Les adhérents de la Gauche Républicaine et Socialiste ont choisi leur candidat à l’élection présidentielle : Ce sera Arnaud Montebourg

C’est un choix logique et cohérent. Un choix qui s’impose au regard des enjeux actuels.

La crise sanitaire a mis en lumière l’absurdité et l’inefficacité d’un système fondé sur le libre-échange généralisé, l’austérité budgétaire, l’affaiblissement de l’État et la course au moins disant social. Elle a aussi discrédité des dirigeants qui, aveuglés par leur dogmatisme, ont laissé faire, voire encouragé, les délocalisations industrielles et la casse des services publics.

Macron est de ceux-là. Que restera-t-il de son quinquennat ? Un grand mouvement social, celui des Gilets Jaunes, provoqué par une des mesures iniques qui ont fait la marque de fabrique de ce gouvernement. Le grand désarroi des enseignants, des chercheurs, des personnels des hôpitaux face à la dégradation de ces services publics. La gestion calamiteuse à grand coups d’improvisations, de la crise du Covid, qui a exacerbé l’angoisse des Français. Une pratique solitaire du pouvoir. Une série de mesures en faveur des plus riches au moment où le pays tout entier devait son salut aux travailleurs de l’ombre, mal payés et mal considérés. Les classes populaires ont été largement sacrifiées, méprisées, parfois même matraquées, sous ce quinquennat. 2022 doit permettre le retour de la France populaire.

Pour nous, cela passe par une politique de redressement républicain. Démondialisation, promotion du « made in France », retour de l’État dans la vie économique et sociale, augmentation massive des bas salaires, transition écologique et objectif zéro pétrole, égalité territoriale, défense de la laïcité, 6ème République : les priorités politiques d’Arnaud Montebourg sont les nôtres.

La faiblesse actuelle de la gauche n’est pas une fatalité. En renouant avec l’esprit de conquête républicaine, avec le volontarisme politique, avec le respect de la souveraineté populaire, nous pouvons démentir les prévisions les plus sombres.

Ce soutien à notre candidat n’implique pas de renoncer à l’ambition unitaire qui toujours été la nôtre. Lors de la création de la GRS en 2019, nous en appelions à la construction d’un « nouveau Front populaire » fédérant toutes les composantes de la gauche et de l’écologie et à l’élaboration d’un pacte législatif entre elles. Cet objectif reste pertinent si l’on veut faire échec au macronisme et affronter une extrême droite menaçante.

Dans ces temps confus et incertains, l’essentiel est de savoir pour qui on se bat, et où l’on veut aller. Pour les militants de la gauche républicaine, il n’y a rien de plus exaltant que de se consacrer au redressement de la France. Avec Arnaud Montebourg, nous pouvons y contribuer.

Une conférence de presse, diffusée en ligne et en direct sur la page facebook de la GRS, depuis le siège du parti au 3 avenue de Corbera à Paris (12e arrondissement), se tiendra aujourd’hui à 19h30 en présence d’Arnaud Montebourg.

Quelques pistes de réflexion pour une réforme fiscale fondée sur la justice

Recettes fiscales : chez les néolibéraux, à droite et parfois même à gauche, le mot est devenu tabou… sauf lorsqu’il s’agit de baisser les taxes sur le carburant… Pourtant, pour mener des politiques publiques, l’Etat a bel et bien besoin de recettes fiscales, assumons le. Pour revenir à un débat public plus rationnel, la confiance de l’opinion dans le système fiscal est nécessaire… Cette dernière ne sera acquise qu’à condition de restaurer la justice fiscale.

Une réforme de la fiscalité pourrait être l’occasion d’appliquer le principe énoncé par la Déclaration des droits de l’Homme, selon lequel l’impôt « doit être également réparti entre les citoyens, selon leurs facultés ». Il s’agit tout d’abord de renforcer la progressivité globale de l’impôt.

Cela nécessite de rétablir et rénover l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), en l’asseyant sur l’ensemble des actifs d’un contribuable (immobiliers, mobiliers et financiers) et en instaurant un barème progressif : 5 à 10 milliards d’euros (selon l’assiette retenue) pourraient être dégagés.

Il faut également rétablir la progressivité de l’imposition des revenus du capital, en supprimant le prélèvement forfaitaire unique (PFU ou « flat tax »), ce qui procurerait 1 à 3 milliards d’euros de recettes fiscales supplémentaires.

Il serait également nécessaire d’augmenter la progressivité de l’impôt sur le revenu en créant de nouvelles tranches supérieures avec un taux d’imposition plus élevé ; il s’agit d’établir un barème à 14 tranches contre 5 aujourd’hui. Les recettes permises par une tranche imposée au taux marginal de 50% au-delà de 100 000 euros seraient d’autant plus substantielles que cette tranche s’accompagnerait de la suppression du PFU : au total, ce sont 4 à 6 milliards d’euros qui pourraient être dégagés, cela tenant compte de la baisse du volume des dividendes versés qui découlerait de cette mesure.

​Renforcer la lutte contre la fraude fiscale (et aux prélèvements sociaux)

La fraude fiscale constitue une atteinte intolérable à notre pacte républicain. Elle remet en cause l’égalité entre citoyens, entre contribuables, parfois entre concurrents, au bénéfice des plus malhonnêtes et des plus cyniques, puisqu’ils ne sont généralement pas les derniers à profiter par ailleurs des dépenses publiques. Cette injustice revêt une dimension incontestablement sociale dans la mesure où ce sont les plus grandes entreprises et les particuliers les plus riches qui disposent des plus grandes facilités pour frauder ou se livrer à de « l’optimisation fiscale », notamment en recourant à des conseillers spécialisés et à des montages internationaux. Les banques jouent aussi un rôle très néfaste dans la propagation de cette culture de l’évasion fiscale.

Au-delà de la lutte contre les « paradis fiscaux » – dont on ne cesse de faire des listes inopérantes –, deux sujets doivent immédiatement faire l’objet de décisions :

  • L’instauration d’un droit de suite et le versement par tout ressortissant français de l’écart entre l’impôt versé dans un pays et ce qu’il paierait en France. Cela suppose la renégociation des conventions fiscales avec les autres pays. Ensuite, un renforcement du contrôle des prix de transfert doit contribuer à éviter l’évasion fiscale des multinationales.
  • Il conviendrait d’étendre, autant que faire se peut, ces moyens d’actions renforcés à la lutte contre la fraude aux cotisations et contributions sociales, qui atteindrait plus de 10 Mds €, selon certaines estimations En sus de recettes supplémentaires, cette politique rétablirait l’équité de la concurrence entre les entreprises et permettrait de mieux garantir les droits sociaux de certains salariés, puisque le travail dissimulé, à l’initiative de l’employeur, représente la forme principale de cette fraude.

​Pour une fiscalité économique juste et efficace

Trop souvent, l’impôt pèse sur la production et la prise de risque tout en récompensant la rente. Cet état de fait incite à des investissements improductifs, alimente des bulles spéculatives, financières ou immobilières. Le moment est venu d’y remédier afin de faire enfin du « redressement productif » une priorité réelle de l’action publique.

​Remplacer les cotisations patronales par une cotisation sur la valeur ajoutée (CVA)

Il s’agit là de la valeur ajoutée créée dans l’entreprise et non d’une TVA supplémentaire. Cette proposition socialiste, là encore ancienne, se justifie pleinement au regard du caractère universel des dépenses ainsi financées. Pour l’essentiel, toutes les personnes résidant légalement sur notre territoire ont droit à l’assurance-maladie et aux prestations familiales ; il n’y a plus de raison de les financer par un prélèvement pesant sur les seuls salaires. Il convient donc d’élargir son assiette à l’ensemble de la valeur ajoutée produite par les entreprises. Il s’agit d’un prélèvement sain et moderne en ce qu’il porte sur la richesse effectivement créée plutôt que sur les facteurs de production. Par exemple, les jeunes entreprises ne seront plus mises en demeure de payer des cotisations sociales avant d’avoir encaissé un euro de chiffre d’affaire. Cette mesure favoriserait donc l’initiative et l’emploi.

Conjointement à la CVA, les mesures qui suivent devraient servir, à compenser les pertes résultant de la suppression de ces cotisations patronales.

​Taxer le secteur financier selon son aisance financière et les risques pour l’économie

La socialisation des pertes et la privatisation des profits semblent constituer le principe base de l’enrichissement du secteur financier, encore attesté par la crise financière et ses suites. Sa prospérité n’est plus indexée sur celle de l’économie réelle. Son gonflement disproportionné l’a conduit à accaparer une part croissante, et parfois la totalité, des fruits de la croissance. La Banque centrale européenne tente depuis plusieurs années en vain de l’inciter, par une politique de taux d’intérêt exceptionnellement bas, à soutenir la reprise de l’activité et les PME. Dans ces conditions, il conviendrait :

  • d’imposer une surtaxe sur ce secteur, au moins jusqu’à l’affermissement de la reprise. On peut notamment la justifier par le coût du sauvetage des banques, par la nécessaire compensation des pertes économiques induites par la crise financière et par le risque de crise systémique auquel les pouvoirs publics pourraient avoir à faire face (hausse de la « taxe systémique ») ;
  • de moduler leur IS en fonction de leur politique de distribution de crédit à l’économie réelle, en particulier aux PME (plus de développement plus bas).

​Ponctionner la rente foncière

Rien, pas même la crise, ne semble devoir arrêter l’augmentation des prix de l’immobilier et des loyers. Elle oblige de plus en plus de travailleurs modestes et/ou jeunes à s’endetter lourdement (et pour des durées toujours plus longues) ou à s’exiler en zone péri-urbaine. Un certain nombre d’études mettent par ailleurs en évidence que cette inflation a grevé la croissance française. Elle a représenté un coût de fonctionnement accru pour l’ensemble de l’économie. De plus, elle contribue à réduire la mobilité professionnelle, ce qui nuit à l’emploi. Elle détourne l’épargne nationale du secteur productif et la conduit à s’investir, dans l’espoir de plus-values rapides et faciles, dans des biens immobiliers, d’où la hausse de leur prix (et non une relance de la construction). Enfin, cette hausse continuelle et auto-entretenue des prix fait peser le risque d’une bulle spéculative et de son éclatement, aux effets préjudiciables sur l’économie réelle.

Soumettre les plus-values immobilières au barème progressif de l’impôt citoyen, sans autre abattement que la prise en compte de la hausse générale des prix dans l’économie (et de la valeur des travaux effectués), constitue la principale réponse à ce phénomène.

​Une réforme maîtrisée de l’impôt sur les sociétés (IS)

En 2009, le Conseil de Prélèvements obligatoires indiquait que les entreprises du CAC s’acquittaient d’un IS 3,8 fois inférieur à celui des PME. Cette situation est inefficace économiquement puisqu’elle pénalise les petites et moyennes entreprises dans leurs capacités de développement et d’investissement. Elle est injuste puisqu’elle crée une situation d’impôt régressif. Elle est inacceptable socialement puisque les PME sont le principal gisement d’emplois en France. On a donc un taux facial très élevé en comparaison de nos voisins européens mais une assiette réduite, en particulier diminuée de la plus grande partie des frais financiers, parfois en raison de situations d’endettement artificielles, qui ne s’expliquent que par la volonté d’optimisation fiscale en réduisant la part du profit imposée en France pour accroître celle qui est taxée à un taux plus bas à l’étranger, par exemple, en Irlande.

En conséquence, il me semble fondamental de réformer en profondeur les taux comme l’assiette de l’IS.

S’agissant des taux, ceux-ci doivent valoriser les comportements vertueux des entreprises : en matière de réinvestissement des excédents dans l’outil de production, de limitation de la distribution de dividendes aux actionnaires, de gouvernance, de respect de normes sociales et environnementales, etc.

S’agissant de l’assiette, celle-ci doit être assise sur les profits réels des entreprises. C’est la raison pour laquelle il avait été envisagé de créer un impôt sur l’excédent brut d’exploitation (EBE).

L’EBE correspond à la valeur de la production diminuée de la consommation intermédiaire, de la rémunération des salariés et des impôts sur la production (à ne pas confondre avec l’impôt sur les sociétés). Afin de ne pas pénaliser les investissements industriels, il serait également possible d’envisager de déduire les amortissements et donc d’asseoir le nouvel IS sur l’excédent net d’exploitation de manière à éviter de taxer les investissements comme les salaires.

Il est également nécessaire de moduler l’IS en fonction :

  • de la part des profits purement financiers réalisés par les grandes entreprises (parfaitement identifiables dans leur comptabilité), qui pourraient être imposés à un taux plus élevé ;
  • du différentiel d’évolution entre la masse salariale et les dividendes distribués, ce qui pourrait être aussi un moyen efficace de combattre les « licenciements boursiers ».

​Taxer réellement les géants du numérique et les transactions financières

Après des années à snober sous tous les gouvernements de François Hollande, les propositions solides et étayées portées notamment par Marie-Noëlle Lienemann, qui avait réussi à faire voter un dispositif ambitieux par le Sénat, Emmanuel Macron et Bruno Le Maire avaient fini en 2019 par céder à la pression devant les insupportables provocations fiscales des GAFAM et BATX et la colère de l’opinion publique. Mais ils avaient fait adopter un dispositif très limité et très éloigné des besoins, alors que plusieurs autres pays européens s’étaient pourtant engagés de manière plus volontaire dans cette voie. Face à l’échec des négociations internationales, la France a remis en place une taxation unilatérale des GAFA, qu’elle avait abandonnée en 2019 sous la pression américaine, à partir de décembre 2020 dans un contexte de fronde face aux géants du numériques qui surfent sur la crise pour réaliser des bénéfices exceptionnels. Mais pour être réellement efficace et éviter que le coût de la taxe soit transféré sur ses utilisateurs, la France devrait élargir le périmètre de la taxe GAFA aux activités en ligne comme la vente, ou le streaming. Nous corrigerons donc ces manques criants.

Évidemment, la taxe actuelle ne résout pas le problème de fond. Elle a été créée comme une solution temporaire en attendant trouver une solution de long terme pour adapter notre système fiscal à l’économie du XXIème siècle. Évidemment, c’est tout le système fiscal mondial qu’il faudrait réformer en profondeur. Alors que les négociations internationales sur la réforme de la taxation des multinationales menées sous l’égide de l’OCDE sont au point mort, la France doit défendre une position ambitieuse et claire, pour :

  • Permettre de taxer les multinationales là où elles ont une activité économique réelle ;
  • Mettre en place un taux minimum d’impôts payés par les grandes entreprises.

A l’heure où notre pays fait face à une crise sanitaire sans précédent, affaibli par des coupes budgétaires dans la santé depuis plusieurs années, il n’est pas acceptable de voir s’évaporer de telles sommes d’argent. Quand les multinationales ne paient pas leur juste part d’impôts, ce sont les citoyens qui en paient le prix.

Le lobby bancaire, dont l’influence est particulièrement forte à Bercy du fait des nombreux allers-retours des hauts fonctionnaires entre Trésor public et grandes banques, avait en effet réussi à éteindre dès le début du quinquennat Hollande le soutien français aux différentes propositions de taxe inspirée de l’économiste James Tobin, conçue comme un moyen de ralentir les flux financiers et de lutter contre la spéculation financière. Le ministre des finances de l’époque, Pierre Moscovici avait alors déclaré que « la taxe sur les transactions financières suscite des inquiétudes quant à l’avenir industriel de la place de Paris et quant au financement de l’économie française » : « mon ennemi, c’est la finance », disait-il… Afin de limiter la déconvenue politique d’une suppression de la transcription française, Bercy avait créé une « fausse » taxe sur les transactions financières. Celle-ci comportait trois composantes :

  • une taxe sur les acquisitions de titres de capital ou assimilés (essentiellement des actions) ;
  • une taxe sur les ordres annulés dans le cadre d’opérations à haute fréquence ;
  • une taxe sur les acquisitions de contrats d’échange sur défaut (credit default swap ou CDS) d’un État.

La Cour des Comptes, le 19 juin 2017, a, dans une note aux ministres Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, estimé que « si le rendement budgétaire de la taxe est réel (environ un milliard d’euros), aucun des trois objectifs stratégiques (faire contribuer le secteur financier au redressement des finances publiques, exercer une action de régulation sur les marchés financiers, initier un mouvement d’adhésion des autres États au projet de la Commission) qui lui avaient été assignés n’a été atteint. ». Celle-ci ne pèse en effet plus sur le secteur financier : les prestataires de services d’investissement reportent les coûts sur leurs clients – c’est-à-dire les cadres supérieurs avec un portefeuille d’actions – et les activités les plus spéculatives (comme les produits dérivés) ne sont pas taxées. De même le trading haute fréquence est quasiment exclu de l’assiette : le seuil de déclenchement étant très élevé (la taxe ne se déclenche que si la proportion d’ordres annulés ou modifiés dépasse 80% au cours d’une même journée), les activités de tenue de marché qui représentent l’essentiel des opérations à haute fréquence en sont exonérées. La troisième composante s’est retrouvée sans objet dès sa mise en œuvre puisque le règlement UE 236/2012 du 14 mars 2012 sur « la vente à découvert et certains aspects des contrats d’échange sur risque de crédit » a interdit ces achats « à nu », interdiction qui a permis ainsi d’atteindre directement l’objectif visé. Il sera donc nécessaire de donner un mandat impératif au gouvernement, d’une part pour aboutir à un accord européen plus ambitieux et rapide en faveur de la taxe sur les transactions financières, d’autre part pour que les règles prudentielles européennes n’amènent pas à abandonner les prêts à taux fixe dans de nombreux secteurs, notamment l’immobilier. Nous reprendrons donc à notre compte la proposition faite en 2011 par la Commission d’une taxe européenne sur les transactions financières ambitieuse par son assiette (ensemble des transactions financières dont les transactions intraday et le trading haute fréquence, ensemble des actions dont les produits dérivés), dont on peut estimer les recettes à 50 Mds€ par an, somme largement suffisante pour rembourser l’emprunt commun et même diminuer les contributions nationales du « plan de relance européen ».

60 ans d’un crime impuni

Il y a 60 ans jour pour jour, le 17 octobre 1961, le Préfet de Police Maurice Papon organisait et ordonnait la répression sanglante contre des dizaines de milliers de manifestants pacifiques qui défendaient l’indépendance de l’Algérie et leur liberté de circulation.

Des centaines d’Algériens de toute la région parisienne furent ainsi tués, sous les coups de la police, noyés dans la Seine, à Paris et en banlieue parfois jusqu’à plus de 15 km des lieux de la manifestation.

Maurice Papon ne fut pas seulement leur assassin, il abimait durablement la République au nom de laquelle il agissait en commettant ce crime irréparable.

Depuis de nombreuses années, nous participons aux hommages aux victimes algériennes qui subirent cette violence intolérable et pour certains y laissèrent la vie. C’est un devoir de réaffirmer ainsi qu’il n’est plus possible de commettre au nom de la République qui nous rassemble des actes aussi contraires à ses principes, que plus jamais la France ne tombera dans la faute de la colonisation.

Ensemble portons haut les valeurs d’humanité et de fraternité entre les Peuples.🇫🇷🤝🇩🇿

Samuel Paty, un an déjà

Il y a un an le meurtre et la décapitation de Samuel Paty, professeur d’histoire et de géographie du collège du Bois-de-l’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine, provoquait la terreur, l’émotion et l’indignation des Français.

La Gauche Républicaine et Socialiste salue la mémoire de cet enseignant lâchement assassiné alors qu’il exerçait tout simplement son métier.

Nous ne cesserons de rappeler notre attachement indéfectible à la liberté d’apprendre et d’enseigner. Non seulement l’école doit rester « l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas » tel que l’édictait Jean Zay, mais l’éducation nationale laïque, ses professeurs et ses agents doivent être défendue contre tous les « fous de Dieu » qui voient en eux des ennemis à abattre.

Plus que jamais, nous devons collectivement réaffirmer qu’il est essentiel de de promouvoir et garantir la liberté de conscience, la liberté d’expression et la laïcité, que ce sont là des combats qu’il faut continuer à mener pour restaurer une société fraternelle. La République ne doit jamais céder devant les fanatismes.

Retraites et Assurance Chômage : des réformes coordonnées entre la Commission et l’Élysée

Depuis quelques jours, des ministres, des sous ministres, la macroniste en chef au parlement européen, la porte-parole en France de la Commission européen et des essayistes macronisés ont décidé de monter au créneau pour dénoncer la liaison faite, faussement selon eux, entre la réforme des retraites et le plan de relance européen. Le lien entre les exigences de la Commission européenne et la réforme des retraites, ou encore celle de l’assurance chômage qui a été imposée après plusieurs reports (et malgré la censure partielle du Conseil d’État) ce 1er octobre, a été depuis longtemps étayé par de nombreux responsables politiques de la gauche française, mais cela n’avait pas donné lieu jusqu’ici à une charge aussi forte et coordonnée de la Macronie

Le débat a resurgi quand Arnaud Montebourg, ancien ministre du redressement productif puis de l’économie de François Hollande, et candidat à l’élection présidentielle, a dénoncé ce lien. Il faut croire que la proximité de l’élection présidentielle et les états de service du candidat ont contraint le camp Macron, allié à la Commission, à réagir avec violence et panique… panique, car les arguments de l’exécutif et de ses soutiens sont faibles.

En effet, tout le monde sait que la réforme des retraites engagées en 2019 par Emmanuel Macron répond, au moins en partie (ne négligeons pas non plus la cécité idéologique de l’impétrant), aux recommandations de la Commission européenne adressée à la France la même année dans le cadre du « semestre européen »1, c’est la recommandation CSR 2019.1.4. Une telle recommandation n’a pas été spécifiquement répétée en 2020 alors que la planète était en pleine crise pandémique, mais la Commission européenne n’a jamais abandonnée son exigence.

Dès l’adoption en février 2021 des règles visant à répartir les fonds du plan de relance européen, intitulé en globish recovery and resilience facility2 (RRF), ce texte fait référence près de 20 fois aux recommandations annuelles adressées à la France. La recommandation la plus importante mise en avant est celle numérotée 1.4 en 2019, que nous avons citée au paragraphe précédent.

Chaque État membre a dû ensuite présenter son propre Plan National de Résilience et de Relance (PNRR) pour démontrer que leurs initiatives et projets répondent bien au RRF de la Commission. Ainsi, dans le PNRR français présenté le 27 avril 2021 (un document de plus de 800 pages), la réforme des retraites est citée une bonne dizaine de fois.

La réforme de l’assurance chômage est citée elle une bonne quarantaine de fois ; le gouvernement s’excuse d’ailleurs de n’avoir pu la mettre en œuvre plus tôt et plus vite à cause de la crise sanitaire…

Cette insistance à propos de l’assurance chômage démontre que le gouvernement français joue autant que possible au « bon élève » de l’Union européenne, en cohérence avec tout ce qu’Emmanuel Macron a défendu pendant sa campagne électorale : la France sera forte si elle est exemplaire, c’est-à-dire si elle se plie avec enthousiasme à toutes les règles ordo-libérales et néolibérales actuelles de l’Union européenne que nous jugeons absurdes et qui nous affaiblissent. Le gouvernement français n’a pas (encore ?) les moyens politiques de mettre en œuvre la réforme des retraites ? Qu’à cela ne tienne ! ils réaffirment avec force leur attention d’aller au bout sur les retraites et montrent leur bonne volonté européenne en mettant en avant qu’ils cognent comme des sourds sur l’assurance chômage. Cette bonne volonté sur l’assurance chômage est là pour rassurer la commission : ce « bon élève » ira au bout sur les retraites.

Voici donc l’analyse du PNRR français par la commission, publiée fin juin 2021: https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/HTML/?uri=CELEX:52021SC0173&from=EN

Il est écrit noir sur blanc : « Le système de retraite reste complexe. Plus de 40 régimes de retraite différents coexistent en France. Ces régimes s’appliquent à différents groupes de travailleurs et de fonctions selon différents ensembles de règles. Le Gouvernement s’est engagé dans une réforme visant à unifier progressivement les règles de ces régimes, en vue de simplifier le fonctionnement du système de retraite notamment pour en améliorer la transparence, l’équité et l’efficacité. La réforme a été suspendue par la crise du COVID-19. […] Le plan français de relance et de résilience est globalement conforme aux enjeux et priorités identifiés dans le dernier projet de recommandation du Conseil sur la politique économique de la zone euro 26 (AER). Le plan contribue à l’EAR 1, en assurant une orientation politique qui soutient la reprise, car il met en œuvre des mesures contribuant à la résilience du système de santé et de sécurité sociale, notamment par le renforcement des secteurs sanitaire et socio-médical (volet 9 R&D, santé, territoires), ainsi que des mesures sociales de soutien à l’emploi (volet 8 Emploi, Jeunesse, Handicap, Formation professionnelle). Les actions axées sur la qualification de la main-d’œuvre (composante 8) contribuent à atténuer l’impact social et du travail de la crise. La qualité de la gestion des finances publiques du pays devrait, entre autres, être renforcée par la numérisation de l’administration publique et les réformes structurelles fiscales (Volet 7 Numérisation de l’État, des territoires, des entreprises et appui au secteur culturel). »

Cependant la Commission semble dire que le gouvernement français ne lui donne pas assez d’assurance sur les retraites – ce qui explique sans doute que le gouvernement français ait démontré une brutalité particulière dans sa façon d’imposer au forceps la réforme de l’assurance chômage (« si si, je vous assure, la France est un « bon élève ») :

« Le système de retraite français (CSR 2019.1.4) est coûteux mais les dépenses ne devraient pas augmenter à long terme en pourcentage du PIB. La réforme envisagée (centrée sur l’unification de plus de 42 régimes) est abordée dans la partie I (principaux objectifs et cohérence) du plan de relance et de résilience, où les autorités françaises expliquent qu’elles envisagent de reprendre les discussions parlementaires suspendues sur la réforme des retraites dans le but de créer un système universel plus équitable. La réforme du système de retraite n’est pas inscrite dans une mesure du plan français et n’est donc pas associée à un livrable (jalon ou cible) au titre de la Facilité pour la Récupération et la Résilience. Compte tenu de son importance capitale pour la mobilité et la productivité de la main-d’œuvre, la réforme des retraites prévue sera étroitement surveillée, y compris ses implications en termes d’équité et de durabilité. »

À la fin, la commission donne un satisfecit à Macron : « Dans l’ensemble, le plan constitue un ensemble complet de réformes et d’investissements visant à relever les défis identifiés dans les recommandations par pays, avec quelques lacunes qui sont partiellement comblées par des mesures extérieures à la Facilité. Le plan répond bien aux recommandations et aux enjeux dans les domaines de l’environnement des affaires, de l’emploi, de la santé, des transitions vertes et numériques. Le plan comprend un engagement à renforcer la viabilité des finances publiques lorsque les conditions économiques le permettent et des réformes pour soutenir cet objectif. Cependant, l’engagement de reprendre les discussions sur la réforme du système de retraite ne s’accompagne pas de jalons et d’objectifs pour la mise en œuvre de la réforme. En outre, des mesures supplémentaires peuvent être nécessaires pour relever les défis du marché du travail auxquels sont confrontés les groupes vulnérables autres que les jeunes (CSR 2019.2). […] Compte tenu des réformes et des investissements envisagés par la France, son plan de redressement et de résilience devrait contribuer à relever efficacement l’ensemble ou un sous-ensemble important des défis identifiés dans les recommandations par pays, ou des défis dans d’autres documents pertinents officiellement adoptés par la Commission dans le cadre le semestre européen, et le plan de relance et de résilience représente une réponse adéquate à la situation économique et sociale de la France. »

Au bout de ce processus politico-technocratique, dont l’Union Européenne a le secret, il ne reste plus qu’à faire un dernier tour de bonneteau (ou de Beaune-teau?) : dans son communiqué du mois de juillet 2021, saluant l’accord de la Commission pour le PNRR français, Bruno Le Maire se garde de bien de citer la réforme des retraites puisque formellement elle ne fait pas partie des projets immédiats, le gouvernement ayant expliqué à la commission qu’il n’en avait pas encore les moyens, ce dont la commission se plaint…

En conclusion :

1️⃣ Les recommandations de 2019 de la commission qui exigent une réforme des retraites ne sont pas renouvelées d’une année sur l’autre (surtout pas en 2020 avec la crise sanitaire), mais elles restent actives et considérées comme pertinentes et appropriées par la commission Van der Leyen deux ans plus tard puisque citées 20 fois dans le RRF ;

2️⃣ Macron et ses gouvernements appliquent une stratégie cohérente depuis le départ : « La France sera grande si elle est ordolibéralement exemplaire », c’est-à-dire selon nous si elle abandonne toute prétention à exercer sa souveraineté sur des dossiers comme la reconquête industrielle ou le modèle social ;

3️⃣ La commission attend bien de la France encore aujourd’hui une réforme des retraites et regrette que le gouvernement ne puisse pas aller plus vite et surveillera donc ses efforts en ce sens.

1 Le « semestre européen » est la procédure qui conduit chaque les États membres et la Commission européenne a échangé sur les exigences de cette dernière quant à la politique budgétaire des premiers.

2 En français, on parle de « plan(s) de relance », en anglais on parle de « plan » mais aussi de facility… il faut se garder des « faux amis » d’une langue à l’autre… mais cela montre quand un état d’esprit est différent et cela décrit qu’une bonne part du plan de relance européen ne sont pas des crédits sonnant et trébuchant mais des « facilités d’emprunt »…

« France 2030 » : un plan insuffisant et aujourd’hui la désindustrialisation se poursuit – par Marie-Noëlle Lienemann

Le président de la République annonce à grand renfort de communication un plan en direction de l’industrie à l’horizon 2030 avec un somme de 30 milliards d’euros sur 5 ans. C’est à dire sur la durée du futur quinquennat. Au final, cela fait 6 milliards d’euros par an (à comparer aux crédits d’impôt non ciblés et non conditionnés comme le CICE qui a coûté quelques 18 Mds€ en 2016 et jusqu’à 40 Mds€ pour la seule année 2019 !). Au-delà de cette somme globale au demeurant assez modeste, les crédits alloués à chaque « programme » apparaissent dans bien des cas très éloignés de ce qui serait nécessaire pour créer réellement un choc d’innovation et de réindustrialisation. De plus, aucun argumentaire précis n’est venu justifier concrètement le niveau des crédits retenus, dont on peut craindre qu’ils s’avéreront rapidement de vrais feux de paille.

6 milliards d’euros par an, cela n’est pas suffisant !

Voir loin et à une échéance compatible avec la durée de grands projets industriels n’a rien de choquant en soi. Mais ce programme décidé par l’exécutif seul a forcément un déficit de crédibilité. Or cet handicap pourrait être levé si le Parlement – après un débat sérieux avec les forces vives du pays – votait un plan précis, pluriannuel, engageant de fait bien au-delà de l’actuel locataire de l’Élysée une telle perspective. Ce serait d’ailleurs l’occasion de réinventer la planification à la française – on notera le silence et l’absence de François Bayrou, le fantomatique « Haut-Commissaire au Plan ». Au demeurant, il serait éclairant que l’exécutif nous explique comment ces crédits seront activés, lui qui ne s’oppose jamais aux contraintes que la commission européenne impose à notre politique industrielle (ou ce qu’il en reste), ce qu’il faudrait pourtant faire notamment concernant la très mauvaise directive « aides d’État ».

Cette annonce d’Emmanuel Macron n’échappe pas non plus, du point de vue budgétaire, à l’éternelle « entourloupe » par laquelle les sommes conséquentes ne sont pas valables pour l’immédiat et les premières années. Ainsi pas plus de 4 milliards d’euros seulement devaient être inscrits à la prochaine loi de finances. Et comme d’habitude on reporte aux dernières années du plan présenté, d’hypothétiques inscriptions budgétaires.

Et pendant ce temps-là, le gouvernement laisse fermer des usines, partir des industries, racheter nos savoir-faire…

Dans tous les cas, ce plan « France 2030 » ne peut seul faire office de stratégie de réindustrialisation, de politique industrielle, alors que le gouvernement continue à laisser fermer ou partir nos industries. Il y manque au moins deux volets…

Le premier serait une action défensive pour s’opposer aux prédateurs, aux menaces de délocalisation et de fermetures des usines et activités industrielles dans nos territoires. Or hélas ce mouvement continue ses dégâts sans réaction suffisante des pouvoirs publics. Les exemples sont nombreux malheureusement : le site de production de moteurs de fusée ArianeGroup à Vernon dans l’Eure ; les bouteilles d’oxygène Luxfer en Auvergne (en pleine pandémie) ; Technip, spécialiste des forages en haute mer… ce ne sont que les exemples les plus récents et les plus marquants, sans parler de la bérézina Alstom/General Electric !…

De la même façon, nulle politique publique n’accompagne suffisamment les relocalisations (l’exemple des masques est hélas caricatural de cette incurie) ou les mutations de process de production dans les secteurs et entreprises existantes (mutation des sous-traitants de l’automobile, accélération de la numérisation, économie d’énergie, etc.) comme l’accompagnement de nos PMI et ETI (notamment l’accès au capital et au crédit) qui sont encore aujourd’hui souvent freinés dans leur développement.

La réindustrialisation doit concerner TOUS les secteurs !

Des plans de filières, secteurs par secteurs (et dans tous les secteurs), doivent être préparés avec les acteurs concernés – au premier chef, les partenaires sociaux –, tant pour favoriser les mutations indispensables qu’envisager les relocalisations, en réorientant toute une série d’interventions publiques (allégement de cotisations, CICE, crédit impôt recherche, amortissements pour modernisation, etc.), des financements dans la recherche, la formation, des commandes publiques, aides aux exportations…

Oui la réindustrialisation de notre pays exige d’importants efforts, un travail de longue haleine mais aussi une mobilisation permanente dans presque tous les domaines.

Une de nos faiblesse est d’avoir trop souvent misé sur quelques secteurs (dont le nombre s’est au cours du temps réduit comme peau de chagrin) et négligé un tissu varié de production.

Une mobilisation générale, un développement des compétences qui soit associer les salariés !

La logique du Made in France, les opportunités du numérique, l’enjeu des circuits courts et de l’économie circulaire doivent permettre en lien avec les régions, les territoires de faire émerger des PMI set ETI qui ont toujours été un maillon faible de nos industries.

Tous ces enjeux doivent mobiliser le pays, les partenaires sociaux, les élus locaux, la commande publique, mais aussi développer une culture plus solidaires entre acteurs économiques en particulier dans nos territoires. Dans certains d’entre eux cela fonctionne mais trop rarement.

Enfin, il y a un énorme défi de ressources humaines. Il nous faut former davantage d’ingénieurs qui ont confiance dans l’engagement industriel durable du pays, des entrepreneurs mais aussi des salariés, de différentes qualifications, formés, compétents, motivés, correctement rémunérés et considérés dans un pays qui doit engager une grande mutation pour réussir le défi d’une économie mixte dans laquelle l’État intervient en bonne intelligence avec le secteur privé autour d’objectifs communs et dans tous les cas en associant les salariés.

Europe : nous devons être capables de défendre nos intérêts

Emmanuel Maurel, député européen et animateur national de la GRS, était lundi 11 octobre 2021 au soir sur France Info TV pour débattre de la situation et de la confrontation nées de la décision du Tribunal constitutionnel polonais de rappeler que la constitution polonaise était supérieure au droit européen.

Il a tenu d’abord à rappeler qu’il faut garder la tête froide : la provocation politique en lien avec le parti au pouvoir à Varsovie est évidente et elle n’est pas nouvelle… Attention, vérifions d’abord précisément la portée de la décision écrite de cette Cour : si elle prétend que n’importe quelle loi polonaise est supérieure au droit européen, la crise est forte ; si elle se contente de rappeler qu’une constitution nationale est supérieure au droit européen, alors elle dit vrai et elle ne dit pas autre chose que le Conseil Constitutionnel français ou le Tribunal constitutionnel fédéral de Karlsruhe, encore très récemment. La Commission européenne aurait alors à nouveau sur-réagi en affichant un point de vue caricatural, contestable politiquement et juridiquement.

*La réalité c’est que nous constatons chaque jour un peu plus qu’il n’existe pas d’intérêt général européen, que nous ne sommes pas sûrs de partager les mêmes valeurs en matière d’Etat de droit et de libertés publiques que certains Etats membres (les provocations polonaises, hongroises ou même tchèques sont ici nombreuses) et que les intérêts directs des Etats membres divergent, alors même que la Pologne bénéficie depuis longtemps et fortement de la solidarité européenne … une solidarité qui nous a été peu témoignée lorsque la France a été dupée par l’alliance Australie-USA-Grande Bretagne.

En réalité, les décisions européennes contreviennent souvent à la souveraineté des Etats membres, et pas seulement de la France… et que parfois ces décisions servent prioritairement les intérêts commerciaux de l’Allemagne contre ceux de la majorité des autres. Rappelons qu’au moment où nous voulons réindustrialiser la France et relocaliser la production après la Crise Sanitaire nous sommes contraints par le cadre européen qui interdit les aides d’Etat à un certain nombre d’entreprises. Rappelons l’accord signé en catimini par la Commission européenne avec la Chine à noël 2020 pour favoriser les exportations de voitures allemandes, jusqu’à ce qu’elle doive reculer après une erreur diplomatique absurde des Chinois. En France, l’OTAN est un « électroencéphalogramme plat« , pour les Baltes ou les Polonais c’est une préoccupation vitale ; en Pologne, la directive « travailleurs détachés » est un avantage comparatif pour promouvoir ses travailleurs peu chers, en France elle est un facteur de concurrence déloyale et de descenseur social…

L’alternative ne peut pas être d’accepter sans rien dire les dysfonctionnements de l’Union européenne, nés des obsessions libérales inscrites dans les traités, et la quitter. Il faut pouvoir remettre en cause ces dérives et ces dysfonctionnements, savoir retrouver une souveraineté nécessaire pour défendre ses intérêts quand ils sont piétinés et proposer une nouvelle voie.

Les Français sont en colère et se sentent mal ou pas représentés

Notre camarade, Daniel Gendarme, ancien gilet jaune qui a depuis rejoint la Gauche républicaine et socialiste de la Haute-Vienne, faisait face dimanche 10 octobre 2021 sur le plateau de « Dimanche en Politique » de France 3 nouvelle Aquitaine à Sacha Houlié, député LREM de la Vienne, Marie-Pierre Missioux, maire de Chervé (79), présidente des maires des Deux-Sèvres et conseillère départementale, et Thierry Dominici, politologue, docteur en sciences politiques.

S’ENGOUFFRER DANS LA BRÈCHE – par Emmanuel Maurel

Militantes et militants politiques, nous connaissons nos travers qui sont parfois des vertus. Nous avons cette fâcheuse tendance à considérer qu’il ne saurait y avoir de bonheur privé dans une société malheureuse, et qu’il convient de se mêler des affaires du monde pour œuvrer au bien commun. Mais nous avons aussi une propension à vouloir qu’il se passe enfin quelque chose. Nous enrageons à l’idée de vivre dans une époque inintéressante, et nous désirons, parfois contre l’évidence, être les témoins ou mieux, les acteurs, d’un bouleversement, ou d’un moment de basculement.

Aujourd’hui, nous sommes servis. Car même si l’on n’a pas de recul, on peut affirmer que l’on vit un moment de basculement historique.

La crise sanitaire, d’une ampleur absolument inédite, agit à la fois comme un révélateur et un accélérateur.

Révélateur de nos défaillances, de nos vulnérabilités, de nos aveuglements

On se lève un matin de confinement et on réalise que la cinquième puissance du monde, notre pays, est incapable de fabriquer toute seule du doliprane ou des masques. Que la fermeture des frontières d’une petite île du sud-est asiatique entraîne une pénurie mondiale de semi-conducteurs, et donc l’arrêt de la plupart des industries électroniques. Que la mondialisation, les délocalisations et la sous-traitance généralisée entraînent la paralysie de toutes les économies du globe. Que la course au moins disant et l’appât du gain aboutissent à cette situation absurde qui voit un pays très riche en pénurie de matériel sanitaire de base. Il parait que le réel, c’est ce contre quoi on se cogne. Avec le COVID, le choc fut rude.

Le choc du réel, c’est aussi une prise de conscience : la signification concrète des décennies d’austérité ; Nos adversaires n’ont eu de cesse de répliquer que nous exagérions. La vérité, c’est que la situation est encore pire que nous ne l’annoncions. Des hôpitaux débordés, la réserve sanitaire appelée à la rescousse, des milliers d’opérations déprogrammées, des soignants sollicités jusqu’à l’épuisement.

Le choc du réel, c’est la mise en lumière d’un processus aussi insidieux que spectaculaire : l’auto affaiblissement de l’État. A force d’externalisations, de réorganisations, d’économies de bouts de chandelle, d’imprégnation d’idéologie néo managériale, l’appareil d’État a fait preuve d’une incapacité coupable à réagir vite à une crise systémique. Pagaille, mensonges, ordres et contre ordres, improvisations, nullité des hauts fonctionnaires, à commencer par ceux des ARS (qui ont continué, pendant le confinement, à fermer des lits) : l’imprévoyance, le défaut d’anticipation, l’absence de planification, tout cela fut indigne de ce qu’on appelait naguère « l’État stratège ».

Et pourtant, comme toujours, l’État est appelé à la rescousse. On disait qu’il n’y avait pas d’argent magique : on crache des milliards pour financer le chômage partiel et soutenir les entreprises privées. Ça, pour le coup, ça n’a rien d’inédit. C’est le propre du système capitaliste que de de socialiser les pertes et de privatiser les profits.

Mais le fait plus spectaculaire, à la faveur des confinements successifs, c’est l’inversion de la hiérarchisation des métiers. On le savait déjà : l’utilité sociale n’est pas récompensée. C’est même le contraire. Métiers du soin et du lien, logisticiens, caissières, livreurs, éboueurs, femmes et hommes de ménage, aide soignants, assistantes sociales, instituteurs ; les métiers dont on constate le caractère indispensable en situation d’urgence sont les plus mal payés, les plus mal considérés. Cette question de la rémunération du travail pénible, de la considération et de la dignité au travail, avait déjà été soulevée au moment du grand mouvement social des Gilets jaunes. Avec le Covid, elle prend une dimension nouvelle. Les salariés les moins visibles sont entrés dans la lumière. Et ils réclament légitimement leur dû.

La crise agit comme révélateur. Et il est probable que les citoyens aillent au plus court. Il n’y a pas besoin d’aller chercher plus loin les grands axes d’une campagne présidentielle. Démondialisation, retour de l’État dans la vie économique et sociale, augmentation massive des bas salaires, égalité territoriale : si le « monde d’après » a vocation à être meilleur, nul doute qu’il faudra lui faire emprunter ces chemins.

Un formidable accélérateur

Le « monde d’après », on en a tant parlé qu’on a fini par douter de sa réalité. Il n’empêche que la pandémie mondiale et ses conséquences ont renforcé quelques grandes tendances structurelles.

La première est réversible. Notre dépendance à l’égard du sud-est asiatique s’est accrue. Le centre de gravité de la planète se déplace à l’Est. Les capitalistes occidentaux ont trouvé malin de faire de l’Asie le grand atelier du monde. A nous les capitaux et la haute valeur ajoutée, à eux la main d’œuvre pas chère et la production de masse. Sauf que le grand déménagement du monde ne se passe pas comme prévu. Les chinois et les indiens sont tout autant capables que nous de fabriquer des micro processeurs ou des navettes spatiales. Mais nous ne savons pas (plus) fabriquer des masques, des vêtements ou des téléphones.

La deuxième n’est pas nouvelle, mais reste, avec le changement climatique, le problème le plus préoccupant des temps contemporains. L’accroissement des inégalités, entre les continents et à l’intérieur des continents, s’accélère avec la crise.

Au sein du monde occidental, certains ont été épargnés. Une poignée de grandes entreprises en a même bénéficié, réalisant des profits colossaux qui auraient dû être taxés comme ce fut le cas dans les situations paroxystiques du 20eme siècle (voir la taxe Briand sur les profiteurs de guerre en 1916). Pendant ce temps, des millions de citoyens tombaient dans la précarité, à commencer par les étudiants contraints de réclamer une aide alimentaire d’urgence. Les confinements successifs ont contribué à fragiliser les familles occupant des logements trop petits, au décrochage scolaire massif des enfants les plus en difficulté.

La pandémie aggrave la fracture sociale. Et c’est encore plus frappant au niveau du globe. Le génie humain, les progrès de la science, ont permis la découverte de vaccins dans un temps record. Mais le capital n’entend en faire profiter que ceux qui peuvent payer. L’absence de solidarité internationale à des répercussions immédiates. Le continent africain est une fois de plus le grand oublié. Et partout des États vacillent (Liban, Tunisie, etc.) sous les coups de la crise. L’Europe ne fait pas grand-chose pour leur venir en aide.

La troisième grande tendance est hélas, elle, irrépressible. Et elle annonce une mutation plus importante encore que celle produite par la révolution industrielle. L’emprise grandissante du numérique sur nos vies n’en est qu’à ses commencements. Au-delà des réunions zoom, du télétravail, de l’explosion du e-commerce, de l’utilisation frénétique des réseaux sociaux, il y a tout ce qu’on ne voit pas encore et qui pourtant dessine déjà le monde de demain. Les progrès de l’intelligence artificielle et ses perspectives vertigineuses, le Transhumanisme et la surveillance de masse. La progression exponentielle de la blockchain (voir par exemple le recours aux crypto-monnaies) et le projet implicite de dépassement des États dans une sorte de cyberzone dérégulée et décentralisée. La société du tout écran et du tout algorithme, entraînant baisse de l’attention, virtualisation des relations sociales et société du pur présent. Cette révolution technologique est aussi anthropologique. Elle ne s’accommode pas de la lenteur de la délibération collective qui est le propre des régimes démocratiques. Et l’homme augmenté sera, à bien des égards, un humain diminué.

L’ère de l’anxiété

La crise révèle et exhibe nos fragilités psychiques et intimes, elle les accentue et les exacerbe. C’est un sujet politique par excellence. Et pas seulement parce qu’elle se traduit par l’explosion des dépressions, burn out, suicides et autres TCA. Sans vouloir accorder trop de crédit à ce qu’on appelait jadis la psychologie collective, force est de constater que nous sommes entrés dans une ère de l’anxiété qui a des implications politiques concrètes et qu’on doit considérer avec une extrême attention.

Ce n’est pas un hasard si la collapsologie a fait massivement irruption dans la culture populaire. On ne compte plus les livres, les séries, les films, les BD, qui traitent de l’effondrement d’un monde ou d’une civilisation et des stratégies survivalistes à mettre en œuvre pour y réchapper. Les ouvrages sur la chute des empires se multiplient, chacun cherchant dans les catastrophes passées les points communs avec celle à venir.

L’eco-anxiété, par exemple, n’est pas un fantasme de journaliste. Dans la jeunesse occidentale, elle prend des proportions considérables, comme en témoigne la popularité de sa figure tutélaire Greta Thunberg. On peut ne pas goûter les imprécations sans nuance et culpabilisatrices de l’activiste suédoise. Mais elle est représentative des angoisses et des colères d’une jeunesse qui fait du combat pour le climat une cause exclusive, en oubliant parfois son corollaire qui est la lutte contre les inégalités, et qui enrage devant la prétendue inaction des pouvoirs publics et l’indifférence des adultes, au point de sombrer parfois dans une forme de fatalisme contemplatif qu’un très beau petit livre paru récemment résumait par ce titre élégant « plutôt couler en beauté que flotter sans grâce ». Partout fleurissent les manuels de désengagement et d’écologie individualiste.

On ne doit jamais ignorer les aspirations et les peurs de la jeunesse et, à la Gauche Républicaine et Socialiste, nous n’avons pas mis par hasard en exergue de nos documents fondateurs le terme d’écosocialisme. La lutte pour la préservation de la biodiversité, contre le réchauffement climatique, pour un nouveau modèle de développement est au cœur de nos priorités. Et il nous revient de démontrer qu’on peut atteindre ces objectifs sans autoritarisme , en optant pour une planification con duite par la science et la raison.

À l’autre bout de l’échiquier politique, et dans une autre génération, progresse la thèse d’une autre forme de collapsologie. Celle du déclin de la civilisation européenne, rendu inéluctable par l’affaiblissement démographique, le recours non maîtrisé à l’immigration, la faiblesse morale d’une élite cosmopolite dans les États post souverains. Là aussi il faut prendre cette angoisse au sérieux. Évidemment, il ne s’agit pas de faire une quelconque concession aux thèses racistes et bien souvent délirantes d’un Zemmour ou d’un Orbán. Mais ne pas chercher à comprendre les racines de ce que certains ont appelé l’insécurité culturelle, se contenter de renvoyer celles et ceux qui y sont sensibles au camp de l’opprobre et de la honte, c’est s’exposer à de graves déconvenues.

Or il existe une réponse progressiste, humaniste, et, osons le mot, optimiste, à la crise que nous subissons et à l’anxiété quelle suscite

Ce n’est pas une voie royale. Mais le chemin existe. Il existe parce qu’une brèche a été ouverte. Il faut s’engouffrer dans cette brèche.

Je dis qu’une brèche a été ouverte parce que j’ai l’habitude de fréquenter les institutions européennes. Et s’il y a un lieu où pullulent les représentants les plus obtus de la foi libérale, c’est bien là. Or même au sein de la Commission, certains commencent à douter du bien-fondé de leur sainte trinité (rigueur budgétaire, libre échange généralisé, concurrence libre et non faussée). En 2014, dès que je faisais une proposition protectionniste ou régulationniste, je me voyais immédiatement affublé du surnom de « nostalgique de l’économie albanaise ». Aujourd’hui, percuté par le choc du réel, certains de mes contempteurs en viennent à plaider pour des inflexions encore inimaginables il y a trois ans. Plan de relance, mécanismes de défense commerciale, assouplissement des règles sur les aides d’État, taxe carbone aux frontières). On peut penser que c’est cosmétique. Il n’empêche que le fond de l’air idéologique est plutôt du côté de nos thèses. Mais il faut aller vite, car, instruits par l’expérience, nous savons que les portes restent rarement ouvertes longtemps. L’exemple de la crise de 2008 et de ce qui a suivi en témoigne.

Le temps presse. Il ne faut pas négliger le risque d’une évolution négative. Davantage de concentration du capital. Davantage d’inégalités. Sécession définitive des riches. Sociétés archipélisées et communautarisées. Guerre économique et même guerre tout court.

Donc c’est aujourd’hui qu’il faut populariser les grands axes de ce que nous appelions, dans nos textes fondateurs, la nécessaire bifurcation. Bifurcation écologique (changement de nos modes production et de consommation), bifurcation économique et sociale (logique des Bien Communs, rééquilibrage capital/travail), bifurcation démocratique (souveraineté, approfondissement démocratique).

Encore une fois, le moment est opportun. Mettre le pied dans la porte, s’engouffrer dans la brèche, appelez ça comme vous voulez : l’opportunité, elle existe.

Ne nous laissons pas abuser par les analyses paresseuses. À ceux qui diagnostiquent une « droitisation de la société », opposons la formidable actualité des réponses de gauche.

Les gens se disent de moins en moins « de gauche », mais plébiscitent les nationalisations et les augmentations de salaires. Ils associent la gauche à des comportements problématiques (émiettement, pratique du pouvoir décevante ou carrément trahison) mais ils en plébiscitent les idées. C’est le plus important. C’est un solide point d’appui.

Sachons toujours exploiter l’ambivalence du moment

L’individualisme progresse, la dépolitisation aussi en apparence, et en même temps prospèrent mouvements collectifs inorganisés (Gilets jaunes) porteurs de transformation.

L’abaissement du débat public, la tyrannie du clash et du trash, coexistent avec l’émergence d’une myriade de journaux numériques exigeants, de clubs, un impressionnant bouillonnement intellectuel, souvent hors du champ partisan mais bien réel.

Les partis et les syndicats sont dévitalisés. Mais des mobilisations puissantes, souvent mondiales, ne faiblissent pas.

Notre socialisme, fondé sur les grands principes de régulation, coopération, souveraineté, indépendance, se nourrira de ces luttes qui esquissent, sans s’en rendre compte, les contours d’une nouvelle Internationale : celle qui épouse la cause écologique sous toutes ces formes, dénonce les risques des mega-accords commerciaux, combat la malbouffe et l’insupportable gaspillage alimentaire, se mobilise contre l’évasion fiscale, contre l’invasion publicitaire, contre l’uniformité culturelle. Comme il s’inspirera de l’action des collectivités territoriales qui expérimentent les circuits courts et le produire local, les territoires zéro chômeur de longue durée, le revenu de base, et des centaines choses encore qui sont autant de résistances à l’emprise de la société de marché sur nos vies.

Alors redisons le : Les Français n’ont pas perdu le goût de la politique, ils n’ont pas non plus perdu le goût de la gauche. Mais il faut savoir s’en montrer dignes

La gauche l’est-elle, digne ? honnêtement je n’en suis pas sûr. La présidentielle est certes le moment fort de la vie démocratique française. Mais cela justifie-t-il pour autant que figurent sur la ligne de départ, 5,6, voire 7 candidats ? Les divergences existent : sont-elles à ce point insurmontables ? En privé, chacun s’accorde à dire que « les sondages feront le tri ». Quelle belle ambition intellectuelle ! quelle hauteur de vue ! Le problème de la gauche, ce n’est pas la supposée absence de leadership. C’est la stratégie absurde de la concurrence libre et non faussée dans le domaine électoral.

Je vous le dis : il n’y a pas d’homme ou de femme providentiel. Ni homme de la situation, ni sauveur suprême. Cette conception infantilisante de la démocratie est à mille lieux de notre ADN, qui est celui de la délibération collective et du parlementarisme. Le crétinisme présidentialiste a de beaux jours devant lui : nous ne sommes pas forcés d’y succomber nous aussi. Alors moi je continue, même si c’est décalé avec l’ambiance du moment, à penser que notre stratégie d’un nouveau Front Populaire est la bonne. Que l’élaboration commune d’un pacte législatif est la bonne solution.

Nous n’avons pas renoncé à changer la vie !

Chers camarades,

Nous n’avons pas renoncé à changer la vie. En ces temps de désenchantement démocratique et de recul du militantisme politique, cette profession de foi peut paraître aussi immodeste qu’irréaliste.

Les urgences sont là, spectaculaires et tragiques : réchauffement climatique, inégalités sociales, bouleversements géopolitiques. Nos réponses doivent être à la hauteur de ces défis.

La préparation des élections présidentielle et législatives s’inscrit dans cette perspective politique. Il n’est pas trop tard pour engager la France et l’Europe dans cette grande bifurcation ; il n’est pas trop tard mais il y a peu de temps à perdre. Or le quinquennat qui s’achève nous en a fait perdre.

Que restera-t-il du macronisme ? Un grand mouvement social, celui des Gilets Jaunes, provoqué par une des mesures iniques qui ont fait la marque de fabrique de ce gouvernement. La gestion calamiteuse à grand coups d’improvisations, d’une crise sanitaire inédite, qui a exacerbé l’angoisse des Français. Une série de mesures en faveur des plus riches au moment où le pays tout entier devait son salut aux travailleurs de l’ombre, mal payés et mal considérés. L’abaissement de la France sur la scène internationale, enfin, comme en témoigne l’exemple récent du contrat des sous-marins avec les australiens. Rappeler les ambassadeurs pour une semaine, annuler un dîner de gala, fermer la crise par un coup de fil de Biden et de vagues promesses de coopération, quelle humiliation !

Pour ceux qui ont fait mine d’y croire, les illusions de 2017 se sont rapidement dissipées. Un gouvernement « ni de gauche ni de gauche ». Un candidat prétendument « rempart contre l’extrême droite » qui a fait peu de cas des libertés publiques. Un président incapable de s’élever à la hauteur de l’intérêt général.

Bref, en 2022, il faut tourner la page de l’expérience macroniste. Nous avons toujours dit que notre mission historique c’était l’amélioration des conditions de vie matérielle et morale des Français, particulièrement les plus modestes. Elles ont été largement sacrifiées, méprisées, parfois même matraquées, sous ce quinquennat. 2022 doit être la revanche de la France populaire.

Pour nous, cela passe par une politique de redressement républicain.

Au fond, la question qui continue de nous tarauder, et spécifiquement nous les Français, c’est celle de l’égalité, et, partant, du « modèle républicain ». La République : tout le monde s’en revendique, mais peu la servent ou la font vivre.

Nous venons de discuter de notre programme. Il est riche. Il est incomplet. Il est évidemment imparfait. Mais nous avons un fil rouge, celui de la République Sociale. C’est à la fois un héritage et un projet.

Il n’y a pas de République sans peuple souverain et éclairé. Nous avons beaucoup parlé de souveraineté ce week-end. Mais je voudrais revenir sur la pierre angulaire de toute politique de gauche digne de ce nom. L’éducation. L’éducation. L’éducation.

Pas de République sans un citoyen instruit, éclairé, avant même d’être un travailleur formé.

Pas de République sans un citoyen émancipé de la tutelle de tous les clergés, mais aussi de celle du marché.

Alors, pour conclure, je voudrais partager une colère (celle exprimée par exemple par le collectif des Stylo rouge) et une espérance.

L’école ne va pas bien. Les confinements successifs, je l’ai dit, ont aggravé la situation. Le décrochage scolaire défigure notre nation depuis trop longtemps. Le niveau en mathématiques et en lecture a dramatiquement chuté. Les concours de recrutement sont désertés.

Les professionnels de l’éducation nationale, mal payés et pas toujours considérés à la hauteur de leurs responsabilités, sont confrontés à des situations de plus en plus compliquées. On a longtemps répété que l’école devait rester un sanctuaire. Elle ne l’est pas, ne l’a jamais été. La violence sociale s’y invite. La violence religieuse aussi, et je pense au martyr de Samuel Paty, mort pour avoir enseigne la liberté.

Cette situation est indigne de notre pays. Elle a été aggravée par la politique de Blanquer dont le projet n’est pas celui de la méritocratie républicaine, mais du darwinisme social et du management par le stress.

A l’occasion de cette campagne, décrétons la mobilisation générale en faveur de l’Éducation.

Fixons-nous des objectifs pédagogiques (à commencer par le fameux « lire, écrire, compter ») et politiques (mixité scolaire, lutte contre le décrochage, éducation prioritaire).

Donnons aux professionnels des moyens. Des enseignants soutenus par leur hiérarchie. Des conditions de travail améliorées. Des salaires décents. Une formation continue.

C’est un projet de société à soi tout seul.

Car quelle plus belle ambition que celle de construire une nation éclairée, cultivée, ouverte sur le monde et sa prodigieuse diversité, une nation de savants et de poètes, d’ingénieurs et de scientifiques, une nation de travailleurs bien formés, bien payés et respectés !

Chères et chers Camarades,

Au terme de ce week-end dense et chaleureux, nous repartons de Marseille rassérénés et dotés d’une feuille de route. Dans ces temps confus et incertains, c’est déjà essentiel de savoir pour qui on se bat, et où l’on veut aller. Pour les militants de la gauche républicaine, il n’y a rien de plus exaltant que de se consacrer au redressement de la France.

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.