Après trois ans, notre ambition est intacte !

Cette semaine, la Gauche Républicaine et Socialiste a fêté ses trois ans d’existence… Trois années particulières car fortement marquées par deux années de crise sanitaire dont nous ne sommes toujours pas sortis. Trois années marquées également par des combats forts face à l’offensive autoritaire et néolibérale qui caractérise la présidence d’Emmanuel Macron : combat pour obtenir l’organisation d’un référendum contre la privatisation d’Aéroports de Paris, combat contre la réforme des retraites, combat contre la réforme de l’assurance chômage, combat contre les reculs incessants imposés aux libertés publiques, combat pour la levée des brevets sur les vaccins COVID, combat pour rappeler la priorité de la justice sociale et de la dignité des travailleurs qui avait été rappelée de manière pressante par la mobilisation des « Gilets Jaunes »…

Le 3 février 2019, alors que la Gauche Républicaine et Socialiste naissait des Rencontres Fondatrices de Valence, nous avions fait le pari que le Peuple français ne voulait plus se laisser conduire comme un troupeau soumis aux coups violents du macronisme triomphant… Un mouvement social dont rien n’annonçait la forme, inattendue, les modalités d’action, inédites, les mots d’ordre, divers et denses, venait de secouer le pays ! Profondément ! Le mouvement des « Gilets Jaunes », c’était bien l’effraction du réel. Il rendait visible, tout d’un coup, ce que le langage managérial, qui euphémise et déshumanise, avait jusque-là dissimulé tant bien que mal. La crise sanitaire est passée par là, elle a également douloureusement et profondément secoué le pays : les Français sont fatigués et souvent démoralisés, l’Hôpital public et tous ses acteurs sont épuisés et exsangues… nous ne parierons pas sur l’explosion de la révolte, mais elle est pourtant bien présente, elle sourde mais intense ; elle risque de se traduire par une grève civique puissante lors des élections nationales du printemps 2022, prolongement des grèves du vote précédentes. Elle se nourrit des humiliations encaissées depuis de trop nombreuses années et de la démonstration violente des conséquences terribles des politiques austéritaires et néolibérales appliquées sans discontinuer depuis 2002 : casse des services publics – au premier rang, notre système de santé – , casse de notre appareil productif – au point que notre souveraineté industrielle et alimentaire a paru vaciller –, casse de notre protection sociale…

La colère dans le Peuple de France est intense et elle est légitime. Elle doit être prise en charge et nos concitoyens méritent plus que jamais des réponses à leurs besoins et à leurs attentes. Une grande partie de la gauche ressemble aujourd’hui un personnage ivre, une sorte de Narcisse qui ne comprend pas qu’il est devenu Dorian Gray, qui se perd dans des débats accessoires et oublie les gens, leurs vies et leurs difficultés concrètes et quotidiennes. C’est là une posture dangereuse car on sait depuis longtemps que la colère d’un peuple peut être prise en charge par de mauvais génies, qui préfèrent l’attiser que la soigner pour la retourner contre des boucs émissaires dont la liste s’élargit toujours un peu plus…

En février 2019, nous nous étions engagés à renouveler l’espérance socialiste et républicaine, nous avions considéré qu’il fallait prendre le parti du vivant – face à la crise climatique et écologique, il fallait porter les couleurs de l’écosocialisme –, prendre le parti du travail – face à la mondialisation libérale et financière, nous devions renverser un rapport de force devenu défavorable –, prendre le parti de la citoyenneté et de la République – face aux entrepreneurs de la haine et de l’égoïsme, nous devions rendre aux principes de Liberté, d’Égalité et de Fraternité leur caractère concret avec le retour d’une puissance publique aux services des citoyens. Notre projet était à nouveau « la République jusqu’au bout » ! Cela n’a jamais été autant d’actualité ! Les trois années qui se sont écoulés ont démontré que cette ambition était plus que jamais nécessaire et qu’il fallait persévérer dans notre combat pour régénérer une Gauche Républicaine apte à porter les espérances de la Nation toute entière…

La Gauche Républicaine et Socialiste reste encore aujourd’hui un petit parti, elle n’a que trois ans, mais elle ne baisse pas les bras… alors que le cours du monde pourrait conduire tant d’autres à désespérer, elle persévère, elle travaille et relève le drapeau tombé à terre et oublié au milieu des querelles futiles. Notre ambition n’a pas changé, nous serons le ferment de la reconstruction d’une gauche républicaine et de transformation sociale, dont notre pays a besoin.

Face à Batsirai, solidarité avec les Mascareignes et Madagascar

Depuis trois jours les Mascareignes (l’île Maurice, l’île Rodrigues et l’île de la Réunion) subissent le passage du cyclone Batsirai. Charriant des pluies diluviennes avec de forts risques de crue, soufflant en moyenne à près de 150 km/h par certains endroits et élevant le niveau de la mer sur les côtes, ce cyclone de grande envergure a amené les autorités de ces îles à placer leurs territoires au plus haut niveau d’alerte et obligé leurs populations à se confiner.

Si les phénomènes cycloniques sont fréquents dans cette partie de l’Océan indien en cette période, nous ne pouvons nous empêcher de penser aux multiples dégâts qu’ils causent, notamment aux ravages matériels et corporels qu’ils représentent pour les populations et les pertes pour les secteurs de l’agriculture, le tourisme ou encore les services.

À la Réunion, ce sont 12 personnes qui ont été blessées, 42 000 foyers qui sont privés d’électricité, 30 000 personnes qui n’ont plus d’accès à l’eau courante et 10 000 foyers qui connaissent des perturbations du réseau des télécommunications. À l’île Maurice (dite l’île sœur) selon les autorités du pays, 7 500 foyers été privés d’électricité et le réseau téléphonique a été perturbé après le passage du cyclone au large de ses côtes. L’on fait aussi état de plusieurs victimes, dont un mort, des dégâts matériels, des familles qui auraient perdu leur foyer et des submersions à quelques endroits.

Selon les météorologues, Batsirai devrait toucher les côtes est et le sud de Madagascar, dans les prochains jours, sous la forme d’un cyclone tropical intense avec des conséquences majeur pour la « grande île » et ses populations.

Malgré la récurrence des cyclones dans cette partie du globe, nous ne pouvons nous empêcher de penser au dérèglement climatique et à ses impacts sur les pays insulaires. Tout doit être mis en œuvre pour préparer leurs habitants à la hausse du niveau des océans qui va très certainement aggraver les difficultés qu’ils connaissent dans le futur.

Toutes nos pensées et notre plein et entier soutien vont aux victimes et aux populations de la Réunion, de l’île Maurice, de l’île Rodrigues et de Madagascar qui connaissent déjà une situation très compliquée avec la pandémie de Covid-19. Nous espérons vivement que l’État français pourra venir en aide aux victimes.

Bien se loger, inséparable de la dignité

Le moment est attendu chaque année et plus encore tous les 5 ans quand commence à s’agiter la campagne pour l’élection présidentielle. Et pourtant le constat est toujours le même ou presque depuis plus de 20 ans… Aujourd’hui dans son 27e rapport sur « L’État du mal-logement en France », la Fondation Abbé-Pierre dessine le portrait d’une France marquée par la précarité, accentuée par la crise sanitaire, et dont les conséquences directes sont visibles sur le mal-logement. Il dresse un bilan particulièrement critique de la politique conduite par Emmanuel Macron sous le quinquennat qui s’achève. Le « choc de l’offre » promis comme toujours par les Libéraux n’a (évidemment) pas eu lieu, bien au contraire, et les prix ont continué leur progression folle. Les choix budgétaires et fiscaux très inégalitaires des gouvernements d’Emmanuel Macron ont rendu inopérantes les correctifs apportés timidement depuis quelques mois… Que vaut en effet le dispositif « Logement d’abord », généreux sur le papier, après les coupes massives subies par les APL et le secteur Hlm… Les plus pauvres restent les oubliés de ce quinquennat et les réponses aux personnes à la rue ou sans domicile continuent à se limiter encore beaucoup trop à des solutions d’urgence précaires.

Cette analyse la Gauche Républicaine et Socialiste la partage et l’avait faite au moment de l’élaboration puis de l’adoption (tout au long de 2021) de son programme politique pour 2022. Elle partage également à moins de 3 mois de l’élection présidentielle, l’essentiel des propositions que la Fondation Abbé-Pierre dévoilera aujourd’hui ses propositions en matière de logement : relance du Logement d’abord et du logement social, encadrement des loyers, sécurité sociale du logement, redistribution des richesses, éradication des passoires énergétiques…

Plusieurs candidats seront invités à confronter leurs idées sur ces grands enjeux pour les cinq ans à venir, dans une campagne électorale qui oublie encore trop souvent les plus exclus d’entre nous. Avant qu’ils ne montent sur la scène nous leur conseillons fortement de consulter les propositions que vous avons fortement travaillées.

Soutien au mouvement des travailleurs sociaux du 1er février 2022

[#travailleurssociaux #médicosocial]La gauche républicaine et socialiste soutient le mouvement unitaire des travailleurs sociaux et médico sociaux pour la journée de mobilisation du mardi 1er février 2022 qui veut amplifier l’action du 7 décembre 2021. Le secteur qui intervient auprès des personnes en situation de handicap, d’exclusion sociale, en insertion professionnelle, en perte d autonomie … à tous les âges de la vie et est bien souvent féminisé, se trouve de plus en plus en difficulté pour assurer dignement ses missions.

Les travailleurs sociaux et médico sociaux se battent chaque jour pour obtenir les moyens nécessaires à l’exercice de leurs missions mais se retrouvent bien souvent à bout de souffle, face à la marchandisation du secteur, à l’augmentation de la précarité sociale et sanitaire des usagers mais aussi face à leur propre précarité. En attendant la convention nationale du travail social, sans cesse repoussée, et face à la crainte que suscite la fusion entre la convention 51 et 66 pour les travailleurs du secteur privé, les travailleurs sociaux (collectifs autonomes et syndicats) souhaitent :

✅ une revalorisation salariale à hauteur de 300 euros mensuels pour toutes et tous ;

✅ la fin des financements à l’acte et des appels à projets qui amènent à une concurrence malsaine et au moins disant social ;

✅ des moyens humains, via le recrutement et la titularisation, et financiers pour apporter un service de qualité aux bénéficiaires.

Face à une situation sociale préoccupante pour de plus en plus de nos concitoyens, la GRS renouvelle son soutien au mouvement et rappelle avec force l’utilité sociale de ce corps de métier.

Portugal : Costa victorieux et l’extrême droite en embuscade

Il y a un an, dans l’article que nous avions rédigé le 27 janvier 2021 aux lendemains de l’élection présidentielle portugaise, nous avertissions de la nécessité de ne pas ignorer le « signal faible » que représentait les 12% du candidat d’extrême André Ventura et nous écrivions : « Le profil attrape-tout de Chega ! [le parti de Ventura] et les dégâts de la crise sanitaire, additionnés à la tentation d’un retour au centrisme gouvernemental, pourraient donc offrir les conditions d’une nouvelle aventure politique et électorale à l’extrême droite portugaise renaissant de ses cendres. »

L’élection présidentielle avait, en pleine vague de COVID, connu une participation faible de moins de 40 %, où s’additionnait à la fois une campagne électorale à bas bruit, la pandémie et l’enjeu relativement faible du scrutin – Marcelo Rebelo de Sousa, le président sortant de centre droit était très populaire et si le président de la République portugaise dispose de pouvoirs importants, ils sont moindres que ceux de son homologue français.

Avec près de 42% des suffrages et au moins 117 sur 230 sièges, le premier ministre socialiste, Antonio Costa, s’est posé en rassembleur, tard dans la nuit du dimanche 30 au lundi 31 janvier, après avoir obtenu une victoire écrasante – car celle-ci lui offre une majorité absolue, la deuxième pour le PS depuis le retour de la démocratie – aux élections législatives anticipées. Elle lui permettra de gouverner les mains libres, sans dépendre de ses anciens alliés de gauche – ni du parti de la gauche radicale Bloco de Esquerada (BE) ni de la CDU, cette improbable coalition qui lie le Parti communiste portugais (PCP, l’un des plus orthodoxes d’Europe) aux écologistes depuis plusieurs décennies.

Une rupture de majorité injustifiée

En octobre 2021, ces deux formations avaient refusé de soutenir la loi de finances 2022, qu’elles jugeaient peu ambitieuse en matière d’investissement public et de mesures sociales, et avaient ainsi précipité la tenue d’élections anticipées. Alors que nous sommes régulièrement critiques à l’égard des politiques conduites par les partis membres du PS, il faut reconnaître que les deux partis de la « gauche radicale » n’ont pas rompu leur soutien sans participation sur des fondements très solides, sur une réorientation forte de la politique budgétaire par Antonio Costa. Ce dernier, à qui l’on peut cependant reprocher d’avoir eu des yeux de Chimène pour Emmanuel Macron, avait en 2015 réalisé l’impensable dans la politique portugaise : le populaire ancien maire socialiste de Lisbonne avait, pour éviter aux Portugais une nouvelle purge libérale par le PSD (dit social-démocrate, mais en réalité parti de centre droit) arrivé très légèrement en tête aux législatives, contre l’avis du président de la République d’alors – le conservateur Aníbal António Cavaco Silva (qui avait menacé de ne pas nommer Costa premier ministre) –, réalisé une inédite union de la gauche en obtenant le soutien du BE et du PCP, sans qu’ils ne participent au gouvernement. L’union de la gauche ne s’était jamais produite au Portugal : il existait une règle non dite selon laquelle pour permettre la transition démocratique, le PS ne pouvait s’allier aux représentants occidentaux de « l’ogre soviétique » et le Portugal avait alterné de gouvernements conservateurs en gouvernements centristes PS-PSD, avec plusieurs gouvernements socialistes minoritaires….

À l’époque le BE, équivalent portugais de Podemos (mais plus ancien), avait le vent en poupe et Costa, par conviction, souci de l’intérêt général et bon sens politique et stratégique, avait mené l’une politique les plus à gauche que le Portugal ait connu avec hausse des salaires, hausse des retraites … et politique fiscale extérieure agressive vis-à-vis de ses partenaires européens pour aider à financer son action, alors même que le Portugal était en 2015 sous le microscope de la Commission européenne et de l’Eurogroupe. Les Portugais en avaient été reconnaissants à Antonio Costa et au PS et lors des élections législatives de 2019, ce parti avait gagné 4 points et 22 sièges, quand le BE stagnait à la baisse et que la CDU perdait 2 points et 5 sièges. La majorité parlementaire était confortée, mais les partenaires du PS commençait à voir que le bénéfice de l’action gouvernementale ne profitait qu’au PS et que (c’est criant pour le PCP) une partie de leur électorat soit leur reprochait de ne pas être maximaliste, soit partait voter directement pour Costa.

Cristallisation autour de la crise sanitaire et de la présidentielle

Les mesures de restrictions des libertés publiques n’avaient pas dû arranger la paix dans le ménage à trois PS-BE-PCP, mais c’est surtout la campagne de l’élection présidentielle qui a préparé le terrain pour une rupture politique. Disons le tout net, Costa a manœuvré pour obtenir une forme de neutralisation du PSD en facilitant la réélection du président sortant Marcelo Rebelo de Sousa, indépendant qui avait été autrefois membre du PSD. Le PS n’avait pas présenté de candidat et ni lui ni Costa n’avait soutenu la socialiste Ana Gomes, qui s’était présenté en indépendante (une diplomate de carrière âgée de 66 ans, devenue une éminente militante anti-corruption et qui s’est posée en rempart contre la montée de l’extrême droite et n’était soutenue officiellement que par deux petits partis maoïstes), et n’avait obtenu que 13 % des suffrages : les dés de cette présidentielle était pipés ce qui explique aussi le très faible taux de participation.

Mais deux enseignements avaient été enregistrés : l’effondrement du BE (sa candidate avait 6 points par rapport à l’élection présidentielle de 2016) qui arrivait derrière le PCP pour laquelle cette élection est traditionnellement défavorable ; et la résurrection de l’extrême droite portugaise avec les 12 % d’André Ventura (juste derrière Ana Gomes) au programme et au discours ouvertement racistes, anti-communiste et complotiste.

Après la déconvenue de la CDU lors des législatives de 2019, c’était désormais au BE d’être sévèrement touché et de considérer que la poursuite du soutien sans participation finirait par lui coûter trop cher. Les manœuvres d’Antonio Costa sur la présidentielle ont achevé de fournir quelques éléments de discours internes sur le retour probable du PS à ses penchants centristes.

Le vote du budget a donc fourni l’occasion pour le BE et le PCP de rompre avec leur soutien à Costa. Ce dernier mis en minorité pour un prétexte fallacieux n’avait plus d’autre choix que de demander la convocation d’élections anticipées ce que le président Rebelo de Sousa a fait sans difficulté.

Désaveu de la gauche radicale et joie à l’extrême droite

Antonio Costa a donc joué à plein sur le bilan avantageux des deux législatures où il a gouverné avec le soutien de la gauche radicale. Celle-ci l’ayant lâché sans raison valable, il a demandé aux Portugais de lui accorder les moyens de poursuivre sa politique sans être menacé d’instabilité parlementaire. Ils lui ont accordé.

Le BE et le PCP dénoncent ce ton de la campagne du PS et de Costa. « M. Costa a créé une crise artificielle pour obtenir la majorité absolue. Son chantage semble avoir eu du succès. La fausse bipolarisation a provoqué une concentration du vote utile, qui a pénalisé la gauche », a commenté, amère, la leader du Bloco, Catarina Martins, mais en réalité ce sont bien le PCP et le BE qui ont créé une crise artificielle et en paient aujourd’hui le prix : le BE perd 5 point à 4,46 % et 14 sièges, il ne lui reste que 5 députés ; la CDU perd 2 points et la moitié de ses sièges, avec un siège de plus que le Bloco. Ainsi l’ancienne coalition de militants trotskystes et de gauche alternative se retrouve en sièges derrière les « frères ennemis » communistes.

La droite – « sociaux-démocrates », conservateurs et libéraux – partait divisée et n’avait rien à proposer, d’autant que 6 ans et demi après la fin du dernier gouvernement de centre droit, les Portugais se souviennent encore de la violence sociale subie sous le cabinet Passos de Coelho en concertation avec la Commission européenne.

C’est donc comme nous le craignions l’année dernière l’extrême droite qui a tiré son épingle du jeu. André Ventura a transformé l’essai de l’élection présidentielle (malgré son taux de participation très faible) : les 20 points de participation supplémentaire entre présidentielle et législatives ne permettent pas à Chega ! d’atteindre les 12 % de Ventura, mais avec 7,15 % elle est à nouveau troisième et passe de 1 à 12 députés (en 2019 elle n’avait fait que 1,3%). « Désormais, au Parlement, il n’y aura pas qu’une gentille opposition à Antonio Costa », triomphait Ventura hier soir en proposant de « redonner sa dignité à ce pays » et en appuyant sur son « avantage comparatif » avec la droite traditionnelle.

Le succès des socialistes au Portugal et l’effondrement de la gauche radicale montre que le peuple préfère ceux qui peuvent agir positivement pour lui plutôt que des partis qui préfèrent – même momentanément – une forme de radicalité vaine. Faut-il encore que les socialistes aient engagé des politiques qui améliorent la vie, ce qui semble avoir été le cas ici… Il y a cependant un risque dans la nouvelle position dominante du PS portugais : c’est que celui-ci ne retombe dans son tropisme centriste après la trahison de ses alliés de la gauche radicale, alors que ce n’était pas son intention avant les élections législatives. À nouveau ici, le Bloco et le PCP porteraient une lourde responsabilité dans la dérive des centres de gravité politiques au Portugal.

Le second risque est celui pour lequel nous tirions la sonnette d’alarme en janvier 2021 : la pérennité d’une force d’extrême droite portugaise dans un pays où le souvenir de la dictature salazariste l’avait jusqu’ici empêchée. Le 24 janvier 2021, Ventura avait prévenu le PSD : « Désormais, il n’y aura pas de gouvernement de droite sans la participation de Chega ! » Il est à craindre qu’il ait raison. Le PSD n’aura au prochain coup pas d’autre choix qu’un gouvernement de centre avec le PS ou un gouvernement d’union des droites avec Chega ! Il faudrait cependant pour cela qu’un coup de barre conservateur soit donné dans le parti de centre droit. D’un autre côté, l’usure du pouvoir touchera tôt ou tard le PS et sans capacité à reproduire l’union de la gauche, ce dernier pourrait choisir l’hypothèse centriste pour se maintenir au responsabilité… sauf que désormais une extrême droite est installée dans l’Assemblée de la République qui pourra en tirer les marrons du feu…

Une baisse du chômage qui masque une aggravation des inégalités

Le 26 janvier à midi, toute la presse à l’unissons a embouché les trompettes pour saluer une baisse « historique » du chômage. En effet, le nombre de chômeurs de catégorie A (demandeurs d’emploi sans aucune activité) a diminué de 5,9 % au quatrième trimestre de 2021, pour un total de 3,336 millions de personnes ; il atteint ainsi son plus bas niveau depuis la fin de 2012, selon les chiffres de Pôle emploi, avec une baisse de 11,8 % si on compare mai 2017 à décembre 2021. Le reflux paraît effectivement spectaculaire, les dégâts provoqués par le choc récessif sanitaire de 2020 sont plus que compensés, l’indicateur se situant désormais à un niveau inférieur (de 6,1 %) à celui du quatrième trimestre 2019. « Le président de l’emploi, c’est Emmanuel Macron » triomphait mercredi, la ministre du travail, Élisabeth Borne, sur Twitter.

On ne peut que se réjouir que le « quoi qu’il en coûte » ait permis de limiter la casse en 2020, tout en contribuant au rebond impressionnant sur l’exercice suivant : recours intensif au chômage partiel (avec cependant les effets pervers sur la sécurité sociale que nous avions décrits dès décembre 2020), aides à l’embauche – en particulier d’apprentis, dont le nombre devrait, une fois encore, battre des records en 2021… Notons que ces mesures se sont opérées sous la contrainte des événements et tranchent fortement avec la philosophie politique des deux premières années du quinquennat Macron, pourtant les chantres habituelles du néolibéralisme y voit la réussite des mesures prises avant la crise sanitaire qui ont contribué à précariser le monde du travail (et ce depuis Nicolas Sarkozy et François Hollande) : baisse du « coût du travail » peu qualifié, assouplissement des procédures de licenciement, encadrement des indemnisations prud’homales pour un licenciement sans cause réelle et sérieuse, instauration de la rupture conventionnelle, etc. Un contresens absolu !

Une réalité bien plus contrastée

En examinant de plus près les chiffres direction des statistiques du ministère du travail (DARES), on constate une situation bien plus contrastée voire préoccupante.

En incluant l’activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d’emploi est en baisse au quatrième trimestre de 3,6 % et s’établit à 5,659 millions. Sur un an, la baisse est de 5,8 %. Sur le front du chômage longue durée, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits depuis un an ou plus diminue de 4,1 % au 4e trimestre (− 6,2 % sur un an), à 2,8 millions (catégories A, B et C). Ils représentent 49,6 % du total des demandeurs d’emploi.

donc si la baisse sur un an des catégories A est de 12,6% et que toute catégorie confondue on est à 5,8%, il y a au minimum une stagnation sur un an des catégories B et C… pas une baisse… En effet, 714800 personnes étaient inscrites dans les catégories B et C à la fin du 4e trimestre 2020 et 719700 personnes à la fin du 4e trimestre 2021 donc une hausse sur un an du nombre de personnes inscrites à pôle emploi dans les catégories B et C de 0,686%. Insignifiant, direz-vous ?

Il y a par contre une hausse très forte de la catégorie E « Sans actes positifs de recherche d’emploi, en emploi » (il s’agit ici de personnes en temps partiel, voire très partiel, les travailleurs très précaires donc) qui passe de 319500 à 358600 personnes (+12,24%)…

D’une manière générale, alors que cette catégorie des emplois précaires et à temps partiel sans effort de rechercher un emploi de meilleure qualité (E) avait baissé de 2017 à 2018 (passant de 424 500 à 345 200), elle connaît à nouveau une augmentation de fin 2018 à fin 2019 (avant la pandémie, passant de 345 200 à 356 800) ;elle a repris sa hausse depuis le 4e trimestre 2020 jusqu’à aujourd’hui (358 600) : les gens à temps très partiel s’enkystent dedans.

Enfin, dans la catégorie D qui concerne les demandeurs d’emploi « sans actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi » l’augmentation en un an est également très forte ; on passe de 353600 à 376 500 personnes (+6.48%). Et malgré d’importante variation trimestrielle, cette catégorie passe de 277 400 au troisième trimestre 2021 à 376 500 au quatrième trimestre 2021… +99 100 !?! effaçant la baisse qui était intervenue depuis cet été… d’ailleurs à l’échelle du quinquennat, le nombre de personnes concernées par cette catégorie a augmenté passant de 330 700 à 376 500 personnes.

Cela ne peut avoir qu’une seule explication : les gens ont abandonné, ce n’est pas le symptôme d’une société qui va mieux.

Désespoir et précarité

L’ensemble de ces données ne tiennent même pas compte de l’augmentation des radiations depuis le début du quinquennat Macron. L’exécutif tente de faire avaler par médias interposés un nouveau tour de passe passe : s’il y a bien une amélioration de la situation après l’effondrement de 2020 découlant de l’arrêt total de l’économie durant plusieurs mois, il n’y a pas de sublimation économique et sociale, mais une aggravation de la précarité des salariés les plus fragiles, un abandon croissant des chômeurs dans leurs recherches d’emploi et une situation qui ne s’améliorera pas avec l’application depuis la fin 2021 d’une réforme de l’assurance chômage qui prive déjà mensuellement des milliers de demandeurs d’emploi de plusieurs centaines d’euros voire d’indemnité chômage…

Emmanuel Macron contre la jeunesse

L’université publique ouverte à tous est un des ferments de la République. Quand Emmanuel Macron a voulu s’y attaquer la semaine, évoquant l’impossibilité d’en maintenir la gratuité, il a illustré une fois de plus sa volonté de démanteler un par un les services publics et les institutions qui caractérisent notre Nation.

Tout au long du quinquennat, l’université publique a été malmenée par le président de la République et son gouvernement. La réforme de Parcoursup, plateforme centralisée décidant de l’orientation post bac des lycéens, a laissé des milliers d’étudiants sans proposition de formation, les livrant sans diplôme au marché du travail où le chômage des jeunes non diplômés est catastrophique. Son discours du 13 janvier 2022 à la conférence des présidents d’université a confirmé son absence totale de politique sérieuse concernant ce secteur-clef pour l’émancipation économique et intellectuelle des jeunes citoyens français. Enchaînant les poncifs néolibéraux, il y a parlé « compétition internationale », « favoriser les synergies », problème « démographique ». Un seul mot manquait qui résumait pourtant tout le discours à lui seul : austérité. Alors que la dépense publique par étudiant n’a fait que baisser depuis la crise de 2008 (moins 12%), il a alors proposé une solution miracle : mettre fin à la gratuité de l’université.

Le modèle de l’université payante, en place dans les pays anglo-saxons, n’est absolument pas viable sur le long terme. Il se traduit nécessairement par un endettement massif des étudiants et de leur famille, accentuant donc la précarisation des classes moyennes et populaires. Cela crée des bulles spéculatives et augmente le poids de la rente dans l’économie avec le versement d’intérêts. Enfin, une éventuelle garantie publique sur ces prêts, telle qu’elle serait probablement proposée, aurait un coût pour l’État très important lors des crises économiques et des défauts de paiement en cascade. Comme en 2008, la dette privée serait alors reprise en dette publique, qui servirait à son tour de justification à l’austérité. Au-delà donc des coûts pour les étudiants, cet endettement aurait un coût direct pour la société, et favoriserait les banques seules. Le mode de financement le plus efficace pour l’université, c’est le financement public.

Revenant sur ses propos quelques jours plus tard, il jure alors qu’il n’a jamais eu l’intention d’augmenter les frais universitaires pour les plus défavorisés. Sa proposition en creux serait donc de laisser l’université gratuite pour les étudiants dont les revenus sont faibles et la rendre payante pour ceux dont les revenus, ou ceux des parents, sont élevés. Or cela mènerait à un affaiblissement de l’université publique. En effet, face à la perspective d’une université payante, il y a fort à parier que les classes aisées privilégieront encore plus qu’aujourd’hui les écoles de commerce post-bac, les formations privées et les études à l’étranger. En résulterait une mixité sociale encore plus faible à l’université, qui souffre déjà de stratégie d’évitement. Or, quand les usagers d’un service public sont majoritairement issus des classes populaires, le penchant réactionnaire des Libéraux s’éveille. Les plus pauvres sont alors accusés, en dépit de toute forme de logique élémentaire, d’être des profiteurs du système et les financements sont réduits.

Le service public, contrairement au secteur privé, dispose d’une vocation universelle. En traiter les usagers différemment selon les revenus, c’est ouvrir la porte à la marchandisation. La SNCF, qui privilégie aujourd’hui le développement de son offre première classe plutôt que de répondre à sa mission de desservir tout le territoire, en est l’illustration probante. Casser l’universalité de la gratuité universitaire, c’est à la fois confirmer la marchandisation de l’éducation supérieure et contribuer à réduire le consentement à l’impôt. Dans le meilleur des cas, il s’agit d’une mauvaise réponse au problème du financement universitaire, dans le pire des cas, il s’agit d’une stratégie délibérée pour casser un service public de plus. Après les banques, la distribution d’eau, de gaz et d’électricité, les jeux d’argent, les aéroports, le transport ferroviaire, il y aurait l’université ? Avant l’école, les hôpitaux, la production d’énergie ?

Emmanuel Macron aurait pu s’en tenir là, mais son mépris de la jeunesse, et en particulier de la jeunesse populaire, s’est déroulé avec encore plus de clarté dans la récente interview d’Alexis Kohler sur les perspectives d’un second quinquennat Macron. Ressortant du cimetière le Contrat Premier Embauche, il proposerait ainsi que les jeunes travaillent, en début de carrière, non plus 35 heures mais 45. Arguant du fait que les jeunes, moins fatigués que leurs aînés, pourraient délivrer plus de travail, il propose ainsi de mettre à mal leur santé au seul service du capital, puisque ces 45 heures ne seraient pas payées dans leur intégralité. Là encore, Emmanuel Macron tentera de mettre un coin dans l’universalité de la République, s’attaquant cette fois-ci au code du travail. Il poursuit ainsi une ligne de faille classique du néolibéralisme, qui tente remplacer la lutte des classes par la lutte des générations. Les jeunes qui refuseront seront considérés comme trop peu enclins au travail par les plus âgés, les plus âgés bénéficiant de contrat de travail à 35 heures seront vus comme des privilégiés par les plus jeunes. Les vrais privilégiés, ceux qui profitent de revenus issus de la rente, quel que soit l’âge, dormiront tranquille.

Le quinquennat d’Emmanuel Macron a eu en filigrane la destruction du service public et sa livraison au secteur privé pour maximiser les rentes actionnariales et minimiser les revenus du travail partagés. Les perspectives cauchemardesques qu’ils dressent pour un second quinquennat sont claires, ce sera à la jeunesse de contribuer au renforcement du capital, en travaillant plus sans gagner plus, en étant privé d’un service public universel de l’éducation supérieure.

La Gauche Républicaine et Socialiste rappelle son engagement pour l’université publique gratuite et s’oppose avec fermeté à l’idée d’un contrat de travail différencié sur la durée du temps de travail.

Plutôt que de déplorer la privatisation croissante de l’enseignement supérieur, où le secteur public est de plus en plus concurrencé par des formations privées, notre camp politique doit proposer un contre-projet de création d’un grand pôle public de l’enseignement supérieur. Le financement de l’université, à l’arrêt depuis des années, doit être relancé. Nous proposons également de créer enfin (!) une allocation d’autonomie pour les jeunes en formation. Il nous paraît par ailleurs nécessaire de sortir les dépenses publiques d’éducation et de formation professionnelle du calcul des déficits et d’élargir le programme Erasmus pour le rendre accessible à tous les jeunes Européens (non plus seulement à certains étudiants) pour ainsi en finir avec la sélection drastique qui fait des étudiants de ce programme des « heureux élus ». Pour lutter contre le chômage des jeunes, plutôt que d’augmenter la durée du travail (et donc de diminuer le nombre de postes disponibles), nous proposons le renforcement de la formation professionnelle et de développer le principe des territoires zéro chômeur, étendus à une classe d’âge. Qu’il s’agisse de l’enseignement supérieur ou de l’accès réel à l’emploi, une solution juste et universelle ne peut qu’être publique et commune. Car, pour reprendre la formule consacrée, quand tout sera privé, nous serons privés de tout.

Explosion des prix de l’électricité : la loi du marché fait disjoncter EDF – par Emmanuel Maurel

La situation de l’électricité́ en France semble aujourd’hui inextricable et la hausse des prix, inarrêtable. Sans régulation par l’Etat nous dit le Gouvernement, les ménages paieraient leur facture 40% plus cher que l’année dernière. Mais ceux qui se présentent en résistants face à cette crise, au premier rang desquels Bruno Le Maire, sont en réalité ceux qui ont permis qu’elle se produise.

Il est important de rappeler qu’EDF a été partiellement privatisée dès 2005 par Dominique de Villepin, dont le directeur de cabinet était… Bruno Le Maire, lequel, 17 ans plus tard, tente de réparer ses dégâts à la manière d’un pompier-pyromane. Concomitante à l’ouverture à la concurrence (loi du 1et juillet 2007), la vente d’une partie d’EDF n’a rien produit d’autre qu’une hausse continue des prix sur le marché de l’électricité. 

Et depuis le boom de la reprise post-Covid, le cours du mégawattheure a été multiplié par presque 10 sur le marché de gros (par rapport à 2019). Cette explosion s’explique par les modalités du marché européen de l’énergie. Les cours du MWh sont fixés par la dernière source de production nécessaire à la couverture des besoins. Or en cette période hivernale, de reprise très forte de l’activité, les sources d’électricité bon marché comme l’hydraulique (15 à 20€ le MWh) et le nucléaire (40 à 50€ le MWh) ne suffisent plus. Il faut allumer les centrales à gaz et les faire tourner à plein régime, le prix de l’électricité s’ajustant automatiquement, en vertu de la loi de 2007, sur leur coût. Or le gaz a augmenté de 70% depuis le début de l’année.

La dérégulation voulue par la Commission européenne et accueillie à bras ouvert par Bercy, empêche EDF de remplir sa mission de service public. L’entreprise publique n’a plus le droit d’apporter à tous de l’électricité peu chère (d’après l’Observatoire National de la Précarité Énergétique 5,1 millions de ménages, soit 12 millions d’individus, étaient en situation de précarité énergétique déjà en 2019) ni de contribuer à une politique industrielle ambitieuse via des tarifs attractifs pour les entreprises. En effet, faire payer les clients au moindre coût, celui de nos barrages et de nos réacteurs nucléaires, amortis de longue date, constituerait une infraction au marché européen de l’électricité!

À présent, le pouvoir se montre incapable de tenir sa promesse de contenir à +4% la hausse du kilowattheure. Pour la tenir « quoiqu’il en coûte », Macron, Castex et Le Maire ont imaginé un remède qui s’avèrera pire que le mal. L’État dépensera d’abord 8 milliards d’euros en baisses de taxes, puis fera peser 8 milliards supplémentaires sur EDF, obligé d’acheter vingt mille gigawattheures (ou 20 Twh) au cours du jour (environ 320€/Mwh), pour les revendre ensuite, au tarif règlementé (46€/Mwh), à ses concurrents ! Pour l’opérateur public et le contribuable, ce sont donc 16 milliards d’euros que l’État devra débourser pour s’épargner une révolte préélectorale, et soulager les entreprises les plus exposées au fiasco du marché de l’énergie.

Les 8 milliards qu’aura coûté cette opération de rachat-vente sont non seulement un cadeau offert à des concurrents privés sans capacité de production du moindre électron, mais aussi une assurance-vie pour leur profitabilité, car celles-ci garderont la possibilité d’augmenter leurs tarifs ! Le Maire s’est contenté de répondre à ce risque qu’il est « identifié ». La Commission de Régulation de l’Eléctricité, dont la raison d’être est de briser le monopole et d’assurer à tout prix la survie de la concurrence, a pour sa part averti qu’elle « nommera clairement les fournisseurs qui ont respecté leur engagement et ceux qui ne l’ont pas fait (…), libre aux consommateurs concernés de changer de fournisseur s’ils s’aperçoivent que les règles du jeu n’ont pas été respectées ». Dans l’intervalle, les pertes auront été une nouvelle fois socialisées et les profits, privatisés.

Dans un récent article de l’Humanité, Philippe Page Le Mérour indiquait que depuis l’ouverture à la concurrence, les prix ont augmenté de 60% pour les particuliers. Entre 2007 et 2019, la facture d’électricité pour un Français moyen est en effet passée de 319€ à 501€. C’est un échec sur toute la ligne, qui met gravement en danger la santé d’EDF. Pourrait-elle faire faillite ? À cette question le ministre esquive : « l’État s’est engagé sur de nouveaux EPR (…). L’entreprise bénéficie aujourd’hui d’une conjoncture qui lui est favorable sur le marché de l’énergie ». Cette « conjoncture favorable » vient d’être alourdie d’un trait de plume de 8 milliards, qui s’ajoutent à un bilan déjà fragilisé par le sauvetage d’Areva, les surcoûts de Flamanville, les provisions pour l’enfouissement des déchets dits « ultimes » à Bure, le grand carénage (visant à allonger la durée de vie des centrales actuelles de 40 ans à 60 ans), les frais occasionnés par la découverte de micro-fissures dans les circuits primaires des cuves à uranium (qui ont provoqué l’arrêt inopiné de 4 réacteurs en ce mois de janvier) et le démantèlement des centrales fermées. Tout cela sans compter la possible résurrection, en cas de réélection de Macron, du projet Hercule, voulu par Bruxelles et qui couperait EDF en deux morceaux (toujours au nom de la concurrence) : d’un côté la production (les réacteurs nucléaires et les barrages), de l’autre un fourre-tout composé des lignes électriques et de la branche « renouvelables ». En d’autres termes, les coûts faramineux d’investissements nécessaires au premier morceau ne pourraient plus être financés par les profits, substantiels, du second (car c’est anti-concurrentiel).

La seule solution qui s’impose pour faire échec à la catastrophe annoncée : renationaliser entièrement EDF (pour un prix assez modique, 5 milliards aux cours actuels du CAC40) et mettre fin à une  concurrence artificiellement entretenue, qui ruine l’opérateur historique et les consommateurs. Cela implique une opposition frontale à la Commission européenne. ​​Il faut faire table rase et permettre aux Français de s’approvisionner durablement en électricité bon marché.

Les voleurs du temps

À propos de l’âge de la retraite : le Medef et La République en Marche expliquent à longueur de plateaux que « puisqu’on vit plus vieux, on doit travailler plus longtemps ».

Or, cela n’est plus vrai. La décennie 2010-2020 a vu un tassement très net de l’allongement de l’espérance de vie, comme le souligne cette note Insee de 2019 sur la période 1970-2018. Les premières années de la décennie 2020-2030, marquées par la surmortalité de la pandémie, n’ont pas corrigés ce phénomène.

Cela est d’autant mensonger que déjà, depuis les réformes des retraites sous Sarkozy, la durée de la vie à la retraite des Français a perdu en moyenne une année. Rappelons que ce qui arrête la durée de vie à la retraite est définitif : c’est la mort.

Nous avons donc une population qui en moyenne part plus tard, alors que son espérance de vie se tasse. Chaque année de vie à la retraite perdue ne peut être rendue à ceux qui l’ont perdu : ils sont morts. Les classes populaires sont les grandes perdantes de ces opérations.

Ce que les « progressistes » en réalité disent, c’est ceci : l’espérance de vie des riches progresse plus vite que celle des classes pauvres et moyenne. Elles doivent avoir le droit de jouir de leurs bonnes positions, où elles exercent le pouvoir, reçoivent rétributions symboliques et financières, aussi longtemps qu’elles le souhaitent.

Empêchées de travailler et de jouir autant par le grand âge, elles se feront financer celui-ci par la mort anticipée et la réduction de la durée de vie de leurs retraites des Français moyens.

Le Medef et La République en Marche veulent voler du temps de vie aux Français pour le concentrer, comme les richesses produites collectivement, sur les plus riches.

Et c’est bien l’esprit des réformes annoncées du temps de travail.

La République en Marche vole le temps de vie pour que les Français ne puissent jouir de leurs vies, dont seules les classes favorisées doivent pouvoir jouir.

C’est cela qu’il faut dénoncer.

Notre système agricole doit être impérativement révisé en lien avec les agriculteurs

Anthony Gratacos, conseiller départemental de Seine-et-Marne et secrétaire général de la GRS, était l’invité de la matinale de RT France ce mardi 25 janvier 2022. Il débattait avec Jean-Philippe Dugoin-Clément, vice-président (UDI) du conseil régional d’Ile-de-France.

Ils ont abordé les questions d’actualité avec le démarrage lent de la campagne pour l’élection présidentielle et l’inévitable candidature d’Emmanuel Macron, qu’il déclarera le plus tard possible comme cela a été le cas pour ses prédécesseurs en situation de se représenter. A propos d’un président sortant qui n’a pas été capable de se représenter, le flou entretenu par François Hollande sur son éventuelle candidature a été rapidement évacuée avec l’attention suffisante qui convenait à cette « information ».

Un débat beaucoup plus sérieux s’est engagé ensuite sur notre système agricole, la chaîne RT France relayant largement les propositions des candidat(e)s de droite conservatrice ou extrême… Anthony Gratacos a insisté sur la nécessité d’une révision profonde de notre modèle agricole, qui doit à la fois assurer des revenus suffisants aux agriculteurs (ce qu’il ne fait pas), produire massivement des produits de bonne qualité (ce qu’il ne fait pas assez), entamer sa révolution écologique et mettre un terme à une souffrance au travail des exploitants agricoles qui conduit à plusieurs centaines de suicides par an. Il faut engager le débat rapidement et travailler en premier lieu avec les principaux concernés : les agriculteurs, les paysans…
Les propositions de la GRS sur ce dossier sont accessibles en ligne : https://g-r-s.fr/pour-une-planification-des-systemes-agricoles-et-alimentaires/

La vidéo est également disponible sur notre chaîne YouTube : https://youtu.be/ciAbQo7eqPU

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