Compte rendu de lecture par Gaëtan Gorce, Secrétaire Général adjoint de la GRS
Le bouleversement électoral survenu au printemps 2017 n’a rien d’un accident.
C’est en tout cas la thèse de Jérôme Fourquet, l’un des patrons de l’IFOP. Celui-ci s’appuie sur force cartes et sondages pour démontrer que les conditions de l’élection d’E. Macron traduisent l’arrivée à maturation des changements profonds de la société française, à l’œuvre depuis les années 60, dans sa structure comme ses représentations. L’affaissement de sa matrice catholique, désormais réalisé, en aura été l’élément déterminant. Jusqu’à récemment celle-ci constituait, vaille que vaille, la principale grille d’explication du vote et structurait l’opposition droite/gauche pratiquement depuis la Révolution.
Ce double clivage a laissé progressivement la place à une autre bipolarité, le vote s’organisant désormais de plus en plus clairement autour d’une nouvelle ligne de fractures séparant les diplômés des non diplômés et par extension le centre des agglomérations de leur périphérie, et les régions prospères des territoires en déclin.
Le vote Mélenchon à l’occasion des élections présidentielles de 2017 obtient néanmoins un score plutôt homogène dans toutes les catégories comme si son discours avait été le seul à revêtir un caractère idéologique unifiant, susceptible de dépasser les différences de niveau d’éducation, d’habitat ou de destin. À l’inverse, la dualité « progressistes/ nationalistes » réintroduite par Emmanuel Macron dans son discours et appuyé par les positions du Rassemblement National (ex : Front National) exclue toute alternative républicaine et appuie, en creux, l’idée du « there is no alternative », une prétention à la vérité en politique, potentiellement dangereuse pour la stabilité politique de notre pays.
Cette conclusion auquel parvient Jérôme Fourquet, à partir d’une analyse passionnante de dizaines de cartes, sonne pour nous comme une invitation à savoir formuler un discours qui parle à nouveau et en même temps aux banlieues et aux lotissements, aux ouvriers et aux professions intellectuelles !