La fabrique des pauvres pour rendre les riches plus riches

La pauvreté a augmenté en 2021 et en 2022 en France, les 10% les plus riches ont profité tant de l’inflation que des réformes fiscales.

L’Insee a publié en novembre 2023 une batterie de rapports et de tableaux statistiques (que vous retrouverez en bas de l’article) dont les conclusions sont sans appel : la France va mal, la majorité des Français perd en niveau de vie, seuls les 10% les plus riches et les habitants des centres urbains profitent des évolutions économiques et de la politique “pro-business” du gouvernement.

Hélas, une partie de la presse économique tord les faits pour masquer sa vision néolibérale. Même La Tribune, pourtant réputée pour sa rigueur d’analyse, s’acharne à vouloir y déceler une augmentation du niveau de vie des plus modestes – laquelle augmentation serait même plus élevée que celle des riches – et bien plus élevée que celle des classes moyennes1, en 2022. C’est faux !

Ce mensonge alimente la campagne de la droite et de l’extrême droite qui fustigent « les pauvres » comme étant à la fois « des immigrés », vivant « dans les banlieues criminelles des grands centres urbains », volant le niveau de vie « des classes moyennes des villes moyennes et des villages », tout en étant « ingrats » à la société et l’identité française en la rejetant. En clair des vrais « parasites de la société ».

L’Insee décrit évidemment une toute autre réalité : les classes populaires des villes périphériques et des villages partagent le (mauvais) sort de leurs concitoyens des classes moyennes inférieures et des habitants des banlieues, tandis qu’un groupe beaucoup plus restreint – moins de 10% des Français – vivant principalement au cœur des grandes villes (notamment à l’ouest de Paris et de l’île de France) tire objectivement profit du système.

1 https://www.latribune.fr/economie/france/les-classes-moyennes-grandes-perdantes-des-mesures-du-gouvernement-en-2022-983965.html


L’Insee dit où sont, géographiquement comme socialement, les profiteurs de l’après Covid et de l’inflation

Le Rapport sur l’état social de la France en 2021 ne laisse aucune place au doute : « eb 2021, les inégalités et la pauvreté augmentent », « le niveau de vie des ménages les plus aisés augmente plus fortement, tiré par la reprise de l’activité », « le taux de pauvreté augmente en 2021 et dépasse son niveau de 2019 ».

L’Insee conclut que 2021 fut pour la majorité des Français aussi douloureuse que 2011 et 2018, années de crises sociales aiguës – dont la seconde vit naître le mouvement des Gilets Jaunes.

Le taux de pauvreté – un français sur 7 – dépasse en 2021 les niveaux de 2017 et 2019 ; et les indicateurs d’inégalité retrouvent à la fin 2020 les records atteints en 2011 et 2018. On ne peut qu’y voir un résultat incontestable de la maltraitance du Gouvernement contre les français.

En 2022, l’Insee, toujours à rebours de La Tribune, dit qu’« au total, la hausse du niveau de vie (monétaire) a compensé une part importante des dépenses additionnelles, 90% en moyenne pour l’ensemble de la population. Cette part varie néanmoins selon le niveau de vie ou selon le lieu de vie. Elle oscille entre 80% et 85% pour les 80% les plus modestes et pour les habitants des communes hors unités urbaines ou des unités urbaines de moins de 200 000 habitants. Elle est sensiblement plus haute, autour de 90% en moyenne, pour les personnes aux niveaux de vie entre le 8e et le 9e décile et les habitants des communes de plus de 200 000 habitants hors Paris. Elle dépasse en moyenne 100% pour les 10% les plus aisés et pour les habitants de l’agglomération parisienne. »

Traduisons : les habitants des villes moyennes et des villages, les classes populaires dans leur ensemble, ont perdu 20 points de niveau de vie réel après inflation et réformes fiscales.


Tout le monde perd, sauf les 10% les plus riches, gagnants de l’inflation et des réformes fiscales

Les habitants prospères des grandes villes ont eux vu leur niveau de vie réel augmenter, parvenant à esquiver l’inflation, particulièrement grâce aux réformes sur la fiscalité du capital. Ces grands gagnants sont bien peu de monde : 6 millions de gagnants, 60 millions de perdants.


Le solde est négatif pour tous les territoires, sauf Paris

À la lumière (crue) de ces données, on comprend mieux pourquoi la droite, le RN et le gouvernement s’acharnent tant à marteler leurs préjugés stupides sur les chômeurs qui piquent dans l’assiette de ceux qui travaillent. Sauf que les vrais pique-assiettes, ce sont en réalité les détenteurs de capitaux et les rentiers de Versailles et du 7ème arrondissement de Paris, par la grâce du néolibéralisme aussi « assumé » qu’agressif de Macron.

Malheureusement, on n’entend plus la gauche rappeler ces évidences, ni la vieille social-démocratie ni même le parti soi-disant insoumis, qui ont abandonné toute analyse matérialiste (au sens philosophique) de la société, préférant passer leur temps à copier-coller des élucubrations intersectionnelles venues d’Outre-Atlantique et qui n’ont pas la moindre prise sur la vie quotidienne de nos compatriotes de toutes origines, cultures et orientations sexuelles.

Le prolétariat et la petite-bourgeoisie des villes moyennes et des villages sont tout autant maltraités que le prolétariat et même la petite-bourgeoisie des grandes villes. Les statistiques de l’INSEE nous donnent les clés pour engager vraiment le débat : faire prendre conscience aux 60 millions de travailleurs et à leur famille qu’ils s’appauvrissent au profit d’à peine 10% des Français ; et qu’il est grand temps qu’ils défendent leurs propres intérêts matériels et moraux.

Le 15 novembre dernier Bruno Le Maire déclarait sur Cnews : « Notre modèle social tel qu’il existe aujourd’hui ne nous permettra pas d’arriver à 5% de taux de chômage ».

Le ministre de l’économie n’a pas choisi cette chaîne par hasard, qui comme tout robinet d’infos met en scène à longueur de « talks shows » la fausse opposition entre « réactionnaires » et « libéraux progressistes », qui sont en dernière analyse d’accord sur l’essentiel : défendre leurs privilèges et mettre au pas les classes populaires en détruisant l’État social. Tout cela, bien sûr, pour le bien des Français : quand on appauvrit un chômeur de plus de 55 ans comme le souhaite le ministre de l’économie, ça l’incite à trouver un emploi, même si aucun employeur ne lui en proposera un.

Il est vraiment urgent de revenir au réel – contre lequel, à force de désagrégation sociale, finiront aussi par se cogner les gagnants (provisoires) de la crise : défendons les intérêts économiques et sociaux de 80 % des Français ! Pour vaincre Zemmour, Le Pen et Macron, la voie identitaire est une impasse. La seule issue qui nous préservera de la guerre de tous contre tous sera de forger un nouveau contrat social pour la France.

Mathias Weidenberg

Milei ou le « tronçonneur de l’État » : voyage au bout du néolibéralisme autoritaire

Suite à l’élection à la tête de la présidence argentine de Javier Milei, Vincent Arpoulet revenait pour Le Temps des Ruptures le 21 novembre 2023 sur la situation qui a permise son élection, ainsi que sur ses engagements de campagne. Nous publions cet article avec leur accord.

« Ce que propose le FMI [Fonds monétaire international] est minuscule au regard du plan d’austérité que je propose ». C’est en ces termes qu’en pleine campagne présidentielle argentine, Javier Milei, libertarien revendiqué fraichement élu le 20 novembre 2023 à la tête du pays, s’engage ni plus ni moins à amplifier dans des proportions considérables l’application d’un projet économique ayant plongé près de 40% de la population argentine sous le seuil de pauvreté. En effet, cette situation résulte notamment de la dette historique contractée par le président conservateur Mauricio Macri qui, en 2018, a obtenu un prêt de 50 milliards de dollars en provenance du FMI. Or, il se trouve que, de même que l’ensemble des prêts octroyés par cet organisme international, celui-ci est conditionné à une réduction drastique des dépenses publiques, ainsi qu’à une reconfiguration des fonctions de l’État au profit du secteur privé, conformément à l’idéologie néolibérale selon laquelle la puissance publique doit se désengager au maximum du marché afin de laisser libre cours à l’initiative individuelle qui est perçue comme la plus à même de permettre une gestion rationnelle de l’économie dans la mesure où elle cherche à maximiser son profit. Si cette théorie économique entre en adéquation avec les conceptions portées par Milei – en témoigne le fait qu’il ait baptisé l’un de ces cinq chiens en hommage à Milton Friedman, l’un des pères du néolibéralisme -, le nouveau dignitaire argentin estime cependant qu’il faut aller encore plus loin.

L’ « ANARCHO-CAPITALISME » : VERSION PAROXYSTIQUE DU NÉOLIBÉRALISME AUTORITAIRE

Se revendiquant de l’ « anarcho-capitalisme », il affirme en effet que : « Chaque fois que l’État intervient, c’est une action violente qui porte atteinte au droit à la propriété privée et, au final, limite notre liberté »(1). C’est là la différence fondamentale entre néolibéraux et anarcho-capitalistes. Là où les premiers estiment que l’État doit être présent en vue d’organiser son propre retrait du marché, les seconds considèrent que le marché est la seule institution à même d’organiser l’ensemble de la société. En d’autres termes, suivant cette conception, la totalité des activités humaines sans exception entrent dans les logiques de marché et aucune instance ne doit pouvoir entraver de quelque manière que ce soit la propriété privée, ce qui conduit Murray Rothbard, l’un des tenants de ce courant, à prôner un « marché libre des enfants », au nom du respect inconditionnel de la propriété des parents. La volonté de libéraliser la vente d’organes prônée par Milei s’inscrit ainsi pleinement dans ce courant qui pousse à son paroxysme l’idéologie néolibérale, ce qui conduit Mark Weisbrot, co-directeur du Centre pour la Recherche Politique et Économique (CEPR), à affirmer que : « Jamais quelqu’un d’aussi extrémiste en matière économique n’a été élu président d’un pays sud-américain »(2). Dans un continent ayant servi de laboratoire à l’idéologie néolibérale, ce n’est pas une mince affaire.

Cependant, de même que son maître à penser qui défend par ailleurs la mise en place d’un « État policier libertaire » dans lequel les forces de l’ordre, là encore débarrassées de toute contrainte institutionnelle, seraient « autorisées à appliquer des punitions instantanées », la défense inconditionnelle des libertés de la part de Milei semble s’arrêter aux frontières de l’économie. En effet, le volet sécuritaire de son projet inclut notamment des propositions telles que l’abaissement de la majorité pénale ou encore, la création d’un système national de surveillance ayant recours à la reconnaissance faciale. Milei affirme ainsi vouloir prévenir l’émergence de toute opposition interne susceptible d’être violente, à l’égard de laquelle il s’est empressé d’affirmer, à peine élu, qu’il serait implacable. Une logique qui n’est pas sans rappeler les propos tenus par Victoria Villarruel, candidate à la vice-présidence à ses côtés, qui a ouvertement affirmé à de nombreuses reprises que les crimes commis par le régime militaire au pouvoir entre 1976 et 1983 s’expliquaient avant tout par la déstabilisation interne provoquée par les mouvements d’opposition à cette dictature, reprenant ainsi en tous points les propos tenus par les responsables de ces exactions à l’occasion de leur procès. Si Milei s’est malgré tout engagé, lors de son discours d’investiture, à respecter toute mobilisation s’exprimant dans le cadre de la loi, une telle conception des oppositions internes ne peut que susciter des inquiétudes du côté des différentes organisations sociales et syndicales argentines. Et ce, d’autant plus que le nouveau dirigeant s’affirme par ailleurs ouvertement favorable à la remise en cause de certains droits sociaux tels que l’IVG, légalisée en 2020 au terme d’un large mouvement social ayant poussé l’Argentine à rejoindre le cercle très réduit des États du continent reconnaissant ce droit de manière inconditionnelle, aux côtés de l’Uruguay, de la Colombie, de Cuba et du Mexique.

Alors comment expliquer l’irruption d’une telle force politique venant mettre un coup d’arrêt à cette vague progressiste qui s’était également caractérisée par un rejet du modèle néolibéral défendu par Macri à l’occasion de la précédente élection présidentielle remportée par Alberto Fernandez, candidat du péronisme en 2019 ?

ENTRE DÉGRADATION DE LA JUSTICE ET DES TERMES DE L’ÉCHANGE

Tout d’abord, nous pouvons constater que cette large victoire de Milei – qui l’emporte avec plus de 10 points d’avance sur Sergio Massa, ministre de l’Économie sortant – traduit avant tout un rejet massif du péronisme. Ce courant est notamment assimilé, au sein d’une grande partie de l’opinion publique, à des pratiques de corruption depuis la condamnation de la vice-présidente sortante Cristina Kirchner, le 6 décembre 2022, à une peine de 6 ans de prison après avoir été accusée d’avoir eu recours à des pratiques d’ « administration frauduleuse » en vue de l’octroi de parts de marché dans la province de Santa Cruz qu’elle a représenté en tant que sénatrice entre 2001 et 2005. Il n’est pas inutile de préciser ici, comme nous le rappelions alors dans ces colonnes(3), que Diego Luciani et Rodrigo Giménez Uriburu, respectivement procureur de l’affaire et président du tribunal, étaient réunis moins de 4 mois avant ce verdict pour un match de football au sein d’une ferme appartenant à Mauricio Macri. Cette proximité avec l’un des principaux opposants au péronisme, combinée à la faiblesse manifeste de l’accusation – Kirchner se voyant condamnée sur la base de simples suspicions de complicité avec son mari dont l’implication dans l’affaire semble plus avérée -, dénote une évidente volonté d’instrumentaliser la justice à des fins politiques. Si cela conduit à discréditer le principal parti de gauche argentin, c’est plus globalement l’ensemble de la classe politique traditionnelle qui en pâtit. C’est ainsi que, pris à son propre piège, le parti Juntos por el Cambio, représenté par Patricia Bullrich soutenue par Macri lors de cette élection, termine aux portes du second tour avec 23,83% des suffrages, loin derrière les 29,98% des voix obtenues par Javier Milei.

Cependant, il ne s’agit pas pour autant d’exempter le gouvernement sortant de toute responsabilité dans ce résultat. En effet, il se trouve que, dans un contexte dans lequel l’inflation atteint 143%, cette campagne s’est quasi exclusivement centrée autour de la question économique. Le fait que Milei se trouve confronté, au second tour de ce scrutin, au ministre de l’Économie sortant     considéré comme comptable de cette situation n’a pu que jouer en sa faveur. Et ce, d’autant plus que, si Massa est issu d’un gouvernement initialement élu sur la base d’un projet de rupture avec le néolibéralisme, celui-ci a finalement tenu à respecter les engagements fixés par le FMI. Cela s’explique notamment par le fait qu’outre l’épidémie de Covid-19 qui survient trois mois à peine après l’arrivée au pouvoir de Fernandez, celui-ci doit également faire face à une sécheresse qui vient porter atteinte à la production agricole, l’une des plus grandes sources de revenus d’un pays qui occupe le 5e rang des producteurs internationaux de soja, de maïs ou encore, de tournesol. Dans un tel contexte, l’obtention de devises en dollars par le biais des exportations se réduit de manière significative. Par conséquent, les réserves de dollars se raréfient à l’échelle nationale. Or, ce type d’économie reposant principalement sur l’exportation de matières premières doit nécessairement disposer de suffisamment de dollars en vue d’importer l’ensemble des biens manufacturés qui ne sont pas produits sur son territoire. Dans un tel contexte, la demande de dollars ne suivant pas la chute de l’entrée de devises, il faut donc plus de pesos – la monnaie nationale argentine – pour obtenir un dollar. Le peso se déprécie alors par rapport au dollar, ce qui signifie que tous les prix en pesos augmentent. Le seul moyen de faire face à l’inflation qui s’ensuit est alors de contracter des prêts auprès d’organismes financiers susceptibles de pallier cette pénurie de dollars. C’est la dégradation des termes de l’échange dont sont victimes la plupart des pays latino-américains dépendants de l’exploitation et exportation de matières premières dont les prix dépendent des fluctuations de la demande internationale. Dans ce contexte, difficile pour le gouvernement péroniste d’engager une rupture frontale avec le FMI.

UN CANDIDAT « ANTI-CASTE » AU SERVICE DE L’ORDRE ÉTABLI

C’est ce scénario qui conduit à l’émergence du projet de dollarisation de l’économie argentine porté par Milei. S’il est vrai que l’adoption du dollar pourrait être à même de réduire cette inflation générée par la dégradation des termes de l’échange, la contrepartie n’est pas négligeable. En effet, elle conduirait à limiter de manière significative les marges de manœuvre monétaires du gouvernement argentin, comme en témoigne l’économie équatorienne, dollarisée en 2000. Dans la mesure où l’ensemble des devises en circulation sur le territoire équatorien sont directement émises par la FED – la Banque Centrale des Etats-Unis -, l’État équatorien n’a pas la possibilité de dévaluer sa monnaie en cas de crise. C’est ainsi que le choc des commodities, qui se traduit en 2015 par une chute subite du prix de la quasi-totalité des matières premières à l’échelle internationale, est d’autant plus dur à encaisser pour l’Équateur qu’il ne peut faire face à la concurrence imposée par ses voisins qui dévaluent leur monnaie de sorte à rendre leurs ressources plus accessibles. Par ailleurs, le fait que l’équilibre des devises en circulation sur le territoire d’un État dépend directement de la FED vient nécessairement limiter sa capacité à prôner un modèle économique alternatif à celui défendu par le gouvernement étasunien, sous peine de se voir privé de liquidités suffisantes.

C’est donc pour faire face à ce double mécanisme de dégradation des termes de l’échange et de dépendance généré par l’hégémonie du dollar dans les échanges commerciaux régionaux qu’un certain nombre de gouvernements de gauche récemment arrivés au pouvoir au sein du continent prônent, sous l’impulsion de Lula, la mise en place d’une monnaie régionale à taux flottants avec les devises nationales. Or, la défaite du parti péroniste qui représentait, aux côtés du président brésilien, l’un des principaux tenants de ce projet, ainsi que l’émergence, au sein de la troisième économie du continent, d’un partisan acharné d’un renforcement des relations diplomatiques et commerciales avec les Etats-Unis, pourrait venir mettre un coup d’arrêt à cette dynamique de constitution d’une nouvelle forme d’intégration régionale.

Seule ombre au tableau pour Milei : avec 37 députés sur 257, il ne dispose d’aucune majorité parlementaire et sera donc contraint de composer avec les 93 élus dont dispose Juntos por el Cambio. Ce rapport de force au parlement peut expliquer la raison pour laquelle Bullrich s’est empressée d’apporter son soutien au candidat libertarien à l’issue du premier tour. En effet, discréditée depuis la fin de la présidence de Macri, la droite traditionnelle a trouvé en ce candidat anti-système un moyen de reprendre le pouvoir sous couvert de rupture avec l’ordre établi. La majorité de Milei dépendra finalement de l’establishment qu’il a tant voué aux gémonies. 

Références :

(1) Entrevista de Tucker Carlson a Javier Milei, 14 de septiembre de 2023 ; https://twitter.com/TuckerCarlson/status/1702442099814342725?t=Ojd1lv5MidxV-vCfTmWgHQ&s=19

(2) https://cepr.net/press-release/elecciones-en-argentina-nunca-alguien-tan-extremista-en-materia-economica-ha-sido-elegido-presidente-de-un-pais-sudamericano-dice-mark-weisbrot-codirector-del-cepr/ 

(3) https://letempsdesruptures.fr/index.php/2022/12/15/les-gauches-argentine-et-peruvienne-face-au-lawfare-et-au-neoliberalisme-par-surprise/

Avec Emmanuel Le Roy Ladurie, nous perdons un historien du peuple

Emmanuel Le Roy Ladurie, un monument de la culture française nous a quitté hier mercredi 22 novembre 2023.

A l’heure où il est bon, un peu partout, de réécrire l’histoire pour asseoir quelques vaines certitudes politiques, nationales ou religieuses (souvent assez semblables d’ailleurs, dans leur irrationalité et leur malhonnêteté intellectuelle intéressée), ce décès est une grande perte pour ceux qui aiment s’instruire de l’Histoire des Hommes.
En 1975, Emmanuel Le Roy Ladurie publie chez Gallimard « Montaillou, village occitan de 1294 à 1324« . Ce travail d’ethno-histoire connaît un succès fulgurant. Il sera vendu à plus de deux millions d’exemplaires, alors que ce livre relate la vie, au XIVe siècle, d’un village de paysans montagnards imprégnés de foi cathare.

Dès la fin des années 1980, Le Roy Ladurie, professeur au Collège de France, s’intéresse au quotidien, à la vie des individus, au climat. Avec ses ouvrages de référence, il devient un historien au prestige international.

Le Roy Ladurie est cependant plutôt habitué à la confidentialité de ses travaux d’histoire quantitative et il était loin d’imaginer une telle ferveur autour de ses ouvrages. Dans l’avant-propos de « Montaillou, village occitan« , il confiait une certaine tendresse pour le monde « où vivaient les rustres du soi-disant bon vieux temps ».
Les ferveurs du modernisme post-soixante-huitard étaient déjà en train de s’affaiblir. Barthes pouvait bien écrire dans son journal en 1977 qu’il avait compris « tout à coup » qu’il lui était indifférent d’être « moderne ».

Les conditions étaient réunies pour assurer un grand succès à ces paysans du Languedoc auxquels Le Roy Ladurie avait déjà consacré sa thèse. Il restera un historien des campagnes françaises du Moyen Âge et des Temps modernes.

Né en 1929 à Moutiers-en-Cinglais dans le Calvados, Le Roy Ladurie était le fils d’un ancien ministre du gouvernement de Vichy, Jacques Le Roy Ladurie, propriétaire exploitant de la vallée de l’Orne. Par réaction, Emmanuel Le Roy Ladurie adhéra au Parti communiste en 1949. Il décrivit cet engagement comme un « coup de foudre ». Il allait y militer avec ardeur pendant sept ans, comme beaucoup des élèves de la Rue d’Ulm. Il se lia alors avec Pierre Juquin, François Furet, Michel Crouzet. Il rompit avec le PCF en 1956 après la publication du rapport Khrouchtchev et l’annonce de l’intervention soviétique en Hongrie. La rupture devait être durable et il chercha ensuite pendant quelque temps sa voie à la « deuxième gauche » et il devint même un bref moment secrétaire de la section PSU de Montpellier. Il subit un attentat de l’OAS Métro à son domicile pour ses prises de position en faveur de l’indépendance de l’Algérie.

Il se consacra ensuite surtout à sa carrière d’historien. Après Normale Sup et l’agrégation d’histoire, il enseigna à la faculté de Montpellier, puis à l’Ecole des hautes études. Il fut nommé au Collège de France en 1973 à la chaire d’histoire de civilisation moderne. Son parcours sans faute s’explique par son respect scrupuleux de la « nouvelle histoire » et de l’Ecole des Annales, alors fort en vogue. S’appuyant sur la notion braudélienne de « longue durée », Le Roy Ladurie expliquait dans Le Territoire de l’Historien : « La révolution quantitative a totalement transformé, dans notre pays, le métier d’historien ».
« L’histoire s’immobilise », déclare-t-il dans sa leçon inaugurale au Collège de France. Désigné pour succéder à Fernand Braudel à la direction des Annales, Le Roy Ladurie devient le chef de file de cette Ecole au moment même où le prestige de cette dernière va en s’affaiblissant au fil du temps, à mesure que des historiens grand public, comme Alain Decaux, vont attaquer ses effets délétères sur l’enseignement de l’histoire. L’erreur des agents du ministère, à laquelle Le Roy Ladurie semble étranger, fut d’avoir voulu étendre une discipline universitaire à l’enseignement secondaire.

Avec le relatif désintérêt pour l’histoire quantitative dès la fin des années 1980, Le Roy Ladurie va s’intéresser au quotidien, à la vie des individus, au climat dont il deviendra un historien scrupuleux. Il sera aussi chroniqueur au Figaro Littéraire pendant de nombreuses années.

Par l’abondance de ses travaux et sa participation à de nombreuses œuvres collectives, Emmanuel Le Roy Ladurie a lancé de nouvelles pistes, dont toutes ne furent pas suivies par le public, notamment L’Histoire du climat depuis l’an mil (1967), Le Territoire de l’historien (2 vol. 1973-1978), Le Carnaval de Romans (1979), L’Argent, l’amour, la mort en pays d’oc (1980), Le Siècle des Platter 1499-1628 (trois tomes jusqu’en 2006, Fayard). Il a aussi été historien du politique pour la période moderne dans L’Ancien Régime, 1610-1770 (1991). Il a publié en 2001 une Histoire de France des régions. Il a également occupé les fonctions d’administrateur de la Bibliothèque nationale de 1987 à 1994 et est membre de l’Académie des sciences morales et politiques. L’un de ses derniers ouvrages, résumant l’histoire des Paysans français d’Ancien Régime (2015), se voulait plus accessible au grand public. Durant toutes ces années, Emmanuel Le Roy Ladurie dit être resté marxiste sur le plan méthodologique.

Nous saluons sa mémoire.

pour la GRS
Alain Fabre-Pujol

Un peu de glyphosate sur votre camembert industriel ?

Le mandat du parlement européen s’achève et il faut croire que le conseil et la commission européenne ont décidé de faire passer les pires décisions et compromissions au dernier moment.

On a suivi l’idée absurde de vouloir supprimer les boites de camembert en bois, belle diversion pour faire oublier que la commission a défendu la prolongation pour 10 ans du glyphosate. Dans le même élan, il faudrait en plus soutenir un traité de libre-échange délirant avec la Nouvelle Zélande pénalisant l’Agriculture européenne et générant des millions de tonnes de CO2.

Dans ce concours de la plus mauvaise idée de la législature, le gouvernement français n’a pas brillé : cacophonie, injonctions contradictoires, dénoncer le lendemain les mauvais coups qu’on a avalisés ou laissés passer la veille… ces pratiques gouvernementales ne sont certes pas neuves, tous les gouvernements français ont déjà joué du « c’est pas moi c’est Bruxelles » pour se dédouaner des décisions qu’ils soutenaient. Mais plus que jamais l’exécutif français ressemble aujourd’hui sur ces sujets comme sur bien d’autres à un canard sans tête.

Depuis 10 ans, Emmanuel Maurel défend au nom de la Gauche Républicaine et Socialiste au sein du Parlement européen une ligne offensive et cohérente qui devrait inspirer la position française dans la manière de restaurer la place de notre pays dans une construction européenne qui est de plus en plus un champ de concurrence débridée. Il est temps de travailler à envoyer à ses côtés d’autres député(e)s européen(ne)s sur le même modèle à Strasbourg et Bruxelles.

Embuscade, fractures ou alternative crédible ?

La tragédie qui se déroule au Proche-Orient depuis les attaques du 7 octobre et les représailles à Gaza n’en finit plus.

En France, la tentative par certains d’importer le conflit accroît les fractures dans notre société et crée une rupture à gauche (qui, pendant ce temps, ne parle plus des problèmes de nos concitoyens).

Jusque dans la protestation unitaire nationale contre la montée en flèche de l’antisémitisme, l’extrême-gauche et une partie de LFI ont estimé qu’il fallait cliver, sans comprendre que cela banaliserait et respectabiliserait le Rassemblement National.

En embuscade, l’extrême-droite engrange patiemment sur les décombres de la gauche et la politique antisociale du bloc macroniste. Sa « réforme du RSA » et sa tentative de limiter l’utilisation des tickets restaurants (heureusement tuée dans l’œuf par l’indignation publique) sont du pire effet alors que la pauvreté ne cesse d’augmenter. Le tout sur fond d’une autre banalisation : celle de l’usage systématique du 49-3 et du bâillonnement du Parlement.
Pour sa part la droite opte pour la… droitisation jusqu’à la caricature. Tous les clichés y passent. Aide Médicale d’Etat = tourisme médical; allocations familiales = assistanat des délinquants; droit du sol = liquidation de notre « identité chrétienne ». Ses pathétiques gesticulations ne tromperont personne, à part peut-être quelques sénateurs.
Alors même que le sujet de l’immigration mérite un débat national apaisé, Marine Le Pen n’a rien à faire et peut se contenter d’observer la séquence en engrangeant pour la suite.

À gauche, il faudra bien trouver les voies et moyens de construire non pas une simple alternance, mais bien une alternative crédible pour la cohésion nationale et la justice sociale. Sans quoi nous disparaîtrons dans l’oubli des Français, lassés par nos inconséquences et nos vociférations.

LE 12 NOVEMBRE 2023, POUR LA REPUBLIQUE ET CONTRE LA HAINE ANTISEMITE ET RACISTE

L’abomination antisémite, nourrie de préjugés ancestraux et de haines modernes, surgit à nouveau dans de nombreux pays du monde, dont la France.

Notre histoire est marquée au fer rouge par l’antisémitisme, de l’époque médiévale jusqu’à la période contemporaine. À la fin du XIXe siècle, l’affaire Dreyfus faisait vaciller la République. Au milieu du XXème, l’extrême-droite au pouvoir à Vichy piétinait nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, et culminait dans l’infamie de la rafle du Vélodrome d’Hiver, dernière étape avant la Shoah.

À ces pages terribles de notre passé s’ajoutent des tragédies récentes. L’assassinat d’Ilan Halimi en 2006, la tuerie de l’école Ozar Hatorah en 2012, l’attentat de l’Hyper Cacher en 2015, les meurtres de Sarah Halimi en 2017 et de Mireille Knoll en 2018 montrent que la bête immonde n’a jamais été complètement éradiquée.

Ces événements constituent les symptômes d’un mal persistant qui blesse notre conscience collective, universaliste et républicaine. Chaque nom, chaque vie brisée nous rappellent que la lutte contre l’antisémitisme est un combat indispensable à la préservation de notre cohésion nationale.

Face à la vague d’actes antisémites qui déferlent aujourd’hui sur notre pays, nous proclamons que les Français juifs ne sauraient être tenus pour responsables de la politique d’aucun gouvernement. Laisser se propager un tel amalgame serait indigne et aurait des conséquences désastreuses.

Nous appelons tous les Français à exprimer leur rejet du poison antisémite et leur solidarité pour nos compatriotes de confession juive, qui vivent dans l’angoisse et dans l’insécurité à mesure que s’aggrave la situation au Proche-Orient.

Le Président du Sénat, Gérard Larcher, et la Présidente de l’Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet, ont appelé l’ensemble des Français à participer à des rassemblement à Paris et partout en France, dimanche 12 novembre 2023, pour la défense de la République et contre l’Antisémitisme. Nous y participerons, et nous nous joignons à cet appel, pour dire non à l’antisémitisme, non aux racismes et aux discriminations de toutes sortes. Nous le ferons non seulement parce que c’est notre devoir moral, mais aussi parce que c’est l’essence même de notre pacte républicain.

Nous regrettons que le Rassemblement National, héritier direct du Front National, tente de manipuler cette mobilisation pour se refaire une virginité morale, mais nous considérons que le sujet est trop grave pour refuser de participer à cette marche de concorde nationale.

Ensemble, montrons que l’humanité est plus forte que la barbarie ! Montrons que la France porte la voix de la justice et de la paix, et que la seule communauté que nous reconnaissons tous, c’est celle de la République !

Le 4 novembre, faisons entendre le camp de la Paix !

Le 7 octobre dernier, le Hamas a déclenché plusieurs attaques terroristes contre des civils israéliens pour l’unique raison qu’ils étaient juifs. Cette organisation islamiste s’est ainsi rendue coupable d’actes de barbarie et de crimes contre l’humanité qui illustrent parfaitement son projet politique.
 
Le but du Hamas n’est pas la libération de la Palestine mais l’instauration d’un régime totalitaire qu’ils appliquent déjà dans la bande de Gaza. Ses dirigeants ne recherchent pas la Paix et la coexistence des peuples palestinien et israélien mais la destruction d’Israël et des Juifs, assumant, dans leurs harangues depuis leurs QG au Qatar ou à Téhéran, de faire autant de « martyrs » que nécessaire parmi les Palestiniens.
 
La riposte de Netanyahu et de ses alliés d’extrême-droite, sous forme de bombardements indiscriminés et de blocus intégral de la bande de Gaza, n’offre aucune autre perspective que la vengeance aveugle et des milliers de morts, en majorité des femmes et des enfants, ce qui pourrait être caractérisé comme « crimes de guerre » selon les Nations-Unies. Et les vrais coupables ne sont pas dehors, mais bien à l’abri dans leurs tunnels – interdits d’accès aux civils. Nous n’oublions pas non plus la violence déchaînée par les colons israéliens sur les Palestiniens de Cisjordanie, qui ont fait plus de 130 morts. De telles méthodes sont incompatibles avec le droit légitime d’Israël de se défendre.
 
Netanyahu a choisi de se débarrasser des Palestiniens. Il a accéléré la colonisation et préparé l’annexion de la Cisjordanie en misant sur le Hamas et en ruinant ce qui restait de la crédibilité de l’Autorité palestinienne. Il a mis en péril la démocratie israélienne par ses projets de réforme contre l’état de droit. Il a même ignoré les alertes de ses services sur l’imminence d’une attaque : après avoir divisé son propre peuple, il a lamentablement échoué à le protéger. Avec ses alliés suprémacistes, racistes et messianistes, il porte une très lourde responsabilité dans l’enchaînement d’horreurs et de violences que connaît la région.
 
La Gauche Républicaine et Socialiste soutient la position historique de la France : la fin de l’occupation et de la colonisation et une solution à deux États vivant en paix et en sécurité, dans le respect des résolutions de l’ONU. Comme d’autres organisations de gauche, elle appelle le Gouvernement français à remettre au plus vite cet agenda politique à l’ordre du jour.
 
Les bombardements sur les civils doivent cesser et les otages doivent être libérés sans condition. Nous devons renforcer la position des partisans de la Paix en Israël et en Palestine. Le processus conduisant à une solution politique passera nécessairement par la défaite des ennemis de la Paix : le Hamas et l’extrême droite religieuse israélienne, deux faces d’une même déchéance.
 
La Gauche Républicaine et Socialiste appelle enfin à agir contre l’importation du conflit dans notre pays. La parole et les actes antisémites se libèrent et nous ne le tolèrerons jamais. Il en va de notre cohésion nationale. Les pouvoirs publics doivent en prendre la mesure afin que les propagateurs de haine soient arrêtés et punis avec la plus grande sévérité.
 
La GRS appelle à l’arrêt des opérations militaires qui tuent les populations civiles, à la libération sans condition des otages, à la relance du processus de Paix et la recherche d’une solution politique à deux États. Elle participera, sur ces seuls fondements, aux rassemblements qui seront organisés le samedi 4 novembre 2023 en France.

Israël – Palestine : assez de la guerre, assez des massacres !

Au moment où le président de la République est en Israël et en Palestine, où les morts se comptent par milliers depuis les attaques terroristes du 7 octobre, le risque d’embrasement général est extrême. Dans ce terrible contexte, la France doit plus que jamais continuer de défendre sa position historique : la sécurité pour les Israéliens et un État pour les Palestiniens.

Le Président doit d’abord renouveler notre soutien au peuple israélien qui a connu l’innommable, subissant des massacres d’une inhumanité absolue et demeurant dans l’angoisse sur le sort de centaines d’otages. Les choses doivent être clairement dites et notre condamnation des atrocités du Hamas ne doit souffrir aucune nuance.

Nos pensées et notre compassion vont naturellement en direction des victimes, particulièrement nos 30 compatriotes qui ont perdu la vie, de leur famille durement éprouvée et de leurs proches. La libération de tous les otages est notre priorité. La France s’honore de ne jamais lâcher ses ressortissants.

S’il faut évidemment être impitoyable à l’encontre des terroristes, notre tâche est aussi d’exiger que les populations civiles de Gaza cessent d’être la cible collatérale des représailles. Le droit de la guerre doit être respecté, ce qui suppose en premier lieu de lever le blocus et de laisser passer toute l’aide humanitaire nécessaire. Le bilan s’aggrave de jour en jour et n’épargne personne : enfants, femmes, personnes âgées. Et n’oublions pas que nous avons des compatriotes à Gaza. Comme tous ceux qui sont pris au piège là-bas, leurs conditions de vie insupportables nécessitent une action rapide et résolue pour que cesse leur tragédie. Une vie humaine a la même valeur en Israël et à Gaza !

Il n’existe pas de responsabilité, ni de punition collectives : le peuple palestinien n’est pas le Hamas ! Les Gazaouis vivent depuis 17 ans sous la coupe réglée de ces fanatiques, qui ne reculent devant rien pour faire taire toute voix différente et toute opposition. Pour le Hamas, tout est bon pour détruire Israël, éradiquer les Juifs et instaurer la Charia, y compris utiliser sa propre population comme bouclier humain.

En accord avec la position de l’ONU exprimée par la voix de son Secrétaire général, la France doit en appeler au respect du droit international et donc à l’arrêt des bombardements indiscriminés. Avec l’ONU, elle peut créer les conditions pour qu’une trêve et un « cessez-le-feu humanitaire » soient instaurés. Gaza a besoin d’au moins 100 camions de vivres, de médicaments et de carburant (notamment pour alimenter les groupes électrogènes des hôpitaux) par jour. Malgré les efforts diplomatiques, nous en sommes encore très loin, alors que les souffrances ne vont qu’en empirant. La France doit peser de tout son poids pour que les missions humanitaires soient pleinement accomplies. Il est à cet égard extrêmement regrettable qu’Emmanuel Macron n’ait pas soulevé ce point lors de sa conférence de presse commune avec Benjamin Netanyahu. Doit-on cette abstention à l’influence du Président américain, qui de manière incompréhensible, rejette cette idée pourtant élémentaire ? La France ne saurait rester alignée sur une telle position. Elle doit non seulement clarifier sa parole, mais aussi prendre les initiatives qu’elle estime justes et nécessaires pour parvenir à la paix, en toute indépendance des États-Unis. L’expérience prouve en effet que les méthodes de Washington sont infiniment loin d’avoir contribué à l’apaisement dans le Proche et le Moyen-Orient.

Il faudra reprendre au plus vite les négociations en vue d’une issue pacifique au conflit israélo-palestinien. Cela sera l’occasion pour la France et l’Union européenne de rappeler qu’il n’y a pas d’alternative à la solution à deux États et l’arrêt immédiat de la colonisation ! Gardons à l’esprit la résolution votée par le Parlement français en 2014, qui reconnaissait la Palestine et que Netanyahu avait violemment rejetée. Tous ceux qui pensent comme lui, et particulièrement ses alliés racistes, suprémacistes et messianistes à la Knesset, ont lamentablement échoué. Leur politique de colonisation et d’annexion de la Cisjordanie et d’humiliation permanente des Palestiniens est un désastre intégral, pour la Paix et la survie de la démocratie, reconnu par les Israéliens eux-mêmes. Il faut retrouver la voie pour une paix durable et la France doit y prendre toute sa place !

Enfin la France doit se mettre à l’avant-garde de la lutte contre l’antisémitisme qui progresse de façon alarmante chez elle et dans toutes les démocraties libérales. Chacun de nous doit y prendre sa part, car il en va de notre modèle républicain. Pour ce faire, nous comptons sur le Gouvernement pour appliquer sans trembler les lois antiracistes et redoubler d’efforts pour éduquer la jeunesse et sensibiliser l’opinion publique, afin de combattre partout l’esprit de haine qui aveugle et rend impossible la Paix.

Qu’est ce qu’on attend !

Depuis ce 7 octobre où nous étions réunis pour nos UGR à Rochefort pour réfléchir avec d’autres la gauche nécessaire pour gagner et changer la vie des gens, l’actualité a mis en sourdine les problèmes légitimes des Français et les solutions pour y remédier (inflationprix de l’énergie, crise du logement, salaires, crise écologique, …)

Le séisme provoqué par l’attaque terroriste du Hamas à l’encontre de la population d’Israël a atteint une grande partie du monde, et ses répliques continuent de nous impacter.

C’est dans ce climat que Dominique Bernard tombe à son tour sous les coups du terrorisme islamiste. À seulement 3 jours des commémorations de l’attentat contre Samuel Patty, l’école et à travers elle, la nation et la République, étaient de nouveau ensanglantées.

Juste à côté, ce lundi 16 octobre, à Bruxelles, c’est le bruit des balles qui nous rappelle que l’islamisme radical nous mène une guerre, tandis que le Haut-Karabagh subit une véritable épuration ethnique par l’Azerbaïdjan dans un silence assourdissant.

Alors il est vraiment temps de reprendre le chemin qui mène à l’espoir. Et il est temps de sortir de l’hystérisation permanente du débat public.

Nous avons besoin de nous retrouver et de travailler sereinement à un programme commun. C’est ce que commencent enfin à dire un certain nombre d’acteurs de gauche, c’est ce que nous proposons depuis le début.

Alors, qu’est-ce qu’on attend !

Résolution commune au parlement européen

Le Parlement européen condamne les attaques terroristes du Hamas et appelle au respect du droit international humanitaire

J’ai voté en faveur de la résolution commune du Parlement européen « sur les attaques terroristes odieuses du Hamas contre Israël, le droit d’Israël de se défendre conformément au droit humanitaire et international et la situation humanitaire à Gaza ».

Ce texte important condamne avec la plus grande fermeté les attentats et les meurtres abjects commis par le Hamas contre Israël et son peuple. Car ce n’est pas un acte de «résistance» qu’a commis le Hamas mais un acte de barbarie, un pogrom en terre d’Israël.

Cette résolution affirme en outre, et à raison, que le Hamas ne représente pas la population palestinienne qui subit depuis 2006 à Gaza sa dictature et sa répression féroces. Meilleur ennemi des Palestiniens, le Hamas prône la haine des Juifs et la destruction d’Israël, empêchant ainsi toute possibilité de progresser vers une solution négociée.

Ce texte rappelle enfin que chacune des parties doit respecter le droit international humanitaire. Dans cette guerre, la grande majorité des victimes sont des civils, des enfants et des personnes âgées. Elles se comptent déjà en milliers. Pris au piège par le blocus, les Gazaouis subissent la mort et la destruction des bombardements de représailles. Il faut d’urgence instaurer l’arrêt des combats et laisser passer la nourriture et les médicaments à la frontière égyptienne.

Les partisans de la paix et de la solution à deux États semblent aujourd’hui bien isolés. Palestiniens et Israéliens ont le droit à la sécurité et à la paix. Le rôle de la gauche est de porter cette voix.

Emmanuel MAUREL
Député européen
Co-fondateur de la Gauche Républicaine et Socialiste

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