette clause entre notamment en contradiction avec la volonté affichée par Gabriel Boric, suite à son élection à la présidence du Chili au mois de mars 2022, d’impulser une étatisation significative des activités minières, qui représentent l’un des secteurs économiques les plus stratégiques au sein de l’économie chilienne, en vue de réinvestir les revenus issus de l’exploitation de ces ressources vers des programmes de redistribution sociale.

C’est là l’enjeu majeur de ce référendum constitutionnel : sortir d’un modèle de société dans lequel le pouvoir du marché prévaut sur l’État qui se contente alors d’organiser son propre retrait du marché économique, tout en palliant à la marge les excès du marché, en vue de construire un État soucieux de garantir l’égalité sociale en favorisant l’accès de l’ensemble de la population aux biens et services de première nécessité. Dans cette perspective, nous pouvons constater que ce nouveau texte constitutionnel consacre notamment l’accès gratuit à l’éducation, ainsi que le droit universel à la santé, qui vient ainsi consolider la volonté affichée par le gouvernement Boric de garantir la gratuité de l’ensemble des soins délivrés dans le cadre du Fonds national de santé (Fonasa) tout en augmentant les moyens budgétaires octroyés à ce système de santé public, qui était jusqu’alors délaissé au profit des Instituts de santé prévisionnels (Isapre), auxquels seuls 18% des chiliens ont accès. L’un des principaux objectifs de cette Constitution est ainsi de réaffirmer la primauté de l’État sur le marché en vue de réduire les inégalités économiques et sociales, mais également les conséquences environnementales significatives générées par la dynamique de privatisation des principales activités économiques du pays depuis les années 1980.

En effet, ce texte constitutionnel stipule que la « relation indissoluble avec la nature » fait partie des valeurs inaliénables de la République chilienne. C’est ainsi qu’aux droits sociaux reconnus à l’ensemble de la population, s’ajoutent également des droits reconnus à la nature. Cette Constitution est ainsi particulièrement novatrice d’un point de vue environnemental dans la mesure où elle ne se contente pas de dénoncer les conséquences environnementales des activités extractives prépondérantes au Chili, mais rompt également ouvertement avec la logique même du capitalisme vert, qui repose sur l’idée que tous les espaces possibles, y compris les ressources naturelles, doivent entrer dans la logique du marché et être avant tout appréhendées du point de vue de leur utilité, ainsi que de leur rentabilité.

Si cette Constitution comporte ainsi un ensemble de revendications qui se trouvent au cœur des mobilisations sociales qui se tiennent depuis 2019 et qui ont été plébiscités par une majorité des chiliens à l’occasion de l’élection de Boric à la présidence de la République, ce texte constitutionnel pourrait paradoxalement être rejeté selon les derniers sondages. En effet, d’après les derniers sondages, le camp du « Rechazo » (le rejet), opposé à cette Constitution, obtiendrait entre 45% et 58% des suffrages, tandis que les partisans de l’ « Apruebo » (l’approbation) ne représenteraient que 32% à 42% des votants. Si rien n’est encore joué, comment expliquer ce possible résultat qui irait à l’encontre de la dynamique de transformation sociale engagée depuis 3 ans ?

D’une part, ce résultat pourrait s’expliquer par la crispation des élites économiques, ainsi que des partis de droite traditionnels vis-à-vis de la vague de contestation du néolibéralisme qui a déferlé dans la plupart des États latino-américains ces derniers mois, jusqu’à atteindre la Colombie, bastion du néolibéralisme qui représentait jusqu’alors le principal point d’appui des États-Unis dans la région. Dans la mesure où, suite à la défaite de José Antonio Kast lors du dernier scrutin présidentiel, la droite – déjà minoritaire au sein de l’Assemblée Constituante, où la coalition Chile Vamos ne dispose que de 37 représentants, soit moins du 1/3 des 155 élus chargés de rédiger ce nouveau texte constitutionnel -, ne dispose d’aucun levier institutionnel suffisant en vue de mettre un terme à cette dynamique, celle-ci décide alors de concentrer ses attaques sur la nouvelle Constitution, la présentant, à coups de Fake news et campagnes médiatiques, comme un texte susceptible de déstabiliser la société chilienne.

Cependant, il est également intéressant de constater que le camp du « Rechazo » ne se limite pas seulement aux milieux de droite traditionnels, mais s’étend également à une part de la population qui avait pourtant appuyé ce changement constitutionnel au départ mais qui estime désormais que les clauses contenues dans cette Constitution sont insuffisantes en vue de transformer en profondeur l’organisation de la société chilienne. De ce point de vue, des tensions sont récemment apparues entre la population Mapuche, première population indigène du Chili avec 1,7 millions de personnes qui s’opposent depuis plusieurs années à l’installation d’entreprises forestières privées sur plusieurs de leurs terres ancestrales, et le gouvernement, après que celui-ci ait décidé de remilitariser les espaces en proie à ces tensions (après avoir dans un premier temps décrété le retrait de l’armée de ces espaces suite à son élection) à la suite de l’attaque d’un camion de travailleurs forestiers survenue le 24 mai. Dans ce contexte caractérisé par une perte de popularité du président chilien, il n’est pas impossible que le référendum constitutionnel cristallise les différentes formes de rejet de son action, ce qui pourrait expliquer que le « Rechazo » bénéficie d’un score élevé dans un pays pourtant majoritairement favorable à l’adoption d’une nouvelle Constitution.

Tous ces éléments laissent craindre un net coup d’arrêt au processus de rupture avec l’héritage de Pinochet, auquel cas le gouvernement de Gabriel Boric serait contraint de rechercher de nouvelles modalités de réforme constitutionnelle susceptibles de susciter une adhésion plus importante, au risque de dé radicaliser le processus de transformation sociale en cours. Toujours est-il qu’en attendant les résultats définitifs, nous ne pouvons que souhaiter que, dans quelques heures, le peuple chilien aura définitivement enterré Pinochet et que, pour paraphraser Gabriel Boric, le Chili deviendra le tombeau du néolibéralisme, après en avoir été un des berceaux.

Faudra-t-il être riche à l’avenir pour se faire soigner, éduquer ses enfants, affronter le réchauffement climatique ?

Avec 90 autres organisations, la Gauche Républicaine et Socialiste s’engage dans l’appel et la campagne « UN NOUVEL ÉLAN POUR NOS SERVICES PUBLICS »

liste des organisations signataires en bas de l’article

À la campagne et à la ville, en métropole et en Outre-Mer, la pandémie a démontré, comme à chaque crise, l’absolue nécessité de disposer de services publics correctement dotés sur l’ensemble de notre territoire, d’une sécurité sociale solide, et d’agents publics qui ont les moyens de réaliser leurs missions au service de l’ensemble de la société.

La baisse des impôts et la diminution du déficit et de la dette publique qui constituent le cœur du discours et de la politique portés par l’exécutif, relèvent d’un choix économique et politique qui est une grave faute historique.

Ce mauvais choix historique et politique se manifeste dans un programme qui pousse sans cesse au démantèlement des services publics, alors que ces derniers sont un élément important de réduction des inégalités, d’inclusion sociale. Ils permettent d’agir sur le long terme pour l’intérêt général. Au moment où ils sont plus que jamais nécessaires pour répondre aux besoins de la population et assurer une nécessaire et juste transition écologique, cette volonté d’affaiblir les services publics revient à augmenter ces inégalités. Ainsi, partout où les services publics reculent, partout où les populations ont le sentiment que la puissance publique les abandonne, on constate la progression de l’extrême-droite.
Économiquement, ce ne sont pas les mesures ponctuelles pour le pouvoir d’achat annoncées qui permettront de compenser l’inflation de cette année et de répondre aux besoins de la population. Face aux nuages qui s’amoncèlent, proposer des chèques cadeaux au lieu de développer les services publics, c’est choisir d’accepter que le salaire ne suffise plus pour vivre. Ce n’est pas non plus ainsi qu’on luttera contre le risque de récession économique lié à une baisse de pouvoir d’achat de l’immense majorité de la population.

Le gouvernement choisit la charité pour continuer à justifier les cadeaux aux plus riches : aucune des mesures annoncées ne conduit réellement à soutenir le service public et à amplifier les solidarités nationales et locales. Pire, leur déstructuration et la diminution des moyens humains et matériels va continuer, dans tous les secteurs : santé, transports, audiovisuel, poste, énergie, éducation, culture, … Et en même temps se poursuit la casse de la Sécurité Sociale et son endettement forcé.

Il est nécessaire et urgent que le débat public porte sur les moyens et les objectifs des politiques publiques et de leur maîtrise, l’aménagement du territoire, l’augmentation générale des rémunérations, des salaires, des retraites et des pensions, l’amélioration des conditions de travail et de vie, la réorientation de la numérisation des services publics. Et ce afin de remplacer la recherche effrénée du moindre coût et du profit par un objectif central : la couverture des besoins de l’ensemble de la population au nom de l’intérêt général.

Il est urgent de faire des services publics et de la fonction publique des outils au service de la mise en œuvre d’une autre logique de développement, de l’égalité, du plein emploi, articulant la reconquête et la transformation de l’appareil productif et une juste transition écologique.

C’est une exigence qui doit s’exprimer le plus largement possible :

C’est pourquoi 90 organisations syndicales, associatives et politiques convergent pour appeler les usagers, les personnels, les élus et leurs organisations à se mobiliser pour DONNER UN NOUVEL ÉLAN POUR NOS SERVICES PUBLICS.

Usagers, citoyens, salariés, personnels et élus, nous devons nous mobiliser pour la défense, le développement et la démocratisation de nos services publics et de notre sécurité sociale. Nous lançons donc ce jour une campagne pérenne avec d’ores et déjà une date de mobilisation à dimension nationale programmée les 12, 13 ET 14 MAI 2023 à LURE (HAUTE-SAÔNE).

*Liste en date au 18 juillet 2022 des 90 organisations parties prenantes de l’appel et de la campagne « Un Nouvel Élan pour nos Services Publics », d’autres sont en attente :

Organisations syndicales nationales :

AMUF, CGT-FNME, CGT SNACCRF & SCL, CGT-Fonction Publique, FSU, Mouvement National Lycéen-MNL, Solidaires, Solidaires Fonction Publique, SUD PTT, SUD Santé Sociaux, Syndicat de la Magistrature, Union Syndicale de la Psychiatrie-USP, Union Syndicale des Médecins des Centres de Santé.

Organisations associatives nationales :

Alternative et Autogestion, Alternative mutualiste, Association Autogestion, ATTAC, Changer de Cap, Confédération Nationale du Logement-CNL, Conseil National des Associations Familiales Laïques-CNAFAL, Convergence Nationale des Collectifs de défense et de développement des services publics, Convergence Nationale Rail, Coordination nationale des collectifs de défense des hôpitaux et maternité de proximité, Droit à l’énergie-Sos Futur, Eau-Bien Commun, Fédération Générale des Retraités de la Fonction Publique-FGRFP, Fondation COPERNIC, Indecosa-CGT, Ligue des Droits de l’Homme, Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples, Mouvement National de Lutte pour l’Environnement, Nos Services publics, Notre Santé en Danger, Rassemblement du Peuple souverain pour une France Indépendante et une République sociale, Réseau d’Éducation Populaire, Résistance sociale, STOP Précarité, Union des Familles Laïques, Union Nationale des Retraités et Personnes Âgées -Ensemble & Solidaires -UNRPA).

Partis nationaux :

Europe Écologie Les Verts-EELV, Gauche Démocratique et Sociale-GDS, Gauche Républicaine et Socialiste-GRS, Génération.s, Les Radicaux de Gauche-LRDG, Mouvement Républicain et Citoyen-MRC, Nouveau Parti Anticapitaliste-NPA, Parti Communiste Français-PCF, Pour une Écologie Populaire et Sociale-PEPS, République & Socialisme.

Organisations syndicales locales :

CGT Retraités Besançon 25, CGT UD 70, CGT UL Lure 70, FSU 90, Solidaires 25, SNES 25, SUD Éducation FC.

Organisations associatives locales :

Association des Usagers des Transports de l’Aire Urbaine AUTAU 25-90, Association pour la Modernisation de la ligne Paris-Bâle-AMPB, Climat 70, Collectif de Défense de la Santé du Doubs (CODES 25), Collectif de Défense des SP en Sud Lubéron, Comité Corrézien de Défense et de Développement des SP, Comités de Défense des Hôpitaux et Maternité de proximité d’Amilly-Montargis (Notre hôpital, notre santé on y tient), des Ardennes, d’Aubenas, de Bordeaux (La Santé un Droit pour tous), de Châtellerault, d’Ivry (Pour la santé et l’hôpital public), de Remiremont (ADEMAT-H), de Ruffec, de Sarlat, du Sud-Aveyron (Le Manifeste), Comité de défense des SP de la Croix Rousse, Comité de Vigilance pour le maintien des SP de Proximité en Haute Saône-CV70, Comité Pluraliste de Défense et de Promotion Ligne SNCF Béziers-Neussargues- Clermont-Ferrand-Paris, Confédération Nationale du Logement de Besançon, Conseil Départemental des Associations Familiales Laïques -CDAFAL 70, Convergence des SP d’Indre-et-Loire, Convergence des SP du Val-de-Marne, Coordination Eau Île-de-France, Union des Familles Laïques d’Île-de-France, Utopies et Alternatives Aujourd’hui de Franche Comté, Youth for Climate Paris.

Partis locaux :

À Gauche Citoyens ! Besançon-25, Cap à Gauche 19, EELV Vosges Saônoises 70, LFI 70, Nouveau Parti Anticapitaliste-NPA Bourgogne-Franche Comté, PCF Bourgogne-Franche Comté, PCF 70, PS section de Lure 70.

Emmanuel Maurel : “Les Français sont plus républicains que leurs dirigeants”

Propos recueillis par Etienne Campion pour Marianne, publié le 14 juillet 2022 à 18h30

Face au modèle libéral de l’individualisme triomphant, il n’y a pas de projet plus subversif et plus révolutionnaire que l’idéal républicain. C’est la réponse d’Emmanuel Maurel, eurodéputé et cofondateur de la Gauche républicaine et socialiste (GRS), à la question lancée par Marianne : « Au fait, ça veut dire quoi être républicain ? ».

Il faut se méfier des vertus émollientes de l’unanimité. Tout le monde se dit républicain. C’est donc que plus personne ne l’est vraiment. La République est devenue le lieu commun de la vie politique française : moins elle s’incarne, plus on en parle. Moins elle fait battre les cœurs, plus on s’en revendique. Il en est de la République comme des langues mortes. On en exalte les beautés mais on ne les enseigne ni ne les pratique.

De sa conflictualité originelle (elle fut haïe, la Gueuse !), il ne reste pas grand-chose. Zemmour a bien tenté de réactiver l’atavique réticence de l’extrême droite (« et surtout vive la France ! », prononcé à la fin de ses discours après « vive la République ! »), mais cette provocation-ci est tombée à plat. Pourtant, si le cadre est incontesté, le contenu est dévitalisé.

UNE MANIÈRE DE VOIR LE MONDE

Car la République est plus qu’une constitution ou un régime politique : c’est une manière de voir le monde et d’y agir. L’école laïque, la Sécurité sociale, le TGV : l’émancipation par l’instruction, la protection collective des travailleurs, l’aménagement du pays par l’État-stratège. Le modèle républicain se veut une réponse à la passion française pour l’égalité. Égalité des citoyens, des conditions, des territoires.

Or, quel est drame actuel des républicains sincères ? C’est que leurs beaux principes, et les politiques publiques qu’ils avaient inspirées, sont profondément percutés par l’avènement de la « société de marché » et sa standardisation anglo-saxonne, à laquelle une bonne partie des classes supérieures consent. Dans un monde où la société n’existe pas, seuls valent les individus sachant « nager dans les eaux glacées du calcul égoïste », qu’il convient d’armer pour la compétition, d’encourager à la consommation, de distraire à grand renfort de divertissements télévisés.

On ne s’étonnera pas que les hommes et les femmes ainsi plongés dans le grand bain libéral aient la tentation de se raccrocher à une ultime bouée, la communauté supposée première, c’est-à-dire ethnico-religieuse. Religions et communautés, réelles ou fantasmées, sont donc convoquées à la rescousse de l’homme libéral, dramatiquement seul. L’extension indéfinie de la marchandise et de son spectacle s’accommode parfaitement de cette démocratie identitaire, dans laquelle le particulier éclipse l’universel.

LA RÉPUBLIQUE EST DIVISÉE

Indivisible, la République est pourtant divisée. Ghettoïsation et séparatisme social gangrènent la société française. Et d’abord le séparatisme des riches, cette « révolte des élites » dont parle Christopher Lasch, mais aussi celui, moins spectaculaire, des Tartuffe des hypercentres qui n’ont que le « vivre-ensemble » à la bouche quand ils ne vivent, en réalité, qu’avec leurs semblables. Les dernières déclarations du nouveau ministre de l’Éducation nationale, qui avoue benoîtement avoir mis ses enfants à l’École alsacienne pour leur préserver une « scolarité sereine », en disent plus long que mille essais savants sur l’étiolement de la conscience républicaine chez les élites hexagonales.

C’est le paradoxe du moment : les Français sont plus républicains que leurs dirigeants. Quand les premiers gilets jaunes, drapeau tricolore au vent, réinventent la devise nationale (égalité territoriale, revitalisation démocratique, fraternité des ronds-points), les forces politiques manquent singulièrement d’imagination (et d’enthousiasme) pour revivifier le discours sur la République.

LES FAUX RÉPUBLICAINS

La droite en défend une version rabougrie et disciplinaire : l’ordre, rien que l’ordre, dont on sait pourtant qu’il ne saurait être légitime et efficace sans la justice. Sur ce point, ils sont rejoints par les macronistes. Passés spécialistes dans l’art de se décerner des brevets de « républicanité », les amis du président sont plus à l’aise avec les libertés économiques (celle du « renard libre dans le poulailler libre ») qu’avec les droits fondamentaux : le quinquennat précédent restera dans les annales comme un moment de grande dégradation des libertés publiques dans le pays.

De la gauche, dont l’histoire se confond avec la défense et la promotion du « modèle républicain », on aurait pu attendre des engagements forts. Mais une partie confond les effets (persistance des discriminations, inégalités sociales et territoriales) et les causes (un système économique qui s’attaque aux solidarités et aux protections collectives). Saisie par le démon de la déconstruction, elle en vient à jeter le bébé avec l’eau du bain, dénigrant « l’universalisme abstrait ». Quant à l’extrême droite, que des irresponsables ont cru bon de mettre sur le même plan que les autres (précipitant ainsi la fin du « front républicain »), elle a la passion de la division et de l’exclusion.

LE SURSAUT, C’EST POUR QUAND ?

Le sursaut viendra du peuple français qui a plus confiance dans l’État que ceux qui le dirigent, et qui croit davantage à la solidarité que ceux qui pensent ne pas en avoir besoin. Soyons simples et basiques : n’est pas républicain celui qui ne fait pas de l’école la priorité absolue. N’est pas républicain celui qui laisse crever l’hôpital public. N’est pas républicain celui qui cède aux exigences de la bigoterie ordinaire ou à celles des différentialistes de tous poils.

Être pleinement républicain, mais surtout agir en républicain, c’est imaginer les réponses qui permettent de donner une matérialité à cette « promesse » d’égalité jamais achevée. Et c’est justement au nom de l’universalisme qu’il faut exiger des progrès concrets dans l’égalité des droits. C’est en cela que le combat laïque est indissociable du combat social. Une société déchirée se replie sur des identités multiples. Une société solidaire crée les conditions d’un rassemblement paisible autour de valeurs communes.

Privilégier le commun au particulier, préférer le « vouloir vivre ensemble », qui suppose un projet politique conscient et collectif, au « vivre ensemble » qui implique la simple coexistence : face au modèle libéral de l’individualisme triomphant, il n’y a pas de projet plus subversif et plus révolutionnaire que l’idéal républicain.

Ministère des Outre-Mer : une administration de plein droit ou un gadget de complaisance ?

En moins de deux mois, le Ministère des Outre-mer, jusqu’ici une administration de plein exercice, a été reléguée au rang de « salle d’attente » pour l’ancienne Ministre des Outre-mer – depuis devenue Présidente de l’Assemblée nationale – pour finir ensuite sous la tutelle du Ministre de l’Intérieur. Quoiqu’il en soit, cette décision est un bon en arrière institutionnel pour nos compatriotes ultramarins.

En effet, un tel ajustement protocolaire avait déjà été expérimenté il y a près de quinze ans durant la présidence de Nicolas Sarkozy. Cette mandature avait connu deux secrétaires d’état et une ministre déléguée aux Outre-mer (respectivement Christian Estrosi, Yves Jégo, Marie-Luce Penchard) qui furent tous les trois placés sous l’autorité du Ministère de l’intérieur. Aujourd’hui, c’est un énarque et ancien préfet – qui certes possède une connaissance fine de ces territoires – qui sera chargé de prendre des ordres auprès de l’innénarable Gérald Darmanin. Tout cela sur fond de crise non seulement sécuritaire mais aussi économique, sanitaire et sociale amplifiée par la défiance envers le vaccin anti-Covid et envers l’exécutif et la politique d’Emmanuel Macron.

Rappelons qu’au deuxième tour de l’élection présidentielle, une partie des populations ultramarines avaient majoritairement préférées placer Marine Le Pen en tête – à défaut de pouvoir voter pour Jean-Luc Mélenchon – et aux législatives élire de nombreux députés de gauche et/ou autonomistes à l’Assemblée nationale. Le Président de la République n’aurait-il rien retenu de ses propres résultats et de ce qu’ils traduisent dans ces territoires ?

Cette relégation sera vraisemblablement vécue comme une punition par les populations concernées. Elle laisse présager qu’au vu de la politique que l’exécutif compte mener, les Outre-mer seront encore en ébullition dans les prochaines années, alors qu’il serait plus judicieux pour l’Etat de prévenir toute tentative de contestation dans ces territoires. Une première réponse pourrait venir des débats qui auront lieu lors du Projet de loi de Finances en septembre prochain. Si les collectivités d’outre-mer constataient une réduction de leurs dotations, notamment sur des problématiques importantes comme la pollution des Antilles au chlordécone , alors le signal sera clair quant à une recentralisation vers la France Hexagonale.

Les deux millions de Français vivant hors de la France Hexagonale méritent bien mieux qu’une tutelle et un amalgame avec les problématiques essentiellement sécuritaires, même s’il est entendu que les DROM, COM et les PTOM connaissent des difficultés avec l’intensification des trafics de drogue et d’armes ainsi que les contrôles des frontières. Cependant, la sécurité ne peut à elle seule répondre à l’ensemble des problématiques que connaissent ces territoires qui sont liées à leur éloignement avec l’Hexagone, l’insularité et les questions climatiques pour ne citer que celles-là.

La Gauche Républicaine et Socialiste souhaite vivement que nos concitoyens ultramarins puissent bénéficier d’un Ministère de plein exercice lors d’un prochain remaniement ministériel ou de la formation d’un prochain Gouvernement.

Festival d’Avignon : besoin d’un nouveau souffle pour les politiques culturelles !

Aujourd’hui, jeudi 7 juillet, s’ouvre le festival d’Avignon. Après une édition en “mode dégradé” (2021) et une édition annulée (2020), c’est tout le secteur du spectacle vivant qui retient son souffle, désireux de retrouver un peu de normalité dans ses capacités de création, de diffusion ou de liens avec les publics.

Cette saison des festivals (au delà d’Avignon, Montpellier danse vient de s’achever et le Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence débutera la semaine prochaine, pour n’en citer que quelques uns) est un moment puissant et fédérateur pour le secteur, bien que la 7ème vague du Covid laisse craindre de nouvelles restrictions à la rentrée de septembre.
Vitrine déterminante pour les compagnies, engagement financier considérable, le “off” du festival d’Avignon a un rôle capital pour la diffusion des spectacles de très nombreuses équipes : cette année, ce sont 1570 spectacles qui seront présentés (le triple d’il y a vingt ans) pour des retombées économiques difficiles à quantifier, tant en terme de public que de diffusion ensuite dans le pays, les lieux de création et de diffusion étant aujourd’hui en manque de visibilité sur leurs capacités d’accompagner ces équipes ou même de programmer leurs spectacles, notamment pour les artistes émergents, peu identifiés.

Au delà du Pass Culture, mesure phare du gouvernement pour les politiques culturelles, et sa focalisation sur un soutien à la demande, c’est bien la problématique de l’offre artistique qui sera au cœur des enjeux. Le plan de relance a permis, en 2021 et en 2022, de maintenir à flot un secteur qui n’avait pas été considéré comme essentiel et dont les difficultés engendrées par la crise sont encore pleinement d’actualité. Le gouvernement ne semble pas en avoir conscience, le plan de relance ne sera pas reconduit en 2023 et on peut craindre, comme pour de nombreux secteurs, un budget d’austérité du ministère de la culture, ce qui aura des conséquences sociales dramatiques pour tout le secteur de la création artistique.

La Gauche Républicaine et Socialiste estime donc que certains axes forts doivent immédiatement être mis en chantier, pour assurer un travail de création artistique indispensable à notre société, ce qui nécessitera un engagement financier du gouvernement.

  • Pérenniser la statut d’intermittent (bénéficiaires des annexes 8 et 10 de la convention assurance chômage), fragilisé par la crise sanitaire ;
  • Mettre en place un statut d’artiste-auteur permettant d’améliorer leur rémunération et leur protection sociale ;
  • Améliorer les dispositifs d’accompagnement des artistes et des équipes artistiques, en tenant compte des spécificités disciplinaire et des parcours ;
  • Améliorer la politique partenariale avec les collectivités sur des orientations stratégiques partagées de développement culturel et artistique des territoires ;
  • Déployer, en lien avec les collectivités, un grand plan de diffusion d’œuvres dans des lieux non dédiés, afin de toucher les territoires privés d’offres artistiques et culturelles ;
  • Renforcer l’accompagnement des festivals et faciliter leur mise en réseau ;
  • Mettre en place un grand plan de présence artistique sur tout le territoire national, à travers des résidences établies avec les structures de création et de diffusion des labels et réseaux de l’État ;
  • Mettre en place d’une politique du « temps libre » en lien avec les autres ministères concernés.

Présidence française de l’Union Européenne : beaucoup de com’, de rares avancées, de vrais échecs

Macron aura beaucoup « macroné », verbe inventé par les Ukrainiens qui signifie « parler pour ne rien dire ». Son triptyque revendiqué en décembre dernier « relance, puissance, appartenance » rentre totalement dans ce cadre.

Macron n’a été ni l’initiateur ni le chef d’orchestre des réformes entérinées durant ce semestre : elles ont été travaillées pendant des mois par le Parlement ; certaines remontent même à plusieurs années, comme le règlement sur les marchés publics). Le Conseil sous présidence française a tenu à en valider le maximum afin d’enjoliver son bilan. En terme de rythme de travail, c’est positif (la représentation permanente de la France à Bruxelles a fait preuve d’une productivité impressionnante, hommage à nos diplomates), mais en terme de fond politique, on est en droit d’avoir une appréciation beaucoup plus contrastée – et plus réaliste.

Certes, le dossier ukrainien a totalement bouleversé le semestre français. Mais sur la crise économique qui vient, doublée d’une crise énergétique, d’approvisionnement et d’inflation, on n’a clairement pas avancé. Le plan de relance de 2020 demeure le seul outil de résilience économique dont dispose l’Europe ; et chaque jour qui passe montre qu’il ne suffira pas à éviter un fort recul de la croissance, voire une récession. Pire : on se dirige actuellement vers une normalisation. La routine néolibérale reprend du poil de la bête. On l’a vu pendant les élections françaises : les injonctions austéritaires (« semestre européen »), avec la compression des dépenses publiques et ses conséquences sur la qualité du service public, empêchent de mener les politiques nécessaires, notamment en terme de santé ou d’éducation.

Sur les occasions manquées au point de vue économique et énergétique, on pense au blocage de la réforme de la tarification de l’électricité, qui reste indexée sur le gaz, et dont l’absurdité nous coûte très cher, particulièrement à nous les Français qui avons des coûts de production très bas grâce au nucléaire.

Passons maintenant en revue le bilan précis de cette « présidence Macron ».

Action extérieure

“Europe puissance”

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a pressé les Européens d’accélérer, mais pas forcément dans le sens le plus souhaitable. On peut se réjouir d’une chose : depuis le 24 février, les Etats-membres de l’UE sont globalement restés unis. On sent néanmoins qu’émergent différentes « sensibilités ». À cet égard, le Président Macron n’a pas toujours trouvé les mots justes. Ses propos sur la nécessité de « ne pas humilier Moscou » ont non seulement irrité Kiev et suscité beaucoup d’incompréhension, mais aussi, et c’est plus grave, éloigné de nous un certain nombre de chancelleries européennes. Lesquelles étaient jusqu’à cette sortie fâcheuse, plutôt concentrées sur la responsabilité historique de l’Allemagne dans tous nos déboires. Bref l’Europe puissance et son « autonomie stratégique » ne sortent pas gagnantes de ces 6 mois de présidence française.

La vision française, portée à sa façon par Macron, considère que l’Union doit être capable d’agir indépendamment de tous les Empires. De l’autre côté, il y a ceux qui considèrent que le cadre de toute défense européenne, c’est l’OTAN. Vladimir Poutine a clairement, sinon volontairement, fait en sorte que ça soit cette ligne-là qui l’emporte. Nous sommes repassés sous supervision américaine. L’OTAN a ressuscité de sa mort cérébrale. Elle est relancée comme personne n’aurait osé l’espérer avant le 24 février. En termes géopolitiques comme économiques et industriels, je ne sais pas si c’est une bonne nouvelle pour la France. Ce réalignement atlantiste est exploité à fond par le Royaume-Uni et la Pologne, l’Allemagne suit, et Bruxelles (Von der Leyen), semble copier-coller son discours sur celui de Washington. Enfin, tout porte à croire que les conséquences économiques, sur le réarmement, profiteront surtout au complexe militaro industriel américain.

Balkans occidentaux

Emmanuel Macron avait annoncé le 9 décembre 2021 au moment de la présentation des priorités de la présidence française, vouloir une clarification sur les perspectives d’adhésion des pays des Balkans Occidentaux. À l’heure du bilan, le moins que l’on puisse dire est que le verre est plus qu’à moitié vide ! Et que pour la Serbie et le Monténégro par exemple, mais aussi la Macédoine du Nord (on a quand même eu une avancée avec la levée du veto bulgare), il y a de quoi être amer. Ce n’est bon ni pour la France ni pour l’Europe de laisser s’accumuler ainsi autant de frustrations dans les Balkans Occidentaux, qui ont été sidérés par la différence de traitement dont a bénéficié l’Ukraine (et la Moldavie). On a enfin un très gros problème en Bosnie, avec une République Serbe de Bosnie tentée par la sécession et très encouragée par Moscou. Ce serait la fin des accords de Dayton et donc le retour possible d’une confrontation meurtrière en ex Yougoslavie. L’Europe est consciente du problème, mais ne me paraît pas avoir fait grand-chose pour le résoudre.

Partenariat sud

Ce versant de la politique européenne de voisinage a complétement été laissé de côté au profit, on peut le comprendre, du partenariat oriental. La présidence française du Conseil de l’Union européenne aurait dû être l’occasion de relancer l’Union pour la Méditerranée. Cela n’a pas été le cas. Au contraire, les crises s’amplifient : crise économique, sociale et politique en Tunisie ; décrochage politique (irrémédiable ?) de l’Algérie, qui approfondit les liens avec la Russie et la Chine et qui se fâche avec le Maroc sans que ça ait l’air de nous préoccuper outre mesure ; Liban totalement laissé à l’abandon…

Afrique

L’organisation du sommet UE-Union Africaine les 17 et 18 février derniers a été une bonne chose après deux ans perdus à cause du Covid. Des engagements importants ont été pris durant ce sommet (150 milliards d’euros d’investissements dans les infrastructures), mais demeure l’impression tenace d’être à la traîne de la Chine. L’éclatement de la guerre en Ukraine a aggravé les contradictions. Des Etats (et leurs opinions publiques) rejettent à présent ouvertement la présence occidentale. Pour beaucoup d’Africains, les responsables de la crise alimentaire à venir c’est nous, et pas la Russie.

Institutions européennes

Concernant la conférence sur l’avenir de l’Union européenne, nous pensons qu’il y a mieux à faire maintenant que réviser les traités. Le Conseil européen a plutôt raison de ne pas s’emballer et de rester prudent. Certes, nous avons des problèmes récurrents à cause de la règle de l’unanimité sur les questions fiscales (cf. veto hongrois au taux minimal d’imposition sur les sociétés la semaine dernière) et sociales (cf. proposition décevante sur le salaire minimum). Mais gardons la tête froide sur ces sujets. Par exemple, est-on sûr que passer les questions de santé à la majorité qualifiée profitera nécessairement à notre Sécurité sociale et notre Assurance maladie ? Voulons-nous ouvrir la boîte de Pandore en passant à la majorité qualifiée sur la politique étrangère et de défense ? Cela signifierait tout simplement la fédéralisation de l’Union européenne et politiquement c’est un chiffon rouge pour les opinions publiques.

Commerce international

Marchés publics

Jusqu’alors, l’UE était assez démunie face à la Chine ou aux Etats-Unis. D’un côté, des obstacles, des interdictions, des contraintes qui empêchent les entreprises européennes d’avoir accès à leurs marchés publics ; de l’autre des marchés ouverts, raflés parfois par des entreprises de pays tiers subventionnées par leur gouvernement.

Longtemps, les libéraux n’ont pas voulu entendre parler de protections spécifiques sur ce sujet, mais l’absence de réciprocité de la part de nos concurrents a marqué un tournant. Désormais, pour tout marché atteignant le seuil de 10 millions d’euros, les entreprises seront soumises à des vérifications. Des sanctions économiques seront prises en cas de non-réciprocité. Mais on aurait pu aller plus loin et défendre un Buy European Act, permettant de donner la priorité aux entreprises européennes dans l’accès aux appels d’offre.

Subventions étrangères

Le but était de garantir des conditions de concurrence équitables pour les entreprises opérant sur le marché intérieur. Ce texte vise particulièrement à contrecarrer la Chine, connue pour subventionner massivement ses entreprises, qui sont, de facto plus concurrentielles que les entreprises européennes. Il met en place des outils permettant à la Commission d’enquêter sur les contributions financières d’un gouvernement de pays tiers : deux dispositifs pour étudier les concentrations importantes et les offres dans le cadre de marchés publics de grande envergure ; et un instrument d’enquête sur le marché. Les seuils sont 600 millions d’euros pour les concentrations et 300 millions d’euros pour les procédures de passation de marchés publics.

Taxe sur les multinationales

Ce texte prévoyait la mise en place d’un impôt minimum de 15 % sur les bénéfices des multinationales, à compter du 31 décembre 2023, pour porter un coup d’arrêt aux paradis fiscaux à taux zéro et aux stratégies de dumping fiscal. Ce projet était porté par Bruno Le Maire depuis le début de la PFUE, mais après plusieurs mois de négociations, et malgré l’accord de la Pologne (sûrement pour avoir accès au plan de relance), la Hongrie, le 18 juin, a posé son veto.

C’est un échec pour Macron et Le Maire. Le coup est d’autant plus dur que si le texte était passé au niveau européen, la pression aurait été mise sur les Etats-Unis, où la réforme est bloquée depuis l’année dernière.

Climat & écologie

Hier le Conseil a confirmé l’horizon 2035 pour l’arrêt de la vente de voitures neuves à moteur thermique (avec une exception pour les petits constructeurs type… Ferrari, arrachée par l’Italie). Il faut à la fois se réjouir du volontarisme de l’UE sur la question des émissions de CO2, et ne pas prendre à la légère les avertissements des industriels (cf. la tribune remarquée de Carlos Tavares, PDG de PSA). Certes, PSA n’a pas un CV exemplaire en la matière. Certains se souviennent peut-être des esclandres de Jacques Calvet contre le pot catalytique. Mais on a plein de problèmes, à ce jour sans solution, sur la reconversion industrielle, sur les pertes d’emplois et de compétences, sur l’accès aux matières premières nécessaires à la fabrication des batteries, sur le cycle de vie des batteries lui-même, etc.

Sur la tarification carbone, le parlement européen a ce mois-ci vécu un psychodrame, mais tout est bien qui finit bien. Ou presque. Des compromis difficiles ont dû être trouvés en catastrophe, qui entachent notre détermination initiale à aller vite. La France a dû ainsi lâcher du lest sur des points importants, notamment les quotas gratuits de CO2 alloués aux entreprises (dont la disparition est repoussée d’un an), mais la présidence française a aussi réussi à engranger quelques progrès sur l’ajustement carbone, en incorporant certaines importations non prévues au départ (produits chimiques organiques, très émetteurs de gaz à effet de serre). Au final, cela va plutôt dans le bon sens, mais on a toujours ce problème de s’en remettre au marché (avec une cotation du prix du carbone, qui peut fluctuer très bas quand la conjoncture est mauvaise, alors qu’il faudrait aller le plus vite possible à au moins 120 euros la tonne) et surtout d’être conforme aux règles de l’OMC, qui sous couvert de libre-échange et de concurrence non faussée, freinent les efforts nécessaires pour réduire notre empreinte carbone.

Le règlement sur la déforestation importée est un texte important, qui prévoit d’interdire toute importation d’un produit obtenu par la déforestation. Mais la Présidence française a accepté de réduire la portée de la notion de déforestation (en excluant hélas les zones humides, les tourbières et les savanes), ce qui réduira par là-même les importations frappées d’interdiction. Les obligations pesant sur les opérateurs et la fréquence des contrôles seront elles aussi allégées. Néanmoins, si ce texte va jusqu’au bout, avec dans le viseur le café, le cacao, l’huile de palme, le soja, le bois et le bœuf, on aura un socle plutôt large des produits issus de la déforestation, et surtout un obstacle quasi insurmontable à des accords de libre-échange comme le Mercosur, ou en préparation avec l’Indonésie, et ça c’est plutôt une bonne nouvelle !

Numérique

La présidence française a enregistré deux textes très importants : le Digital Services Act (DSA) et le Digital Market Act (DMA), qui se présentent comme une première mondiale dans la régulation des contenus internet et des GAFA et autres acteurs de la « Big Tech ». On sort du far-west numérique. Ce qui est illégal hors ligne sera aussi illégal en ligne. On aurait pu aller encore plus loin, par exemple sur le ciblage publicitaire ou sur les obligations pesant sur les plateformes vendant des produits illicites ou contrefaits. Mais incontestablement, ces réformes sont à mettre à l’actif de l’Union Européenne. S’ils signent sans doute une avancée normative qu’on pourrait dire proche de la tradition politique française, ces deux textes majeurs ne sont pas sortis du cerveau génial de Macron ! Ils sont le fruit d’un énorme travail, engagé de longue date et mené dans une forte adversité.

Plusieurs inquiétudes, sur lesquelles la présidence française qui s’achève n’a pas dit grand-chose : les données personnelles, qui après un arrêt de la CJUE, ne devaient plus être stockées aux USA, mais qu’Ursula Von der Leyen a quand même accepté de maintenir là-bas, au terme d’un accord verbal semble-t-il (controverse du privacy shield) ; l’intelligence artificielle, avec un texte en cours de discussion mais que la droite du Parlement Européen, sous couvert d’encourager l’innovation, veut vider de sa substance en autorisant notamment de possibles dérives en matière de surveillance de masse, et en allégeant la responsabilité des opérateurs de systèmes d’IA.

Un bouclier logement mon œil !

 

Un bouclier logement mon œil ! Le poids des dépenses de logement des Français va encore augmenter alors qu’elles représentent près du quart de leurs revenus !! Au point de devenir insupportables pour de nombreux foyers.

Plafonner l’IRL (indice de la hausse des loyers autorisés pour les baux en cours) à 3,5 %, c’est laisser les loyers augmenter plus que les salaires (les négociations de branches ont décidé une hausse moyenne des salaires de 3 % donc inférieure à 3,5, pour le SMIC sans coup de pouce, ce sera 2,8 % en août.)

Donc, en tout état de cause, le pouvoir d’achat va se détériorer.

Augmenter les APL seulement de 3,5 % n’accompagne pas cette hausse, car hélas (et c’est déjà une critique que nous faisons au faible niveau des APL, qui s’est dégradé sous le précédent quinquennat Macron.) les APL Ne comble que très rarement entièrement le niveau des loyers. Aussi, la plupart des plus modestes, qui touche l’APL devra faire face à une hausse de leur loyer !

L’impasse sur la hausse des charges, en particulier de l’énergie qui pèse lourd aussi dans les dépenses logement.

Rien n’est fait pour revaloriser fortement le forfait charge (inclus dans les APL) qu’il faudrait au moins doubler, d’autant que cela fait des années qu’il n’a pas été dévalorisé !

Ce qu’il faut faire :

  • bloquer les loyers,
  • doubler le forfait charge des APL,
  • augmenter fortement les APL pour restaurer au moins le niveau qu’elles auraient sans les ponctions scandaleuses qui les ont fait baisser dans les 5 ans précédents.

Le gel des loyers est supportable si ces pertes de recettes sont intégralement compensées aux HLM d’autant qu’ils subissent de plein fouet la hausse du livret A et les dramatiques prélèvements de l’Etat comme la RLS. Pour le secteur privé (dont il faut savoir que la très large majorité des bailleurs sont multipropriétaires et rarement des propriétaires modestes dont le nombre n’a cessé de baisser ces dernières années), la hausse des loyers dans les années précédentes a été beaucoup plus forte que l’inflation et l’évolution des revenus des Français et ces bailleurs privés peuvent faire désormais un effort. Ceux qui ont acquis des biens l’ont fait à taux fixes et ne verront pas leur charge d’emprunt augmenter (même baisseront en valeur réelle).

Il n’y a pas de corrélation entre la hausse des loyers et les travaux d’économie d’énergie. On l’a vu en dépit des hausses importantes des loyers le privé fait encore peu de travaux d’économie d’énergie. Il faut jouer sur d’autres leviers. C’est un motif bidon avancée la première ministre qui ne veut jamais toucher les plus riches et d’engager une juste redistribution des richesses.

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