Conditions de travail des forces de l’ordre : le Gouvernement mis devant ses responsabilités

Les députés Christophe Naegelen (UDI-Agir) et Jean-Michel Fauvergue (LREM) ont remis leur rapport pour la commission d’enquête sur les missions et les moyens des forces de l’ordre. Leur constat est accablant.

Ancien patron du RAID, Jean-Michel Fauvergue annonce dès l’avant-propos : “Au fil des années, j’ai vu la situation des forces de sécurité se dégrader, leur efficacité diminuer, à l’image de leur présence sur la voie publique. Nombreux sont ceux qui parmi les femmes et les hommes qui servent dans la police ou la gendarmerie travaillent dans des conditions déplorables, générées notamment par la vétusté des bâtiments et un manque de moyens logistiques et techniques.”

La situation s’est dégradée depuis 2015 et le surcroît de mobilisation des forces de l’ordre dans le cadre de la lutte contre le terrorisme avec une augmentation du nombre d’heures supplémentaires. Résultat, en 2017, le nombre d’heures supplémentaires non indemnisées s’élevait à 22 millions d’heures, un record !

Nos forces de l’ordre, à l’instar de tous les fonctionnaires, sont également soumises au gel du point d’indice depuis trop longtemps : leur salaire stagne et leur pouvoir d’achat s’étiole. 

Comment ne pas faire le lien entre dégradation des conditions de travail et augmentation du nombre de suicides parmi les agents ? 35 policiers et 33 gendarmes en 2018, un scandale politique !

La création de la commission d’enquête parlementaire témoigne d’une prise de conscience et d’un consensus transpartisan sur ce sujet. Interrogé à l’Assemblée nationale le 21 juin dernier, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, déclarait pourtant au sujet des revendications des syndicats concernant les heures supplémentaires : “Non, je ne leur dois rien.” Nos forces de l’ordre méritent mieux que le mépris de leur ministre de tutelle ! Il est de son devoir de garantir la sécurité des Français, et le bon fonctionnement des services dépendant de son ministère. Au-delà de sa personne c’est l’Etat qui doit à nos policiers et à nos gendarmes des conditions de travail décentes.

La Gauche Républicaine et Socialiste souhaite que le rapport de Messieurs les députés Christophe Naegelen et Jean-Michel Fauvergue permette une prise de conscience salutaire de l’état de délabrement dans lequel certaines administrations, dont la police et la gendarmerie, ont été peu à peu abandonnées ces dernières années. Nous apportons notre soutien aux légitimes revendications des agents des forces de l’ordre concernant leurs rémunérations et leurs conditions de travail.

Ce rapport parlementaire ne doit pas rester lettre morte, et le Gouvernement, le Ministre de l’Intérieur en premier, doivent agir pour remédier à cette situation. Plus d’actions concrètes et moins de paroles, notre République en sortirait renforcée.

La finance fait sa loi chez Sanofi, avec la complicité de l’État

Communiqué de presse de la Gauche Républicaine & Socialiste – pôle thématique Entreprises

Pour le gouvernement, l’augmentation des marges des entreprises est une priorité, et les profits d’aujourd’hui seraient les investissements de demain et les emplois d’après demain. L’évolution de l’emploi en France et chez SANOFI depuis 10 ans nous prouve le contraire.

 

Le discours officiel de SANOFI – fleuron français de l’industrie de la santé patiemment construit – sur le bien-être des patients est démenti par une stratégie purement financière. Ce groupe ne rencontre aucune difficulté justifiant de fermer des usines, de se séparer de savoirs-faire, de ne plus croire à la puissance publique et de battre pavillon étranger. SANOFI est l’entreprise la plus rentable du CAC40 avec 8,4 Mds€ de bénéfices. Sa structure financière est saine : on table sur un retour de la croissance du taux de marge opérationnelle dès 2020 ; la diversité accrue des activités promet une forte croissance des ventes (acquisition de Bioverativ et Ablynx, progression en immunologie) ; la résistance des produits historiques devrait dégager environ 4,6 Mds€ en 2023.

 

 

Nous assistons pourtant à une stratégie de désinvestissement des sites français (production, R&D, chimie) au profit de l’étranger sans réaction des ministères du travail et de l’économie. La puissance industrielle de nos sites est captée par une stratégie financière à courte vue qui reflète une défaillance des politiques publiques d’investissement dans une industrie forte sur nos territoires. Or SANOFI a largement profité du crédit impôt recherche, détourné aujourd’hui pour financer l’externalisation de la recherche et des emplois à l’étranger ! De 6 800 personnes en 2008 en France, le groupe est passé à 3 800 personnes. Pour 2019, la suppression de 1 500 postes est programmée… pour « s’adapter » aux évolutions du secteur pharmaceutique : recentrage de la R&D sur des pathologies plus porteuses en marges financières ; productions pharmaceutique et chimique jugées moins rentables ; fin programmée de la recherche en cardiologie ; réduction des investissements sur le diabète qui ne serait plus rentable à court terme. Le long terme est sacrifié !

 

 

L’usine de Mourenx est menacée de fermeture pour cause de non respect des normes environnementales. La solution annoncée est un projet de délocalisation de la production en Inde ! Ces entreprises non européennes, aux standards de qualité bien inférieurs, se sont vues refuser l’accès à l’Europe de nombreux lots de produits non conformes. Cela implique des ruptures d’approvisionnements pour les hôpitaux et pharmacies. Le gouvernement veut croire en une stratégie sans coûts excessifs pour la collectivité, éludant les coûts sociaux et sanitaires.

 

 

SANOFI a enfin décidé d’user à plein de la Rupture Conventionnelle Collective, prévue par les ordonnances Macron-Pénicaud, pour accélérer ses transferts d’activités dans des pays à bas coûts, aux politiques sociales décriées par les institutions internationales (Roumanie, Hongrie, Chine…).

 

La Gauche Républicaine & Socialiste demande au gouvernement d’intervenir pour redéfinir avec les dirigeants de SANOFI et les salariés une stratégie de long terme privilégiant la conversation de l’emploi, des sites de production et des savoirs-faire industriels en France. Le groupe en a largement les capacités ; c’est aussi un enjeu industriel et de santé publique essentiel. La Santé n’est pas un produit comme un autre, elle doit passer avant la finance.

Suppressions de postes à Sanofi : L’entreprise va bien, notre politique industrielle non

Par le pôle entreprise de la GRS
 

Le gouvernement ne cesse de nous expliquer que l’augmentation des marges des entreprises est une priorité. Les profits d’aujourd’hui seraient les investissements de demain et les emplois d’après-demain. L’évolution de l’emploi en France chez Sanofi depuis 10 ans nous prouve une nouvelle fois le contraire.

 

 

Ainsi, la presse a annoncé ces derniers jours le départ anticipé (1 an et demi avant la fin de son mandat) de son directeur général. Le groupe a annoncé, vendredi 7 juin, le remplacement d’Olivier Brandicourt, qui occupe le poste depuis 2015, par le britannique Paul Hudson, l’actuel patron de la division pharmaceutique du suisse Novartis. La passation de pouvoirs se fera le 1er septembre.

 

Pour 2019, la suppression de 1 500 postes est déjà programmée… au motif de l’adaptation aux évolutions du secteur pharmaceutique : digitalisation des fonctions support, recentrage de la recherche et développement sur des pathologies plus porteuses (en marges financières), productions pharmaceutique et chimique jugées moins rentables… Les motifs avancés par la direction sont si larges que les salariés sont légitimes à s’attendre au pire, instruits par l’expérience. 

 

Le groupe Sanofi a saisi les opportunités offertes par le dispositif de Rupture Conventionnelle Collective depuis les ordonnances Macron-Pénicaud pour accélérer ses transferts d’activités dans des pays à bas coûts et dont les politiques sociales sont décriées par les instances internationales, comme la Roumanie, la Hongrie ou la Chine… Aujourd’hui les services paie des salariés du groupe sont gérés dans les pays de l’Est ! La stratégie du nouveau patron de la R&D du groupe est clairement de réorienter la recherche et regarnir le pipeline de produits en développement…à l’étranger. SANOFI a également décidé de mettre un terme à sa recherche en cardiologie, de réduire son investissement sur le diabète qui ne serait plus rentable à court terme (5ans). Le groupe veut en revanche se focaliser de nouveau sur l’oncologie aux États-Unis d’Amérique, après avoir réduit drastiquement l’investissement en R&D ces dernières années …en France. Quant aux suppressions de postes prévues aux affaires réglementaires et à la pharmacovigilance, elles traduisent l’externalisation croissante de ces activités à l’étranger jugées à faible valeur ajoutée, combinées à l’effet de la numérisation.

 

Or SANOFI est un fleuron français de l’industrie de la santé patiemment construit. On voit de moins en moins traduit en actes le discours officiel de la société sur le bien-être des patients au profit d’une stratégie purement financière : le groupe serait-il à ce point en difficulté qu’il lui faudrait vendre ses usines, se séparer de son savoir-faire, ne plus croire à la puissance publique et de battre pavillon étranger ?

 

Un cabinet d’expertise, Secafi, spécialisé dans l’activité des laboratoires pharmaceutiques a fait le constat suivant sur la stratégie et l’emploi du groupe. En 2018, la dette financière nette de Sanofi a triplé pour atteindre 17,6 Mds €. Malgré tout, la structure financière du groupe reste saine : si l’intégralité de la trésorerie d’exploitation (environ 7 Mds €) était utilisée pour rembourser la dette, Sanofi serait totalement désendetté en 2 ans et 6 mois. Les analystes tablent sur un retour de la croissance du taux de marge opérationnelle dès 2020. La diversité accrue des activités du groupe laisse par ailleurs présager une forte croissance des ventes de la société (acquisition de Bioverativ et Ablynx, progression en immunologie, etc.). La résistance des produits historiques,  malgré la concurrence des biosimilaires / génériques, Lantus, Plavix et Lovenox, devraient dégager environ 4,6 Mds€ de ventes en 2023.

 

Nous assistons donc à une stratégie de recentrage au profit d’une politique de désinvestissement des sites français (production, R&D, chimie). Le spectre du mal d’Alcatel, d’Alstom, de General Electric, de Ford France, est bel et bien là. Or la performance des sites industriels français permet de dégager des excédents de trésoreries ; mais cette puissance industrielle ne bénéficie pas des fruits de ses efforts, elle est confisquée par la stratégie financière à courte vue et reflète une défaillance des politiques publics d’investissement dans une industrie forte sur nos territoires. Sanofi a largement profité du crédit impôt recherche qui finance aujourd’hui une politique d’externalisation de la recherche à l’étranger ! Dans ce secteur, nous sommes passés de 6 800 personnes en 2008 Sanofi est passé à 3 800 personnes en France. Et la spirale continue ; la France voit son pôle d’expertise R&D vidé progressivement et partir sur l’étranger sans réaction du ministère du travail et des Finances.

 

En février 2012, l’entreprise affichait un profit net consolidé de 5,7 milliards d’euros et un profit net de ses activités de 8,8 milliards d’euros. Elle s’inquiétait pourtant de la fin de certains brevets, et justifiait ainsi des suppressions d’emplois. De nombreux sites français furent touché par des mouvements sociaux pour s’opposer aux licenciements dans les années qui suivirent ; les démonstrations timides de soutien de la majorité parlementaire.

 

Sept ans après, Sanofi est l’entreprise la plus rentable du CAC40 avec 8,4 milliards de bénéfices. Elle continue de limiter les investissements sur son outil industriel français, ayant des conséquences graves sur la collectivité, l’usine de Mourenx (Pau) est menacée de fermeture pour cause de non respects aux normes environnementales. La solution apportée par le groupe est un projet de délocalisation de sa production auprès d’un prestataire basé en Inde ! La conséquence en sera un risque qualité accru des principes actifs. Ces entreprises non européennes, aux standards bien inférieurs de qualité, se sont vu refuser l’accès à l’Europe de nombreux lots de produits non conformes. Couplé aux stratégies financières, elles engendrent des ruptures d’approvisionnements dans les hôpitaux et pharmacie.

 

Le gouvernement est rassuré : il est convenu que Sanofi adapte sa stratégie sans coûts excessifs pour la collectivité… sur le court terme. Sanofi s’engage ainsi dans l’accompagnement de ses collaborateurs impactés par ces licenciements avec la mise en place d’un laboratoire de reconversion professionnelle, le « carreer lab » qui prend le relais de Pôle emploi : accompagner le repositionnement des salariés dans le groupe sur la base de test psychotechniques, entretiens avec les managers. L’objet aussi est de préparer un CV au cas où le nombre de places internes est insuffisant. SANOFI se fabrique une image d’employeur relativement responsable pour masquer les effets désastreux de sa stratégie en matière industrielle et de développement des savoirs faire en France.

 

Les représentants des personnels dans les entités R&D, SAG et Chimie ont cependant multiplié les alertes en direction du gouvernement, dont les réponses ont donné lieu à de pâles copies des communications diffusées auprès des salariés par la société : « l’entreprise a initié un projet de reconversion… ». Un aveu de faiblesse et de fatalisme de la part de la puissance publique.

 

La Gauche Républicaine & Socialiste demande au gouvernement d’intervenir pour redéfinir avec les dirigeants du groupe et les salariés une stratégie de long terme qui privilégie la conversation de l’emploi, des sites de production et des savoirs faire industriels en France. La bonne santé de SANOFI le permet largement et c’est un enjeu industriel et de santé publique essentiel pour notre pays. La Santé n’est pas un produit comme un autre, elle doit passer avant la finance.

 

Conseil de l’Ordre des journalistes : une nouvelle attaque contre le pluralisme

Par Simon Jolles

Le Gouvernement, par la voix du secrétaire d’Etat au numérique, a annoncé souhaiter la création d’un Conseil de l’Ordre des Journalistes. Une telle proposition, si elle venait à se concrétiser, marquerait un nouveau recul dangereux de la liberté d’expression en France. 

Rappelons que la carte de presse ne définit pas un journaliste. L’obtention de la carte de presse est notamment conditionnée au fait de tirer 50% de ses revenus d’activités journalistiques (ce qui de fait amène les jeunes journalistes à exercer leur métier sans carte lors de leurs débuts).

La création d’un conseil de l’ordre des journalistes serait un recul indéniable de la liberté d’expression. Le magazine Marianne a rappelé avec justesse l’opposition formulée par le candidat Macron le 2 mai 2017 à une proposition similaire défendue par Marine Le Pen. Le président actuel s’exprimait en ces termes : 

« Je vois le projet, qui a été ébruité, d’un ordre des journalistes, qui est une pratique intéressante, que je vous recommande, mais moi depuis l’Italie des années 30, je n’avais pas vraiment croisé ça. »

Deux années passées, l’affaire Benalla ébruitée, le Gouvernement aux aguets semble chercher une porte de salut dans un contrôle de la presse. Cette presse qui a eu le mauvais goût de révéler l’affaire Benalla, de démasquer les mensonges de Christophe Castaner sur la prétendue attaque de l’APHP par des gilets jaunes, de relever les imprécisions et les contre-vérités que nous assènent régulièrement des ministres et des membres de la majorité parlementaires.

Nous ne pouvons pas faire confiance à un gouvernement qui ment si régulièrement aux français sur des faits graves pour lutter contre les Fake News. Nous ne pouvons pas faire confiance à ce pouvoir et ses soutiens pour organiser une profession dont la crédibilité repose sur un impératif d’indépendance. 

Un conseil de l’ordre des journalistes poserait plus de questions qu’il n’en résoudrait. Qui serait légitime pour y siéger ? Quel serait le mode de désignation de ses membres ? Quels seraient les contours de ses pouvoirs ? Il est surtout à craindre que ce conseil, s’il venait à voir le jour, tente d’imposer une vision de la presse légitime et « autorisée », ce qui serait bien évidemment contraire à notre tradition politique dans laquelle la caricature, la polémique et parfois l’outrance ont toute leur place. Il est aussi à craindre qu’un tel conseil tente d’infléchir la ligne éditoriale » de certains organes de presse restreignant ainsi l’indépendance de la presse et la liberté d’expression.

Nous dénonçons les pressions de l’exécutif et de ses soutiens contre la liberté d’expression, dont les contours sont déjà clairement définis par les lois sur la presse. Notre justice dispose déjà des moyens législatifs et réglementaires pour lutter contre la calomnie, la diffamation, l’injure, l’incitation à la haine. 

La Gauche Républicaine et Socialiste soutient les journalistes qui exercent leur métier dans le respect de la charte de déontologie de leur profession. Nous appelons les membres de la majorité à se ressaisir, et l’ensemble des républicains à se mobiliser pour la liberté de la presse contre toute forme de pression du pouvoir exécutif.

Élections municipales en Turquie : défaite symbolique pour Erdogan.

Pour la première fois depuis vingt-cinq ans, le Parti républicain du peuple (CHP), kémaliste, allié à cette occasion à la droite laïque du Bon parti (IYI), reprennent des couleurs dans les grandes villes. Lors des élections municipales la coalition a gagné dans la capitale politique Ankara, dans son fief historique d’Izmir et, à nouveau ce dimanche, à Istanbul malgré la remise en cause du premier scrutin par la Haute Commission Electorale suite à une requête du parti islamo-conservateur (AKP) d’Erdogan.

De même pour le Parti démocratique des peuples (HDP), historiquement lié à la cause kurde, qui a réussi à reconquérir des villes, comme Diyarbakir, dans lesquelles le gouvernement avait remplacé les maires élus par des administrateurs nommés par l’Etat.

S’il faut, en tant que social-républicains, se féliciter de ces résultats obtenus dans un contexte difficile pour l’opposition avec un temps de parole durant la campagne très inégalitaire, il est inadéquat de parler de défaite cuisante ou de gifle pour le pouvoir en place comme l’ont fait certains médias. L’AKP et ses alliés recueillent encore 51% des voix au plan national. Il tient la majorité des régions, contrôle assez de districts au sein des deux grandes villes du pays pour en perturber la gestion et reste la principale force politique du pays.

Néanmoins, il s’agit d’une défaite symbolique importante pour le régime et pour Erdogan qui fut maire d’Istanbul. Elle illustre une double déception.

Une déception économique d’abord, la Turquie connait une baisse de sa croissance sans précédent depuis une décennie avec une inflation dépassant les 20% par an et un taux de chômage atteignant les 13,5%. Avec cette crise et la fin de ses bons résultats économiques, l’AKP perd son principal argument face à ses opposants.

Une déception politique ensuite face au tournant encore plus autoritaire que prend le pouvoir depuis l’échec du coup d’Etat de 2016. Erdogan a tout fait durant cette campagne pour nationaliser ces élections locales en multipliant les meetings partout dans le pays. Cette stratégie de l’hyper personnalisation s’est retournée contre lui : la défaite de son ancien premier ministre à Istanbul en est aujourd’hui le point d’orgue.

Quelles conséquences peut-on donc espérer de ces résultats ?

La Turquie sort d’un long cycle électoral. Les prochaines élections ne sont prévues que pour 2023, cela peut laisser le temps à l’opposition de continuer et d’approfondir cette stratégie d’union, le CHP et le Bon Parti s’étant alliés et le HDP n’ayant pas investi de candidat à Istanbul et Ankara.

Si le régime n’arrive pas à résoudre la crise économique qui frappe le pays, ne remet pas en cause la conception d’inspiration néo-ottomane de la nation Turque qui l’isole sur la scène international, et si les partis d’opposition arrivent se mettre d’accord sur la question kurde, une nouvelle ère pourrait s’ouvrir pour une Turquie sociale, républicaine et laïque.

Etats-Unis / Iran : ne pas sous-estimer le risque de guerre

Les bruits de bottes retentissent de plus en plus fort au Moyen Orient : à peine un drone américain avait été abattu par l’armée Iranienne, celui-ci ayant, selon l’État-major Iranien, survolé le territoire sans autorisation, que nous apprenions qu’une attaque américaine contre différentes cibles stratégiques Iraniennes était annulée de la main de Donald Trump. A la place, celui-ci adressait une proposition de négociation, via Oman, aux dirigeants de la République Islamique. Ce matin même, deux jours après l’affaire du drone, l’échec d’une cyberattaque contre leurs réseaux de défense était annoncé par les autorités Iraniennes qui accusent les Américains, tendant un peu plus encore la situation. Donald Trump continue donc de souffler le chaud et le froid sur une région qui n’a plus connu la paix depuis 2003 et l’invasion de l’Irak par les Américains.

Cette stratégie de la carotte (la négociation) et du bâton (la menace d’une guerre) poursuit deux objectifs, national et international. 

Au plan national, il s’agit d’une part de donner un os à ronger aux farouches défenseurs de la guerre préventive dont le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John R. Bolton, est le principal porte-voix. D’autre part, cela offre, si ce n’est un motif de satisfaction, du moins une raison d’espérer aux contempteurs de l’engagement militaire tous azimuts qui militent pour un retrait des troupes américaines de la zone, conformément à la promesse du Président pendant la précédente campagne. Dernier bénéfice politique : installer Donald Trump dans le rôle de chef de guerre, rôle qu’il n’a jusqu’ici pas endossé, face à un Rogue state (« Etat voyou »), adversaire de longue date des États-Unis.

Au plan international, il s’agit d’accentuer la pression sur l’Iran après l’échec de la politique de sanctions qui avaient accompagné le retrait des États-Unis du traité de Vienne (traité dit « P5+1 » sur le nucléaire Iranien). Politique de la « pression maximale » visant à asphyxier l’économie Iranienne pour pousser la population à se révolter et in fine forcer le changement de régime. Cette technique de « siège » économique se révèle jusqu’à présent inefficace, poussant le régime Iranien à radicaliser ses positions anti-américaines alors même que le traité sur le nucléaire Iranien avait eu pour effet d’ouvrir économiquement le pays à l’Occident. Depuis, les entreprises européennes commerçant avec les États-Unis sont interdites de commercer avec l’Iran sous peine de sanctions. Effet de la désormais fameuse autant qu’inacceptable extra-territorialité des lois américaines, nos entreprises Françaises comme Renault et PSA ont dû plier bagage. 

La grande inconnue à l’heure actuelle demeure le rôle que la Russie est, ou non, prête à jouer pour empêcher son principal allié dans la région de se lancer dans un dangereux face-à-face avec les États-Unis.

Le silence des chancelleries occidentales nous alerte sur le degré de vassalisation de l’Europe vis-à-vis des États-Unis : face à un Président qui ne tient pas parole, d’un Etat prompt à déclencher inconsidérément une guerre dans un territoire déjà explosif, nous nous laissons imposer une politique belliqueuse qui nuit à nos intérêts. Nous refusons de remettre en cause notre appartenance à l’OTAN qui nous oblige pourtant à nous aligner sur la politique étrangère américaine. 

La France et plus largement l’Union Européenne doivent se rendre à cette douloureuse évidence : les intérêts américains et les intérêts européens ne sont pas superposables. Nous ne pouvons soutenir par un silence coupable une politique qui compromet le mince espoir d’un retour de la stabilité dans cette région clé, déjà ravagée par presque 20 ans de guerres ininterrompues.

“Libra” de Facebook ou l’hubris dévoilé des GAFAM

Facebook, géant américain de la captation des données numériques et de l’évasion fiscale, premier réseau social sur internet de la planète avec plus de 2 milliards d’utilisateurs déclarés, a présenté le 18 juin sa « crypto-monnaie » Libra. Cette monnaie numérique privé ayant recours à la technologie « block chain » devrait être accessible en ligne en 2020. S’il est permis de douter de la prospérité de ce projet qui recèle ses propres limites économiques et politiques, la multinationale s’attaque cependant à une prérogative exclusive des États et à travers eux à la souveraineté des peuples. Cette concentration accrue de services par les GAFAM témoigne de leur stratégie mondiale visant à installer sur le moyen-long terme des monopoles non seulement sur leurs marchés respectifs, mais aussi et dans nos sociétés.

Cette annonce d’une extension majeure de la captation des données personnelles et financières par la multinationale au pouce bleu intervient malgré l’Affaire Cambridge Analytica (la vente des données personnelles de 80 millions d’usagers Facebook à une entreprise politique) qui a pourtant levé le voile sur les pratiques pour le moins controversées de l’entreprise, s’agissant du respect de la vie privée et de la protection des données personnelles.

Les intérêts de la multinationale sont de plusieurs ordres. Tout d’abord poursuivre et étendre la collecte et l’exploitation de données (notamment économiques) et garantir la pérennité de son business model dans une volonté marchande totalisante assez effrayante. Si Facebook veut nous convaincre que Calibra, sa filiale dédiée aux transactions, assure la garantie de la séparation des données sociales et financières, rien ne permet de le vérifier de façon certaine. Ni d’être assuré que cette politique ne changera pas à l’avenir.

Libra est pensé pour séduire et rendre captif ses utilisateurs, en ciblant d’abord la jeune génération. La promesse de la simplicité des paiements en ligne à l’aide des messageries Messenger et de Facebook agit comme un puissant charme dans une époque où tout doit être rapide, fluide et virtuel. La crypto monnaie de Facebook s’inspirerait de WeChat, une application globale massivement utilisée en Chine qui permet à la fois de commander un billet de train, d’échanger via messagerie ou encore d’effectuer des paiements pour un concert. Lorsque l’on sait quelles utilisations policières sont faites de cette application par le régime chinois à partir des données de ses citoyens, la plus grande méfiance quant au développement d’une telle technologie totalisante à l’ensemble de la planète est autorisée.

 

Il est désormais indispensable que le G7 s’empare de cette question, au-delà des déclarations creuses de Bruno Le Maire. Il est temps que les États et gouvernements européens réagissent à la hauteur du défi posé par Facebook. Une régulation vigoureuse fondée sur un authentique rapport de force doit être proposée au plus vite afin de ne pas laisser s’installer un transfert de souveraineté définitif des peuples à travers leurs États vers les multinationales peu scrupuleuses de la Silicon Valley.

Politique générale : Le Gouvernement maintient le cap … à droite toute !

Devant la représentation nationale Edouard Philippe a livré un discours poussif et technocratique qui, au-delà de l’esbroufe, ne vise qu’à mener à son terme le détricotage des fondamentaux de notre République pour lui préférer le social-libéralisme bon teint à l’anglo-saxonne.

“Justice sociale” ; “écologie” ; “services publics” ; “démocratie”… Les mots utilisés sont malmenés, dévoyés pour servir de paravent à une orientation politique bien ancrée à droite.

Si l’écologie y a tenu une bonne place ce n’est pas tant pour mener une transformation profonde de nos modes de production et de consommation que pour mieux divertir l’immense attente de nos concitoyens et l’urgence écologique par quelques annonces à la marge du système productiviste. Ne rêvons pas, la croyance béate dans l’efficacité du marché, de la libre concurrence et du progrès technique fait partie de l’ADN de ce Gouvernement : la crise écologique n’est pour eux qu’une externalité négative que le marché se chargera de corriger.

Concernant la demande de justice sociale de nos concitoyens : rien n’a été véritablement annoncé et les grands mots ne constituent que de piètres remèdes en ce domaine. Pas sûr que la méthode Coué ne constitue une thérapie efficace, à même de répondre aux attentes des Français.
Après un mouvement social de grande ampleur inédit dans notre histoire récente contre l’injustice fiscale et salariale, l’assurance chômage est fragilisée et les retraites par répartition mises en cause par ce gouvernement. Où est la justice dans l’allongement de la durée de travail ? Le Premier Ministre est resté sourd également aux demandes des personnels hospitaliers alors que ceux-ci tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme dans tout le pays face à la pénurie de moyens.

En lieu et place de la justice fiscale il n’est question que de supprimer les impôts des Français sans penser un seul instant à favoriser un plus grand équilibre selon les facultés contributives en restaurant pour commencer l’impôt de solidarité sur la fortune et en réformant l’impôt sur le revenu.

Par ailleurs les services publics de proximité sont appelés à se renforcer mais avec toujours moins d’agents et de moyens… Tout cela n’est pas sérieux.            

Enfin la réforme constitutionnelle annoncée consacre d’emblée la réduction toujours plus importante du rôle du Parlement et de sa capacité à s’opposer à l’exécutif, comme nous le redoutions. Le déséquilibre entre législateur et exécutif risque de s’accroître davantage, mettant en péril la vie démocratique de notre pays. Et le nouvel acte de décentralisation proposé, aux contours encore flous, mais qui semble s’orienter vers l’exercice d’un droit à la différenciation entre territoires n’est pas pour rassurer les républicains attachés à l’égalité territoriale.

En fin de compte les illusions du “en même temps” se sont dissipés dans l’esprit des Français et le Gouvernement assume désormais ses positions droitières. Et si c’était cela le véritable sens de l’acte 2 du quinquennat ?

Au Parlement, dans nos collectivités et dans la rue nous répondrons avec détermination face aux attaques et à la politique injuste du Président Macron et de son Gouvernement.

 

De l’urgence sociale de la protection de l’enfance

Les agents du service de protection de l’enfance du Bas-Rhin se sont mis en grève au mois de mai.  Ils réclament plus de moyens pour faire face à la hausse du nombre de jeunes qu’ils doivent prendre en charge. En effet le service a vu une augmentation du nombre de mineurs qui leur sont confiés : 130 enfants de plus que l’an passé.

Les travailleurs sociaux du Bas-Rhin ne constituent pas une exception. Le 16 octobre 2018, les travailleurs sociaux de la protection de l’enfance du Nord se mobilisaient également pour dénoncer le manque de moyens, rendant leurs conditions de travail intenables.

La protection de l’enfance mérite des choix politiques ambitieux de la part du Gouvernement. Pourtant en février dernier Adrien Taquet, secrétaire d’État à la protection de l’enfance, indiquait à la presse que le gouvernement ne soutiendrait pas la proposition de loi visant à rendre obligatoire l’accompagnement des jeunes majeurs sortant de l’ASE (aide sociale à l’enfance) jusqu’à 21 ans. Elle avait pourtant été adoptée le 11 juillet 2018 en commission des affaires sociales. Cette décision montre clairement le choix politique fait par le Gouvernement en matière de protection de l’enfance : choix comptable du renoncement. 

Les travailleurs sociaux qui sont en première ligne eux n’en peuvent plus, au-delà de la fatigue, leur responsabilité est pointée du doigt dans des affaires qui ne sont pas de leur ressort. Par exemple lorsqu’un cas de maltraitance est surmédiatisé, ce sont bien souvent les services sociaux qui sont incriminés alors même que leur mission ne s’étend pas au-delà de la prévention / signalement.

L’absence d’un nombre suffisant de places en MECS (maison de l’enfance à caractère social), ni en familles d’accueil constituent l’autre aspect d’un problème à ce jour non traité : les enfants sont bien souvent laissés dans des situations de danger, et les travailleurs sociaux se sentent inefficaces. 

 Face à cette situation de détresse d’enfants en danger et la fatigue de travailleurs sociaux devenus spectateurs de leur impuissance, l’État continue de faire la sourde oreille. La Gauche République et Socialiste demande que d’avantage de moyens soient alloués à la protection de l’enfance, et qu’il soit désormais obligatoire aux juges d’être formés aux questions spécifiques liées à la protection de l’enfance, afin que les signalements des travailleurs sociaux soient d’avantage pris en considération. Sans quoi l’urgence sociale pourrait bien s’aggraver du côté des enfants, comme du côté des professionnels.

 

Le fléau des violences intra-familiales

 France Inter a récemment relayé une étude de l’Inspection générale des affaires sociales (1)  : en ressort un chiffre glaçant : 1 enfant meurt tous les 5 jours sous les coups de ses parents !

Avec les violences domestiques, ce sont en moyenne 72 enfants par an qui décèdent sous les coups de l’un ou de plusieurs parents. Face à cela, on se demande que fait la justice, que font les forces de l’ordre, que font les services sociaux et les associations ? On pourrait répondre qu’ils font « ce qu’ils peuvent ».

En effet, régulièrement, plusieurs services sociaux sont en grève, comme les travailleurs sociaux du Maine et Loire, mobilisés depuis 2 ans suite aux décisions comptables du président du conseil départemental qui les empêchent de mener à bien leur action. En effet l’insuffisance du nombre de travailleurs sociaux, le manque de places en établissement et la difficulté à repérer les maltraitances empêche une intervention rapide et efficace des services de protection de l’enfance.

Associée à la maltraitance infantile, souvent indissociable, la violence conjugale est également un véritable fléau. Ainsi, rappelons que selon Libération (2) qui tient le macabre décompte depuis depuis plusieurs années du nombre de femmes tuées par leur conjoint, il y aurait 62 femmes décédées depuis le 1er janvier dans le cadre de violences conjugales. 

L’intervention des services publics auprès des personnes victimes de violences intrafamiliales est considérable. En effet, ce sont à chaque fois les collectivités territoriales, les services de l’Éducation nationale, de la justice et de l’hôpital qui interviennent auprès de ces personnes

Il est absolument impératif de soutenir tous les services publics qui agissent pour la protection des femmes et des enfants maltraités et qui sont empêchés de mener à bien leur mission, asphyxiés par le manque de moyens humains et financiers.

La vie de nos enfants mérite qu’on lui accorde d’importants de moyens, c’est pourquoi la Gauche Républicaine et Socialiste salue le travail quotidien des agents des services publics et des associations auprès des personnes victimes de violence éducative, intrafamiliale et conjugale.  Néanmoins, nous nous alarmons du manque de moyens et attendons de l’Etat un véritable engagement en renforçant les services plutôt que de supprimer du personnel, et en allouant des budgets plus importants, permettant aux professionnels de travailler dans de bonnes conditions et de mettre des enfants en sécurité. Plus encore que notre modèle social, c’est la conception du rôle de l’Etat qui est ici en jeu, d’un Etat qui agit auprès de ses administrés pour leur protection et ne s’arrête pas à des logiques comptables en coupant systématiquement les budgets de la protections sociale.

(1)  https://www.franceinter.fr/societe/en-france-un-enfant-meurt-tous-les-cinq-jours-sous-les-coups-de-ses-parents

(2)  https://www.liberation.fr/apps/2017/06/220-femmes-tuees-conjointsignorees-societe/

 

 

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.