Refuser la capitulation de la commission européenne face aux Etats-Unis

Voilà le résultat final du transfert de la compétence sur les accords commerciaux à la Commission Européenne !

Il va falloir remettre en cause la logique complète qui nous a amenés à permettre la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen à pouvoir négocier seule avec Donald Trump.

C’est une capitulation en rase campagne :
🔸15% de droits de douane là où le Royaume-Uni obtient 10% ;
🔸renonciation à taxer les entreprises du numérique ;
🔸renonciation à la taxe minimale de 15% sur les grandes sociétés ;
🔸abandon du renforcement de la régulation des entreprises du numérique que l’Union Européenne prévoyait avant l’arrivée de Trump ;
🔸aggravation de la soumission des Européens au matériel militaire et aux hydrocarbures américains…

La France, qui défendait la ligne dure face à Trump, a perdu encore une fois son bras de fer avec l’Allemagne. Cet accord ne défend pas les intérêts français et va à rebours de tous nos engagements et ceux de l’Union Européenne.

Mais on ne peut pas se contenter de « regretter » la capitulation commerciale entérinée par von der Leyen. Le Premier ministre François Bayrou ne peut en rester à un tweet de déploration.
Il faut agir. Que la France demande la convocation en urgence du Conseil Européen. Nous devons exiger la démission de la Commission et de sa présidente qui ont gravement failli.

Reconnaissance de l’Etat palestinien : enfin !


La Gauche Républicaine et Socialiste salue la reconnaissance par la France de l’État palestinien et appelle à de nouvelles initiatives pour la Paix au Proche-Orient.

Emmanuel Macron a annoncé hier soir que la France allait enfin reconnaître l’État palestinien : nous saluons cette décision attendue depuis longtemps qui, selon nous, contribuera à renforcer les initiatives visant à mettre fin à l’horreur en cours dans la Bande de Gaza et à restaurer un processus de Paix au Proche-Orient. La France sera ainsi le premier État membre du Conseil de Sécurité de l’ONU et du G7 à franchir le pas : un symbole politique fort qui peut avoir des conséquences diplomatiques importantes.

Nous tenons à rappeler que le Parlement français avait déjà voté depuis plusieurs années des résolutions, auxquelles nous nous étions associées, demandant cette reconnaissance. Si la décision est enfin arrivée, nous nous étonnons qu’elle soit cependant différée à la participation en septembre du Président de la République à l’assemblée générale de l’ONU ; depuis le 10 juin dernier, Mahmoud Abbas, président maintenu de l’Autorité Palestinienne, a condamné officiellement les massacres du 7 octobre 2023, ce qui était la condition principale posée par Emmanuel Macron. Ces longues semaines où le Président de la République a suspendu la décision de reconnaissance après avoir déclaré l’envisager n’ont cessé de nous déconcerter car, au regard de l’urgence politique et humanitaire, nous ne voyons toujours pas ce qu’il espérait ainsi obtenir. La mise à l’ordre du jour de la Knesset de l’annexion des territoires palestiniens ne lui laissait sans doute plus le choix.

Cette décision doit être un acte supplémentaire de la communauté internationale pour exprimer la condamnation totale et humaine des crimes de masse commis sous l’autorité du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu : il ne fait plus de doute aujourd’hui que l’action de Tsahal à la demande de ce gouvernement vise à terroriser et cible les civils palestiniens plus qu’à combattre le Hamas et implique une famine massive qui s’intensifie chaque jour et menace dans les jours qui viennent la vie de dizaines de milliers de vieillards, de femmes, d’enfants mais aussi de soignants et de journalistes. Les déclarations quotidiennes de plusieurs membres du gouvernement d’extrême droite israélien ne laissent plus beaucoup de doutes sur leurs intentions génocidaires. Si l’opportunisme du chef du gouvernement – continuer la guerre pour éviter d’avoir à rendre des comptes aux électeurs et à la justice – est connu, il ne faut pas non plus sous-estimer les motivations idéologiques « révisionnistes » le liant aujourd’hui aux membres les plus extrémistes de son gouvernement et aux suprémacistes religieux, qui organisent également des exactions graves en Cisjordanie avec la protection de l’armée.

Il faut désormais imposer un cessez-le-feu dans les plus brefs délais sous peine d’avoir des centaines de milliers de morts sur la conscience.

La Gauche Républicaine et Socialiste appelle l’ensemble des organisations et États démocratiques à un soutien appuyé en faveur des mouvements israéliens de défense de la démocratie, de la paix, de la justice et des droits sociaux qui sont la seule alternative à l’extrême droite et se mobilisent tous les jours par centaines de milliers pour réclamer la libération des otages (qui reste notre exigence absolue et qui doit être celle de toute personne ou organisation attachée aux valeurs humanistes), la fin immédiate de la guerre et la démission du cabinet Netanyahu ; ils sont la meilleure chance pour l’État d’Israël de restaurer son image internationale. La Gauche Républicaine et Socialiste appelle à un soutien aux éléments démocratiques de la société palestinienne pour faire émerger une alternative crédible face à une Autorité palestinienne aujourd’hui délégitimée et un Hamas terroriste et criminel, qui a conduit la population qu’il écrasait de son pouvoir à la mort. Il n’y aura pas de processus de paix sans interlocuteur palestinien.

La Gauche Républicaine et Socialiste rappelle ses positions pour la résolution du conflit israélo-palestinien : reconnaissance réciproque de deux États israélien et palestinien sur les frontières de 1967, deux États qui doivent garantir la démocratie et l’égalité des droits en leur sein, garantie de sécurité et de l’existence de l’État d’Israël par l’ensemble de ses voisins, évacuation totale des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem Est.

L’impasse politique et budgétaire de François Bayrou

François Bayrou et son gouvernement ont opté pour un discours alarmiste, faisant même une comparaison indécente entre la France de 2025 et la Grèce de 2015. Ils pointent une soi-disant addiction à la dépense publique, sans jamais faire le lien entre la situation financière navrante du pays et la politique conduite depuis 7 ans sous les gouvernements d’Emmanuel Macron (y compris ceux de Michel Barnier et l’actuel). 
Cela saute pourtant aux yeux de tout le monde sauf à ceux des ministres.

François Bayrou présenterait donc un programme ou un plan qui serait juste et équilibré. Or tout le monde, même les électeurs du soi-disant « socle commun », a compris que ce n’était ni juste ni équilibré : Bayrou veut prendre beaucoup à ceux qui ont peu et pas grand-chose à ceux qui ont beaucoup . Cela heurte tous les Français, et pas seulement ceux qui se livrent dans l’opposition. Ou si le gouvernement se veut très précis pour tout ce qui concerne les mesures dites d’austérité (le gel des allocations, l’année blanche, la suppression d’un certain nombre de dispositifs), il est très imprécis sur tout le reste : comment fait-on pour les recettes, comme fait-on sur les niches fiscales, comment fait-on pour les exonérations de cotisations sociales ? Cette « imprécision » ne peut que choquer ceux qui sont épris de justice et de progrès.

Quatre questions doivent être posées :
1- Un rapport d’une commission d’enquête du Sénat, présenté par Fabien Gay, sur les aides aux entreprises , à pointé des dépenses de l’ordre de 211 milliards d’euros . Le Premier ministre a reconnu que c’était beaucoup, mais quelle est sa conclusion ? On n’en sait rien alors que tant de choses devraient être examinées dans ce champ. 
2- Le gouvernement a-t-il évalué le risque récessif de son « plan » ? Quand on déprime la consommation, quand on gèle les investissements, il y a un grand risque de récession, donc moins de recettes fiscales et encore plus de déficit. 
3- Au moment où le chômage augmente , le gouvernement n’a-t-il rien d’autre à proposer que de diminuer encore plus les moyens de la mission budgétaire « Travail, emploi » avec une nouvelle contre-réforme de l’assurance chômage, sans réelle évaluation des précédents qui, manifestement, ne marche pas très bien ? 
4- Avec qui le gouvernement et le Premier ministre prétendent-ils négocier et définir des compromis ? Même avec le bloc central on envoie que la marge de manœuvre est limitée, mais qu’entendent-ils laisser comme appréciation aux oppositions et aux députés de gauche notamment, alors tant sur les principes que sur les moyens François Bayrou prétend qu’il n’y a pas d’autres solutions que les siennes ?

Sans réponses satisfaisantes à ces questions, nous courrons droit à l’impasse. Le Maire de Pau le sait sans doute et, dès le 15 juillet, annonçait déjà son échec pour se draper pour la postérité dans le rôle du « réformateur incompris » : n’est pas Pierre Mendès France qui veut !

Marie-Noëlle Lienemann et David Cayla aux universités d’été du Parti de la Gauche Européenne 2025

Les vendredi 11, samedi 12 et dimanche 13 juillet 2025 se déroulaient, au siège du Parti Communistes Français, place du Colonel-Fabien, les universités d’Eté du PGE. La Gauche Républicaine et Socialiste y participait. Voici les deux interventions que nous avons récupérées :

📽samedi 12 juillet 2025, 10h30, 🏘Garantir le droit au logement contre la spéculation🏘

avec

  • Jacques Baudrier, adjoint au Maire (PCF) de Paris en charge du logement
  • Marie-Noëlle Lienemann, ancienne ministre du logement (GRS)
  • Enikö Vincze, professeur à l’Université Babeş-Bolyai (Roumanie)

animation par Waltraud Fritz et Ismael Gonzalez, responsables de la campagne logement pour le PGE 💸

📽samedi 12 juillet 2025, 14h30, 💸Quelles alternatives à l’époque de la guerre douanière de Donald Trump ?💸

avec

  • Matteo Gaddi, confédération générale italienne du travail (CGIL)
  • David Cayla, économiste et essayiste, vice doyen de la faculté d’économie, de droit et de management de l’université d’Angers

animation par Frédéric Boccara, économiste du PCF

Budget Bayrou 2026 : fonctionnaires sacrifiés, la fausse solution

Au lendemain de la fête nationale et de la clôture de la session d’un Parlement où ses partisans sont minoritaires, François Bayrou a dévoilé son « plan » pour réduire la dette.

Alors que les profits générés par les grandes entreprises n’ont jamais été aussi élevés, que les entreprises pratiquent le « cumcum » sans honte (voir notre article1), le locataire de Matignon a sorti les recettes de grand-mère qui n’ont jamais produit le moindre effet : le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois, reprise à peine atténuée de la vieille formule de Nicolas Sarkozy, avec la réforme générale de la fonction publique (RGPP), déjà recyclée par François Hollande. Depuis 20 ans, les fonctionnaires seraient trop nombreux et coûteraient trop chers, tandis que leurs missions n’ont jamais été aussi nombreuses et cruciales (réindustrialisation, défense, transition énergétique…).

Le rapport de la commission d’enquête du Sénat remis la semaine dernière par Fabien Gay nous confirme que 211 milliards d’euros sont versés aux entreprises sans réel contrôle mais le premier réflexe du gouvernement Bayrou est de diminuer le nombre d’agents publics.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets : la diminution des recettes et l’augmentation des dépenses fiscales crééent un déficit de plus en plus grand, augmentant mécaniquement le poids de la dette et des intérêts. Réduire année après année les moyens donnés aux agents publics pour effectuer correctement leurs missions ne leur permettra pas de gagner en efficacité, bien au contraire.

Une fonction publique méprisée

Depuis plusieurs années, la fonction publique rencontre une crise d’attractivité. Alors que les études tendent à monter que les travailleurs cherchent un sens à leur emploi, ils se détournent paradoxalement de la fonction publique, pourtant riche de sens. Travailler pour l’intérêt général et améliorer le quotidien de ses concitoyens devrait être un puissant levier d’attractivité. C’est pourquoi le rapport publié le 9 décembre 2024 par France Stratégie2 appelle ainsi à une valorisation de la fonction publique dans les discours, une meilleure communication autour de ses atouts et des préjugés qui l’entoure et, enfin, une reconnaissance salariale. François Bayrou, ex-Haut-Commissaire au Plan (dont on peine à trouver le bilan), fait tout le contraire avec le projet de budget 2026.

Le Premier ministre actuel, constant dans l’incohérence, veut donc augmenter la charge de travail pour les agents publics qui continueront de travailler, alors que les services sont aujourd’hui réduits à l’os. Par ailleurs, réduire le nombre de fonctionnaires contribuerait à déséquilibrer le régime de retraite de la fonction publique en baissant une nouvelle fois le nombre d’actifs par rapport au nombre de retraités. Les mêmes viendront ensuite s’étonner du déficit des retraites et proposeront encore d’augmenter la durée de cotisation. Double peine pour les agents : des conditions de travail détériorées pendant plus longtemps !

Un autre rapport, rédigé par Le Sens du service public et la Fondation Jean-Jaurès3 indique que l’Intelligence Artificielle ne doit pas permettre une réduction des effectifs mais bien un rapprochement des services publics avec les usagers. En procédant au nom remplacement d’un fonctionnaire sur trois, le gouvernement Bayrou provoquera immanquablement un nouvel éloignement de la puissance publique comme lors de la précédente phase de dématérialisation.

Et concrètement, il propose quoi ?

Mais une question essentielle se pose : tous les services publics sont-ils concernés ? Le président a annoncé une augmentation du budget de la défense, il est donc peu probable que les fonctionnaires du ministère des Armées soit concerné. La Justice ? Le ministère de l’Intérieur ? Ces ministères bénéficient également d’une protection politique. L’éducation nationale (alors que tous s’accordent à dire qu’ils devrait être prioritaire) ? La santé, appelée à faire un effort d’économie de 5 milliards d’euros dans ce projet de budget ? Les collectivités locales à qui l’on confie toujours plus de tâches tout en limitant les financements ? François Bayrou procède donc à une restructuration des missions de l’État et de la puissance publique sans avoir le courage politique de l’assumer !

Les fonctionnaires rêvent de pouvoir mener leurs missions correctement et dignement. Ce n’est pas en réduisant continuellement leurs moyens, en les privant de perspectives d’amélioration de leurs conditions de travail et en multipliant les injonctions contradictoires que la puissance publique se redressera.

Plus que jamais, la France a besoin d’agents publics engagés dans leurs missions. Plus que jamais les service de l’État et de la puissance publique ont besoin d’un cap pour œuvrer dans le sens de la cohésion sociale et nationale.

Joffrey Robécourt

  1. https://g-r-s.fr/qui-paye-qui-pour-maintenir-limpunite-des-escrocs-cumcum/ ↩︎
  2. https://www.strategie-plan.gouv.fr/publications/travailler-fonction-publique-defi-de-lattractivite ↩︎
  3. https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/07/03/fonction-publique-un-rapport-recommande-d-encadrer-le-deploiement-de-l-ia_6617516_823448.html ↩︎

Refonder la politique de l’habitat : un avis fort du CESE face à l’urgence !

L’avis du CESE sur « L’habitat et le logement face aux défis sociaux, territoriaux et écologiques » que Marie-Noëlle Lienemann a présenté le 8 juillet 2025, aux côtés de Maud Lelièvre, a été adopté à la quasi-unanimité (2 abstentions).
Il trace la voie pour résorber la crise du logement, répondre à l’urgence climatique et s’adapter aux nouveaux défis et modes de vie en France.

🚨 Un constat sans appel

🔸Niveau dramatique du nombre de mal-logés et de personnes sans domicile
🔸Les dépenses de logement représentent en moyenne 25% du budget des ménages, beaucoup plus encore pour les familles modestes
🔸L’accès à un logement abordable est de plus en plus difficile partout (2,8 millions de demandeurs HLM, accession sociale bloquée…), alors que la construction de logement chute dangereusement
🔸Isolation : retard important dans la rénovation, adaptation insuffisante aux fortes chaleurs

📄 Le rapport fait 22 préconisations autour de quelques axes forts

🔹 Une loi pluriannuelle de programmation, fondée sur la planification territoriale et des réponses adaptées: vieillissement, handicap, logement saisonnier, droit au logement, habitat rural
🔹 La régulation des prix du foncier et l’encadrement des loyers
🔹 La reprise de la production massive de nouveaux logements abordables et de qualité (objectif : 750 000 logements sociaux en 5 ans, relance de l’investissement locatif privé sous condition et de l’accession sociale)
🔹 Des outils pour construire la ville sur la ville, le village sur le village : neuf, reconfiguration de l’ancien, réutilisation des bureaux vides, mobilisation du parc vacant
🔹 Une stratégie foncière anti-spéculative et de sobriété
🔹 Une application renforcée de la Loi SRU et un troisième programme de renouvellement urbain pour avancer vers davantage de mixité sociale
🔹 La prise en compte du « confort d’été » dans toutes les rénovations, mise en place de véritables plans canicule (prévention & réponses d’urgence)
🔹 Un plan de végétalisation et d’accès à la nature partout

📃 Vous pouvez télécharger le rapport ci-dessous

et regarder la séance plénière (avec l’intervention de Clement Beaune Haut commissaire au Plan et de Valérie Letard ministre du logement)

Budget 2026 : Bayrou dur avec les faibles, faibles avec les puissants

Emmanuel Maurel était l’invité de RFI et France 24 dans « Mardi Politique », ce mardi 15 juillet 2025 à 18h10, pour réagir à la conférence de presse sur le prochain budget donnée par François Bayrou et son gouvernement aujourd’hui 20 avenue de Ségur. La seule vérité qui émerge de ce « moment », c’est que, pour Bayrou et pour Macron, le « courage » consiste à demander beaucoup à ceux qui ont peu, et à ne demander quasiment rien à ceux qui ont beaucoup.

Beds are burning

La date du mardi 8 juillet 2025 apparaît dès aujourd’hui comme un précipité des faux-semblants et des reniements de la politique écologique française sous le mandat d’Emmanuel Macron.

Les gouvernements, qui se succèdent, semblent reprendre à leur compte cette antienne sarkozyste 2011 : « l’environnement, ça commence à bien faire1« .

La présentation du « budget vert » depuis 2020 est essentiellement un exercice de style qui permet d’additionner d’une année sur l’autre des crédits budgétaires qui ne sont pas comparables d’une année sur l’autre pour prétendre à un effort croissant de près de 15 Md € en 5 ans. Ces artifices ont fait long feu : le fonds vert, présenté en 2023 comme le levier pour ancrer la transition écologique sur le terrain et dans les collectivités, est passé de 3,6Md € en 2023 et 2024 à 1,15Md € cette année, en attendant les prochaines annulations de crédits.

L’examen du projet de loi sur la simplification de la vie économique a été un festival des députés MoDem, Renaissance, Horizons, LR et RN pour sabrer dans les outils écologiques : Zéro Artificialisation Nette (sans aucune alternative de stratégie urbaine), affaiblissement de l’ONF, suppression du Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique, de l’Observatoire des espaces naturels, agricoles et forestiers, de l’Office français de la biodiversité ou de l’Observatoire national de la politique de la ville (outil pourtant nécessaire pour mesurer et accompagner les processus de transition écologique dans les quartiers populaires particulièrement exposés)…

Le 8 juillet, ils votaient la loi Duplomb qui ne pourra avoir qu’un seul résultat : réintroduire des pesticides cancérigènes sans régler AUCUN problème, notamment celui de notre souveraineté alimentaire ! Nos agriculteurs resteront piégés par une concurrence déloyale et une grande distribution qui les pressure jusqu’à la ruine, mais la FNSEA est satisfaite.

Et pendant ce temps, les Quartiers Nord de Marseille, métropole française et méditerranéenne de plus d’un millions d’habitants, et leur population étaient exposés à des incendies massifs, avec une sécheresse qui arrive toujours plus tôt dans l’année, résultat explicite du changement climatique en cours (et qui s’accélère). Quelle autre démonstration plus parlante pouvait-on trouver pour illustrer que le risque climatique est d’ores-et-déjà plus durement vécu par les catégories populaires ?!?

Enfin, ce matin du 9 juillet, nous nous sommes réveillés avec la communication du service européen Copernicus pour son bulletin climatique mensuel : Le mois de juin 2025 a été le plus chaud jamais enregistré en Europe de l’Ouest, marqué par deux vagues de chaleur – entre le 17 et le 22 puis à partir du 30 juin – « exceptionnelles » : « ces vagues de chaleur sont susceptibles d’être plus fréquentes, plus intenses et affecteront de plus en plus de personnes en Europe« . Dans le monde, le mois dernier était le 3e mois de juin le plus chaud, juste derrière juin 2024 (qui était 0,2°C plus chaud) et quasiment au même niveau (0,06°C) que juin 2023.

Le groupe de rock australien Midnight Oil2 cartonnait dans les classements en 1987 avec la chanson « Beds are Burning ». En 2002, Jacques Chirac prononçait au  IVe sommet de la Terre à Johannesburg « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » En juillet 2025, nos lits brûlent avec la maison et toute la droite, du centre aux extrêmes, regarde ailleurs.

Frédéric Faravel

  1. La phrase exacte prononcée par l’ancien président de la République le 6 mars 2011 au Salon de l’agriculture est « Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d’environnement, parce que là aussi ça commence à bien faire. » ↩︎
  2. Le groupe, connu pour son engagement écologiste, est toujours mené par le chanteur Peter Garett qui fut par ailleurs député travailliste à la Chambre des représentants d’Australie de 2004 à 2013 et ministre australien de l’écologie de 2007 à 2013. ↩︎

« Sans alternative à l’offre actuelle, l’attractivité du train restera une ambition… et l’utilisation de la route, une évidence » Chloé Petat, tribune dans Marianne

Dans cette tribune publiée dans Marianne le 7 juillet 2025, Chloé Petat, autrice de La révolution ratée du transport ferroviaire au XXIe siècle (Le Bord de l’eau), revient sur l’ouverture à la concurrence de la SNCF, non seulement sur le marché ferroviaire lui-même, mais surtout sur la concurrence indirecte que représente la route, un enjeu souvent négligé. Elle souligne notamment que la hausse des tarifs des billets de train accentue cette problématique.

Depuis l’ouverture du marché ferroviaire à la concurrence, la SNCF n’est plus seule sur les rails français. De nouveaux opérateurs ferroviaires apparaissent progressivement, à la fois sur les parties fret et voyageurs (TGV, trains express régionaux, trains d’équilibre du territoire). En revanche, beaucoup plus surprenant, le premier concurrent du rail figure, lui, dans l’angle mort du débat public : il s’agit de la route. Le fret ferroviaire est ouvert à la concurrence depuis 2006. Le marché s’est largement fragmenté avec l’arrivée de nouveaux acteurs (DB Cargo, Captrain, Lineas, etc.) mais le fret SNCF a réussi à conserver plus de 50% des parts de marché. La réforme de 2024 qui démantèle l’entité Fret SNCF en deux entités distinctes, Technis et Heaxfret, va encore rebattre les cartes et cette répartition.

L’ouverture à la concurrence sur le marché ferroviaire de voyageurs est quant à elle effective depuis 2020. Plusieurs nouveaux entrants ont émergé comme la Renfe (sur la ligne Paris-Lyon-Barcelone), Trenitalia (sur les lignes Paris-Lyon-Milan et Paris-Marseille plus récemment), ou encore Transdev qui a commencé à exploiter la ligne TER Marseille-Nice en juin 2025. Cette concurrence est encore limitée puisque la SNCF conserve une quasi-hégémonie sur le territoire (plus de 90% des parts de marché).

En 2022, 80% des déplacements se sont effectués en voiture

En réalité, la concurrence ne se joue pas qu’au sein du marché ferroviaire mais également avec le secteur routier. La route n’a cessé de grignoter des parts de marché sur le secteur du transport voyageurs et de marchandises ces dernières décennies, à tel point qu’aujourd’hui, le train représente seulement entre 9 et 10% des déplacements de voyageurs et de marchandises, contre 80-90% pour la route (Ce pourcentage est proche mais diffère pour le transport de voyageurs et le transport de marchandises).

En 2022 en France, 80% des déplacements se sont effectués en voiture, 10% par le train, 2% par les bus, 2% pour l’aérien (vols intérieurs), 5% par les transports urbains. Pour le fret, 89 % des déplacements sont effectués par la route, contre 9% pour le rail et 1% par les voies navigables (source : Chiffres clés des transports – Édition 2024 | Données et études statistiques1). Cette évolution de la part modale au profit de la route s’explique par un certain nombre de facteurs notamment géographique et économique.

D’abord géographique par la couverture territoriale. La voiture permet de relier directement n’importe quel point du territoire, y compris les zones rurales ou périurbaines insuffisamment desservies par les transports en commun. En comparaison, le réseau ferroviaire, bien que dense, reste concentré autour des grandes villes et des axes majeurs : près de 30% des communes françaises ne sont pas desservies par une gare, ce qui rend le train inaccessible pour une partie significative de la population.

Le maillage routier et la loi Macron de 2015 permettent aujourd’hui à des compagnies comme Flixbus, qui possède une situation quasi-hégémonique sur le marché, de proposer une offre élargie faisant concurrence directement au transport ferroviaire.

Des tarifs élevés pour le train

Ensuite économique par la question du prix. Les tarifs des billets ferroviaires peuvent apparaître comme élevés et ainsi très dissuasifs pour les voyageurs au regard du coût d’un trajet en voiture (qui est lissé sur la période de propriété du véhicule). Les libéralisations du marché du fret routier dans les années 1990 et celle du marché des autocars longue distance en 2015 ont également permis de faire baisser le coût des déplacements routiers. Il est notamment possible pour les entreprises exerçant sur le secteur de faire appel à des salariés étrangers et / ou des sous-traitants étrangers réduisant ainsi les coûts salariaux.

Ensuite, la fiscalité varie entre la route et le rail. Contrairement au rail, le maillage routier permet d’emprunter le réseau routier national gratuit permettant de ne pas payer de péages contrairement au ferroviaire. De plus, il n’existe à ce jour aucune taxe ni sur les poids lourds ni sur les autocars qui génèrent pourtant de nombreuses externalités environnementales négatives.

Ainsi, en comparaison avec le rail, le routier profite donc d’un réseau mieux maillé lui permettant de desservir davantage de territoires et surtout d’une fiscalité avantageuse qui a une incidence sur les prix. Ainsi, si l’ouverture à la concurrence ferroviaire permet l’émergence de nouveaux acteurs, la route reste sans contestation le principal concurrent de la SNCF, tant pour les voyageurs que pour le fret. Le rail ne pourra rivaliser que si l’on établit une fiscalité équitable, une tarification incitative en faveur du ferroviaire et surtout si des investissements financiers suffisants sont mis en œuvre pour rénover le réseau (notamment les petites lignes) et mieux mailler le territoire.

Dans une perspective écologique, il est aujourd’hui urgent de proposer une réelle alternative à l’utilisation de la route et de la voiture individuelle. À défaut, l’attractivité du train restera une ambition… et l’utilisation de la route, une évidence.

Chloé Petat

  1. https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/chiffres-cles-des-transports-edition-2024-0 ↩︎

Qui paye qui pour maintenir l’impunité des escrocs CumCum ?

Deux avocats, Maître Afane Jacquart et Maître Bayou (l’ancien député) ont plaidé devant le Conseil d’Etat pour faire tomber non seulement cet amendement mais tout le dispositif contesté.
Ils ont également déposé une plainte pour corruption contre Bercy.

L’affaire CumCum a de bien profondes origines : entre 2007 et 2015, lorsque les premiers lanceurs d’alerte ont permis de révéler le dispositif, c’est 55 milliards qui ont été perdus en Europe. Il s’agit d’un dispositif d’escroquerie de l’Etat en utilisant les transactions internationales.

En Allemagne, le maire de Hambourg a tenté d’éviter un redressement à une des banques coupables de cette escroquerie, jouant la montre pour faire tomber les 400 millions de redressements avec la prescription. Son nom : Olaf Scholz.
Le gouvernement fédéral de l’époque à du intervenir, une commission d’enquête a établi sa responsabilité, une enquête judiciaire est toujours en cours.
Le dossier a failli lui coûter la chancellerie.

En France, c’est chaque année une perte de 3 milliards, qui perdure depuis 10 ans, alors que les banques ayant mis en place ce dispositif d’escroquerie à l’argent public n’ont pas été redressées pour les dix années précédentes.

Bercy, visiblement très à l’écoute des arguments de la Fédération Bancaire Française, fait tout pour continuer à protéger cette manne qui bénéficie pourtant en premier lieu à des personnes hors de France !

C’est l’illustration d’une corruption morale à tout le moins, et peut-être réelle, au sein de Bercy, alors que l’État prétend trouver 40 milliards de recettes supplémentaires sur le dos des français normaux.

Le rôle du législateur est de boucher tous les trous possibles dans la loi fiscale, qui invitent les escrocs internationaux à faire les poches de l’Etat (en payant au passage de juteuses commissions aux banques !).

Une commission d’enquête parlementaire est indispensable pour faire toute la lumière sur cette invraisemblable insubordination de l’Exécutif à la loi de finances qu’il a lui-même imposée au moyen du 49-3, mais qui n’en est pas moins devenue la loi du Parlement.

Cette commission d’enquête devra naturellement exiger de tous les responsables en charge du dossier à Bercy, au premier rang desquels Eric Lombard et Amélie de Montchalin, des explications sur cette scandaleuse affaire.

Mathieu Pouydesseau et Laurent Miermont

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