Commission européenne : Emmanuel Macron cède encore devant Ursula von der Leyen et l’Allemagne

Alors que Thierry Breton vient de quitter ses fonctions sur injonction d’Ursula von der Leyen (présidente de la commission européenne, reconfirmée cet été par le Parlement européen), il doit être rappelé que la Commission européenne est un collège composé de choix émanant des États membres, approuvés par le Parlement européen.

Ainsi, il n’appartient pas à Ursula von der Leyen de décider selon son « bon vouloir » quel commissaire est compatible avec elle, en fonction de son degré d’opposition à la politique du « fait du prince » conduite au sein de la Commission européenne. Il n’appartient pas non plus à l’Allemagne et à sa représentante au sein de la Commission européenne de décider quel commissaire la France doit désigner au sein de l’exécutif européen, notamment pour mieux imposer en Europe les choix décidés outre-Rhin en matière d’énergie, de politique industrielle et commerciale, de défense ou encore dans les domaines numériques !

Enfin et surtout, il incombe au Président de la République comme au Premier ministre d’être garants des intérêts de la France en Europe et de refuser les politiques libérales et d’austérité qui étranglent notre pays depuis des années.

Les eurodéputés français qui ont ratifié la candidature de von der Leyen paient leur naïveté et leur double discours d’une humiliation pour la France. Les macronistes, LR et les socialistes avaient pourtant tous critiqué sa politique et ses méthodes pendant la campagne des élections européennes. Ce dernier et lamentable épisode symbolise et concentre à lui seul l’inconséquence des européistes.

“Barnier représente la continuité avec les politiques budgétaires macronistes”, Emmanuel Maurel sur LCI

Emmanuel Maurel était l’invité de LCI ce lundi 9 septembre 2024 pour parler de la préparation du budget 2025 et des enjeux auxquels il doit répondre.

Il est effectivement de prendre des décisions courageuses, mais ce n’est pas ce qu’ont fait les gouvernements précédents. Plutôt que de se préoccuper du supplice qui attendrait le gouvernement de Michel Barnier, avant tout il faut s’attacher à ce que le budget ne se transforme pas en supplice pour les Français.

On nous annonce des coupes drastiques dans les dépenses publiques. Que prévoit de faire le gouvernement sortant et le gouvernement rentrant ? Car ils sont dans une certaine continuité comme démontre le fait que le directeur de cabinet de Bruno Le Maire soit devenu le directeur de cabinet de Michel Barnier : c’est une continuité de la politique macroniste, mais c’est surtout une politique qui a échoué.

On nous a fait des promesses en termes de baisse de déficits publics. On disait cette année, et ça sera 4,4 % du PIB ; on se retrouve en réalité avec un déficit de 5,6. Cela signifie que, par rapport aux prévisions de Bruno Le Maire on a perdu 30 milliards d’euros. Le diagnostic de nombreux parlementaires à droite comme gauche, c’est qu’on a un problème non pas de dépenses, mais surtout de recettes, c’est-à-dire qu’on a une baisse des recettes fiscales extrêmement préoccupantes. Et ça, c’est la faute du gouvernement qui n’a pas été assez prévoyant et, surtout, qui a multiplié les cadeaux à un certain nombre de publics qui n’en avaient pas besoin. Et cela nous coûte déjà très cher !

Quand on voit les mesures des gouvernements successifs d’Emmauel Macron, qui ont baissé l’impôt sur la fortune, qui ont fait la flat tax pour les revenus les plus aisés, qui ont refusé de taxer les super profits, on se retrouve en effet avec un manque à gagner en termes de recettes fiscales.

Nous sommes dans une situation particulière car tout à l’heure la commission des finances a auditionné deux ministres qui ne le sont plus, même s’ils sont responsables de la calamiteuse situation actuelle, or les députés aimeraient surtout en savoir plus sur ce que Michel Barnier entend faire. Emmanuel Macron a fait perdre beaucoup de temps au pays : la dissolution, les 7 semaines de tergiversations. Et aujourd’hui, les parlementaires ont très peu de documents à leur disposition.

Ce qui compte, c’est la vie des Français, qui mérite qu’on s’y attarde et qu’on fasse un certain nombre de dépenses, indispensables pour eux : pour le monde étudiant, les salariés précaires… Il faut des réponses rapides.

Attention à ne pas faire l’erreur de présenter un budget récessif : couper dans les dépenses publiques plus que raisonnablement, cela a toujours un effet très négatif pour l’économie. Or, un des enjeux pour nous, C’est évidemment de relancer l’activité économique. On a une croissance très faible. On a besoin de mesures en termes d’investissement, pour soutenir la production, la mise en valeur de notre industrie, etc. Tout cela participe à une croissance plus forte et donc plus de recettes fiscales : c’est parfois contre-intuitif pour les gens, mais si vous faites une baisse dans les dépenses publiques cela se traduit trop souvent par une récession de l’activité économique, c’est tout ce qu’il faut éviter.

À droite comme à gauche, il existe des gens qui regardent la situation financière avec lucidité : même l’inspection générale des finances explique qu’il y un problème sur les aides aux entreprises, elles sont mal distribuées, elles coûtent trop cher et elles ne sont pas très efficaces : il existe donc une marge de manœuvre considérable. Le « crédit impôt, recherche », c’est presque 10 milliards d’euros : il est peu efficace, et les entreprises qui en bénéficient – notamment les très grandes – versent de gros dividendes et ça ne les empêche pas de licencier sans investir par là.

Il faut donc arrêter de verser sans aucune condition des aides aux entreprises pour des résultats qui sont peu ou pas démontrés. Alors, évidemment, il y a les PME : on doit les aider, mais il faut arrêter de faire à faire n’importe quoi avec des entreprises qui, en réalité, n’ont pas besoin de ces aides ou des exonérations de cotisations sociales qui contribuent à accroître le déficit des comptes sociaux.

Il y a eu des élections. La politique du gouvernement sortant a été sanctionnée. Il est quand même invraisemblable que cette politique soit poursuivie comme si de rien n’était. Ce n’est pas du tout ce que veulent les Français.

Les collectivités locales, communes et conseils départementaux notamment, se sont insurgés, à juste titre, qu’ils soient de droite ou de gauche, face à cette tentative de leur faire porter une part de responsabilité dans le déséquilibre des comptes publics : on oublie quand même quelque chose d’incroyable, c’est que les collectivités locales ont l’obligation de déposer un budget en équilibre. Elles sont les première à faire des efforts.

Nous avons une inquiétude supplémentaire : Michel Barnier doit vouloir s’attaquer à la dette financière et à la dette écologique. Or quand on lit le dernier rapport de la Cour des Comptes, on sent bien que l’idée derrière est de revenir à une taxe carbone sur les ménages, cette même taxe carbone qui avait suscité le mouvement des « gilets jaunes ».

Nous sommes dans une situation démocratique tendue.Le président n’en a pas tenu compte, n’a pas respecté le résultat des élections.

L’habitude que le gouvernement précédent a pris de faire voter des textes en ayant recours à l’article 49.3 a profondément choqué nos citoyens. Si, demain, on en arrivait à passer un budget par ordonnance – ce qui ne pourrait arriver que si le gouvernement refuse d’écouter les parlementaires – la crise démocratique s’aggraverait encore.

Il faut faire confiance aux parlementaires pour qu’ils soient responsables et trouvent des solutions. Mais pour trouver des solutions, encore faut-il en face un gouvernement qui soit ouvert aux arguments des oppositions diverses, et pour l’instant nous n’en avons malheureusement aucune garantie.

Contre le Front républicain, Emmanuel Macron promeut une alliance de fait Droite/RN

Marie-Lienemann, ancienne ministre, ancienne parlementaire et coordinatrice nationale de la Gauche Républicaine et Socialiste était l’invitée de BFMTV samedi 7 septembre 2024 vers 11h30 pour débattre de la situation politique, qui ne cesse de se dégrader depuis des mois du fait du refus d’Emmanuel Macron de reconnaître sa défaite électorale des 9 et 30 juin et 7 juillet derniers.

Elle débattait avec Agnès Evren, sénatrice LR de Paris, Charles Sapin, journaliste au Figaro, et Arnaud Benedetti, politologue.

Il est de plus en plus clair que le Président de la République a immédiatement bafoué le front républicain et mis en place une alliance de fait Droite/RN. Pour certains, ce serait la faute de la gauche : vaste fumisterie !

Emmanuel Macron a agi en chef de clan et non en Président : avant toute chose, il ne voulait ni revenir sur le départ en retraite à 64 ans, ni la hausse du smic pour atteindre 1600 euros, ni des mesures significatives de justice fiscale pour restaurer les comptes publics et la qualité des services publics.

La gauche doit rester unie et prête à faire face aux mauvais d’un exécutif qui s’appuie désormais sur une majorité parlementaire qui va de Renaissance au Rassemblement national.

Barnier à Matignon : le bras d’honneur de Macron aux Français

L’interminable série de consultations conduites par le Président de la République pour ne pas nommer un Premier ministre du Nouveau Front Populaire a pris fin aujourd’hui de la pire des manières.

En choisissant Michel Barnier, dernière roue du carrosse LR, Emmanuel Macron a balayé d’un revers de main les résultats de sa propre dissolution ; et fait un bras d’honneur aux millions d’électeurs de gauche qui ont sauvé la moitié de son groupe parlementaire à l’Assemblée.

Pire : l’Elysée a négocié en direct avec Marine Le Pen les conditions d’une neutralité bienveillante des députés RN en cas de dépôt d’une motion de censure !

Le nouveau Premier ministre, qui lors de la primaire LR avait proposé d’abolir des pans entiers de la Convention Européennes des Droits de l’Homme, ne manquera pas de détailler les termes de cet accord lors de son discours de politique générale.

Les milieux d’affaires et les marchés financiers sont les vrais gagnants de cette forfaiture démocratique. Leur effroi à l’idée d’augmenter les salaires et contribuer davantage aux charges publiques s’est instantanément dissipé. Les dividendes défiscalisés et autres subventions sans contreparties continueront d’arroser leur cours de bourse.

Macron n’a jamais été préoccupé par une quelconque « stabilité institutionnelle ». Son obsession cardinale demeure la préservation des privilèges de son noyau dur de supporters, sous l’œil vigilant de Bruxelles, rassurée par « Barnier l’européen ».

Nos concitoyens n’ont à présent sous les yeux qu’un régime crépusculaire accaparé et dénaturé par un Président méprisant et solitaire. Il reviendra aux forces de gauche de s’opposer radicalement à la poursuite de sa politique d’austérité néolibérale et autoritaire.

Allemagne : Minuit moins le quart

Voici les nouveaux résultats pour les élections en Thuringe et en Saxe, deux régions d’Allemagne de l’Est qui votaient aujourd’hui. La participation fut convenable. C’est en Thuringe un triomphe pour le parti d’extrême droite AfD, premier avec 33,4%.

L‘AfD menée ici par Björn Höcke n’est pas comparable au RN ou à Fratelli d’Italia de Meloni : c’est beaucoup plus radical, assumant d’être catalogué “néofasciste” par la justice allemande, et “catégorie S” par les services de sécurité intérieur. Björn Höcke assume avoir milité jeune dans un groupe néonazi et avoir des candidats néonazis.

Aucun autre parti ne souhaite s’associer avec eux. Mais ayant obtenu 33,4% des suffrages ils obtiendrons plus de 33% des sièges et auront un rôle de blocage, ainsi que la présidence du parlement du Land. L’AfD vient d’annoncer qu’ils regarderaient très en détail les nominations de juges et enseignants – compétence parlementaire et qu’ils peuvent bloquer avec le niveau qu’ils ont atteints.

En Saxe, les chrétiens démocrates de la CDU sont de justesse devant. Mais là aussi l‘AfD va jouer un rôle important.

Dans les deux régions, les Linke, le parti issu des anciens communistes de l’Est (le SED, puis le PDS), s’effondrent. En Thuringe, la popularité du président de la région, issu des Linke, n’a rien pu empêcher. En Saxe, les Linke manquent le score minimum de 5% mais vont gagner directement deux circonscriptions à Leipzig, illustrant à merveille l’impasse de la stratégie qu’ils ont choisi depuis quelques années et que suit également La France Insoumise en France. Ils sauveront une présence minimum au parlement. Les écologistes ont le même problème : vote urbain bourgeois, ils sont ratiboisés en Saxe mais emportent les deux autres circonscriptions de Leipzig.

C’est le nouveau parti de Sahra Wagenknecht, BSW, gauche conservatrice sur les questions sociétales, qui emporte l’électorat abandonné par les Linke, empêchant leur dérive vers l‘AfD. Sans le BSW, l‘AfD serait au dessus de 40%.

Sahra Wagenknecht, fondatrice du parti Alliance Sahra Wagenknecht (Bündnis Sahra Wagenknecht, BSW), en meeting le 29 août dans la ville d’Erfurt, capitale du Land de Thuringe. © Martin Schutt/AP/SIPA

La coalition au gouvernement à Berlin est sanctionnée lourdement. En Thuringe, où le FDP local (le parti libéral allié à Renaissance) avait un temps fait alliance avec l’AfD de Höcke, ils sont balayés, seulement 1,2%. Les libéraux ne serons plus représentés. Le SPD est le parti qui résiste sur un socle très bas. En Saxe, la coalition gouvernementale rassemble 15%, les libéraux n’aurons pas de sièges, les écologistes en sauvent deux à Leipzig, le SPD revient de très loin…

Rappelons qu’à Berlin gouverne, plutôt mal que bien, la coalition rêvée d’Emmanuel Macron : un social-démocrate libéral comme Chancelier, un ministre des finances libéral-centriste, des verts libéraux. C’est un désastre.

La CDU a annoncé dès ce soir vouloir établir un front républicain avec un cordon de protection contre l‘AfD. Il a donc proposé une coalition à l’alliance de Sahra Wagenknecht. Celle-ci l’a accepté, écartant catégoriquement toute collaboration avec l’AfD « néofasciste ». En Thuringe, les Linke soutiendrons, en Saxe, le SPD serait d’accord.
Mais cette alliance va devoir traiter au fond les échecs de la République fédérale allemande depuis 2003 et l’agenda 2010 de Schröder, suivi des années erratiques et sans investissement d’avenir d’Angela Merkel, dont le gouvernement actuel paye les factures cachées, guerre Russie-Ukraine incluse.

Regarder les réalités en face, c’est reconnaître l’absurdité de la règle d’or, la profonde injustice de la répartition de la prospérité des années 2009-2019 et les profonds traumatismes des années 2015-2023, avec deux vagues de réfugiés d’un million de personnes chacune, suscitant plus de solidarité que les 17% de pauvres, dont 10% de salariés pauvres, mais aussi la crise du Covid et l’impact de l’inflation sur les ménages populaires.

Pendant ce temps, les grandes entreprises augmentent leurs dividendes selon un modèle que nous avons observé en France : il conduit à la perte de l’industrie, des inégalités, et l’asphyxie des services publics.

Il est minuit moins le quart.

Fin septembre, la région du Brandebourg, qui encercle Berlin, est la prochaine à voter.

Mathias Weidenberg (GRS, Berlin)

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