L’Armée a mis fin brutalement aujourd’hui à la transition démocratique en cours depuis 2015 en Birmanie. Les principaux leaders de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) et de la majorité parlementaire, dont la prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi et le président de la République, Win Myint, ont été arrêtés. L’armée s’est ensuite emparée de l’hôtel de ville de Rangoun, la capitale économique du pays, et l’accès à son aéroport international est bloqué par des militaires. Les télécommunications, portables et internet, sont gravement perturbées.
Voici plusieurs mois que l’armée birmane et ses principaux chefs tentaient de discréditer les résultats des élections législatives
En novembre 2020, 70% des électeurs ont défié la situation sanitaire pour voter à nouveau massivement pour la LND. L’ancienne junte espérait que la pandémie découragerait une partie des électeurs et permettrait de rééquilibrer politiquement le parlement (où elle détient d’office 25% des sièges) en relevant par défaut le score Parti de l’union, de la solidarité et du développement (USDP), une formation d’opposition alliée aux militaires. L’USDP a été étrillée lors du scrutin.
Il semble clair que la junte – au travers du général Min Aung Hlaing qui va désormais concentrer les pouvoirs « législatif, administratif et judiciaire », tandis qu’un autre général, Myint Swe, qui occupait les fonctions de vice-président, a été désigné président par intérim, un poste largement honorifique – cherchait un moyen pour rogner les marges de manœuvres qu’elle avait accordées en 2015. N’ayant pu le faire au détour du scrutin de novembre, elle a choisi la manière forte.
La Gauche Républicaine et Socialiste n’oublie pas la coupable attitude d’Aung San Suu Kyi et de ses partisans gouvernementaux dans les terribles persécutions qui frappent depuis plusieurs années les Rohingyas (musulmans birmans).
L’ancienne prix Nobel a choisi de nier ou de taire les faits selon les moments, se rendant de fait complice des nettoyages ethniques initiés et commis par l’armée birmane contre une partie de la population du pays. L’aura de la « Dame de Rangoon » a été durablement atteinte. Cependant, sans minimiser la responsabilité de ses dirigeants, on mesure aujourd’hui sans doute à quel point la marge de manœuvre des membres de la LND – au parlement comme au gouvernement – était étroite.
La Gauche Républicaine et Socialiste condamne donc le coup d’État militaire en Birmanie et souhaite que la communauté internationale agisse en concertation pour créer les conditions d’une reprise rapide de la transition démocratique en Birmanie en faisant pression sur les militaires putschistes.