L’impasse politique et budgétaire de François Bayrou

François Bayrou et son gouvernement ont opté pour un discours alarmiste, faisant même une comparaison indécente entre la France de 2025 et la Grèce de 2015. Ils pointent une soi-disant addiction à la dépense publique, sans jamais faire le lien entre la situation financière navrante du pays et la politique conduite depuis 7 ans sous les gouvernements d’Emmanuel Macron (y compris ceux de Michel Barnier et l’actuel). 
Cela saute pourtant aux yeux de tout le monde sauf à ceux des ministres.

François Bayrou présenterait donc un programme ou un plan qui serait juste et équilibré. Or tout le monde, même les électeurs du soi-disant « socle commun », a compris que ce n’était ni juste ni équilibré : Bayrou veut prendre beaucoup à ceux qui ont peu et pas grand-chose à ceux qui ont beaucoup . Cela heurte tous les Français, et pas seulement ceux qui se livrent dans l’opposition. Ou si le gouvernement se veut très précis pour tout ce qui concerne les mesures dites d’austérité (le gel des allocations, l’année blanche, la suppression d’un certain nombre de dispositifs), il est très imprécis sur tout le reste : comment fait-on pour les recettes, comme fait-on sur les niches fiscales, comment fait-on pour les exonérations de cotisations sociales ? Cette « imprécision » ne peut que choquer ceux qui sont épris de justice et de progrès.

Quatre questions doivent être posées :
1- Un rapport d’une commission d’enquête du Sénat, présenté par Fabien Gay, sur les aides aux entreprises , à pointé des dépenses de l’ordre de 211 milliards d’euros . Le Premier ministre a reconnu que c’était beaucoup, mais quelle est sa conclusion ? On n’en sait rien alors que tant de choses devraient être examinées dans ce champ. 
2- Le gouvernement a-t-il évalué le risque récessif de son « plan » ? Quand on déprime la consommation, quand on gèle les investissements, il y a un grand risque de récession, donc moins de recettes fiscales et encore plus de déficit. 
3- Au moment où le chômage augmente , le gouvernement n’a-t-il rien d’autre à proposer que de diminuer encore plus les moyens de la mission budgétaire « Travail, emploi » avec une nouvelle contre-réforme de l’assurance chômage, sans réelle évaluation des précédents qui, manifestement, ne marche pas très bien ? 
4- Avec qui le gouvernement et le Premier ministre prétendent-ils négocier et définir des compromis ? Même avec le bloc central on envoie que la marge de manœuvre est limitée, mais qu’entendent-ils laisser comme appréciation aux oppositions et aux députés de gauche notamment, alors tant sur les principes que sur les moyens François Bayrou prétend qu’il n’y a pas d’autres solutions que les siennes ?

Sans réponses satisfaisantes à ces questions, nous courrons droit à l’impasse. Le Maire de Pau le sait sans doute et, dès le 15 juillet, annonçait déjà son échec pour se draper pour la postérité dans le rôle du « réformateur incompris » : n’est pas Pierre Mendès France qui veut !

Budget Bayrou 2026 : fonctionnaires sacrifiés, la fausse solution

Au lendemain de la fête nationale et de la clôture de la session d’un Parlement où ses partisans sont minoritaires, François Bayrou a dévoilé son « plan » pour réduire la dette.

Alors que les profits générés par les grandes entreprises n’ont jamais été aussi élevés, que les entreprises pratiquent le « cumcum » sans honte (voir notre article1), le locataire de Matignon a sorti les recettes de grand-mère qui n’ont jamais produit le moindre effet : le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois, reprise à peine atténuée de la vieille formule de Nicolas Sarkozy, avec la réforme générale de la fonction publique (RGPP), déjà recyclée par François Hollande. Depuis 20 ans, les fonctionnaires seraient trop nombreux et coûteraient trop chers, tandis que leurs missions n’ont jamais été aussi nombreuses et cruciales (réindustrialisation, défense, transition énergétique…).

Le rapport de la commission d’enquête du Sénat remis la semaine dernière par Fabien Gay nous confirme que 211 milliards d’euros sont versés aux entreprises sans réel contrôle mais le premier réflexe du gouvernement Bayrou est de diminuer le nombre d’agents publics.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets : la diminution des recettes et l’augmentation des dépenses fiscales crééent un déficit de plus en plus grand, augmentant mécaniquement le poids de la dette et des intérêts. Réduire année après année les moyens donnés aux agents publics pour effectuer correctement leurs missions ne leur permettra pas de gagner en efficacité, bien au contraire.

Une fonction publique méprisée

Depuis plusieurs années, la fonction publique rencontre une crise d’attractivité. Alors que les études tendent à monter que les travailleurs cherchent un sens à leur emploi, ils se détournent paradoxalement de la fonction publique, pourtant riche de sens. Travailler pour l’intérêt général et améliorer le quotidien de ses concitoyens devrait être un puissant levier d’attractivité. C’est pourquoi le rapport publié le 9 décembre 2024 par France Stratégie2 appelle ainsi à une valorisation de la fonction publique dans les discours, une meilleure communication autour de ses atouts et des préjugés qui l’entoure et, enfin, une reconnaissance salariale. François Bayrou, ex-Haut-Commissaire au Plan (dont on peine à trouver le bilan), fait tout le contraire avec le projet de budget 2026.

Le Premier ministre actuel, constant dans l’incohérence, veut donc augmenter la charge de travail pour les agents publics qui continueront de travailler, alors que les services sont aujourd’hui réduits à l’os. Par ailleurs, réduire le nombre de fonctionnaires contribuerait à déséquilibrer le régime de retraite de la fonction publique en baissant une nouvelle fois le nombre d’actifs par rapport au nombre de retraités. Les mêmes viendront ensuite s’étonner du déficit des retraites et proposeront encore d’augmenter la durée de cotisation. Double peine pour les agents : des conditions de travail détériorées pendant plus longtemps !

Un autre rapport, rédigé par Le Sens du service public et la Fondation Jean-Jaurès3 indique que l’Intelligence Artificielle ne doit pas permettre une réduction des effectifs mais bien un rapprochement des services publics avec les usagers. En procédant au nom remplacement d’un fonctionnaire sur trois, le gouvernement Bayrou provoquera immanquablement un nouvel éloignement de la puissance publique comme lors de la précédente phase de dématérialisation.

Et concrètement, il propose quoi ?

Mais une question essentielle se pose : tous les services publics sont-ils concernés ? Le président a annoncé une augmentation du budget de la défense, il est donc peu probable que les fonctionnaires du ministère des Armées soit concerné. La Justice ? Le ministère de l’Intérieur ? Ces ministères bénéficient également d’une protection politique. L’éducation nationale (alors que tous s’accordent à dire qu’ils devrait être prioritaire) ? La santé, appelée à faire un effort d’économie de 5 milliards d’euros dans ce projet de budget ? Les collectivités locales à qui l’on confie toujours plus de tâches tout en limitant les financements ? François Bayrou procède donc à une restructuration des missions de l’État et de la puissance publique sans avoir le courage politique de l’assumer !

Les fonctionnaires rêvent de pouvoir mener leurs missions correctement et dignement. Ce n’est pas en réduisant continuellement leurs moyens, en les privant de perspectives d’amélioration de leurs conditions de travail et en multipliant les injonctions contradictoires que la puissance publique se redressera.

Plus que jamais, la France a besoin d’agents publics engagés dans leurs missions. Plus que jamais les service de l’État et de la puissance publique ont besoin d’un cap pour œuvrer dans le sens de la cohésion sociale et nationale.

Joffrey Robécourt

  1. https://g-r-s.fr/qui-paye-qui-pour-maintenir-limpunite-des-escrocs-cumcum/ ↩︎
  2. https://www.strategie-plan.gouv.fr/publications/travailler-fonction-publique-defi-de-lattractivite ↩︎
  3. https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/07/03/fonction-publique-un-rapport-recommande-d-encadrer-le-deploiement-de-l-ia_6617516_823448.html ↩︎

Budget 2026 : Bayrou dur avec les faibles, faibles avec les puissants

Emmanuel Maurel était l’invité de RFI et France 24 dans « Mardi Politique », ce mardi 15 juillet 2025 à 18h10, pour réagir à la conférence de presse sur le prochain budget donnée par François Bayrou et son gouvernement aujourd’hui 20 avenue de Ségur. La seule vérité qui émerge de ce « moment », c’est que, pour Bayrou et pour Macron, le « courage » consiste à demander beaucoup à ceux qui ont peu, et à ne demander quasiment rien à ceux qui ont beaucoup.

Beds are burning

La date du mardi 8 juillet 2025 apparaît dès aujourd’hui comme un précipité des faux-semblants et des reniements de la politique écologique française sous le mandat d’Emmanuel Macron.

Les gouvernements, qui se succèdent, semblent reprendre à leur compte cette antienne sarkozyste 2011 : « l’environnement, ça commence à bien faire1« .

La présentation du « budget vert » depuis 2020 est essentiellement un exercice de style qui permet d’additionner d’une année sur l’autre des crédits budgétaires qui ne sont pas comparables d’une année sur l’autre pour prétendre à un effort croissant de près de 15 Md € en 5 ans. Ces artifices ont fait long feu : le fonds vert, présenté en 2023 comme le levier pour ancrer la transition écologique sur le terrain et dans les collectivités, est passé de 3,6Md € en 2023 et 2024 à 1,15Md € cette année, en attendant les prochaines annulations de crédits.

L’examen du projet de loi sur la simplification de la vie économique a été un festival des députés MoDem, Renaissance, Horizons, LR et RN pour sabrer dans les outils écologiques : Zéro Artificialisation Nette (sans aucune alternative de stratégie urbaine), affaiblissement de l’ONF, suppression du Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique, de l’Observatoire des espaces naturels, agricoles et forestiers, de l’Office français de la biodiversité ou de l’Observatoire national de la politique de la ville (outil pourtant nécessaire pour mesurer et accompagner les processus de transition écologique dans les quartiers populaires particulièrement exposés)…

Le 8 juillet, ils votaient la loi Duplomb qui ne pourra avoir qu’un seul résultat : réintroduire des pesticides cancérigènes sans régler AUCUN problème, notamment celui de notre souveraineté alimentaire ! Nos agriculteurs resteront piégés par une concurrence déloyale et une grande distribution qui les pressure jusqu’à la ruine, mais la FNSEA est satisfaite.

Et pendant ce temps, les Quartiers Nord de Marseille, métropole française et méditerranéenne de plus d’un millions d’habitants, et leur population étaient exposés à des incendies massifs, avec une sécheresse qui arrive toujours plus tôt dans l’année, résultat explicite du changement climatique en cours (et qui s’accélère). Quelle autre démonstration plus parlante pouvait-on trouver pour illustrer que le risque climatique est d’ores-et-déjà plus durement vécu par les catégories populaires ?!?

Enfin, ce matin du 9 juillet, nous nous sommes réveillés avec la communication du service européen Copernicus pour son bulletin climatique mensuel : Le mois de juin 2025 a été le plus chaud jamais enregistré en Europe de l’Ouest, marqué par deux vagues de chaleur – entre le 17 et le 22 puis à partir du 30 juin – « exceptionnelles » : « ces vagues de chaleur sont susceptibles d’être plus fréquentes, plus intenses et affecteront de plus en plus de personnes en Europe« . Dans le monde, le mois dernier était le 3e mois de juin le plus chaud, juste derrière juin 2024 (qui était 0,2°C plus chaud) et quasiment au même niveau (0,06°C) que juin 2023.

Le groupe de rock australien Midnight Oil2 cartonnait dans les classements en 1987 avec la chanson « Beds are Burning ». En 2002, Jacques Chirac prononçait au  IVe sommet de la Terre à Johannesburg « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » En juillet 2025, nos lits brûlent avec la maison et toute la droite, du centre aux extrêmes, regarde ailleurs.

Frédéric Faravel

  1. La phrase exacte prononcée par l’ancien président de la République le 6 mars 2011 au Salon de l’agriculture est « Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d’environnement, parce que là aussi ça commence à bien faire. » ↩︎
  2. Le groupe, connu pour son engagement écologiste, est toujours mené par le chanteur Peter Garett qui fut par ailleurs député travailliste à la Chambre des représentants d’Australie de 2004 à 2013 et ministre australien de l’écologie de 2007 à 2013. ↩︎

Qui paye qui pour maintenir l’impunité des escrocs CumCum ?

Deux avocats, Maître Afane Jacquart et Maître Bayou (l’ancien député) ont plaidé devant le Conseil d’Etat pour faire tomber non seulement cet amendement mais tout le dispositif contesté.
Ils ont également déposé une plainte pour corruption contre Bercy.

L’affaire CumCum a de bien profondes origines : entre 2007 et 2015, lorsque les premiers lanceurs d’alerte ont permis de révéler le dispositif, c’est 55 milliards qui ont été perdus en Europe. Il s’agit d’un dispositif d’escroquerie de l’Etat en utilisant les transactions internationales.

En Allemagne, le maire de Hambourg a tenté d’éviter un redressement à une des banques coupables de cette escroquerie, jouant la montre pour faire tomber les 400 millions de redressements avec la prescription. Son nom : Olaf Scholz.
Le gouvernement fédéral de l’époque à du intervenir, une commission d’enquête a établi sa responsabilité, une enquête judiciaire est toujours en cours.
Le dossier a failli lui coûter la chancellerie.

En France, c’est chaque année une perte de 3 milliards, qui perdure depuis 10 ans, alors que les banques ayant mis en place ce dispositif d’escroquerie à l’argent public n’ont pas été redressées pour les dix années précédentes.

Bercy, visiblement très à l’écoute des arguments de la Fédération Bancaire Française, fait tout pour continuer à protéger cette manne qui bénéficie pourtant en premier lieu à des personnes hors de France !

C’est l’illustration d’une corruption morale à tout le moins, et peut-être réelle, au sein de Bercy, alors que l’État prétend trouver 40 milliards de recettes supplémentaires sur le dos des français normaux.

Le rôle du législateur est de boucher tous les trous possibles dans la loi fiscale, qui invitent les escrocs internationaux à faire les poches de l’Etat (en payant au passage de juteuses commissions aux banques !).

Une commission d’enquête parlementaire est indispensable pour faire toute la lumière sur cette invraisemblable insubordination de l’Exécutif à la loi de finances qu’il a lui-même imposée au moyen du 49-3, mais qui n’en est pas moins devenue la loi du Parlement.

Cette commission d’enquête devra naturellement exiger de tous les responsables en charge du dossier à Bercy, au premier rang desquels Eric Lombard et Amélie de Montchalin, des explications sur cette scandaleuse affaire.

Mathieu Pouydesseau et Laurent Miermont

Il faut sauver la Miviludes

communiqué de presse de la Gauche Républicain et Socialiste du 6 juillet 2025

Un article de Charlie Hebdo du 2 juillet 2025 alerte sur le risque de disparition de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Et le 30 juin dernier, le Chef de la Miviludes, placée sous la tutelle sur Secrétariat Général du comité interministériel de la prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR) depuis 2020, a jeté l’éponge et selon toute vraisemblance, ce ne fut pas de gaîté de cœur.

Fondée en 2002 et dotée de financements publics, cette institution est centrale dans le combat contre l’obscurantisme et l’asservissement par les sectes. Elle s’est attirée les foudres tant de la scientologie que de l’anthroposophie et a permis, en presque 25 ans d’existence, de lutter contre les multiples facettes des dérives et des entraves que les sectes et les gourous font subir à leurs victimes.

Déjà en 2020, le gouvernement Macron avait mis la MIVILUDES sous tutelle du ministère de l’intérieur, réduisant au passage ses financements. Désormais, il est question de lui faire intégrer une structure plus grande dédiée à l’ensemble des luttes contre la radicalisation, et d’allouer une partie des fonds envers des associations de victimes et de vigilance.

Si nous saluons le rôle capital de ces associations pour la reconstruction psychique et sociale des victimes de sectes, et si nous considérons que la lutte contre la radicalisation est une mission prioritaire du Ministère de l’Intérieur, nous ne pouvons accepter la dilution de la MIVILUDES, qui marquerait un recul de l’État dans la lutte contre les sectes. Alors que les gourous scientologistes ont désormais pignon sur rue, et que les prétendues médecines alternatives isolent de plus en plus les malades de vrais soins, la mission de la MIVILUDES est plus que jamais d’actualité. Transférer ses compétences et ses fonds vers le monde associatif et la lutte contre la radicalisation est contraire à la mission de service public qui lui est confiée, d’autant qu’elle s’accompagnerait d’une cure d’austérité.

La Gauche Républicaine et Socialiste appelle le gouvernement à renoncer à son projet de dissolution de la MIVILUDES, et propose au contraire de renforcer cette institution en lui redonnant son indépendance et des fonds publics dédiés.

Nous ne pouvons pas abandonner la fermeté de la République Française contre les sectes. Il en va de la santé publique et sociale de notre pays en général et des victimes en particulier.

Pour un sursaut collectif à gauche

communiqué de presse de la Gauche Républicaine et Socialiste, mercredi 2 juillet 2025


Dans un monde chaotique et violent, défiguré par la montée des nationalismes, de la prédation économique et de l’obscurantisme, il est vital d’inventer un nouveau chemin progressiste.

Aucun pays n’est épargné par la vague brune. L’Europe, longtemps considérée comme un continent attaché aux libertés fondamentales et à un certain modèle social, voit prospérer sur son sol des forces politiques fascinées par les modèles autoritaires et brutaux.

Parce que nous refusons cette grande régression idéologique, parce que nous restons des militants du progrès dans la justice, nous en appelons à un grand sursaut collectif.

Face à l’adversité, la gauche française a toujours su se rassembler quand l’urgence l’exigeait, comme l’a montré la création rapide du Nouveau Front Populaire en juin 2024. Il faut donc saluer toutes les initiatives qui vont dans le sens de l’unité du camp progressiste.

Si l’idée d’un processus politique permettant l’émergence d’un candidat commun à l’élection présidentielle de 2027, tel que discuté aujourd’hui à Bagneux, est intéressante, elle ne peut se substituer au débat programmatique et à la nécessité d’un large rassemblement.

L’essentiel reste pour nous l’élaboration collective d’une plateforme commune de transformation économique, sociale et écologique capable d’enrayer le déclin du pays.

La France connaît une grave crise industrielle, un recul préoccupant de ses services publics, une érosion de sa souveraineté dans des domaines essentiels, la dégradation du travail, un déni croissant des réalités écologiques et scientifiques et, enfin, un affaiblissement de son pacte républicain. La gauche ne retrouvera de la crédibilité et de la force que si elle est capable de répondre à ses défis existentiels.

Pour fédérer les classes populaires autour de la République, pour créer une dynamique susceptible de rassembler une majorité de Français, l’élaboration d’une plateforme commune de transformation est une étape indispensable.

Taxation des « riches » en France et en Allemagne : l’indispensable retour du politique dans les choix budgétaires

tribune de Mathieu Pouydesseau publiée dans Marianne, le vendredi 27 juin 2025

Chef d’entreprise outre-Rhin, historien de formation et ancien conseiller du commerce extérieur de la France (CCEF) rattaché à Bercy, Mathieu Pouydesseau aborde, au sein de cette tribune, la question de la redistribution des richesses en Allemagne et France, qui mène, selon lui, à des tensions entre nos deux pays frontaliers.

Des deux côtés du Rhin, les débats budgétaires font rage. Pour ceux qui seraient tentés par une taxation du capital, celle-ci n’obéit pas à une seule logique économique mais relève surtout de doctrine politique. Deux puissants courants de pensée semblent s’opposer sans se réconcilier : la morale héritée des principes de justice sociale et de redistribution face à l’économie dictée par la perception des contraintes de compétitivité.

En France par exemple, l’ISF instauré par la gauche et maintenu par la droite, illustre cette tension. Sujet perçu comme anti-entreprise, il est pourtant peu corrélé à une baisse de l’investissement. En Allemagne, alors que la Constitution affirme que « la propriété oblige », un collectif d’héritiers milite pour une fiscalité plus équitable, dénonçant leur héritage perçu comme immérité.

Entre défiance et conscience

Le Sénat français a rejeté le 12 juin dernier la taxe dite « Zucman » sur les très hauts patrimoines, une mesure pourtant modeste : 2 % du patrimoine net, impôts déjà payés déduits, qui ne concernerait que 2 000 personnes. Conçue par l’économiste Gabriel Zucman, cette taxe pourrait rapporter entre 13 et 20 milliards d’euros. Elle avait été adoptée par l’Assemblée nationale et devrait y revenir à l’automne. L’Allemagne a vu naître en 2021 le mouvement « Tax me now », fondé par une héritière de la famille Engelhorn (ex-Boerhinger). Ce collectif d’héritiers plaide pour une fiscalité plus juste, estimant l’héritage comme immérité. Un appel de 100 entrepreneurs français en janvier 2025 appelant à la même contrition est passé inaperçu.

L’économiste Martyna Linartas a publié en mai 2025 « une inégalité imméritée » dénonçant la concentration extrême des patrimoines et ses effets délétères sur la démocratie. L’histoire de la famille Thiel illustre comment les grandes familles échappent à l’impôt, et pour une famille maladroite dans ses efforts, combien de milliards ainsi échappant au financement des écoles et des hôpitaux ? En juin 2025, la FAZ, le quotidien allemand le plus diffusé au monde, a révélé que la famille Thiel (Knorr-Bremse) a dû verser 4 milliards d’euros d’impôts sur un héritage de 15 milliards, un conflit familial ayant retardé la création d’une fondation destinée à l’éviter. L’Allemagne a progressivement démantelé sa fiscalité sur le capital depuis la suspension de l’impôt sur la fortune par la Cour constitutionnelle en 1997. Or, cet allègement du fardeau fiscal n’a pas amélioré les performances des entreprises. Malgré une épargne abondante, alimentée par des excédents commerciaux records, l’investissement domestique recule. Plus d’un tiers des capitaux allemands sont investis hors d’Europe. L’Allemagne n’a pas su transférer sa richesse vers la consommation intérieure, freinée par la rigueur budgétaire et la modération salariale.

Une étude publiée en mai 2025 dans le Journal of International Economics souligne l’inefficacité des grands fonds allemands : les « Big 6 » affichent des performances médiocres en sélection d’actifs et en timing de marché. Ainsi, l’économie allemande a connu trois années consécutives de récession. En 2024, les salaires réels sont retombés à leur niveau de 2015 (Spiegel, juin 2025). Une décennie d’épargne excédentaire n’a pas suffi ni à financer l’investissement ni à préserver le pouvoir d’achat des classes moyennes.

L’Europe thésaurise

Entre 2010 et 2025, l’Allemagne a accumulé 3 000 milliards d’euros d’excédents commerciaux sans que cette épargne ne soit investie localement. En France, l’épargne des ménages équivaut aux déficits publics et privés (environ 6 % du PIB). Ainsi, n’est-il pas temps de réorienter cette épargne vers l’industrie européenne plutôt que vers la dette américaine. Même le président Macron a souligné « la folie » consistant à laisser un tiers de l’épargne européenne alimenter… les États-Unis. Les révoltes fiscales se multiplient depuis plusieurs années : Gilets Jaunes, Bonnets rouges, paysans en colère, « Wütbürger » allemands.

La croissance européenne (+20 % de PIB depuis 2010) ne s’est pas traduite par une amélioration du niveau de vie. La pauvreté a progressé en France et stagné en Allemagne. Le pouvoir d’achat reste la première préoccupation des Français depuis cinq ans. Un tiers d’entre eux, et 38 % des Allemands, se disent incapables de faire face à une dépense imprévue (enquête UE 2024). Chacun connaît aujourd’hui la traduction politique de ces errements économiques : alors qu’en 1999, le Front national faisait 5,7 % aux européennes et l’AfD 3 %, en 2024, ils atteignent respectivement 32 % et 16 %. Ensemble, les deux grands blocs démocrates ne réunissent plus que 32 % des voix.

Justice sociale et efficacité économique ne sont pas incompatibles : elles doivent dialoguer –sans opposer Berlin à Paris, ni morale à croissance, sur cette ligne de crête qu’est le respect des perceptions. Le compromis proposé par Gabriel Zucman, une taxation modérée des très hauts patrimoines, tenant compte des impôts déjà acquittés, ou du mouvement allemand « tax me now » incarnent cette tentative de conciliation. Il s’agit surtout d’une possibilité de réintroduire une conscience politique dans les choix d’action publique : repenser la fiscalité du capital mais aussi sa valeur sociale est essentiel au risque d’une issue fatale pour les démocraties européennes.

Mathieu Pouydesseau

Ils ont marché pour la santé !

13 jours de marche, 13 escales, 325 kilomètres à pied : du Loing aux plaines de Brie, des futaies du Gâtinais jusqu’aux rives de Seine, Anthony Gratacos et Nathalie Moine, nos deux conseillers départementaux GRS de Seine-et-Marne, ont traversé la Seine-et-Marne, département qui impressionne par l’étendue de ses paysages mais inquiète par la rareté de ses soignants. La statistique est sans appel : seulement 89 généralistes pour 100 000 habitants, 99ᵉ rang national ; dans certains cantons, six médecins pour dix mille personnes. Ici, obtenir un rendez-vous devient un pari !

À chaque étape, même scénario : cabinet déserté, secrétariat saturé, urgences débordées avant le milieu de journée. Des parents contraints d’attendre des mois pour un simple contrôle pédiatrique, des soignants exténués qui tiennent tant qu’ils peuvent. Le désert médical c’est un quotidien tangible qui érode notre espérance de vie en bonne santé.
Toujours un accueil républicain et chaleureux de la part des habitants et des élus locaux et le soutien des parlementaires de gauche du département, Marianne Margaté, la sénatrice communiste, et Olivier Faure, député socialiste … et d’Emmanuel Maurel, notre député GRS, qui s’est joint à leur marche le 15 juin sous des chaleurs fortes.

Hier 20 juin, ils ont défendu un amendement au Conseil départemental pour inscrire la mise en place d’un centre départemental de santé public, avec des médecins salariés. Si la droite, majoritaire, l’a rejeté, le centre a mêlé ses voix avec la gauche pour le soutenir : nos amis ont marqué des points au service des habitants.

La marche s’est achevée le 19 juin, mais le combat continue ! Chaque soutien, chaque message, chaque signature, chaque partage de la pétition qu’ils ont lancée permettra de peser un peu plus fort.

Après le raid américain

L’Iran, qu’il était hors de question d’autoriser à se doter de la bombe atomique, respectait l’accord nucléaire de 2015, jusqu’à ce qu’en 2018 Trump s’en retire et établisse unilatéralement des sanctions.

Depuis lors, en riposte, l’Iran avait accru l’enrichissement de son uranium, mais loin de pouvoir en faire une bombe. Parallèlement, Netanyahu répétait tous les 6 mois que l’Iran était à deux doigts d’en avoir une.

Les USA sont retournés à leur narratif mensonger classique pour s’autoriser à bombarder l’Iran, au risque de provoquer une escalade aux conséquences encore plus ruineuses et dévastatrices qu’en Irak.

Le régime iranien est abominable mais celui de Saddam Hussein l’était tout autant. Qu’on parle de sauver le monde des « armes de destruction massive » ou de « changer le régime », les mêmes erreurs se répètent sans cesse, au mépris total d’un droit international que l’Occident invoque pourtant pour condamner – à juste titre – la guerre de Poutine en Ukraine.

Le monde verra dans cette opération une nouvelle démonstration d’hypocrisie et de brutalité d’un Occident drogué au « deux poids deux mesures ». Les Palestiniens continueront de se faire massacrer et les Ukrainiens pourraient se dire que Washington a donné des idées, pour ne pas dire un feu vert au Kremlin pour se déchaîner encore plus sur eux.

Quant à la Chine, qui reçoit une grande partie de son pétrole via le détroit d’Hormuz dont le Parlement iranien vient de décider la fermeture, elle ne restera sans doute pas passive très longtemps. Bref les ingrédients de l’internationalisation du conflit sont réunis.

Pour sa part, l’Union Européenne ne sert toujours à rien et laisse faire, voire, pour certains États-Membres, applaudit. Cette situation démontre à nouveau à quel point l’intégration dans l’OTAN est surtout synonyme d’un alignement sur les priorités de la « diplomatie » étatsunienne, quelle que soit l’orientation politique du locataire de la Maison Blanche. Cela devrait inciter les démocrates et les progressistes européens à se donner les moyens réels de leurs souverainetés.

À ceux qui s’illusionnent encore sur les promesses de paix de l’extrême droite, les exemples israélien et américain devraient leur ouvrir les yeux.

À ce stade, toutes les possibilités sont ouvertes, allant d’une forme de « reddition sans condition » de l’Iran sur son programme nucléaire, à l’enclenchement d’une mécanique infernale de guerre de tous contre tous, en passant par la poursuite des échanges de tirs entre Iraniens et Israéliens. Chaque hypothèse déterminera son nombre de morts.

Reste l’hypothèse d’une négociation d’un nouvel accord nucléaire, que vient à l’instant de proposer le Secrétaire l’Etat américain. La solution diplomatique est tout ce à quoi nous pouvons et nous devons nous raccrocher pour l’instant.

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