Les dépistages dans les écoles doivent être réalisés par des professionnels

Le Gouvernement a lancé le recrutement de « Médiateurs de lutte anti-Covid ». Il s’agit d’agents contractuels recrutés au niveau bac et payés au SMIC horaire qui seront chargés entre autres de la réalisation des tests de dépistage anti-covid. Alors que la pandémie frappe notre pays depuis plus d’un an, c’est un nouvel exemple du fait que le gouvernement continue de traiter la situation sanitaire avec légèreté.

Emmanuel Macron, Jean Castex et Bruno Le Maire parlent toujours, comme il y a un an, de soutenir l’économie « quoi qu’il en coûte ». Cet argent public n’est visiblement pas suffisamment disponible pour faire progresser la sécurité sanitaire. Ainsi, le gouvernement souhaite que les dépistages dans les écoles soient réalisés par des personnels contractuels sans qualification médicale préalable. Cet incroyable mépris illustre le mensonge d’un gouvernement qui a osé prétendre avoir pour priorité la jeunesse.

La Gauche Républicaine et Socialiste demande le retrait de ces offres de recrutement et la réalisation des tests de dépistages par des personnels ayant des qualifications médicales.

Emmanuel Macron déclarait en avril 2018 qu’il n’y a pas d’argent magique. La crise exceptionnelle que traverse notre pays l’a amené à revoir sa position. Maintenant que le Gouvernement a retrouvé son chéquier, il doit prendre au sérieux la santé des Français, la santé et l’avenir de nos enfants.

L’affaire de Strasbourg démontre l’absurdité des statuts locaux d’exception

Nous déplorons que la majorité municipale de Strasbourg ait voté une subvention de plus de 2,5 millions d’euros pour le projet de mosquée portée par le Comité Islamique du Milli Gorus (CIMG).
Si le droit local d’Alsace-Moselle autorise ce genre de subvention, elle n’a aucun caractère obligatoire. Cette affaire témoigne qu’il est temps enfin que l’Alsace et la Moselle entrent dans le régime commun de notre République une et indivisible. Les spécificités de type concordat et droit local ne peuvent qu’encourager le flou là où notre époque exige de la clarté dans le rapport des pouvoirs publics aux cultes. A contrario, certaines dispositions sociales du droit local (héritées de la législation Bismarck…) mériteraient d’être étendues à l’ensemble du territoire de la République. Il faut donc retrouver un cadre commun à tous.
Il n’est en aucun cas acceptable que de l’argent public participe au financement d’une opération portée par un organe de l’islamisme politique. Le CIMG, et son volet politique le Parti Égalité et Justice (PEJ), sont les proues avancées d’Erdogan en France. En prônant un « moratoire sur la laïcité » et l’adaptation de la loi de 1905, mais aussi l’abrogation de la loi de 2004 sur les signes religieux ostentatoires à l’école et celle de la loi de 2010 sur le port de la burqa, le CIMG et le PEJ sont des adversaires dangereux de notre République. Ils doivent donc être traités comme tel. A ce titre, le réveil tardif et opportuniste du ministre de l’intérieur ne peut que nous interroger ; en effet alors que le caractère politique et sectaire (notamment le fait de prôner le port du voile chez les très jeunes filles) de cette organisation est connu depuis de nombreuses années, elle n’a jamais fait l’objet d’un signalement particulier du ministère de l’intérieur. Le gouvernement et Gérald Darmanin sont donc tout autant responsables de la situation que le municipalité dont le choix a été dénoncé par un simple tweet.
Il est temps que le gouvernement prenne ses responsabilités pour que les fonds publics ne servent plus au financement des lieux de culte.
Il est des principes avec lesquels on ne peut pas transiger.

L’Etat de droit vacille en Turquie à grands coups contre la laïcité

Le 17 mars dernier, le parlement turc a destitué un député de l’opposition HDP, un avocat connu pour sa défense des libertés publiques et son engagement contre les abus de pouvoirs du parti d’Erdogan. Cette invalidation apparaît comme le prélude à une offensive en règle contre l’HDP, la troisième formation politique du pays qui fait l’objet d’une répression implacable depuis 2016 – à la suite de la tentative du coup d’Etat manqué de juillet 2016, initié selon Erdogan par son ancien allié Fethullah Gülen (tentative de coup d’Etat tellement mal ficelée qu’on peut se demander si ce n’était pas un « coup monté »). L’AKP, parti au pouvoir, avec son allié ultranationaliste turc, réclame tout à la fois l’interdiction du HDP, la criminalisation de 600 de ses cadres et élus, et l’inéligibilité de ses militants. Ainsi un procureur a envoyé, quelques heures après cette desitution, un acte d’accusation à la Cour constitutionnelle demandant l’ouverture d’un procès pour interdire le HDP.

Le HDP est souvent décrit comme un parti « de la gauche pro-kurde », laïque, très critique des lois du capitalisme. En réalité, il rassemble des suffrages dans de nombreuses couches de la société turque, recueillant quelques 11,6% des voix aux dernières élections de juin 2018 (13,1% en juin 2015 et 10,7 en novembre 2015). Souvent pris pour cible en raison de sa base électorale très forte au Kurdistan, le HDP subit ici une campagne par amalgame.

Un tweet, une présence fortuite au même endroit, et cela suffit pour assimiler tout un parti à un mouvement considéré comme terroriste. Le pouvoir islamiste d’Istanbul accuse le HDP ses relations avec le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation inscrite sur la liste des organisations terroristes en Europe et aux Etats Unis. Posture à tout le moins hypocrite, car le FDS de Syrie – auquel participent les communistes kurdes de Syrie, liés au PKK – a été l’allié des Américains et des Européens, fournissant l’essentiel de l’effort militaire sur le terrain pour faire reculer Daesh puis le battre militairement. Bien que le FDS ait tout fait pour se distinguer nominalement du PKK, il était pour ces liens dénoncés par Erdogan la principale cible de l’invastion turque du nord de la Syrie en octobre 2019 … pendant laquelle les forces kurdes de Syrie ont été totalement lâchées par leurs alliés occidentaux.

L’annonce des projets de l’AKP et de la justice tuque, « normalisées » depuis 2016 avec des milliers de mises à pieds de juges indépendants, remplacés grâce à des nominations par le parti au pouvoir, ont déjà déclenché les condamnations de l’Union Européenne et de l’Allemagne.

La France ne s’est pas exprimée, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian refusant toute collusion apparente avec les forces communistes kurdes qui ont pourtant fait le travail contre les commanditaires des attentats de Paris en novembre 2015. D’une certaine manière, si à Paris le gouvernement français a décidé de mener un combat d’opérette contre les islamogauchistes, il semble bien qu’il ne veuille surtout pas froisser un gouvernement islamiste qui réprime des « gauchistes »… Pour Emmanuel Macron et Jean-Yves Le Drian, l’ennemi semble moins être l’islamisme que le « gauchisme ».

Pourtant au-delà de l’ironie, il nous faut dire les choses : l’AKP et Erdogan construisent leur pouvoir en s’attaquant et en affaiblissant systématiquement les gauches laïques en Turquie, qu’elles s’expriment au nom de la majorité turque ou de la minorité kurde. La création et la progression de l’AKP, comme dans d’autres pays du Moyen Orient, doit beaucoup au soutien des services secrets américains qui voyaient dans la structuration politique islamiste un outil pour contrer les gauches syndicale et politique. 90% des travailleurs turcs étaient syndiqués dans les années 1970. Les batailles symboliques, comme celles du voile, ont ouvert la voie à ce parti, ringardisant les gauches laïques. Depuis son arrivée au pouvoir, l’AKP, tout en assurant son fond de commerce sur le conservatisme moral (si certains avaient encore quelques illusions le gouvernement Erdogan a annoncé que la Turquie – après la Pologne – sortait de la « convention d’Istanbul » visant à lutter contre les violences faites aux femmes sous prétexte que cela « favoriserait les divorces »et les droits des homosexuels !?!) et le nationalisme intégral, s’est parfaitement coulé dans le costume du défenseur des intérêts des propriétaires d’entreprises. À ce titre, les difficultés économiques et monétaires que connaît la Turquie depuis plus de deux ans ne peuvent que nous conduire à considérer que cette nouvelle offensive politique autoritaire est une manœuvre dilatoire pour masquer l’impéritie économique du pouvoir AKP.

Nous ne nous laisserons pas abuser par la propagande caricaturale du pouvoir islamiste d’Istanbul. Face à la prédation économique d’une classe et d’un parti corrompu, ce sont bien les républicains kemalistes du CHP et les « gauchistes » du HDP qui représentent une alternative républicaine, démocratique et de gauche, apte à répondre aux besoins réels des citoyens de Turquie.

La Gauche Républicaine et Socialiste dénonce les menées dictatoriales d’Erdogan et ses tentatives de faire interdire le HDP. La GRS espère que les Turcs reprendront au plus vite le contrôle de leur République. La GRS apporte son soutien au CHP et au HDP dans la bataille nécessaire qui doit conduire au rétablissement démocratique de l’Etat de droit, d’une république laïque et démocratique.

150 ans après, la Commune reste une source d’inspiration incomparable


Le 18 mars 1871, le Gouvernement de « Défense Nationale » ordonne le désarmement de Paris. Partout dans Paris, des troupes s’activent pour retirer l’attirail qui permettait de défendre la capitale, encerclée par les armées prussienne et des princes allemands coalisés. Mais sur la butte de Montmartre, les ouvriers parisiens refusent qu’on leur retire les canons. Les soldats envoyés pour désarmer Montmartre reçoivent l’ordre de tirer sur les ouvriers ; ils refusent, finissent par rejoindre les ouvriers et livrer leurs officiers à la fureur vengeresse de la foule. Ainsi débute l’insurrection de la Commune.

Avec le sens de la formule qu’on lui connaît quand il se fait journaliste ou chroniqueur, Karl Marx écrivit à son propos « La plus grande mesure sociale de la Commune était son existence en actes »… Le retentissement de cet événement révolutionnaire dépasse les âges et les frontières : bien que la Commune n’ait pas grand chose à voir avec l’idéologie du fondateur de l’URSS, l’ambition de Lénine, en octobre 1917, était de durer plus que les 72 jours des communards ; on dit qu’il se mit à danser de joie dans la neige et sur une des places du Kremlin après qu’un proche lui rappela que le délai espéré était dépassé.

Ferments et origines de la Commune

Ce sont d’abord les conditions économiques et sociales, qui avec les débuts de la Révolution industrielle accélérée par le Second Empire a fait naître un prolétariat industriel massif à Paris et dans sa proche banlieue. Nous sommes encore loin des grandes usines, Paris, ses rues et coursives, entassent les ateliers qui sortent peu à peu de l’artisanat. Les rares lois sociales sur le travail sont truffées de dérogation et de toute façon ne sont pas ou peu appliquées, comme celle qui fixe à 11 heures maximum la journée de travail dans le département de la Seine. La grande pauvreté et une insalubrité effroyable sont la cause de taux de mortalité vertigineux ; la probabilité de mourir avant cinq ans, pour un enfant né dans le département de la Seine avoisine les 40 %. L’exploitation capitaliste est à son comble et la doctrine socialiste commence donc à faire des émules parmi les ouvriers de la Seine.

Mais il y a surtout et d’abord la guerre. Comme en 1793, « la Patrie est en danger » ! La France est envahie, largement occupée et Paris est encerclée. Le Peuple de Paris est porté par une mystique Jacobine héritée de la Grande Révolution. Comme de celle déclenchée par Louis XVI en 1792, le Peuple ne voulait pas de cette guerre inutile déclenchée en 1870 par un nouveau caprice du « Prince Président » qui avait renversé la République pour se faire Empereur. Mais maintenant que le danger est là et que l’oppression étrangère est aux portes, le Peuple ouvrier et ses idoles libérées par la proclamation (pleine d’arrières pensées) de la République le 4 septembre – comme Auguste Blanqui – ne peuvent tolérer que le gouvernement de « Défense nationale » ne fasse rien pour libérer le territoire. Il ne s’agit pas d’un nationalisme chauvin comme Déroulède, Barrès ou Mauras l’incarneront plus tard, ou celui institutionnalisé et mis en scène de la IIIème République en gestation, c’est le patriotisme égalitaire de 1793 et des sans-culottes. La patrie c’est la communauté elle-même, la communauté nationale, la communauté des citoyens, celle qui rend possible d’envisager la construction d’une société d’égalité et de justice, celle qui est la propriété commune de tous et non des seuls aristocrates et grands bourgeois qui se complaisent dans l’Empire ou la Monarchie.

Le déclenchement de la Commune est donc d’abord l’affaire d’un sentiment populaire patriotique puissante, son instauration est réclamée depuis plusieurs mois par les plus radicaux des Républicains parisiens, comme Jules Vallès, journaliste dont l’audience et celle de son journal Le Cri du Peuple ont cru fantastiquement depuis l’automne 1870… réclamée comme conditions nécessaire pour une levée en masse, pour une défense populaire de la Capitale qui permettra au Peuple de réussir le désencerclement de Paris et le refoulement des armées occupantes.

Le déclenchement de la Commune c’est ensuite l’histoire d’une défiance légitime des Parisiens et de leurs leaders à l’égard du gouvernement de « défense nationale ». La République du 4 septembre, proclamée par surprise et à la va-vite, a des assises très faibles ; les Républicains sont divisés depuis le lendemain même de la proclamation entre ceux qui veulent réellement la Défense nationale, ceux qui recherchent une « paix honorable » et les « radicaux » (qui ne sont pas du gouvernement) qui espèrent que la levée en masse et la libération du territoire précédera la République sociale. Le Gouvernement de « défense nationale » rassemble Républicains modérés et monarchistes (plus ou moins recyclés comme Adolphe Thiers) ; Léon Gambetta, tenant de la contre-offensive, va rapidement être isolé en son sein, après avoir quitté la capitale en ballon : Républicains modérés et monarchistes s’entendent d’autant plus pour une paix rapide que la levée en masse est nécessaire pour chasser les Prussiens et qu’ils craignent dans la foulée un nouveau Valmy, une renaissance de sans-culottes de l’An II, avec une population en armes qui pourrait alors s’en prendre aux possédants qui abusent sans vergogne. La tiédeur et la résignation devant la défaite se changent bientôt en trahison ; le gouvernement fait tout pour décourager toute tentative sérieuse de désencerclement de la Capitale. Le peuple de Paris se rend bientôt compte qu’on lui ment et qu’on le trahit alors qu’il porte sur lui les principales douleurs de la guerre et du siège. Vallès parle d’une croix pour laquelle d’innombrables Judas fournissent le clous enfoncés par de multiples bourreaux ; Blanqui écrit dans son journal La patrie en danger le 15 janvier : « le cœur se serre au soupçon d’un immense mensonge ». Il dénonce « l’abominable comédie » du Gouvernement de Défense Nationale qui refuse de donner au peuple les moyens de chasser les Prussiens. Conscient de son influence sur l’opinion, le Gouvernement de Défense Nationale le fait arrêter et mettre en prison. En tentant de désarmer, le 18 mars, Paris, ce dernier allume l’incendie révolutionnaire.

Si Communistes et Anarchistes se sont emparés – plus que d’autres encore – tout au long du XXème siècle de la mémoire de la Commune, celle-ci n’avait pas grand chose à voir avec le Communisme. L’action et les aspirations de la Commune étaient « toute empreinte de ce sentiment, vaguement socialiste parce qu’humanitaire, mais surtout jacobin », affirmait Gaston da Costa1. Mais la doctrine sociale des Jacobins était trop imprécise pour proposer à ce stade un programme économique cohérent (un des principaux reproches que fit Marx aux Communards). On peut cependant affirmer que la Commune marque une des étapes essentielles du basculement du jacobinisme au socialisme au sens large.

Réalisations et postérité

Si les Républicains ont eu tant de mal avec la Commune, c’est d’abord à cause de la mauvaise conscience et de l’hypocrisie d’une partie d’entre eux quant aux objectifs de la République, qu’ils prétendaient faire un régime de conservation de l’ordre social ; c’est pour une autre partie une sorte de complexe d’infériorité ou de syndrome de l’imposteur : pour une part, la Commune aura mis quelques semaines à réaliser ou à initier ce que la IIIème République mettra 30 ans à faire (et encore).

L’école gratuite, laïque et obligatoire pour tous est votée et des écoles sont construites. C’est l’« instruction intégrale » dont parle Edouard Vaillant2, délégué à l’enseignement, et qui était pour lui la « base de l’égalité sociale ». Une part importante de l’action des municipalités devait être consacrée à l’éducation des filles et à l’enseignement professionnel. Une école d’arts appliqués réservée aux filles sera ainsi inaugurée le 13 mai. Dernier aspect, l’augmentation et l’égalisation, le 18 mai, du traitement des instituteurs et des institutrices, la commission constatant que « les exigences de la vie sont nombreuses et impérieuses pour la femme autant que pour l’homme ».

La Séparation des Eglises et de l’Etat est également décrétée.

La Commune a également imposé des mesures d’urgence chargées de soulager la population parisienne : extension du remboursement des dettes sur trois ans, interdiction d’expulser un locataire de son logement, rationnement gratuit…

1Gaston Da Costa, né à Paris le 15 décembre 1850 , mort à Bois-le-Roi le 11 décembre 1909, était un pédagogue, militant de gauche et communard français.

2Edouard Vaillant est une des figures centrales du socialisme français en gestation. Dirigeant après la Commune du Comité Révolutionnaire Central, organisation politique des blanquistes, il sera l’un des acteurs de l’unification progressive du socialisme français qui aboutit à la création de la SFIO en 1905 et à la reprise en main par les socialistes de la CGT en 1909.

Par ses avancées concrètes en matière d’organisation du travail, la Commune mérite aussi le nom de révolution sociale. Citons l’interdiction du travail de nuit pour les ouvriers boulangers, la suppression des amendes sur les salaires (décret du 27 avril) et des bureaux de placement, véritables instruments de contrôle social sous le Second Empire. La formule de l’association des travailleurs était considérée comme le principe de base de l’organisation de la production : il ne s’agissait pas de remettre en cause brutalement la propriété privée, mais d’en finir avec l’exploitation ouvrière par la participation collective à l’activité économique. Le décret du 16 avril prévoyait à la fois l’appropriation temporaire des ateliers fermés et la fixation par un jury arbitral des conditions financières d’une cession ultérieure et définitive aux associations ouvrières ; le travail y est limité à 10 heures par jour. Afin que le salaire assure « l’existence et la dignité » du travailleur (décret du 19 mai), les cahiers des charges des entreprises en marché avec la ville devaient indiquer « les prix minimums du travail à la journée ou à la façon » (décret du 13 mai) fixés par une commission où les syndicats seraient représentés. Dans cette logique, le salaire minimum aurait pu ensuite s’imposer à tous les employeurs.

Quant au chantier judiciaire, il réclamait sans doute bien plus de temps que celui dont bénéficia le délégué à la justice, Eugène Protot. Son bilan est pourtant loin d’être négligeable : suppression de la vénalité des offices et gratuité de la justice pour tous, y compris dans l’accomplissement des actes relevant de la compétence des notaires (décret du 16 mai), élection des magistrats au suffrage universel. Concernant les libertés publiques, le langage officiel — « Il importe que tous les conspirateurs et les traîtres soient mis dans l’impossibilité de nuire, il n’importe pas moins d’empêcher tout acte arbitraire ou attentatoire aux libertés individuelles » (14 avril) — contraste avec la réalité moins glorieuse des actes commis sous le couvert de l’« ex-préfecture de police », sans parler de l’exécution des otages entre le 23 et le 26 mai 1871.

Des Jacobins aux anarchistes, il existait un objectif commun parmi les Communard : l’institution des conditions d’une souveraineté populaire concrète. Celle-ci est pensée … la Commune privilégiait comme les sections du Paris révolutionnaire et conventionnel leu mandat impératif : les élus n’étaient pas autonomes de leurs électeurs, mais constamment révocables. C’était la mise en pratique de la conviction que sans contrôle des élus par le peuple, sans implication permanente du peuple dans les affaires politiques, sans politisation permanente de la vie quotidienne, la démocratie deviendrait une coquille vide. Karl Marx y voyait un choix positif, considérant que le suffrage universel sous un régime représentatif ne permettait au peuple que « de décider une fois tous les trois ou six ans quel membre de la classe dirigeante doit « représenter » et fouler aux pieds le peuple au parlement ». La Commune faisait , selon lui, du suffrage universel l’outil du peuple pour « remplacer les maîtres toujours hautains du peuple par des serviteurs toujours révocables ». Le débat resurgit après l’écrasement de l’insurrection et on connaît la réponse du Gambetta qui rallié à la République modérée défendit le mandat représentatif après avoir endossé le principe du mandat impératif en 1869. Sans aller jusqu’à la nécessité de la révocation des élus, la caricature de nos institutions et de l’intervention des citoyens devraient aujourd’hui nous inciter à trouver des solutions ambitieuses pour redonner son souffle à la souveraineté populaire.

Dans ce même esprit de concrétisation de la souveraineté populaire, la Commune a encouragé la prise du pouvoir militaire par la population. L’armée de métier a été aboli, les citoyens sont en armes et l’objectif est de créer une « milice nationale qui défend les citoyens contre le pouvoir, au lieu d’une armée qui défend le gouvernement contre les citoyens ». On retrouvera cette même intuition quelques décennies plus tard dans L’Armée nouvelle de Jean Jaurès.

L’effervescence politique a également conduit au questionnement du rôle que la société avait assigné aux femmes : celles de citoyennes passives, par nature inférieures. La Commune a permis aux femmes de s’impliquer dans la vie de la cité au même titre que les hommes. À la tête des clubs populaires et de leurs journaux comme La Sociale d’Andrée Léo, elles ont imposé dans la Commune les mesures sociales les plus avancées. Personne ne peut nier que l’une des leaders populaires les plus marquantes de cette Révolution, l’institutrice libertaire Louise Michel (présente pour défendre les canons de Montmartre le 18 mars), est une des plus fortes et grandes figures féministes de notre pays.

Preuve supplémentaire de l’absence de nationalisme obtus chez les Communards, qui reprennent à leur compte l’universalisme républicain, les étrangers sont associés dans le processus. Nombre d’entre eux ont combattu aux côtés des troupes françaises après la proclamation de la IIIe République, le 4 septembre 1870 : Garibaldi et ses « chemises rouges », mais aussi des Belges, des Polonais, des Russes, etc. A propos de l’élection de l’ouvrier bijoutier Léo Frankel, né en Hongrie, la commission des élections explique : « Considérant que le drapeau de la Commune est celui de la République universelle ; considérant que toute cité a le droit de donner le titre de citoyen aux étrangers qui la servent, (…) la commission est d’avis que les étrangers peuvent être admis ».

Les Communards affirmaient ainsi la vocation internationaliste de leur idéal tout en multipliant par ailleurs les appels à la fraternisation à l’égard des soldats allemands. Alors même que la lutte avec les Versaillais avaient débuté, les Communards ne renoncèrent en rien aux principes de démocratie directe au sein de leur armée, avec une perte catastrophique de coordination, de cohérence et d’efficacité dans leur défense militaire… Voilà bien une « leçon » que les Bolcheviques auront retenus : il suffit de voir sur quelles bases, avec quelle dureté et quelle violence, Léon Trotski organisa l’Armée Rouge et la guerre contre les « Blancs ». Voilà bien un domaine supplémentaire qui démontre à quel point les Communards différaient du communisme bolchevique qui domina nominalement l’imaginaire de la gauche durant une bonne moitié du XXème siècle.

Les Versaillais vont incarner une autre internationale celle des possédants. Le gouvernement Thiers a signé l’armistice et ratifié le traité qui sanctionne la capitulation française, comme l’avait craint les Blanqui et Vallès. Faux républicains et vrais Bourgeois s’entendent parfaitement avec le pouvoir du nouvel Empire allemand pour tuer dans l’œuf au plus vite cette révolution sociale parisienne qui pourrait faire tâche d’huile avec ses acteurs mêlant héritiers des jacobins français et représentant anarchistes et marxistes de la Première internationale (AIT). La levée en masse de troupes venue des quatre coins de la France a bien été réalisée finalement mais elle sera utilisée pour marcher contre Paris. Avec la complicité de l’armée prussienne, les Versaillais pénètrent dans la capitale le 21 mai et massacre méthodiquement les insurgés, mal organisés, mal préparés, mal informés par leurs journaux, tétanisés par la cruauté des premiers combats. La « Semaine Sanglante » du 21 au 28 mai 1871 se conclura par la mort et l’exécution de quelques 17 000 Communards (dont Charles Delescluzes, Eugène Varlin, Louis Rossel…) ; c’est un véritable massacre, bien plus sanglant que les victimes mises sur le compte de la Terreur révolutionnaire de 1792-1794 pour toute la France ! Près de 5 000 prisonniers politiques seront déportés – « la guillotine sèche » – en Nouvelle-Calédonie comme Louise Michel ; un nombre comparable ne devra la vie qu’à l’exil (tels Jules Vallès, les frères géographes et libertaires Elie et Elisée Reclus ou encore Gustave Courbet à qui la République réclamera les sommes pour relever la colonne Vendôme, ce symbole abject de l’oppression bonapartiste…) en Belgique, en Suisse, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, peu d’entre eux reviendront après l’amnistie de 1880 comme Benoît Malon (fondateur de la Revue Socialiste, enterré au Mur des fédérés et dont l’éloge funèbre fut prononcée par Jean Jaurès), Jules Vallès ou Jules Guesde (rentré en France en 1876, il est le fondateur du Parti Ouvrier français, organisation marxiste qui sera l’une des composantes après bien des péripéties de la SFIO en 1905).

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« Le cadavre est à terre mais l’idée est debout »

: ces mots de Victor Hugo reviennent régulièrement sous les plumes célébrant l’héritage de la Commune de Paris. Mais Hugo, tout en transition vers le socialisme qu’il était, ne fut pas exempt d’ambiguïtés ; ainsi écrivait-il dans Le Rappel, en avril 1871, il s’écriait : « Je suis pour la Commune en principe, et contre la Commune dans l’application. » Une phrase qu’aurait pu prononcer quelques Républicains ralliés au compromis comme Gambetta ou plus tard les Radicaux des années 1880-1900 pour justifier leur mauvaise conscience et mauvaise foi, vis-à-vis de l’évènement. Hugo lui au moins condamna avec la dernière énergie les massacres commis par la répression. Mai d’une certaine manière, l’enjeu présent est là, loin des momifications mémorielles et parfois dévoyées qui ont souvent accompagné les célébrations et les récupérations de la Commune. Il ne faut pas, il ne faut plus s’en tenir à des principes, souvent formulés aujourd’hui sous la forme de droits – droit au logement, droit au travail, égalité femmes-hommes, liberté de conscience – ou parfois restés évanescents – la souveraineté populaire et la liberté d’informer plus fortes que la propriété privée et capitaliste – ; non il est urgent de passer à leur mise en application.

une République écologique et sociale, qui s’attaque au chômage et non aux chômeurs

Une tribune publiée dans Marianne le 17 mars 2021

Dans le sillage de la campagne « Un emploi vert pour tous » mené par les think tanks Hémisphère gauche et l’Institut Rousseau, Emmanuel Maurel et Lenny Benbara estiment que le déclin du travail n’est pas inéluctable.

Emmanuel Maurel est député européen et président de la Gauche républicaine et socialiste.

Lenny Benbara est directeur de la campagne « Un emploi vert pour tous« .

« Nous croyons en une République écologique et sociale, qui s’attaque au chômage et non aux chômeurs »

Le gouvernement a décidé d’appauvrir les demandeurs d’emploi en pleine crise sanitaire et sociale. 800 000 d’entre eux, dont de nombreux jeunes, vont voir diminuer leurs allocations d’environ 30 %. Cette approche punitive est aussi indigne qu’inefficace. Au quatrième trimestre 2020, 184 000 emplois étaient vacants, un chiffre en recul de 15 % sur un an. Dès lors, comment imputer aux près de 3 millions de personnes privées d’emploi depuis plus d’un an la responsabilité de leur situation ? Puisque le secteur privé est incapable de produire suffisamment d’activité pour employer tout le monde, et de lutter efficacement contre la crise climatique, n’ayons pas peur de créer des emplois financés par la puissance publique : la garantie à un emploi vert pour les chômeurs de longue durée est une mesure de bon sens.

D’aucuns considèrent qu’il faudrait accepter cette situation de chômage de masse. Le déclin du travail serait inéluctable, amené à s’accentuer sous la pression conjointe de la numérisation et de la mécanisation de l’économie. Le corollaire serait la mise en place d’un revenu universel pour s’adapter à cette nouvelle donne.

« Heureusement, ce n’est pas le travail qui manque, tant les besoins du pays sont immenses, mais bien les emplois »

Pourtant, ce déclin n’est pas une fatalité : la gauche ne doit pas abandonner le travail. Malgré la dégradation des conditions de travail, l’emploi est toujours perçu comme étant une source d’émancipation, surtout aux yeux de ceux qui en sont tenus éloignés. Le travail signifie bien plus que le revenu : c’est un vecteur de socialisation, d’identification, de reconnaissance collective. Il permet de se sentir utile à la société et son absence provoque des dégâts psychosociaux ravageurs sur les hommes et les femmes de notre pays.

Heureusement, ce n’est pas le travail qui manque, tant les besoins du pays sont immenses, mais bien les emplois. Dans un premier temps, plus d’un million d’emplois à forte utilité sociale peuvent être créés dans des domaines d’avenir en s’appuyant sur des dispositifs existants, comme les Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée, pour un coût modeste. Ils doivent être proposés aux personnes privées d’emploi depuis plus d’un an. Ces emplois ne consistent pas à creuser et à reboucher des trous : ils sont indispensables pour faire face au défi écologique et au délitement des liens sociaux. Réduire nos émissions de gaz à effet de serre exige en effet un accroissement significatif de l’intensité en main-d’œuvre de nos activités économiques. L’organisation du système agricole en circuits courts ajustés aux besoins des territoires redonnerait par exemple un rôle central aux exploitations plus modestes, moins intensives, et qui nécessitent plus de bras.

« La crise du Covid a remis au goût du jour les métiers et réhabilité leur sens. »

Le retour à l’emploi, aussi massif soit-il, ne sera salvateur que s’il s’accompagne d’une revalorisation des savoir-faire, du geste, à rebours d’un modèle de travail trop standardisé. La crise du Covid a remis au goût du jour les métiers et réhabilité leur sens. La mission des personnels hospitaliers, des enseignants, des premiers de corvée est apparue pour ce qu’elle est : indispensable. Cette redécouverte du métier ouvre une perspective émancipatrice. Face à une mondialisation libérale qui pense les individus interchangeables, l’attachement à un savoir-faire spécifique, à la qualité et au sens du travail sont autant de garde-fous précieux. Le mécanisme de garantie à l’emploi vert offre aux personnes privées d’emploi de participer à la reconstruction écologique, tout en s’appropriant un savoir-faire bien précis.

Nous croyons en une République écologique et sociale, en la République appliquée, celle qui s’attaque au chômage et non aux chômeurs, celle qui protège le lien social et ne se dérobe pas face aux défis climatiques. La garantie à l’emploi vert portée par l’Institut Rousseau et Hémisphère Gauche est un jalon important de ce nouveau pacte républicain.

Le souverainisme peut-il être un programme de gauche ?

Le souverainisme peut-il être un programme de gauche ?
Une émission de France Culture « LE TEMPS DU DÉBAT » par Emmanuel Laurentin
diffusée le jeudi 11 mars 2021 – 18h20

Frontières, industries, gestion sanitaire : la Covid a-t-elle réveillé des chantres insoupçonnés du souverainisme ? Que reste-t-il de la ligne internationaliste de la gauche ? Avec les enjeux aussi divers que recouvre le souverainisme, est-on sûr que les termes du débat soient justement posés ?


A l’occasion de la sortie en kiosque du nouveau numéro de la revue de France Culture, « Papiers » dont le dossier central se demande « par où est la gauche ? ». Soixante-trois personnalités répondent à cette question, de Bertrand Badie à Daniele Lienhart, d’Olivier Besancenot à Claire Nouvian ou d’Aude Lancelin à Thomas Piketty.
Il nous a semblé qu’une des questions importantes qui structurait la gauche ces derniers temps concernait la souveraineté, sanitaire, alimentaire ou bien énergétique. Une question pas si nouvelle, puisque le Parti communiste de Georges Marchais fut à la fois internationaliste et héraut d’une certaine souveraineté nationale. Puisque le chevenementisme a participé à développer cette idée de souveraineté à gauche. Mais est-ce la crise que nous connaissons qui motive le retour de cette idée ?

avec Emmanuel Maurel, député européen Gauche Républicaine et Socialiste, Aurore Lalucq, députée européenne Place publique, et Emmanuelle Reungoat, maîtresse de conférences en Science politique à l’Université de Montpellier.

Le souverainisme peut-il être un programme de gauche ?
Une émission de France Culture « LE TEMPS DU DÉBAT » par Emmanuel Laurentin

Du local au national : l’intérêt politique du rassemblement dès le premier tour

Tribune publiée sur Politis le jeudi 11 mars 2021

https://www.politis.fr/articles/2021/03/du-local-au-national-linteret-politique-du-rassemblement-des-le-premier-tour-42938/

Des élu·es de gauche et écologistes appellent à la formation de listes unitaires dès le premier tour des élections régionales. Les convergences nombreuses le permettent, le risque de n’être pas présents au second tour l’exige, selon les signataires.

Les élections régionales se dérouleront les 13 et 20 juin. Face aux urgences sociales, environnementales, démocratiques, face à un gouvernement qui, loin d’y répondre, amplifie les inégalités et reste inerte quand « la maison brûle », cette échéance représente une chance de disposer de leviers d’action importants et de peser ainsi en faveur de la transition écologique, des services publics, de la réduction des inégalités et de l’implication citoyenne.

Cette perspective risque, toutefois, d’en rester au seul stade de l’espoir dans bien des régions si la condition du rassemblement dès le premier tour n’est pas remplie et, que nous en restons à la pluralité actuelle des listes envisagées.

Les convergences sont pourtant là, évidentes à la lecture des programmes en préparation. Les écologistes n’occultent pas plus les problématiques sociales que les listes de gauche n’ignorent l’urgence de la transition énergétique et écologique. De part et d’autre, nous savons qu’il est urgent d’agir pour une économie au service des hommes et de l’environnement. De part et d’autre, nous sommes conscients de la valeur émancipatrice de la culture que le politique ne doit jamais soumettre à sa dictée mais dont il doit garantir l’accès à toutes et tous. De part et d’autre, nous reconnaissons la nécessité de soutenir et de développer des services publics de qualité, patrimoine de celles et ceux qui n’en ont pas d’autre. De part et d’autre, nous savons qu’il est de notre responsabilité de répondre aux appels d’une jeunesse qui marche pour le climat mais fait aussi la queue pour la distribution alimentaire.

Le pari stratégique de la division au premier tour pour « se compter » est, dans la situation actuelle des forces progressistes, beaucoup trop risqué face à l’enjeu majeur d’obtenir des majorités régionales agissant vraiment pour celles et ceux qui en ont le plus besoin. Enclencher d’emblée une dynamique unitaire revient, au contraire, à se donner toutes les chances de disposer des moyens d’agir autour d’un programme enrichi des apports spécifiques des différentes forces de gauche et des écologistes.

Mais, au-delà des victoires locales, ce qui se joue aussi c’est la crédibilité de notre capacité à représenter, demain, au plan national, une alternative à la droite et l’extrême droite. Divisées au premier tour en2022, les forces politiques de gauche et écologistes seront, à nouveau, éliminées du second tour. Rappeler en juin que les enjeux exigent le dépassement des stratégies risquées, c’est aussi mobiliser celles et ceux qui se lassent de la mise en arrière-plan de l’essentiel et ne croient plus en une parole qui décrit les urgences sans se donner les moyens d’y répondre.

Comme femmes et hommes de gauche et écologistes, soucieuses et soucieux de la justice sociale comme de la transition écologique, nous ne pouvons nous y résigner et nous empêcher de penser que les obstacles à l’union pèsent peu face à la finalité profonde de notre engagement : agir pour changer la vie, en mieux… Et il y a le feu…

Premiers signataires :

BARAT Joëlle, conseillère régionale Parti socialiste (Grand Est) ; BATÔT Émilien, membre du collectif écolo et social et du comité Génération·s d’Issy-les-Moulineaux (Île-de-France) ; BELAREDJ-TUNC Hadhoum, conseillère départementale Marne, Gauche républicaine et socialiste (Grand Est) ; BOISSIER Bernard, ancien maire de Langogne, président du collectif de Défense et de Développement des services publics en Combraille, Gauche républicaine et socialiste ; BUREAU Jocelyn, conseiller métropolitain de Nantes Métropole, divers gauche (Pays de la Loire) ; CASIER Philippe, conseiller départemental de la Somme, Génération·s (Hauts de France) ; CHANTECAILLE Martine, conseillère municipale et communautaire La Roche-sur-Yon, divers gauche ( Pays de la Loire) ; COLIN Hélène, conseillère régionale, maire-adjointe à Chatenois, Parti Socialiste (Grand Est ) ; CUCCARONI Martine, conseillère municipale La Ciotat, Parti socialiste (Paca) ; DAMIS-FRICOURT Delphine, conseillère départementale de la Somme, Génération·s (Hauts-de- France) ; DE MORGNY Arnaud, juriste en droit public, coordonnateur Gauche républicaine et socialiste (Île-de-France) ; DEDET Pierre, conseiller municipal Bourges, Gauche républicaine et socialiste (Centre-Val de Loire) ; DELCASSE Arnaud, responsable de coopérative Antibes, Gauche républicaine et socialiste (Paca) ; DENIS Blandine, conseillère départementale de la Somme, Génération écologie, (Hauts-de-France) ; DESCAMPS Ninuwé, conseillère municipale Poudrières, Parti socialiste (Paca) ; DRIOLI Adrien, conseiller municipal de Lyon, Gauche républicaine et socialiste (Auvergne-Rhône-Alpes) ; DUGUÉ Caroline assistante sociale, Poitiers, Gauche républicaine et socialiste (Nouvelle Aquitaine) ; FARAVEL Frédéric, conseiller municipal et communautaire Bezons, Gauche républicaine et socialiste (Île-de-France) ; GRALEPOIS Alain, ancien vice-président à la culture conseil régional des Pays de la Loire, Parti socialiste, Nantes ; GRATACOS Anthony, conseiller municipal de Moussy-le-Neuf, secrétaire général de la Gauche républicaine et socialiste (Île-de-France) ; GUIRAUDOU Hugo, coordinateur « Résilience commune », responsable pôle jeunesse Gauche républicaine et socialiste (Île-de-France) ; JUTEL Elisabeth, conseillère régionale Gauche républicaine et socialiste (Nouvelle-Aquitaine) ; LANDINI Damien, référent Génération·s Marne (Grand Est) ; LEFEBVRE Rémi, professeur de sciences politiques à l’Université de Lille-II (Hauts-de-France); LENFANT Gaëlle, conseillère municipale Aix-en Provence, Gauche républicaine et socialiste (Paca) ; LÉONARD Christophe, conseiller municipal Revin, ancien député (Grand Est) ; LEPRESLE Marion, conseillère départementale de la Somme, Génération écologie (Hauts-de-France) ; MOINE Nathalie, conseillère municipale Saint-Pathus, Gauche républicaine et socialiste (Île-de-France) ; MOTTO-ROS Bernard, conseiller municipal Saint-Jean-du-Pin, Gauche démocratique et sociale (Occitanie) ; NAKACHE David, conseiller municipal Nice, président de l’association « Tous citoyens », Génération·s (Paca) ; NIVELET Igor, militant communiste, membre du conseil départemental PCF 08 (Grand Est) ; PAPIER Anne, conseillère municipale et communautaire Charleville-Mézières, Génération·s (Grand Est) ; PROUX Laurence, conseillère municipale Challans, membre de « Solidaires par nature Nord-Ouest Vendée », divers gauche (Pays de la Loire) ; SULIM Jérôme, maire-adjoint Saint-Herblain, Gauche républicaine et socialiste (Pays de la Loire).

Annulation de la condamnation de Lula : l’espoir renaît au Brésil

Lundi 8 mars, la cour suprême du Brésil a annulé la condamnation pour corruption de l’ancien président Lula. S’il ne s’agit pas à proprement parlé de l’innocenter en bonne et due forme, la cour suprême a conclu que le tribunal qui avait condamné Lula était incompétent pour le faire.

La manipulation de la justice est, depuis la fin de la période des coups d’État de la fin du XXème siècle, le levier d’action régulier de la bourgeoisie libérale sud-américaine pour se soustraire à la démocratie et à la volonté populaire. C’est une manipulation de ce type qui avait conduit à la déposition de Dilma Roussef et à la prise du pouvoir de la droite brésilienne en dehors de tout cadre démocratique en 2016. En 2018, c’est la condamnation à l’emprisonnement et l’inéligibilité qui avait empêché Lula, favori de l’élection, à se présenter, amenant à la victoire du candidat d’extrême-droite Jair Bolsonaro.

Présenté à tort par certains médias comme un candidat populiste dans la lignée de Donald Trump et Matteo Salvini, le président brésilien partage certes leurs idées, mais pas le même électorat. Son accession au pouvoir a été pilotée par l’élite économique brésilienne, pour laquelle il ne peut y avoir d’alternative démocratique au néolibéralisme.

Le président Bolsonaro avait alors pu dérouler les lubies classiques des libéraux: privatisation à tour de bras, destruction du service public, dépossession des indigènes, austérité forcée, sortie de la banque centrale du contrôle démocratique. Mais comme toujours quand les méfaits du libéralisme ne sont pas acceptés par la population, le libéralisme économique s’accompagne d’un illibéralisme politique le plus total, et d’un obscurantisme forcené: suppression des dotations aux sciences, commémoration du coup d’État de 1964, et surtout négation de la dangerosité du covid 19, qui a mené à une catastrophe sanitaire inédite. Le Brésil est le deuxième pays au monde avec le plus de morts, les morgues étaient débordées, et des tensions étaient apparues à la frontière avec la Guyane, sur lesquelles nous avions déjà alerté

(voir notre article sur la politique inconséquente de Bolsonaro)

A l’approche des prochaines élections présidentielles, l’incapacité de Jair Bolsonaro de maintenir Lula en prison – il avait été libéré en 2019, déjà sur décision de la cour suprême – et de confirmer son inéligibilité trahissent une perte de contrôle sur le pays. Lula est le seul candidat que les enquêtes d’opinion donnent vainqueurs face à Bolsonaro. Les députés du parti présidentiel semblent fébriles, et annoncent déjà la victoire des « communistes et des antifas ».

Si cette décision apporte un peu d’espoir pour le peuple brésilien et pour la stabilité de la frontière franco-brésilienne, il ne faut pas oublier que l’extrême droite sera prête à user de tous les moyens pour accéder et se maintenir au pouvoir. Les charges contre Lula ne sont pas abandonnées, et la victoire du Parti des Travailleurs n’est pas assurée.

Toutefois, la Gauche Républicaine et Socialiste se réjouit de l’annulation de la condamnation de Lula. Nous faisons le vœu d’une victoire de la gauche aux prochaines élections brésiliennes, afin de sortir de l’obscurantisme que l’extrême droite proche des milieux évangéliques fait vivre au Brésil, afin de rétablir une relation franco-brésilienne fondée sur le partenariat économique et démocratique, afin de venir en aide à la population malmenée par le néolibéralisme et l’aveuglement sur la COVID.

Les cahiers de la GRS PACA : #3 Le développement économique.

Le développement économique est un enjeu fort et central des compétences de la Région. Il répond au besoin d’emplois et de prospérité de nos territoires. Il a un impact sur l’environnement, la production de richesses, et la redistribution qui en est faite. Il peut également avoir un impact négatif sur notre environnement, lorsqu’il est centré sur des activités polluantes, à rebours des enjeux climatiques qui se posent à nous.
Le bilan de l’équipe Muselier sur le développement économique n’est pas bon. La crise sanitaire actuelle et ses conséquences économiques démontrent que la spécialisation de certains de nos territoires sur le seul tourisme, abandonnant les autres activités, est un non sens et affaibli notre économie et l’emploi dans notre Région.
En parallèle, notre industrie souffre. L’économie ne peut être uniquement une économie de services.
Le tourisme et le numérique ne peuvent à eux seuls constituer une alternative à un développement économique diversifié.

Chlordécone : les raisons de la colère..

Le volet judiciaire de la pollution de la Martinique et de la Guadeloupe par la chlordécone a été lancé voici 15 ans. Et pourtant le week-end du 27 février 2021, de nombreux compatriotes ultramarins ont manifesté leur colère, à Paris et dans leurs départements, face l’éventualité d’une prescription de ce dossier.

Pour rappel, ce pesticide, intensivement utilisé pendant plus de 20 ans dans les bananeraies de Guadeloupe et de Martinique, a empoisonné durablement les sols, les rivières et les espaces marins de ces territoires. Selon plusieurs études, ce produit phytosanitaire, qui a contaminé 90 % des populations concernées, a engendré des cancers de la prostate – la Guadeloupe et la Martinique affichent les taux les plus élevés au monde –, des naissances prématurées avec des malformations et bien d’autres maladies.

Hormis quelques travaux parlementaires, l’État n’avait pas avancé sur ce dossier jusqu’en septembre 2018. Lors d’une visite en Martinique, le Président de la République avait fait un pas historique en affirmant qu’il fallait « aller sur les chemins de la réparation ». Cependant, comme avec toutes ses autres promesses, c’est la déception et la frustration qui ont laissé place à l’espoir dans l’esprit des populations antillaises.

En effet, le Gouvernement et sa majorité n’ont cessé de freiner les travaux législatifs qui proposaient de réparer cette catastrophe notamment concernant :

une proposition de loi pour la mise en place d’un fonds d’indemnisation des victimes de la chlordécone qui a été vidée de sa substance par la majorité LREM de l’Assemblée nationale ;

seules quelques mesures d’une commission d’enquête sur le sujet – dont le rapport et les propositions avaient pourtant été salués sur tous les bancs – ont été intégrées au 4ème Plan Chlordécone (après ceux de 2008, 2011 et 2014) ; celles-ci sont largement insuffisantes au regard des impératifs sanitaires et environnementales.

Loin de vouloir commenter une décision de justice, la probabilité que la procédure engagée par plusieurs associations se solde par un non-lieu (du fait de la disparition de pièces du dossier et du délai de prescription des faits) va alimenter un climat social de plus en plus explosif au niveau local : de multiples manifestations et actes de violence qui avaient secoué la Martinique et la Guadeloupe en 2020. Une grande partie des revendications convergeaient alors pour dénoncer l’incapacité de l’État à apporter des solutions sur le dossier chlordécone et, selon des manifestants, la « continuité de la colonisation » dans les Antilles.

Quelle qu’en soit l’issue, il est nécessaire que l’État tienne ses promesses et fasse le nécessaire pour reconnaître et apporter des solutions à ce drame qui a empoisonné les sols de la Martinique et de la Guadeloupe pour 600 ans. Il en va du respect de principes et des valeurs de notre République.

La Gauche Républicaine et Socialiste apporte son entier soutien à nos concitoyens de la Martinique et de la Guadeloupe.

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.