Les voleurs du temps

À propos de l’âge de la retraite : le Medef et La République en Marche expliquent à longueur de plateaux que « puisqu’on vit plus vieux, on doit travailler plus longtemps ».

Or, cela n’est plus vrai. La décennie 2010-2020 a vu un tassement très net de l’allongement de l’espérance de vie, comme le souligne cette note Insee de 2019 sur la période 1970-2018. Les premières années de la décennie 2020-2030, marquées par la surmortalité de la pandémie, n’ont pas corrigés ce phénomène.

Cela est d’autant mensonger que déjà, depuis les réformes des retraites sous Sarkozy, la durée de la vie à la retraite des Français a perdu en moyenne une année. Rappelons que ce qui arrête la durée de vie à la retraite est définitif : c’est la mort.

Nous avons donc une population qui en moyenne part plus tard, alors que son espérance de vie se tasse. Chaque année de vie à la retraite perdue ne peut être rendue à ceux qui l’ont perdu : ils sont morts. Les classes populaires sont les grandes perdantes de ces opérations.

Ce que les « progressistes » en réalité disent, c’est ceci : l’espérance de vie des riches progresse plus vite que celle des classes pauvres et moyenne. Elles doivent avoir le droit de jouir de leurs bonnes positions, où elles exercent le pouvoir, reçoivent rétributions symboliques et financières, aussi longtemps qu’elles le souhaitent.

Empêchées de travailler et de jouir autant par le grand âge, elles se feront financer celui-ci par la mort anticipée et la réduction de la durée de vie de leurs retraites des Français moyens.

Le Medef et La République en Marche veulent voler du temps de vie aux Français pour le concentrer, comme les richesses produites collectivement, sur les plus riches.

Et c’est bien l’esprit des réformes annoncées du temps de travail.

La République en Marche vole le temps de vie pour que les Français ne puissent jouir de leurs vies, dont seules les classes favorisées doivent pouvoir jouir.

C’est cela qu’il faut dénoncer.

Notre système agricole doit être impérativement révisé en lien avec les agriculteurs

Anthony Gratacos, conseiller départemental de Seine-et-Marne et secrétaire général de la GRS, était l’invité de la matinale de RT France ce mardi 25 janvier 2022. Il débattait avec Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président (UDI) du conseil régional d’Ile-de-France.

Ils ont abordé les questions d’actualité avec le démarrage lent de la campagne pour l’élection présidentielle et l’inévitable candidature d’Emmanuel Macron, qu’il déclarera le plus tard possible comme cela a été le cas pour ses prédécesseurs en situation de se représenter. A propos d’un président sortant qui n’a pas été capable de se représenter, le flou entretenu par François Hollande sur son éventuelle candidature a été rapidement évacuée avec l’attention suffisante qui convenait à cette « information ».

Un débat beaucoup plus sérieux s’est engagé ensuite sur notre système agricole, la chaîne RT France relayant largement les propositions des candidat(e)s de droite conservatrice ou extrême… Anthony Gratacos a insisté sur la nécessité d’une révision profonde de notre modèle agricole, qui doit à la fois assurer des revenus suffisants aux agriculteurs (ce qu’il ne fait pas), produire massivement des produits de bonne qualité (ce qu’il ne fait pas assez), entamer sa révolution écologique et mettre un terme à une souffrance au travail des exploitants agricoles qui conduit à plusieurs centaines de suicides par an. Il faut engager le débat rapidement et travailler en premier lieu avec les principaux concernés : les agriculteurs, les paysans…
Les propositions de la GRS sur ce dossier sont accessibles en ligne : https://g-r-s.fr/pour-une-planification-des-systemes-agricoles-et-alimentaires/

La vidéo est également disponible sur notre chaîne YouTube : https://youtu.be/ciAbQo7eqPU

Sahel : les démocraties locales peuvent-elles résister à la crise djihadiste ?

La confusion règne à Ouagadougou où diverses sources, relayées par RFI, indiquent que le président burkinabè aurait été arrêté par des militaires, après qu’une mutinerie se soit déclenchée dans la nuit de samedi à dimanche dans le camp militaire Sangoulé Lamizana, à Gounghin, dans la périphérie de Ouagadougou.

Malgré des démentis du gouvernement officiel, le président Roch Marc Christian Kaboré aurait été arrêté par les mutins, selon l’AFP et RFI. RFI précisait ce matin qu’au regard des dernières informations dont elle disposait, des militaires se seraient rendus ce dimanche soir à la résidence privée du président pour l’emmener « vraisemblablement dans une caserne militaire dans laquelle se trouve une prison » où il serait désormais détenu.

Les premiers tirs ont éclaté dans la nuit de samedi à dimanche au camp militaire Sangoulé Lamizana, à Gounghin, dans la périphérie de Ouagadougou. Dimanche matin, plusieurs dizaines de soldats, kalachnikov à la main, sont sortis de leur caserne, tirant en l’air, et ont bloqué l’accès au camp Sangoulé-Lamizana. Des tirs nourris ont également été entendus au camp Général-Baba-Sy et à la base aérienne de Ouagadougou, ainsi que dans une caserne de la ville de Kaya, dans le centre-nord du Burkina Faso. Dans un communiqué publié dans la matinée, le gouvernement, qui a confirmé ces tirs, a toutefois démenti « une prise de pouvoir par l’armée » et assuré que les institutions n’étaient pas menacées « pour le moment ». Un couvre-feu a été instauré de 20 heures à 5 h 30 « jusqu’à nouvel ordre » sur toute l’étendue du territoire. Tous les établissements scolaires du pays sont également fermés jusqu’au mardi 25 janvier « pour préserver la sécurité des élèves et des enseignants ».

Mutinerie ou Coup d’État ?

Dans les casernes, la colère ne cessait de monter depuis l’attaque d’Inata, mi-novembre 2021 dans le nord du pays, dans laquelle 53 gendarmes avaient été tués, le massacre le plus sanglant à ce jour contre l’armée. Le 11 janvier, une dizaine de militaires burkinabès et cinq civils avaient été arrêtés et accusés de fomenter un coup d’État contre M. Kaboré.

Au-delà du simple « mouvement d’humeur » de militaires, des rumeurs de coup d’État circulaient après la mutinerie, une mutinerie motivée par la colère face à l’impuissance des autorités à endiguer les violences dans un pays où les attaques terroristes ont fait plus de 2 000 morts et 1,5 million de personnes déplacées en six ans.

Samedi 22 janvier, des centaines de personnes étaient descendues dans les rues de la capitale et dans plusieurs villes du pays, malgré l’interdiction des marches, pour dénoncer « l’incapacité » du président à gérer la crise sécuritaire. A Ouagadougou, les manifestants avaient tenté d’ériger des barricades, avant d’être dispersés. Plusieurs jeunes, dont des leaders de la mobilisation, avaient été arrêtés.

Les objectifs précis des mutins n’ont pas été communiqués… selon des témoignages locaux, rapportés par les correspondants de la presse française, plusieurs affirment être sortis pour exprimer leur colère face à « l’incapacité » du chef de l’État à venir à bout des attaques terroristes, de plus en plus meurtrières, ces derniers mois : « Nous n’en pouvons plus, le président ne tient plus le pays, nos camarades meurent chaque jour au front ».

Il est difficile de déterminer s’il s’agit d’une action planifiée et coordonnée ou si les mutins ont profité d’une forme de désorganisation de l’État burkinabè pour réaliser un coup de main « opportuniste » qui leur a offert la maîtrise de la personne même du chef de l’État.

Il est également possible que la mutinerie réponde aux aspirations de quelques catégories de la population de la capitale. Dimanche, une centaine de manifestants se sont rassemblés à l’entrée du camp Sangoulé-Lamizana pour exprimer leur soutien aux mutins : « Les militaires au pouvoir ! », clamaient certains, « Nous voulons un régime de transition comme au Mali et le départ de la France au Sahel » expliquait un participant à un barrage devant l’échangeur de l’Ouest, où des jeunes avaient érigé des barricades de pierres et de pneus brûlés. Des groupes de personnes ont également tenté de rejoindre la place de la Nation, au cœur de la capitale, avant d’être dispersés par des tirs de gaz lacrymogène de la police antiémeute et de la gendarmerie. Au moins un manifestant a été blessé par une balle perdue. Plus tard dans la journée, des partisans des militaires mutins ont incendié le rez-de-chaussée du siège du parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), à Ouagadougou – alors même que depuis plusieurs semaines le torchon brûlait entre le président et son parti. Dans la journée, plusieurs journalistes ont été pris à partie par des manifestants et des soldats mutins, avant d’être relâchés 30 mn plus tard.

Dans un enregistrement audio transmis à la presse, un des leaders de la mutinerie, qui n’a pas voulu donner son nom, liste six revendications, notamment « le remplacement » du chef d’état-major général des armées, de l’armée de terre et du directeur général de l’Agence nationale du renseignement, « des moyens adaptés à la lutte et des effectifs conséquents », une « revalorisation » des forces et « des unités constituées permanentes » sur le terrain.

Une autre rumeur insistante fait état d’une tentative de libération du général Gilbert Diendéré, ex bras du dictateur Blaise Compaoré, condamné à vingt ans de prison ferme et actuellement en détention à la maison d’arrêt et de correction des armées, située au camp Sangoulé-Lamizana, pour une tentative de putsch en 2015 et actuellement jugé pour son rôle présumé dans l’assassinat du regretté ancien président Thomas Sankara, en 1987. Cependant RFI indiquait ce matin qu’aucune information ne permettait de pouvoir dire que le général Diendéré aurait été libéré par les mutins.

À midi on apprenait que le président de l’assemblée (Alassane Bala Sakandé) et des ministres seraient aussi aux arrêts selon l’agence France presse, alors que selon la correspondante du journal Le Monde au Burkina Faso, un groupe de manifestants convergeaient vers la place de la Nation, à Ouagadougou, en chantant l’hymne national en soutien aux soldats mutins.

La suite des évènements est incertaine. Une déclaration est attendue dans les prochaines heures. Le siège de la radio-télévision publique est d’ailleurs bouclé par des soldats encagoulés avec armes lourdes et blindés, tandis que la RTB continue de diffuser un documentaire animalier. On ne connaissait toujours pas à 13h avec certitude l’identité des leaders de ce qu’il faut bien appeler un putsch. Nous n’avons pas pu contacter nos amis politiques au Burkina Faso : après le blocage de l’accès à Facebook, la connexion Internet mobile a été suspendue dans la journée de dimanche, sans aucune précision des autorités.

Effet domino ?

Les capitales européennes redoutent un scénario à la malienne, avec la prise du pouvoir par les militaires au Burkina Faso, un pays qui a connu par le passé plusieurs coups d’État et tentatives de putsch. Dans un communiqué, le président de la commission de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a dit suivre « avec une grande préoccupation » la situation et a appelé au calme, tout en demandant « aux militaires de demeurer dans une posture républicaine et de privilégier le dialogue avec les autorités ».

Rappelons le scénario malien : Le 18 août 2020, le même groupe de cinq colonels, dirigé par Assimi Goïta, avait contraint le président Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK », à la démission.

Neuf mois plus tard, le scénario s’était reproduit avec le président de transition Bah N’Daw et son premier ministre Moctar Ouane. Le coup d’État était à nouveau perpétré par le colonel Assimi Goïta, commandant des forces spéciales devenu entre-temps vice-président. Cette fois, il n’a fallu que l’annonce d’un nouveau gouvernement, dont étaient exclus deux de ses proches, pour que Goïta renverse le pouvoir qu’il avait installé en 2020 et décide cette fois-ci d’être proclamé chef de l’État.

L’histoire semblait bégayer et la communauté internationale avait à nouveau fait part de son inquiétude mais sans pouvoir y faire grande chose. Le 30 mai, Emmanuel Macron avait menacé de retirer les soldats de la force « Barkhane ». Le même jour, après quatre heures de réunion au Ghana, les chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest avait suspendu le Mali de leurs instances, et demandé la nomination d’un premier ministre civil, mais sans imposer de sanctions.

Trouver une posture politique efficace au Mali devient de plus en plus complexe pour la France, les voisins de ce pays et la communauté internationale. En effet, la guerre contre les djihadistes est loin d’être gagnée comme le démontre à nouveau la mort d’un Un militaire français, Alexandre Martin, samedi 22 janvier, au Mali dans une attaque au mortier du camp militaire de l’opération « Barkhane » à Gao. Mais c’est toute la stratégie militaire et politique qui est aujourd’hui en question : le nouveau pouvoir malien (au-delà des rivalités politiques internes à la scène politico-militaires locales) reproche à la France de s’enfermer et d’avoir enfermé le pays avec lui dans une vision manichéenne du conflit qui conduit à considérer tout belligérant comme djihadiste, sans mesurer d’éventuelles possibilités de négociations avec des forces « nordistes » alliées aux islamistes « par la force des choses ».

Ainsi au Mali, comme au Burkina Faso, la démocratie semble tomber tout à la fois sous les coups de l’inefficacité (et parfois de la corruption) des élites politiques locales, l’incapacité à assurer la sécurité face aux attaques djihadistes et aux attentats et du rejet de la France, de sa présence militaire et de sa stratégie géopolitique au Sahel.

Dans ces conditions, la Gauche Républicaine et Socialiste ne saurait que trop conseiller à l’exécutif français de ne pas ajouter de l’huile sur le feu de la situation politique locale en multipliant les coups de menton sans lendemain comme il l’avait fait fin mai 2021 à Bamako et de se concentrer sur la seule sécurité des ressortissants français et franco-burkinabès, le temps que la situation se clarifie.

Emmanuel Macron à Strasbourg : Un exercice d’autosatisfecit malvenu

Hier, les députés européens ont pu assister à la présentation par Emmanuel Macron des priorités qui guideront la Présidence française du Conseil de l’Union européenne.
De ce discours et du jeu de questions-réponses qui l’a succédé, la plupart des observateurs ont surtout relevé les polémiques autour du calendrier de cette présidence qui la place en plein cœur de l’élection présidentielle. Son décalage – c’est ce que l’Allemagne avait fait en 2006 en invertissant sa présidence avec la Finlande pour éviter toute interférence avec ses élections – aurait permis au prochain Président, quel qu’il soit, de se focaliser pleinement sur ce moment important. Cela n’a pas été le choix de l’exécutif français. Nous ne pouvons que le regretter.

Mais sur le fond, la prise de parole d’Emmanuel Macron a surtout laissé un arrière-goût d’autosatisfecit amer. Sur plusieurs thèmes essentiels, ce discours n’a pas été à la hauteur. Évidemment, dire que nous attendions de la part du locataire de l’Élysée qu’il prenne subitement conscience des enjeux serait mentir. Cependant il fut des discours qui ont marqué l’hémicycle de Strasbourg et forcé le respect des parlementaires européens, qu’ils soient d’accord ou non avec le dirigeant qui s’exprimaient devant eux ; force est de constater que le discours d’hier n’était pas de ceux-là et c’est une nouvelle fois regrettable.

Emmanuel Macron a tout d’abord appelé à actualiser la Charte des droits fondamentaux de l’Union pour la rendre « plus explicite sur la reconnaissance du droit à l’avortement ou sur la protection de l’environnement ». Exercice louable mais en contradiction avec le vote, la veille, des députés européens de son propre parti en faveur d’une Présidente du Parlement européen qui n’a jamais caché ses positions anti-IVG.

Ensuite, alors que la pandémie de Covid-19 a mis en évidence les dépendances d’une Europe qui se voit encore uniquement comme un supermarché, Emmanuel Macron est resté dans une conception mercantile désuète.
Il s’est satisfait d’un plan de relance européen modeste largement en deçà des besoins des États membres et qui ne correspond qu’à la moitié du plan voté dans un consensus généralisé par le Parlement européen auparavant. Nous sommes loin du choc de relance espéré par les Européens.
Il n’a pas fermé la porte au projet d’accord d’investissement avec la Chine, faute politique à l’encontre des emplois européens et morale au regard de l’attitude de Pékin à Hong Kong ou vis-à-vis des Ouïghours. Le Président aura beau vanter autant qu’il le voudra le concept d’« autonomie stratégique européenne », accepter cet accord serait aggraver la dépendance de l’Union Européenne à la Chine.
Enfin, il n’a pas évoqué ni les déséquilibres économiques qui s’accroissent entre les États membres de l’Union, ni la question du dumping fiscal et social notamment à travers la question du travail détaché.

Ce discours aurait pu être l’occasion de donner un nouveau souffle à une Union européenne emplie de doutes. Cet objectif n’a pas été tenu.

Ne sacrifions pas EDF sur l’autel de la concurrence

Jeudi 13 novembre, la Ministre de l’environnement Mme Barbara Pompili a annoncé une sévère augmentation de la part de l’énergie nucléaire devant être vendue à prix cassés aux distributeurs privés.

La volonté forcenée de la commission européenne et du gouvernement Macron de livrer le secteur de l’énergie aux forces du marché se traduit par des absurdités comme seul le néolibéralisme des technocrates de la commission européenne et de Bercy en est capable. EDF va être contraint de vendre à 46,2€/MWh une part si importante de l’électricité qu’elle produit qu’elle n’en disposera plus suffisamment pour répondre aux demandes nées de ses contrats en tant que distributeur. Elle devra donc racheter sur le marché privé de l’électricité à 300€/MWh, la même qu’elle aura vendue plus de six fois moins cher.

La perte estimée pour 2022, plus de 8 milliards d’euros, n’est ni plus ni moins que du sabotage de service public. L’excuse donnée par le gouvernement, celle de contenir la hausse du prix de l’électricité, ne tient pas. Les causes de la hausse du prix de l’électricité ne se trouvent pas en France, mais dans nos pays voisins. La flambée du coût des matières premières, gaz comme pétrole, a sévèrement renchéri le prix de l’électricité dans les pays comme l’Allemagne qui utilisent ce mix énergétique. Le mix énergétique français, combinant renouvelable et nucléaire, est théoriquement épargné par la volatilité des prix des matières premières (le combustible nucléaire ne pesant que très peu dans le coût lié à la production d’électricité). Dans les faits cependant, du fait des interconnexions électriques avec les pays voisins, la hausse du coût de l’électricité chez eux se répercute par une hausse du prix chez nous.

Or, les hauts fonctionnaires européens et de Bercy voulant à tout prix introduire de force la concurrence dans le marché de l’électricité, ils ont contraint depuis des années EDF de céder à prix coûtant une partie de l’énergie qu’elle produit à ces distributeurs privés. Ces derniers bénéficient donc des mêmes conditions de vente qu’EDF, sans avoir à assumer les coûts liés aux investissements pour la produire. A la clef, aucune baisse de la facture pour les Français, mais des profits pour les actionnaires privés.

Le groupe EDF est le seul à assumer les risques industriels liés à la production d’électricité. Il se retrouve aussi le seul à devoir assumer les risques financiers, alors que les profits sont confisqués par des entités privées n’ayant aucune vocation de service public.

La production d’une électricité pilotable et décarbonée est un atout majeur de la France, que nous devons préserver. Dans le domaine énergétique, les sources d’approvisionnement fossiles posent de sérieux problèmes.

Or, le mot « pétrole » ne figurait même pas en avril 2021 dans la feuille de route de la Commissaire européenne à l’Énergie, alors qu’il s’agit de la première énergie consommée en Europe, et de la première source d’émission de dioxyde de carbone sur le continent ! C’est d’autant plus incroyable que nous sommes déjà en stress d’approvisionnement pétrolier et que ce stress va s’amplifier. Le Shift Project, groupe de réflexion fondé et présidé par Jean-Marc Jancovici, a accès à une base de données très précise de tous les gisements de pétrole dans le monde, et la conclusion tirée de ces chiffres est très claire : l’approvisionnement pétrolier de l’Europe va continuer à décliner à l’avenir, comme il le fait depuis 2006, et nous ne sommes pas du tout prêts à gérer cette situation.

Ce sera la même chose pour le gaz : alors que certains rêvent de remplacer le nucléaire par une combinaison d’énergies renouvelables et de centrales à gaz, nous ne sommes pas du tout sûrs de disposer des approvisionnements nécessaires en gaz.

Notre souveraineté en matière d’énergie renouvelable est très imparfaite. Avec le photovoltaïque et l’éolien, il y a eu la tentative de faire émerger des filières industrielles nouvelles, mais qui n’ont pas fonctionné. Actuellement, la quasi-totalité des panneaux solaires viennent de Chine, de même pour les éoliennes dont la production y a été délocalisée par les grands industriels européens.

La France avait un opérateur intégré efficace, de la construction des centrales à la distribution du courant, qui délivrait une électricité à bas prix, sans coupure de courant, et qui contribuait au solde exportateur de la France. Nous avons délibérément cassé cet outil au nom d’une concurrence vue comme l’alpha et l’oméga, quel que soit son secteur d’application. Malheureusement, il était prévisible que le découpage d’EDF aboutirait à l’exact inverse du résultat désiré : c’est lié à la nature particulière de l’électricité, et notamment son caractère non stockable.

S’est ajoutée à cela la pression antinucléaire allemande, qui s’est diffusée en Europe, et a débouché sur une pression « pro-énergies renouvelables électriques », qui explique le choix du photovoltaïque et de l’éolien. Mais il faut bien comprendre qu’en faisant cela, nous avons augmenté nos importations, puisque les composants de ces génératrices viennent de Chine. En France, nous avons dégradé notre balance commerciale au profit de la Chine sans procurer le moindre avantage pour les consommateurs et les citoyens français. Dans les pays qui économisent un peu de gaz et de charbon avec l’essor des énergies renouvelables, le déficit commercial reste une réalité, mais au moins ils limitent les émissions de dioxyde de carbone, ce qui n’est pas notre cas.

Le nucléaire est une filière de très long terme, ce qui veut dire que c’est un domaine étatique par construction. D’ailleurs, les nouveaux champions mondiaux du nucléaire sont des États forts : la Chine et la Russie. On ne fait pas de nucléaire de manière sérieuse dans un pays sans un État planificateur et constant. Le Royaume-Uni en a fait la démonstration magistrale par l’absurde : il a laissé le secteur privé gérer le système à ses frais et à ses risques et périls, avec concurrence partout et sans aucun cadre. Résultat : aucun renouvellement de centrale. Il a fallu que l’État intervienne de manière directe (avec des prix, du capital et des risques garantis) pour que le nucléaire redémarre.

La France prend malheureusement un chemin identique à celui des Britanniques. Notre « laisser faire » s’appelle le « stop and go », et la concurrence à l’aval raccourcit les horizons de temps. On ne décide pas d’une stratégie nucléaire, qui peut nous engager pour un siècle, sur la base des prix du marché de la semaine dernière ! En France, l’État a directement souhaité l’affaiblissement du nucléaire, d’une part en le présentant comme un ennemi dans nombre de discours de dirigeants politiques, et d’autre part en ne s’opposant pas aux lubies de la Commission européenne sur la concurrence dans le domaine électrique.

Si le gouvernement français avait mis son veto absolu au démantèlement d’EDF, la France aurait pu faire reculer Bruxelles. Mais les gouvernements français, qu’ils se prétendent de gauche ou assument être de droite, ont été intoxiqués par les économistes libéraux.

Continuer à découper EDF en entreprises concurrentes ou indépendantes les unes des autres engendre trois types de risques : un risque de raccourcissement des horizons de temps, parce que la planification est plus difficile pour un ensemble d’acteurs indépendants que pour un acteur intégré ; un risque de hausse des prix, parce que le découpage impose des coûts de transaction à toutes les étapes et renchérit le prix de l’électricité in fine ; et un risque de problèmes techniques, parce que l’expertise pointue ne se décentralise pas facilement.

Nous avons un besoin urgent de retrouver notre souveraineté énergétique. La hausse des prix chez nos voisins ne peut pas, ne doit pas avoir de conséquences sur la facture électrique de nos concitoyens. Notre mix énergétique décarboné doit aussi être défendu à tout prix. Enfin, les investissements massifs à réaliser dans le nucléaire et le renouvelable doivent être supportés par une seule entité monopolistique si l’on veut éviter la faillite ou l’explosion des prix. Tout cela implique la reconstitution d’un pôle public de l’énergie, entièrement nationalisé et administré. Les illusions des gourous du néolibéralisme et les inefficacités qu’elles entraînent sont trop graves pour que nous laissions faire.

La Gauche Républicaine et Socialiste soutient les mouvements de grève des 11 et 13 janvier 2022

La Gauche Républicaine et Socialiste s’associe à la mobilisation inédite des syndicats du service public des 11 et 13 janvier.

Alors que le gel du point d’indice maintient les revenus des enseignants, des personnels scolaires et des soignants parmi les plus bas d’Europe, l’amateurisme gouvernemental sur la gestion de la crise du Covid-19 dans les écoles a amené la totalité des organisations syndicales du monde de l’éducation à appeler à la grève le 13 janvier, tandis que les promesses non tenues sur la préservation de l’hôpital public et la revalorisation des revenus des personnels hospitaliers ont entraîné un appel à mobilisation le 11 janvier.

Entre l’annonce des mesures de protection sanitaire la veille de la rentrée à 20h, le mépris affiché envers les enseignants et les soignants absents pour cause de Covid qualifié d’absentéistes et le renvoi de la question, essentielle, des détecteurs de CO2 et des purificateurs d’air aux collectivités locales, le gouvernement a démontré une énième fois son indifférence à l’égard des piliers de la République que sont l’école et l’hôpital et de ceux qui la font vivre.

Après deux ans de pandémie mondiale qui ont eu de lourdes conséquences sur la santé mentale des élèves et des soignants, la protection de ces derniers, des professeurs et des personnels enseignants aurait dû être la priorité absolue du gouvernement. Ayant encore une fois négligé la négociation avec les organisations représentatives et agi avec autoritarisme jupitérien, ce dernier a exacerbé l’épuisement des deux premiers services publics de la République, l’école et l’hôpital.

La Gauche Républicaine et Socialiste partage le sentiment d’injustice et de colère qui anime le monde enseignant et hospitalier, et soutient les grèves des 11 et 13 janvier.

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.