Politique générale : Le Gouvernement maintient le cap … à droite toute !

Devant la représentation nationale Edouard Philippe a livré un discours poussif et technocratique qui, au-delà de l’esbroufe, ne vise qu’à mener à son terme le détricotage des fondamentaux de notre République pour lui préférer le social-libéralisme bon teint à l’anglo-saxonne.

« Justice sociale » ; « écologie » ; « services publics » ; « démocratie »… Les mots utilisés sont malmenés, dévoyés pour servir de paravent à une orientation politique bien ancrée à droite.

Si l’écologie y a tenu une bonne place ce n’est pas tant pour mener une transformation profonde de nos modes de production et de consommation que pour mieux divertir l’immense attente de nos concitoyens et l’urgence écologique par quelques annonces à la marge du système productiviste. Ne rêvons pas, la croyance béate dans l’efficacité du marché, de la libre concurrence et du progrès technique fait partie de l’ADN de ce Gouvernement : la crise écologique n’est pour eux qu’une externalité négative que le marché se chargera de corriger.

Concernant la demande de justice sociale de nos concitoyens : rien n’a été véritablement annoncé et les grands mots ne constituent que de piètres remèdes en ce domaine. Pas sûr que la méthode Coué ne constitue une thérapie efficace, à même de répondre aux attentes des Français.
Après un mouvement social de grande ampleur inédit dans notre histoire récente contre l’injustice fiscale et salariale, l’assurance chômage est fragilisée et les retraites par répartition mises en cause par ce gouvernement. Où est la justice dans l’allongement de la durée de travail ? Le Premier Ministre est resté sourd également aux demandes des personnels hospitaliers alors que ceux-ci tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme dans tout le pays face à la pénurie de moyens.

En lieu et place de la justice fiscale il n’est question que de supprimer les impôts des Français sans penser un seul instant à favoriser un plus grand équilibre selon les facultés contributives en restaurant pour commencer l’impôt de solidarité sur la fortune et en réformant l’impôt sur le revenu.

Par ailleurs les services publics de proximité sont appelés à se renforcer mais avec toujours moins d’agents et de moyens… Tout cela n’est pas sérieux.            

Enfin la réforme constitutionnelle annoncée consacre d’emblée la réduction toujours plus importante du rôle du Parlement et de sa capacité à s’opposer à l’exécutif, comme nous le redoutions. Le déséquilibre entre législateur et exécutif risque de s’accroître davantage, mettant en péril la vie démocratique de notre pays. Et le nouvel acte de décentralisation proposé, aux contours encore flous, mais qui semble s’orienter vers l’exercice d’un droit à la différenciation entre territoires n’est pas pour rassurer les républicains attachés à l’égalité territoriale.

En fin de compte les illusions du « en même temps » se sont dissipés dans l’esprit des Français et le Gouvernement assume désormais ses positions droitières. Et si c’était cela le véritable sens de l’acte 2 du quinquennat ?

Au Parlement, dans nos collectivités et dans la rue nous répondrons avec détermination face aux attaques et à la politique injuste du Président Macron et de son Gouvernement.

 

De l’urgence sociale de la protection de l’enfance

Les agents du service de protection de l’enfance du Bas-Rhin se sont mis en grève au mois de mai.  Ils réclament plus de moyens pour faire face à la hausse du nombre de jeunes qu’ils doivent prendre en charge. En effet le service a vu une augmentation du nombre de mineurs qui leur sont confiés : 130 enfants de plus que l’an passé.

Les travailleurs sociaux du Bas-Rhin ne constituent pas une exception. Le 16 octobre 2018, les travailleurs sociaux de la protection de l’enfance du Nord se mobilisaient également pour dénoncer le manque de moyens, rendant leurs conditions de travail intenables.

La protection de l’enfance mérite des choix politiques ambitieux de la part du Gouvernement. Pourtant en février dernier Adrien Taquet, secrétaire d’État à la protection de l’enfance, indiquait à la presse que le gouvernement ne soutiendrait pas la proposition de loi visant à rendre obligatoire l’accompagnement des jeunes majeurs sortant de l’ASE (aide sociale à l’enfance) jusqu’à 21 ans. Elle avait pourtant été adoptée le 11 juillet 2018 en commission des affaires sociales. Cette décision montre clairement le choix politique fait par le Gouvernement en matière de protection de l’enfance : choix comptable du renoncement. 

Les travailleurs sociaux qui sont en première ligne eux n’en peuvent plus, au-delà de la fatigue, leur responsabilité est pointée du doigt dans des affaires qui ne sont pas de leur ressort. Par exemple lorsqu’un cas de maltraitance est surmédiatisé, ce sont bien souvent les services sociaux qui sont incriminés alors même que leur mission ne s’étend pas au-delà de la prévention / signalement.

L’absence d’un nombre suffisant de places en MECS (maison de l’enfance à caractère social), ni en familles d’accueil constituent l’autre aspect d’un problème à ce jour non traité : les enfants sont bien souvent laissés dans des situations de danger, et les travailleurs sociaux se sentent inefficaces. 

 Face à cette situation de détresse d’enfants en danger et la fatigue de travailleurs sociaux devenus spectateurs de leur impuissance, l’État continue de faire la sourde oreille. La Gauche République et Socialiste demande que d’avantage de moyens soient alloués à la protection de l’enfance, et qu’il soit désormais obligatoire aux juges d’être formés aux questions spécifiques liées à la protection de l’enfance, afin que les signalements des travailleurs sociaux soient d’avantage pris en considération. Sans quoi l’urgence sociale pourrait bien s’aggraver du côté des enfants, comme du côté des professionnels.

 

Le fléau des violences intra-familiales

 France Inter a récemment relayé une étude de l’Inspection générale des affaires sociales (1)  : en ressort un chiffre glaçant : 1 enfant meurt tous les 5 jours sous les coups de ses parents !

Avec les violences domestiques, ce sont en moyenne 72 enfants par an qui décèdent sous les coups de l’un ou de plusieurs parents. Face à cela, on se demande que fait la justice, que font les forces de l’ordre, que font les services sociaux et les associations ? On pourrait répondre qu’ils font « ce qu’ils peuvent ».

En effet, régulièrement, plusieurs services sociaux sont en grève, comme les travailleurs sociaux du Maine et Loire, mobilisés depuis 2 ans suite aux décisions comptables du président du conseil départemental qui les empêchent de mener à bien leur action. En effet l’insuffisance du nombre de travailleurs sociaux, le manque de places en établissement et la difficulté à repérer les maltraitances empêche une intervention rapide et efficace des services de protection de l’enfance.

Associée à la maltraitance infantile, souvent indissociable, la violence conjugale est également un véritable fléau. Ainsi, rappelons que selon Libération (2) qui tient le macabre décompte depuis depuis plusieurs années du nombre de femmes tuées par leur conjoint, il y aurait 62 femmes décédées depuis le 1er janvier dans le cadre de violences conjugales. 

L’intervention des services publics auprès des personnes victimes de violences intrafamiliales est considérable. En effet, ce sont à chaque fois les collectivités territoriales, les services de l’Éducation nationale, de la justice et de l’hôpital qui interviennent auprès de ces personnes

Il est absolument impératif de soutenir tous les services publics qui agissent pour la protection des femmes et des enfants maltraités et qui sont empêchés de mener à bien leur mission, asphyxiés par le manque de moyens humains et financiers.

La vie de nos enfants mérite qu’on lui accorde d’importants de moyens, c’est pourquoi la Gauche Républicaine et Socialiste salue le travail quotidien des agents des services publics et des associations auprès des personnes victimes de violence éducative, intrafamiliale et conjugale.  Néanmoins, nous nous alarmons du manque de moyens et attendons de l’Etat un véritable engagement en renforçant les services plutôt que de supprimer du personnel, et en allouant des budgets plus importants, permettant aux professionnels de travailler dans de bonnes conditions et de mettre des enfants en sécurité. Plus encore que notre modèle social, c’est la conception du rôle de l’Etat qui est ici en jeu, d’un Etat qui agit auprès de ses administrés pour leur protection et ne s’arrête pas à des logiques comptables en coupant systématiquement les budgets de la protections sociale.

(1)  https://www.franceinter.fr/societe/en-france-un-enfant-meurt-tous-les-cinq-jours-sous-les-coups-de-ses-parents

(2)  https://www.liberation.fr/apps/2017/06/220-femmes-tuees-conjointsignorees-societe/

 

 

Renault – Nissan Mitsubishi et maintenant Fiat Chrysler ? Attention danger !

Par le pôle entreprise de la Gauche Républicaine et Socialiste

En dépit de l’annonce de l’abandon par FCA (Fiat- Chrysler) du projet de fusion « entre égaux » avec Renault mercredi 5 juin, l’analyse des conséquences d’une telle fusion reste d’actualité, l’idée d’une fusion entre FCA et Renault n’était pas définitivement écartée.

Renault semble penser qu’une aventure avec Fiat Chrysler pourrait sauver son alliance avec Nissan Mitsubishi qui 20 ans après est dans l’impasse. Est-ce pour autant une raison pour se jeter dans les bras de Fiat Chrysler Automobiles (FCA) ? 

Fiat n’est pas dans une situation confortable et risque de lourdes amendes pour n’avoir pas anticipé les contraintes européennes en termes de CO2.

L’initiative du projet de fusion revient à John Elkann (petit fils de Gianni Agnelli et président de FCA).  Depuis des années, son groupe doté d’une ingénierie aux moyens limités, sans projets d’avenir dans les motorisations électriques et la voiture autonome, trop concentré sur les marchés américain et européen, cherche désespérément à se marier.  Après avoir été écarté par PSA, Elkann tente de profiter de la situation troublée chez Renault depuis l’arrestation de Carlos Ghosn, en présentant une fusion dite « à 50/50 ». Or la réussite des mariages entre égaux est rare, de surcroît alors que le probable futur Directeur Général va devoir céder son siège prochainement. Il n’est pas exclu que Renault puisse être englouti dans le nouvel ensemble.      

Si l’on voit bien l’intérêt que pourrait représenter cette opération pour le groupe italo-américain, pour Renault les inconvénients surpassent largement les avantages. Des proches du dossier pointent la naïveté du camp français qui pourrait bien être le dindon de la farce.

Le conseil d’administration et l’Etat français, qui détient 15 % du capital, ont donné leur feu vert pour poursuivre les négociations avec FCA. Mais des questions importantes se posent.

Bénéfices aléatoires pour Renault : 

La capitalisation de Renault est au plus bas depuis l’affaire Ghosn et les 43% que détient Renault dans Nissan sont valorisés quasiment à zéro. Donc en fusionnant avec Renault, FCA prendrait le contrôle du japonais pour presque rien. L’état autoriserait ainsi une véritable braderie. Certains vont jusqu’à parler d’un hold-up des italiens.

Quid de Nissan qui n’a été mis dans la confidence que tardivement ? En se lançant dans une opération complexe, aux bénéfices aléatoires, Renault complique encore une peu plus ses relations avec Nissan. In fine, se profile la perspective que le vrai patron soit le premier actionnaire du nouvel ensemble, c’est-à-dire John Elkann.

Quelles conséquences pour les parts de l’Etat ?

La part de l’Etat tomberait à 7,5 %. Il perdrait du même coup ses droits de vote double et sa minorité de blocage qui lui permet de bloquer une décision d’assemblée générale. Certes Bruno Lemaire a précisé qu’il entendait bien obtenir des garanties en termes de préservation des sites industriels français et des emplois mais nous savons ce qu’il en est de ce genre de promesses. Rappelons-nous les engagements de Général Electric lors du rachat d’Alstom, de créer 1000 emplois qui reviennent comme un boomerang puisque qu’au final ce seront 1000 emplois supprimés.

Il n’y a rien de bon à attendre d’un projet basé sur une économie d’échelle et une captation à bon compte d’un savoir-faire dont manque cruellement FCA qui entraînerait la chasse aux doublons, des suppressions d’effectifs et une perte de revenus pour la France. Les coopérations avec d’autres constructeurs doivent être privilégiées sur les prises de participation. Au lieu de brader son industrie l’Etat doit se doter d’une stratégie et soutenir l’investissement dans son industrie automobile qui a permis à Renault l’avance industrielle et en termes d’ingénierie dont elle fait preuve aujourd’hui et que d’autres nous envient. 

Aux dernières nouvelles le groupe Fiat Chrysler Automobiles laisse entendre que son offre de fusion serait à prendre ou à laisser ; de quoi faire capoter le projet. Ce ne sont pas les salariés qui s’en plaindront.

 

Tribune parue dans Marianne : « General Electric : un désastre dont Macron est le nom »

Par Bastien Faudot et Emmanuel Maurel, animateurs nationaux de la GRS ; Jean-Luc Laurent et Marie-Noëlle Lienemann, coordinateurs nationaux de la GRS

« Selon quatre dirigeants fondateurs de « Gauche républicaine et socialiste » (GRS), le Président porte une lourde responsabilité dans la casse sociale et technologique en cours à Belfort. Il a désormais le devoir d’agir pour empêcher la poursuite du démantèlement.

L’ultime épisode du sinistre feuilleton « Alstom – General Electric » est désormais connu : en annonçant mardi 28 mai la suppression de 1050 emplois, pour l’essentiel dans l’entité Gaz de GE, la direction du groupe a confirmé ce que l’intersyndicale du site belfortain redoutait depuis des mois. C’est, pour l’un des principaux bassins industriels français, un séisme d’une ampleur sans précédent, car à ce millier d’emplois, s’ajoute en réalité 750 suppressions de postes qui ont déjà cours, en catimini, notamment dans la sous-traitance interne. Si l’on y ajoute l’ensemble des emplois induits*, c’est au bas mot, 7 à 8.000 familles qui subiront les effets de la restructuration de General Electric, qui signifie en fait une délocalisation massive de la production.

Ce carnage au plan social s’ajoute au gâchis technologique et industriel : la suppression d’activité va demain engendrer une perte de savoir-faire et de métiers pour lesquels la puissance publique a investi en formations, en infrastructures, en recherche. Ce sont des centaines et des centaines d’ingénieurs ou d’ouvriers qualifiés qui vont demain être privés d’emplois, qui vont devoir engager une reconversion, ou déménager pour tenter leur chance ailleurs. C’est une perte de richesse incalculable pour la communauté nationale.

L’affaire Alstom-General Electric vient de loin. Car le discours fataliste des libéraux ne doit pas dissimuler une réalité concrète : la désindustrialisation en France n’est pas une catastrophe naturelle. Elle est le produit de priorités politiques, de choix délibérés en haut lieu qui sont la cause première du désastre social que subissent ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. De ce point de vue, le cas Alstom-General Electric est un cas d’école : l’abandon par l’Etat de notre fleuron Alstom a rendu possible la liquidation des emplois chez General Electric.

L’Etat, ici, a un nom : Emmanuel Macron. Car depuis le début de l’affaire, tous les fils mènent à l’actuel président de la République qui a agi avec persévérance… contre nos intérêts nationaux.

Printemps 2014 : le jeune secrétaire général adjoint de l’Elysée s’oppose d’une formule lapidaire à la proposition d’Arnaud Montebourg de nationaliser Alstom pour éviter de brader le groupe au géant américain qui a fait une offre : « On n’est quand même pas au Venezuela ! ». C’est la ligne Macron qui l’emporte à l’Elysée. Cette option satisfait en réalité tous les libéraux, jusqu’au maire LR de Belfort qui applaudit des deux mains.

Avant cela, à l’automne 2013, le même Emmanuel Macron commanditait un rapport secret au cabinet américain A.T. Kearney qui détaille le scénario du démantèlement du groupe français et recommande que Bouygues cède les parts qu’il détient dans Alstom à… General Electric. Devant la commission d’enquête parlementaire, M. Macron ose soutenir pourtant que l’Etat a été « mis devant le fait accompli » ! Dans ce dossier, Alstom et Bouygues ont le même banquier, la maison Rothschild, employeur d’Emmanuel Macron jusqu’en 2012.

4 novembre 2014 : arrivé entretemps à Bercy, Emmanuel Macron signe l’accord du gouvernement pour la cession au groupe américain. La logique du circuit court prévaut : celui qui fut le promoteur de l’opération a eu le privilège de la valider…

28 mai 2015 : le ministre de l’économie se rend à Belfort pour rencontrer les salariés d’Alstom Transport et leur déclare : « Votre activité a une importance stratégique pour la France et sera donc défendue ». Cette déclaration n’empêche pas le volte-face deux ans plus tard : fraichement élu président de la République, Emmanuel Macron soutient la vente du groupe français à l’Allemand Siemens en prétendant bâtir un « airbus du rail ». Mais la commission européenne met un terme à ce projet en février 2019 pour éviter une position monopolistique. L’arroseur arrosé.

Juin 2018 : General Electric, qui avait assorti l’acquisition d’Alstom énergie d’une promesse de création de 1000 emplois en France, annonce finalement que cet engagement ne sera pas honoré. Le gouvernement de M. Macron répond qu’il restera « vigilant » !

Printemps 2019 : Prétextant un effondrement du marché des turbines à gaz, le groupe américain décide d’une restructuration et programme les annonces pour le 30 avril, qu’il repoussera à deux reprises, sous la houlette du nouveau directeur général qui vient d’être nommé et qui n’est autre que l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron au ministère des finances, Hugh Bailey… Ultime arrogance, la suppression des 1050 emplois intervient tranquillement 48 heures après un scrutin européen décisif pour le parti du président.

Un tel scénario relève du thriller hollywoodien. Comment un chef d’Etat a pu couvrir, encourager, justifier, organiser un tel désastre ? A chaque étape, à chaque échelon des chaines de décision, Emmanuel Macron n’a pas seulement laissé faire, il a agi de façon délibérée en bradant des technologies décisives (et l’ensemble des brevets) pour notre indépendance nationale : les turbines Arabelle qui équipent nos centrales nucléaires, le propulseur du porte avion Charles de Gaulle ou encore les turbines de nos quatre sous-marins nucléaires sont désormais sous bannière américaine !

Aujourd’hui, le plan de licenciement dans la division Gas Power de GE est assorti de mensonges éhontés. D’une part, GE a enregistré en 2018 le plus grand nombre de commandes de turbines à gaz. D’autre part, la consommation de gaz dans le monde ne cesse d’augmenter. De surcroit, la complémentarité de ces turbines avec les énergies renouvelables est attestée. Enfin et surtout, les activités produites à Belfort ne sont pas, contrairement à la communication officielle du groupe, supprimées, mais relocalisées pour partie aux Etats-Unis et délocalisées en Inde, au Mexique et en Hongrie.

Dans cette affaire, les intérêts des salariés du site et ceux de la Nation se confondent.

Pour les salariés comme pour la Nation toute entière, le président de la République a aujourd’hui le devoir de mobiliser tous les moyens de l’Etat pour réparer les fautes qui procèdent de sa responsabilité personnelle. »

*L’Insee chiffre pour 1 emploi industriel : 1,5 emploi indirect et 3 emplois dans le reste de l’économie.

Construction Européenne, pourquoi il nous faut tout changer !

En vue des élections européennes du 16 mai prochain, la Gauche Républicaine et Socialiste vous présente son livret :

« Construction européenne, pourquoi il nous faut tout changer ? »

 Voilà plus de 70 ans que la construction européenne se fait sans les peuples, quand ce n’est pas contre les peuples que celle-ci s’est faite.

C’est parce que nous croyons dans le projet européen que nous ouvrons un oeil lucide sur la réalité de sa construction et que nous voulons tout changer : l’Europe sociale, l’Europe écologique, l’Europe de la paix, toutes ces promesses resteront lettre morte tant que la construction européenne se fera dans le dos des peuples !

Retrouvez notre livret ci-dessous

Une autre réforme de l’impôt sur le revenu est possible, pour la justice sociale et fiscale

L’impôt sur le revenu est né en mai 1914 à un moment d’unité nationale face au péril de la guerre, comme un compromis entre la droite, qui l’avait d’abord refusé, et la gauche. L’idée d’alors était de fortifier la Nation et de substituer, à plus forte raison en 1917 quand il devient progressif, aux quatre vieilles (contribution financière, personnelle mobilière, patentes, portes et fenêtres) une imposition réellement assise sur les revenus des citoyens à raison de leur faculté contributive. Il est donc fortement lié à notre construction républicaine, en liant citoyenneté et justice sociale et a permis d’affermir le cadre démocratique de nos institutions étatiques. Si l’on s’en tient aujourd’hui à la définition que nous en donne l’INSEE, » cet impôt direct concerne les revenus, les bénéfices et les gains en capital. Il représente la deuxième recette fiscale pour l’Etat et est acquitté par moins de la moitié des citoyens contrairement à la TVA, première recette mais prélevée sans égard pour les inégalités de revenus des citoyens qui l’acquittent indistinctement à travers leur consommation. La gauche a historiquement promu au contraire l’impôt sur le revenu précisément pour établir une justice fiscale en faisant en sorte que celui-ci soit progressif en fonction des tranches de revenus.

Plus tard dans la seconde partie du 20ème siècle le gouvernement de Michel Rocard créera un nouvel impôt sur le revenu :  la contribution sociale généralisée puis la Contribution au remboursement de la dette sociale. L’objectif étant de garantir le financement de notre modèle social et d’assurer un financement plus large et juste.

Ce n’est qu’à partir de la conversion au social libéralisme au début des années 2000 que la gauche puis la droite ont importé une vision libérale anglo-saxonne de la baisse d’impôt comme réponse aux problèmes de pouvoir d’achat. Cette doctrine parmi les élites dirigeantes n’a malheureusement pas varié d’un gouvernement à l’autre. Il aurait pourtant été utile de s’attacher à résoudre l’inégale répartition de la valeur ajoutée entre le capital et le travail dans la mesure où la part de ce dernier tendait à décroître depuis la fin des années 80 en faveur des revenus patrimoniaux, capitalistiques et financiers.

C’est donc dans ce contexte libéral qui a plus de 20 ans qu’il faut comprendre la fameuse promesse d’Emmanuel Macron de baisse de 5 milliards d’impôt sur le revenu pour les deux premières tranches telles que proposées par le Ministre de l’économie Bruno Le Maire en lieu et place d’un soutien à l’augmentation des salaires. Rien d’innovant dans ces propositions qui consistent à réduire les marges de manœuvre de l’Etat autant que la redistribution fiscale concomitante. Il s’agit à la fois d’une cohérence idéologique, d’un moule de pensée dont Bercy est le parangon et d’une mise en conformité d’une politique économique avec les pressions du grand patronat et de la commission européenne de Bruxelles. Par ailleurs dans un pays où plus de 50% de la population ne paye pas l’impôt sur le revenu ces mesures ne sont d’aucun bénéfice pour les classes populaires.

Il existe cependant une autre réponse possible pour faire droit aux demandes légitimes du mouvement social et citoyen qui traverse en profondeur notre pays. Il s’agit de reformuler un impôt sur le revenu républicain et universel qui permette de donner un second souffle au consentement citoyen au système fiscal. Pour ce faire, nous proposons de rétablir 14 tranches afin de lisser l’effort et de réduire ainsi celui des classes modestes et moyennes et de rétablir une contribution plus forte de ceux qui gagnent le plus en supprimant les effets de tranche couperets que l’on constate logiquement avec seulement 5 tranches. Par ailleurs, cette réforme devrait s’accompagner d’une réforme de la CSG, impôt proportionnel et non progressif qui sert trop souvent de variable d’ajustement aux politiques fiscales des gouvernements qui font le choix contestable d’abaisser la fiscalité pour les plus aisés.

Un pouvoir bavard et avare !

Tout change sauf la politique du Président.

 

Depuis la salle des fêtes de l’Élysée, Emmanuel Macron ne répond pas à la crise. A la veille des élections européennes, le Président se contente d’un replâtrage de sa politique néolibérale et accuse une fin de non-recevoir aux principales revendications des Gilets Jaunes soutenus par une forte majorité de nos concitoyens : pas de RIC, maintien de la suppression de l’ISF, pas d’augmentation du SMIC. Dans le vocabulaire médical, une telle attitude porte un nom : l’obstination déraisonnable ! Quelques mesurettes sur les services publics surnagent mais les classes populaires sont les grandes perdantes. Aucun grand dessein n’est proposé aux Français pour l’avenir de notre modèle Républicain.

 

Emmanuel Macron s’est écouté parler en se noyant dans son emphase. Les demandes de justice fiscale et sociale sont balayées d’un revers de main. La retraite par points est confirmée, cela conduira à une baisse des pensions et constitue un premier pas vers le régime par capitalisation. L’allongement de la durée du travail pour financer de façon injuste la dépendance et le grand âge en prenant dans les poches des classes populaires et moyennes est une nouvelle attaque sociale majeure.

De même Emmanuel Macron refuse d’augmenter le SMIC, préférant opposer la compétitivité au salaire minimum qui est pourtant un instrument de stabilité et de protection du pouvoir d’achat de tous les travailleurs.

 

À cette politique régressive, nous opposons une politique active de l’emploi pour lutter contre le chômage par le soutien accru à l’activité économique et à la croissance. Nous proposons une nouvelle répartition du temps de travail permettant de diminuer sa durée à 32 heures par semaine, permettant à tous ceux qui le souhaitent de pouvoir se former à tous les âges de la vie.

 

Emmanuel Macron a par ailleurs ouvert une nouvelle brèche dans l’unité nationale. Si une nouvelle étape de la décentralisation peut être utile, prôner comme il le fait le différentialisme met à mal l’égalité républicaine. Cela créera de fait une concurrence entre nos régions qui ne peut qu’exacerber les inégalités territoriales.

 

La transformation de la haute fonction publique ne saurait s’opérer en mettant en cause le statut des fonctionnaires, seule garantie de leur indispensable indépendance face aux lobbies. De ce point de vue, les déclarations du Président sont inquiétantes car elles confortent davantage les allers-retours entre le public et le privé si préjudiciables à la prévalence de l’intérêt général.

 

Sur l’Europe et l’Union Européenne, le vide sidéral : dans ce domaine, le Président n’a ni ambition, ni vision, ni solutions à apporter. De même au sujet de l’urgence écologique et climatique. Au-delà des formules grandiloquentes et incantatoires, aucune annonce concrète : un conseil citoyen tiré au sort devra faire des propositions et la « taxe carbone aux frontières » ou le « prix du carbone » sont renvoyés à l’échelon européen. Ici plus qu’ailleurs la disproportion entre une situation critique qui alerte et mobilise nos concitoyens et les réponses apportées par le Président de la République frise l’irresponsabilité.

 

A l’issue de cette conférence de presse, apparaît un pouvoir toujours plus vertical et solitaire, un Parlement durablement affaibli, et quant aux corps intermédiaires, ils sont dans l’imaginaire élyséen de simples relais de la « start-up nation » : les syndicats sauront sans doute lui rappeler leur rôle de contre-pouvoir dans la rue le 1er mai.

La Gauche Républicaine et Socialiste appelle donc la majorité sociale des français à dire STOP à Macron en votant le 26 mai pour la liste de la France Insoumise conduite par Manon Aubry. Seul un électrochoc dans les urnes pourra déclencher un Acte 2 du quinquennat, celui de l’alternative populaire à gauche.

 

Notre Dame brûle, l’évergétisme flambe ! De quelques leçons sur la démocratie à tirer d’un incendie.

Par Jacques Rigaudiat, membre du Collectif d’Animation National

 

Nôtre Dame, joyau de notre patrimoine, a brûlé. Il a fallu peu de temps, pas plus de 24 heures, pour que cet accident majeur, qui a atteint cette part du cœur de notre identité collective, ne se mue en témoignage éloquent de l’état de déliquescence de notre démocratie.

En moins de 24 heures en effet, les trois principales grandes fortunes françaises, puis les plus grandes capitalisations boursières, se sont faites concurrences dans une surenchère indécente : cent millions ici, deux cents millions là, re-deux cents millions…. Et les français d’ainsi concrètement découvrir deux choses.

La première, ce que toutes les analyses ne cessent depuis des années de confirmer : ce moment de l’histoire est celui d’une concentration sans précédent des richesses entre les mains de quelques-uns. Pouvoir mobiliser de telles sommes en un claquement de doigts n’est pas certes pas donné à tout le monde ; sans doute pas à vous qui me lisez, et en tout cas pas à moi ! Comme le rappelle régulièrement OXFAM « le club des plus riches millionnaires qui possédait ensemble un patrimoine équivalent en valeur monétaire aux maigres avoirs détenus par la moitié la plus pauvres de l’humanité, soit 3 milliards 500 millions d‘êtres humains, est passé de 388 en 2010, à 85 en 2014, 65 en 2015, et 8 en 2016 »[1]. Ce moment, celui de la mondialisation néo libérale, est celui d’une véritable explosion des inégalités. Sur cela, qui est désormais bien connu, on n’en dira pas plus ici.

La seconde, moins fréquemment évoquée, est la découverte, pour beaucoup effarée, que cette générosité ostentatoire se faisait, au sens strict, à nos propres dépens : ces dons mirifiques étaient, en effet, en large part compensés par une déduction fiscale ! Au moment où l’on venait tout juste d’apprendre que, selon le dernier classement du magazine Forbes, B. Arnault  détenait la quatrième fortune mondiale, ceux-là mêmes qui venaient de bénéficier de la suppression de l’ISF allaient donc pouvoir tout à la fois donner à bien peu de (leurs) frais et prétendre, en plus, bénéficier de l’admiration du bon peuple, supposé ébahi par tant de générosité… Face à l’opprobre qui montait devant tant d’impudence, les uns, puis les autres, durent se résoudre à s’engager à ne pas utiliser la réduction fiscale à laquelle ils avaient pourtant légalement droit. Dont acte, nous verrons …

Il reste que cette impudence a donc une base légale. C’est de cela qu’il s’agit ici, car éminemment symptomatique des transformations qui affectent le mode de fonctionnement de ce qui se donne ouvertement pour une démocratie. Et pour cela, pour comprendre un tel mouvement, il faudra faire un détour par l’histoire.

Mais d’abord, notre législation, c’est la loi N° 2003-709 du 1 août 2003, relative au mécénat, aux associations et aux fondations. Elle est dite loi Aillagon, du nom d’un petit marquis tels qu’on les trouve parfois dans les contre-allées du pouvoir, qui fut pour un temps ministre de la Culture dans le gouvernement Raffarin et est actuellement … conseiller de F. Pinault ! Après avoir été directeur de son musée du Palazzo Grassi à Venise, il supervise aujourd’hui les travaux de la Bourse du commerce, où la collection Pinault d’art contemporain sera bientôt exposée. Le monde, leur monde, est décidemment bien petit….

Les principales dispositions de cette loi ? Le site du Ministère de la culture n’en fait guère mystère : « lorsqu’une entreprise assujettie à l’impôt en France fait un don à un organisme d’intérêt général, elle bénéficie d’une réduction de l’impôt sur les sociétés ou de l’impôt sur le revenu, mais peut aussi bénéficier de certaines contreparties en communication et relations publiques ». Pour les entreprises, « la réduction d’impôt est égale à 60 % du montant du don, « effectué en numéraire, en compétence ou en nature », et retenu dans la limite de 0,5 % du chiffre d’affaires H.T., avec la possibilité, en cas de dépassement de ce plafond, de reporter l’excédent au titre des cinq exercices suivants »[2].

A cette réduction d’impôt s’ajoutent donc les « contreparties », qui, je reprends ici les termes mêmes du site du ministère de la Culture, « constituent un avantage offert par le bénéficiaire au donateur en plus de la réduction d’impôt. La valeur de ces contreparties doit demeurer dans une « disproportion marquée » avec le montant du don : il est communément admis un rapport de 1 à 4 entre le montant des contreparties et celui du don, c’est à dire que la valeur des contreparties accordées à l’entreprise mécène ne doit pas dépasser 25% du montant du don ». Si l’on oublie généralement de mentionner ces contreparties, ce n’est pas le cas des bienheureux bénéficiaires, car, concrètement, elles leur permettent d‘organiser à peu de frais (pour eux) des réceptions dans des lieux prestigieux. Ce fut, semble-t-il, par exemple, le cas à plusieurs reprises à Versailles d’une grande entreprise automobile française, dont le désormais ex-dirigeant est actuellement retenu en résidence forcée au Japon…

Au total, le calcul est passablement simple : 60% + 25% = 85%. Pour eux, donner 100 coûte 15 ! Ce sont donc nos impôts qui financent l’essentiel de leurs largesses somptuaires. On comprend mieux leur générosité…

De ces dispositifs, dont la Cour des comptes a pu récemment dire qu’il était « parmi les plus généreux sur le plan international », le bilan est très mauvais, très mauvais pour les finances publiques et l’intérêt général bien sûr. En effet : « Le caractère très incitatif des mesures et la forte progression du nombre d’entreprises y recourant ont contribué à une multiplication par dix du montant de la dépense fiscale correspondante(…) Cette dépense, mal évaluée, est fortement concentrée sur les très grandes entreprises. Les dons qui la déclenchent ne sont, dans les faits, pratiquement pas vérifiés ».[3] Ainsi de cette dépense fiscale, passée de 90 M€ en 2004 à 900 M€ en 2016 et 2017, la Cour constate que « son suivi, son analyse et son pilotage par l’État sont particulièrement lacunaires. (…). Aucune évaluation de l’efficience des mesures fiscales en faveur du mécénat des entreprises n’a été réalisée récemment. Eu égard aux montants en jeu et à leur dynamisme, le constat d’une dépense fiscale non pilotée, mal évaluée et pratiquement jamais contrôlée doit appeler les pouvoirs publics à redéfinir le cadre et les modalités du soutien au mécénat des entreprises ». Fermez le ban ! En clair, les généreux donateurs font à peu près ce qu’ils veulent sans aucun contrôle. Cela ne peut donc clairement plus durer et il faut engager sans tarder une révision drastique de ce dispositif exorbitant du droit commun.

 

Tel est donc l’état actuel de notre droit. Mais, au-delà des additions, ou plutôt des soustractions de deniers publics, ces dispositions sont, quant à leur fond, parfaitement représentatives de notre temps, où la richesse est censée ruisseler des premiers de cordée vers le bas peuple au cul lourd, comme de ce que devient, même si c’est insidieusement, notre démocratie : une ploutocratie. De cela il faut s’expliquer et c’est ici qu’un détour par l’histoire s’impose.

Au début, en effet, était la démocratie grecque, celle de l’Antiquité. Au début, donc, les « liturgies », qui alors signifiaient non pas, comme aujourd’hui, les cérémonies d’un culte, mais « un service public, la prestation publique d’un citoyen vis-à-vis de l’Etat » [4].  La charge, à proprement parler, d’un service public dont l’exécution était confiée par l’Assemblée et les magistrats de la Cité à ceux de ses citoyens qui pouvaient financièrement l’assumer, les plus riches donc. Ce n’est que tardivement à la période hellénistique, après que les cités Etat eurent été mises sous tutelle macédonienne, et qu’avec elles la démocratie originelle se soit effacée au profit des oligarchies en place et de leur clientélisme, que le système des liturgies s’effondra. Là où jusqu’alors il y avait une charge assignée à certains par les représentants du démos, se mit progressivement en place un système du bon vouloir des oligarques, celui dit de l’évergétisme (« qui veut le bien »). On connaît à cet égard le mot fameux d’Aristote : « pour les magistratures les plus importantes (..), il faut leur attacher des dépenses publiques, pour que le peuple accepte de n’y point participer et ait même de l’indulgence pour les magistrats du fait qu’ils doivent payer leurs magistratures d’une somme aussi importante »[5]. Dès lors, plus besoin, d’être assigné par la Cité à l’exercice d’une charge, au sens plein du terme. Les liturges, ceux qui assument les charges d’un service public, sont alors devenus des évergètes, des bienfaiteurs… Dans ce glissement et de mot et de sens, tout est dit et, au passage, la démocratie originelle s’est effacée.

Ainsi, ce qui était charge du service public assumée par un citoyen riche, devient acte gracieux et dépendant du seul bon plaisir d’un oligarque dont la Cité doit de ce fait lui rendre grâce. Tant il est vrai, comme le dira à quelques millénaires de distance l’un des défenseurs les plus acharnés d’un libéralisme, oh combien autoritaire, A. Thiers : « la bienfaisance collective (…) doit rester libre de faire ou de ne pas faire »[6]. C’est cela, que nous avons tardivement[7] transformé en mécénat, du nom d’un chevalier romain du 1er siècle avant JC conseiller d’Auguste.

C’est de cette décomposition de l’esprit et même de la lettre initiale de la démocratie, dont la loi Aillagon est aujourd’hui l’héritière. C’est aussi de cela dont elle témoigne pour notre temps. Elle signale, en somme, le retour de l’oligarchie. Ainsi, aujourd’hui comme jadis, l’affirmation du pouvoir des riches efface celui de la volonté du peuple.

Voilà pourquoi, quand Notre Dame brule, c’est l’évergétisme qui flambe !

 


[1] Cité par Monique et Michel Pinçon Charlot dans leur préface à « Les riches font-ils le bonheur de tous ? », EKHO, avril 2019.

[2] Site du ministère de la culture et de la communication, sous l’onglet « mécénat ».

[3] « Le soutien public au mécénat des entreprises », Cour des comptes, 28 novembre 2018.

[4] E. Benveniste, « Le vocabulaire des institutions indo-européennes », Tome2, au chapitre « le roi et son peuple », p.93.

[5] Aristote, Politique, VI, 7, 6.

[6] A. Thiers, « Rapport général au nom de la commission de l’assistance et de la prévoyance publiques », séance du 26 janvier 1850, Assemblée Nationale.

[7] Le terme de « mécène » est attesté pour la première fois en français en 1526.

« L’Archipel Français » ( Jerome Fourquet, Le Seuil 2019) ou la dérive des continents politiques

Compte rendu de lecture par Gaëtan Gorce, Secrétaire Général adjoint de la GRS

Le bouleversement électoral survenu au printemps 2017 n’a rien d’un accident.
C’est en tout cas la thèse de Jérôme Fourquet, l’un des patrons de l’IFOP. Celui-ci s’appuie sur force cartes et sondages pour démontrer que les conditions de l’élection d’E. Macron traduisent l’arrivée à maturation des changements profonds de la société française, à l’œuvre depuis les années 60, dans sa structure comme ses représentations. L’affaissement de sa matrice catholique, désormais réalisé, en aura été l’élément déterminant. Jusqu’à récemment celle-ci constituait, vaille que vaille, la principale grille d’explication du vote et structurait l’opposition droite/gauche pratiquement depuis la Révolution.

Ce double clivage a laissé progressivement la place à une autre bipolarité, le vote s’organisant désormais de plus en plus clairement autour d’une nouvelle ligne de fractures séparant les diplômés des non diplômés et par extension le centre des agglomérations de leur périphérie, et les régions prospères des territoires en déclin.    

Le vote Mélenchon à l’occasion des élections présidentielles de 2017 obtient néanmoins un score plutôt homogène dans toutes les catégories comme si son discours avait été le seul à revêtir un caractère idéologique unifiant, susceptible de dépasser les différences de niveau d’éducation, d’habitat ou de destin. À l’inverse, la dualité « progressistes/ nationalistes » réintroduite par Emmanuel Macron dans son discours et appuyé par les positions du Rassemblement National (ex : Front National) exclue toute alternative républicaine et appuie, en creux, l’idée du « there is no alternative », une prétention à la vérité en politique, potentiellement dangereuse pour la stabilité politique de notre pays.   

Cette conclusion auquel parvient Jérôme Fourquet, à partir d’une analyse passionnante de dizaines de cartes, sonne pour nous comme une invitation à savoir formuler un discours qui parle à nouveau et en même temps aux banlieues et aux lotissements, aux ouvriers et aux professions intellectuelles !

 

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