Depuis dix ans, une population limitée à 200 000 personnes, tout à fait en bas de cette représentation graphique, a fait progresser sa part dans la masse salariale globale de 30% (Source Insee 2020). Les 1% de salariés du privé les mieux payés ont fait passer leur poids dans la masse salariale de 6 à 8 points.
Les 99% restant, la quasi totalité, sont donc passés de 94 à 92% de la masse salariale distribuée.
Ce sont ces gens à plus de 8000 euros qui ont, statistiquement, empoché l’essentiel de l’augmentation de la masse salariale globale des dix dernières années.
À 8000 euros par mois, avec une imposition fiscale qui s’est aussi allégée, on arrive rapidement à accumuler du capital liquide pour le transformer en achat immobilier. Ces 2 points de masse salariale tout à fait superflue quant au standard de vie de ces riches salariés ont alimenté ces dix dernières années la spéculation immobilière partout en France. Ces salariés complètent ainsi leur salaires avec des loyers, qui en pratique sont payés par les salariés classiques, beaucoup moins bien ou même mal payés.
C’est un second outil de concentration du capital.
Enfin, ces salariés sont généralement cadres supérieurs dirigeants, intéressés aux résultats de l’entreprise, ou associés, par des stock options ou des plans d’épargne en action, à ses dividendes. Ce sont eux qui décident d’ailleurs tant des grilles salariales, que du montant des dividendes. Plusieurs études officielles démontrent que les mesures fiscales de soutien de l’offre, CICE, pacte de compétitivité, suppression de l’ISF et des taxes financières, ont d’abord alimenté une extraordinaire progression des dividendes. En comparant les chiffres de Forbes, de l’Insee et de Statista, on peut conclure qu’en 2019 la France avait consacré au coût du capital, par la rémunération des actionnaires, 56 milliards d’euros de plus que … l’Allemagne.
Voilà sans doute aussi l’un des plus gros poids pesant sur la compétitivité : la rapacité cupide des élites.
La question du pouvoir d’achat des Français est donc consubstantielle à la structure même du capital privé. Notre priorité doit être de renverser cette logique, en modifiant la répartition de la masse salariale et sa correction par la redistribution, une véritable culture économique qui ne favorise pas l’enrichissement de quelques uns, mais la production de biens et services nécessaires à la sécurité sanitaire et climatique, à la prospérité nationale, la fiscalisation des plus riches, la fin de la politique fiscale de l’offre et des crédits impôts, bref, l’idée de remettre l’économie au service du peuple.