L’exécutif n’a pas compris le message des Français

Alors que la Première Ministre Elisabeth Borne prononçait hier après-midi devant l’Assemblée nationale son (très) long discours de politique générale, on ne peut que ressortir de l’exercice non pas déçus (nous n’en attendions à dire vrai pas grand-chose de bien) mais attristés. Attristés pour la démocratie républicaine, attristés pour la situation des Françaises et des Français, attristés pour la France.

En effet, Elisabeth Borne, et avec elle le Président de la République dont elle dépend entièrement, a bel et bien donné l’impression que le message électoral des Français n’avait pas été entendu à l’Elysée et à Matignon. Ne tenant aucun compte du fait que, les 12 et 19 juin, les électeurs aient catégoriquement refusé une majorité parlementaire à Emmanuel Macron, sa première ministre a égrainé les mesures les plus marquantes du Président de la République dans la case bilan comme dans la case perspective, toutes plus antisociales et régressives les unes que les autres : de l’explosion du service public ferroviaire à la casse de l’assurance chômage pour le passif à la volonté de retarder encore l’âge de départ à la retraite, Elisabeth Borne a clairement démontré une volonté de marbre d’avancer coûte de que coûte pour réaliser un projet présidentiel que nos concitoyens n’ont jamais soutenu. La comparaison avec les précédents de 1958 et 1988 sont tout autant osés (gonflés) dans la bouche de la locataire de Matignon qu’incongrus : en 1958, les Gaullistes n’avaient certes pas la majorité à l’Assemblée Nationale mais bénéficiaient d’une forme d’union nationale au moment de porter sur les fonds baptismaux la Vème République ; en 1988, François Mitterrand et Michel Rocard pouvaient compter sur une trentaine de députés de plus que ceux dont disposent Macron et Borne… La fragilité politique du macronisme est d’un autre niveau et sa prolongation est due avant tout à la réélection d’Emmanuel Macron par défaut. L’exécutif a ainsi confirmé qu’il n’a pas l’intention de faire vivre une interprétation plus parlementaire et délibérative d’un régime institutionnel pourtant à bout de souffle.

Par ailleurs, alors que chacun partage le constat sur les difficultés sociales et de pouvoir d’achat auxquels sont confrontés les Françaises et les Français, on aurait pu attendre d’une cheffe du gouvernement à la hauteur de l’enjeu un ton plus offensif pour répondre à l’angoisse de nos concitoyens face à l’envolée des prix, qui atteint désormais 5,8 %, à la flambée des tarifs de l’énergie et notamment du carburant automobile, ou face au ralentissement perceptible de la reprise de l’activité économique. Aucune négociation générale sur les salaires dans le privé, une réaffirmation de l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires de 3,5 % – très largement sous l’inflation après 11 ans de gel –, une action contenue aux chèques énergie et alimentaires dont chacun connaît les limite, aucune volonté de bloquer les prix de l’énergie ou d’agir pour leur baisse… les Français doivent s’attendre dans ses conditions à passer un hiver des plus frais et à enfiler leurs pulls, ce que font déjà au demeurant des centaines de milliers de nos concitoyens depuis quelques années. Quel contraste entre un Emmanuel Macron qui pourfend en marge des sommets européens les « profiteurs de crise » et le silence absolu de sa Première Ministre sur le sujet hier après-midi : la communication politique européenne prend dans le macronisme toujours le pas sur l’action réelle de la puissance publique. Que dire enfin de l’état de notre système santé publique, qui n’a mérité qu’un énième hommage sans portée pratique aux soignants, alors que Mme Borne nomme comme ministre de la santé, le référent hôpital du candidat Macron à la présidentielle, qui propose de fermer les Urgences la nuit pour l’été 2022… Nous ne pouvons de même que nous inquiéter de l’absence de ligne directrice affirmée en matière de politique industrielle et de réindustrialisation. Nos PME vont rapidement être confrontées à la fin des mesures de soutien mises en place pendant la crise sanitaire, sans s’en être totalement remises, pour faire face à une crise économique d’un autre type avec pénurie de ressources et énergie chère. Rien ne semble prévu de concret non plus pour impulser des relocalisations durables alors même que les délocalisations et les opérations de prédation industrielle se poursuivent sans réaction sérieuse de l’exécutif : confronté à la perspective d’un renchérissement de l’argent, le gouvernement a déjà décidé que le temps du « quoi qu’il en coûte » était terminé, les Français le paieront avec l’austérité.

Enfin, que dire de l’intervention de la Première ministre sur la politique européenne et internationale de la France !? Elisabeth Borne s’est contentée d’enfiler les lieux communs et les principes généraux sur le terrorisme ou la guerre en Ukraine, mais on serait bien à mal de comprendre quelle sera la politique conduite après son intervention d’hier après-midi. On devine même au détour de l’annonce de la renationalisation complète d’EDF – que nous accueillons avec satisfaction – que les silences sur l’environnement politique et économique du fleuron français cachent probablement de futures capitulations. La puissance publique dispose aujourd’hui de 84 % du capital de l’entreprise publique, ses difficultés reposent donc moins sur l’importance de son contrôle par l’État que sur l’absence de stratégie offensive de la France dans les dossiers internationaux et énergétiques : Que vaudra un EDF à 100 % public si le projet Hercule nous est resservi par la petite porte avec une vente de certaines filiales par appartement à la demande de la Commission Européenne ? Comment compte-t-on opérer une transition énergétique digne de ce nom si la France ne tape pas du point sur la table pour que ce soit enfin engagée une réforme du marché européen de l’énergie et qu’on en finisse avec l’absurdité d’ériger le gaz comme « énergie de transition » ce que qui a été confirmé par le vote de Parlement européen ce matin-même ?

Elisabeth Borne avait parfaitement le droit de ne pas se soumettre à un vote de confiance après sa déclaration de politique générale… cela était d’ailleurs incontournable car elle n’a ni la confiance de l’Assemblée Nationale ni celle des Français et ne tient sa légitimité que par celle que lui confère un président par défaut. La Première Ministre et le Président de la République ont fait la démonstration ce mercredi 6 juillet qu’ils ne comptaient en rien composer avec le Parlement : ils useront aussi longtemps qu’ils le pourront des ressources institutionnelles que leur offrent la constitution de la Vème République pour gouverner sans majorité. Ce régime est donc en train d’atteindre un sommet d’absurdité démocratique. Le macronisme en est la phase terminale. Nous appelons de nos vœux une autre politique que celle proposée par l’exécutif, cela ne sera possible que par le retour aux urnes de nos concitoyens. La France et les Français méritent d’autres solutions que celles qui sont matraquées par les 50 nuances de droite : la Gauche Républicaine et Socialiste continuera à défendre le projet qu’elle a adopté le 26 septembre 2021 à Marseille (ci-dessous) et à dialoguer avec les autres forces de gauche pour construire un véritable programme commun cohérent.

Ministère des Outre-Mer : une administration de plein droit ou un gadget de complaisance ?

En moins de deux mois, le Ministère des Outre-mer, jusqu’ici une administration de plein exercice, a été reléguée au rang de « salle d’attente » pour l’ancienne Ministre des Outre-mer – depuis devenue Présidente de l’Assemblée nationale – pour finir ensuite sous la tutelle du Ministre de l’Intérieur. Quoiqu’il en soit, cette décision est un bon en arrière institutionnel pour nos compatriotes ultramarins.

En effet, un tel ajustement protocolaire avait déjà été expérimenté il y a près de quinze ans durant la présidence de Nicolas Sarkozy. Cette mandature avait connu deux secrétaires d’état et une ministre déléguée aux Outre-mer (respectivement Christian Estrosi, Yves Jégo, Marie-Luce Penchard) qui furent tous les trois placés sous l’autorité du Ministère de l’intérieur. Aujourd’hui, c’est un énarque et ancien préfet – qui certes possède une connaissance fine de ces territoires – qui sera chargé de prendre des ordres auprès de l’innénarable Gérald Darmanin. Tout cela sur fond de crise non seulement sécuritaire mais aussi économique, sanitaire et sociale amplifiée par la défiance envers le vaccin anti-Covid et envers l’exécutif et la politique d’Emmanuel Macron.

Rappelons qu’au deuxième tour de l’élection présidentielle, une partie des populations ultramarines avaient majoritairement préférées placer Marine Le Pen en tête – à défaut de pouvoir voter pour Jean-Luc Mélenchon – et aux législatives élire de nombreux députés de gauche et/ou autonomistes à l’Assemblée nationale. Le Président de la République n’aurait-il rien retenu de ses propres résultats et de ce qu’ils traduisent dans ces territoires ?

Cette relégation sera vraisemblablement vécue comme une punition par les populations concernées. Elle laisse présager qu’au vu de la politique que l’exécutif compte mener, les Outre-mer seront encore en ébullition dans les prochaines années, alors qu’il serait plus judicieux pour l’Etat de prévenir toute tentative de contestation dans ces territoires. Une première réponse pourrait venir des débats qui auront lieu lors du Projet de loi de Finances en septembre prochain. Si les collectivités d’outre-mer constataient une réduction de leurs dotations, notamment sur des problématiques importantes comme la pollution des Antilles au chlordécone , alors le signal sera clair quant à une recentralisation vers la France Hexagonale.

Les deux millions de Français vivant hors de la France Hexagonale méritent bien mieux qu’une tutelle et un amalgame avec les problématiques essentiellement sécuritaires, même s’il est entendu que les DROM, COM et les PTOM connaissent des difficultés avec l’intensification des trafics de drogue et d’armes ainsi que les contrôles des frontières. Cependant, la sécurité ne peut à elle seule répondre à l’ensemble des problématiques que connaissent ces territoires qui sont liées à leur éloignement avec l’Hexagone, l’insularité et les questions climatiques pour ne citer que celles-là.

La Gauche Républicaine et Socialiste souhaite vivement que nos concitoyens ultramarins puissent bénéficier d’un Ministère de plein exercice lors d’un prochain remaniement ministériel ou de la formation d’un prochain Gouvernement.

Festival d’Avignon : besoin d’un nouveau souffle pour les politiques culturelles !

Aujourd’hui, jeudi 7 juillet, s’ouvre le festival d’Avignon. Après une édition en « mode dégradé » (2021) et une édition annulée (2020), c’est tout le secteur du spectacle vivant qui retient son souffle, désireux de retrouver un peu de normalité dans ses capacités de création, de diffusion ou de liens avec les publics.

Cette saison des festivals (au delà d’Avignon, Montpellier danse vient de s’achever et le Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence débutera la semaine prochaine, pour n’en citer que quelques uns) est un moment puissant et fédérateur pour le secteur, bien que la 7ème vague du Covid laisse craindre de nouvelles restrictions à la rentrée de septembre.
Vitrine déterminante pour les compagnies, engagement financier considérable, le « off » du festival d’Avignon a un rôle capital pour la diffusion des spectacles de très nombreuses équipes : cette année, ce sont 1570 spectacles qui seront présentés (le triple d’il y a vingt ans) pour des retombées économiques difficiles à quantifier, tant en terme de public que de diffusion ensuite dans le pays, les lieux de création et de diffusion étant aujourd’hui en manque de visibilité sur leurs capacités d’accompagner ces équipes ou même de programmer leurs spectacles, notamment pour les artistes émergents, peu identifiés.

Au delà du Pass Culture, mesure phare du gouvernement pour les politiques culturelles, et sa focalisation sur un soutien à la demande, c’est bien la problématique de l’offre artistique qui sera au cœur des enjeux. Le plan de relance a permis, en 2021 et en 2022, de maintenir à flot un secteur qui n’avait pas été considéré comme essentiel et dont les difficultés engendrées par la crise sont encore pleinement d’actualité. Le gouvernement ne semble pas en avoir conscience, le plan de relance ne sera pas reconduit en 2023 et on peut craindre, comme pour de nombreux secteurs, un budget d’austérité du ministère de la culture, ce qui aura des conséquences sociales dramatiques pour tout le secteur de la création artistique.

La Gauche Républicaine et Socialiste estime donc que certains axes forts doivent immédiatement être mis en chantier, pour assurer un travail de création artistique indispensable à notre société, ce qui nécessitera un engagement financier du gouvernement.

  • Pérenniser la statut d’intermittent (bénéficiaires des annexes 8 et 10 de la convention assurance chômage), fragilisé par la crise sanitaire ;
  • Mettre en place un statut d’artiste-auteur permettant d’améliorer leur rémunération et leur protection sociale ;
  • Améliorer les dispositifs d’accompagnement des artistes et des équipes artistiques, en tenant compte des spécificités disciplinaire et des parcours ;
  • Améliorer la politique partenariale avec les collectivités sur des orientations stratégiques partagées de développement culturel et artistique des territoires ;
  • Déployer, en lien avec les collectivités, un grand plan de diffusion d’œuvres dans des lieux non dédiés, afin de toucher les territoires privés d’offres artistiques et culturelles ;
  • Renforcer l’accompagnement des festivals et faciliter leur mise en réseau ;
  • Mettre en place un grand plan de présence artistique sur tout le territoire national, à travers des résidences établies avec les structures de création et de diffusion des labels et réseaux de l’État ;
  • Mettre en place d’une politique du « temps libre » en lien avec les autres ministères concernés.

Présidence française de l’Union Européenne : beaucoup de com’, de rares avancées, de vrais échecs

Macron aura beaucoup « macroné », verbe inventé par les Ukrainiens qui signifie « parler pour ne rien dire ». Son triptyque revendiqué en décembre dernier « relance, puissance, appartenance » rentre totalement dans ce cadre.

Macron n’a été ni l’initiateur ni le chef d’orchestre des réformes entérinées durant ce semestre : elles ont été travaillées pendant des mois par le Parlement ; certaines remontent même à plusieurs années, comme le règlement sur les marchés publics). Le Conseil sous présidence française a tenu à en valider le maximum afin d’enjoliver son bilan. En terme de rythme de travail, c’est positif (la représentation permanente de la France à Bruxelles a fait preuve d’une productivité impressionnante, hommage à nos diplomates), mais en terme de fond politique, on est en droit d’avoir une appréciation beaucoup plus contrastée – et plus réaliste.

Certes, le dossier ukrainien a totalement bouleversé le semestre français. Mais sur la crise économique qui vient, doublée d’une crise énergétique, d’approvisionnement et d’inflation, on n’a clairement pas avancé. Le plan de relance de 2020 demeure le seul outil de résilience économique dont dispose l’Europe ; et chaque jour qui passe montre qu’il ne suffira pas à éviter un fort recul de la croissance, voire une récession. Pire : on se dirige actuellement vers une normalisation. La routine néolibérale reprend du poil de la bête. On l’a vu pendant les élections françaises : les injonctions austéritaires (« semestre européen »), avec la compression des dépenses publiques et ses conséquences sur la qualité du service public, empêchent de mener les politiques nécessaires, notamment en terme de santé ou d’éducation.

Sur les occasions manquées au point de vue économique et énergétique, on pense au blocage de la réforme de la tarification de l’électricité, qui reste indexée sur le gaz, et dont l’absurdité nous coûte très cher, particulièrement à nous les Français qui avons des coûts de production très bas grâce au nucléaire.

Passons maintenant en revue le bilan précis de cette « présidence Macron ».

Action extérieure

« Europe puissance »

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a pressé les Européens d’accélérer, mais pas forcément dans le sens le plus souhaitable. On peut se réjouir d’une chose : depuis le 24 février, les Etats-membres de l’UE sont globalement restés unis. On sent néanmoins qu’émergent différentes « sensibilités ». À cet égard, le Président Macron n’a pas toujours trouvé les mots justes. Ses propos sur la nécessité de « ne pas humilier Moscou » ont non seulement irrité Kiev et suscité beaucoup d’incompréhension, mais aussi, et c’est plus grave, éloigné de nous un certain nombre de chancelleries européennes. Lesquelles étaient jusqu’à cette sortie fâcheuse, plutôt concentrées sur la responsabilité historique de l’Allemagne dans tous nos déboires. Bref l’Europe puissance et son « autonomie stratégique » ne sortent pas gagnantes de ces 6 mois de présidence française.

La vision française, portée à sa façon par Macron, considère que l’Union doit être capable d’agir indépendamment de tous les Empires. De l’autre côté, il y a ceux qui considèrent que le cadre de toute défense européenne, c’est l’OTAN. Vladimir Poutine a clairement, sinon volontairement, fait en sorte que ça soit cette ligne-là qui l’emporte. Nous sommes repassés sous supervision américaine. L’OTAN a ressuscité de sa mort cérébrale. Elle est relancée comme personne n’aurait osé l’espérer avant le 24 février. En termes géopolitiques comme économiques et industriels, je ne sais pas si c’est une bonne nouvelle pour la France. Ce réalignement atlantiste est exploité à fond par le Royaume-Uni et la Pologne, l’Allemagne suit, et Bruxelles (Von der Leyen), semble copier-coller son discours sur celui de Washington. Enfin, tout porte à croire que les conséquences économiques, sur le réarmement, profiteront surtout au complexe militaro industriel américain.

Balkans occidentaux

Emmanuel Macron avait annoncé le 9 décembre 2021 au moment de la présentation des priorités de la présidence française, vouloir une clarification sur les perspectives d’adhésion des pays des Balkans Occidentaux. À l’heure du bilan, le moins que l’on puisse dire est que le verre est plus qu’à moitié vide ! Et que pour la Serbie et le Monténégro par exemple, mais aussi la Macédoine du Nord (on a quand même eu une avancée avec la levée du veto bulgare), il y a de quoi être amer. Ce n’est bon ni pour la France ni pour l’Europe de laisser s’accumuler ainsi autant de frustrations dans les Balkans Occidentaux, qui ont été sidérés par la différence de traitement dont a bénéficié l’Ukraine (et la Moldavie). On a enfin un très gros problème en Bosnie, avec une République Serbe de Bosnie tentée par la sécession et très encouragée par Moscou. Ce serait la fin des accords de Dayton et donc le retour possible d’une confrontation meurtrière en ex Yougoslavie. L’Europe est consciente du problème, mais ne me paraît pas avoir fait grand-chose pour le résoudre.

Partenariat sud

Ce versant de la politique européenne de voisinage a complétement été laissé de côté au profit, on peut le comprendre, du partenariat oriental. La présidence française du Conseil de l’Union européenne aurait dû être l’occasion de relancer l’Union pour la Méditerranée. Cela n’a pas été le cas. Au contraire, les crises s’amplifient : crise économique, sociale et politique en Tunisie ; décrochage politique (irrémédiable ?) de l’Algérie, qui approfondit les liens avec la Russie et la Chine et qui se fâche avec le Maroc sans que ça ait l’air de nous préoccuper outre mesure ; Liban totalement laissé à l’abandon…

Afrique

L’organisation du sommet UE-Union Africaine les 17 et 18 février derniers a été une bonne chose après deux ans perdus à cause du Covid. Des engagements importants ont été pris durant ce sommet (150 milliards d’euros d’investissements dans les infrastructures), mais demeure l’impression tenace d’être à la traîne de la Chine. L’éclatement de la guerre en Ukraine a aggravé les contradictions. Des Etats (et leurs opinions publiques) rejettent à présent ouvertement la présence occidentale. Pour beaucoup d’Africains, les responsables de la crise alimentaire à venir c’est nous, et pas la Russie.

Institutions européennes

Concernant la conférence sur l’avenir de l’Union européenne, nous pensons qu’il y a mieux à faire maintenant que réviser les traités. Le Conseil européen a plutôt raison de ne pas s’emballer et de rester prudent. Certes, nous avons des problèmes récurrents à cause de la règle de l’unanimité sur les questions fiscales (cf. veto hongrois au taux minimal d’imposition sur les sociétés la semaine dernière) et sociales (cf. proposition décevante sur le salaire minimum). Mais gardons la tête froide sur ces sujets. Par exemple, est-on sûr que passer les questions de santé à la majorité qualifiée profitera nécessairement à notre Sécurité sociale et notre Assurance maladie ? Voulons-nous ouvrir la boîte de Pandore en passant à la majorité qualifiée sur la politique étrangère et de défense ? Cela signifierait tout simplement la fédéralisation de l’Union européenne et politiquement c’est un chiffon rouge pour les opinions publiques.

Commerce international

Marchés publics

Jusqu’alors, l’UE était assez démunie face à la Chine ou aux Etats-Unis. D’un côté, des obstacles, des interdictions, des contraintes qui empêchent les entreprises européennes d’avoir accès à leurs marchés publics ; de l’autre des marchés ouverts, raflés parfois par des entreprises de pays tiers subventionnées par leur gouvernement.

Longtemps, les libéraux n’ont pas voulu entendre parler de protections spécifiques sur ce sujet, mais l’absence de réciprocité de la part de nos concurrents a marqué un tournant. Désormais, pour tout marché atteignant le seuil de 10 millions d’euros, les entreprises seront soumises à des vérifications. Des sanctions économiques seront prises en cas de non-réciprocité. Mais on aurait pu aller plus loin et défendre un Buy European Act, permettant de donner la priorité aux entreprises européennes dans l’accès aux appels d’offre.

Subventions étrangères

Le but était de garantir des conditions de concurrence équitables pour les entreprises opérant sur le marché intérieur. Ce texte vise particulièrement à contrecarrer la Chine, connue pour subventionner massivement ses entreprises, qui sont, de facto plus concurrentielles que les entreprises européennes. Il met en place des outils permettant à la Commission d’enquêter sur les contributions financières d’un gouvernement de pays tiers : deux dispositifs pour étudier les concentrations importantes et les offres dans le cadre de marchés publics de grande envergure ; et un instrument d’enquête sur le marché. Les seuils sont 600 millions d’euros pour les concentrations et 300 millions d’euros pour les procédures de passation de marchés publics.

Taxe sur les multinationales

Ce texte prévoyait la mise en place d’un impôt minimum de 15 % sur les bénéfices des multinationales, à compter du 31 décembre 2023, pour porter un coup d’arrêt aux paradis fiscaux à taux zéro et aux stratégies de dumping fiscal. Ce projet était porté par Bruno Le Maire depuis le début de la PFUE, mais après plusieurs mois de négociations, et malgré l’accord de la Pologne (sûrement pour avoir accès au plan de relance), la Hongrie, le 18 juin, a posé son veto.

C’est un échec pour Macron et Le Maire. Le coup est d’autant plus dur que si le texte était passé au niveau européen, la pression aurait été mise sur les Etats-Unis, où la réforme est bloquée depuis l’année dernière.

Climat & écologie

Hier le Conseil a confirmé l’horizon 2035 pour l’arrêt de la vente de voitures neuves à moteur thermique (avec une exception pour les petits constructeurs type… Ferrari, arrachée par l’Italie). Il faut à la fois se réjouir du volontarisme de l’UE sur la question des émissions de CO2, et ne pas prendre à la légère les avertissements des industriels (cf. la tribune remarquée de Carlos Tavares, PDG de PSA). Certes, PSA n’a pas un CV exemplaire en la matière. Certains se souviennent peut-être des esclandres de Jacques Calvet contre le pot catalytique. Mais on a plein de problèmes, à ce jour sans solution, sur la reconversion industrielle, sur les pertes d’emplois et de compétences, sur l’accès aux matières premières nécessaires à la fabrication des batteries, sur le cycle de vie des batteries lui-même, etc.

Sur la tarification carbone, le parlement européen a ce mois-ci vécu un psychodrame, mais tout est bien qui finit bien. Ou presque. Des compromis difficiles ont dû être trouvés en catastrophe, qui entachent notre détermination initiale à aller vite. La France a dû ainsi lâcher du lest sur des points importants, notamment les quotas gratuits de CO2 alloués aux entreprises (dont la disparition est repoussée d’un an), mais la présidence française a aussi réussi à engranger quelques progrès sur l’ajustement carbone, en incorporant certaines importations non prévues au départ (produits chimiques organiques, très émetteurs de gaz à effet de serre). Au final, cela va plutôt dans le bon sens, mais on a toujours ce problème de s’en remettre au marché (avec une cotation du prix du carbone, qui peut fluctuer très bas quand la conjoncture est mauvaise, alors qu’il faudrait aller le plus vite possible à au moins 120 euros la tonne) et surtout d’être conforme aux règles de l’OMC, qui sous couvert de libre-échange et de concurrence non faussée, freinent les efforts nécessaires pour réduire notre empreinte carbone.

Le règlement sur la déforestation importée est un texte important, qui prévoit d’interdire toute importation d’un produit obtenu par la déforestation. Mais la Présidence française a accepté de réduire la portée de la notion de déforestation (en excluant hélas les zones humides, les tourbières et les savanes), ce qui réduira par là-même les importations frappées d’interdiction. Les obligations pesant sur les opérateurs et la fréquence des contrôles seront elles aussi allégées. Néanmoins, si ce texte va jusqu’au bout, avec dans le viseur le café, le cacao, l’huile de palme, le soja, le bois et le bœuf, on aura un socle plutôt large des produits issus de la déforestation, et surtout un obstacle quasi insurmontable à des accords de libre-échange comme le Mercosur, ou en préparation avec l’Indonésie, et ça c’est plutôt une bonne nouvelle !

Numérique

La présidence française a enregistré deux textes très importants : le Digital Services Act (DSA) et le Digital Market Act (DMA), qui se présentent comme une première mondiale dans la régulation des contenus internet et des GAFA et autres acteurs de la « Big Tech ». On sort du far-west numérique. Ce qui est illégal hors ligne sera aussi illégal en ligne. On aurait pu aller encore plus loin, par exemple sur le ciblage publicitaire ou sur les obligations pesant sur les plateformes vendant des produits illicites ou contrefaits. Mais incontestablement, ces réformes sont à mettre à l’actif de l’Union Européenne. S’ils signent sans doute une avancée normative qu’on pourrait dire proche de la tradition politique française, ces deux textes majeurs ne sont pas sortis du cerveau génial de Macron ! Ils sont le fruit d’un énorme travail, engagé de longue date et mené dans une forte adversité.

Plusieurs inquiétudes, sur lesquelles la présidence française qui s’achève n’a pas dit grand-chose : les données personnelles, qui après un arrêt de la CJUE, ne devaient plus être stockées aux USA, mais qu’Ursula Von der Leyen a quand même accepté de maintenir là-bas, au terme d’un accord verbal semble-t-il (controverse du privacy shield) ; l’intelligence artificielle, avec un texte en cours de discussion mais que la droite du Parlement Européen, sous couvert d’encourager l’innovation, veut vider de sa substance en autorisant notamment de possibles dérives en matière de surveillance de masse, et en allégeant la responsabilité des opérateurs de systèmes d’IA.

Sortir par le Haut

Après une élection présidentielle frustrante et décevante, les législatives, en dépit de l’arrivée salutaire d’un nombre important d’élus de gauche, précipitent notre pays dans une période confuse et incertaine. 

La composition de la nouvelle Assemblée nationale confirme l’absence d’adhésion majoritaire au projet du président. On ne peut que constater l’avènement d’une “tripartition bloquante”: bloc de gauche, bloc droite/RN et bloc macroniste s’équilibrent et s’entravent mutuellement.

Cette situation témoigne d’abord du rejet des politiques menées depuis de trop nombreuses années au détriment des aspirations populaires. Elle témoigne également de l’essoufflement de la Vème République. Le passage au quinquennat et l’inversion du calendrier électoral étaient censés présidentialiser le régime et faire de l’élection législative une formalité pour le camp du chef de l’État. Le scrutin majoritaire avait vocation à donner de la « stabilité » à la vie politique. Les Français ont choisi de “proportionnaliser” le scrutin et de rééquilibrer les pouvoirs. 

La France est confrontée à une grave crise démocratique

Ainsi, l’abstention s’enkyste dans le pays de façon préoccupante. Plus d’un Français sur deux ne s’est pas déplacé dimanche. Une désertion citoyenne s’installe élection après élection, à laquelle nombre de commentateurs et d’acteurs semblent se résigner. Pourtant, quand la jeunesse et les classes populaires refusent de participer à un scrutin aussi décisif, c’est la vitalité de la nation elle-même qui se trouve gravement menacée. 

Si l’abstention confirme son rang de vainqueur, Emmanuel Macron occupe celui de premier vaincu. Le scrutin de dimanche constitue un désaveu majeur et inédit pour un président fraîchement reconduit. Rattrapé par un dégagisme dont il fut naguère le bénéficiaire, il est le principal artisan de sa défaite.

Réélu par défaut, il s’est empressé d’écœurer ceux qui lui ont permis de battre le Pen. En mettant en exergue une seule mesure programmatique, la retraite à 65 ans, il a conforté son image de dirigeant obtus et injuste. En composant, au terme d’interminables consultations, un gouvernement aussi enthousiasmant qu’un slogan de Giscard, en refusant le débat pendant la campagne législative, en n’affirmant ni cap ni stratégie, il a donné l’impression de se moquer des Français, de leurs inquiétudes et de leurs aspirations. Les électeurs, en le privant de majorité, l’ont puni de cette désinvolture coupable.

Pire encore : celui qui fut présenté comme le « meilleur rempart » contre le Rassemblement National n’aura pas empêché celui-ci de réaliser une progression historique. Même avec la proportionnelle, l’extrême droite n’avait pas envoyé un tel nombre de députés au Palais Bourbon. Le refus du « front républicain », à droite, chez les macronistes, et même parfois à gauche, y aura contribué. Reste que cette dynamique brune vient de loin : faute d’avoir répondu aux angoisses des classes populaires des territoires délaissés par la mondialisation, faute d’avoir su combattre les inégalités territoriales et sociales, les gouvernements successifs ont préparé le terrain à ce succès électoral. Deux fois présente consécutivement au deuxième tour de l’élection présidentielle, disposant d’un groupe pléthorique à l’assemblée nationale, l’extrême droite peut aujourd’hui prétendre au pouvoir.

C’est à la gauche qu’il revient de briser cette ascension. Pour cela, il faudra qu’elle casse elle aussi un « plafond de verre », autant sociologique que politique. Certes, la stratégie unitaire ayant conduit à la formation de la NUPES aura permis à la gauche d’envoyer à l’Assemblée un nombre d’élus important (près de 150) en dépit d’un résultat en voix relativement faible. La France Insoumise est l’incontestable bénéficiaire (elle passe de 17 à près de 80 députés) de la coalition électorale qu’elle a finalement suscitée.

Militants unitaires, nous avons rappelé qu’une dynamique de rassemblement se construit dans le temps, autour d’axes programmatiques longuement débattus, et ne saurait se résumer à un seul accord électoral.

Nous avons également contesté le principe d’un accord général et exclusif : à rebours de la tradition de la gauche, il a abouti à un certain nombre d’erreurs. La diversité du camp progressiste n’a pas été suffisamment prise en compte. Le calcul au trébuchet des rapports de force n’a pas permis le choix optimal des candidats sur le terrain, comme l’ont déploré nombre de responsables locaux.

Mais le problème principal est ailleurs : la carte électorale révèle que, comme lors de l’élection présidentielle, l’audience de la NUPES est géographiquement et sociologiquement circonscrite. Elle triomphe dans les centres métropolitains et les banlieues proches mais décline souvent dans les territoires ruraux, villes moyennes et secteur péri-urbains. De surcroît, la gauche perd du terrain chez les actifs, ouvriers et employés. Cette chute est particulièrement marquée dans les régions qui lui furent longtemps acquises, des anciens bastions ouvriers du Nord et de l’Est aux terres rurales du Sud-Ouest. Et ce au profit du RN qui réalise des « grands chelems » dans certains départements longtemps (voire encore) socialistes.

Le rétrécissement sociologique de l’électorat de gauche est l’un principaux problèmes politiques qui nous est aujourd’hui posé, comme l’avancent à raison des élus comme François Ruffin ou Fabien Roussel et comme nous n’avons cessé de le souligner, ainsi qu’Arnaud Montebourg. Or pour répondre aux intérêts des classes populaires, si hétérogènes soient-elles, il faut que les forces progressistes ne négligent aucune des préoccupations de celles-ci : pouvoir d’achat, délitement des services publics, climat mais aussi insécurité sociale et physique, atteintes répétées à la laïcité, disparition du monde rural.

La gauche n’est pas condamnée à être « le plus gros des tiers ». Elle ne saurait se satisfaire de cette perspective qui ne lui permettra pas de gouverner dans la durée et de transformer durablement la vie de nos concitoyens. L’enjeu est bel est bien de reconstruire une gauche à vocation majoritaire et elle peut atteindre cet objectif si elle se fixe pour objectif d’arracher au RN ou à l’abstention les ouvriers et les employés des zones péri-urbaines et rurales, si elle sait se hausser à la hauteur du projet rassembleur et d’intérêt général que la situation exige (guerre en Europe, crise sanitaire, pouvoir d’achat en baisse drastique, dérèglement climatique, désindustrialisation du pays, perte des repères républicains…). Cela passe par un équilibre subtil entre mesures de justice et réponses d’ordre, entre radicalité et crédibilité. Cela implique de prendre en compte les éléments d’une politique de redressement républicain : retour de l’État dans la vie économique et sociale, augmentation massive des bas salaires et solidarité sociale, égalité et laïcité, démondialisation, promotion inlassable du « made in France », transition écologique et objectif zéro pétrole, égalité territoriale, refondation totale de nos institutions.

Dans ce contexte de crise multiforme, la gauche ne saurait se contenter de porter la colère. Pour ne pas être un facteur anxiogène supplémentaire, elle doit aussi rassurer et proposer, s’engager résolument à retrouver la confiance des couches populaires dans toutes leurs composantes, à s’implanter à nouveau sur l’ensemble du territoire sans en négliger aucun, réussir tout à la fois son élargissement et son unité dans le respect de sa diversité.

Communiqué de presse de la fédération de la gauche républicaine au lendemain du 1er tour des élections législatives

La Fédération de la Gauche républicaine a réussi son implantation sur l’ensemble du territoire, avec près de 4% en moyenne dans les circonscriptions où elle présentait des candidats. Constituée au lendemain de l’élection présidentielle, la Fédération de la Gauche Républicaine s’affirme comme une force qui comptera à l’avenir pour la gauche.

Nous demeurons fortement préoccupés par le haut niveau de l’abstention, témoignant d’une grave crise démocratique, ce qui pose la question de l’indispensable changement de nos institutions.

Le scrutin est marqué par un affaissement de la majorité présidentielle, traduisant la sanction du Président de la République par les Français. Ce dernier ne veut pas admettre les conditions singulières de son élection, largement acquise pour faire barrage à l’extrême-droite. Il faut, à l’issue du second tour, qu’il n’ait pas les mains libres pour mener son projet.

Aucune voix ne doit aller à l’extrême droite. Notre position de principe est de soutenir le candidat de gauche qualifié au second tour. Il reviendra à nos candidats, dans chaque circonscription, de se déterminer conformément à nos valeurs et à nos convictions républicaines.

Ensemble, continuons d’emprunter les chemins de l’espoir !

La gauche c’est une histoire et un héritage sur lesquels nous fondons nos principes, mais c’est surtout un projet d’avenir pour relever les défis de la justice sociale, du changement climatique et de la souveraineté populaire.

Ensemble continuons d’emprunter les chemins de l’espoir : dès le 12 juin, votez et faites voter pour les candidats de la Gauche Républicaine.

Retrouvez les candidats et le programme complet sur www.gaucherepublicaine2022.fr

Europe : « La France ne saurait accepter que subsiste le fétichisme des 3 % de déficit »

tribune collective parue dans Marianne, le mardi 7 juin 2022

Dans une tribune, les membres fondateurs de la Fédération de la gauche républicaine, qui présente plusieurs candidats aux élections législatives, expliquent les défis et enjeux économiques auxquels la France devra faire face, notamment vis-à-vis de l’Union européenne.

À quelques jours du premier tour des élections législatives, le débat sur stratégie économique de la France fait cruellement défaut. L’inflation s’installe et le chômage repart à la hausse. Nos concitoyens s’inquiètent pour leur pouvoir d’achat et constatent un délitement préoccupant de leurs services publics (Éducation nationale, hôpital, etc.) et des missions régaliennes de l’État (justice, police, protection des mineurs). Le pouvoir en place cherche à escamoter cette discussion cruciale.

Or, les choix politiques opérés au cours des quinquennats passés ne permettent pas à la France d’affronter la crise qui se profile. Ils furent synonymes de privatisations, de délocalisations, de stagnation des salaires, de déréglementation du Code du travail, de baisses de la fiscalité du capital et des sociétés et d’exonérations massives de cotisations sociales. Loin de redresser la compétitivité de notre pays, cette politique de l’offre a creusé notre déficit commercial et appauvri une partie de la population.

La nomination de Madame Borne au poste de Première ministre ne présage d’aucun changement de cap, elle qui a activement participé à la privatisation des autoroutes, au changement de statut de la SNCF, à la réforme de l’assurance chômage avant de préparer, demain, le recul l’âge légal de la retraite à 65 ans. Il est temps de réfléchir sérieusement aux moyens permettant à la France de regagner de la souveraineté économique dans une Europe en profonde crise d’identité, mais qu’il ne faut pas renoncer à changer.

Au sein de l’Union européenne, loin de converger, les économies se développent plus que jamais sur des bases nationales, que les textes organisant la concurrence libre et non faussée interdisent malheureusement de consolider. Il est impératif d’obtenir la révision de ces textes, à l’heure où l’ensemble des protagonistes de la construction européenne (les citoyens, les États, la Commission, la BCE) en admettent désormais la nécessité.

« La politique de la Banque centrale européenne doit être étroitement coordonnée avec les politiques budgétaires nationales. »

Le Pacte de stabilité et de croissance (PSC) a d’ores et déjà été suspendu, d’un commun accord entre les États au Conseil européen. Face à la stagflation qui s’installe, la clause suspensive vient d’être prolongée d’un an, jusqu’à fin 2023. La révision des règles du PSC fera même l’objet d’une négociation, prévue dès cet automne. C’est l’occasion pour la France de proposer une stratégie économique alternative pour l’avenir. Notre pays ne saurait accepter que subsiste le fétichisme des 3 % de déficit et 60 % de taux d’endettement, et doit exiger d’y substituer le principe de politiques anticycliques adaptées à chaque pays, systématisant les pratiques ayant permis de sortir de la crise du coronavirus.

La politique de la Banque centrale européenne doit être étroitement coordonnée avec les politiques budgétaires nationales. Afin de favoriser les politiques de relance des pays où prévaut le chômage de masse, les programmes de rachats de dette publique de la BCE doivent pouvoir se déployer, comme cela fut fait, pour permettre aux États d’émettre des bons du trésor à bas taux. A contrario, ces programmes pourront être levés dans les pays en passe d’atteindre le plein-emploi. Pour l’ensemble de la zone euro, le Conseil, dépositaire de la détermination du taux de change de l’euro, doit demander à la BCE de veiller à ce que le cours de l’euro face au dollar ne soit pas pénalisant pour les industries exportatrices européennes.

Au sein même de la zone euro, puisque les ajustements de change ne sont de facto plus possibles (en régime de monnaie unique) pour résorber les déséquilibres des balances courantes, les États doivent pouvoir utiliser la politique industrielle pour rétablir la compétitivité de leur économie sans avoir à exercer de pression à la baisse sur les salaires. C’est pourquoi le régime des aides d’État doit être réformé en profondeur pour permettre la relocalisation de l’industrie, le développement de filières courtes et la rémunération du travail à sa juste valeur.

« Ce plan pour le redressement industriel de la France doit s’accompagner d’une revalorisation des salaires. »

Un programme « Made in France » de grande ambition peut se fixer un objectif de création de 500 000 emplois industriels et d’installation de 500 nouvelles usines dans nos régions et notamment dans des territoires délaissés. Miser sur les seules start-up et technologies du futur est insuffisant. La France doit se remettre à fabriquer sur le sol national des produits critiques (pharmaceutiques, électroniques, alimentaires, etc.) que nous importons aujourd’hui au prix de notre souveraineté perdue. Nous avons pour cela plusieurs armes à notre disposition : le levier de la commande publique bien sûr, mais aussi les mesures de protection de l’intérêt national (à commencer par le fameux décret Montebourg, sous-utilisé). Des investissements massifs sont nécessaires pour remettre à flot nos services publics, en particulier dans la santé, l’éducation, la formation et la recherche.

Ce plan pour le redressement industriel de la France doit s’accompagner d’une revalorisation des salaires. Modifier le partage des richesses créées par le travail est devenu un impératif crucial dans notre pays. La part des salaires dans la valeur ajoutée s’effondre à nouveau alors que la productivité continue de croître (même modérément). Le choc sur les matières premières lié à la crise sanitaire et à la guerre en Ukraine ne s’accompagne d’aucun choc salarial, tant le rapport de force est devenu défavorable aux syndicats. Ce nouvel affaissement de la part des salaires aura des effets récessifs et provoquera une montée inégalités de revenus et de patrimoines socialement explosive, à l’heure où le taux de marge atteint un pic historique et où les dividendes sont en hausse. Il devient urgent d’augmenter les salaires et de rétablir leur indexation sur les prix pour enrayer la crise du pouvoir d’achat. Le retour des coups de pouce au SMIC et un fort relèvement du point d’indice dans la fonction publique s’imposent. Le législateur doit organiser une négociation interprofessionnelle, rue de Grenelle, sur les minima et hiérarchies de branches, avec obligation de conclure.

Réviser les textes européens pour faciliter l’exercice de la souveraineté économique des États-nation, planifier la relocalisation de l’industrie et l’extension du mix énergétique afin d’assurer notre indépendance, rétablir la justice fiscale, modifier le partage des richesses et donner du pouvoir aux salariés dans l’entreprise : tels sont les chantiers immédiats qu’une gauche républicaine, sociale et réaliste peut et doit proposer pour redonner espoir aux classes populaires et redresser la France.

Signataires :

Isabelle Amaglio-Térisse, coprésidente des Radicaux de Gauche

Liêm Hoang-Ngoc, ancien député européen (NGS)

Jean-Luc Laurent, maire du Kremlin-Bicêtre, président du Mouvement républicain et citoyen (MRC)

Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice GRS de Paris

Emmanuel Maurel, député européen GRS

Laurence Rossignol, sénatrice socialiste

Mickaël Vallet, sénateur socialiste

CELLES ET CEUX QUI TRAVAILLENT DANS NOTRE SYSTÈME DE SOINS NE DOIVENT PLUS ÊTRE BERCÉS DE PROMESSES SANS LENDEMAIN

La Fédération de la Gauche Républicaine (Gauche Républicaine et Socialiste, MRC, Les Radicaux de Gauche, Nouvelle Gauche Socialiste, L’Engagement) apporte son soutien aux soignants de l’hôpital public qui subissent depuis des années des contraintes budgétaires sans considération pour la qualité des soins. Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron n’a pas changé cette orientation malgré les beaux discours post-COVID.

Les mouvements de grève exceptionnels dans ce secteur se multiplient depuis 3 ans en particulier dans les services d’urgence (2019), les infirmières anesthésistes (2021), les sages-femmes … La difficulté pour nos concitoyens à trouver un médecin traitant ou à accéder à certaines spécialités renforce encore le malaise grandissant.

Le gouvernement semble attendre l’effondrement du service public de façon absolument cynique. Il est grand temps de changer de braquet en mettant en priorité la qualité des conditions de travail pour l’ensemble des soignants comme pour le secteur médico-social.

NOUS APPELONS TOUS LES FRANÇAIS À MANIFESTER LEUR SOUTIEN AUX GRÈVES ET MANIFESTATIONS ORGANISÉES LE 7 JUIN ET AU DELÀ.

Les candidates de la Gauche Républicaine remercient les Français de l’étranger

5 ans après le désespérant raz-de-marée macroniste dans les circonscriptions des Français de l’étranger, les candidates et candidats de la Gauche Républicaine se réjouissent de la progression de la gauche chez nos compatriotes établis hors de France.
Le bilan du premier quinquennat d’Emmanuel Macron n’a pas seulement été calamiteux pour les Français d’Outre Mer et de l’hexagone, mais aussi pour tous les Français où qu’ils soient dans le monde.

Nous nous réjouissons d’avoir apporté notre pierre à ce combat et bien que nos résultats soient modestes, ils inscrivent désormais clairement notre présence chez les Français résidant hors de France alors même que nous nous étions constitués très récemment.
Nous remercions chaleureusement les 5037 électrices et électeurs qui ont porté leurs suffrages sur nos dix candidates, ils ont avec nous semé des graines pour l’avenir !

Nous avons bien l’intention de poursuivre notre combat collectif pour défendre auprès de nos compatriotes nos principes de justice sociale et climatique, de souveraineté populaire concrète et d’universalisme républicain, comme nous l’avons fait à la mesure de nos moyens lors de la campagne du premier tour des élections législatives.

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.