Les droites conduisent l’État et le pays dans le mur !

Les gouvernements Borne et Attal pourront être classés parmi les pires gestionnaires des dernières décennies, ils ont conduit à un déficit colossal de 170 milliards d’euros en 2024, bien au-delà des prévisions annoncées de 120 milliards. Plus grave encore, cette réalité a été délibérément cachée aux Français durant les campagnes électorales du printemps dernier.

Dans ce contexte, nous avons avec le Nouveau Front Populaire proposé des solutions pour réduire le déficit tout en protégeant les classes populaires et moyennes. Ces mesures incluaient :

  • Une taxe de 2 % sur les patrimoines dépassant 1 milliard d’euros, permettant de générer 13 milliards d’euros ;
  • Un prélèvement de 5 % sur les « super dividendes » des grandes entreprises, ciblant les excès des actionnaires ;
  • Une extension de la taxe sur les transactions financières à toutes les opérations boursières, avec 3 milliards d’euros attendus.

En parallèle, le NFP a défendu des mesures visant à soulager les Français, notamment en supprimant la taxe sur l’électricité et l’augmentation de TVA prévues par le gouvernement Barnier. Il a également élargi l’accès au Prêt à Taux Zéro (PTZ) à tous les primo-accédants et empêché des coupes budgétaires dans les collectivités locales, essentielles pour les services publics de proximité.

Bien que le budget amendé par le NFP promettait 30 milliards d’euros de recettes supplémentaires en ciblant les plus riches, toutes les droites – macronistes, LR et Rassemblement National – se sont coalisées pour bloquer ces réformes. En conséquence, le budget d’austérité à la sauce Barnier a été maintenu, créant un risque d’aggraver le chômage et d’amputer fortement la croissance économique.

Pendant ce temps, des ministres enchaînent des propos délirant sur l’éducation nationale ou leur amour soudain pour Elon Musk : la haine des fonctionnaires est redevenue une stratégie de diversion. Nous serons à leurs côtés dans les mouvements à venir pour défendre une certaine conception de l’État et des services publics au service de l’égalité.

Barnier doit abandonner une politique budgétaire qui punit les Français

Emmanuel Maurel, député du Val-d’Oise (groupe GDR) et animateur national de la GRS, était l’invité politique de France Info TV le vendredi 15 novembre 2024 à 7h45.

Alors que le budget de l’État pour 2025 poursuit son parcours au Parlement, après le rejet de son volet recettes en première lecture par les députés macronistes, LR et RN, il a rappelé ce qui guide notre action : « Ce que j’aimerais surtout, c’est que Michel Barnier abandonne la politique budgétaire qu’il veut mettre en œuvre, qui risque d’avoir des effets très graves pour l’économie de ce pays ».

Emmanuel Maurel a déploré le fait que le Premier ministre « refuse obstinément d’aller chercher l’argent là où on peut le trouver, c’est-à-dire sur les bénéfices des grandes entreprises ou chez les très riches ». « La réalité du débat budgétaire pendant les trois semaines qui viennent de s’écouler, c’est que la gauche a fait des propositions qui, à mon avis, étaient constructives pour réduire le déficit, pour faire en sorte qu’il y ait un peu plus de justice fiscale. Et ce qu’on appelle le bloc central (qui n’est ni un socle, ni un bloc) s’est obstinément refusé à faire en sorte que les très grandes fortunes et les très grandes entreprises qui font des bénéfices participent à la vie économique de ce pays en payant un peu plus », a-t-il affirmé, y voyant « le principal problème du moment ».

Habitat indigne à Marseille : Un avant et un après la rue d’Aubagne

En ce mois de novembre 2024 se déroule le « procès de la rue d’Aubagne » à Marseille, suite à l’effondrement des immeubles du 63 au 67 rue d’Aubagne, le 5 novembre 2018. Six ans après cette tragédie, l’émotion est toujours aussi forte, aux côtés des familles des huit victimes. La couverture médiatique reste énorme. Cette année, nous avons été particulièrement interrogés sur ce qui a changé depuis ce drame.

En tant que nouvelle élue depuis 2020, c’est une responsabilité que je prends avec attention mais qui ne change pas mon engagement. Je précise d’où je parle : En 2018, je faisais partie des manifestants. Depuis 2020, après la victoire du Printemps marseillais, je suis devenue Maire du 1er secteur de Marseille, où se situe le quartier de Noailles et de la rue d’Aubagne. Ce quartier est dégradé depuis de nombreuses années, comme celui de Belsunce de l’autre côté de la Canebière, et classé en « quartier politique de la ville ».

Membre de la majorité municipale, je soutiens la nouvelle politique de lutte contre l’habitat indigne mise en place après notre élection en 2020, sous la responsabilité de Patrick Amico, Adjoint au Maire délégué au Logement, et du Maire de Marseille Benoît Payan. Je représente aussi la Ville au Conseil d’Administration de la SPLA-IN (Société Publique Locale d’Aménagement d’Intérêt National), créée après le drame pour éradiquer l’habitat indigne et réhabiliter des immeubles dégradés dans plusieurs îlots prioritaires du centre-ville, notamment le haut de la rue d’Aubagne à Noailles.

La SPLA-IN n’est véritablement activée que depuis 2021. Créée fin 2019, il a fallu attendre les élections municipales de 2020 et la sortie de crise sanitaire pour recruter un Directeur général et toute une équipe de compétences spécialisées, mener à bien les procédures d’acquisition ou d’expropriation de dizaines d’immeubles, signer les soutiens financiers de la Métropole et de l’ANRU, passer les premiers appels d’offres permettant d’être opérationnels aujourd’hui, en trois ans, donc.

Lorsque nous sommes interrogés sur ce qui a changé, nous expliquons l’ampleur des moyens qui ont été nécessaires, et qui seront longtemps nécessaires, pour répondre aux besoins. C’est cela, la différence entre l’avant et l’après rue d’Aubagne : la prise de conscience et la reconnaissance d’un enjeu politique qui n’était pas traité à hauteur de la situation, voire nié. Ce drame et l’ampleur des mobilisations citoyennes ont modifié en profondeur la politique publique de lutte contre l’habitat indigne à Marseille.

Ce que la Ville a mis en place est un ensemble de protocoles de soins pour vaincre une maladie coriace. Nous sommes les premiers à reconnaître que tout n’est pas fini et qu’il y a encore du mal-logement… Sinon, nous ne serions pas obligés de mettre tous ces moyens ! De plus, la crise du logement s’amplifie partout en France et Marseille n’y fait pas exception.

La Ville de Marseille agit au titre de sa compétence « police de l’habitat », qui consiste à réagir aux alertes sur la mise en sécurité des immeubles. Ces mesures doivent s’articuler avec les moyens de la Métropole qui a la compétence générale du Logement, et ceux de l’État sans lequel on ne peut pas traiter les énormes sujets de réhabilitation urbaine ou des grandes copropriétés dégradées. Voilà pourquoi la SPLA-IN (Société Publique Locale d’Aménagement d’Intérêt National) est une société publique à majorité métropolitaine (Le Président est David Ytier, Vice-Président Logement à la Métropole), avec une forte participation de l’État au titre de l’Intérêt national, et une représentation de la Ville. Voilà pourquoi aussi le permis de louer, l’encadrement des loyers (dont on attend toujours les décrets !), les plans d’urbanisme et d’habitat, les procédures d’utilité publique… sont des mesures qui nécessitent d’être appliquées par la Métropole, en concertation avec la Ville. A ce stade, une chaîne d’élus et de techniciens arrive à travailler ensemble sur ce sujet d’intérêt général et j’espère qu’il en sera ainsi le plus longtemps possible.

Chaque année, les Rendez-vous annuels du Logement organisés par la Ville de Marseille, sont l’occasion de faire un point de situation avec des centaines de participants, en réunions plénières et en ateliers, en toute transparence. Tout est publié sur le site de la Ville : Rendez-vous annuels du Logement à Marseille, 17 octobre 2024

C’était un engagement de campagne électorale, comme de nombreuses mesures dont nous avions écrit le principe : lutter contre les marchands de sommeil, faire des travaux d’office, financer des mesures sociales d’accompagnement et de relogement, contrôler les locations touristiques, inciter à produire plus de logements sociaux…

Ces mesures sont faciles à écrire mais quand il faut les quantifier « en vrai » pour les appliquer, c’est impressionnant ! Jamais je n’aurais pensé que la Ville aurait dû déposer 160 saisines de justice contre les marchands de sommeil, multiplié par dix les moyens humains d’une vraie Direction de Lutte contre l’habitat indigne, dégager plusieurs Millions d’euros par an pour les relogements et travaux d’office, dont la facture est le plus possible envoyée aux propriétaires tenus responsables. Rappelons en effet qu’il n’est pas normal qu’une Ville soit obligée de se substituer à des propriétaires défaillants. C’est tout un système de déni de travaux, de syndics et de copropriétés qui dysfonctionnent, de dossiers d’aides financières jugés trop complexes, qui est en cause.

Alors y a-t-il toujours des immeubles dégradés à Marseille ? Malheureusement Oui ! Mais nous espérons qu’ils sont mieux contrôlés, et que les habitants sont mieux protégés. Pour la première fois ces derniers mois, il y a eu moins de nouvelles procédures de mise en sécurité, que de sorties de péril. Pas de quoi triompher évidemment. Juste de quoi encourager l’action publique et persévérer. Il faudra encore bien des années et bien du soutien, pour arriver au bout des dizaines de milliers de logements indignes que compte notre ville.

En centre-ville, le symbole de ce changement sera le lancement des travaux sur la « dent creuse » et les immeubles de l’ancien périmètre de sécurité du haut de la rue d’Aubagne, pour y installer un équipement public de proximité et des logements sociaux. Si tout se passe comme prévu, c’est pour l’année prochaine. Ce ne sera pas la fin d’une politique, mais une étape franchie. Après le temps de la justice, dont j’espère qu’elle sera le mieux rendue possible, viendra celui de la reconstruction… mais pas celui de l’oubli.

Sophie Camard

Élections américaines : « It’s the economy stupid », again…

Deux Amériques qui s’affrontent, ne se parlent plus, se haïssent viscéralement, considèrent la victoire de l’autre comme un péril démocratique, et se livrent à une guerre civique tous les deux ans, voilà la base de toute analyse politique digne de ce nom pour expliquer la situation électorale américaine. Difficile de le nier, entre l’Amérique blanche, rurale, évangélique, masculine et non diplômée, et l’Amérique colored, urbaine, peu croyante, féminine et diplômée, le dialogue est rompu. La première vote systématiquement pour le parti républicain et ses candidats, la seconde pour les démocrates.

Peut-on cependant imputer le résultat de chaque élection, depuis maintenant dix ans que Donald Trump a chamboulé le paysage politique américain, à une simple fluctuation de participation électorale de ces deux Amériques ?

Le triomphe trumpiste, indéniable et sans appel, du 5 novembre 2024, invite à plus de prudence.   A l’heure actuelle, Donald Trump réalise un score historique. Il dépasserait le parti démocrate au suffrage direct, une première en 20 ans, et pour la seconde fois seulement en 32 ans. Il accroît son nombre de voix par rapport à 2020, qui était déjà un record. Sous réserve des résultats définitifs au Nevada, il gagnerait cet Etat et ferait donc mieux qu’en 2016, quand il l’avait perdu de peu.

Les républicains reprennent également le contrôle du Sénat, en défaisant au moins 2 sénateurs démocrates sortants, et potentiellement encore deux autres d’ici la fin du décompte. Le résultat à la Chambre des Représentants n’est pas encore net, mais les tendances actuelles donnent les républicains gagnants, accroissant peut-être leur majorité de 2022.

Comment expliquer cette déroute démocrate, alors que Donald Trump et son colistier J.-D. Vance sont, selon les enquêtes d’opinion, largement plus impopulaires que Kamala Harris et Tim Walz ?

Alors que les mensonges et le coup d’Etat manqué de janvier 2021 ont marqué profondément les Américains, pas seulement démocrates. Alors les démocrates ont réussi leur stratégie de conquête des banlieues huppées ?

La réponse est toute trouvée pour les partisans de la théorie de la guerre culturelle. Pour la droite culturelle, les minorités auraient compris que le « wokisme » serait une impasse, la preuve, Trump progresse chez les afro-américains et talonne les démocrates chez les latinos, malgré (ou grâce, selon les plus radicaux) les multiples propos racistes tenus à l’égard d’à peu près toutes les minorités.

Pour la gauche culturelle, Gaza et le soutien à Israël seraient la cause unique de la défaite démocrate, qui aurait démobilisé les jeunes et les minorités, la preuve, la ville jadis démocrate de Dearborn au Michigan, majoritairement musulmane, a voté pour Trump, et les villes étudiantes du Michigan sont dans la même situation.

La guerre culturelle n’a pas eu lieu

Ces données électorales sont vraies, elles sont aussi anecdotiques.

La grande différence par rapport à 2020 et même 2016, c’est la bascule des indécis et des indépendants. Ils avaient largement plébiscité Joe Biden il y a 4 ans, Donald Trump y est fortement majoritaire cette année. L’électeur indécis et indépendant moyen américain est favorable à l’avortement mais opposé à l’immigration. Partant de ce fait, à chaque élection, les démocrates tentent d’orienter le débat sur l’avortement, et les républicains sur l’immigration.

Las, ces sujets n’étaient que les troisième et quatrième priorités des électeurs d’après les sondages de sortie d’urne. Le ciblage communautaire est également un échec pour les deux campagnes : les démocrates misaient grandement sur le basculement de l’électorat blanc et féminin, il n’a que peu bougé, et c’est en faveur des républicains. Les républicains misaient sur une participation renforcée des hommes blancs, ce fut le cas, mais les démocrates y ont légèrement comblé leur retard abyssal.

La première préoccupation des électeurs, l’avenir de la démocratie aux Etats-Unis, est un sujet partagé chez les bases démocrate, effrayée des annonces autoritaristes de Donald Trump, et républicaine, toujours persuadée d’un grand complot du Parti Démocrate ayant dérobé l’élection de 2020.

Finalement, le sujet qui a déterminé les indécis et les indépendants, c’est l’état de l’économie, et l’inflation considérable qui touche les Etats-Unis depuis 2021.

Si cette préoccupation arrive en seconde position nationalement, elle est la première dans les Swing States et chez les électeurs qui se sont décidés dans la dernière semaine avant le vote.

C’est d’abord et avant tout la mise en avant de ce sujet qui explique la victoire de Donald Trump. Il a réussi à tenir sa coalition, les évangéliques et la classe ouvrière blanche, en y agrégeant les indécis et les indépendants. En se faisant discret sur l’avortement et en martelant sur l’immigration. Les démocrates, en se faisant discret sur l’immigration et en martelant sur l’avortement, ont aussi maintenu leur coalition des diplômés, des minorités, des femmes et des urbains, même si elle est légèrement en retrait.

Ce qui semble manquer à la plupart des analyses, c’est qu’au-delà de la guerre culturelle, bien réelle, en cours au Etats-Unis, il y a une crise économique persistante, et que c’est celle-ci qui a déterminé les électeurs pas ou peu politisés, pour qui les appels du pied identitaire, d’un camp ou de l’autre, n’ont pas fonctionné.

Donald Trump, en parlant plus d’économie, et en s’associant avec des hommes d’affaires tout au long de la campagne, est apparu plus crédible sur le sujet. Il gagne largement dans des Etats où des référendums sur l’avortement ont été perdus par les républicains. La guerre culturelle n’a pas été déterminante la nuit dernière, les républicains comme les démocrates devraient s’en souvenir s’ils veulent engranger de futures victoires.   Incapables de s’adresser à la classe ouvrière ou aux populations rurales, les démocrates américains reproduisent en boucle les mêmes erreurs que les gauches européennes « terra-novisées ».

En Europe comme en Amérique (et Bernie Sanders l’a redit), l’enjeu des gauches est de renouer avec les aspirations populaires

La morgue et l’élitisme d’une Hillary Clinton, déclarant en 2016 que les zones les plus dynamiques – comprendre, riches – du pays avaient voté pour elle et que ses opposants étaient déplorables, n’a fait qu’accentuer un divorce désormais bien consommé. Si le thème des élites urbaines progressistes contre le petit peuple conservateur est un lieu commun des Républicains depuis Nixon, déjà analysé par Thomas Frank en 2004 dans Pourquoi les pauvres votent à droite, force est de constater que l’establishement démocrate ne fait rien pour renverser cette tendance, qui aboutit à la répétition des mêmes débats et polémiques depuis l’élection de 2016.

Renouer avec les aspirations populaires à une vie meilleure sera nécessaire pour sortir de ce match joué en boucle depuis 3 élections présidentielles.

Du reste, l’élection de Donald Trump ne peut que nous inquiéter. Au-delà des politiques racistes et sexistes qu’il mettra en place aux Etats-Unis, et du climato-scepticisme forcené qui aura des conséquences sur la planète entière, le bouleversement géopolitique qui s’annonce doit nous faire réagir. Le protectionnisme annoncé et le retrait certain en Ukraine et probable de l’OTAN, doivent conduire les Européens, et au premier rang la France, à adopter une nouvelle stratégie de puissance et d’influence.

Augustin Belloc

Barnier, impasse parlementaire et budgétaire

Tout ça pour ça ?

Nommé début septembre, Michel Barnier était le premier ministre censé être capable de conduire un gouvernement assis sur un socle parlementaire suffisant pour faire passer un budget 2025 difficile et surtout ne pas être censuré.

La réalité est, comme on pouvait s’y attendre, bien différente. Le projet de loi de finances pour 2025 (PLF 2025) du nouveau premier ministre a été critiqué dans sa propre majorité, entre macronistes qui n’ont pas fait le deuil du pouvoir et élus de droite turbulents. On ne compte plus les prises de position défavorables des membres des groupes parlementaires « ensemble pour la république » et « droite républicaine ». On n’entend plus le MoDem.

Enfin, alors que le gouvernement Barnier est indexé sur sa capacité à obtenir la neutralité bienveillante du Rassemblement National, le parti de Marine Le Pen, qui voit sa candidate empêtrée dans le procès des assistants parlementaires fantômes du Parlement européen, a décidé d’ouvrir un contre-feu en s’exprimant de plus en plus fortement contre le projet de budget et en le menaçant d’une motion de censure.

Tout ceci explique le changement de stratégie du Premier Ministre : conscient, dès la présentation du PLF le 10 octobre dernier, qu’il ne pourrait le faire adopter que par le recours au 49.3, il a changé de pied et entend désormais invoquer l’article 47.1 (celui-là même qui avait été utilisé pour la réforme des retraites et qui explique qu’Emmanuel Macron et Élisabeth Borne aient à l’époque choisi le véhicule d’un projet de loi de financement rectificatif de la sécurité sociale) ; il s’agit de faire s’éterniser les débats pour empêcher tout vote à l’Assemblée nationale et repasser la patate chaude au Sénat où la majorité conservatrice sera, l’espère-t-il, plus favorable à son projet. Retour à la case départ de la stratégie inavouée de conduite des affaires parlementaires empruntée par Emmanuel Macron depuis juin 2022. Une dissolution et un Michel Barnier plus tard : tout ça pour ça ?

Car même sur la question budgétaire, la droite libérale-conservatrice est placée devant ses contradictions : selon de nombreux économistes, la purge qu’elle propose pourrait amputer la faible croissance bien plus qu’elle ne l’imagine. Mais nous n’aurions pas le choix ! et il n’existerait pas d’alternative moins douloureuse et plus crédible…

C’est pourtant le contraire qu’a affirmé bien fort le Nouveau Front Populaire à l’Assemblée nationale dans la foulée de son contre-budget. Nos parlementaires proposent une stratégie budgétaire qui augmente les recettes en faisant contribuer les plus fortunés et les multinationales … et qui stimule les dépenses dans les investissements d’avenir, afin de générer une croissance de l’activité qui a son tour augmentera les recettes de l’État. Il y a bien une autre politique possible que celle proposée par le gouvernement Barnier. Et elle donnerait de meilleurs résultats pour la France.

La purge Barnier n’a pas de majorité, mais il existe une alternative

Nommé début septembre, Michel Barnier était le premier ministre censé être capable de conduire un gouvernement assis sur un socle parlementaire suffisant pour faire passer un budget 2025 difficile et surtout ne pas être censuré.

La réalité est, comme on pouvait s’y attendre, bien différente. Le projet de loi de finances pour 2025 (PLF 2025) du nouveau premier ministre a été critiqué dans sa propre majorité, entre macronistes qui n’ont pas fait le deuil du pouvoir, élus de droite turbulents et des MoDem si silencieux qu’on se demande s’ils sont dans la « majorité ».

Alors que le gouvernement Barnier est indexé sur sa capacité à obtenir la neutralité bienveillante du Rassemblement National, le parti de Marine Le Pen, qui voit sa candidate empêtrée dans le procès des assistants parlementaires fantômes du Parlement européen, a décidé d’ouvrir un contre-feu en s’exprimant de plus en plus fortement contre le projet de budget et en le menaçant d’une motion de censure.

There is no alternative

Tout ceci explique le changement de stratégie du Premier Ministre : conscient, dès la présentation du PLF le 10 octobre dernier, qu’il ne pourrait le faire adopter que par le recours au 49.3, il a changé de pied et entend désormais invoquer l’article 47.1 : il s’agit de faire s’éterniser les débats pour empêcher tout vote à l’Assemblée nationale et repasser la patate chaude au Sénat. Retour à la case départ de la stratégie inavouée de conduite des affaires parlementaires empruntée par Emmanuel Macron depuis juin 2022.

D’autant que la réalité politique issue du dernier scrutin se rappelle au gouvernement. Bien qu’arrivé derrière le RN en termes de suffrages exprimés, le Nouveau Front Populaire reste la coalition parlementaire la plus puissante à l’Assemblée nationale et les rapports de force en Commission des finances en témoignent : le projet de budget y a été profondément transformé notamment dans sa partie recettes.

Et là encore, apparaissent les faux-semblants de l’alliance entre libéraux et conservateurs : la croissance française déjà faible serait amputée entre tiers et la moitié si le budget déposé par le gouvernement Barnier était adopté en l’état. L’objectif de déficit de 5 % en 2025 qu’il s’est fixé serait inatteignable : au mieux, on pourrait viser 5,3 %. Cette réduction de l’activité serait accompagnée d’une suppression de 130 000 emplois : la décision de couper les dépenses publiques – tout en augmentant les prélèvements – a donc un coût social important.

Mais les commentateurs des chaînes d’information le répètent à l’envi : nous n’avons pas le choix, notre pays est endetté jusqu’au cou, il faut en passer par là pour réduire le déficit, une forme de vertu punitive de la purge budgétaire … même quand il est établi que la dégradation budgétaire est en grande partie due à la baisse des prélèvements obligatoires depuis 2017 (et surtout en 2021 et 2022) ?

Oui, nous n’aurions pas le choix ! et il n’existe pas d’alternative moins douloureuse et plus crédible…

C’est pourtant ce qu’a affirmé le Nouveau front populaire (NFP), qui avait présenté sa propre stratégie budgétaire le 9 octobre 2024 et qui l’a partiellement mise en œuvre en commission des finances et en séance publique (où l’examen des recettes n’est pas encore terminé). Comme le gouvernement, le NFP compte lever de nouvelles recettes. Mais dans une plus grande mesure, puisqu’elles sont chiffrées à 49 milliards d’euros, contre 30 pour le PLF 2025. Au-delà des montants, leurs stratégies divergent.

Oui, on peut gouverner à gauche et c’est même plus crédible !

La dissemblance majeure tient à l’usage des recettes : le NFP consacre donc une partie des 49 milliards à réduire le déficit budgétaire et le reste à financer des dépenses publiques dites d’avenir. La philosophie est très différente de celle du gouvernement Barnier, qui est centrée sur la simple réduction du déficit, au prix d’effets récessifs significatifs (la moitié de la croissance). À l’inverse, le contre-budget du NFP prévoit une augmentation des dépenses publiques. Comment est-ce que cela peut réduire le déficit public ?

D’abord, on peut retenir trois grandes sources de recettes fiscales :

  • la suppression d’exonérations de cotisations sociales (pour les salaires au-dessus de deux fois le Smic) et d’une partie du crédit impôt recherche (CIR) pour 11 Md€/an ;
  • les différentes taxes sur le capital (ISF vert, suppression du prélèvement forfaitaire unique (PFU ou flat tax), taxation de l’héritage et des superprofits) pour 29,5 Md€/an ;
  • la réforme de la taxe sur les transactions financières, de la taxe solidarité avion et de la fiscalité des collectivités locales pour 8,5 Md€/an.

Les nouvelles règles européennes exigent une réduction annuelle du déficit de 0,6 point de PIB, c’est-à-dire 18 Md€. Il resterait ainsi 31 Md€ (soit un point de PIB) pour les dépenses d’avenir. Les dépenses publiques proposées par le NFP pourraient générer 0,78 point de PIB d’activité supplémentaire en 2025 et 1,06 point de PIB en 2026, qui surmonteraient dès la première année les effets récessifs des augmentations d’impôts (0,66 point de PIB). On pourrait alors espérer une légère augmentation du PIB de 0,21 point, soit 6 Md€ de plus que les prévisions actuelles, avec quelques 3 Md€ de recettes supplémentaires. Au final, le déficit pourrait ainsi se réduire de 21 Md€ dès 2025. En 2026, sans autre impulsion budgétaire, le déficit se réduirait encore de 6 Md€ (0,21 point de PIB) imposant un nouvel effort de 12 Md€ pour atteindre l’objectif annuel : l’effort à réaliser en 2026 serait très inférieur à celui de 2025. Tout cela tout en restant dans le cadre budgétaire européen actuel (ce qui n’empêche pas d’exiger sa révision).

Nous n’avons ici parlé que des recettes ; la marge induite par un budget vertueux du NFP laisse la possibilité de débattre des efforts en matière de transition écologique, de services publics, de cohésion sociale : partout où le gouvernement Barnier propose d’attaquer l’os avec une scie.

Ainsi, le programme du NFP propose une stratégie budgétaire qui augmente les dépenses publiques, stimule l’activité économique et permet de dégager des recettes supplémentaires. Il y a bien une autre politique possible que celle proposée par le gouvernement Barnier. Et elle donnerait de meilleurs résultats pour la France.

Frédéric Faravel

« Ce qui m’affole, c’est l’absence totale d’imagination des élites politiques » – Emmanuel Maurel sur RFI

L’invité de l’Atelier politique de RFI diffusé le 2 novembre 2024 était Emmanuel Maurel, député GRS (Groupe de la gauche démocrate et républicaine) du Val d’Oise. Il répondait aux questions de Frédéric Rivière.

Il revient sur l’actualité politique et parlementaire, faisant part du spectacle peu glorieux des soutiens du gouvernement Barnier en plein débat budgétaire : « Les principaux adversaires du gouvernement de Michel Barnier sont ceux qui sont censés le soutenir. Il y a une forme d’immaturité politique, notamment de la part de gens qui ont été ministres sous Macron. »

Il appelle également les responsables politiques français et européens à faire preuve d’imagination politique et économique, y compris à gauche qui ne parle de rien d’autre que de redistribution sans jamais parler de production et de la nécessité de changer en profondeur notre système productif. Il met en garde contre le risque croissant de marginalisation de notre continent et des sociétés qui y vivent : « Nous Européens, qui imaginons que l’on a encore beaucoup de choses à dire au monde et beaucoup de règles que l’on peut imposer, et bien ça ne va pas être si simple. »

Quelle stratégie pour lutter contre le narcotrafic ? entretien croisé avec Jérôme Durain et Hélène Franco – Les Jeudis de Corbera

Marie-Noëlle Lienemann invitait fin octobre 2024 pour « Les Jeudis de Corbera » Jérôme Durain, sénateur socialiste de Saône-et-Loire, et Hélène Franco, magistrate et ancienne secrétaire générale du syndicat de la magistrature, pour échanger sur la lutte contre les narcotrafics qui pourrissent le quotidien de nos concitoyens.

L’ensemble de l’entretien dure environ 1 heure et 10 minutes et nous l’avons découpé en trois parties : bonne écoute de vos podcasts.

Un état des lieux inquiétant

  • des organisations de narcotraficants qui se sont accaparées tous les vices du capitalisme ;
  • les chiffres de l’économie parallèle ;
  • des enfants esclaves…

Les failles du système de lutte contre le narcotrafic

  • l’absence d’une réelle stratégie pour lutter contre le narcotrafic ;
  • l’absence de réponse coordonnée au niveau national, européen et international ;
  • la dégradation de l’investigation policière et financière ;
  • une loi de 1970 totalement obsolète ;
  • les failles de la lutte contre le blanchiment…

Des préconisations d’urgence

  • consolider les outils juridiques ;
  • renforcer les services publics au service de la lutte contre le narcotrafic ;
  • repenser la protection de l’enfance…

Conclusion : la gauche doit réinvestir le sujet de la prévention et de la lutte contre l’insécurité.

Ma voix, mon choix : signez l’initiative citoyenne européenne pour l’accès sûr et légal à l’avortement

Il faut 1 million de signatures avant le 31 décembre 2024 pour que l’initiative citoyenne européenne puisse ensuite être officiellement examinée par l’Union européenne. Nous sommes déjà à 700 000 signatures ! Avec votre aide, on peut y arriver, alors signez et faites signer !

Aujourd’hui, plus de 20 millions de femmes en Europe n’ont pas d’accès sûr et légal à l’avortement. Elles ont besoin de nous.

En Pologne ou à Malte, il est soumis à des conditions extrêmement restrictives qui l’empêchent dans les faits. Dans d’autres pays, ce droit des femmes à disposer de leur corps est violemment attaqué. En Hongrie, la Constitution entrée en vigueur en 2012 défend “la vie du fœtus dès sa conception” ; depuis septembre 2022, un décret impose en outre aux femmes hongroises qui veulent avorter d’écouter les battements du cœur du fœtus avant de se décider. Au Portugal, les frais liés à l’IVG sont depuis 2015 à la charge des femmes. En Slovaquie, au moins 11 propositions de loi visant à limiter l’accès à l’avortement ont été déposées en l’espace de deux ans, entre 2018 et 2020. Et partout en Europe, les conditions d’accès reculent car les centres permettant l’avortement ne sont pas présents partout. Il est inacceptable que les femmes soient obligées de parcourir de longues distances ou de chercher des alternatives dangereuses en raison du manque d’accès à l’avortement.

Le manque d’accès à l’avortement dans de nombreuses parties de l’Europe expose non seulement les femmes à un risque de préjudice physique mais exerce également sur elles et sur leur famille une pression économique et psychologique indue, souvent au sein de communautés marginalisées qui peuvent le moins se le permettre.

Il est largement documenté que le fait de considérer les soins de santé génésique comme un luxe ne réduit pas le nombre d’avortement mais pousse simplement les femmes à se tourner vers des avortements dangereux.

Pour remédier à cette situation, nous invitons la Commission européenne à présenter, dans un esprit de solidarité, une proposition de soutien financier aux États membres qui seraient en mesure de réaliser des interruptions de grossesse pour toute personne en Europe qui n’aurait toujours pas accès à un avortement sans danger et légal.

D’innombrables vies et moyens de subsistance sont détruits, perturbés ou perdus en raison du manque d’accès à un avortement sans danger. Il faut que cela cesse. Grâce à cette initiative citoyenne européenne, nous allons mettre en place une politique plus juste qui illustre nos valeurs européennes de manière plus constructive et concrète.

Les Radios locales associatives en danger

Parmi les effets délétères des coupes budgétaires voulues par le Gouvernement Barnier, s’est insidieusement glissée une attaque frontale contre un secteur de l’Économie Sociale et Solidaire dont on ne pouvait s’attendre à ce qu’elle soit une source d’économie aussi nécessaire à l’équilibre budgétaire de la Nation : c’est du Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER) dont il s’agit !

Sur les 12 millions d’économies exigées de la Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles, ce sont 10,4 millions qui seront entièrement supportés par les radios libres associatives, alors que ces dernières ne représentent pourtant que 4% de l’enveloppe budgétaire globale dédiée à la Mission Médias, Livre et Industries Culturelles.

C’est donc entre 700 et 800 emplois sur les 3 000 que compte cette branche qui sont à court terme menacés. Sans compter les plus petites structures qui sont immédiatement menacées de disparition.

Pourtant qui peut nier le rôle social et culturel de ces radios de proximité – restreinte de par leur emprise légale sur le spectre hertzien – au nombre d’environ 750 sur l’ensemble du territoire hexagonal et ultra-marin.

  • Intergénérationnelles, elles regroupent les anciens, amateurs du son de l’accordéon, et les plus jeunes qui y trouvent leur dose de hard-métal. Elles sont le porte-voix des manifestations sportives, culturelles, des promos commerciales et des débats politiques locaux.
  • Elles sont un modèle de démocratie pluraliste, apaisée, bon-enfant et pourtant à la pointe de l’info locale. Réparties sur l’ensemble du territoire, particulièrement appréciées en milieu rural, en montagne ou dans les Outre-Mer, elles ne sont pas pour autant absentes des banlieues et des centre urbains.
  • Pluralistes, elles savent donner la parole à tous les secteurs d’activités qui concernent de près ou de loin la vie quotidienne de leur périmètre de radiodiffusion.

La Gauche Républicaine et Socialiste, engagée passionnément pour la culture populaire, soucieuse pour les emplois menacés, attachée à la liberté d’expression, reconnaissante du maillage du territoire par ces entreprises de l’Économie Sociale et Solidaire, s’insurge de cette mesure dérisoire pour le budget de l’État mais dramatique pour ce secteur d’activités sociales et culturelles.

Si, à ce stade, la Commission des Finances de l’Assemblée nationale a refusé cette coupe budgétaire, c’est au niveau du Sénat que l’effort de persuasion et la pression sur les représentants des territoires doit porter pour faire échouer ce funeste projet s’il venait à y refaire surface.

Alertons les citoyens qui pourraient se voir privés de ce canal d’information, d’échange et de divertissement, de ces voix qui s’éteindront si nous ne les soutenons pas.

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.