La liberté de dessiner et d’écrire n’a ni Dieu ni Maître
La Gauche Républicaine et Socialiste réaffirme son soutien absolu à la liberté de pensée et d’expression. Les menaces d’Al Qaïda sont donc inacceptables. Aujourd’hui la rédaction de Charlie Hebdo sait pouvoir compter sur notre solidarité sans réserve. Nous devons faire front pour témoigner de la détermination sans faille du peuple français à défendre ces valeurs essentielles de notre République. Nous appelons toutes celles et ceux qui sont attachés aux valeurs républicaines à exprimer avec force cette solidarité, sans se perdre dans des « oui, mais… » indéfendables.
Demain, comme aujourd’hui, nous serons toujours aux côtés de tous ceux et toutes celles que l’on voudra faire taire par la violence physique ou médiatique.
La sécurité un droit fondamental pour tous les citoyens
Depuis quelques semaines, la France a connu une vague de violence contre les personnes qui a particulièrement ému l’opinion. De l’agression mortelle d’un chauffeur de bus à Bayonne à la série d’attaques à arme blanche à Bordeaux, de l’agression antisémite à Paris à celle d’une infirmière dans un bus en Seine-Saint-Denis, cette montée de violence participe à l’insécurité grandissante dont sont victimes nos concitoyens.
Nous disons en premier lieu notre solidarité avec les agents de service public confrontés quotidiennement à la violence, et qui le paient parfois de leur vie. Le transport urbain est une mission de service public, et c’est le droit des usagers comme des fonctionnaires de s’assurer que le trajet se passera sans heurts, sans risque d’agression physique ou verbale.
Nous rappelons que l’insécurité est un fait politique. Elle ne peut pas se régler d’elle-même et doit faire l’objet d’actions spécifiques de la puissance publique. La plus grande fermeté doit être appliquée contre les délinquants qui se rendent coupable de ces agressions, sans quoi le sentiment d’impunité progressera. Pour ce faire, la justice doit disposer de ressources supplémentaires. En outre, les moyens humains et financiers pour lutter en direct contre la violence doivent être renforcés. Il s’agit de reconstruire la police de proximité afin d’apporter une réponse appropriée aux incivilités et aux agressions. L’austérité dont la justice et la police ont été victime est une cause majeure de la montée de la violence. C’est tout un maillage de présence territoriale, tant en banlieue qu’en milieux périurbain et rural qu’il est nécessaire de reconstruire pour répondre aux attentes légitimes des Français en termes de sécurité et de tranquillité publique, et pour garantir la confiance entre les habitants et les gardiens de la paix. Le fait que certaines de ces violences soient exercées par des mineurs montre la nécessité du renforcement des services publics de l’Education Nationale et de la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
La Gauche Républicaine et Socialiste appelle donc le ministre de l’intérieur à mettre tout en œuvre pour que cette vague de violence insupportable cesse. En tant que républicains, nous ne pouvons nous résoudre à ce que l’ordre républicain soit bafoué par des individus qui se croient au dessus de la loi commune. En tant que parti de gauche, nous ne pouvons nous résoudre à ce que les classes populaires et les fonctionnaires de services publics soient les premiers confrontés à la violence.
Une pandémie ne s’arrête pas à la taille du portefeuille
L’Allemagne annonce reconfiner deux cantons autour de la ville de 100 000 habitants de Gütersloh. Elle y envoie également trois compagnies de policiers en renfort.
Le crime des habitants de cette ville? vivre à proximité de l’usine de viande – abattoir et empaquetage combinés – de 6000 salariés de Tönnies.
Son PDG, le patriarche Tönnies, est le propriétaire et président du club de football de première division Schalke 04.Il a doublé sa fortune entre 2015 et 2020 d’après Forbes, passant de 1 à 2 Milliards d’Euros. C’est l’un des grands donateurs au parti de la chancelière Angela Merkel.
Quant à l’usine Tönnies, elle compte aujourd’hui plus de 1700 cas positifs d’ouvriers contaminés au Coronavirus.
Nombre d’entre eux sont des travailleurs acheminés au début du confinement – le ministre de l’intérieur avait ouvert en mars les frontières à quelques dizaines de milliers de travailleurs venus de Roumanie et Bulgarie qu’on appelle plus « détachés » depuis les réformes de forme de 2018.
Les rabatteurs des « travailleurs détachés » ont depuis, comme le décrit le syndicaliste de la filière Brummer, créé des SARL de droit allemand, et, recrutant sous ce faux pavillon, poursuivi l’exploitation antérieure de « les faire travailler et vivre de manière indignes » dit Brummer.
Le pasteur Peter Kossen s’occupe des ouvriers roumains et bulgares de la filière de la viande pas chère allemande dans la région où se trouve l’usine Tönnies. Après être acheminés, ils sont logés dans des foyers, dans des chambres de 2, 3, 4 ou plus, dont ils doivent acquitter le loyer à … leurs employeurs. On parle de loyers de 300 euros, renforçant la dépendance économique de ces ouvriers aux donneurs d’ordre. Il a parlé, à la télévision publique, « d’esclavage moderne« .
La contamination dans ces foyers d’ouvriers est inévitable.
Entre temps, le procureur a ouvert 5 enquêtes judiciaires contre Tönnies, l’entreprise et le dirigeant.
Mais déjà en avril prés de 5 abattoirs d’entreprises concurrentes avaient connu, dans des conditions analogues, jusqu’à la moitié de leurs ouvriers contaminés.
En 2018, il y avait eu beaucoup de bruit et de vent brassé pour « annuler la directive du travailleur détaché ». On a réformé sur le papier un instrument formel, sans s’attaquer aux causes profondes du dumping salarial en Union Européenne. « Bien qu’on nous ait vendu un changement de paradigme avec la directive sur le travail détaché, censée mieux protéger les droits des travailleurs, nous voyons qu’il n’en est rien. (…) Nous constatons encore une fois que le discours sur le meilleur encadrement du travail détaché est une voie sans issue. Il faut en finir avec ce dispositif et abroger toute la législation qui permet le détachement des travailleurs. Sans cela, l’idée d’une Europe sociale et solidaire restera un slogan creux. » disait déjà notre député européen Emmanuel Maurel en 2019.
La filière de la viande allemande a profité à fond des concessions accordées par le président Hollande à l’axe Merkel-Cameron en 2013. Il a utilisé le dumping salarial d’ouvriers agricoles est-européens présents six mois par an pour liquider les filières d’élevage en France, en Grèce, en Italie. Loin d’accepter le principe d’une spécialisation progressive des espaces européens qui permettrait par exemple à la France, en exportant de l’agroalimentaire en Allemagne, d’avoir les moyens d’y acheter des machines et des voitures, l’Allemagne a tout voulu, préférant que ses voisins s’endettent pour lui acheter ses biens industriels, mais aussi ses biens agricoles, ses biens financiers. Un peu plus, et l’Allemagne supplantait la côte d’azur avec la mer baltique.
Entre 2012 et 2020, la France est devenue importatrice nette de produits agro-alimentaires avec l’Allemagne.
C’est la conséquence de deux idéologies consubstantielles aux traités existants, et destructeurs de toute ambition sociale en Europe : celle de la compétitivité, qui, en magnifiant la concurrence entre Nations, organise une guerre économique sans pitié aux dépens des classes populaires et moyennes, et celle de la libre concurrence, qui empêche les États de protéger leurs standards sociaux, sanitaires et politiques.
Ce système profite à un pays disposant d’un « hinterland » de ressources humaines et matérielles, ce que les grands pays de l’Est sont à l’Allemagne.
Tant que ce système dominera, il n’y aura aucun espace pour une harmonisation des salaires, sinon à la baisse, pour une harmonisation des protections sociales et sanitaires. Les Tönnies doubleront leurs fortunes tous les cinq ans au prix de la misère et la mortalité de leurs salariés.
L’idéologie du gain du propriétaire, qui touche toujours son dividende, contre le salaire, lui toujours poussé à la baisse, explique à la fois le doublement de la richesse de monsieur Tönnies, et la contamination de plus de 30% de ses salariés.
Un nouvel abattoir, de la marque Wiesenhof, est à son tour touché. 57 salariés sont déjà testés positifs, 1300 doivent encore l’être.
Mais cette logique est à l’œuvre dans toute l’Europe.
Il est temps, au nom du Bien Public, d’y mettre fin.
Une pandémie ne s’arrête pas à la taille du portefeuille.
Face à la violence et au racisme, redonner force à la République !
Le meurtre de Georges Floyd par quatre policiers de Minneapolis (Minnesota) est la dernière goutte de sang faisant rompre des digues dans les opinions publiques occidentales.
La prise de conscience en cours dépasse le cadre américain et rappelle dans l’universalité de la réponse des jeunesses des sociétés riches les mouvements oubliés contre l’apartheid de l’Afrique du Sud des années 1980.
Ainsi, malgré la conscience du risque pris, alors que la pandémie due au Covid-19 n’est pas finie, des dizaines de milliers de manifestants, jeunes pour la plupart, masqués, ont manifesté partout en Europe contre le racisme et les violences policières : Bruxelles, Londres, Copenhague, Berlin, Munich, Francfort, Hambourg, et même, malgré l’interdiction prononcée par les préfets, à Paris et plusieurs grandes villes de France. À Bristol, une statue de l’esclavagiste Colson a été jeté dans le port.
Tous les cortèges ont en commun de rassembler des jeunes, entre 18 et 35 ans, beaucoup de primo-manifestants, tous habillés de noirs. C’est un mouvement d’opinion qui rebondit sur celui des « Friday » pour le climat. Il démontre un refus de thèses et d’organisations sociales et politiques au cœur du néolibéralisme, et dont le protecteur dévoyé est souvent la police.
Il ne constitue pas encore une alternative, et les contradictions sont nombreuses encore entre tenants de l’universalisme humaniste, et ceux, adhérant paradoxalement à la définition néolibérale d’une humanité divisée en identités et inégalités de nature, privilégiant l’individualisme de la communauté, et niant les solidarités de classe. C’est le piège de ce moment : il y a des libéraux souhaitant le repli individualiste ou communautaire pour nier les classes et les questions sociales ; il y a des faux universalistes souhaitant plonger la tête dans le sable, privilégiant la conservation de l’ordre social à la résolution de sa violence. Les uns ne veulent pas de la République, les autres nient qu’elle soit sociale.
L’Allemagne face aux infiltrations terroristes de sa police
À Berlin, à Munich, à Hambourg, à Nuremberg, dans de nombreuses villes allemandes, les manifestations ont fait le lien entre racisme et violences policières.
Dans ce pays, les policiers doivent prêter serment à la loi fondamentale, qui inclut la déclaration des Droits de l’Homme, et proclame le caractère intangible de la dignité humaine.
À ce titre, il est jugé incompatible avec le service public l’engagement dans des partis et mouvements d’extrême droite tels que le NPD.
Il y a presque dix ans, on découvrait cependant que dix meurtres, neuf immigrés d’origine turcs ou grecs, et une policière, avaient été commis par une cellule terroriste d’extrême droite, la NSU. Tout au long des enquêtes, la police n’avait pourtant jamais prospecté sur cette piste, privilégiant des « règlements de compte entre maffias et clans », se plaignant d’une omerta empêchant le recueil d’informations sur cette maffia, qui n’existait pourtant que dans les préjugés racistes des enquêteurs.
Depuis, les groupements d’extrême droite ont renforcé leurs efforts pour infiltrer la police.
Depuis quelques années, les autorités ne réagissent plus par des enquêtes administratives, comme la France continue elle à le faire avec l’IGPN, juge et partie, mais directement en saisissant les services secrets intérieurs.
C’est ainsi qu’en 2018 un groupe Whatsapp de 40 policiers a été identifié et observé : ces policiers, du Land de Hesse, utilisaient les bases de données de la police pour envoyer des lettres de menaces à des militants antiracistes et des avocats des victimes de la NSU. Suite à une perquisition en février 2020, il a été prouvé que certains de ces fonctionnaires avaient détourné armes et munitions des dépôts policiers en vue de préparer des actions terroristes. Les enquêtes en cours ont entraîné les limogeages immédiats des fonctionnaires concernés.
En France, un tel groupe peut grimper à 8 000 participants !
La co-présidente d’un des partis au gouvernement, le SPD, Saskia Esken, a réclamé hier une grande enquête sur le racisme dans la police. Elle n’est pas seule : les autorités hiérarchiques policières elles-mêmes parlent de combattre le racisme dans leur rang, de renforcer formation et encadrement, de se donner les moyens pour maintenir une police républicaine, loyale au serment à la loi fondamentale.
Samedi, malgré des affrontements en fin de manifestation à Berlin et 93 arrestations, le chef de la police a « remercié » les manifestants « majoritairement pacifiques » et loué leurs efforts pour respecter la distanciation physique – discours si différent d’un Castaner déclarant en janvier 2019 « ceux qui viendront manifester savent qu’ils seront complices des débordements » ou d’un préfet de police indiquant à une manifestante âgée qu’ils n’étaient « pas dans le même camp ».
Une culture de l’impunité est la négation de la République
Ce long développement permet de souligner la culture de l’impunité qui s’est établie en France. Aujourd’hui même, le rapport du Défenseur des Droits la dénonce : en cinq ans, le Défenseur des droits a demandé des poursuites disciplinaires dans trente-six affaires de manquements aux règles de déontologie, sans recevoir de réponse.
La République proclame l’égalité de toutes et tous devant la loi. Cela vaut également pour ceux dépositaires, au nom du peuple souverain, du monopole de l’exercice de la violence légitime. Le peuple républicain attend de sa police protection et service, pour pouvoir jouir des libertés publiques garanties par la constitution.
Cependant, l’exercice de la violence ne reste légitime que s’il est contrôlé, encadré, si les Gardiens de la Paix sont formés et dirigés correctement, si des effectifs et des moyens nécessaires et suffisants permettent d’assurer les missions.
Devenir policier est un engagement au service de la Nation qui peut rendre nécessaire le sacrifice de sa vie pour sauver les autres. C’est un métier difficile, ingrat, à la conjonction de demandes contradictoires, entre des politiques néo-libérales qui veulent gérer à coup de matraque les inégalités sociales, une Nation espérant Protection et Soutien, et des groupes sociaux et politiques s’affranchissant de la République.
Il faut le dire : le gardien de la paix est au cœur du pacte social républicain, comme le professeur, l’infirmière, le militaire, le pompier. C’est pourquoi les attentes sont également particulièrement élevées quant à l’exemplarité de son comportement en fonction. Tout cela implique de garantir l’exemplarité par la sanction immédiate des comportements déviants.
En France cependant, de faux républicains affirment l’infaillibilité de nature de la police.
Républicaine par la force des textes de lois, elle serait sans faute ni tâche. Elle devrait dès lors être soustraite à tout examen de son action, ses fonctionnaires considérés au-dessus de tout soupçon.
Cette culture de l’impunité est entretenue par le rôle prééminent donné à l’IGPN, autorité de contrôle administrative interne.
L’absence de contrôle s’accompagne de la lâcheté hiérarchique. Comment un groupe Facebook a-t-il pu atteindre 8 000 membres sans qu’un seul gradé, face aux centaines de messages racistes et sexistes, n’intervienne ? Comment se peut-il qu’un tel groupe ne soit pas surveillé par la sécurité intérieure ?
Cela s’explique par une raison simple : depuis 2005 au moins, la police est utilisée comme instrument principal de lutte contre les révoltes et les colères sociales, tout en restant une variable d’ajustement budgétaire, dont on réduit toujours les effectifs ou les moyens concrets, poussant ses fonctionnaires à bout, jusqu’aux « épidémies de suicides ».
La hiérarchie policière, versée dans la seule répression sociale, au point d’agresser les journalistes et les parlementaires en manifestation, sous estime le danger d’infiltration des institutions par des groupes et idéologie d’extrême droite souhaitant la guerre civile européenne.
Ces idéologies sont à l’origine des attentats d’Anders Breivik en Norvége en 2011, du tueur de Munich en 2016, du meurtre de la députée travailliste britannique Jo Cox en 2016, des attentats en Allemagne contre des élus, des juifs et des turcs en 2019 et 2020.
Pourquoi une police où les syndicats affiliés à l’extrême droite ont fortement progressé ces dix dernières années serait-elle immunisée face à un phénomène européen ?
L’égalité devant la loi nécessite de remettre les deux moteurs inséparables, la sanction et la formation, au cœur de la réforme de la police républicaine.
Il est insupportable que des personnes, interpellées pour des délits, meurent au moment de leur interpellation, qu’ils s’appellent Traoré ou Chouviat. La doctrine et les techniques d’interpellation doivent changer, l’obligation de secours à la vie redevenir prioritaire à l’accomplissement d’un acte administratif visant à sanctionner un outrage.
Il est contraire à la République que la police ne garantisse plus l’exercice des droits fondamentaux, tel que celui de manifester, de s’exprimer, mais au contraire les en empêche. Ce n’est pas le rôle de la police de décrocher, pendant le confinement, des banderoles d’opposants accrochés à des balcons privés. Il est absolument intolérable que des élus, des journalistes, des syndicalistes, soient des cibles dans les cortèges. Personne ne devrait perdre un œil ou une main dans l’exercice d’un droit fondamental. Il est absolument nécessaire de pourchasser devant la justice tous les actes de violence non proportionnés de membres des forces de l’ordre. Il n’est pas proportionné aux impératifs de maintien de l’ordre d’éborgner, amputer, et blesser des citoyens libres de manifester.
* * *
Aux États-Unis, le Parti Démocrate a annoncé une grande réforme de la police en cas d’alternance. En Allemagne, le plaquage ventral est maintenant interdit. La France, en retard, sous la pression internationale, a annoncé l’interdiction de la prise d’étranglement mais reste dans l’ambiguïté sur le plaquage ventral.
La confiance dans la République et sa police exige à la fois de la réformer, de mieux la former et l’encadrer, et de briser la lâche impunité que lui garantit le pouvoir actuel.
Remettre de la République dans la police, c’est remettre de la République dans la société, et par conséquent, s’attaquer aux conséquences sociales de 40 ans de destruction néolibérale de l’Etat et de la cohésion nationale.
Il y a 84 ans, les accords de Matignon et l’espoir d’une vie meilleure
Nous célébrons aujourd’hui le quatre-vingt-quatrième anniversaire des accords de Matignon, victoire éclatante du Front Populaire et de la mobilisation sociale des ouvriers en 1936.
Après la victoire des socialistes, des communistes et des radicaux aux élections législatives de mai, les ouvriers et les ouvrières avaient entamé une grève générale pour réclamer de justes améliorations de leurs conditions de vie. Le gouvernement, contrairement aux précédents, avait alors refusé d’envoyer la police briser la mobilisation. Le patronat fut alors obligé d’obtempérer et de négocier la reprise du travail.
Les conquêtes sociales furent obtenues en nombre en ce jour : augmentation des salaires, création des conventions collectives donnant naissance au dialogue social tripartite Etat-syndicats-patronat, pérennisation des libertés syndicales, et absence de sanction en conséquence des grèves massives qui venaient d’avoir lieu. Ces accords laissaient entrevoir la fin de l’impunité patronale et l’instauration de rapports sociaux favorables aux travailleuses et aux travailleurs, par le concours de l’Etat, garant de l’intérêt général.
Alors qu’aujourd’hui la part des revenus du travail ne fait que baisser, que le salariat régresse au profit d’un auto-entreprenariat précarisant et favorable au capital, que la liberté syndicale est menacée et leur rôle sans cesse dénigré par les représentants de l’économie libérale, que le gouvernement brise par la violence policière tout mouvement de contestation social avec une doctrine de maintien de l’ordre antirépublicaine autant qu’antisociale et que la protection du travail et la négociation tripartite est mise à mal gouvernements après gouvernements, les accords de Matignon doivent redevenir la ligne d’horizon la gauche. L’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions de vie, la dignité au travail, la démocratie sociale, la coopération avec les syndicats et le respect des mobilisations et de la contestation sociale sont le creuset dans lequel il nous faut nous inscrire.
En outre, la gauche doit se rappeler ce qui a permis les accord Matignon et leur concrétisation durable après la Libération, elle doit marcher sur deux jambes, l’une politique et l’autre sociale. Les réformes et transformations profondes impulsées par un gouvernement socialiste et républicain doivent répondre à l’exigence de justice sociale et avoir été préparées avec la société pour être soutenues par un vaste mouvement populaire, garantie « gramscienne » de leur ancrage dans la durée.
La Gauche Républicaine et Socialiste rend hommage aux travailleuses et aux travailleurs qui se sont battu en 1936 pour la fin de misère et la liberté au travail, ainsi qu’au chef du gouvernement Léon Blum, au ministre du Travail Jean-Baptiste Lebas, futur martyr de la Résistance, et au secrétaire général de la CGT Léon Jouhaux, pour avoir obtenu ces accords fondateurs de la négociation sociale. Nous rappelons notre attachement à la constitution d’un Front Populaire du XXIème siècle pour remettre les conquêtes sociales au cœur de l’action politique.
Soutien aux salariés du Parisien
Les éditions départementales du Parisien sont aujourd’hui menacées en île de France et Oise, couvrant 13 millions d’habitants avec 10 éditions.
L’absence de pluralisme et la métropolisation au niveau de la presse quotidienne régionale tendent à uniformiser la pensée et à gommer la réalité sociologique et politique du Pays.
La situation de la Presse en France est avant tout un enjeu démocratique : l’ordonnance du 26 aout 1944 fixait pour objectif de sanctuariser la presse vis-à-vis des puissances de l’argent et de l’influence de l’État, tout en assurant l’indépendance des journaux et leur transparence, afin que la presse devienne une maison de verre. Ces principes sont très largement oubliés aujourd’hui et il est temps de leur redonner force de loi, notamment en donnant à la presse le statut dont elle a besoin pour être à l’abri des grandes entreprises qui veulent capter la puissance publique et cherche ainsi à l’utiliser pour peser sur l’opinion et les gouvernements.
La présence de la presse locale est d’autant plus important qu’à ce niveau, la proximité permet une forme de pluralité des expressions. Dans de nombreuses petites communes, les partis politiques ne sont pas présents, il n’y a pas d’opposition dans les conseils municipaux, les préfectures et tribunaux administratifs sont débordés .
Malgré quelques exemples de présentations partiales des faits et des situations, les éditions départementales du Parisien sont souvent les seules caisses de résonance pour des associations locales et des collectifs de citoyens face aux pouvoirs locaux.
La presse ne peut pas être regardée seulement comme un objet de profit et un outil de pression aux services d’intérêts financiers mais doit bien assurer une mission d’intérêt général.
C’est pourquoi la Gauche Républicaine et Socialiste soutient les salariés du Parisien pour le maintien des cahiers départementaux afin de faire vivre la démocratie localement. Elle demande également l’application des principes fixés à la Libération pour garantir l’indépendance et la pérennité de la presse.
Le mur de la dette publique n’existe pas !
Depuis le début de la crise du covid-19 , les discours alarmistes sur le gonflement de la dette publique française prolifèrent et ce sans raison apparente.
Oui, déficits et dette publics gonfleront demain : le second projet de loi de finance rectificative annonce un déficit à 7,6 % du PIB et une dette équivalente à 112 % du PIB à la fin de l’année 2020.
Non, une telle situation n’a rien de catastrophique. Contrairement à nombre d’idées reçues la dette publique n’est pas un mal en soi, et encore moins un mal français.
Dans leur volonté d’autoflagellation, les libéraux et autres partisans des politiques austéritaires oublient que l’augmentation des déficits et de la dette publique n’est pas une situation qui s’arrête aux frontières de l’Hexagone. C’est la norme dans la quasi-totalité des pays développés.
Depuis 1974 les Etats-Unis n’ont connu que trois années d’excédents budgétaires, la Grande-Bretagne quatre et le Japon cinq. Avoir un budget équilibré tient donc de l’exception et non de la règle. Bien souvent les discours sur la dette ne sont que des prétextes pour attaquer des dépenses publiques jugées à tord excessives.
Dans le lot des arguments nous intimant l’ordre de nous inquiéter du niveau de la dette publique française on retrouve aussi l’idée que les générations futures devront payer nos excès.
« La dette serait à l’origine d’une rupture d’équité entre générations. » Rien n’est plus faux.
la dette publique est inférieure à la production de richesses par les administrations publiques et ce sont ces mêmes richesses, et non nos excès, que nous léguerons aux générations futures à travers les dépenses publiques d’éducation ou encore de santé. Ce qui pose problème ce n’est pas la valeur du lègue, le patrimoine privé comme le patrimoine public sont positifs, c’est sa répartition.
A la faveur de la crise, le gouvernement semble découvrir une vérité pourtant établie depuis longtemps : la dette publique est un outil indispensable de l’interventionnisme étatique et il ne faut pas hésiter à l’utiliser quand la situation l’exige.
Lorsque la conjoncture est basse, lorsque l’activité se rétracte, il est du devoir de l’Etat de faire jouer les déficits publics et la dette afin de relancer l’économie. La majorité des pays de l’OCDE a d’ores et déjà mis en place une politique budgétaire expansionniste et renvoyé aux calendes grecques leurs objectifs d’équilibre budgétaire.
C’est la voie à emprunter. La dette publique est nécessaire, elle ne devient excessive que lorsque les taux d’intérêts et d’inflation sont trop élevés. Ce n’est pas le cas présentement. Loin d’être un problème, l’endettement public est actuellement la solution à la crise économique que nous traversons. Mais cette vérité triviale ne semble pas sauter aux yeux de tout le monde.
SEGUR de la santé: Attention à l’arnaque!
technocratie et théorie du ruissellement en mode sanitaire!
La crise Covid19 a d’une certaine façon remis les pendules à l’heure et a permis de mettre sur le devant de la scène les difficultés de moyens du système de santé.
Portée depuis de longs mois par les professionnels de santé et soutenue par une large partie de la population, la lutte pour stopper l’hémorragie de l’hôpital public, et avec lui l’ensemble du système de soins pourra t elle trouver une issue à l’occasion de ce SEGUR ?
A observer la composition des différentes commissions, on peut raisonnablement en douter !
Le collectif inter urgence, fer de lance des revendications durant la longue grève de la majorité des services d’urgence n’est pas invité aux débats, sous prétexte de ne pas avoir de représentation catégorielle.
De même, des pans entiers de la représentation de l’offre de soins ne sont pas présents. C’est aussi le cas de la représentation des associations de malades.
Cette sous représentation en dit long sur les méthodes d’Olivier VERAN et d’Emmanuel Macron et sur leur application d’une politique de classes
C’est le retour des premiers de cordée
« laissez nous discuter entre nous, le reste ruissellera »
Cette incapacité à instaurer une horizontalité constructive est symptomatique d’un pouvoir qui ne souhaite pas changer l’ordre des choses.
Comment imaginer remettre à plat un secteur aussi déterminant pour l’avenir de la nation si on n’écoute pas tous ses acteurs ? Qu’en est il du secteur médico social ? De nos ehpad ? De la médecine de ville ? Un médecin hospitalier peut il bien faire s’il n’est pas accompagné du corps infirmier et de celui des aides soignants ?,
Pourtant , l’intitulé des commissions, «Transformer les métiers et revaloriser ceux qui soignent», «Définir une nouvelle politique d’investissement et de financement au service des soins», «Simplifier radicalement les organisations et le quotidien des équipes» et «Fédérer les acteurs de la santé dans les territoires au service des usagers» n’appelait il pas à une concertation large ?
Sur la méthode, on se rapproche de l’organisation du grand débat, à la suite du mouvement des gilets jaunes, avec l’instauration d’un cirque médiatique sur 7 semaines sans rien savoir du processus de construction des décisions .
Pour trouver un consensus large avec une représentation étriquée, le choix de nommer Nicole Notat, ancienne représentante de la CFDT, indique plutôt des positions tièdes et bienveillantes à l’égard du gouvernement qu’un véritable plan d’investissement pour la santé.
Il n’est pas trop tard pour changer de méthodes et c’est pourquoi la Gauche Républicaine et Socialiste invite le gouvernement à appeler tout le monde autour de la table et ainsi permettre de dégager un plan d’investissement massif pour l’hôpital et plus généralement pour le système de soins. Celui ci devra passer par une politique de recrutement sans précédent et de revalorisation des salaires, pour tous les acteurs de la santé. Nous ne pouvons ignorer les 29000 morts dus au Covid19 malgré le dévouement sans faille de tout le personnel soignant et continuer d’ignorer la tension du système et la fatigue de ses acteurs.
Pour reprendre le discours guerrier présidentiel, nous ne pouvons pas avoir de héros sans lendemain, il faut donc libérer l’hôpital de son carcan austéritaire.
Réouverture des lieux culturels
une bonne nouvelle mais sous quelles conditions ?
Nul ne l’ignore : le « secteur culturel » a été particulièrement fragilisé par la période de confinement. Ses structures seront durablement affaiblies et ses artistes et professionnelles risquent d’être durablement précarisés.
Les réouvertures de tous les musées et monuments (le 2 juin), des salles de spectacles (le 2 juin sauf pour l’Île-de-France, le 22 juin) et des salles de cinéma (le 22 juin), qui s’ajoutent aux réouvertures de toutes les librairies semble le signe d’un imminent retour à la normale du secteur culturel.
En réalité, il n’en est rien.
D’abord, parce que la situation personnelle et générale des artistes, des techniciens et de tous les professionnels faisant vivre ce secteur reste dans une grande incertitude. Les inciter à « enfourcher le tigre » ne peut faire oublier l’indigence des réponses de moyen et long terme.
L’annonce des réouvertures ne signifie en aucun cas le retour à une activité normale. Les conditions sanitaires de reprises, précisées dans des vade mecum parfois abscons communiqués par le gouvernement, ne permettront qu’une reprise partielle des activités et imposeront des jauges très réduites et des contraintes fortes pour les publics présents, nécessairement limités. Aux dernières nouvelles, tous les grands festivals de l’été restent annulés, ce qui a des conséquences très lourdes pour les nombreux saisonniers qui en dépendent.
Pour les artistes et techniciens relevant du régime de l’intermittence, la prétendue « année blanche » n’est qu’une réponse partielle car leurs indemnités chômage sont pensées comme un complément de leurs activités ponctuelles rémunérées et ne sont donc pas d’un montant comparable à celles du régime général. Cette réponse n’empêchera donc pas une grande détresse sociale à très court terme, sans oublier tous les professionnels qui n’y sont pas éligibles.
Pour les structures, les contraintes sanitaires vont peser lourd sur l’activité (et nul ne se plaindra d’apporter sa contribution à la lutte contre la pandémie) et la reprise annoncée semble être plus justifiée par une fin du chômage partiel indemnisé par l’Etat que pas une prise de conscience de l’importance de ces lieux et de ce qu’ils y font pour le vivre ensemble.
Car ce gouvernement ne comprend pas ce que sont les arts et la culture et leur importance dans la construction d’un imaginaire qui nous lie. Dès le début du confinement, la principale réponse du ministère de la culture fut de créer un site internet d’agrégation de « contenus culturels » baptisé « culture chez nous », sans que cet oxymore ne frappe les esprits. Non, la culture chez soi, seul, ce n’est déjà plus de la culture, c’est de la consommation … et peu importe pour les marchands de « biens culturels » que cette consommation soit individuelle ou collective.
A contrario, cela nous importe. Durant ces semaines, pour la première fois dans l’histoire de notre civilisation, nous n’avons pu nous retrouver ensemble face à des œuvres, singulièrement celles du spectacle. Aucune pandémie n’avait jamais eu cette conséquence.
L’heure est à l’action pour que la reprise partielle permette à un secteur dévasté de retrouver l’espoir d’une renaissance.
Celle-ci passera nécessairement par un renouveau et un renforcement des politiques culturelles alors que l’on ne peut que craindre que ce gouvernement les abandonne au secteur marchand.
Ce doit être une des feuilles de route pour le monde d’après que nous voulons construire. Sans tarder !