Après la joie de la Libération de Boualem Sansal, le constat d’échec face au régime autoritaire algérien


La libération de Boualem Sansal le 12 novembre 2025, après une année de détention en Algérie, représente un moment charnière dans les relations diplomatiques entre l’Europe et le Maghreb, tout en révélant les dysfonctionnements profonds d’un régime autoritaire qui continue de museler toute forme de dissidence.

La diplomatie allemande réussit là où le gouvernement Macron-Bayrou-Retailleau avait échoué

Cette libération, obtenue grâce à l’intervention décisive de l’Allemagne, souligne l’échec relatif de la diplomatie française à résoudre une crise qui dépasse largement le cadre individuel de l’écrivain. L’implication de Berlin, plutôt que de Paris, n’est pas fortuite : elle s’explique par les liens économiques étroits entre l’Allemagne et l’Algérie, ainsi que par la relation personnelle entre le président algérien Abdelmadjid Tebboune et les autorités allemandes, notamment après les soins médicaux reçus par Tebboune en Allemagne en 2020.

Cette médiation allemande a permis de contourner l’impasse franco-algérienne, marquée par une accumulation de contentieux et une dégradation des relations bilatérales depuis la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en septembre 2024. Cette annonce, perçue comme une provocation par Alger alors qu’elle ne constituait pas une innovation dans la position française, avait opportunément servi de prétexte pour faire monter la tension entre les deux pays ; elle avait été rapidement suivie par l’arrestation de Sansal deux mois plus tard, le 16 novembre 2024.

Bruno Retailleau ou l’art de saboter la diplomatie française

L’incapacité de la France à obtenir seule cette libération s’explique en grande partie par les choix politiques et diplomatiques adoptés au cours de l’année écoulée, notamment sous l’impulsion de l’ancien ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Ce dernier avait fait le choix, pour des raisons de politiques intérieures, d’une posture de confrontation systématique avec l’Algérie, multipliant les déclarations publiques hostiles et prônant un « rapport de force » au nom d’une « fierté française » souvent perçue comme une provocation par les autorités algériennes. Cette stratégie, loin de renforcer la position de la France, a au contraire rigidifié les positions d’Alger, qui ne manque jamais une occasion de jouer la carte de la victimisation pour faire monter les enchères. Elle a en définitive rendu toute négociation discrète ou médiation impossible.

La libération de Sansal n’a été obtenue qu’après le départ de Retailleau du gouvernement et son remplacement par Laurent Nuñez, dont l’approche plus mesurée a permis un apaisement relatif des tensions. Ce changement de ton a illustré l’importance des mots et des postures dans une relation aussi chargée d’histoire et d’affects que celle entre la France et l’Algérie, où chaque geste est instrumentalisé à travers le prisme d’un passé colonial non résolu.

Un procès politique : la justice algérienne au service de la répression

L’arrestation de Boualem Sansal, accusé d’« atteinte à l’unité nationale » après avoir évoqué dans une interview le rattachement à l’Algérie de territoires autrefois sous souveraineté marocaine, a servi de prétexte au régime pour réprimer une voix critique et dissuader toute contestation. Cette accusation, floue et largement instrumentalisée, a permis aux autorités algériennes de justifier une condamnation à cinq ans de prison, prononcée dans le cadre d’un procès expéditif et marqué par des irrégularités procédurales.

La récusation de son premier avocat, François Zimeray, sous prétexte de ses origines juives, a révélé la manière dont le régime utilise les clivages identitaires et les manipulations historiques pour discréditer ses opposants. Le régime de Tebboune et des militaires prétend ainsi s’appuyer sur la solidarité de la « Rue algérienne » avec les Palestiniens ; comme de nombreux régimes autoritaires arabes, elle réduit tous les juifs (ou celles et ceux qui sont supposés l’être) à une posture intrinsèque de complicité non seulement avec l’État d’Israël, mais surtout avec le gouvernement d’extrême droite de Benyamin Netanyahu responsable des atrocités actuelles contre les civils à Gaza (mais aussi les exactions en Cisjordanie). En agissant de la sorte, elle entretient ou éduque le peuple algérien à un antisémitisme de fait, qui peut difficilement se camoufler derrière l’antisionisme ; les conséquences de cette propagande dépasse évidemment le territoire algérien lui-même.

Ce procès, mené dans une opacité totale, a reflété la volonté du pouvoir algérien de faire taire une figure emblématique de la dissidence intellectuelle, tout en envoyant un message clair à la communauté internationale sur sa détermination à écraser toute velléité de contestation.

Les conditions de détention de Boualem Sansal, telles qu’il les a décrites après sa libération, offrent un aperçu glaçant de la brutalité du système carcéral algérien et de son utilisation comme instrument de terreur politique. Âgé de 81 ans et souffrant d’un cancer de la prostate, l’écrivain a été soumis à des traitements inhumains, marqués par l’isolement prolongé, le manque d’accès aux soins médicaux et une campagne de haine orchestrée par les médias officiels. Cette campagne, qui a présenté Sansal comme un « traître » à la solde de l’étranger, a non seulement aggravé sa situation en prison, mais a également créé un climat de lynchage médiatique, où se sont cristallisées les frustrations et les rancœurs d’une société profondément divisée.

La détention de Sansal a ainsi servi de miroir aux fractures de l’Algérie contemporaine, où le pouvoir cultive délibérément les divisions et la stratégie du bouc émissaire pour mieux régner. L’écrivain a décrit son expérience comme une « descente aux enfers », où la solitude et la violence psychologique ont été utilisées comme armes pour briser sa résistance morale. Ces méthodes, loin d’être exceptionnelles, s’inscrivent dans une stratégie plus large de répression des opposants, où la prison devient un lieu de destruction physique et mentale, destiné à dissuader toute velléité de contestation. La libération de Boualem Sansal, si elle nous réjouit, ne saurait occulter l’absence de résolution des différends structurels entre la France et l’Algérie.

La mémoire coloniale, champ de bataille diplomatique d’Alger contre la France

Ces tensions, enracinées dans une histoire coloniale non résolue, sont constamment réactivées à des fins politiques. Pour le régime algérien, la référence constante à la colonisation française sert de ciment idéologique, permettant de mobiliser la population autour d’un récit national victimisant et de justifier la répression des voix critiques au nom de la « défense de la souveraineté nationale ». Il ne s’agit en aucun cas de contester ici la violence qu’a représentée colonisation française en Algérie : les débats médiatiques en France illustrent encore largement l’incapacité d’une partie de notre société à faire face à cette mémoire, comme lorsque que Jean-Michel Apathie – qui n’est pas forcément notre référence préférée – a été vilipendé pour avoir rappelé la nature criminelle de la conquête de l’Algérie et les « enfumades » organisées par les troupes du Général Bugeaud. Pour autant, les difficultés actuelles de l’Algérie, indépendante depuis 63 ans, sont avant tout la résultante de la mise en coupe réglée du pays par des clans militaro-affairistes qui détournent les richesses immenses du pays au détriment de son peuple. Durant ces 63 années, l’Algérie et ses dirigeants successifs ont pourtant bénéficié à plein du soutien de la France, des Soviétiques et de nombreux partenaires occidentaux pour se développer. Cette instrumentalisation de l’histoire se double d’une stratégie de chantage diplomatique, où Alger utilise les contentieux mémoriels pour obtenir des concessions de la part de Paris, tout en refusant toute remise en question de ses propres pratiques autoritaires.

La France, de son côté, a toujours oscillé entre une volonté de tourner la page de la colonisation (le travail mémoriel engagé sous l’égide de Benjamin Stora) et la tentation de répondre aux provocations algériennes par des mesures symboliques, comme la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental. Cette dynamique rend toute réconciliation durable extrêmement difficile entre les deux Etats qui restent prisonniers d’un dialogue de sourds. Tant que les questions de mémoire prendront le pas sur les enjeux concrets de coopération économique, sécuritaire, migratoire et humains, ce sont les deux peuples qui en feront les frais.

Les « accords de 1968 » : un débat français qui arrange le régime algérien

Dans ce contexte, les débats récurrents en France sur la révision des « accords de 1968 », qui régissent les conditions de circulation et d’installation des Algériens en France, apparaissent comme une diversion politique. Ces accords, souvent présentés comme un symbole des « privilèges » accordés à l’Algérie, sont en réalité bien moins avantageux qu’il n’y paraît.

Signés dans un contexte de dégradation des relations bilatérales après l’indépendance (les accords d’indépendance de 1962 n’ont jamais vu leur traduction humaine), ils visaient initialement à encadrer strictement les flux migratoires et à éviter une rupture totale entre les deux pays. Depuis, ils ont été révisés à trois reprises, dans un sens toujours plus restrictif, réduisant progressivement les spécificités algériennes par rapport aux autres accords migratoires conclus par la France. Leur remise en cause, régulièrement agitée par une partie de la classe politique française, à droite et à l’extrême droite, relève donc davantage d’un symbolisme politique que d’une nécessité pratique.

Elle s’inscrit dans une logique de surenchère mémorielle, où la dénonciation des « avantages » accordés à l’Algérie sert à flatter une partie de l’opinion sensible aux discours identitaires, tout en alimentant les tensions avec Alger. Pour le régime algérien, ces débats sont une aubaine : ils lui permettent de se poser en défenseur des droits de ses ressortissants en France et de détourner l’attention des problèmes internes, tout en maintenant une pression constante sur la France.

L’Algérie de Tebboune : une fuite en avant autoritaire

Au-delà du cas de Boualem Sansal, la nature du régime algérien se révèle dans toute sa brutalité à travers la répression systématique des opposants et des détenus d’opinion. Sous la présidence d’Abdelmadjid Tebboune, l’Algérie a engagé une fuite en avant autoritaire, marquée par un verrouillage accru de l’espace politique, médiatique et associatif. Les promesses du Hirak, ce mouvement populaire de 2019 qui avait contraint le président Abdelaziz Bouteflika à la démission et porté l’espoir d’une transition démocratique, ont été tragiquement trahies. Le régime, plutôt que de répondre aux revendications de justice sociale et de liberté, a choisi de durcir sa répression, utilisant les tribunaux, la police et les médias d’État pour écraser toute forme de contestation. Les arrestations arbitraires se multiplient, visant aussi bien des militants politiques que des journalistes, des artistes ou de simples citoyens osant critiquer le pouvoir sur les réseaux sociaux. Les condamnations pour « apologie du terrorisme », « atteinte à l’unité nationale » ou « offense aux institutions de l’État » se comptent par centaines, souvent prononcées à l’issue de procès expéditifs, sans respect des droits de la défense. Les prisons algériennes regorgent ainsi de détenus d’opinion, dont beaucoup croupissent dans l’oubli, loin des projecteurs médiatiques. Parmi eux, des figures emblématiques comme le poète Mohamed Tadjadit, surnommé « le poète du Hirak », condamné à 5 ans de prison pour des vers jugés subversifs, ou encore des dizaines de militants anonymes, arrêtés pour avoir participé à des manifestations ou partagé des publications en ligne. Cette répression ne se limite pas à l’incarcération : elle s’étend à une censure généralisée, où les médias indépendants sont étouffés, les réseaux sociaux surveillés et les voix critiques systématiquement diabolisées.

Dans ce tableau sombre, la détention du journaliste français Christophe Gleizes, condamné dès juin 2025 à 7 ans de prison pour « apologie du terrorisme », constitue un cas emblématique de l’arbitraire judiciaire algérien et de son utilisation comme outil de pression diplomatique. Gleizes, dont les accusations portées contre lui sont largement considérées comme infondées, est devenu, à l’instar de Sansal, un otage du régime, utilisé pour négocier avec la France et envoyer un message aux autres journalistes étrangers tentés de couvrir la situation en Algérie. Sa condamnation, prononcée dans des conditions opaques et sans preuve tangible, reflète la volonté du pouvoir algérien de contrôler strictement le récit médiatique sur le pays et de dissuader toute investigation indépendante. La libération de Gleizes est devenue une priorité pour la diplomatie française, qui espère profiter du dégel relatif des relations bilatérales pour obtenir sa libération. Un espoir douché par la confirmation de sa condamnation en appel. Tant que les autorités d’Alger continueront à utiliser la justice comme une arme politique, tant que les opposants seront emprisonnés pour leurs idées et tant que les médias indépendants seront réduits au silence, le pays restera prisonnier d’un cycle de répression et d’immobilisme.

L’Algérie peut-elle encore espérer la démocratie ?

Pour Boualem Sansal, dont la libération a été accueillie avec un immense soulagement par les véritables amis de la liberté de conscience et de la liberté d’expression, cette épreuve n’a pas entamé la conviction que l’Algérie peut et doit évoluer vers la démocratie. Dans ses premières déclarations après sa sortie de prison, l’écrivain a réaffirmé son attachement à son pays et son refus de vivre dans la peau d’un « gracié », une condition qu’il juge humiliante et incompatible avec sa dignité. Sa grâce présidentielle, si elle a mis fin à sa détention, ne constitue en rien une réhabilitation : c’est une concession arrachée par la pression internationale, plutôt que comme une reconnaissance de son innocence.

Cette distinction est fondamentale : elle révèle la profondeur du fossé entre le régime algérien, qui refuse toute remise en question de ses méthodes, et les citoyens qui aspirent à la justice et à la liberté. Sansal a ainsi exprimé son désir de retourner en Algérie, non pas pour s’y soumettre, mais pour y entrer et en sortir librement, comme un acte de résistance symbolique et une manière de « se réparer » moralement. Ce projet, s’il est risqué, témoigne d’une foi inébranlable dans la possibilité d’un changement, même si les perspectives en semblent aujourd’hui extrêmement limitées.

Les obstacles à une telle évolution sont immenses. Le régime algérien, conscient de la menace que représentent les voix indépendantes, a verrouillé tous les espaces de contestation, utilisant la répression, la censure et la propagande pour maintenir son emprise sur le pays. Les espoirs nés du Hirak, qui avaient un temps laissé penser à une possible transition démocratique, se sont heurtés à la réalité d’un système politique profondément ancré dans ses pratiques autoritaires et soutenu par une élite qui n’a aucun intérêt à voir émerger un véritable État de droit.

Les divisions au sein de la société algérienne, exacerbées par des décennies de manipulation politique et de discours clivants, rendent également difficile l’émergence d’un mouvement unifié capable de porter des revendications démocratiques. Dans ce contexte, les perspectives d’un changement de régime apparaissent lointaines, d’autant que le pouvoir algérien peut compter sur le soutien, ou du moins la complaisance, de nombreux acteurs internationaux, attirés par les opportunités économiques offertes par le pays, notamment dans le secteur énergétique. Pourtant, malgré ces défis, Boualem Sansal refuse de céder au pessimisme. Nous espérons avec lui que l’histoire n’est jamais écrite d’avance, et les régimes autoritaires, aussi solides qu’ils paraissent, finissent toujours par s’effondrer sous le poids de leurs propres contradictions. Son combat, comme celui de nombreux autres opposants algériens, reste donc celui de la persévérance : continuer à écrire, à penser et à résister, même dans l’adversité, pour préparer le terrain à un avenir meilleur.

La France face à ses responsabilités

La libération de Boualem Sansal ne doit pas faire oublier la gravité de la situation en Algérie. Tant que le régime continuera à emprisonner ses opposants, à museler la presse et à instrumentaliser l’histoire à des fins politiques, le pays restera prisonnier d’un cycle de répression et d’immobilisme. La France, de son côté, doit tirer les leçons de cette crise et repenser sa relation avec l’Algérie, en évitant les pièges de la surenchère mémorielle et en privilégiant un dialogue exigeant, centré sur les enjeux concrets plutôt que sur les symboles. La libération de Christophe Gleizes est une étape incontournable et elle est loin d’être acquise, mais elle ne saurait suffire à elle seule à résoudre les différends profonds qui opposent les deux pays.

Pour l’Algérie, la véritable question reste celle de son avenir : un pays riche de sa jeunesse, de sa culture et de son histoire peut-il continuer à se contenter d’un régime autoritaire, ou parviendra-t-il enfin à embrasser la voie de la démocratie ? La réponse à cette question dépend en grande partie des Algériens eux-mêmes, mais aussi de la volonté de la communauté internationale à ne plus fermer les yeux sur les exactions d’un régime qui, malgré ses discours, reste profondément anti-démocratique et oppressif.

Frédéric Faravel

Trump fait taire la « Voix de l’Amérique »

Voice of America a été la grande radio, qui a agi pour que le bloc soviétique se fissure : cette radio va être débranchée. L’administration Trump a décidé des centaines de licenciements dans ce média public ; la Russie et la Chine se félicitent évidemment de ces licenciements.

Plusieurs employés de VOA qui ne pouvaient pas entrer dans leurs locaux ce samedi se sont entretenus avec des médias, en demandant l’anonymat pour se prémunir de toutes représailles : « On a fait taire la voix de l’Amérique, du moins pour l’instant », disait un reporter chevronné à CNN. « Ce n’est pas que notre salaire qui est en jeu », disait un employé de Radio Free Asia interrogé par France 24. « Nous avons des employés et des pigistes qui craignent pour leur sécurité. Nous avons des journalistes qui travaillent dans des pays autoritaires en Asie, nous avons des journalistes aux États-Unis qui craignent l’expulsion si leurs visas ne sont pas renouvelés. » « On nous a effacés d’un coup de stylo, poursuivait cet employé, c’est tout simplement atroce ».

VoA, un combat pour les libertés parfois à géométrie variable

« Les autocrates du monde entier font des sauts de joie. Hindenburg [sic], Hitler n’avaient pas réussi à faire taire la voix de l’Amérique, Staline, Vladimir Poutine, Mao non plus, les Ayatollahs en iran n’ont pas réussi à le faire, mais Donald Trump vient de réduire au silence la voix de la liberté. Pour la première fois depuis 1942, VoA a été retirée de l’antenne », écrit un éditorialiste du Washington Post.

La chaîne Voice of America avait été souvent critiquée pour son manque d’indépendance et son tropisme pro-américain dans sa couverture des faits dans les années 1950 à 1980. Accusée d’être « négligente » face au communisme par McCarthy, elle a été détachée du Département d’État américain en 1953 par Eisenhower ; cela ne l’avait pas empêché d’être un vecteur pour préparer les opinions latino-américaines avant divers coups d’État au Guatemala et en République Dominicaine ou avant l’opération de la Baie des Cochons à Cuba. Sa petite sœur Radio Free Asia, fondée en 1951 par la CIA pour contrer la nouvelle Chine communiste, a quant à elle servi de porte-voix à la propagande américaine durant toute la guerre du Viet Nâm.

Pourtant, elle jouait également un rôle crucial dans des pays où s’exerce un contrôle drastique des médias comme l’Iran, la Chine populaire ou la Corée du Nord ; elle a joué un rôle important dans la mise au jour de l’univers concentrationnaire au Xinjiang et de l’oppression des Ouïghours. VoA y avait également dénoncé les tentatives d’ingérence du gouvernement chinois dans les élections aux États-Unis, contré les efforts du régime de pékin pour dissimuler les origines de la pandémie de Covid.

Agence de presse, radio, télévision, VoA et ses réseaux avaient progressivement gagné leurs galons d’indépendance, résistant aux pressions de l’administration Bush après le 11-Septembre.

La joie des dictateurs et des usines à fakenews

L’administration a mis en congé, donc, la quasi-totalité de ses 1300 employés et l’administration a fermé les stations sœurs de VoA, Radio Free Europe, Radio Liberty et Radio Free Asia. « La voix de l’Amérique, le soi-disant symbole de la liberté, a été jeté par son propre gouvernement comme un vieux chiffon » s’est réjoui en Chine, le Global Times, l’organe de presse international du parti communiste chinois, qui qualifie également VoA d’usine à mensonge. La Russie se réjouit également de la disparition de ce média indépendant, qu’elle avait qualifié l’an dernier d’organisation indésirable.

« Trump a annoncé la fermeture soudaine de radio liberty et de VoA. C’est une bonne décision », selon la rédactrice en chef du média d’État russe, RT, Margarita Simonian, sur le plateau de Rossia Adin. Dans la foulée, le présentateur Vladimir Solofief s’est amusé de la fermeture de tous les médias indépendants américains avec la fin de leur financement. « C’est génial », renchérit la rédactrice en chef de RT, comme le montre le magazine newsweek.

L’audience de VoA était estimée à plus de 400 millions d’auditeurs, de téléspectateurs, d’internautes, pour une diffusion en 63 langues, selon le magazine conservateur Washington Examiner.

Le monde des « faits alternatifs »

« Les propagandistes chinois ont tout à gagner à faire taire les voix de la vérité et de la liberté », a dénoncé le Washington Post. Apparemment, l’administration Trump a le même intérêt.

Entre 2015 et 2021, Donald Trump avait publié plus de 2490 messages négatifs sur le média national, selon la base de données U.S. Press Freedom Tracker. Et cela ne prend en compte que ses messages sur les réseaux sociaux, dans lesquels il a régulièrement qualifié des chaînes, des journaux de « propagateurs de fake news » et d’« ennemis du peuple ».

Depuis son retour à la Maison-Blanche, l’administration Trump a retiré leur agrément et leur bureau au Pentagone à quatre médias : le New York Times, NBC News, NPR, et Politico.

Frédéric Faravel

Mettons fin à la complaisance à l’égard d’Elon Musk

La France s’est vue confiée par l’assemblée générale des Nations Unies l’organisation du « Sommet pour l’Action dans l’Intelligence Artificielle (IA) », faisant suite à l’adoption à sa 79ème session du « pacte numérique mondial », et aux sommets pionniers ayant déjà eu lieu en Grande Bretagne en 2023 et en Corée du Sud en 2024. Ce sommet aura lieu à Paris, au Grand Palais, les 10 et 11 février 2025, organisé par le palais de l’Élysée.

La feuille de route de ce sommet est à la fois ambitieuse en définissant des objectifs universels, et pusillanime quant aux moyens à mettre en place. Voici les 5 axes de travail :

  • L’IA au service de l’intérêt général,
  • Avenir du travail,
  • Innovation et culture,
  • IA de confiance,
  • Gouvernance mondiale de l’IA.

Son agenda, et la starisation choisie de personnalité controversées du capitalisme technologique libertarien, interrogent tous les démocrates sincères.

En octobre 2024 la mission de préparation annonce souhaiter « lutter contre le mésusage de l’IA », en « s’appuyant sur un consensus scientifique robuste », notamment pour « lutter contre la manipulation de l’information, notamment sur les réseaux sociaux. »

Elon Musk est pourtant annoncé comme l’une des stars de l’évènement qu’Emmanuel Macron souhaite utiliser pour redorer son blason, après ses échecs budgétaires, économiques et politiques, et ses deux défaites électorales consécutives.

Le loup est invité à cuisiner le chaperon rouge !

Nous devons, au nom de la décence et de la protection des libertés publiques, interpeller la présidence française, encore une fois.

Le nouveau ministre américain en charge de « la simplification administrative » a toujours été soigné par le président de la République Française, pensant ainsi attirer l’une des sociétés du magnat de la technologie, Tesla, dans notre pays.

Musk a choisi l’Allemagne, mais le président français Macron continue sa danse du paon.

Nous sommes persuadés que la France, par son histoire, son universalisme, les contributions essentielles de ses chercheurs et ses philosophes sur les concepts clés de l’IA, doit être le moteur en Europe des réflexions sur son déploiement, sa régulation : il s’agit d’un enjeu politique crucial, un enjeu de souveraineté, un enjeu vital pour garantir notre indépendance.

Ce que nous refusons avec force, c’est que soit à nouveau déroulé le tapis rouge pour Elon Musk et ses alliés libertariens ! Celui qui est aujourd’hui l’homme le plus riche du monde n’est pas seulement le premier allié de Donald Trump : il est devenu un acteur politique toxique, ennemi de toutes les lois limitant son pouvoir absolu, et chantre d’un libertarianisme aussi débridé qu’irrationnel, soutenant les néofascismes européens.

Après avoir déboursé 270 millions de dollars et mis son réseau x et son logiciel d’intelligence artificielle Grok au service de Donald Trump pendant la campagne électorale américaine, il a submergé l’espace médiatique de fausses informations.

Depuis le scrutin de novembre 2024, Elon Musk a insulté publiquement le Chancelier allemand et fait ouvertement campagne pour l’AfD, un parti d’extrême-droite allemand, dont les dirigeants assument leurs inspirations néo-nazies.

Il s’attaque également au gouvernement travailliste britannique, soutenant l’extrême droite anglaise, propageant fausses polémiques et accusations diffamatoires.

Il insulte le chef du gouvernement canadien démissionnaire, soutenant la campagne impérialiste de Trump visant à annexer ce pays, une partie du Danemark, et le Panama.

L’Europe a décidé, lâchement, de faire semblant de ne pas entendre les déclarations pourtant répétées du nouvel exécutif nord-américain.

Les dirigeants politiques attaqués, dont deux social-démocrates, sont seuls face à des campagnes de haine multipliés par les algorithmes trafiqués.

Le patron de Meta Marc Zuckerberg (Facebook, Youtube, Instagram, WhatsApp, etc.) a annoncé se rallier lui aussi à l’alliance idéologique populiste pour inonder les réseaux de contenus manipulant les réseaux sociaux !

Comment inviter des patrons qui déclarent être opposés aux objectifs du sommet ? Ils ne serons là que pour les saboter.

Comme pourraient-ils être encore le bienvenu en France, alors qu’ils s’attaquent à nos intérêts et aux fondements de la démocratie républicaine ?

Elon Musk n’a jamais été un partenaire loyal mais une menace permanente. Aujourd’hui, il attaque ouvertement le principe même de l’égalité devant la loi, les fondements de notre démocratie. Sa prétendue défense de la liberté d’expression est d’une indécence absolue : quelle liberté d’expression reste-t-il quand des multimilliardaires disposent des outils médiatiques les plus puissants pour saturer le débat public de mensonges ?

Musk ne veut pas de liberté d’expression, il veut la liberté de mentir, de diffamer, de propager la haine, avec ses gigantesques moyens financiers comme seules limites.

Qui, une fois pris comme cible par ces hommes riches, opposés aux principes démocratiques, peut espérer faire corriger une accusation mensongère par sa propre voix, sans la protection des lois ?

Musk met toute sa puissance pour saper la démocratie issue de la philosophie des Lumières ; il est parmi nos ennemis.

Le président américain Donald Trump sera présent également. Il n’est pas possible de l’empêcher de participer vu le mandat de l’assemblée générale des Nations Unies. Mais sommes-nous obligés de dérouler le tapis rouge à ceux qui multiplient les déclarations hostiles à nos valeurs, notre démocratie, à l’Europe ?

La Gauche Républicaine et Socialiste demande à la présidence de la République et au gouvernement de tenir enfin un discours de fermeté en direction des principaux dirigeants des multinationales du numérique : les conditions d’exercice de la liberté d’expression ne sont pas marchandables, la protection des médias et de l’information et des citoyens français ne sont pas négociables. La GRS exige que l’Union Européenne consolide l’encadrement législatif des services numériques (DSA) pour protéger les citoyens et nos démocraties de l’incitation à la haine, à la violence et au terrorisme, des manipulation, des opérations de désinformation et des contrefaçons ; la GRS exige que les plateformes numériques soient enfin mises réellement et de manière concrète en face de leurs responsabilités et de leurs obligations en Europe et qu’elles soient sanctionnées quand elles ne les respectent pas.

Nous appelons les organisations démocratiques à faire des propositions communes en ce sens. Nous proposons à l’ensemble des organisations politiques et de défense des libertés à se joindre à elle dans cette exigence et à l’exprimer sur place lors du sommet.

Frédéric Faravel et Mathieu Pouydesseau

Attentats du 7 janvier 2015 : 10 ans après, ne jamais rien lâcher !

Il y a dix ans les frères Kouachi assassinaient 12 personnes à la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo dans un attentat qui avait pour cible la rédaction, celles et ceux qui travaillaient avec les journalistes et les dessinateurs, mais aussi plusieurs policiers … Deux symboles visés : la liberté d’expression, d’abord, la République qui l’instaure et la protège ensuite. Le terrorisme islamiste a tenté de bâillonner par la terreur le droit à caricaturer, à utiliser l’humour pour traiter de tous les sujets, sans se soumettre à aucune contrainte dogmatique. Nous n’oublions pas l’assassinat d’une policière municipale à Montrouge et la prise d’otages de l’Hypercasher de Vincennes et le meurtre depuis plusieurs de ses clients par Amédy Coulibaly.

Dix ans après ces odieux assassinats, « être Charlie » c’est continuer à se battre contre l’intolérance et pour rappeler que la notion de blasphème n’existe pas dans le droit français. « Être Charlie », c’est également ne jamais laisser passer aucun appel à la haine et au meurtre en raison de sa conscience, de son origine réelle ou supposée ou de son orientation sexuelle et de genre : une exigence qui résonne avec force et une angoissante actualité au moment où le recensement des actes et la parole antisémite dans notre pays est au plus haut (à la suite des attaques terroristes du Hamas le 7 octobre 2023) et où des influenceurs numériques au service d’une puissance étrangère multiplient depuis quelques semaines les messages criminels.

La République garantit à tous ses citoyens, à toutes celles et tous ceux qui vivent sur son sol, que leur liberté de conscience est absolue, que leur liberté d’expression est protégée tant qu’elle n’attente pas à l’intégrité des personnes, que tout acte de racisme sera poursuivi, qu’on ne peut vous imputer que vos actes, vos écrits ou vos paroles et non ce que certains veulent vous imposer comme votre identité … que cette promesse de liberté publique et collective est inséparable de l’exigence de justice et d’égalité sociales.

Avec tous les Républicains sincères, la Gauche Républicaine et Socialiste salue la mémoire des victimes de janvier 2015 et appelle à continuer le combat et l’action pour renforcer une République laïque, sociale et concrète.

Les Radios locales associatives en danger

Parmi les effets délétères des coupes budgétaires voulues par le Gouvernement Barnier, s’est insidieusement glissée une attaque frontale contre un secteur de l’Économie Sociale et Solidaire dont on ne pouvait s’attendre à ce qu’elle soit une source d’économie aussi nécessaire à l’équilibre budgétaire de la Nation : c’est du Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER) dont il s’agit !

Sur les 12 millions d’économies exigées de la Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles, ce sont 10,4 millions qui seront entièrement supportés par les radios libres associatives, alors que ces dernières ne représentent pourtant que 4% de l’enveloppe budgétaire globale dédiée à la Mission Médias, Livre et Industries Culturelles.

C’est donc entre 700 et 800 emplois sur les 3 000 que compte cette branche qui sont à court terme menacés. Sans compter les plus petites structures qui sont immédiatement menacées de disparition.

Pourtant qui peut nier le rôle social et culturel de ces radios de proximité – restreinte de par leur emprise légale sur le spectre hertzien – au nombre d’environ 750 sur l’ensemble du territoire hexagonal et ultra-marin.

  • Intergénérationnelles, elles regroupent les anciens, amateurs du son de l’accordéon, et les plus jeunes qui y trouvent leur dose de hard-métal. Elles sont le porte-voix des manifestations sportives, culturelles, des promos commerciales et des débats politiques locaux.
  • Elles sont un modèle de démocratie pluraliste, apaisée, bon-enfant et pourtant à la pointe de l’info locale. Réparties sur l’ensemble du territoire, particulièrement appréciées en milieu rural, en montagne ou dans les Outre-Mer, elles ne sont pas pour autant absentes des banlieues et des centre urbains.
  • Pluralistes, elles savent donner la parole à tous les secteurs d’activités qui concernent de près ou de loin la vie quotidienne de leur périmètre de radiodiffusion.

La Gauche Républicaine et Socialiste, engagée passionnément pour la culture populaire, soucieuse pour les emplois menacés, attachée à la liberté d’expression, reconnaissante du maillage du territoire par ces entreprises de l’Économie Sociale et Solidaire, s’insurge de cette mesure dérisoire pour le budget de l’État mais dramatique pour ce secteur d’activités sociales et culturelles.

Si, à ce stade, la Commission des Finances de l’Assemblée nationale a refusé cette coupe budgétaire, c’est au niveau du Sénat que l’effort de persuasion et la pression sur les représentants des territoires doit porter pour faire échouer ce funeste projet s’il venait à y refaire surface.

Alertons les citoyens qui pourraient se voir privés de ce canal d’information, d’échange et de divertissement, de ces voix qui s’éteindront si nous ne les soutenons pas.

Le Musée-Mémorial du terrorisme doit assumer ses missions sans faiblesse

Alors que nous souhaiterions saluer le développement du Musée-Mémorial du terrorisme (MMT), sa première action soulève notre désarroi. La Gauche Républicaine & Socialiste désapprouve la censure que le MMT a choisi d’appliquer à certaines créations du projet « Faire face au terrorisme : l’exposition des collégiens et des lycéens » présenté depuis le 15 octobre sur son site internet.

Alors qu’aucune limite n’avait été initialement posée, les créations incluant des caricatures (« une » de Charlie Hebdo 1178 du 14 janvier 2015, dessin « Peut-on rire de tout ? » de Cabu en 2012) ont été écartées par le MMT. Dans ces conditions, enseignants et élèves d’une des classes censurées ont préféré se retirer totalement de la publication. Nous leur déclarons notre soutien et saluons la réflexion dont ils ont fait preuve en considérant l’œuvre des dessinateurs devenus victimes du terrorisme d’inspiration islamiste.

Le Musée-Mémorial du terrorisme (MMT), voulu par Emmanuel Macron et dont la mission de préfiguration est présidée par l’historien Henry Rousso, spécialiste reconnu de la Seconde Guerre mondiale et des enjeux de mémoire, « a pour vocation de rendre hommage aux victimes du terrorisme à l’échelle de la France et du monde. C’est aussi un musée d’histoire et de société, tourné vers la connaissance et la pédagogie », indique son site internet. Il ouvrira ses locaux en 2027 sur le Mont-Valérien (Suresnes) auprès du Mémorial de la France combattante.

Attachée tant à l’esprit de résistance associé au lieu prévu pour accueillir le Musée-Mémorial du terrorisme qu’au travail de mémoire et de savoir qui anime sa mission de préfiguration, la Gauche Républicaine & Socialiste demande de ne pas réitérer une telle censure. Même au motif de prémunir les participants à ses projets contre toute menace, le Musée-Mémorial du terrorisme n’a pas à bâillonner l’évocation d’une catégorie de victimes. En l’occurrence, sans prêter à cette censure l’intention de satisfaire les exigences des terroristes, le constat s’impose qu’elle s’applique à la liberté d’expression. Et cela survient la veille des commémorations de l’assassinat de Samuel Paty désigné par la rumeur à la main de son terroriste assassin pour avoir éveillé ses élèves à la réflexion sur de semblables dessins de presse. La Gauche Républicaine et Socialiste demande au Musée-Mémorial du terrorisme d’assumer sans faiblesse sa mission de mémoire des victimes et de pédagogie sur toutes les formes de terrorisme.

La liberté de dessiner et d’écrire n’a ni Dieu ni Maître

La Gauche Républicaine et Socialiste réaffirme son soutien absolu à la liberté de pensée et d’expression. Les menaces d’Al Qaïda sont donc inacceptables. Aujourd’hui la rédaction de Charlie Hebdo sait pouvoir compter sur notre solidarité sans réserve. Nous devons faire front pour témoigner de la détermination sans faille du peuple français à défendre ces valeurs essentielles de notre République. Nous appelons toutes celles et ceux qui sont attachés aux valeurs républicaines à exprimer avec force cette solidarité, sans se perdre dans des « oui, mais… » indéfendables.
Demain, comme aujourd’hui, nous serons toujours aux côtés de tous ceux et toutes celles que l’on voudra faire taire par la violence physique ou médiatique.

Loi Avia : attention danger

La liberté d’expression est une de celles qui font la France. Notre République repose sur la reconnaissance du droit de tous les citoyens à s’exprimer sur un sujet avec le ton qu’il souhaite.

Alors qu’elle est attaquée de toute part, que des pièces de théâtres d’Eschyle sont censurées parce que jugées racistes, que des internautes se font harceler et menacés dans la vie réelle pour s’être moqué d’une religion ou d’un dogme, que l’exigence de tous les particularismes et de tous les intolérants de faire taire ceux qui ne vont pas dans leur sens est plus forte que jamais, cette irruption de l’État dans la liberté d’expression sur internet est non seulement dangereuse, mais aussi inefficace. La place du second degré et de la caricature dans le monde de cette loi semble compromise. Une fois que le ver de la censure est dans le fruit d’internet, quelles limites seront fixées ? Les caricatures seront-elles considérées comme un acte de haine ? La critique irrévérencieuse du Président de la République sera-t-elle interdite, censurée et les utilisateurs interdits d’accéder aux réseaux sociaux ? Pour l’instant non, mais les dispositions de la loi, et notamment la possibilité pour la police de réclamer la suppression d’un contenu en une heure aux plateformes de réseaux sociaux laisse craindre des dérives de libertés publiques.

Au nom de la lutte, nécessaire, contre le racisme, l’homophobie et les discriminations de tout ordre, le gouvernement brade la liberté d’expression et prépare un internet sous contrôle, mettant en danger l’ensemble des libertés publiques : il faudra désormais passer par un juge pour rétablir un contenu jugé haineux. La loi Avia prévoit la fin de la séparation des pouvoirs, en autorisant unilatéralement la Police à réclamer la suppression de contenus.

La haine sur internet ne provient pas d’internet. Cacher le problème en affaiblissant l’État de droit en donnant des pouvoirs de censure exceptionnels à la police n’est pas la solution. Cette loi ne combat pas le racisme, mais l’expression du racisme. Les propos abjects qui peuvent se développer sur les réseaux sociaux ne justifient en aucun cas cette loi excessive, et vraisemblablement inefficace. Le racisme et la haine se combattent en investissant dans l’école et dans la lutte contre les inégalités sociales. Les néolibéraux jugeant l’école publique trop coûteuse et les inégalités sociales motivantes, il ne leur reste qu’à brider internet pour masquer le résultat des injustices et de l’obscurantisme que cela génère. La Gauche Républicaine et Socialiste regrette l’adoption de la loi Avia, et souhaite que de vrais moyens soient alloués à la lutte contre la haine.

Liberté d’expression

La GRS rappelle son attachement à la liberté de critiquer les religions et apporte son soutien à la lycéenne menacée de mort

Le 19 janvier, une lycéenne a publié une vidéo dans laquelle elle critiquait fortement l’Islam, tenant des propos que d’aucuns ont considéré blasphématoires. Elle vit depuis un enfer, ponctué de menaces de viol, d’appels au meurtre et d’insultes homophobes. Son identité et son adresse ont été révélés, et elle vit confinée chez elle depuis pour fuir les menaces sur son intégrité physique.

La situation qu’elle vit est scandaleuse et révoltante. En République Française, la mise en cause des religions n’est pas un délit. N’importe qui peut publiquement critiquer une religion, bafouer les dogmes établis, et tenir des propos, fussent-ils vulgaires et insultants, qui dénigrent des croyances. Le sacré ne regarde que celui qui croit, et cette liberté est une composante non négociable de la liberté d’expression. Qu’une mineure soit prise dans une cabale pour l’avoir exercée est d’autant plus monstrueux. Des sanctions exemplaires doivent être adressées à ceux qui, au nom du paradis, ont fait de sa vie un enfer.

Nous adressons à cette jeune fille et sa famille notre soutien , et réitérons notre attachement sans faille à la liberté de critiquer les religions, nécessaire à la vie dans une société laïque.

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.