La folie de la privatisation d’EDF !

C’est un véritable bras de fer pour les syndicats du groupe EDF qui commence aujourd’hui avec la Commission Européenne et le Gouvernement pour défendre le caractère public et d’intérêt national, non désintégré et non privatisable d’EDF.

Qui pourrait croire que la Commission Européenne et le Gouvernement Français marcheraient main dans la main pour démanteler le groupe EDF, monopole d’Etat assurant la production et la distribution d’électricité à nos concitoyens à un tarif unique et encadré ?

Cette situation ubuesque est pourtant symptomatique de la gestion du groupe EDF depuis plusieurs années par l’Etat. Aucune feuille de route, des choix industriels contestables voire désastreux, un démantèlement progressif de l’entreprise : tout a été fait pour préparer la privatisation du groupe. Ne manquait plus qu’à tronçonner les activités du groupe pour en faire des « paquets » privatisables les uns après les autres.

C’est exactement ce à quoi s’est attelé le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, qui dirige EDF depuis 2014 avec l’appui indéfectible … d’Emmanuel Macron. Rappelons à toute fin utile que c’est ce même duo infernal qui en 2016 a défendu bec et ongle, contre l’avis à l’époque des syndicats de l’entreprise, de Matignon et de la quasi majorité des députés de la commission des affaires économiques de l’Assemblée, le projet EPR d’Hinkley Point. Un projet fou à 20 milliards d’euros pour une génération de réacteurs encore jamais mis en service (Flamanville et Olkiluoto accumulant les retards). A cette même époque EDF, faisant face à des difficultés financières liées au montant de sa dette (actuellement 37 milliards €), cherchait à dégager des marges financières pour son plan « grand carénage » (maintenance des centrales) estimé à 51 milliards € sur la période 2014-2025. Thomas Pikemal, alors directeur financier d’EDF avait à cette occasion claqué la porte en faisant grand bruit pour protester contre une décision inconsciente.

Depuis le mois de juin le Jean-Bernard Lévy présente en interne un projet baptisé “Hercule”, préparé en concertation / supervision par l’Elysée et le Gouvernement. Il vise une séparation des activités du groupe EDF entre production et distribution afin de se conformer aux exigences de libéralisation et privatisation de la commission de Bruxelles. Ces exigences, en elles-mêmes contestables, confinent à l’absurde dès lors qu’il s’agit de marché de réseaux (énergie et transport notamment).

L’objectif semble être une privatisation des bénéfices commerciaux et une nationalisation des pertes liées à l’endettement inhérent à l’effort de production comme le soulignent plusieurs observateurs du secteur énergétique français. Peu ou prou la logique est toujours la même, l’Etat absorbe les pertes et les dettes, conserve les actifs les moins côtés et revend à vil prix les actifs les plus profitables à des entreprises privées. 

La Gauche Républicaine et Socialiste s’insurge contre cette nouvelle folie préparant le démantèlement et la vente au privé d’un groupe stratégique, un outil à la main de l’Etat et au service de nos concitoyens, une fierté nationale qui permet à tous de bénéficier d’une électricité abordable et distribuée dans tout le pays.

Au contraire c’est à la création d’un véritable pôle public de l’énergie à la fois instrument stratégique de notre souveraineté nationale et service public indispensable à tous les français que nous devons procéder !

La GRS soutient les mobilisations contre la réforme Macron des retraites

Suite aux annonces du Gouvernement sur la réforme de notre système de retraites la GRS appelle ses militants et sympathisants à participer massivement aux grèves et manifestations qui auront lieu le Samedi 21 et mardi 24 septembre à l’appel des organisations syndicales FO et CGT.

Le calendrier de la réforme est volontairement flou et allongé dans la durée. Le vote de la loi repoussé après les municipales, ne doit pas faire illusion : le gouvernement prépare une terrible régression sociale à l’encontre de millions de travailleurs et retraités en cassant le système de répartition solidaire à prestation définie pour le remplacer par un système individualisé qui conduira à un renforcement des inégalités entre catégories socio-professionnelles et à une baisse massive pour tous des pensions de retraite. La situation financière de nos régimes de retraite actuellement stabilisée ne justifie en rien ces attaques menées en concertation avec la frange la plus dure des libéraux et du patronat.

Contre l’allongement de la durée de cotisation et contre le système par points inégalitaire nous défendons le système de répartition à prestations définies et l’âge de départ à 60 ans. La réforme doit porter sur l’assiette du financement en augmentant les cotisations patronales et la fiscalité sur les super profits des multinationales. La GRS sera dans les manifestations syndicales pour un rapport de forces en faveur de la justice sociale et du monde du travail.

Pour une agriculture plus respectueuse du vivant

Retrouvez ci-dessous le texte fondateur du pôle thématique agriculture de la Gauche Républicaine et Socialiste

L’agriculture s’inscrit dans une évolution de la société et des choix politiques. L’ordre actuel du monde entraîne l’humanité sur une voie dangereuse, car il pervertit les bases même de la politique, qui sont de définir des orientations d’intérêt général.

Tout concourt – dans la mondialisation financière – pour ne pas tenir compte du parti du vivant. C’est l’inverse qu’il faut faire. Il faut changer l’ordre du monde, prendre le parti du vivant, mettre sous contrôle les puissances économiques et financières, en faisant en sorte que la société soit plus sobre, plus harmonieuse et mieux intégrée dans son environnement.

Changer l’ordre du monde en agriculture, c’est engager une transformation profonde du mode de production actuel, trop soumis à la pression des marchés mondiaux, trop tourné vers des objectifs de productivité du travail et de rentabilité du capital.

Livrer l’agriculture au libre-échange mondial et au marché, c’est la mettre dans la main des entreprises multinationales et de la grande distribution. Le revenu des agriculteurs et leur santé ainsi que celle des consommateurs, la pérennité des terres agricoles, sont autant de problèmes qui semblent de plus en plus insolubles. 

Depuis le traité de Rome, en 1957, et les accords européens créant la Politique Agricole Commune (PAC) au début des années 1960, l’agriculture française est placée sous gestion européenne. Elle en a bénéficié, ainsi que l’industrie en amont et en aval, mais la PAC se réduit aujourd’hui à des mécanismes, ce n’est plus une politique, en dehors de servir les intérêts des firmes multinationales.

Les objectifs initiaux du traité de Rome ont été perdus de vue. Les responsables des Etats se sont privé volontairement des outils de régulation des productions agricoles, de manière à satisfaire l’idéologie libérale des dirigeants institutionnels européens. C’est ainsi que l’agriculture a été livrée au libre-échange et au marché mondial sans protection, avec l’objectif premier de conquérir des parts de marché à l’export, face à la concurrence des marchés américains. 

Les conséquences ont été, notamment :

– la concentration excessive des moyens de production et des fermes,

– la recherche d’une productivité toujours plus grande, délaissant les principes de base de l’agronomie, utilisant à l’excès les produits chimiques,

– la tendance généralisée à la baisse et à la variation des revenus agricoles, entraînant de trop nombreuses cessations d’activité et suicides d’agriculteurs,

– la dégradation de la capacité de production des sols,

– les risques croissants pour la santé des producteurs et des consommateurs. 

Ce constat rassemble les différents courants politiques de gauche mais c’est au niveau des moyens à prendre qu’il faudra approfondir les réflexions et les discussions.                                     

Nous affirmons, dans le texte d’orientation de la Gauche Républicaine et Socialiste, intitulé “La grande bifurcation”, qu’il faut “engager la révolution agricole”, en sachant que cela ne concerne pas que l’agriculture, mais aussi les politiques liées à l’alimentation, à la santé, à l’environnement, à la ruralité. 

La révolution agricole nécessite de mobiliser l’ensemble des citoyens, concernés en tant que consommateurs de produits alimentaires et au niveau de leur santé. Elle exige une cohérence globale, intégrant les modifications climatiques, le mode de production agricole et la réorientation des aides européennes.

La révolution agricole conduit à respecter le principe de la souveraineté alimentaire au niveau le plus approprié, par pays ou par groupe de pays, ou les deux à la fois, la question alimentaire et l’agriculture étant traitées aux deux niveaux, de l’Union européenne et des Etats. 

La politique agricole est organiquement liée à la politique alimentaire :

– Les consommateurs doivent avoir confiance dans les produits alimentaires.

– Les agriculteurs doivent avoir des revenus suffisants pour produire dans des conditions satisfaisantes (qualité, environnement).

Il faut donc tirer vers le haut à la fois la qualité de l’alimentation et la qualité des revenus agricoles :

– Tenir compte de ce qu’attendent les consommateurs.

– Réguler l’offre de produits alimentaires aux niveaux national et européen. 

L’assiette du consommateur doit être de meilleure qualité, pas seulement de produits issus de l’agriculture biologique. Il faut une politique publique d’offre alimentaire, sachant que les liens entre aliments et maladies sont très importants (cancers, maladies cardio-vasculaires, notamment). Les aliments ultra-transformés, avec additifs et conservateurs alimentaires, ont des effets sur la santé.

Et il faut agir sur la demande alimentaire :

– informer le consommateur, encadrer la publicité,

– agir sur les conditions de la production agricole,

– faire en sorte que l’Etat ait des moyens de contrôle suffisants.

La question alimentaire a un lien direct avec les conditions sociales (précarité et obésité, mal bouffe). C’est pourquoi il faut une politique agricole et alimentaire, à la fois cohérente et volontariste.

Sur ces bases, il est certainement possible de nouer des accords au sein de la gauche. L’agriculture pourrait être le fer de lance du rapprochement nécessaire des forces de gauche lors des prochaines échéances électorales qui suivront les élections européennes.

G7 de Biarritz : des bravades, mais pas d’acte fort !

Le sommet du G7, réunissant sept des pays parmi les plus riches de la planète, s’achève ce lundi après plusieurs jours de coup d’éclats et de coups de communication bien huilés depuis l’Élysée. Un premier bilan politique s’impose et il est loin d’être reluisant en regard des objectifs affichés pour une réunion sous l’égide de la France cette année.

Le président de la République a commencé le G7 sur un air tonitruant par un accrochage en direct avec le président du Brésil, Jair Bolsonaro, suite aux tragiques incendies en Amazonie. Nous actons à cette occasion la décision bienvenue mais néanmoins opportuniste d’Emmanuel Macron de refuser le traité de libre-échange dit « Mercosur », qu’il a pourtant signé en juin 2019, avec les pays d’Amérique du sud dont le Brésil. Pourtant cette annonce cache mal l’absence d’engagements concrets pour la défense de l’environnement ni le bilan écologiquement déplorable des autres traités de libre échanges acceptés par Emmanuel Macron, notamment avec le Canada présent au G7.  

Ces bravades sur l’Amazonie, s’ajoutant à celles au sujet du nucléaire Iranien, ont occulté le fait que le G7 devait initialement être dédié à la lutte contre les inégalités dans le monde. Sur ce thème, rien de substantiel n’a été décidé par les membres du G7.

La lutte contre l’évasion fiscale pratiquée par les GAFAM enregistre au contraire de nouveaux reculs après la proposition de Bruno Le Maire de retirer la fameuse « taxe GAFAM » pourtant votée récemment par les députés à l’Assemblée Nationale.

Emmanuel Macron a multiplié les déclarations et les postures lors de ce G7 sans apporter de résultats probants et sans convaincre ses homologues, ni les peuples concernés. Comment pourrait-il en être autrement ? Les réformes néolibérales depuis le début de son mandat s’inscrivent précisément dans le système économique capitaliste qu’il fait mine de combattre au niveau international. 

L’urgence sociale, écologique et démocratique commande plutôt de mettre en œuvre un réel multilatéralisme qui fasse la part belle aux coopérations entre pays du Nord et du Sud et aux organisations plus ouvertes aux grandes puissances émergées. De ce point de vue la réussite populaire du contre-sommet du G7 est un premier signe positif de la capacité de résistance et de propositions alternatives des mouvements sociaux.

Boris Johnson premier ministre : un Brexiter à l’épreuve du feu !

Depuis le 24 juillet, le débonnaire et fantasque Boris Johnson est désormais Premier ministre du Royaume-Uni. Le député conservateur a été un ardent promoteur du « vote leave » lors de la campagne du référendum de 2016. Utilisant avec habileté la rhétorique du « take back control » (« reprenez le contrôle ») dans un pays miné par les inégalités sociales et économiques, se tenant bien souvent à la limite de la « fake news »[1], ses détracteurs l’accusent en sus d’être homophobe, raciste et sexiste. Nul hasard s’il a été nommé le candidat « marmite » du nom de cette pâte à tartiner bien anglaise que l’on ne peut qu’adorer … ou détester.

Au-delà de ses frasques Boris Johnson agit depuis 2016 en fin stratège. Après avoir été le plus bruyant des conservateurs sur le thème du « leave », il se déclare hors course pour le poste de Premier ministre à la démission de David Cameron et laisse Theresa May se briser la nuque sur des négociations impossibles avec la Commission et le Conseil Européen. Il n’hésite pas ensuite à dénoncer l’accord trouvé par May, qu’il considère comme une trahison du Brexit, joue de l’« affection » que lui porte Trump pour humilier May lorsque le Président Américain est en visite à Londres, et ne cesse de plaider pour un hard-Brexit, un Brexit sans accord. Cet éternel opposant chez les Tories consolide ses troupes, attend son heure et, avant même la démission de May, son nom est déjà sur toutes les lèvres pour lui succéder. 

Mais voilà que celui que l’on surnomme BoJo, ce pur produit de l’élite Anglaise (diplômé de grec ancien, passé par Eton et Oxford, ancien maire de Londres) fait l’épreuve du feu à peine nommé. Lors du discours suivant sa nomination au poste de Premier ministre, exclusivement dédié au Brexit, il réaffirme sa volonté d’honorer la parole donnée au peuple de respecter le choix des urnes et de sortir de l’UE au 31 octobre, avec ou sans accord. Johnson espère pouvoir rouvrir des négociations avec l’UE en jouant à fond la carte de la sortie « sèche » que Theresa May n’avait jamais fait que brandir comme un joker dans ses discussions avec les 27. Pourtant derrière cette volonté affichée de respecter la souveraineté populaire, trois dangers le guettent : 

·      Les difficultés économiques qu’un hard Brexit ne manquerait pas de provoquer au Royaume-Uni. Si les bourses Européennes ont accueilli sans émotion sa nomination (attendue), la city reste sur le qui-vive et les banques, assurances et fonds d’investissement prêts à délocaliser leurs activités. Par ailleurs le rétablissement des droits de douanes avec les 27 (suivant les règles génériques de l’OMC) impacterait la compétitivité de l’économie Britannique à l’export et renchérirait le coût de ses importations. Une dévaluation compétitive pourrait alors intervenir pour récupérer des marges à l’export. Une période de turbulences économiques s’ouvrirait pour le Royaume.

·      Les velléités indépendantistes Ecossaises qui se trouvent renforcées. Après l’échec cuisant du référendum de 2014 (près de 56% favorable au maintien dans le Royaume), Nicolas Sturgeon, Première ministre d’Ecosse voit dans le risque d’un hard Brexit l’occasion d’imposer un second référendum sur l’indépendance, sur cette terre où le « non » à la sortie de l’UE a recueilli 62% des suffrages en 2016. Boris Johnson, en visite dans les trois autres nations qui composent le Royaume-Uni, a pu mesurer en Ecosse son déficit de popularité : l’Anglais issu de l’establishment Tories a été accueilli par les sifflets et, après son entrevue avec Sturgeon, a dû s’éclipser par une porte dérobée. 

·      Le cas explosif de l’Irlande. Dès les premières discussions en 2016 le cas Irlandais est apparu comme l’épine dans la botte des négociateurs britanniques et européens. Le risque d’un rétablissement de la frontière entre l’Irlande du Nord (Ulster) et l’Irlande (Eire) est de nature à enflammer l’Irlande du nord, ravivant la menace d’un affrontement entre unionistes (majoritairement protestants) et séparatistes (majoritairement catholiques) moins de quinze ans après la dissolution officielle de l’IRA. Un conflit qu’alimenterait la mauvaise entente depuis 2017 entre les responsables politiques du DUP (le parti Unioniste démocrate, loyalistes, favorable au maintien de l’Irlande du Nord au sein du Royaume et favorable au Brexit) mis en cause dans plusieurs affaires de corruption et ceux du Sin Féin (parti républicain, « nationaliste » et de gauche, défavorable au Brexit) qui ont par conséquent fait exploser le gouvernement d’union de la province d’Irlande du Nord. Dernière donnée de cette délicate équation politique : les Tories ont besoin des députés du DUP pour conserver leur majorité à Westminster, compliquant ainsi les arbitrages en Irlande du Nord. L’ombre des « troubles » continue ainsi de planer sur ces négociations tendues.

Le respect de la souveraineté populaire exprimée dans les urnes est la condition de la démocratie, et il faut faire crédit à Boris Johnson d’avoir su le rappeler avec vigueur. Mais le Brexit fait courir un risque économique à toute l’Europe et menace l’unité même du Royaume. Gageons que les dirigeants européens et la Commission Européenne ne souffleront pas sur les braises de l’instabilité comme l’a fait Emmanuel Macron dans les mois précédents le report de la date du Brexit.

Qu’ils soient ou non membres de l’UE, nous sommes liés aux Britanniques par le poids de l’histoire, nous siégeons ensemble au Conseil de sécurité de l’ONU en vertu même de cette histoire. Un affaiblissement du Royaume-Uni ne profiterait à personne ; cessons alors de prétendre les « châtier » pour leur vote, comme le veulent les libéraux prêts à accueillir l’Ecosse pour affaiblir le Royaume. Les Britanniques ont fait le choix de quitter l’Union Européenne et l’on peut s’en désoler, mais ils ne quittent pas l’Europe !

Pour aller plus loin sur les conséquences économiques du Brexit, retrouvez le dossier réalisé par Emmanuel Maurel à ce sujet en cliquant ici


[1] Sur la Turquie par exemple, dont il prétendu durant la campagne que des négociations étaient en cours pour son entrée dans l’UE.

Greta Thunberg, CETA : le climato-cynisme des macronistes

Greta Thunberg était aujourd’hui reçue à l’Assemblée nationale. Après une courte allocution et une séance de questions-réponses, elle était invitée à assister aux questions d’actualité dans la tribune d’honneur de l’hémicycle.

Si nous sommes au diapason avec la jeune activiste et militante écologiste lorsqu’il s’agit d’alerter sur l’urgence écologique, il est du devoir des responsables politiques de conserver une distance critique.

Bien sûr, pour une certaine frange conservatrice des LR, l’occasion était trop belle de dénoncer « un pur objet de communication et d’instrumentalisation du débat politique »[1] ou un « gourou apocalyptique »[2].

Ces mêmes responsables politiques de droite, qui réclament l’audition de scientifiques et boycottent Thunberg, sont atteints de surdité aigüe lorsque le GIEC publie un rapport. Cette bronca à coup de tweets assassins cache ainsi très mal leur climato-cynisme.

Au-delà des provocations et des postures, le véritable enjeu est celui du CETA. Le jour même où Greta Thunberg était reçue à l’Assemblée nationale, les députés s’apprêtaient à voter pour le traité de libre-échange avec le Canada. Un traité qui va augmenter mécaniquement, par l’effet du transport de marchandises, les émissions de gaz à effet de serre. Un traité aux répercussions écologiques néfastes puisque des marchandises fabriquées avec du pétrole de schiste canadien pourront être importées ainsi que des produits agricoles utilisant des pesticides interdits en France (tel l’atrazine). 

Interrogée au sujet du CETA lors de la conférence de presse ayant suivi son allocution, Greta Thunberg a refusé de se positionner indiquant qu’elle n’avait aucune opinion à ce sujet[3]. Cela a d’ailleurs permis à Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, de clamer lors des questions d’actualité « Oui à Greta, oui au CETA ! »

De ce paradoxe on peut tirer deux enseignements : d’une part qu’En Marche et le Gouvernement ont fait une nouvelle démonstration de leur cynisme en matière écologique en invitant Greta Thunberg le jour même de la ratification du CETA. D’autre part que le militantisme écologique finalement très consensuel pratiqué par Greta Thunberg butte sur un obstacle : le fait politique. Le combat contre le dérèglement climatique est un combat politique qui implique d’assumer des positions tranchées. Si la jeunesse et les militants écologiques dans leur ensemble se bornent à traiter l’urgence écologique comme un enjeu infra ou supra-politique, leurs discours se perdront dans l’écho comme un prêche dans le désert et la cause écologique restera vaine. La GRS soutient tous les militants de conviction qui assument de rompre avec le dogme du libre-échange et ses conséquences écologiques désastreuses.

 

[1] Déclaration de Julien Aubert sur BFMTV mardi 23 juillet

[2] Déclaration de Guillaume Larrivé sur twitter samedi 20 juillet

[3] Déclaration de Greta Thunberg lors de la conférence de presse ayant suivi son audition à l’Assemblée nationale mardi 23 juillet

Vente Alstom : une nouvelle plainte d’Anticor pour une affaire d’Etat

L’association Anticor a déposé une plainte contre X pour corruption et détournement de fonds publics. 

Cette plainte contient deux volets. Le premier concerne les accusations de corruption à l’international pour lesquelles Alstom a déjà plaidé coupable. Anticor soulève que les individus ayant mis en place ce système de corruption n’ont pas été poursuivis, visant sans le nommer Patrick Kron, qui dirigeait alors l’entreprise. Le second volet de cette plainte est éminemment politique : pour s’opposer à la session de la branche énergie d’Alstom à General Electrics, Arnaud Montebourg avait obtenu de Bouygues un prêt à l’Etat de 20% des actions du groupe, avec une option d’achat jusqu’au 17 octobre 2017.

Lors de l’annonce de la fusion entre Alstom et Siemens le 26 septembre 2017, Le gouvernement s’est abstenu de faire jouer cette clause d’achat, ce qui a entraîné la perte d’une plus-value estimée entre 350 et 500 millions d’euros. Les actions sont in fine retombées dans l’escarcelle du groupe Bouygues. L’Etat a donc volontairement perdu plusieurs centaines de millions d’euros au profit du groupe.     

Il s’agit là d’un nouveau scandale potentiel concernant la liquidation du groupe Alstom. La responsabilité personnelle d’Emmanuel Macron est déjà engagée dans ce dossier, il faut désormais y ajouter celle de Bruno Le Maire, ministre de l’économie au moment où l’Etat a laissé ces 500 millions d’euros à Bouygues.

Non seulement ceux-ci ont laissé un géant américain prendre le contrôle du fournisseur de nos turbines nucléaires et éoliennes, mais ils ont également été d’une inconséquence ahurissante à propos des finances publiques. Ceux qui défendent l’austérité et la baisse de la dépense publique pour combler les déficits le matin laissent près d’un demi-milliard d’euros sur la table de Bouygues le soir. L’association Anticor y voit le signe de la corruption et souhaite que la lumière soit faite sur ce scandale.

Il s’agit de la seconde plainte pour corruption reliée à l’abandon d’Alstom, après celle déposée par le député Olivier Marleix au mois de janvier 2019. Dans celle-ci, déposée au mois de février il incrimine directement Emmanuel Macron à propos de la session à General Electrics. La Gauche Républicaine et Socialiste souhaite que la lumière soit faite en totalité sur la complexe affaire Alstom et si des faits de corruption sont avérés, que leurs auteurs soient punis.

Nantes : où est Steve ?

Article proposé par le Comité d’animation départemental de la GRS 44

Le 21 juin dernier, jour de fête dans toute la France, s’est fini dramatiquement à Nantes. Une free party organisée Quai Wilson à l’extrémité de l’Ile de Nantes, au bord de la Loire prend fin dans une confusion terrible mêlant interventions des forces de l’ordre et chutes dans la Loire. Cette fête existe depuis plus d’une vingtaine d’années dans un endroit éloigné d’habitations. Elle se termine bien au-delà de quatre heures du matin.

Le 22 juin, après une intervention des forces de l’ordre et la cohue des participants cherchant à fuir, on apprend que 14 personnes ont été repêchées par les pompiers. Mais une personne semble manquer à l’appel, un jeune homme de 24 ans, animateur dans le périscolaire : Steve Maia Caniço. 

La version officielle veut que suite à une première ronde de la police il a été demandé à ce que le son soit coupé à 4h. La plupart des DJ présents s’exécutent. Un seul continue, obligeant ainsi les policiers à revenir. S’en suit une charge policière de 20 minutes avec usage de gaz lacrymogènes, taser, LBD et grenades de désencerclement.

Dans la panique, l’environnement étant recouvert d’un épais nuage de lacrymogènes, des participants tombent dans la Loire. 

Depuis un mois, la question subsiste :  Où est Steve Maia Caniço ?

Malgré la mobilisation de proches de Steve, qui rencontre un important écho, le pouvoir se tait. Christophe Castaner, interpellé par la Maire de Nantes Johanna Rolland se dédouane en la redirigeant vers le parquet. 

Une fois encore c’est l’usage disproportionné de la force qui est pointé du doigt. Cet usage est monnaie courante à Nantes. Les manifestants contre la loi El-Khomri et les Gilets Jaunes avant eux en ont déjà fait les frais.

Christophe Castaner use et abuse de ces techniques violentes et contestables de maintien de l’ordre. Ainsi le commissaire responsable de cette opération le 21 juin a-t-il récemment été décoré d’une médaille de la sécurité intérieure… pour sa gestion du mouvement des Gilets Jaunes. 

Même la police a réagi à cet incident : le syndicat de police Unité SGP organisme se dit « consterné par l’incident qui s’est déroulé dans le cadre de ce qui était à la base, et aurait dû rester, une fête ». Le syndicat évoque « une faute grave de discernement, un ordre aberrant, mettant d’abord nos collègues en danger, et les usagers. […] Ce n’était pas des casseurs mettant Nantes à sac nécessitant donc d’intervenir immédiatement. Il s’agissait de fêtards ».

Que ce genre de méthodes soient utilisées pour la gestion des manifestations et mouvements sociaux est déjà en soi un véritable problème mais les bornes sont dépassées depuis longtemps lorsqu’il s’agit d’une fête. 

La Gauche Républicaine et Socialiste témoigne son soutien à la famille de Steve et de ses amis. Elle demande que la vérité soit faite sur ces événements tragiques qui ont incité le défenseur des Droits à s’autosaisir.

Retraites à points et « âge pivot » à 64 ans, attention dangers !

Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire du Gouvernement, rendait ce mardi 18 juillet au Premier ministre son rapport. Ce rapport préconise sans surprise une réforme des retraites selon le système à points inspiré des modèles techno-libéraux. Ces propositions remettent en cause la retraite à 62 ans et la sécurité de futurs retraités incapables d’anticiper le montant du point donc le montant de leur retraite. Cette entreprise de démolition d’un système par répartition qui a fait ses preuves trouverait son point d’aboutissement en 2025.

Le Haut-Commissaire agit sur commande et participe à un séquençage bien huilé depuis Matignon et l’Élysée. Objectifs poursuivis par Emmanuel Macron : mettre en scène et en mots une réforme qui veut présenter les dehors de la concertation et la justice sociale afin de mieux imposer une politique régressive socialement au détriment de la majorité des travailleurs.

Un système à points ou le basculement vers une flexibilité brutale sur le dos des retraités

Le rapport gouvernemental préconise de passer d’un système par répartition à prestation définie à un système par cotisation soumise à variation selon la conjoncture économique, politique et démographique. La retraite sera perçue non plus en fonction des meilleures années des revenus d’activité mais de l’ensemble de la carrière des salariés et des fonctionnaires, ce qui constitue un grand bond en arrière pour l’immense majorité des Français. La pension sera liquidée en fonction de points corrélés à l’activité économique, à la pression démographique et au bon vouloir politique. La prestation devient individualisée sans égards pour le métier, la précarité du travail, les aléas de la vie ou la maladie. Les jeunes, qui rencontrent actuellement le plus de difficulté à accéder à un travail stable, seront les premières victimes de cette réforme. Les projections établies par Le COR (Conseil d’Orientation des Retraites) ne laissent d’ailleurs que peu de doutes sur les véritables finalités du système à points si l’on considère les tendances à la baisse de 10 à 30 % des pensions dans les années à venir. 

L’âge pivot, la grande supercherie de cette opération gouvernementale !

L’âge pivot est l’autre nom de l’âge de départ à la retraite qui est repoussé de 62 à 64 ans pour faire travailler plus longtemps l’ensemble des travailleurs. Avec le système de décote avant cet âge pivot directement inspiré par le Président de la République, c’est à une chute toujours plus forte des pensions et à un maintien en activité forcé auquel les français seront soumis avec cette mesure. Ou alors à une baisse encore plus forte des pensions si les entreprises imposent, comme c’est souvent le cas, un départ anticipé. 

Des aménagements sociaux à la marge qui masquent mal l’injustice du projet

Le Gouvernement s’était empressé en 2017 de supprimer la timide réforme instaurant un compte pénibilité pour la retraite des travailleurs ayant exercé des métiers difficiles pour leur santé. Le rapport Delevoye ne fait que confirmer cette suppression et ne prévoit rien de substantiel permettant de prendre en compte la pénibilité. Les mesures sur le minimum vieillesse ou l’égalité homme femme tiennent plus du maquillage que d’un véritable souci d’équilibre si l’on considère l’ampleur des reculs sociaux explosifs contenus dans les préconisations de ce rapport. 

En préconisant un système unique et uniforme ne prenant plus en compte les spécificités de certains métiers, le Gouvernement agit en contradiction avec son attaque contre le régime d’indemnisation, dans lequel l’égalité de traitement en fonction des cotisations a été dogmatiquement exclu afin de réintroduire une dégressivité des indemnités. A chaque réforme sociale, le but du gouvernement est clair : faire des économies et attaquer les fondements solidaires de notre système social.

La Gauche Républicaine et Socialiste défend une autre réforme

La Gauche Républicaine et Socialiste défend une autre réforme fondée sur une plus juste répartition des richesses entre les classes sociales assurant un financement pérenne du système par répartition à prestations définies. Nous proposons de rétablir les cotisations patronales à hauteur des besoins de financement ainsi que la fiscalité sur les stocks options et d’instaurer un nouvel impôt sur les super profits des multinationales. Enfin c’est un véritable débat qui doit s’ouvrir, prenant en compte les revendications et propositions des organisations syndicales.

Nous serons au rendez-vous des mobilisations à venir en septembre !

 

Ecologie : Apres la Démission De Rugy, L’écologie trouve une nouvelle Borne

La démission le mardi 16 juillet du Ministre de Rugy après les révélations en cascade de Mediapart et de plusieurs titres de presse sur son train de vie était devenue nécessaire. C’est toute la communication d’Emmanuel Macron sur l’exemplarité en politique qui est battue en brèche et les contradictions de l’ancien Ministre d’Etat sont sanctionnées également, lui qui fut toujours prompt à jouer les moralistes durant sa carrière. La crise sociale et politique que notre pays traverse du fait de la politique pro-riches d’Emmanuel Macron exacerbe le sentiment d’injustice lorsqu’on demande à ceux qui ont des petits revenus toujours plus d’efforts alors qu’ils peinent à boucler leur fin de mois.

Si l’on peut légitimement s’interroger de l’impossibilité de faire coïncider un temps médiatique toujours trop court et un temps judiciaire toujours trop long, il faut « en même temps » constater l’immoralité des actes révélés. Servir l’intérêt général en République n’est pas se servir. Il faut distinguer ce qui relève du service public et de son intérêt personnel, c’est un préalable indispensable auquel doit s’astreindre chaque élu dans l’exercice de son mandat ou de ses responsabilités.

Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont toutefois décidé, plutôt que de sortir par le haut de cet épisode peu glorieux pour eux, de rétrécir encore le carré gouvernemental et le périmètre de l’écologie dans l’action de l’Exécutif. L’annonce de la nomination d’Elisabeth Borne, ministre des transports, projetée en toute hâte présidentielle Ministre de l’Ecologie n’est pas pour nous rassurer. Elle s’est illustrée par sa froideur technocratique à exécuter les ordres de la commission européenne en libéralisant sans scrupule le transport et le fret ferroviaire. Rappelons-nous par exemple la suppression anti-écologique du train des primeurs reliant Perpignan à Rungis qui lui valut le prix du « pollueur de l’année » remis par la CGT. La réforme néolibérale de la SNCF sans véritable dialogue sociale et au détriment du service public du rail c’est également elle !

Dans ces conditions on peut se demander quelle confiance accorder à cette nouvelle Ministre qui n’aura, fait notable, plus le rang de Ministre d’Etat qui était celui de ses deux prédécesseurs. D’ailleurs la nouvelle ministre aura pour première tâche de défendre politiquement la ratification aujourd’hui à l’Assemblée nationale  du CETA, cet accord de libre-échange avec le Canada, insensé tant aux plans économique, social qu’écologique : tout un symbole ! L’écologie n’est pas compatible avec le néolibéralisme, un certain Nicolas Hulot l’avait rappelé de façon cinglante à l’Exécutif il y a de cela … dix mois.

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