Nouvelle Calédonie : Troisième référendum et toujours l’incertitude

Ce dimanche 12 décembre, les néo-calédoniennes et les néo-calédoniens ont été appelés aux urnes pour le troisième référendum d’indépendance du territoire. C’est avec un résultat de 96,5% et un taux d’abstention record (plus d’un électeur sur deux) que le «non» à l’indépendance a remporté ce scrutin.

C’est donc la troisième fois que le camp dit des « loyalistes » remporte un référendum (avec 56,7 % puis 53,3 % pour les deux premiers suffrages) prévu à l’origine par les accords de Nouméa de 1998. Cependant, cette nouvelle victoire ne signifie pas pour autant que la majorité des habitantes et des habitants de l’archipel sont favorable au maintien de l’archipel « au sein de la République Française». Il suffit de considérer les appels des responsables indépendantistes pour la tenue d’un nouveau référendum alors qu’au dernier scrutin, l’écart entre le « oui » et le « non » s’était rétréci.

Les principaux partis indépendantistes avaient appelé au boycott de ce troisième référendum dont la date avait été fixée contre leur avis au 12 décembre 2021 par le ministre des Outre Mer : à leur désaccord sur le calendrier s’était ajoutée l’arrivée violente et brutale de la crise sanitaire alors que la Nouvelle Calédonie avait été jusqu’alors épargnée par le COVID 19. Les populations mélanésiennes ont été particulièrement frappées, la campagne référendaire a été réduite à portion congrue et de manière accessoire les responsables politiques Kanaks dénonçaient également l’impossibilité de respecter les rites funéraires… La tension latente fait bien peser un risque sur l’avenir de l’archipel où d’importants renforts de gendarmes mobiles ont été envoyés.

Si les « Loyalistes » vont défendre la portée de l’écrasant 96,5 %, d’une certaine manière, les indépendantistes ont eux aussi remporté leur pari : alors que les référendums de 2018 et 2020 avaient connu une participation de 81 % et de 85,7 %, le scrutin d’hier n’a fait se déplacer que 43,9 % des électeurs néo-calédoniens. Voilà de quoi mettre en doute la portée politique à moyen et long terme du résultat et plonger l’archipel dans une période d’incertitude institutionnelle puisque le statut provisoire de la Nouvelle-Calédonie doit bientôt prendre fin.

Pour rappel, en cas d’indépendance, les conséquences pour l’archipel et la République Françaises auraient été :• institutionnelles avec un droit interne qui aurait été révisé, des traités internationaux, conclut par la France, qui ne se seraient plus appliqués aux néo-calédoniens, la perte de la citoyenneté européenne et des « avantages » en liens et la mise en place d’un processus de transition avec des inquiétudes sur le sort de celles et ceux qui ne voudraient pas vivre dans un nouvel « État Calédonien ». Par ailleurs, qu’une victoire du « oui » aurait eu pour effet d’alimenter des velléités d’indépendance dans d’autres territoires ultramarins comme les Antilles, qui connaissent en ce moment une situation politique, économique, sociale et pandémique très compliquée. • économiques sachant que la République française transfère environ 1,5 milliard d’euros chaque année à ce territoire de 271 407 habitants pour financer la fonction publique ou encore des activités minières ;• géographiques avec la perte de près d’1,4 millions de km² (14 %) de surface maritime et d’un ancrage géoéconomique – sachant que s’y trouve 20 % des réserves mondiales de nickel -, géopolitique et géostratégique dans le Pacifique alors que d’autres grandes puissances tentent d’y étendre leur influence. 

Le « non » à l’indépendance a pour résultat une nécessaire amplification des transferts de compétences de l’État au pouvoir local et, normalement, le retrait de la Nouvelle-Calédonie sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser de l’ONU. Bien évidemment tout cela dépendra du gouvernement français.

La Gauche Républicaine et Socialiste invite le gouvernement de la République française à tout mettre en œuvre enfin d’apaiser les tensions qui pourraient émaner de ce résultat, remettre du lien entre les néo-calédoniens au sortir de ce référendum qui aura créé une fracture au sien de la collectivité, permettre au territoire de gommer ses écarts de développement avec la France Hexagonale, repenser plus largement la manière dont sont administrées nos populations des Outre Mer à des milliers de kilomètres et enfin assurer l’indivisibilité de la République. C’est également un enjeu géopolitique déterminant car les appétits chinois dans cette partie du monde sont particulièrement aiguisés.

Les prochains mois resteront cruciaux alors que des contestations se font entendre depuis dimanche.

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