« Les Français n’ont jamais eu autant besoin de République sociale ! » – Emmanuel Maurel sur France Info, 14 janvier 2024

Alors que Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre, vient d’effectuer son 5ème déplacement en cinq jours, Emmanuel Maurel, député européen (groupe GUE/NGL), estime qu’Emmanuel Macron « fait joujou au remaniement »« Je remarque que dans cette atmosphère de fin de règne, à défaut d’avoir du pouvoir sur les choses, Macron, ce qu’il aime c’est avoir du pouvoir sur les gens. Ne va rien changer ». Il fustige également le Premier ministre : « Il ne fallait pas attendre d’être Premier ministre pour aller au contact des Français »

Quant à l’annonce de 32 milliards d’euros pour l’hôpital public, Emmanuel Maurel la qualifie « d’arnaque totale ». « C’est prévu depuis cinq ans, c’est un plan pluriannuel de financement de l’hôpital public, il n’y a rien de nouveau. (…) Attal habille avec de jolies phrases une réalité politique qui n’est pas jolie du tout », a-t-il ajouté. « Ce remaniement, c’est beaucoup de bruit pour rien, résume le député. (…) Je pense que les Français ne sont pas dupes de ce qu’il se passe, et ce qu’il se passe, c’est que c’est la même politique avec les mêmes ».

Amélie Oudéa-Castéra « ment »

Après la sortie d’Amélie Oudéa-Castéra sur l’école publique, Emmanuel Maurel a invité la ministre de l’Éducation à démissionner. « D’abord, je pense qu’elle a menti. (…) Elle habite au cœur de Paris, dans le 6e, et elle nous explique (…) que l’école publique ne va pas bien dans ce quartier ultra privilégié. Ce n’est pas vrai », introduit le député. « Elle est là pour s’adresser aux enseignants (…), aux parents d’élèves (…) et qu’est-ce qu’elle fait ? Elle est dans le dénigrement. En tant que parent d’élève d’enfants qui sont dans le public et en tant que fils d’enseignants, je me suis sentie insulté », ajoute Emmanuel Maurel. 

Par ailleurs, il estime qu’Amélie Oudéa-Castéra ne pourra pas assumer son « super-ministère », qui cumule Sports, Jeux olympiques et Éducation. « L’Éducation nationale c’est un job à plein temps, c’est énorme ».

Reprenons la main en France et en Europe

Il a enfin rappelé un engagement logique aux côtés de Fabien Roussel et de la liste de rassemblement à gauche conduite par Léon Deffontaines : « Avec Fabien Roussel et Léon, nous défendons une gauche de tous les jours de la vie qui n’a pas oublié ses fondamentaux laïques. Et sur l’Europe on veut retrouver plus de souveraineté« 

« Avec la crise sanitaire, on avait dit qu’on allait relocaliser. Et là on veut nous faire avaler un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande !?! Dans cette campagne des élections européennes, on va démasquer les hypocrites ! » Or pour peu qu’on en ait la volonté, nous avons bien des marges de manœuvres : « On peut sortir du marché européen de l’électricité pour profiter du mix énergétique français qui est plus écologique… »

Mme Oudéa-Castera doit démissionner

Après Pape Ndiaye qui avait inscrit ses enfants à l’école alsacienne, la Macronie nous offre un nouveau scandale, pire que les précédents, qui démontre son mépris pour l’école publique et nos principes républicains Liberté-Egalité-Fraternité.
Le choix de la nouvelle ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse, des sports et des jeux olympiques et paralympiques d’inscrire ses enfants au collège-lycée Stanislas, établissement privé catholique situé dans le 6ème arrondissement, était déjà en soi douteux.

Mais la tartufferie de la ministre est allé plus loin… En effet, pour justifier son choix d’évitement scolaire, Mme Oudéa-Castéra a expliqué qu’elle avait été effrayée pour ses enfants par l’état du collège public et, selon elle, par la situation catastrophique du collège de secteur concernant le remplacement des professeurs absents et la volonté d’offrir à ses enfants un établissement où ils trouveraient « sécurité », « fondamentaux » et « amis ». Les Français connaissent effectivement les difficultés majeures que subit le collège public après plus de 20 années d’abandon et de sous-investissements par la plupart des gouvernements qui se sont succédés. Cette situation s’est d’ailleurs aggravée depuis 2017 : le manque de remplaçants, titulaires, formés est directement la conséquence de la politique de la majorité présidentielle qui n’a eu de cesse de retirer des moyens au second degré… On sait que M. Attal et Mme Oudéa-Castera avaient encore l’intention de poursuivre les mêmes orientations, ce qui amplifiera le problème.

Or dans l’école Littré ou les collèges Prévert et Montaigne de l’arrondissement considéré où les enfants de la ministre auraient pu suivre leur scolarité dans le public, non seulement il n’y a pas de préoccupation en matière de « sécurité » mais il y a peu voire pas du tout d’inquiétudes en termes de remplacement d’enseignants absents. Diverses études ont déjà démontré à plusieurs reprises que les dotations allouées au plus mauvais collège parisien étaient supérieures à celles allouées au meilleur collège de Seine-Saint-Denis.
Cette inégalité sociale au sein de l’école publique ne suffisait sans doute pas à Mme Oudéa-Castera. La ministre a donc menti en toute connaissance de cause et le mensonge de la ministre vise à maquiller son mépris pour les élèves, leurs parents et leurs enseignants : c’est effectivement ainsi qu’il faut sans doute entendre sa volonté d’offrir à sa progéniture avec le collège Stanislas « amis » et « fondamentaux ». C’est le choix de l’entre-soi bourgeois.

Face à ce mensonge indigne d’une ministre de l’éducation nationale, nous demandons avec solennité la démission de Mme Oudéa-Castera.

La Gauche Républicaine et Socialiste apporte tout son soutien aux enseignants et aux agents publics des établissements scolaires qui ont été ainsi mensongèrement dénigrés par la ministre ; elle veut également témoigner de sa solidarité pour l’ensemble des enseignants et des agents de l’éducation nationale qui ne méritent pas de subir une telle ministre.
Malgré les baisses de moyens dont ils sont victimes, ces fonctionnaires agissent sans relâche et avec dévouement pour offrir un enseignement de qualité, en sécurité, ils transmettent aux élèves malgré les difficultés les enseignements indispensables au développement de leur esprit critique (tout le contraire du collège Stanislas), et ils le font pour tous les milieux sociaux, ce qui n’est pas le cas des établissements privés.

Il faut un(e) autre ministre et une autre politique… L’éducation nationale a besoin d’un(e) ministre à plein temps qui agisse pour répondre à ses véritables défis que sont la fin de la ségrégation sociale et le retour à la réussite scolaire pour tous.

Conférence de presse : Reprenons la Main – 10 janvier 2024, élections européennes

L’année 2024 semble annoncer des vents mauvais et les sorties de crises peinent à se dessiner. Le 9 juin, pour le monde du travail, pour la souveraineté industrielle, alimentaire & culturelle, aux côtés du Parti Communiste Français, de L’Engagement et de représentants du monde du travail, il est temps de « Reprendre la Main en France et en Europe ».

Retrouvez ici l’intervention d’Emmanuel Maurel le 10 janvier 2024, lors de la présentation des premiers axes de la liste que nous mènerons avec nos partenaires aux prochaines élections européennes.

Remaniement : beaucoup de bruit pour RIEN

Emmanuel Macron a remplacé Elisabeth Borne par Gabriel Attal pour convenances personnelles. On dit que la première tenait parfois la dragée haute au Président : ça ne risque pas d’arriver au second. Cette incompatibilité d’humeurs réglée, que fera le nouveau Premier ministre ? La même chose que sa prédécesseure, avec la même minorité à l’Assemblée, et les mêmes politiques antisociales.

Sans doute l’aspect changera-t-il un peu, puisque l’ancien ministre de la Jeunesse et du Garde à Vous National a fait ses classes en matière de « réarmement ». Peut-être passera-t-on ainsi du capitalisme cool et startupeur des origines à un capitalisme plus autoritaire, mais la brutalité du macronisme était en germe dès le premier quinquennat et son impitoyable répression de tous les mouvements populaires et sociaux.

Comme le dit la formule consacrée, tout ça n’est qu’un « changement dans la continuité ». Quelles que soient les nouvelles têtes, les services publics et la Sécurité sociale continueront d’être dépecés pour complaire aux injonctions de Bruxelles. Les salariés toucheront des miettes pendant que les actionnaires se gaveront de dividendes et d’avantages fiscaux. Quant à la jeunesse, elle fera une nouvelle fois les frais du tourniquet incessant au ministère d’une Education nationale en perdition.

Le tandem Attal-Macron va donc faire encore souffrir la France. Pour que cela cesse, une autre politique, au service des gens qui travaillent vraiment, au service de la justice sociale et au service de notre souveraineté est plus que jamais nécessaire.

2023, année funeste pour la distribution et le prêt-à-porter

Jennyfer (220 magasins et 1000 salariés), Sergent Major, Du Pareil Au Même, Camaïeu, Kookaï (100 magasins et 220 salariés), Naf-Naf, Go Sport, Gap, La Grande Récré (101 magasins, 770 salariés), Pimkie, 26 magasins Galeries Lafayette, San Marina (160 boutiques, 650 salariés), Kaporal (85 magasins, 434 salariés), Zalando, Orcanta, Casino, Monoprix, Franprix, Spar, Courtepaille (220 restaurants, 2089 salariés), Pimkie (64 boutiques, 257 salariés) Buffalo Grill, Burton of London (52 magasins, 198 salariés), Minelli (500 salariés, 150 boutiques)…

Sur la seule année 2023, on relève pas moins 21 enseignes en grandes difficultés, une bonne quinzaines d’entre elles ont été placées en redressement judiciaire, et pour certaines d’entre elles leur vie s’est terminée par une liquidation judiciaire, avec son cortège de centaines de magasins fermés et de plusieurs milliers emplois supprimés par licenciements.

Dans la continuité de 2022, les salariés ont payé un lourd tribut à la crise dans ce secteur, induite notamment par la crise du Covid et quelques fois par le comportement peu approprié de certains dirigeants se croyant intouchables en bombant le torse. Enfin, le consommateur a, depuis la crise sanitaire, une tendance avérée à acheter en 3 clics de souris sur un site web chinois plutôt que d’aller consommer à la boutique du centre commercial voisin. D’ailleurs, l’Institut Français de la Mode (IFM) constate en novembre que le chiffre d’affaires des acteurs de l’habillement et du textile est en recul de 4,9% comparativement à novembre 2019.

Vous l’aurez compris l’année 2023 a été funeste surtout pour le commerce de prêt-à-porter, c’est une réelle catastrophe. Selon Yann Rivoallan, président de la Fédération Française du Prêt-à-porter féminin, plus de 10 000 emplois ont été perdus dans ce secteur en France.

Mystification macronienne

Pour mémoire, lors de la pandémie, les pouvoirs publics avaient ordonné la fermeture des commerces jugés « non essentiels » en mars 2020 (17 mars), fermés jusqu’au 10 mai puis à nouveau fermés du 30 octobre au 28 novembre puis le 3 avril 2021 pour 4 semaines (décret du 19 mars 2021) mais en fait la réouverture sera effective le 19 mai 2021. Ce confinement a porté un coup très important à toute la filière et les plus fragiles ont été en grande difficulté car, au-delà de la perte de ressources (puisque le chiffre d’affaires était proche de zéro), il fallait dans le même temps payer les loyers.

En effet, et c’est là que le facteur extérieur négatif pour la trésorerie des entreprises prend tout son sens, un arrêt de la cour de cassation a contraint les commerces « non essentiels » à payer leur loyer alors même qu’ils n’avaient aucun chiffre d’affaires. Il va sans dire que pour des marques, déjà fragiles qui ont des retards de loyers de plusieurs centaines de magasins, ce fut un coup très dur et elles traînent comme un boulet cette dette de loyer.

En définitive, le « quoi qu’il en coûte » a été une grande mystification de Macron car fatal à de nombreuses marques, boutiques et leurs salariés qui se sont retrouvés sans emploi … sans qu’aucune mesure d’accompagnement spécifique n’ait été mise en place pour venir en aide aux salariés licenciés à la recherche d’un emploi.

Jean-François Dupland,
référent du pôle thématique entreprises de la GRS

Monsieur le Président : renoncez !

L’Appel du 20 décembre 2023 de plusieurs associations, organisations politiques et syndicales demandant au Président de la République de renoncer à son texte sur l’immigration.

Monsieur le Président, Ce soir, à l’occasion de votre intervention télévisuelle, nous vous demandons solennellement de prendre la seule décision qui vaille : vous devez renoncer à une loi qui porte une atteinte fondamentale aux valeurs de notre République et qui, au-delà de fracturer votre propre majorité, va fracturer notre pays.

Vous avez été élu et réélu face à l’extrême droite. Vous vous étiez même posé en ultime barrage contre les idées du Rassemblement National. C’est la raison pour laquelle de très nombreux Français ont voté pour vous, non par adhésion à votre politique, mais pour éviter le pire.

Mais hier soir, une digue a lâché. Loin de régler quoi que soit aux désordres du monde, à l’exil face aux guerres et au changement climatique, à la crise de l’accueil et ses conséquences, la loi sur l’immigration adoptée hier, la plus régressive depuis des décennies, consacre la préférence nationale, remet en cause le droit du sol et les droits fondamentaux affirmés dans le préambule même de notre constitution, issu du Conseil national de la résistance. Le texte voté est un désastre moral, une trahison de notre Histoire, de ce qu’est notre pays et l’esprit des Lumières, et une reddition devant l’extrême droite qui peut légitimement évoquer une victoire idéologique.

Nous, forces politiques, syndicales, associatives, ne nous résignons pas. Nous sommes là pour résister à l’arbitraire et à l’inhumain. Nous appelons l’ensemble des organisations de la société civile, toutes les forces progressistes et républicaines à agir face à cette attaque majeure contre notre République et sa Constitution, et à construire ensemble des initiatives dans les jours et les semaines qui viennent.

Monsieur le Président : renoncez !

Signataires :

Associations et syndicats : ATTAC, ANVITA, Confédération paysanne, Confédération Générale du Travail, CRID, Droit Au Logement, EMMAUS France, Fédération Syndicale Unitaire, Jeune Garde, MRAP, Les Amis de la Terre, Ligue des Droits de l’Homme, SOS Racisme, Union étudiante, Union syndicale Lycéenne

Partis politiques : La France Insoumise, L’Engagement, Les Écologistes – EELV, Les Radicaux De Gauche, Génération·S, Gauche Républicaine et Socialiste, Mouvement Républicain et Citoyen, Parti Communiste Français, Parti de Gauche, Parti Radical de Gauche, Parti Socialiste, Place Publique, REV.

Loi immigration : le macronisme en débandade

La Gauche Républicaine et Socialiste fait part de sa sidération concernant le débat sur la loi immigration.

Les mesures convenues entre Renaissance et LR en CMP et intégrées au texte final démontrent l’impasse politique dans laquelle est engoncée la majorité présidentielle. Prisonnière de la droite, elle en est réduite à accepter des mesures qui confinent à l’inhumanité (« délai de carence » sur l’accès à l’aide et la protection sociales) et au danger sanitaire (promesse faite à LR de supprimer l’Aide Médicale d’Etat).

Pire : la loi votée ne prévoit rien sur l’intégration républicaine et restreint le droit du sol sans apporter aucune réponse crédible aux OQTF non exécutées. Les problèmes qu’elle entend régler seront donc inchangés. Ce texte se présente comme un catalogue de mesures mesquines, vexatoires et accessoires contre les étrangers en situation régulière.

La crise démocratique que nous vivons démontre que les institutions de la Vème République, malmenées par le macronisme, sont dépassées. Certains députés et ministres de la majorité présidentielle, qui n’ont jamais rien fait pour défendre les retraites, l’hôpital public, les fonctionnaires, les salaires, ont vaguement mis en scène une fronde de pacotille. Et l’extrême droite, par calcul, a donné le baiser de Judas au gouvernement.

La Gauche Républicaine et Socialiste appelle le Conseil Constitutionnel à censurer le texte et ses mesures contraires aux principes fondamentaux reconnus par les lois de la République. Elle appelle à l’ouverture d’une politique sérieuse et ambitieuse d’intégration.

COP 28 : Assez d’hypocrisie et de débat sur les mots, il faut des solutions !

La majorité des participants à la COP 28 de Dubaï et les médias internationaux saluent, ce 13 décembre 2023, ce qu’ils présentent comme un « accord historique ».

En effet, le texte de compromis encourage les participants à une « transition hors des énergies fossiles« . On peut considérer que c’est une avancée puisque la COP de Glasgow en 2021 avait échoué à l’intégrer et n’appelait qu’à la sortie du seul charbon.

Cependant, la Gauche Républicaine et Socialiste exprime sa forte réserve sur ce type d’événements, qui s’apparentent de plus en plus à des foires mondiales où se négocient autant de contrats commerciaux que d’avancées pour la planète. Le tout dans un cadre où règnent les lobbies et où les lieux de réunions sur-climatisés sont distants de 20 km et reliés par des autoroutes à 8 voix…

Mais surtout, les conclusions des COP ne sont jamais contraignantes. Le monde doit compter sur la « bonne volonté » des États. Cette absence de caractère contraignant des engagements pris par les États lors des COP est illustrée de la pire des manières par la stagnation du du fonds pour les États victimes du réchauffement climatique créé par la COP 27… Alors qu’il s’agit des populations entières, les annonces se font rares : on ne peut plus se contenter des bonnes volontés.

L’hypocrisie est d’autant plus forte que les parties s’engagent à la « transition hors des énergies fossiles » tout en misant sur le recours au méthane (un gaz 30 fois plus réchauffant que le CO2) et la « captation du carbone », précisément pour compenser… l’augmentation de la consommation des énergies fossiles (+2 % par an).

Il faut être clair : la lutte contre le changement climatique et pour la survie de nos sociétés ne peut pas se contenter de ces « solutions ». Nous ne pourrons pas limiter le réchauffement climatique à +1,5c° sans diminuer la consommation des énergies fossiles. Pas « limiter », ni « stabiliser » : diminuer ! Pour atteindre les objectifs que les COP se sont fixées pour 2030, cette diminution devrait dès à présent dépasser les 7% par an !

Nous appelons les dirigeants des États à sortir de l’hypocrisie. Nous appelons en particulier les dirigeants européens et américains, et au-delà tous les chefs d’État des pays développés, à cesser de chercher des compromis sur les mots, qui ne font que ménager les intérêts des multinationales. Nous appelons ces États à sortir de toute urgence de la religion du libre échange qui alimente plus que jamais la catastrophe climatique à venir.

Nous ne pouvons plus nous payer de mots ; nous avons besoin de SOLUTIONS.

La sortie des énergies fossiles est une nécessité vitale. Elle implique une révolution de notre appareil productif et une transition énergétique radicale. Il va nous falloir adapter nos sociétés dans leur ensemble, c’est-à-dire toutes nos entreprises pour qu’elles puissent se passer d’ici 15 ans du charbon, du pétrole et du gaz. Les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire font partie de la solution.

Le temps fuit devant nous : il faut s’y mettre dès maintenant.

Assumer le bras-de-fer avec le gouvernement allemand

Déjà absurde à l’origine et inefficace – la dette des États européens s’est maintenue à un niveau élevé et la croissance a été poussive durant les années 2010 –, le Pacte de stabilité et de croissance s’est fracassé sur le mur du Covid en 2020 et 2021. L’éclatement de la guerre en Ukraine, les besoins de la transition écologique et numérique ainsi que la réindustrialisation (notamment l’effort de défense) auraient dû signer sa fin, mais c’est le contraire qui va se passer : les règles du traité budgétaire de 2011 seront rétablies le 1er janvier 2024.

À côté de l’irréalisme des objectifs (3% de déficit, 60% de dette publique, obligation de dégager un excédent primaire, « réformes structurelles »), la quasi impossibilité politique d’infliger des amendes aux États déficitaires commandait pourtant de mettre à jour les lignes directrices de la politique budgétaire.

Timide proposition de la Commission

En avril dernier, la Commission semblait avoir pris (un peu) conscience de la nouvelle donne en proposant une (timide) modification du Pacte : les totems des 3% et 60% demeuraient, mais en privilégiant une approche « au cas par cas » censée tenir compte des spécificités nationales.

À chaque État hors les clous d’un ou plusieurs critères de Maastricht, la Commission souhaitait proposer une « trajectoire budgétaire de référence » sur quatre ans (renouvelable trois ans) si des « réformes structurelles » ou, nouveauté, des investissements de nature à alimenter la croissance, étaient engagés. Le mécanisme du Semestre européen (aux termes duquel les États soumettent leurs orientations budgétaires à la Commission, qui leur répond par des « recommandations ») et les injonctions à conduire des réformes néolibérales étaient maintenues. La Commission pouvait toujours ouvrir une procédure pour déficit excessif, mais avec des amendes moins lourdes.

Nouveau refus germanique

Ces aménagements, pourtant très modérés (pour ne pas dire cosmétiques), n’ont pas fait varier Berlin d’un iota : Scholz, sous la contrainte de Lindner, son très libéral et austéritaire ministre FDP des finances, n’avalise pas cette idée « d’individualisation des parcours » budgétaires, car cela nuirait à la « discipline » et donnerait à la Commission un pouvoir de négociation – et de décision – trop discrétionnaire à leurs yeux. Le gouvernement de la coalition des « feux tricolores » (rouge pour le SPD, jaune pour le FDP et vert pour les Grünen) demande le maintien des règles actuelles, sans changement.

Élisabeth Borne et Bruno Le Maire, qui trouvaient le projet de la Commission à leur goût, ont d’abord répondu « inenvisageable ». Mais comme d’habitude (à l’exception notable de l’inclusion du nucléaire dans la catégorie des énergies soutenues au titre de la transition écologique), Paris a fini par reculer.

Et comme d’habitude, l’Allemagne veut une Europe à son image, sans se soucier des besoins d’investissement massifs auxquels se sont engagés les autres États membres. Pour notre chère moitié du « couple », la seule chose qui compte c’est respecter le verdict de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe du 15 novembre dernier, qui a censuré l’utilisation de 60 milliards d’un fonds spécial hors budget, initialement destiné à la relance post-Covid, pour financer d’autres politiques publiques (l’existence de tels véhicules, qu’en finance privée on appellerait du « shadow banking », n’est pas sans poser question sur le sérieux de la « rigueur » allemande…). Sans doute un peu honteux d’avoir été pris la main dans le sac, Christian Lindner a décidé que pour faire bonne figure et rentrer en grâce en son pays, mieux valait faire payer les autres.

Le gouvernement règle ses problèmes intérieurs sur le dos des Européens

Toujours est-il qu’à ce jour, l’Allemagne n’a toujours pas bouclé son budget 2024. Et la raideur de sa position sur le Pacte budgétaire ne l’aidera pas plus que les autres à trouver les dizaines de milliards d’euros nécessaires à la transition énergétique et à endiguer les délocalisations industrielles provoquées par l’explosion des prix de l’énergie.

Emprunter des dizaines de milliards d’euros sur les marchés financiers est un réflexe politique tout sauf naturel pour les Allemands, qui depuis 15 ans se sont imposés une règle ultra-stricte, qu’ils avaient même inscrite dans leur Constitution : quasi-interdiction de tout déficit public, sauf situation d’urgence. La crise sanitaire avait été considérée comme telle, mais pas la crise climatique. Le SPD et les Verts voudraient bien sortir de cette tenaille, mais ont besoin pour ce faire d’un vote des deux tiers du Bundestag, ce qui est arithmétiquement impossible. Et pour le FDP de Christian Lindner, sans lequel il n’y a plus de majorité, il n’en est pas question.

Au cœur du programme du FDP on trouve en effet le refus catégorique de toute hausse des impôts, particulièrement sur les riches. Comme pour ce parti, plus de dette = plus d’impôts et que tout investissement public (en friche complète depuis Merkel, notamment dans les infrastructures : routes, ponts et canaux sont dans un état lamentable) doit être gagé sur des économies, l’obstacle semble infranchissable. La rentrée en récession de l’Allemagne, dont le secteur privé n’investit plus et réduit ses dépenses de R&D, finit de noircir le tableau, sans que cela émeuve les libéraux. On en vient à se demander si une partie de la classe politique d’outre Rhin n’espère pas secrètement que la Russie gagne la guerre et que le business avec cet ex fournisseur d’énergie reprenne comme au bon vieux temps.

Pour sa part, l’opinion publique allemande n’apprécie guère ces tergiversations et encore moins l’absolutisme du FDP. Les sondages lui donnent moins de 5% en cas d’élections anticipées et la paralysie politique éclabousse aussi le SPD et les Grünen. En revanche, au sein de la CDU, des voix se font entendre pour plaider moins de contraintes, voire la remise en cause de la règle d’or budgétaire. Il se murmure qu’un expédient pourrait être trouvé en prolongeant « l’état d’urgence financier » en 2024. Mais rien de bien consistant à ce stade, alors que le temps presse.

Avoir le cran de l’affrontement

S’il venait à l’idée d’Emmanuel Macron d’essayer de réussir (pour une fois) une opération diplomatique, la « cible Lindner » est tentante. Après tout, celui-ci a toujours dit « non » à toutes les propositions européennes du Président français, et ce depuis 2017. L’Élysée, qui ne manque pas de relais dans la presse, pourrait échafauder un plan qui pour le coup, serait bien utile à la France, l’Allemagne et l’Europe. Lindner et le FDP forment le noyau dur de la coalition des « égoïstes », ils ont failli faire capoter le plan de relance de 2020, ce qui aurait proprement démoli nos économies, et se débarrasser d’un tel « ennemi de l’intérieur » n’attristerait sans doute pas grand monde (et pas davantage Scholz, ni le patron des Grünen, Robert Habeck). Mais Macron aura-t-il le cran d’aller à l’affrontement direct avec l’Allemagne en visant Lindner ? Il est permis d’en douter.

Or le temps ne presse pas seulement pour le budget allemand ; il presse aussi et surtout pour la cohésion de l’Europe. Les élections européennes approchent et la vague d’extrême-droite se profile à l’horizon. Il ne reste, au mieux, que quelques semaines pour trouver un compromis sur le nouveau cadre budgétaire si les Vingt-Sept veulent qu’il soit adopté avant la fin de la législature. Dans cette hypothèse, le nouveau Pacte de stabilité rentrerait en vigueur dès 2025. D’ici là, les règles existantes pourraient être aménagées de manière flexible voire constructive. Mais pour l’instant, tout cela relève de la politique fiction.

Il ne nous reste plus qu’à défendre notre programme de gauche et de souveraineté populaire et à le porter dans la campagne pour forcer un gouvernement français quel qu’il soit à assumer enfin la confrontation européenne nécessaire.

Mathias Weidenberg et Frédéric Faravel

Licenciements abusifs : Bruno Le Maire, ministre voyou des patrons voyous

Bruno Le Maire a indiqué dans Le Parisien dimanche 3 décembre que le gouvernement veut s’attaquer à nouveau aux droits des salariés au pas de charge, en vue du vote de la loi Pacte II prévue début 2024. « Un recours contre l’entreprise reste possible pendant 12 mois. Il est important que les salariés puissent être protégés, mais ce délai est trop long ». L’objectif du ministre de l’économie est de réduire ce délai de recours à 2 mois…

Depuis la fin des années 2000, la prescription en matière de contestation de la cause réelle et sérieuse du licenciement a déjà été drastiquement réduite. En 2008, une loi l’avait divisée par six, de 30 ans à 5 ans. Puis en 2013, une autre loi avait entériné son passage à 2 ans. Aussitôt après l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, l’ouvrage a été remis sur le métier. Une baisse à six mois avait été initialement envisagée mais devant la levée de boucliers des syndicats, c’est le passage à un an qui avait été finalement retenu dans la réforme du Code du travail.

La proposition de Bruno Le Maire ne suscite aucun enthousiasme du côté des employeurs. Pourtant enclines à dénoncer les risques de contentieux, aucune des trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P) n’est demandeuse d’une telle réduction des délais. Il faut dire que la succession des réformes du code du travail depuis Nicolas Sarkozy (quinquennat Hollande inclus évidemment avec les lois Macron et El Khomri) ont sérieusement déséquilibré le rapport de force en faveur du patronat. Après la création des ruptures conventionnelles en 2008, les ordonnances Macron de 2017 ont sérieusement desserré la pression judiciaire sur les employeurs, avec le plafonnement du montant des dommages et intérêts : le nombre de nouvelles affaires aux prud’hommes a baissé de 44% entre 2015 et 2022, car les salariés n’ont en réalité plus grand chose à attendre de ces instances. Procéder à un licenciement abusif – c’est-à-dire illégal ! – ne coûte plus grand chose…

L’ensemble des organisations syndicales de salariés ont dénoncé cette nouvelle sortie du gouvernement par la voix de son ministre de l’économie et nous partageons leur colère. En effet, ne pas laisser aux salariés le temps de constituer un dossier recours – deux mois, c’est trop court pour sortir de la sidération, se renseigner sur ses droits et pouvoir contester à temps – ne peut que favoriser les patrons voyous ; les cas de licenciement abusif risquent donc de se multiplier … encore.

En réalité, la remontée des chiffres du chômage inquiète le gouvernement qui voit s’éloigner l’objectif des 5% en 2027. Emmanuel Macron et ses gouvernements ont toujours été acquis à une vision idéologique du marché du travail et de l’activité économique… Récemment encore le Chef de l’État déclarait au patronat « Réveillez-vous ! » son raisonnement est à la fois transparent et parfaitement irrationnel… Emmanuel Macron et le centre libéral-autoritaire qui le soutient sont convaincus d’avoir « fait le job », « j’ai précarisé les travailleurs, j’ai flexibilisé le marché du travail, j’ai pénalisé les chômeurs, c’est à vous de nous faire passer de 7,4 à 5%. » Or la facilitation des licenciements, l’indulgence accrue pour les écarts aux codes du travail, la flexilibisation du marché du travail, tout cela ce sont des stratégies qui ont été entamées dans les années 1990 et qui ne fonctionnent pas. Elles ont en réalité donné peu de résultats et une nouvelle étape n’en donnera pas plus. La maltraitance à l’égard des salariés, la casse du droit du travail et la précarisation des travailleurs vont assurément encore dégrader le climat social, mais cela ne créera pas d’emplois, pas plus que cela n’en a créé auparavant d’ailleurs. Et cela ne peut tenir lieu d’une véritable politique industrielle qui manque toujours à la France.

Construire le plein-emploi de demain ne se fera pas en renforçant l’exploitation : non ! Nous voulons une société de citoyennes et de citoyens émancipés, fiers de ce qu’ils apportent à la société, fiers du fruit de leur travail.

Cela passe par des salaires justes, par des protections sociales et juridiques fortes, par la participation des travailleurs aux décisions économiques et par un État qui s’engage aux côtés des entreprises dans la reconquête de nos capacités productives.

Frédéric Faravel

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