Boris Johnson premier ministre : un Brexiter à l’épreuve du feu !

Depuis le 24 juillet, le débonnaire et fantasque Boris Johnson est désormais Premier ministre du Royaume-Uni. Le député conservateur a été un ardent promoteur du « vote leave » lors de la campagne du référendum de 2016. Utilisant avec habileté la rhétorique du « take back control » (« reprenez le contrôle ») dans un pays miné par les inégalités sociales et économiques, se tenant bien souvent à la limite de la « fake news »[1], ses détracteurs l’accusent en sus d’être homophobe, raciste et sexiste. Nul hasard s’il a été nommé le candidat « marmite » du nom de cette pâte à tartiner bien anglaise que l’on ne peut qu’adorer … ou détester.

Au-delà de ses frasques Boris Johnson agit depuis 2016 en fin stratège. Après avoir été le plus bruyant des conservateurs sur le thème du « leave », il se déclare hors course pour le poste de Premier ministre à la démission de David Cameron et laisse Theresa May se briser la nuque sur des négociations impossibles avec la Commission et le Conseil Européen. Il n’hésite pas ensuite à dénoncer l’accord trouvé par May, qu’il considère comme une trahison du Brexit, joue de l’« affection » que lui porte Trump pour humilier May lorsque le Président Américain est en visite à Londres, et ne cesse de plaider pour un hard-Brexit, un Brexit sans accord. Cet éternel opposant chez les Tories consolide ses troupes, attend son heure et, avant même la démission de May, son nom est déjà sur toutes les lèvres pour lui succéder. 

Mais voilà que celui que l’on surnomme BoJo, ce pur produit de l’élite Anglaise (diplômé de grec ancien, passé par Eton et Oxford, ancien maire de Londres) fait l’épreuve du feu à peine nommé. Lors du discours suivant sa nomination au poste de Premier ministre, exclusivement dédié au Brexit, il réaffirme sa volonté d’honorer la parole donnée au peuple de respecter le choix des urnes et de sortir de l’UE au 31 octobre, avec ou sans accord. Johnson espère pouvoir rouvrir des négociations avec l’UE en jouant à fond la carte de la sortie « sèche » que Theresa May n’avait jamais fait que brandir comme un joker dans ses discussions avec les 27. Pourtant derrière cette volonté affichée de respecter la souveraineté populaire, trois dangers le guettent : 

·      Les difficultés économiques qu’un hard Brexit ne manquerait pas de provoquer au Royaume-Uni. Si les bourses Européennes ont accueilli sans émotion sa nomination (attendue), la city reste sur le qui-vive et les banques, assurances et fonds d’investissement prêts à délocaliser leurs activités. Par ailleurs le rétablissement des droits de douanes avec les 27 (suivant les règles génériques de l’OMC) impacterait la compétitivité de l’économie Britannique à l’export et renchérirait le coût de ses importations. Une dévaluation compétitive pourrait alors intervenir pour récupérer des marges à l’export. Une période de turbulences économiques s’ouvrirait pour le Royaume.

·      Les velléités indépendantistes Ecossaises qui se trouvent renforcées. Après l’échec cuisant du référendum de 2014 (près de 56% favorable au maintien dans le Royaume), Nicolas Sturgeon, Première ministre d’Ecosse voit dans le risque d’un hard Brexit l’occasion d’imposer un second référendum sur l’indépendance, sur cette terre où le « non » à la sortie de l’UE a recueilli 62% des suffrages en 2016. Boris Johnson, en visite dans les trois autres nations qui composent le Royaume-Uni, a pu mesurer en Ecosse son déficit de popularité : l’Anglais issu de l’establishment Tories a été accueilli par les sifflets et, après son entrevue avec Sturgeon, a dû s’éclipser par une porte dérobée. 

·      Le cas explosif de l’Irlande. Dès les premières discussions en 2016 le cas Irlandais est apparu comme l’épine dans la botte des négociateurs britanniques et européens. Le risque d’un rétablissement de la frontière entre l’Irlande du Nord (Ulster) et l’Irlande (Eire) est de nature à enflammer l’Irlande du nord, ravivant la menace d’un affrontement entre unionistes (majoritairement protestants) et séparatistes (majoritairement catholiques) moins de quinze ans après la dissolution officielle de l’IRA. Un conflit qu’alimenterait la mauvaise entente depuis 2017 entre les responsables politiques du DUP (le parti Unioniste démocrate, loyalistes, favorable au maintien de l’Irlande du Nord au sein du Royaume et favorable au Brexit) mis en cause dans plusieurs affaires de corruption et ceux du Sin Féin (parti républicain, « nationaliste » et de gauche, défavorable au Brexit) qui ont par conséquent fait exploser le gouvernement d’union de la province d’Irlande du Nord. Dernière donnée de cette délicate équation politique : les Tories ont besoin des députés du DUP pour conserver leur majorité à Westminster, compliquant ainsi les arbitrages en Irlande du Nord. L’ombre des « troubles » continue ainsi de planer sur ces négociations tendues.

Le respect de la souveraineté populaire exprimée dans les urnes est la condition de la démocratie, et il faut faire crédit à Boris Johnson d’avoir su le rappeler avec vigueur. Mais le Brexit fait courir un risque économique à toute l’Europe et menace l’unité même du Royaume. Gageons que les dirigeants européens et la Commission Européenne ne souffleront pas sur les braises de l’instabilité comme l’a fait Emmanuel Macron dans les mois précédents le report de la date du Brexit.

Qu’ils soient ou non membres de l’UE, nous sommes liés aux Britanniques par le poids de l’histoire, nous siégeons ensemble au Conseil de sécurité de l’ONU en vertu même de cette histoire. Un affaiblissement du Royaume-Uni ne profiterait à personne ; cessons alors de prétendre les « châtier » pour leur vote, comme le veulent les libéraux prêts à accueillir l’Ecosse pour affaiblir le Royaume. Les Britanniques ont fait le choix de quitter l’Union Européenne et l’on peut s’en désoler, mais ils ne quittent pas l’Europe !

Pour aller plus loin sur les conséquences économiques du Brexit, retrouvez le dossier réalisé par Emmanuel Maurel à ce sujet en cliquant ici


[1] Sur la Turquie par exemple, dont il prétendu durant la campagne que des négociations étaient en cours pour son entrée dans l’UE.

Vente Alstom : une nouvelle plainte d’Anticor pour une affaire d’Etat

L’association Anticor a déposé une plainte contre X pour corruption et détournement de fonds publics. 

Cette plainte contient deux volets. Le premier concerne les accusations de corruption à l’international pour lesquelles Alstom a déjà plaidé coupable. Anticor soulève que les individus ayant mis en place ce système de corruption n’ont pas été poursuivis, visant sans le nommer Patrick Kron, qui dirigeait alors l’entreprise. Le second volet de cette plainte est éminemment politique : pour s’opposer à la session de la branche énergie d’Alstom à General Electrics, Arnaud Montebourg avait obtenu de Bouygues un prêt à l’Etat de 20% des actions du groupe, avec une option d’achat jusqu’au 17 octobre 2017.

Lors de l’annonce de la fusion entre Alstom et Siemens le 26 septembre 2017, Le gouvernement s’est abstenu de faire jouer cette clause d’achat, ce qui a entraîné la perte d’une plus-value estimée entre 350 et 500 millions d’euros. Les actions sont in fine retombées dans l’escarcelle du groupe Bouygues. L’Etat a donc volontairement perdu plusieurs centaines de millions d’euros au profit du groupe.     

Il s’agit là d’un nouveau scandale potentiel concernant la liquidation du groupe Alstom. La responsabilité personnelle d’Emmanuel Macron est déjà engagée dans ce dossier, il faut désormais y ajouter celle de Bruno Le Maire, ministre de l’économie au moment où l’Etat a laissé ces 500 millions d’euros à Bouygues.

Non seulement ceux-ci ont laissé un géant américain prendre le contrôle du fournisseur de nos turbines nucléaires et éoliennes, mais ils ont également été d’une inconséquence ahurissante à propos des finances publiques. Ceux qui défendent l’austérité et la baisse de la dépense publique pour combler les déficits le matin laissent près d’un demi-milliard d’euros sur la table de Bouygues le soir. L’association Anticor y voit le signe de la corruption et souhaite que la lumière soit faite sur ce scandale.

Il s’agit de la seconde plainte pour corruption reliée à l’abandon d’Alstom, après celle déposée par le député Olivier Marleix au mois de janvier 2019. Dans celle-ci, déposée au mois de février il incrimine directement Emmanuel Macron à propos de la session à General Electrics. La Gauche Républicaine et Socialiste souhaite que la lumière soit faite en totalité sur la complexe affaire Alstom et si des faits de corruption sont avérés, que leurs auteurs soient punis.

Retraites à points et « âge pivot » à 64 ans, attention dangers !

Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire du Gouvernement, rendait ce mardi 18 juillet au Premier ministre son rapport. Ce rapport préconise sans surprise une réforme des retraites selon le système à points inspiré des modèles techno-libéraux. Ces propositions remettent en cause la retraite à 62 ans et la sécurité de futurs retraités incapables d’anticiper le montant du point donc le montant de leur retraite. Cette entreprise de démolition d’un système par répartition qui a fait ses preuves trouverait son point d’aboutissement en 2025.

Le Haut-Commissaire agit sur commande et participe à un séquençage bien huilé depuis Matignon et l’Élysée. Objectifs poursuivis par Emmanuel Macron : mettre en scène et en mots une réforme qui veut présenter les dehors de la concertation et la justice sociale afin de mieux imposer une politique régressive socialement au détriment de la majorité des travailleurs.

Un système à points ou le basculement vers une flexibilité brutale sur le dos des retraités

Le rapport gouvernemental préconise de passer d’un système par répartition à prestation définie à un système par cotisation soumise à variation selon la conjoncture économique, politique et démographique. La retraite sera perçue non plus en fonction des meilleures années des revenus d’activité mais de l’ensemble de la carrière des salariés et des fonctionnaires, ce qui constitue un grand bond en arrière pour l’immense majorité des Français. La pension sera liquidée en fonction de points corrélés à l’activité économique, à la pression démographique et au bon vouloir politique. La prestation devient individualisée sans égards pour le métier, la précarité du travail, les aléas de la vie ou la maladie. Les jeunes, qui rencontrent actuellement le plus de difficulté à accéder à un travail stable, seront les premières victimes de cette réforme. Les projections établies par Le COR (Conseil d’Orientation des Retraites) ne laissent d’ailleurs que peu de doutes sur les véritables finalités du système à points si l’on considère les tendances à la baisse de 10 à 30 % des pensions dans les années à venir. 

L’âge pivot, la grande supercherie de cette opération gouvernementale !

L’âge pivot est l’autre nom de l’âge de départ à la retraite qui est repoussé de 62 à 64 ans pour faire travailler plus longtemps l’ensemble des travailleurs. Avec le système de décote avant cet âge pivot directement inspiré par le Président de la République, c’est à une chute toujours plus forte des pensions et à un maintien en activité forcé auquel les français seront soumis avec cette mesure. Ou alors à une baisse encore plus forte des pensions si les entreprises imposent, comme c’est souvent le cas, un départ anticipé. 

Des aménagements sociaux à la marge qui masquent mal l’injustice du projet

Le Gouvernement s’était empressé en 2017 de supprimer la timide réforme instaurant un compte pénibilité pour la retraite des travailleurs ayant exercé des métiers difficiles pour leur santé. Le rapport Delevoye ne fait que confirmer cette suppression et ne prévoit rien de substantiel permettant de prendre en compte la pénibilité. Les mesures sur le minimum vieillesse ou l’égalité homme femme tiennent plus du maquillage que d’un véritable souci d’équilibre si l’on considère l’ampleur des reculs sociaux explosifs contenus dans les préconisations de ce rapport. 

En préconisant un système unique et uniforme ne prenant plus en compte les spécificités de certains métiers, le Gouvernement agit en contradiction avec son attaque contre le régime d’indemnisation, dans lequel l’égalité de traitement en fonction des cotisations a été dogmatiquement exclu afin de réintroduire une dégressivité des indemnités. A chaque réforme sociale, le but du gouvernement est clair : faire des économies et attaquer les fondements solidaires de notre système social.

La Gauche Républicaine et Socialiste défend une autre réforme

La Gauche Républicaine et Socialiste défend une autre réforme fondée sur une plus juste répartition des richesses entre les classes sociales assurant un financement pérenne du système par répartition à prestations définies. Nous proposons de rétablir les cotisations patronales à hauteur des besoins de financement ainsi que la fiscalité sur les stocks options et d’instaurer un nouvel impôt sur les super profits des multinationales. Enfin c’est un véritable débat qui doit s’ouvrir, prenant en compte les revendications et propositions des organisations syndicales.

Nous serons au rendez-vous des mobilisations à venir en septembre !

 

Conditions de travail des forces de l’ordre : le Gouvernement mis devant ses responsabilités

Les députés Christophe Naegelen (UDI-Agir) et Jean-Michel Fauvergue (LREM) ont remis leur rapport pour la commission d’enquête sur les missions et les moyens des forces de l’ordre. Leur constat est accablant.

Ancien patron du RAID, Jean-Michel Fauvergue annonce dès l’avant-propos : “Au fil des années, j’ai vu la situation des forces de sécurité se dégrader, leur efficacité diminuer, à l’image de leur présence sur la voie publique. Nombreux sont ceux qui parmi les femmes et les hommes qui servent dans la police ou la gendarmerie travaillent dans des conditions déplorables, générées notamment par la vétusté des bâtiments et un manque de moyens logistiques et techniques.”

La situation s’est dégradée depuis 2015 et le surcroît de mobilisation des forces de l’ordre dans le cadre de la lutte contre le terrorisme avec une augmentation du nombre d’heures supplémentaires. Résultat, en 2017, le nombre d’heures supplémentaires non indemnisées s’élevait à 22 millions d’heures, un record !

Nos forces de l’ordre, à l’instar de tous les fonctionnaires, sont également soumises au gel du point d’indice depuis trop longtemps : leur salaire stagne et leur pouvoir d’achat s’étiole. 

Comment ne pas faire le lien entre dégradation des conditions de travail et augmentation du nombre de suicides parmi les agents ? 35 policiers et 33 gendarmes en 2018, un scandale politique !

La création de la commission d’enquête parlementaire témoigne d’une prise de conscience et d’un consensus transpartisan sur ce sujet. Interrogé à l’Assemblée nationale le 21 juin dernier, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, déclarait pourtant au sujet des revendications des syndicats concernant les heures supplémentaires : “Non, je ne leur dois rien.” Nos forces de l’ordre méritent mieux que le mépris de leur ministre de tutelle ! Il est de son devoir de garantir la sécurité des Français, et le bon fonctionnement des services dépendant de son ministère. Au-delà de sa personne c’est l’Etat qui doit à nos policiers et à nos gendarmes des conditions de travail décentes.

La Gauche Républicaine et Socialiste souhaite que le rapport de Messieurs les députés Christophe Naegelen et Jean-Michel Fauvergue permette une prise de conscience salutaire de l’état de délabrement dans lequel certaines administrations, dont la police et la gendarmerie, ont été peu à peu abandonnées ces dernières années. Nous apportons notre soutien aux légitimes revendications des agents des forces de l’ordre concernant leurs rémunérations et leurs conditions de travail.

Ce rapport parlementaire ne doit pas rester lettre morte, et le Gouvernement, le Ministre de l’Intérieur en premier, doivent agir pour remédier à cette situation. Plus d’actions concrètes et moins de paroles, notre République en sortirait renforcée.

La finance fait sa loi chez Sanofi, avec la complicité de l’État

Communiqué de presse de la Gauche Républicaine & Socialiste – pôle thématique Entreprises

Pour le gouvernement, l’augmentation des marges des entreprises est une priorité, et les profits d’aujourd’hui seraient les investissements de demain et les emplois d’après demain. L’évolution de l’emploi en France et chez SANOFI depuis 10 ans nous prouve le contraire.

 

Le discours officiel de SANOFI – fleuron français de l’industrie de la santé patiemment construit – sur le bien-être des patients est démenti par une stratégie purement financière. Ce groupe ne rencontre aucune difficulté justifiant de fermer des usines, de se séparer de savoirs-faire, de ne plus croire à la puissance publique et de battre pavillon étranger. SANOFI est l’entreprise la plus rentable du CAC40 avec 8,4 Mds€ de bénéfices. Sa structure financière est saine : on table sur un retour de la croissance du taux de marge opérationnelle dès 2020 ; la diversité accrue des activités promet une forte croissance des ventes (acquisition de Bioverativ et Ablynx, progression en immunologie) ; la résistance des produits historiques devrait dégager environ 4,6 Mds€ en 2023.

 

 

Nous assistons pourtant à une stratégie de désinvestissement des sites français (production, R&D, chimie) au profit de l’étranger sans réaction des ministères du travail et de l’économie. La puissance industrielle de nos sites est captée par une stratégie financière à courte vue qui reflète une défaillance des politiques publiques d’investissement dans une industrie forte sur nos territoires. Or SANOFI a largement profité du crédit impôt recherche, détourné aujourd’hui pour financer l’externalisation de la recherche et des emplois à l’étranger ! De 6 800 personnes en 2008 en France, le groupe est passé à 3 800 personnes. Pour 2019, la suppression de 1 500 postes est programmée… pour « s’adapter » aux évolutions du secteur pharmaceutique : recentrage de la R&D sur des pathologies plus porteuses en marges financières ; productions pharmaceutique et chimique jugées moins rentables ; fin programmée de la recherche en cardiologie ; réduction des investissements sur le diabète qui ne serait plus rentable à court terme. Le long terme est sacrifié !

 

 

L’usine de Mourenx est menacée de fermeture pour cause de non respect des normes environnementales. La solution annoncée est un projet de délocalisation de la production en Inde ! Ces entreprises non européennes, aux standards de qualité bien inférieurs, se sont vues refuser l’accès à l’Europe de nombreux lots de produits non conformes. Cela implique des ruptures d’approvisionnements pour les hôpitaux et pharmacies. Le gouvernement veut croire en une stratégie sans coûts excessifs pour la collectivité, éludant les coûts sociaux et sanitaires.

 

 

SANOFI a enfin décidé d’user à plein de la Rupture Conventionnelle Collective, prévue par les ordonnances Macron-Pénicaud, pour accélérer ses transferts d’activités dans des pays à bas coûts, aux politiques sociales décriées par les institutions internationales (Roumanie, Hongrie, Chine…).

 

La Gauche Républicaine & Socialiste demande au gouvernement d’intervenir pour redéfinir avec les dirigeants de SANOFI et les salariés une stratégie de long terme privilégiant la conversation de l’emploi, des sites de production et des savoirs-faire industriels en France. Le groupe en a largement les capacités ; c’est aussi un enjeu industriel et de santé publique essentiel. La Santé n’est pas un produit comme un autre, elle doit passer avant la finance.

Suppressions de postes à Sanofi : L’entreprise va bien, notre politique industrielle non

Par le pôle entreprise de la GRS
 

Le gouvernement ne cesse de nous expliquer que l’augmentation des marges des entreprises est une priorité. Les profits d’aujourd’hui seraient les investissements de demain et les emplois d’après-demain. L’évolution de l’emploi en France chez Sanofi depuis 10 ans nous prouve une nouvelle fois le contraire.

 

 

Ainsi, la presse a annoncé ces derniers jours le départ anticipé (1 an et demi avant la fin de son mandat) de son directeur général. Le groupe a annoncé, vendredi 7 juin, le remplacement d’Olivier Brandicourt, qui occupe le poste depuis 2015, par le britannique Paul Hudson, l’actuel patron de la division pharmaceutique du suisse Novartis. La passation de pouvoirs se fera le 1er septembre.

 

Pour 2019, la suppression de 1 500 postes est déjà programmée… au motif de l’adaptation aux évolutions du secteur pharmaceutique : digitalisation des fonctions support, recentrage de la recherche et développement sur des pathologies plus porteuses (en marges financières), productions pharmaceutique et chimique jugées moins rentables… Les motifs avancés par la direction sont si larges que les salariés sont légitimes à s’attendre au pire, instruits par l’expérience. 

 

Le groupe Sanofi a saisi les opportunités offertes par le dispositif de Rupture Conventionnelle Collective depuis les ordonnances Macron-Pénicaud pour accélérer ses transferts d’activités dans des pays à bas coûts et dont les politiques sociales sont décriées par les instances internationales, comme la Roumanie, la Hongrie ou la Chine… Aujourd’hui les services paie des salariés du groupe sont gérés dans les pays de l’Est ! La stratégie du nouveau patron de la R&D du groupe est clairement de réorienter la recherche et regarnir le pipeline de produits en développement…à l’étranger. SANOFI a également décidé de mettre un terme à sa recherche en cardiologie, de réduire son investissement sur le diabète qui ne serait plus rentable à court terme (5ans). Le groupe veut en revanche se focaliser de nouveau sur l’oncologie aux États-Unis d’Amérique, après avoir réduit drastiquement l’investissement en R&D ces dernières années …en France. Quant aux suppressions de postes prévues aux affaires réglementaires et à la pharmacovigilance, elles traduisent l’externalisation croissante de ces activités à l’étranger jugées à faible valeur ajoutée, combinées à l’effet de la numérisation.

 

Or SANOFI est un fleuron français de l’industrie de la santé patiemment construit. On voit de moins en moins traduit en actes le discours officiel de la société sur le bien-être des patients au profit d’une stratégie purement financière : le groupe serait-il à ce point en difficulté qu’il lui faudrait vendre ses usines, se séparer de son savoir-faire, ne plus croire à la puissance publique et de battre pavillon étranger ?

 

Un cabinet d’expertise, Secafi, spécialisé dans l’activité des laboratoires pharmaceutiques a fait le constat suivant sur la stratégie et l’emploi du groupe. En 2018, la dette financière nette de Sanofi a triplé pour atteindre 17,6 Mds €. Malgré tout, la structure financière du groupe reste saine : si l’intégralité de la trésorerie d’exploitation (environ 7 Mds €) était utilisée pour rembourser la dette, Sanofi serait totalement désendetté en 2 ans et 6 mois. Les analystes tablent sur un retour de la croissance du taux de marge opérationnelle dès 2020. La diversité accrue des activités du groupe laisse par ailleurs présager une forte croissance des ventes de la société (acquisition de Bioverativ et Ablynx, progression en immunologie, etc.). La résistance des produits historiques,  malgré la concurrence des biosimilaires / génériques, Lantus, Plavix et Lovenox, devraient dégager environ 4,6 Mds€ de ventes en 2023.

 

Nous assistons donc à une stratégie de recentrage au profit d’une politique de désinvestissement des sites français (production, R&D, chimie). Le spectre du mal d’Alcatel, d’Alstom, de General Electric, de Ford France, est bel et bien là. Or la performance des sites industriels français permet de dégager des excédents de trésoreries ; mais cette puissance industrielle ne bénéficie pas des fruits de ses efforts, elle est confisquée par la stratégie financière à courte vue et reflète une défaillance des politiques publics d’investissement dans une industrie forte sur nos territoires. Sanofi a largement profité du crédit impôt recherche qui finance aujourd’hui une politique d’externalisation de la recherche à l’étranger ! Dans ce secteur, nous sommes passés de 6 800 personnes en 2008 Sanofi est passé à 3 800 personnes en France. Et la spirale continue ; la France voit son pôle d’expertise R&D vidé progressivement et partir sur l’étranger sans réaction du ministère du travail et des Finances.

 

En février 2012, l’entreprise affichait un profit net consolidé de 5,7 milliards d’euros et un profit net de ses activités de 8,8 milliards d’euros. Elle s’inquiétait pourtant de la fin de certains brevets, et justifiait ainsi des suppressions d’emplois. De nombreux sites français furent touché par des mouvements sociaux pour s’opposer aux licenciements dans les années qui suivirent ; les démonstrations timides de soutien de la majorité parlementaire.

 

Sept ans après, Sanofi est l’entreprise la plus rentable du CAC40 avec 8,4 milliards de bénéfices. Elle continue de limiter les investissements sur son outil industriel français, ayant des conséquences graves sur la collectivité, l’usine de Mourenx (Pau) est menacée de fermeture pour cause de non respects aux normes environnementales. La solution apportée par le groupe est un projet de délocalisation de sa production auprès d’un prestataire basé en Inde ! La conséquence en sera un risque qualité accru des principes actifs. Ces entreprises non européennes, aux standards bien inférieurs de qualité, se sont vu refuser l’accès à l’Europe de nombreux lots de produits non conformes. Couplé aux stratégies financières, elles engendrent des ruptures d’approvisionnements dans les hôpitaux et pharmacie.

 

Le gouvernement est rassuré : il est convenu que Sanofi adapte sa stratégie sans coûts excessifs pour la collectivité… sur le court terme. Sanofi s’engage ainsi dans l’accompagnement de ses collaborateurs impactés par ces licenciements avec la mise en place d’un laboratoire de reconversion professionnelle, le « carreer lab » qui prend le relais de Pôle emploi : accompagner le repositionnement des salariés dans le groupe sur la base de test psychotechniques, entretiens avec les managers. L’objet aussi est de préparer un CV au cas où le nombre de places internes est insuffisant. SANOFI se fabrique une image d’employeur relativement responsable pour masquer les effets désastreux de sa stratégie en matière industrielle et de développement des savoirs faire en France.

 

Les représentants des personnels dans les entités R&D, SAG et Chimie ont cependant multiplié les alertes en direction du gouvernement, dont les réponses ont donné lieu à de pâles copies des communications diffusées auprès des salariés par la société : « l’entreprise a initié un projet de reconversion… ». Un aveu de faiblesse et de fatalisme de la part de la puissance publique.

 

La Gauche Républicaine & Socialiste demande au gouvernement d’intervenir pour redéfinir avec les dirigeants du groupe et les salariés une stratégie de long terme qui privilégie la conversation de l’emploi, des sites de production et des savoirs faire industriels en France. La bonne santé de SANOFI le permet largement et c’est un enjeu industriel et de santé publique essentiel pour notre pays. La Santé n’est pas un produit comme un autre, elle doit passer avant la finance.

 

Conseil de l’Ordre des journalistes : une nouvelle attaque contre le pluralisme

Par Simon Jolles

Le Gouvernement, par la voix du secrétaire d’Etat au numérique, a annoncé souhaiter la création d’un Conseil de l’Ordre des Journalistes. Une telle proposition, si elle venait à se concrétiser, marquerait un nouveau recul dangereux de la liberté d’expression en France. 

Rappelons que la carte de presse ne définit pas un journaliste. L’obtention de la carte de presse est notamment conditionnée au fait de tirer 50% de ses revenus d’activités journalistiques (ce qui de fait amène les jeunes journalistes à exercer leur métier sans carte lors de leurs débuts).

La création d’un conseil de l’ordre des journalistes serait un recul indéniable de la liberté d’expression. Le magazine Marianne a rappelé avec justesse l’opposition formulée par le candidat Macron le 2 mai 2017 à une proposition similaire défendue par Marine Le Pen. Le président actuel s’exprimait en ces termes : 

« Je vois le projet, qui a été ébruité, d’un ordre des journalistes, qui est une pratique intéressante, que je vous recommande, mais moi depuis l’Italie des années 30, je n’avais pas vraiment croisé ça. »

Deux années passées, l’affaire Benalla ébruitée, le Gouvernement aux aguets semble chercher une porte de salut dans un contrôle de la presse. Cette presse qui a eu le mauvais goût de révéler l’affaire Benalla, de démasquer les mensonges de Christophe Castaner sur la prétendue attaque de l’APHP par des gilets jaunes, de relever les imprécisions et les contre-vérités que nous assènent régulièrement des ministres et des membres de la majorité parlementaires.

Nous ne pouvons pas faire confiance à un gouvernement qui ment si régulièrement aux français sur des faits graves pour lutter contre les Fake News. Nous ne pouvons pas faire confiance à ce pouvoir et ses soutiens pour organiser une profession dont la crédibilité repose sur un impératif d’indépendance. 

Un conseil de l’ordre des journalistes poserait plus de questions qu’il n’en résoudrait. Qui serait légitime pour y siéger ? Quel serait le mode de désignation de ses membres ? Quels seraient les contours de ses pouvoirs ? Il est surtout à craindre que ce conseil, s’il venait à voir le jour, tente d’imposer une vision de la presse légitime et « autorisée », ce qui serait bien évidemment contraire à notre tradition politique dans laquelle la caricature, la polémique et parfois l’outrance ont toute leur place. Il est aussi à craindre qu’un tel conseil tente d’infléchir la ligne éditoriale » de certains organes de presse restreignant ainsi l’indépendance de la presse et la liberté d’expression.

Nous dénonçons les pressions de l’exécutif et de ses soutiens contre la liberté d’expression, dont les contours sont déjà clairement définis par les lois sur la presse. Notre justice dispose déjà des moyens législatifs et réglementaires pour lutter contre la calomnie, la diffamation, l’injure, l’incitation à la haine. 

La Gauche Républicaine et Socialiste soutient les journalistes qui exercent leur métier dans le respect de la charte de déontologie de leur profession. Nous appelons les membres de la majorité à se ressaisir, et l’ensemble des républicains à se mobiliser pour la liberté de la presse contre toute forme de pression du pouvoir exécutif.

Élections municipales en Turquie : défaite symbolique pour Erdogan.

Pour la première fois depuis vingt-cinq ans, le Parti républicain du peuple (CHP), kémaliste, allié à cette occasion à la droite laïque du Bon parti (IYI), reprennent des couleurs dans les grandes villes. Lors des élections municipales la coalition a gagné dans la capitale politique Ankara, dans son fief historique d’Izmir et, à nouveau ce dimanche, à Istanbul malgré la remise en cause du premier scrutin par la Haute Commission Electorale suite à une requête du parti islamo-conservateur (AKP) d’Erdogan.

De même pour le Parti démocratique des peuples (HDP), historiquement lié à la cause kurde, qui a réussi à reconquérir des villes, comme Diyarbakir, dans lesquelles le gouvernement avait remplacé les maires élus par des administrateurs nommés par l’Etat.

S’il faut, en tant que social-républicains, se féliciter de ces résultats obtenus dans un contexte difficile pour l’opposition avec un temps de parole durant la campagne très inégalitaire, il est inadéquat de parler de défaite cuisante ou de gifle pour le pouvoir en place comme l’ont fait certains médias. L’AKP et ses alliés recueillent encore 51% des voix au plan national. Il tient la majorité des régions, contrôle assez de districts au sein des deux grandes villes du pays pour en perturber la gestion et reste la principale force politique du pays.

Néanmoins, il s’agit d’une défaite symbolique importante pour le régime et pour Erdogan qui fut maire d’Istanbul. Elle illustre une double déception.

Une déception économique d’abord, la Turquie connait une baisse de sa croissance sans précédent depuis une décennie avec une inflation dépassant les 20% par an et un taux de chômage atteignant les 13,5%. Avec cette crise et la fin de ses bons résultats économiques, l’AKP perd son principal argument face à ses opposants.

Une déception politique ensuite face au tournant encore plus autoritaire que prend le pouvoir depuis l’échec du coup d’Etat de 2016. Erdogan a tout fait durant cette campagne pour nationaliser ces élections locales en multipliant les meetings partout dans le pays. Cette stratégie de l’hyper personnalisation s’est retournée contre lui : la défaite de son ancien premier ministre à Istanbul en est aujourd’hui le point d’orgue.

Quelles conséquences peut-on donc espérer de ces résultats ?

La Turquie sort d’un long cycle électoral. Les prochaines élections ne sont prévues que pour 2023, cela peut laisser le temps à l’opposition de continuer et d’approfondir cette stratégie d’union, le CHP et le Bon Parti s’étant alliés et le HDP n’ayant pas investi de candidat à Istanbul et Ankara.

Si le régime n’arrive pas à résoudre la crise économique qui frappe le pays, ne remet pas en cause la conception d’inspiration néo-ottomane de la nation Turque qui l’isole sur la scène international, et si les partis d’opposition arrivent se mettre d’accord sur la question kurde, une nouvelle ère pourrait s’ouvrir pour une Turquie sociale, républicaine et laïque.

Etats-Unis / Iran : ne pas sous-estimer le risque de guerre

Les bruits de bottes retentissent de plus en plus fort au Moyen Orient : à peine un drone américain avait été abattu par l’armée Iranienne, celui-ci ayant, selon l’État-major Iranien, survolé le territoire sans autorisation, que nous apprenions qu’une attaque américaine contre différentes cibles stratégiques Iraniennes était annulée de la main de Donald Trump. A la place, celui-ci adressait une proposition de négociation, via Oman, aux dirigeants de la République Islamique. Ce matin même, deux jours après l’affaire du drone, l’échec d’une cyberattaque contre leurs réseaux de défense était annoncé par les autorités Iraniennes qui accusent les Américains, tendant un peu plus encore la situation. Donald Trump continue donc de souffler le chaud et le froid sur une région qui n’a plus connu la paix depuis 2003 et l’invasion de l’Irak par les Américains.

Cette stratégie de la carotte (la négociation) et du bâton (la menace d’une guerre) poursuit deux objectifs, national et international. 

Au plan national, il s’agit d’une part de donner un os à ronger aux farouches défenseurs de la guerre préventive dont le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John R. Bolton, est le principal porte-voix. D’autre part, cela offre, si ce n’est un motif de satisfaction, du moins une raison d’espérer aux contempteurs de l’engagement militaire tous azimuts qui militent pour un retrait des troupes américaines de la zone, conformément à la promesse du Président pendant la précédente campagne. Dernier bénéfice politique : installer Donald Trump dans le rôle de chef de guerre, rôle qu’il n’a jusqu’ici pas endossé, face à un Rogue state (« Etat voyou »), adversaire de longue date des États-Unis.

Au plan international, il s’agit d’accentuer la pression sur l’Iran après l’échec de la politique de sanctions qui avaient accompagné le retrait des États-Unis du traité de Vienne (traité dit « P5+1 » sur le nucléaire Iranien). Politique de la « pression maximale » visant à asphyxier l’économie Iranienne pour pousser la population à se révolter et in fine forcer le changement de régime. Cette technique de « siège » économique se révèle jusqu’à présent inefficace, poussant le régime Iranien à radicaliser ses positions anti-américaines alors même que le traité sur le nucléaire Iranien avait eu pour effet d’ouvrir économiquement le pays à l’Occident. Depuis, les entreprises européennes commerçant avec les États-Unis sont interdites de commercer avec l’Iran sous peine de sanctions. Effet de la désormais fameuse autant qu’inacceptable extra-territorialité des lois américaines, nos entreprises Françaises comme Renault et PSA ont dû plier bagage. 

La grande inconnue à l’heure actuelle demeure le rôle que la Russie est, ou non, prête à jouer pour empêcher son principal allié dans la région de se lancer dans un dangereux face-à-face avec les États-Unis.

Le silence des chancelleries occidentales nous alerte sur le degré de vassalisation de l’Europe vis-à-vis des États-Unis : face à un Président qui ne tient pas parole, d’un Etat prompt à déclencher inconsidérément une guerre dans un territoire déjà explosif, nous nous laissons imposer une politique belliqueuse qui nuit à nos intérêts. Nous refusons de remettre en cause notre appartenance à l’OTAN qui nous oblige pourtant à nous aligner sur la politique étrangère américaine. 

La France et plus largement l’Union Européenne doivent se rendre à cette douloureuse évidence : les intérêts américains et les intérêts européens ne sont pas superposables. Nous ne pouvons soutenir par un silence coupable une politique qui compromet le mince espoir d’un retour de la stabilité dans cette région clé, déjà ravagée par presque 20 ans de guerres ininterrompues.

« Libra » de Facebook ou l’hubris dévoilé des GAFAM

Facebook, géant américain de la captation des données numériques et de l’évasion fiscale, premier réseau social sur internet de la planète avec plus de 2 milliards d’utilisateurs déclarés, a présenté le 18 juin sa « crypto-monnaie » Libra. Cette monnaie numérique privé ayant recours à la technologie « block chain » devrait être accessible en ligne en 2020. S’il est permis de douter de la prospérité de ce projet qui recèle ses propres limites économiques et politiques, la multinationale s’attaque cependant à une prérogative exclusive des États et à travers eux à la souveraineté des peuples. Cette concentration accrue de services par les GAFAM témoigne de leur stratégie mondiale visant à installer sur le moyen-long terme des monopoles non seulement sur leurs marchés respectifs, mais aussi et dans nos sociétés.

Cette annonce d’une extension majeure de la captation des données personnelles et financières par la multinationale au pouce bleu intervient malgré l’Affaire Cambridge Analytica (la vente des données personnelles de 80 millions d’usagers Facebook à une entreprise politique) qui a pourtant levé le voile sur les pratiques pour le moins controversées de l’entreprise, s’agissant du respect de la vie privée et de la protection des données personnelles.

Les intérêts de la multinationale sont de plusieurs ordres. Tout d’abord poursuivre et étendre la collecte et l’exploitation de données (notamment économiques) et garantir la pérennité de son business model dans une volonté marchande totalisante assez effrayante. Si Facebook veut nous convaincre que Calibra, sa filiale dédiée aux transactions, assure la garantie de la séparation des données sociales et financières, rien ne permet de le vérifier de façon certaine. Ni d’être assuré que cette politique ne changera pas à l’avenir.

Libra est pensé pour séduire et rendre captif ses utilisateurs, en ciblant d’abord la jeune génération. La promesse de la simplicité des paiements en ligne à l’aide des messageries Messenger et de Facebook agit comme un puissant charme dans une époque où tout doit être rapide, fluide et virtuel. La crypto monnaie de Facebook s’inspirerait de WeChat, une application globale massivement utilisée en Chine qui permet à la fois de commander un billet de train, d’échanger via messagerie ou encore d’effectuer des paiements pour un concert. Lorsque l’on sait quelles utilisations policières sont faites de cette application par le régime chinois à partir des données de ses citoyens, la plus grande méfiance quant au développement d’une telle technologie totalisante à l’ensemble de la planète est autorisée.

 

Il est désormais indispensable que le G7 s’empare de cette question, au-delà des déclarations creuses de Bruno Le Maire. Il est temps que les États et gouvernements européens réagissent à la hauteur du défi posé par Facebook. Une régulation vigoureuse fondée sur un authentique rapport de force doit être proposée au plus vite afin de ne pas laisser s’installer un transfert de souveraineté définitif des peuples à travers leurs États vers les multinationales peu scrupuleuses de la Silicon Valley.

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