Emmanuel Macron contre la jeunesse

L’université publique ouverte à tous est un des ferments de la République. Quand Emmanuel Macron a voulu s’y attaquer la semaine, évoquant l’impossibilité d’en maintenir la gratuité, il a illustré une fois de plus sa volonté de démanteler un par un les services publics et les institutions qui caractérisent notre Nation.

Tout au long du quinquennat, l’université publique a été malmenée par le président de la République et son gouvernement. La réforme de Parcoursup, plateforme centralisée décidant de l’orientation post bac des lycéens, a laissé des milliers d’étudiants sans proposition de formation, les livrant sans diplôme au marché du travail où le chômage des jeunes non diplômés est catastrophique. Son discours du 13 janvier 2022 à la conférence des présidents d’université a confirmé son absence totale de politique sérieuse concernant ce secteur-clef pour l’émancipation économique et intellectuelle des jeunes citoyens français. Enchaînant les poncifs néolibéraux, il y a parlé « compétition internationale », « favoriser les synergies », problème « démographique ». Un seul mot manquait qui résumait pourtant tout le discours à lui seul : austérité. Alors que la dépense publique par étudiant n’a fait que baisser depuis la crise de 2008 (moins 12%), il a alors proposé une solution miracle : mettre fin à la gratuité de l’université.

Le modèle de l’université payante, en place dans les pays anglo-saxons, n’est absolument pas viable sur le long terme. Il se traduit nécessairement par un endettement massif des étudiants et de leur famille, accentuant donc la précarisation des classes moyennes et populaires. Cela crée des bulles spéculatives et augmente le poids de la rente dans l’économie avec le versement d’intérêts. Enfin, une éventuelle garantie publique sur ces prêts, telle qu’elle serait probablement proposée, aurait un coût pour l’État très important lors des crises économiques et des défauts de paiement en cascade. Comme en 2008, la dette privée serait alors reprise en dette publique, qui servirait à son tour de justification à l’austérité. Au-delà donc des coûts pour les étudiants, cet endettement aurait un coût direct pour la société, et favoriserait les banques seules. Le mode de financement le plus efficace pour l’université, c’est le financement public.

Revenant sur ses propos quelques jours plus tard, il jure alors qu’il n’a jamais eu l’intention d’augmenter les frais universitaires pour les plus défavorisés. Sa proposition en creux serait donc de laisser l’université gratuite pour les étudiants dont les revenus sont faibles et la rendre payante pour ceux dont les revenus, ou ceux des parents, sont élevés. Or cela mènerait à un affaiblissement de l’université publique. En effet, face à la perspective d’une université payante, il y a fort à parier que les classes aisées privilégieront encore plus qu’aujourd’hui les écoles de commerce post-bac, les formations privées et les études à l’étranger. En résulterait une mixité sociale encore plus faible à l’université, qui souffre déjà de stratégie d’évitement. Or, quand les usagers d’un service public sont majoritairement issus des classes populaires, le penchant réactionnaire des Libéraux s’éveille. Les plus pauvres sont alors accusés, en dépit de toute forme de logique élémentaire, d’être des profiteurs du système et les financements sont réduits.

Le service public, contrairement au secteur privé, dispose d’une vocation universelle. En traiter les usagers différemment selon les revenus, c’est ouvrir la porte à la marchandisation. La SNCF, qui privilégie aujourd’hui le développement de son offre première classe plutôt que de répondre à sa mission de desservir tout le territoire, en est l’illustration probante. Casser l’universalité de la gratuité universitaire, c’est à la fois confirmer la marchandisation de l’éducation supérieure et contribuer à réduire le consentement à l’impôt. Dans le meilleur des cas, il s’agit d’une mauvaise réponse au problème du financement universitaire, dans le pire des cas, il s’agit d’une stratégie délibérée pour casser un service public de plus. Après les banques, la distribution d’eau, de gaz et d’électricité, les jeux d’argent, les aéroports, le transport ferroviaire, il y aurait l’université ? Avant l’école, les hôpitaux, la production d’énergie ?

Emmanuel Macron aurait pu s’en tenir là, mais son mépris de la jeunesse, et en particulier de la jeunesse populaire, s’est déroulé avec encore plus de clarté dans la récente interview d’Alexis Kohler sur les perspectives d’un second quinquennat Macron. Ressortant du cimetière le Contrat Premier Embauche, il proposerait ainsi que les jeunes travaillent, en début de carrière, non plus 35 heures mais 45. Arguant du fait que les jeunes, moins fatigués que leurs aînés, pourraient délivrer plus de travail, il propose ainsi de mettre à mal leur santé au seul service du capital, puisque ces 45 heures ne seraient pas payées dans leur intégralité. Là encore, Emmanuel Macron tentera de mettre un coin dans l’universalité de la République, s’attaquant cette fois-ci au code du travail. Il poursuit ainsi une ligne de faille classique du néolibéralisme, qui tente remplacer la lutte des classes par la lutte des générations. Les jeunes qui refuseront seront considérés comme trop peu enclins au travail par les plus âgés, les plus âgés bénéficiant de contrat de travail à 35 heures seront vus comme des privilégiés par les plus jeunes. Les vrais privilégiés, ceux qui profitent de revenus issus de la rente, quel que soit l’âge, dormiront tranquille.

Le quinquennat d’Emmanuel Macron a eu en filigrane la destruction du service public et sa livraison au secteur privé pour maximiser les rentes actionnariales et minimiser les revenus du travail partagés. Les perspectives cauchemardesques qu’ils dressent pour un second quinquennat sont claires, ce sera à la jeunesse de contribuer au renforcement du capital, en travaillant plus sans gagner plus, en étant privé d’un service public universel de l’éducation supérieure.

La Gauche Républicaine et Socialiste rappelle son engagement pour l’université publique gratuite et s’oppose avec fermeté à l’idée d’un contrat de travail différencié sur la durée du temps de travail.

Plutôt que de déplorer la privatisation croissante de l’enseignement supérieur, où le secteur public est de plus en plus concurrencé par des formations privées, notre camp politique doit proposer un contre-projet de création d’un grand pôle public de l’enseignement supérieur. Le financement de l’université, à l’arrêt depuis des années, doit être relancé. Nous proposons également de créer enfin (!) une allocation d’autonomie pour les jeunes en formation. Il nous paraît par ailleurs nécessaire de sortir les dépenses publiques d’éducation et de formation professionnelle du calcul des déficits et d’élargir le programme Erasmus pour le rendre accessible à tous les jeunes Européens (non plus seulement à certains étudiants) pour ainsi en finir avec la sélection drastique qui fait des étudiants de ce programme des “heureux élus”. Pour lutter contre le chômage des jeunes, plutôt que d’augmenter la durée du travail (et donc de diminuer le nombre de postes disponibles), nous proposons le renforcement de la formation professionnelle et de développer le principe des territoires zéro chômeur, étendus à une classe d’âge. Qu’il s’agisse de l’enseignement supérieur ou de l’accès réel à l’emploi, une solution juste et universelle ne peut qu’être publique et commune. Car, pour reprendre la formule consacrée, quand tout sera privé, nous serons privés de tout.

“Qui peut croire que soudainement des professeurs se précipiteraient dans les quartiers et écoles, où ils ne sont jamais candidats ?” – Marie-Noëlle Lienemann

Macron ressort une vieille lune des libéraux et de Blanquer, à savoir l’autonomie des chefs d’établissements pour recruter les enseignants et intervenants dans les écoles, et de la souplesse pour les équipes, faisant croire qu’ainsi on combattrait mieux l’échec scolaire…

Qui peut imaginer que soudainement des enseignants plus compétents, plus motivés vont se précipiter pour venir dans des quartiers et écoles dans lesquelles ils ne sont jamais candidats ?

Au contraire, ce choix risque plutôt de tirer vers le bas ces structures scolaires.
Or ces établissements ont besoin d’une forte implication des autorités académiques en direction des équipes éducatives. Trop souvent, ce soutien leur manque face aux difficultés rencontrées ! Mettre les chefs d’établissement comme les grands responsables du projet et de sa mise en œuvre revient, d’une part ,à leur confier une responsabilité excessive et risquée ( est-on sûr qu’ils sont en situation réelle de définir un projet optimal ?), et, d’autre part, à dédouaner les responsables académiques et rectoraux et à accroître les inégalités.

C’est une vision éclatée et inégalitaire de notre service public de l’Education Nationale .

C’est d’ailleurs aussi la thèse défendue par Valérie Pécresse, le week-end dernier lors de son meeting en Corrèze . Elle, elle franchit un pas supplémentaire allant jusqu’à proposer que les écoles soient privées et qu’on donne aux élèves des chèques pour garantir la gratuité…!?
Mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est bien cette logique concurrentielle, désarticulée de notre système d’éducation qui a été soutenue à Marseille par Emmanuel Macron…
Tout cela au nom de la prétendue souplesse … prétendue, car en fait ce n’est pas de la souplesse mais de la disparité quant aux contenus et aux savoirs transmis.

De la souplesse , il en faut pour favoriser des initiatives, des méthodes diverses mais pas sur les contenus programmatiques et les objectifs à atteindre qui doivent demeurer communs, identiques .

Emmanuel Macron ne fera aucune annonce sur les créations de postes pour dédoubler plus fortement les classes dans tous ces établissements, veiller à ce que les remplaçants soient en nombre suffisant. Cette histoire d’autonomie des chefs d’établissements est non seulement dangereuse pour l’égalité républicaine, mais elle sert aussi de rideau de fumée à l’absence d’enseignants, de surveillants supplémentaires.

On notera au passage qu’il n’a donné aucun chiffre sur les sommes dégagées pour remettre en état les écoles de Marseille… espérons qu’il sera plus net en novembre.

La clef pour la réussite des élèves issus des quartiers et milieux populaires – des autres aussi sans doute – est certainement à chercher dans un lien plus étroit entre l’éducation nationale, le temps extra-scolaire, la culture , le sport, l’éducation populaire … avec des projets de qualité, mis en œuvre dans chaque établissement avec des personnels compétents œuvrant aussi les forces vives de la ville et du quartier.

Au passage, Emmanuel Macron semble louer les cités éducatives mises en place dans certaines communes en “politique de la ville”, alors qu’il a fallu batailler ferme pour que ces projets puissent se poursuivre et se développer dans le cadre du plan de relance quand le gouvernement freinait des quatre fers…

Mettre en place une telle réforme suppose que l’Etat finance ces postes , veille à la qualification et compétences des animateurs, et ce partout (et pas seulement dans les territoires attractifs). Mais, si l’intention est parfois énoncée par le chef de l’Etat , aucun moyen n’est dégagé, aucuns postes créés, et en réalité Emmanuel Macron ne porte pas sérieusement cette évolution de notre système éducatif, qui est en fait à l’opposé du démantèlement qu’il envisage vraiment.

Il n’est pas trop tard pour préparer les rentrées scolaires et universitaires

Depuis près d’un an et demi qu’a commencé la pandémie au COVID-19, les élèves, les étudiants, les professeurs et tous les membres des communautés scolaires et universitaires ont subi un festival d’improvisations et d’injonctions contradictoires de la part de leurs ministères. Alors que l’été voit déferler une quatrième vague de la pandémie, il n’est sans doute pas trop tard pour anticiper et préparer la rentrée, bien que le ministre de l’éducation nationale ait choisi de se déplacer à Tokyo pour les JO plutôt que de plancher sur les protocoles de rentrée, pourtant promis pour début juillet.

Du fait de leur jeune âge et des moindres risques qu’ils encourent, les élèves et les étudiants n’ont jusqu’ici pas fait partie des publics prioritaires pour la vaccination. De façon plus surprenante, à la différence de nombre de pays européens voisins (Allemagne, Autriche, Espagne, Hongrie, Pologne, Portugal, République Tchèque, Slovaquie…), les enseignants n’ont pas non plus été jugés prioritaires par le gouvernement français. Les 5 semaines qui nous séparent de septembre ne pourront suffire à compenser ce déficit de protection. Faute d’anticipation et de préparation, la communauté éducative risque donc d’affronter la rentrée dans un état de grande fragilité vis à vis des risques sanitaires.

Ainsi du fait de leur moindre taux de vaccination, enfants et jeunes adultes sont (malgré eux) aujourd’hui parmi les principaux moteurs de la propagation de l’épidémie. Dans ce contexte, il faut d’abord convaincre de l’intérêt de la vaccination et de l’obtenir pour l’ensemble de la communauté éducative en proposant de façon volontariste des rendez-vous à celles et ceux qui ne sont pas encore vaccinés.

La Gauche Républicaine et Socialiste demande en outre que le mois d’août soit mis à profit pour limiter les risques de transmission au sein des établissements scolaires. À la façon de la fumée de cigarette, le COVID se transmet de façon aéroportée. Afin de prévenir les risques, il convient d’investir pour adapter les locaux : diagnostics et travaux pour garantir la bonne ventilation des salles ; achat et mise en place de capteurs de CO2 dans les classes pour caractériser la qualité de la ventilation et réguler l’ouverture des portes et fenêtres ; achat et installation de purificateurs d’air à filtre HEPA.

La restauration scolaire est dans ce contexte un enjeu essentiel tant du point de vue social que sanitaire. Les repas à la cantine sont, on le sait, une source majeure de contamination. Il convient de tout mettre en œuvre pour réduire ce risque sans renoncer à la restauration scolaire. Il aurait fallu anticiper et planifier des dispositifs le permettant. Il s’agissait de d’organiser les établissements pour un système de plateaux ou paniers repas directement délivrés dans les classes, par exemple, qui permette aux enfants de déjeuner dehors ou par demi-classe en fonction du temps de façon à limiter les interactions entre classes et à éviter la mêlée de la queue à la cantine. D’autres adaptations doivent être imaginées pour les restaurants scolaires. Pour mettre en place de tels dispositifs, il aurait donc fallu débloquer les crédits suffisants, que soient recrutés des personnels qui assurent le service à la place (à la classe) et que l’État subventionne à cette fin les collectivités territoriales responsables de la restauration scolaires dans les écoles, collèges et lycées du pays. La Gauche Républicaine et Socialiste est consciente de l’inertie résultant du fait que rien n’ait été pour le moment envisagé par le ministre Blanquer et les hauts fonctionnaires de son administration ; à défaut qu’un tel dispositif soit mis en place dès le 2 septembre, la Gauche Républicaine et Socialiste demande que les crédits soient débloqués, que les protocoles soient élaborés en concertation avec les représentants des chefs d’établissements, des enseignants et des personnels TOS des collectivités concernés, pour que ces dispositifs puissent être applicables dès le mois d’octobre, si la circulation du virus reste à un niveau élevé.

La pandémie au COVID-19 a par ailleurs agi comme un révélateur du mauvais état général des établissements scolaires et universitaires et de l’abandon de toute politique de prévention digne de ce nom. Comment accepter qu’en 2021 il reste difficile à un élève français de simplement se laver les mains faute du manque de points d’eau ? Comment accepter de devoir partager médecins scolaires, infirmières, psychologues et assistantes sociales sur trois, quatre ou cinq établissements différents au point que ces personnels deviennent essentiellement indisponibles aux élèves qui en ont besoin ? Alors qu’élèves et étudiants ont été durement affectés par les confinements, couvre-feux et les restrictions de leur liberté de circulation, alors qu’ils doivent subir un climat anxiogène et que les discours culpabilisateurs se multiplient à leur égard, il est urgent de prendre soin d’une génération dont l’adolescence est impactée de façon aussi violente qu’historiquement inédite. La Gauche Républicaine et Socialiste demande la mise en place urgente d’un plan massif de recrutement de personnels (médecins, infirmières, psychologues, assistantes sociales) permettant d’assurer à chacun un accès effectif aux services de prévention scolaire et universitaire.

Les dépistages dans les écoles doivent être réalisés par des professionnels

Le Gouvernement a lancé le recrutement de « Médiateurs de lutte anti-Covid ». Il s’agit d’agents contractuels recrutés au niveau bac et payés au SMIC horaire qui seront chargés entre autres de la réalisation des tests de dépistage anti-covid. Alors que la pandémie frappe notre pays depuis plus d’un an, c’est un nouvel exemple du fait que le gouvernement continue de traiter la situation sanitaire avec légèreté.

Emmanuel Macron, Jean Castex et Bruno Le Maire parlent toujours, comme il y a un an, de soutenir l’économie « quoi qu’il en coûte ». Cet argent public n’est visiblement pas suffisamment disponible pour faire progresser la sécurité sanitaire. Ainsi, le gouvernement souhaite que les dépistages dans les écoles soient réalisés par des personnels contractuels sans qualification médicale préalable. Cet incroyable mépris illustre le mensonge d’un gouvernement qui a osé prétendre avoir pour priorité la jeunesse.

La Gauche Républicaine et Socialiste demande le retrait de ces offres de recrutement et la réalisation des tests de dépistages par des personnels ayant des qualifications médicales.

Emmanuel Macron déclarait en avril 2018 qu’il n’y a pas d’argent magique. La crise exceptionnelle que traverse notre pays l’a amené à revoir sa position. Maintenant que le Gouvernement a retrouvé son chéquier, il doit prendre au sérieux la santé des Français, la santé et l’avenir de nos enfants.

Statut des directeurs d’école : le Macronisme en mode disciplinaire et inégalitaire

Il est des mots que le législateur ne doit pas oublier : « Le travail des directeurs est épuisant, car il y a toujours des petits soucis à régler, ce qui occupe tout notre temps de travail et bien au-delà du temps rémunéré, et à la fin de la journée, on ne sait plus trop ce que l’on a fait. » C’est « la perspective de tous ces petits riens qui occupent à 200% notre journée » qui épuise les directions d’école. 

Extraits de la lettre de Christine Renon, « directrice épuisée » d’une école à Pantin, déchargée à temps complet, qui s’est donnée la mort le 21 septembre 2019. 

La proposition de loi créant la fonction de directrice ou de directeur d’école arrive au Sénat : le texte sera examiné en commission le 3 mars puis en séance publique le 10 mars 2021. La Gauche Républicaine et Socialiste ne peut que constater qu’elle ne répondra pas aux attentes des directrices et directeurs d’école. Pire, la constante négation de la réalité des conditions de travail dont le projet de loi fait encore la preuve risque d’accroître les difficultés de ces enseignants-directeurs investis de cette fonction. 

Les directeurs d’école demandent une reconnaissance. Non seulement en terme salarial, mais aussi une reconnaissance de cette charge de travail totalement invisible, restée hors de portée de la compréhension de tous les législateurs et ministres réunis jusqu’ici. Jean-Michel Blanquer, Cécile Rilhac et le gouvernement ne font pas exception. Ils ont oublié les mots de Christine Renon. 

Il est temps de reconnaître la réalité. Elle sait qu’il y a 20 ans encore les quelques échanges avec la hiérarchie se limitaient à moins d’une dizaine de courriers. Le travail de direction d’école était entièrement tourné vers les élèves. Aujourd’hui, l’école est immédiatement accessible pour l’ensemble des parents, des services municipaux et académiques du fait des évolutions technologiques et de la société. Cette possibilité est souvent devenue une convocation à répondre dans l’instant, une injonction à l’astreinte permanente. Ces enseignants particulièrement dévoués perdent depuis lors le sens de la direction d’école. Un pan entier de notre école si essentiel pour maintenir l’édifice debout – nous l’avons tous vu lors de cette crise sanitaire – est au bord de burn-out

Quand les directeurs d’école réclament des secrétaires d’école et des moyens matériels, le Ministre de l’éducation nationale a répondu par deux fois en moins de deux ans par la création d’un statut spécifique. Un statut, dans de telles conditions, ne changera rien aux conditions de travail. Pour preuve, seuls 11% des concernés sont favorables à la création d’un tel statut. Heureusement par deux fois, la mobilisation de la profession, d’élus et de parents d’élèves a permis d’écarter cette perspective. 

Dans le texte présenté au Sénat, nous pouvons cependant saluer deux avancées : 

  • La première consiste à transférer la responsabilité du « plan pour parer aux risques majeurs liés à la sûreté » des directeurs à l’autorité académique et aux collectivités responsables des locaux scolaires ; 
  • La seconde concerne le temps de décharge de classe qui correspond en partie à la demande de la profession. 

Mais l’idée du « statut », chassée par la porte et la fenêtre, revient cette fois-ci par la lucarne. Si l’on peut lire que le directeur « n’exerce pas d’autorité hiérarchique sur les enseignants de son école », le reste du texte sème en effet le doute. La notion floue de « délégation de compétences de l’autorité académique » pour un « emploi de direction » (autre notion imprécise) nouvellement créé, démontre une nouvelle tentative de séparer les directeurs de leurs collègues. Le texte est très clair par la suite : « Lorsque sa mission de direction n’est pas à temps plein [le directeur] peut-être chargé de missions d’enseignement dans l’école dont il a la direction ou de missions de formation ou de coordination. » Ainsi le directeur n’est plus un enseignant faisant fonction de directeur, mais bien d’un directeur faisant fonction d’enseignant. Et comment nomme-t-on un emploi séparé de ses pairs qui endosse une partie de l’autorité académique ? Un supérieur hiérarchique… 

Le gouvernement et sa majorité présidentielle démontrent ainsi leur volonté de ne pas répondre aux problèmes réels d’organisation de l’école. Il nous paraît nécessaire que cette « délégation de compétences de l’autorité académique » disparaisse du texte, car cette notion met à mal la confiance au sein de la communauté éducative attachée à son horizontalité. 

L’article 4 bis nous paraît par ailleurs inutile : de nombreuses écoles, en pédagogie coopérative pourtant régulièrement mise à l’index, voire sanctionnée, associent les élèves aux décisions. Il semblerait plus opportun de reconnaître et garantir la liberté pédagogique. 

La Gauche Républicaine et Socialiste demande enfin que l’État reprenne la responsabilité de ses décisions en ne les reportant pas sur les collectivités territoriales qu’il a fragilisées depuis de nombreuses années : ni l’aide humaine (article 2 bis) et ni les moyens informatiques liés à la mission de direction (article 2 – 11) ne devraient être imputés aux communes. L’article 4 semble être la monnaie d’échange avec les collectivités en donnant au directeur d’école la charge de l’organisation du temps périscolaire. Alors que cela est aujourd’hui possible dans le cadre du cumul d’activités et donc d’heures supplémentaires rémunérées, cet article permet la mise à disposition à titre gracieux de moyens humains, sur le dos des directeurs, pour permettre aux collectivités de supprimer quelques postes sur le temps périscolaire. 

Nul ne doit être naïf face à ce texte : la hiérarchisation de l’école n’a d’autres objectifs que la disciplinarisation de ce maillon éducatif ; le macronisme cherche à décharger encore une fois l’État de ses obligations sur les collectivités ce qui ne peut qu’accroître les inégalités territoriales et les fractures dans l’unité républicaine de la nation. 

Nous ne pouvons nous y résoudre.

Gouvernement et Covid19 : Symptômes inquiétants

Une fois de plus le gouvernement montre son mépris envers le monde enseignant…Une nouvelle décision prise le mardi soir pour le jeudi matin, sans anticipation, sans considération pour le travail des profs, pour la cohérence pédagogique et les évaluations planifiées…les élèves pourront rester s’ils le veulent chez eux dès mercredi midi pour éviter tout risque pour les fêtes…on ne sait pas qui ira à l’école, qui n’ira pas…et les injonctions contradictoires continuent comme ça depuis 9 mois : le message aux familles est à nouveau en cette fin de semaine de dire finalement qu’il est plus dangereux d’aller à l’école que de rester chez soi…et qu’en est-il du coup des personnels ??…

Comment comprendre que les enfants doivent être à l’école pendant le confinement et qu’ils peuvent s’absenter pendant le déconfinement ?

Cantine, organisation pédagogique, une fois de plus les enseignants doivent improviser en 48 heures…quel mépris !…

La communication, est aussi touchée par les symptômes visibles du gouvernement. La grande messe médiatique de 18h00 est remplacée par une matinale sur Europe 1 et un entrefilet sur BFM TV le matin.

Troubles de la vue, difficultés de compréhension, dédoublement décisionnel, carence démocratique, État fébrile.

Alors que le pays est en proie à une recrudescence du virus, qu’une stratégie vaccinale doit être exposée ce jour à l’assemblée, avec l’ombre planante d’une mutation de la Covid19 qui la rendrait caduque, nous ne pouvons que constater, même si nous en étions convaincus, que ce gouvernement est malade et que le meilleur service qu’il pourrait rendre à la nation serait de s’auto-confiner, durablement, pour éviter une rechute.

Bref, désolant…

Éducation : un masque et ça repart !

Ainsi donc les enseignants et les élèves vont rentrer ce lundi 2 novembre aux horaires habituels, selon les modalités habituelles, presque comme si de rien n’était… Buisness as usual. Il faut croire que le gouvernement table sur un mode de fonctionnement de l’opinion publique calqué sur celui en vigueur trop souvent hélas dans le monde médiatique : une émotion chasse l’autre, à chaque jour sa vérité, son sujet chaud. Finalement, l’hommage rendu à Samuel Paty sera tronqué, passé en deuxième page dirait-on dans un journal ; L’École reprendra avec un hommage a minima et puis voila .
Initialement, la matinée du 2 novembre devait commencer par deux heures où Il aurait été permis aux enseignants et aux personnels des établissements scolaires de discuter, de faire le point après le traumatisme de cet attentat, de libérer la parole, de parler des difficultés croissantes , des attaques contre la laïcité, des remises en cause par certaines familles ou groupes de pression ultra religieux de l’autorité morale des enseignants et du contenu de leurs cours ainsi que du cadre républicain de l’enseignement. Il aurait été possible d’évoquer enfin ces attaques au quotidien face auxquelles le monde enseignant se retrouve en première ligne et se sent parfois bien seul, mal soutenu. Cela aurait changé du « pas de vague » devenu bien souvent la règle ces dernières années.

Donc finalement , pas de temps de parole, on remet le masque sur les bouches, ce fameux masque avec lequel les enseignants se débattent depuis la rentrée de septembre , finissant la journée avec des maux de tête et des difficultés à respirer après plusieurs heures non stop à parler masqués face à des classes toujours aussi nombreuses (avec en plus le scandale de masques distribués en septembre par l’Éducation nationale à son personnel qui sont suspectés d’être toxiques et viennent d’être retirés de la circulation !) .

On ne parlera donc pas dans les établissements de ce que l’attentat islamiste qui a frappé Samuel Paty révèle, ni de la chronique de ce drame annoncé (avec cette campagne de lynchage contre le professeur d’Histoire qui a duré plusieurs semaines sur les réseaux sociaux) ou encore de la peur qu’ont de nombreux professeurs désormais à aborder certains aspects ou sujets liés à leurs programmes ou à leurs missions.

On n’évoquera pas la difficulté à porter les valeurs de la République sereinement depuis quelques années, on ne parlera pas de l’offensive des extrémistes religieux qui cherchent ici à limiter la liberté d’expression, là à imposer leur sacré et leurs interdits, à d’autres endroits à s’immiscer dans le contenu des cours de SVT sur la contraception par exemple , ou à remettre en cause le contenu des cours d’Histoire .

Un temps d’échanges, de mise en commun, de solidarité, aurait pourtant été nécessaire dans cette période si difficile. Mais non, au final l’actualité du confinement et la mise en avant de la peur d’un éventuel attentat vont réduire le périmètre de l’hommage : tout le monde sera de retour en classe dès huit heures, une minute de silence sera certes respectée, une lettre de Jaurès aux enseignants sera lue aux élèves, et on passera à autre chose.

Quant aux conditions sanitaires de la reprise, là aussi on balaye la question rapidement : on mettra en place un nouveau protocole sanitaire « si c’est possible », on laissera une semaine aux établissements pour s’adapter ou pas, le nouveau protocole sera mis en place au 9 novembre, au fond ça n’est pas bien grave. Alors que le pays est confiné, alors que la propagation du virus reprend de plus belle, pour les établissements scolaires on est un peu dans la même logique qu’autrefois dans les discours officiels concernant le nuage de Tchernobyl : il faut croire que le virus du Covid a peur des murs de l’éducation nationale ! À défaut de rester un sanctuaire républicain et laïque , l’École serait devenue un sanctuaire sanitaire, barrière naturelle contre tous les virus !

On pourrait en rire si la situation n’était pas aussi inquiétante.

Donc on acte le fait que pour les écoles les dispositifs sanitaires réactualisés ne seront pas prêts lundi. Il eut été logique de fermer les établissements le temps que tout soit prêt , peut-être une journée, peut-être deux, éventuellement une semaine .

Mais non, on reprend là aussi comme si de rien n’était . Quel est donc le message envoyé au monde enseignant, aux élèves, aux familles ? On confine le pays mais dans les seules écoles on ne change rien ou si peu ! Quel manque de considération ! À moins de deux jours et demi de la rentrée, vendredi soir, en quittant leurs établissements les directeurs et directrices d’écoles, les principales ou principaux de collèges, les proviseurs et proviseuses ignoraient tout encore du protocole sanitaire précis qu’ils allaient devoir appliquer théoriquement dès le lundi.

Impréparation, mépris des enseignants, des chefs d’établissements, des élus locaux abandonnés eux aussi face à leurs responsabilités …les volte-face du ministère de l’éducation nationale ces derniers jours donnent une impression d’improvisation totale et d’amateurisme. Une fois de plus, rien n’était prêt. Consternant. Et pas à la hauteur du soutien que la nation doit aux enseignants en ces heures tragiques.

La Gauche Républicaine et Socialiste ne peut que déplorer de telles conditions de rentrée et apporte tout son soutien aux enseignants de notre pays, décidément bien mal considérés par ce gouvernement.

Une rentrée bien préparée ?

Malgré les déclarations de Jean-Michel Blanquer sur les plateaux de télévision qui visent à rassurer, donnant parfois dans l’autosatisfaction, c’est tout de même un certain flou artistique qui règne encore en cette rentrée scolaire , avec ses zones d’incohérences,d’injonctions contradictoires et le sentiment , comme au printemps dernier, que le ministère de l’Éducation nationale continue de naviguer à vue dans ses dispositifs anti Covid au moment même où les chiffres de l’épidémie sont en forte hausse depuis plusieurs jours, laissant le soin aux collectivités locales et à chaque chef d’établissement de faire ses choix !

Masques obligatoires pour tous mais on ne les finance pas pour les élèves, l’achat sera à la charge des familles, ce qui est une cause d’injustice sociale ; difficultés pour le lavage des mains au vu du faible nombre de lavabos disponibles dans beaucoup d’ établissements scolaires, le lavage étant pourtant un des gestes que les élèves et les personnels scolaires devront respecter plusieurs fois par jour afin de faire barrière au coronavirus (il devient même le seul geste sanitaire réel sur lequel repose le nouveau protocole avec le port du masque puisque le nettoyage des locaux et du matériel partagé est considérablement allégé désormais ) !

Interrogations aussi quant aux mesures de distanciation sociale. En effet, le protocole préconise de mettre en place les distanciations physiques mais dans le même temps précise qu’elles seront respectées « seulement si c’est possible ». On quitte le domaine des recommandations médicales pour rentrer dans les préoccupations d’accueil du plus d’élèves possible. Où est la logique sanitaire ? Il faut dire que de nombreux établissements scolaires ne sont pas dotés de salles permettant une distance d’un mètre entre chaque élève.

Il en résulte que la règle sera celle du cas par cas, prenant parfois la forme d’une usine à gaz (avec des sens de circulation à intérieur des établissements bien compliqués à respecter par les élèves pour éviter leur brassage…)…Il est singulier d’avoir une telle sensation d’impréparation et de manque de cohérence après la pause de l’été .

Le protocole sanitaire de juillet a très vite paru caduque mais il aura fallu attendre 3 ou 4 jours seulement avant la pré-rentrée des enseignants pour qu’il soit réactualisé. Le nombre d’élèves par classe reste souvent très élevé et ne permet pas la constitution de petits groupes ni de protocoles de remédiation efficaces, faute de moyens supplémentaires alloués.

Qu’en sera-t-il par ailleurs des personnels symptômatiques ?

Le principe d’une journée de carence continuera-t-il à être appliqué ?

Si c’est le cas beaucoup de personnels se sentiront contraints ainsi à se rendre sur leur lieu de travail malgré l’apparition de symptômes …

Quid de la situation des personnels « vulnérables » dont il n’est plus question nulle part, sommés de retourner en présentiel malgré les risques pour leur santé alors même qu’un décret a restreint cet été la liste des pathologies reconnues ?

Beaucoup d’angles morts apparaissent encore dans la dernière version du protocole sanitaire . Ainsi, les spécificités de certaines disciplines (EPS, Arts Plastiques, Education Musicale, Sciences) n’ont pas été pensées, et la responsabilité est renvoyée au local, une fois de plus.

Enfin, la contrainte du port du masque, toute la journée en continu, désormais pour les enseignants également ,frein à la communication dans un métier qui consiste essentiellement à parler risque d’être rapidement problématique et éprouvante. La GRS demande au gouvernement de fournir gratuitement aux familles les masques nécessaires à leurs enfants et de mieux prendre en compte les difficultés et contraintes des enseignants qui sont exposés à des risques de santé dans ce contexte sanitaire particulier .

Dans ce contexte si particulier , après une fin d’année scolaire 2019-2020 perturbée, les manques de personnels qui sont face au élèves vont se faire particulièrement ressentir .

Il faudrait plus que jamais recruter des enseignants et des personnels de vie scolaire pour accompagner les élèves dans cette année à gros enjeu et pourtant rien n’a été fait en ce sens.

Une des grandes questions de cette rentrée demeure par ailleurs, de l’aveu même du ministre de l’Education nationale, celle de l’attractivité du métier d’enseignant . Elle constitue un réel frein pour le recrutement de nouveaux enseignants. Le nombre de candidats aux concours de l’Education nationale ne cesse de baisser depuis 10 ans, de nombreux jeunes professeurs stagiaires préfèrent renoncer à leur poste et démissionner notamment pour des motifs géographiques (mutation loin de chez eux…) , n’acceptant plus les mêmes conditions ou contraintes d’exercice du métier que leurs aînés pour le salaire proposé . La réponse du gouvernement prend la forme de la promesse d’un « Grenelle » qui aurait pour but notamment d’aborder la question du salaire des enseignants français, bien en retrait par rapport à celui de la majorité de leurs collègues en Europe (le salaire des profs français reste bien en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE, avec un écart marqué pour les débuts de carrière mais pas uniquement, au bout de 15 ans de carrière par exemple le salaire des professeurs du second degré est inférieur de 17% à la moyenne de l’OCDE).

Cependant l’enveloppe budgétaire qui serait dédiée à cette revalorisation ne se monterait qu’à 400 millions d’euros, ce qui, rapporté au million de personnel de l’Education nationale (1,1 million en 2018, dont 728000 enseignants travaillant dans le public ,1er ou second degré) ne serait pas en mesure de changer en profondeur la situation ni même de rattraper la baisse continue de pouvoir d’achat qui a frappé ce métier depuis près de 40 ans. Rappelons que le niveau de vie des enseignants doit aussi être analysé au regard de leur niveau d’étude élevé (bac + 5, fonctionnaires de catégorie A) et de conditions de travail qui se dégradent d’année en année. Les professeurs, dont le point d’indice est gelé depuis 2010 (brièvement revalorisé entre 2016 et 2017), se sentent de plus en plus lésés et souffrent d’un sentiment de déclassement social . La volonté du ministre de ne pas vouloir remettre en cause ce gel du point d’indice n’augure rien de bon.

Rappelons qu’en 20 ans, les enseignants ont perdu l’équivalent de 2 mois de salaire par an et que les professeurs débutants commençaient en 1980 avec l’équivalent de 2 SMIC contre 1,2 seulement aujourd’hui , ce qui les rend éligibles à présent à la prime d’activité, mesure qui relève des dispositifs de lutte contre la pauvreté !

La Gauche Républicaine et Socialiste demande au gouvernement de faire enfin de l’éducation une priorité et de proposer des mesures propres à redonner de l’attractivité au métier d’enseignant, ces mesures devant passer par la revalorisation du point d’indice et par un plan de rattrapage des pertes de pouvoir d’achat subies ces dernières années.

Éducation : Reprise du 22 juin et effets d’annonce

Plutôt que de préparer sereinement la rentrée de septembre qui est le véritable enjeu, le gouvernement semble préférer encore des mesures d’affichage à court terme qui n’auront pas de grand impact sur les enfants. Du coup les établissements scolaires vont connaître leur troisième configuration d’organisation en un mois et demi, le tout pour une durée de 10 jours de cours seulement !

Ce sera donc tous en classe le 22 juin ! Juste avant la coupure de l’été, avec des enfants qui n’auront plus du tout la tête au travail. Une fois cette injonction du retour en classe lancée , qu’en sera-t-il des détails et de l’organisation concrète ? Qu’en sera-t-il du fameux protocole sanitaire, qui impose des contraintes importantes aux collectivités qui empêchent à ce stade que les établissements puissent accueillir plus d’élèves ? Et des personnes fragiles? Aucune information précise n’a été donnée à ce jour.

“Le président de la République hier soir semblait considérer que la crise du Covid était derrière nous, n’ayant plus un mot sur les précautions à respecter encore.”

Le ministre de l’Éducation nationale ce matin a déjà nuancé en expliquant qu’il faudrait continuer à respecter une distance d’un mètre entre les élèves en classe, ce qui exclut que deux élèves se retrouvent à la même table ; on ne pourra donc pas permettre d’avoir beaucoup plus d’élèves qu’aujourd’hui en même temps dans une salle puisque les salles de classe ne peuvent contenir plus de 17 ou 18 tables… bref, à nouveau des injonctions contradictoires et bien des questions qui restent en suspens après les annonces télévisées du pouvoir !

Depuis la mi-mars, le monde enseignant n’a eu de cesse de s’adapter à des situations inédites et bien souvent les chefs s’établissement ont dû improviser localement en 2 ou 3 jours des dispositifs d’accueil des élèves ; quant aux enseignant , ils ont assuré la « continuité pédagogique » en utilisant leur matériel informatique personnel, payé avec leurs propres deniers. La communauté pédagogique a été bien peu guidée par le ministère, et bien peu remerciée alors qu’on a vu ressurgir ces dernières semaines un #profbashing inacceptable pour lequel le chef de l’État n’a pas eu un seul mot hier soir.

La Gauche Républicaine et Socialiste pour sa part dit #MerciLesProfs et demande une plus grande clarté pour l’organisation de cette fin d’année scolaire et surtout pour la rentrée scolaire de septembre : Quels seront les dispositifs ? Quels seront les moyens pour être à la hauteur de cette situation inédite ? Comment faire en sorte que l’aide aux élèves les plus en difficulté ne reste pas un vœu pieu ou un slogan ?

La Gauche Républicaine & Socialiste propose pour préparer la rentrée de septembre :

    • d’augmenter les dotations horaires globales des établissements scolaires qui avaient été annoncées en janvier 2020, avant la crise sanitaire, afin de permettre davantage de dédoublements de classes, le travail en petits groupes et des approches pédagogiques individualisées ;
    • de faire un effort majeur pour compenser les pertes de recettes des collectivités, qui ont dans le même temps engagé des dépenses massives pour faire face à la crise et accompagner nos concitoyens. Il faut une augmentation exceptionnelle et massive des dotations globales de fonctionnement.

L’école est elle accessible à tous ?

On nous aurait menti ?

Une rentrée en trompe l’œil. Le gouvernement avait promis une deuxième phase dans la réouverture des établissements scolaires ce mardi, il avait prévu une « montée en puissance » à partir du 2 juin pour accueillir tous les élèves dont les parents le souhaiteraient. Or, cet objectif sera-t-il vraiment atteint ? Et de quelle rentrée parle-t-on ? Selon quelles modalités et dans quel but pédagogique ? Est-il toujours question de l’école pour tous, d’une école républicaine ?

Il avait été annoncé par la communication institutionnelle et par grand nombre de médias qu’à partir du 2 juin 2020 les 4èmes et les 3èmes allaient revenir progressivement, ainsi que les lycéens. Or on se rend compte que, dans une très grande partie des établissements scolaires tout d’abord, cette reprise ne sera pas possible pour des questions d’organisation dès le 2 juin mais uniquement à partir du 8 juin (Concernant le 8 juin, certaines inspections ont indiqué à des communes leur décision d’accueillir à nouveau tous les niveaux des écoles élémentaires, mais sans prendre attache avec les services municipaux pour préparer cette date).

Comment en effet arriver à s’organiser avec un arbitrage du premier ministre et une annonce le jeudi soir pour un accueil des élèves concernés dès le mardi, avec un lundi jour férié au milieu ? De plus, le protocole sanitaire ne permet toujours pas d’accueillir tous les élèves : les groupes sont limité à 15 par classe, les contraintes de désinfection restent les mêmes ; en conséquence, seuls 60% des élèves pourront être accueillis au final, 40% dans certains établissements. En effet, le respect du protocole sanitaire demande du temps (pour la gestion des flux d’élèves, pour résoudre la question de l’hygiène des mains, de la désinfection des salles, etc.), et aussi de l’espace (dans les cars scolaires seule la moitié des places peuvent être occupées, la limite de 15 élèves par classe, la limitation du nombre d’élèves qui peuvent être reçus dans les restaurants scolaires, etc.). De fait, selon les établissements scolaires, les 6èmes et 5èmes auront cours une semaine sur deux en alternance avec les 4èmes/ 3èmes, parfois ce sera un jour sur deux, d’autres fois certains jours de la semaine seulement…

Quant à la continuité pédagogique, elle ne peut pas se poursuivre dans les mêmes conditions que pendant les semaines de confinement, dès lors que les enseignants reprennent physiquement sur un emploi du temps plein et ne peuvent à la fois faire cours à distance et en présence. Mais le discours sur la continuité pédagogique et le volontariat des familles est maintenu.

Au-delà des difficultés d’organisation inédites, bien compréhensibles, tout cela donne l’impression d’une politique de gribouille et c’est l’égal accès de tous les élèves à l’école républicaine qui en fait les frais.

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