Refuser la capitulation d’Ursula von der Leyen – Entretien dans LVSL avec Emmanuel Maurel

entretien publié dans le média Le Vent Se Lève, mercredi 27 août 2025

Suite à l’accord commercial entre la présidente Ursula von der Leyen et Donald Trump, le député du Val d’Oise Emmanuel Maurel (Gauche Républicaine et Socialiste – apparenté au groupe communiste), a déposé une proposition de « résolution européenne » à l’Assemblée nationale. Cette initiative, co-signée par une vingtaine de députés principalement issus du PCF, du PS et du MoDem veut inciter le gouvernement français a bloquer « l’accord » (pour l’instant inexistant sur le plan formel) entre les deux exécutifs. L’objectif affiché est d’obtenir un large soutien au Parlement qui fournirait un point d’appui à Paris, dont la critique encore assez timide de l’arrangement paraît assez isolée en Europe, pour s’opposer à l’initiative de la Commission devant le Conseil européen. Entretien conduit par Simon Férelloc et Vincent Arpoulet.

LVSL – Vous réfutez l’idée que l’accord négocié par la Commission européenne serait un « moindre mal » dans le contexte d’une guerre commerciale menée par l’administration américaine. Quelles sont à vos yeux les dispositions les plus graves parmi celles annoncées ?

Emmanuel Maurel – Je répondrais plus vite si vous me demandiez quelles dispositions ne sont pas graves. À part l’exemption de droits sur l’aéronautique, je n’en vois aucune.

Premièrement, l’accroissement des tarifs douaniers à 15%. Certains la considèrent comme un moindre mal, parce que l’on savait depuis le début du second mandat Trump que tout le monde subirait des hausses substantielles. Dans une première liste publiée en avril, le Président étasunien nous avait taxés à 20%. A première vue, avec « seulement » 15%, on pourrait se dire qu’on ne s’en sort pas trop mal. 

Mais voir ainsi les choses du bon côté omet un fait : depuis le début 2025, le dollar a baissé de 13% face à l’euro. Avec les 15% de droits supplémentaires, le surcoût réel effectif des exportations européennes s’approchera donc de 30%. Donc pour l’UE, ce n’est pas « seulement 15% », et c’est très mauvais.

D’autant plus mauvais que Donald Trump finira par avoir la peau du gouverneur de la Banque centrale américaine (Fed) Jerôme Powell, qui refuse de baisser les taux étasuniens. Quand Trump aura un Gouverneur de la Fed à sa main, les taux baisseront et le dollar baissera encore plus face à l’euro. Notre « punition » ne fait donc que commencer. 

Tout aussi grave : la promesse de von der Leyen d’investir 600 milliards aux États-Unis. Donald Trump – qu’il ne faut pas prendre pour un fou – a bien compris que venant de la Présidente de la Commission, c’est une promesse de Gascon. Elle n’a évidemment pas le pouvoir de faire seule un virement de 600 milliards à Washington. Trump a donc pris soin de préciser que si cet argent n’arrive pas, les droits étasuniens passeront à 35% – nous n’avons qu’à nous débrouiller pour que cela se fasse.

« La France seule ne peut pas mettre son veto au futur accord commercial Union européenne-États-Unis, puisque depuis le Traité de Lisbonne le commerce est une “compétence exclusive” de l’Union. »

Il y a bien d’autres choses, notamment les achats massifs d’hydrocarbures ou la hausse des contingents d’importations agricoles, mais ce qui est le plus grave, c’est que Madame von der Leyen s’est ralliée sans condition au point de vue américain. Elle affirme que notre relation commerciale serait actuellement déséquilibrée et beaucoup trop à notre avantage, ce qui est factuellement faux. Or, dans une négociation (car tout reste à négocier, le projet d’accord agréé le 27 juillet n’est qu’un brouillon), se plier au point de vue de la partie adverse revient à préparer une capitulation en règle.

L’économiste David Cayla remarque qu’en négociant seul, le Royaume-Uni a obtenu des conditions moins défavorables que celles concédées par une union de 27 pays. Selon l’ancien ministre délégué à l’Europe, Clément Beaune, l’UE ne se serait simplement pas suffisamment appuyée sur l’importance de son marché pour contraindre les États-Unis à réviser leur position. À vos yeux, être un grand marché de consommateurs est-il une arme suffisante pour répliquer aux hausses douanières étasuniennes ?

David Cayla a raison d’appuyer là où les choses font mal.

« Ensemble nous sommes plus forts », nous promet-on depuis l’accélération de la construction européenne des années 80, le Traité de Maastricht, et surtout la forfaiture démocratique du traité de Lisbonne en 2008 [en 2005, le Traité constitutionnel européen (TCE), calqué sur le Traité de Maastricht, est rejeté à 55 % par référendum. Trois ans plus tard, l’Assemblée nationale française vote en faveur du Traité de Lisbonne, en tous points similaires au TCE NDLR].

Tout ceci pour une zone économique dont la croissance est depuis quinze ans la plus faible de toutes les grandes zones économiques du monde, qui accumule un retard de développement technologique considérable face à la Chine et aux États-Unis – et, à présent, se fait marcher dessus par notre allié américain !

Ici aussi, Trump joue parfaitement sa partition. Il ne faut pas croire qu’en taxant les Britanniques à seulement 10%, il récompense l’alliance et la proximité « naturelles », « anglo-saxonnes », entre les États-Unis et le Royaume-Uni. Ces cinq points d’écart avec l’UE récompensent surtout… le Brexit, car Trump ne se cache pas de vouloir la chute de l’Union européenne. Il y a un message à peine subliminal derrière cet écart de traitement entre UE et Royaume-Uni. Et nous, nous le validons !

Clément Beaune a raison : face au chantage américain, nous aurions dû faire jouer l’accès au marché européen. Le Parlement européen a même voté, en 2023, un « instrument anti-coercition » qui a justement été élaboré pour dissuader les maîtres-chanteurs.

Il comporte certes tout un labyrinthe d’enquêtes et de procédures de conciliations, mais à la fin, si rien ne marche, il donne le pouvoir à l’UE de fermer son marché à toute puissance économique qui joue la brutalité et l’intimidation. Et face à ce véritable cas d’école, la Commission ne l’utilise même pas !

Seuls deux États-membres de l’UE s’opposent pour l’instant aux termes négociés par von der Leyen : la France et la Hongrie estiment qu’un tel accord risque de porter atteinte à la production européenne. D’autres pays tels que l’Allemagne ou l’Italie se félicitent à l’inverse d’avoir préservé leur modèle exportateur. Face à ces divergences d’intérêts manifestes, le projet européen a-t-il encore un avenir ?

L’immobilisme allemand interroge. Pour préserver ses excédents commerciaux sur le dos des autres, nous l’avons connue plus retorse. Que l’on considère l’automobile : les exportations allemandes aux Etats-Unis s’élèvent à environ 25 milliards de dollars. Or, il a été calculé que les droits supplémentaires pourraient provoquer plus de 9 milliards de surcoûts et de pertes de parts de marché pour les constructeurs allemands.

Il en va de même pour la plupart des autres gros postes d’exportations allemandes : machines-outils, biens d’équipements, chimie, etc. Sauf à considérer que les industriels allemands préparent déjà une grande délocalisation vers les États-Unis, je trouve incompréhensible l’attentisme de Berlin. Quant aux Italiens – qui, en plus, sont une puissance agro-alimentaire –, je pense qu’ils sont tétanisés par un accord aussi asymétrique malgré la proximité politique entre Giorgia Meloni et Donald Trump.

Donald Trump a réussi son coup, du moins pour l’instant. Il a réussi à désunir les puissances européennes ; il serait presque comique de constater que des trois pays les plus importants, nous sommes le seul à déplorer l’accord tout en étant le plus petit exportateur vers les États-Unis (54 milliards en 2023, contre 73 pour l’Italie et 157 pour l’Allemagne).

À ce stade, je ne vois pas de divergence objective d’intérêts. Dans les faits, nous nous faisons tous imposer un projet d’accord à sens unique. Ces différences de réactions sont, d’une certaine manière, encore plus inquiétantes, car elles n’ont pas de fondement strictement économique. Ont-elles alors un fondement politique ? Si au bout du compte, la France reste seule à défendre l’UE pendant que l’Allemagne et l’Italie ne la défendent pas, quelle conclusion politique, pour l’avenir de la construction européenne, faudra-t-il en tirer ?

Si notre balance commerciale est effectivement excédentaire, ce n’est pas le cas de la balance des paiements qui est quasiment à l’équilibre en raison des revenus que nous versons à Washington en contrepartie de services informatiques. Comment expliquer que la Commission n’ait pas fait valoir ce privilège accordé aux GAFAM sur le sol européen ?

On ne l’explique pas. Si l’on élargit à tous les services (droits de licences, finance, assurances), les « exportations invisibles » des États-Unis vers l’UE s’élèvent à 240 milliards de dollars.

L’Union européenne est le 2ème marché mondial des GAFAM. Si l’on prend en compte toute la tech américaine, avec ses logiciels, ses services de cloud, ses data-centers, etc, le marché européen représente pour eux environ 75 milliards de dollars par an. Malgré ce levier potentiel, la Commission a jugé bond d’abandonner tout projet de taxe GAFAM européenne !

Sur le plan énergétique, cet accord vient consolider la prépondérance du gaz naturel liquéfié (GNL) dans le mix énergétique européen, au grand dam de la France. En quoi ces nouvelles importations massives de GNL risquent-elles de fragiliser la politique énergétique française qui ne dépend de toute façon pas de cette ressource ?

Sur les hydrocarbures, je ne dirais pas « au grand dam de la France », mais « au grand dam de la France qui soutient l’autonomie stratégique européenne ». C’est notre projet pour l’Europe qui se trouve violemment bousculé par ce deal énergétique qui, en pratique, exigerait que nous dépendions à 50% des États-Unis pour notre approvisionnement en gaz et en pétrole. Je ne sais pas si c’est même faisable. Je ne sais pas si les États-Unis ont la capacité de nous fournir 250 milliards en GNL et en pétrole chaque année pendant 3 ans, comme il a été convenu [à prix constants, cela impliquerait que les États-Unis vendent à l’Europe un tiers de leur production gazière – utilisée à des fins internes NDLR]

Si cela advenait, la France ne serait pas la plus mise à mal, protégée par son parc nucléaire. Mais quand on est captif à 50 % d’un seul fournisseur, il y a lieu de croire que l’on n’est pas dans la position idéale pour acheter à bon prix ! Ce sera surtout un problème pour les Allemands, les Italiens ou les Polonais, moins pour nous. Certains industriels ne s’y trompent d’ailleurs pas, qui regardent la France comme un pays avantageux au point de vue de la facture d’électricité. On a même vu poindre quelques annonces de délocalisations industrielles motivées par cette raison.

Vous soulignez à juste titre que la France importe moins d’hydrocarbures, mais aussi qu’elle a une diversité de fournisseurs, ce qui lui confère une relative autonomie dans la gestion de sa dépendance au gaz et au pétrole. Mais si Trump nous dit que si nous n’honorons pas notre promesse, qui vaut aussi pour la France, les droits étasuniens passeront à 35%, quel avenir entrevoyez-vous ?

La Présidente de la Commission s’est engagée à la place des États-Membres, qui jusqu’à preuve du contraire s’approvisionnent en hydrocarbures chez qui, et comme bon leur semble, Russie mise à part. Elle a donc violé les traités en s’arrogeant des pouvoirs qu’elle n’a pas. Von der Leyen ne pouvait pas faire pire pour promouvoir l’Europe fédérale. Ses thuriféraires, dont je ne suis pas, doivent la haïr en ce moment.

En cas de vote de votre résolution, le gouvernement risque de se contenter d’une protestation comme ce fut le cas à la suite de l’accord UE-Mercosur, entré en vigueur en décembre dernier. Comment maintenir la pression sur l’exécutif pour le forcer à aller à la confrontation ?

Formellement, une résolution européenne de l’Assemblée nationale n’est en effet pas contraignante. Mais si elle est unanime ou quasi, je vois mal le Gouvernement français se contenter d’une « molle protestation », auquel cas il s’exposerait à la sanction du Parlement.

C’est au niveau européen que les choses se jouent. La France seule ne peut pas mettre son veto au futur accord commercial UE-États-Unis, puisque depuis le traité de Lisbonne – qui a trahi les « non » français et néerlandais de 2005 – le commerce est une « compétence exclusive » de l’Union. Il faut donc une majorité qualifiée (55 % des États représentant 65 % de la population) pour approuver l’accord. En votant ma résolution, l’Assemblée nationale donnera donc un mandat clair à la France pour trouver une minorité de blocage.

Les choses pourraient cependant être plus ambivalentes. Cet accord pourrait entrer dans la catégorie « accord mixte » : à côté de la partie « commerce », il comporte une partie « investissements » (de 600 milliards de dollars). Or, les investissements n’étant pas une compétence exclusive de l’Union, sur un « accord mixte », il y a un droit de veto. Raison de plus pour que la représentation nationale le dénonce sans équivoque.

L’intégralité des partis politiques a condamné l’arrangement entre le président étasunien et la présidente de la Commission européenne. Certains y voient le signe d’une intégration européenne insuffisante car incapable de reléguer au second plan les dissensions nationales. Qu’en pensez-vous ?

On ne pouvait pas rendre un pire service à la promotion d’une intégration européenne plus poussée. Si par soumission ou par intérêt (que je ne vois pas), une majorité d’Européens est d’accord pour servir de paillasson à Donald Trump, alors c’est non seulement le projet fédéral qui est mort, mais c’est l’existence même de l’Europe en tant que fédération d’états-Nations, dans sa forme actuelle, qui est menacée.

« Le RN, mais aussi les amis de Mme Meloni ou les extrémistes aux relents néo-nazis de l’AfD, en viennent à défendre les ennemis de leur pays. »

Pour ma part je ne suis pas partisan de la « politique du pire ». Je ne souhaite pas que cet accord catastrophique nous mène au Frexit, auquel je ne suis pas favorable. Je pense que l’Union européenne a vocation à défendre nos intérêts communs – et sur ces questions, ils sont vraiment communs, car nous nous faisons tous piller. Les choses sont donc simple : soit l’Europe se réveille et rejette l’accord, soit elle perd sa légitimité. Trump pose une question existentielle : à nous de savoir y répondre.

L’extrême-droite européenne a vanté la politique trumpiste, qui va durement impacter les économies du continent. De leur côté, les libéraux soutiennent la Commission qui ouvre la porte à ce pillage. N’y a-t-il pas un boulevard pour une gauche qui se réapproprierait un discours critique de la construction européenne ?

L’extrême-droite doit en effet être bien embarrassée. Après avoir fêté à l’unisson l’élection de Trump, elle se rend compte qu’elle a célébré la victoire d’un adversaire, pour ne pas dire d’un ennemi de l’Europe, et donc de la France. On retrouve une contradiction insurmontable, propre à ce courant politique : par définition, il ne peut pas y avoir « d’internationale nationaliste ». Le RN, mais aussi les amis de Mme Meloni ou les extrémistes aux relents néo-nazis de l’AfD, en viennent à défendre les ennemis de leur pays. Mais le populisme nationaliste n’est pas à une contradiction près.

Vous notez que Mme Von der Leyen a outrepassé le mandat de la Commission en en empiétant sur les prérogatives des États-membres (défense, énergie…) tout en s’asseyant sur des précédents règlements du Parlement Européen. Quelles pistes voyez-vous pour empêcher la dérive autocratique accentuée par le mandat von der Leyen ?

La Commission a cru sauver les meubles en s’arrogeant des prérogatives qu’elle n’a pas, vous avez raison. Elle n’a aucun droit sur le choix des fournisseurs énergétiques des États-membres. Elle n’a aucun droit sur le choix de leur armement non plus (car le brouillon d’accord comporte aussi des engagements là-dessus). Elle a failli en tant que « pouvoir exécutif » de l’Union européenne, car l’instrument anti-coercition voté par le Parlement aurait dû être activé et cela n’a pas été le cas. Le Parlement européen doit censurer la Commission von der Leyen.

Bayrou a joué avec l’intérêt du pays, il a perdu

communiqué de presse de la Gauche Républicaine et Socialiste, mardi 26 août 2025

François Bayrou a annoncé hier après-midi qu’il poserait aux parlementaires la question de confiance sur sa politique et son projet de budget pour 2026 le 8 septembre 2025.

Nous ne ferons pas l’injure au futur ex Premier ministre de lui nier sa conviction profonde sur la nécessité de réduire les dépenses publiques. Sa faute rédhibitoire est de n’avoir jamais voulu entendre que notre puissance publique ne souffrait pas tant de son niveau de dépenses que de l’épuisement de ses recettes, savamment et progressivement orchestré depuis le mandat de Nicolas Sarkozy, accéléré à un niveau exponentiel lors des quinquennats d’Emmanuel Macron, dont il est également comptable.

Depuis le 15 juillet et la présentation de la philosophie de son projet de loi de finances pour 2026, François Bayrou n’a cessé de s’enfermer dans une impasse, refusant tout aménagement à une logique contre-productive qui aurait conduit à l’assèchement de notre économie, donc à l’effondrement des recettes de l’État et à l’aggravation de la dette publique.

Se sachant incapable de faire adopter un tel budget, il a choisi hier de devancer l’appel et de programmer la chute de son gouvernement le 8 septembre prochain, pour se draper dans le manteau du réformateur incompris : mais n’est pas PMF qui veut ! On ne soigne pas la France en giflant les Français, en faisant porter l’unique effort sur les classes populaires et moyennes pour préserver la politique de l’offre, les baisses d’impôts sur le capital et les grandes fortunes, stratégie délétère qui a conduit le hollandisme et le macronisme à l’échec et la France dans l’ornière.

On ne peut dans ces conditions que refuser la confiance à un François Bayrou qui élève le niveau d’irresponsabilité à faire peser sur la France et les Français la menace d’une tempête sur les marchés pour faire semblant de se préserver un médiocre trou de souris politique qui n’existe pas.

François Bayrou et son gouvernement doivent donc tomber le 8 septembre. Reste à savoir si le Président de la République souhaitera ajouter de la crise à la crise : on aura compris qu’Emmanuel Macron n’avait pas la capacité psychologique à nommer une ou un Premier ministre de gauche, mais après la pantalonnade béarnaise sera-t-il capable de mandater une ou un Premier ministre qui ne cherchera pas à reproduire l’entêtement dont il a fait preuve, et Bayrou avec lui, jusqu’ici ?

Il n’y a aucun budget possible aujourd’hui sans mettre en cause les cadeaux fiscaux accordés aux ultra-riches, sans faire le tri dans les nombreuses mesures improductives qui coûtent 211 milliards d’euros de dépenses fiscales par an au profit des grandes entreprises, sans restauration de la justice sociale, sans retour de l’investissement industriel, scientifique, écologique et même militaire

Le Président de la République sera-t-il enfin à la hauteur de sa fonction ?

Non l’antisémitisme en France n’est pas résiduel

communiqué de presse de la Gauche Républicaine et Socialiste le vendredi 15 août 2025

Nous sommes en France et l’antisémitisme n’a pas disparu.
L’olivier planté en 2011 à Epinay-sur-Seine, cinq ans après la mort du jeune homme de confession juive, séquestré et torturé par «le gang des barbares» de Bagneux, a été abattu hier dans la nuit.
L’antisémitisme n’a pas disparu. Il n’est pas non plus résiduel. Au contraire, les agressions contre nos concitoyens de confession juive se multiplient.

En France, aujourd’hui, sans que rien ni jamais ne puisse le justifier, des plaques d’écoles en mémoire de la déportation des enfants juifs ont également été grafitées à Saint-Denis. À Livry-Gargan, un Français de confession juive qui allait prier a été agressé et sa médaille arrachée.
Vous avez dit « Résiduel » ?

Il est temps que l’ensemble de la société française réagisse.

Accord Trump-von der Leyen : pour Emmanuel Maurel, « l’Europe se comporte comme un paillasson face aux exigences de Trump » – entretien dans Marianne

entretien publié le 5 août 2025 dans Marianne, propos recueillis par Chloé Sémat

Quelques jours après la conclusion de l’accord commercial entre Donald Trump et Ursula von der Leyen, le député Gauche démocrate et républicaine (GDR) du Val-d’Oise, Emmanuel Maurel, a déposé jeudi 31 juillet [en fait le 30 juillet 2025] une proposition de résolution appelant le gouvernement à s’opposer à ce deal. Pour Marianne, il revient sur un accord qu’il juge à la fois « humiliant » pour l’Europe et néfaste pour l’économie française.

Même hors session parlementaire, l’accord commercial conclu entre Donald Trump et Ursula von der Leyen le 28 juillet dernier suscite des remous chez les députés. À commencer par l’élu Gauche démocrate et républicaine (GDR) du Val-d’Oise, Emmanuel Maurel, qui a déposé ce jeudi 31 juillet une proposition de résolution appelant le gouvernement à s’opposer à ce deal. Pour rappel, cet accord, critiqué par l’ensemble du spectre politique français, prévoit une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Outre l’absence de réciprocité commerciale, le député déplore une véritable soumission de l’Union européenne (UE) aux États-Unis, susceptible d’avoir des répercussions néfastes sur l’économie française. Avec cette proposition de résolution, déjà signée par une petite quarantaine d’élus, il réclame un « sursaut collectif ». Entretien.

Marianne : Avec cette proposition de résolution, quel message souhaitez-vous faire passer ?

Emmanuel Maurel : Comme beaucoup de Français et d’Européens, j’ai été sidéré par la désinvolture avec laquelle Ursula von der Leyen a passé cet accord avec Donald Trump entre deux parties de golf en Écosse. Ce deal aura des conséquences existentielles sur le continent européen. On se plie à toutes les exigences du président américain, à commencer par le fait de taxer à hauteur de 15 % les produits européens arrivés aux États-Unis, sans exiger de réciprocité commerciale en taxant les produits américains. Et ce, au prétexte qu’une telle mesure contrariait Donald Trump.

Si cet accord aboutit, ce serait l’humiliation totale. Le président américain arrive avec ses rodomontades et ses exigences folles ; et plutôt que de les contester ou de répliquer, Ursula von der Leyen abdique. Cette situation est inédite : le continent européen se comporte comme un véritable paillasson face aux exigences du président américain.

En annonçant 600 milliards de dollars d’investissement, la présidente de la Commission européenne a pris des engagements sans jamais avoir consulté les États membres et qui vont à l’encontre des valeurs promues ces dernières années. C’est également le cas en matière de transition écologique, alors qu’elle a annoncé que l’Union européenne allait acheter massivement du pétrole et du gaz naturel liquéfié obtenu par l’exploitation du gaz de schiste. Ainsi, c’est toute l’autonomie stratégique de l’Europe qui est remise en cause.

La Commission s’est engagée à acheter des armes américaines pour quelques « centaines de milliards de dollars ». Avec quel impact sur l’industrie européenne, et notamment française, alors que l’UE se targue depuis le début du conflit russo-ukrainien de vouloir renforcer ses investissements dans la défense ?

Cette mesure trahit en effet la promesse de la Commission de consolider l’Europe de la défense. On prétend – et Emmanuel Macron en première ligne – vouloir parvenir à une sorte d’autonomie stratégique en la matière. Cela implique de produire nos armements et nos munitions sur le sol européen. Or, cet accord précipite le rapport avec l’Otan et les États-Unis.

Pour les entreprises françaises, comme pour l’idée que l’on se fait d’une indépendance militaire de l’UE, ce serait une catastrophe, voire une folie. C’est notamment pour cette raison que j’ai immédiatement tenu à porter cette proposition de résolution. Je ne vois pas comment la France pourrait accepter un tel deal parce qu’au-delà de l’humiliation, ce serait préjudiciable pour notre économie. J’espère qu’Emmanuel Macron en tiendra compte.

Le chef de l’État a d’ores et déjà déploré que l’Union européenne n’ait pas été assez « crainte » dans ses négociations commerciales avec les États-Unis. L’exécutif semble de fait aller dans votre sens.

L’accord est tellement déséquilibré qu’il était évident que le gouvernement réagirait de cette manière. Mais il y a les paroles et les actes. Sur le Mercosur par exemple, le président avait eu des mots très durs mais il n’empêche que la Commission européenne continue de faire comme si de rien n’était. Nous avons besoin d’un sursaut collectif, et la résolution que je propose devrait y participer. Celle-ci devrait rapidement arriver en commission des Affaires européennes à partir de l’ouverture de la session parlementaire, à la mi-septembre.

Pensez-vous obtenir une majorité de soutiens à l’Assemblée ?

Nous sommes déjà près de 40 à avoir signé la proposition. À la rentrée, je pense qu’on aura dépassé les 100 signatures. Ce soutien provient de tous les groupes, de la gauche au MoDem – le parti du Premier ministre. S’il y a un vote sur cette résolution, je ne doute pas qu’il y ait une immense majorité de parlementaires qui refuseraient un tel accord parce que l’intérêt national est mis en jeu.

Une résolution constitue avant tout un avis symbolique. Quelle portée aura-t-elle, selon vous ?

Une résolution, c’est symbolique mais également politique. Si une majorité de parlementaires se prononce contre le deal, il sera difficile pour l’exécutif français de l’ignorer. Il faudra ensuite que la France pèse au sein du Conseil européen, et que les parlementaires européens français agissent à Bruxelles et à Strasbourg pour construire un rapport de force qui sera défavorable à la position d’Ursula von der Leyen. Rappelons que cette dernière n’a pas autorité pour décider de ces investissements : cela relève du ressort des États membres.

« Ursula von der Leyen se comporte systématiquement comme si les intérêts de notre pays étaient négligeables. »

Ce n’est pas la première fois que la présidente de la Commission européenne s’engage de la sorte. Déjà, en 2020, alors que j’étais eurodéputé, elle avait essayé en catimini de conclure un accord d’investissement avec la Chine qui était clairement défavorable à la France. Elle se comporte systématiquement comme si les intérêts de notre pays étaient négligeables. Il est temps de lui rappeler que la France n’a pas à être sacrifiée sur l’autel de ses visées idéologiques. D’autant qu’Ursula von der Leyen est très contestée ces derniers temps et que sa légitimité politique est clairement remise en question.

Proposition de résolution européenne visant à rejeter le projet d’accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis

Comme vous le savez, la Présidente de la Commission européenne en déplacement en Ecosse le 27 juillet 2025, a agréé les principales lignes directrices d’un projet d’accord commercial à sens unique, où la quasi-totalité des exigences de l’administration de Donald Trump ont été satisfaites.

  1. Les exportations européennes feront l’objet d’un rehaussement général des droits de douane américains à hauteur de 15%, tandis que les exportations américaines vers l’UE verront leur tarif inchangé. Ce à quoi il faut ajouter la récente dépréciation du dollar (environ moins 13% depuis le début 2025), qui cumulée avec les droits à 15%, équivaut en fait à satisfaire l’exigence initiale de Trump à 30%. Des exemptions seraient prévues dans quelques secteurs, notamment l’aéronautique, les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs. La négociation n’est pas arrêtée dans le secteur des vins et spiritueux, qui en France est très exposé à la demande intérieure américaine. Il ressort de cette négociation que notre économie déjà en difficulté risque d’être violemment impactée, d’autant plus que la Commission s’est engagée sur des contingents d’importation supplémentaires de produits agricoles américains.
  2. La Commission s’est engagée à acheter plus d’armements originaires des USA, trahissant sa promesse de consolider l’Europe de la Défense et de favoriser au maximum l’industrie européenne, et notamment française, dans le cadre d’une élévation de l’effort de défense à 3%, voire 3,5% du PIB. Il s’agit là d’une attaque directe contre nos intérêts économiques et stratégiques, par ailleurs contraire aux traités : hormis certains dispositifs spécifiques à l’aide européenne à l’Ukraine, la Commission n’a aucun droit ni mandat pour négocier et encore moins conclure des contrats d’armements avec l’étranger.
  3. La Commission s’est engagée à des investissements européens massifs, d’une valeur de 600 milliards d’euros, aux États-Unis. Ce faisant, elle a balayé d’un revers de main toutes les recommandations récemment formulées par d’éminentes personnalités, particulièrement MM. Draghi et Letta, visant à mobiliser l’épargne européenne, qui finance déjà largement le déficit budgétaire et commercial américain, pour produire davantage en Europe et y investir dans les secteurs de pointe. Quoiqu’on pense de la pertinence et de l’opportunité de ces propositions faites dans le cadre du débat public européen, la Commission a décidé de facto, hier, de les rendre caduques et sans objet.
  4. La Commission s’est engagée à rendre l’Europe dépendante des États-Unis, et au prix fort, pour son approvisionnement énergétique, via une intention de leur acheter 750 milliards d’euros de pétrole et de gaz naturel liquéfié. Je pense que cet engagement outrepasse ses prérogatives, car l’approvisionnement énergétique relève des États-Membres. Sur le fond, cette décision est déplorable car notre autonomie stratégique repose précisément sur la diversification des approvisionnements énergétiques. Échanger notre dépendance au gaz à un régime autoritaire et agressif contre une dépendance à un pays qui se veut notre allié tout en nous imposant des conditions aussi léonines, ne me paraît pas une approche responsable ni prudente.
  5. Politiquement, l’Union européenne est humiliée et tous les efforts qu’elle a consacrés à la réciprocité commerciale, notamment des règlements importants comme l’instrument anti coercition voté par le Parlement européen sous sa précédente législature, tombent à néant. À ce stade, au terme de cet accord UE-USA (à supposer qu’il soit intégralement appliqué), la Chine bénéficierait globalement, de la part des Américains, d’un traitement plus favorable que nous. Employer le terme d’humiliation face à un pays allié qui, finalement, concèderait à son « rival systémique » des relations économiques et commerciales plus favorables, ne me paraît donc pas excessif. La perte de crédibilité politique, diplomatique, économique et commerciale de l’UE est immense. C’est indubitablement un jalon vers une perte de substance de la construction européenne.

Dans ces conditions, il me paraît urgent que le Parlement français se prononce dans des termes sans la moindre équivoque contre l’accord Trump – Von der Leyen, comme il a su le faire à l’automne dernier contre l’accord avec le Mercosur.

Dans l’attente d’une réaction du Président de la République, j’ai proposé aux députés de cosigner une proposition de résolution de l’Assemblée nationale exprimant notre refus unanime de la vassalisation de l’Union européenne.

Emmanuel MAUREL, député du Val-d’Oise
et animateur national de la Gauche Républicaine et Socialiste
Mardi 29 juillet 2025

Refuser la capitulation de la commission européenne face aux Etats-Unis

Voilà le résultat final du transfert de la compétence sur les accords commerciaux à la Commission Européenne !

Il va falloir remettre en cause la logique complète qui nous a amenés à permettre la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen à pouvoir négocier seule avec Donald Trump.

C’est une capitulation en rase campagne :
🔸15% de droits de douane là où le Royaume-Uni obtient 10% ;
🔸renonciation à taxer les entreprises du numérique ;
🔸renonciation à la taxe minimale de 15% sur les grandes sociétés ;
🔸abandon du renforcement de la régulation des entreprises du numérique que l’Union Européenne prévoyait avant l’arrivée de Trump ;
🔸aggravation de la soumission des Européens au matériel militaire et aux hydrocarbures américains…

La France, qui défendait la ligne dure face à Trump, a perdu encore une fois son bras de fer avec l’Allemagne. Cet accord ne défend pas les intérêts français et va à rebours de tous nos engagements et ceux de l’Union Européenne.

Mais on ne peut pas se contenter de « regretter » la capitulation commerciale entérinée par von der Leyen. Le Premier ministre François Bayrou ne peut en rester à un tweet de déploration.
Il faut agir. Que la France demande la convocation en urgence du Conseil Européen. Nous devons exiger la démission de la Commission et de sa présidente qui ont gravement failli.

Reconnaissance de l’Etat palestinien : enfin !


La Gauche Républicaine et Socialiste salue la reconnaissance par la France de l’État palestinien et appelle à de nouvelles initiatives pour la Paix au Proche-Orient.

Emmanuel Macron a annoncé hier soir que la France allait enfin reconnaître l’État palestinien : nous saluons cette décision attendue depuis longtemps qui, selon nous, contribuera à renforcer les initiatives visant à mettre fin à l’horreur en cours dans la Bande de Gaza et à restaurer un processus de Paix au Proche-Orient. La France sera ainsi le premier État membre du Conseil de Sécurité de l’ONU et du G7 à franchir le pas : un symbole politique fort qui peut avoir des conséquences diplomatiques importantes.

Nous tenons à rappeler que le Parlement français avait déjà voté depuis plusieurs années des résolutions, auxquelles nous nous étions associées, demandant cette reconnaissance. Si la décision est enfin arrivée, nous nous étonnons qu’elle soit cependant différée à la participation en septembre du Président de la République à l’assemblée générale de l’ONU ; depuis le 10 juin dernier, Mahmoud Abbas, président maintenu de l’Autorité Palestinienne, a condamné officiellement les massacres du 7 octobre 2023, ce qui était la condition principale posée par Emmanuel Macron. Ces longues semaines où le Président de la République a suspendu la décision de reconnaissance après avoir déclaré l’envisager n’ont cessé de nous déconcerter car, au regard de l’urgence politique et humanitaire, nous ne voyons toujours pas ce qu’il espérait ainsi obtenir. La mise à l’ordre du jour de la Knesset de l’annexion des territoires palestiniens ne lui laissait sans doute plus le choix.

Cette décision doit être un acte supplémentaire de la communauté internationale pour exprimer la condamnation totale et humaine des crimes de masse commis sous l’autorité du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu : il ne fait plus de doute aujourd’hui que l’action de Tsahal à la demande de ce gouvernement vise à terroriser et cible les civils palestiniens plus qu’à combattre le Hamas et implique une famine massive qui s’intensifie chaque jour et menace dans les jours qui viennent la vie de dizaines de milliers de vieillards, de femmes, d’enfants mais aussi de soignants et de journalistes. Les déclarations quotidiennes de plusieurs membres du gouvernement d’extrême droite israélien ne laissent plus beaucoup de doutes sur leurs intentions génocidaires. Si l’opportunisme du chef du gouvernement – continuer la guerre pour éviter d’avoir à rendre des comptes aux électeurs et à la justice – est connu, il ne faut pas non plus sous-estimer les motivations idéologiques « révisionnistes » le liant aujourd’hui aux membres les plus extrémistes de son gouvernement et aux suprémacistes religieux, qui organisent également des exactions graves en Cisjordanie avec la protection de l’armée.

Il faut désormais imposer un cessez-le-feu dans les plus brefs délais sous peine d’avoir des centaines de milliers de morts sur la conscience.

La Gauche Républicaine et Socialiste appelle l’ensemble des organisations et États démocratiques à un soutien appuyé en faveur des mouvements israéliens de défense de la démocratie, de la paix, de la justice et des droits sociaux qui sont la seule alternative à l’extrême droite et se mobilisent tous les jours par centaines de milliers pour réclamer la libération des otages (qui reste notre exigence absolue et qui doit être celle de toute personne ou organisation attachée aux valeurs humanistes), la fin immédiate de la guerre et la démission du cabinet Netanyahu ; ils sont la meilleure chance pour l’État d’Israël de restaurer son image internationale. La Gauche Républicaine et Socialiste appelle à un soutien aux éléments démocratiques de la société palestinienne pour faire émerger une alternative crédible face à une Autorité palestinienne aujourd’hui délégitimée et un Hamas terroriste et criminel, qui a conduit la population qu’il écrasait de son pouvoir à la mort. Il n’y aura pas de processus de paix sans interlocuteur palestinien.

La Gauche Républicaine et Socialiste rappelle ses positions pour la résolution du conflit israélo-palestinien : reconnaissance réciproque de deux États israélien et palestinien sur les frontières de 1967, deux États qui doivent garantir la démocratie et l’égalité des droits en leur sein, garantie de sécurité et de l’existence de l’État d’Israël par l’ensemble de ses voisins, évacuation totale des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem Est.

L’impasse politique et budgétaire de François Bayrou

François Bayrou et son gouvernement ont opté pour un discours alarmiste, faisant même une comparaison indécente entre la France de 2025 et la Grèce de 2015. Ils pointent une soi-disant addiction à la dépense publique, sans jamais faire le lien entre la situation financière navrante du pays et la politique conduite depuis 7 ans sous les gouvernements d’Emmanuel Macron (y compris ceux de Michel Barnier et l’actuel). 
Cela saute pourtant aux yeux de tout le monde sauf à ceux des ministres.

François Bayrou présenterait donc un programme ou un plan qui serait juste et équilibré. Or tout le monde, même les électeurs du soi-disant « socle commun », a compris que ce n’était ni juste ni équilibré : Bayrou veut prendre beaucoup à ceux qui ont peu et pas grand-chose à ceux qui ont beaucoup . Cela heurte tous les Français, et pas seulement ceux qui se livrent dans l’opposition. Ou si le gouvernement se veut très précis pour tout ce qui concerne les mesures dites d’austérité (le gel des allocations, l’année blanche, la suppression d’un certain nombre de dispositifs), il est très imprécis sur tout le reste : comment fait-on pour les recettes, comme fait-on sur les niches fiscales, comment fait-on pour les exonérations de cotisations sociales ? Cette « imprécision » ne peut que choquer ceux qui sont épris de justice et de progrès.

Quatre questions doivent être posées :
1- Un rapport d’une commission d’enquête du Sénat, présenté par Fabien Gay, sur les aides aux entreprises , à pointé des dépenses de l’ordre de 211 milliards d’euros . Le Premier ministre a reconnu que c’était beaucoup, mais quelle est sa conclusion ? On n’en sait rien alors que tant de choses devraient être examinées dans ce champ. 
2- Le gouvernement a-t-il évalué le risque récessif de son « plan » ? Quand on déprime la consommation, quand on gèle les investissements, il y a un grand risque de récession, donc moins de recettes fiscales et encore plus de déficit. 
3- Au moment où le chômage augmente , le gouvernement n’a-t-il rien d’autre à proposer que de diminuer encore plus les moyens de la mission budgétaire « Travail, emploi » avec une nouvelle contre-réforme de l’assurance chômage, sans réelle évaluation des précédents qui, manifestement, ne marche pas très bien ? 
4- Avec qui le gouvernement et le Premier ministre prétendent-ils négocier et définir des compromis ? Même avec le bloc central on envoie que la marge de manœuvre est limitée, mais qu’entendent-ils laisser comme appréciation aux oppositions et aux députés de gauche notamment, alors tant sur les principes que sur les moyens François Bayrou prétend qu’il n’y a pas d’autres solutions que les siennes ?

Sans réponses satisfaisantes à ces questions, nous courrons droit à l’impasse. Le Maire de Pau le sait sans doute et, dès le 15 juillet, annonçait déjà son échec pour se draper pour la postérité dans le rôle du « réformateur incompris » : n’est pas Pierre Mendès France qui veut !

Budget Bayrou 2026 : fonctionnaires sacrifiés, la fausse solution

Au lendemain de la fête nationale et de la clôture de la session d’un Parlement où ses partisans sont minoritaires, François Bayrou a dévoilé son « plan » pour réduire la dette.

Alors que les profits générés par les grandes entreprises n’ont jamais été aussi élevés, que les entreprises pratiquent le « cumcum » sans honte (voir notre article1), le locataire de Matignon a sorti les recettes de grand-mère qui n’ont jamais produit le moindre effet : le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois, reprise à peine atténuée de la vieille formule de Nicolas Sarkozy, avec la réforme générale de la fonction publique (RGPP), déjà recyclée par François Hollande. Depuis 20 ans, les fonctionnaires seraient trop nombreux et coûteraient trop chers, tandis que leurs missions n’ont jamais été aussi nombreuses et cruciales (réindustrialisation, défense, transition énergétique…).

Le rapport de la commission d’enquête du Sénat remis la semaine dernière par Fabien Gay nous confirme que 211 milliards d’euros sont versés aux entreprises sans réel contrôle mais le premier réflexe du gouvernement Bayrou est de diminuer le nombre d’agents publics.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets : la diminution des recettes et l’augmentation des dépenses fiscales crééent un déficit de plus en plus grand, augmentant mécaniquement le poids de la dette et des intérêts. Réduire année après année les moyens donnés aux agents publics pour effectuer correctement leurs missions ne leur permettra pas de gagner en efficacité, bien au contraire.

Une fonction publique méprisée

Depuis plusieurs années, la fonction publique rencontre une crise d’attractivité. Alors que les études tendent à monter que les travailleurs cherchent un sens à leur emploi, ils se détournent paradoxalement de la fonction publique, pourtant riche de sens. Travailler pour l’intérêt général et améliorer le quotidien de ses concitoyens devrait être un puissant levier d’attractivité. C’est pourquoi le rapport publié le 9 décembre 2024 par France Stratégie2 appelle ainsi à une valorisation de la fonction publique dans les discours, une meilleure communication autour de ses atouts et des préjugés qui l’entoure et, enfin, une reconnaissance salariale. François Bayrou, ex-Haut-Commissaire au Plan (dont on peine à trouver le bilan), fait tout le contraire avec le projet de budget 2026.

Le Premier ministre actuel, constant dans l’incohérence, veut donc augmenter la charge de travail pour les agents publics qui continueront de travailler, alors que les services sont aujourd’hui réduits à l’os. Par ailleurs, réduire le nombre de fonctionnaires contribuerait à déséquilibrer le régime de retraite de la fonction publique en baissant une nouvelle fois le nombre d’actifs par rapport au nombre de retraités. Les mêmes viendront ensuite s’étonner du déficit des retraites et proposeront encore d’augmenter la durée de cotisation. Double peine pour les agents : des conditions de travail détériorées pendant plus longtemps !

Un autre rapport, rédigé par Le Sens du service public et la Fondation Jean-Jaurès3 indique que l’Intelligence Artificielle ne doit pas permettre une réduction des effectifs mais bien un rapprochement des services publics avec les usagers. En procédant au nom remplacement d’un fonctionnaire sur trois, le gouvernement Bayrou provoquera immanquablement un nouvel éloignement de la puissance publique comme lors de la précédente phase de dématérialisation.

Et concrètement, il propose quoi ?

Mais une question essentielle se pose : tous les services publics sont-ils concernés ? Le président a annoncé une augmentation du budget de la défense, il est donc peu probable que les fonctionnaires du ministère des Armées soit concerné. La Justice ? Le ministère de l’Intérieur ? Ces ministères bénéficient également d’une protection politique. L’éducation nationale (alors que tous s’accordent à dire qu’ils devrait être prioritaire) ? La santé, appelée à faire un effort d’économie de 5 milliards d’euros dans ce projet de budget ? Les collectivités locales à qui l’on confie toujours plus de tâches tout en limitant les financements ? François Bayrou procède donc à une restructuration des missions de l’État et de la puissance publique sans avoir le courage politique de l’assumer !

Les fonctionnaires rêvent de pouvoir mener leurs missions correctement et dignement. Ce n’est pas en réduisant continuellement leurs moyens, en les privant de perspectives d’amélioration de leurs conditions de travail et en multipliant les injonctions contradictoires que la puissance publique se redressera.

Plus que jamais, la France a besoin d’agents publics engagés dans leurs missions. Plus que jamais les service de l’État et de la puissance publique ont besoin d’un cap pour œuvrer dans le sens de la cohésion sociale et nationale.

Joffrey Robécourt

  1. https://g-r-s.fr/qui-paye-qui-pour-maintenir-limpunite-des-escrocs-cumcum/ ↩︎
  2. https://www.strategie-plan.gouv.fr/publications/travailler-fonction-publique-defi-de-lattractivite ↩︎
  3. https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/07/03/fonction-publique-un-rapport-recommande-d-encadrer-le-deploiement-de-l-ia_6617516_823448.html ↩︎

Budget 2026 : Bayrou dur avec les faibles, faibles avec les puissants

Emmanuel Maurel était l’invité de RFI et France 24 dans « Mardi Politique », ce mardi 15 juillet 2025 à 18h10, pour réagir à la conférence de presse sur le prochain budget donnée par François Bayrou et son gouvernement aujourd’hui 20 avenue de Ségur. La seule vérité qui émerge de ce « moment », c’est que, pour Bayrou et pour Macron, le « courage » consiste à demander beaucoup à ceux qui ont peu, et à ne demander quasiment rien à ceux qui ont beaucoup.

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