La trahison politique de François Hollande a renvoyé les idées de gauche dans le champ de l’utopie pour nombre de nos concitoyens

Notre camarade Rémi Lefebvre, politiste à l’université Lille 2 et essayiste, était hier 16 février 2022 l’invité de la Midinale du magazine Regards. L’occasion pour lui de présenter son livre à paraître Faut-il désespérer de la gauche ? et de décrypter pourquoi – au-delà des divisions partisanes – la gauche est si faible électoralement en prévision des élections présidentielle et législatives alors que la conscience des inégalités sociales n’a peut-être jamais été aussi fortes.

Il n’y a peut-être jamais eu depuis 40 ans une telle demande d’égalité et de justice sociale. La gauche en elle-même n’est parallèlement pas si atone intellectuellement, selon Rémi Lefebvre, qu’on veut bien le dire. Elle ne manque pas d’idées (le programme de la GRS et ceux d’autres organisations le démontrent) mais assurément manque de « médiation » pour les défendre. Les idées de gauche existent et circulent dans la société, mais elles ne se transforment pas en adhésion ou en vote pour les différentes organisations qui composent la gauche « institutionnelle ».

La crédibilité de ces idées est devenue par ailleurs problématique : les citoyens qui adhèrent intellectuellement et politiquement à ces propositions considèrent dans le même temps qu’elles ne peuvent être – la plupart du temps – mises en œuvre. Selon Rémi Lefebvre et nous le rejoignons encore ici, la responsabilité du quinquennat de François Hollande est à ce titre écrasante, car en trahissant ses électeurs par la conduite de politiques sociales-libérales ou néolibérales, il a tué l’idée de gauche, la crédibilité des idées de gauche.

La gauche n’arrive donc plus à imposer sa vision du monde, non plus à convaincre de sa capacité pratique et réelle à agir concrètement pour la mettre en œuvre. Nous devons donc mener une bataille culturelle, sans doute de longue haleine, pour rétablir l’idée que la transformation sociale, la possibilité d’un autre monde, est non seulement souhaitable mais politiquement et concrètement crédible.

Pour nous, cela passera également par la reconstruction d’un pôle puissant autour des idées de la gauche républicaine qui devra répondre en priorité aux préoccupations essentielles de nos concitoyens, notamment issus des classes populaires.

Les jeunes des quartiers populaires doivent être au centre du débat républicain

Dinks Turki, 21 ans, est coordinateur à Marseille pour la Gauche républicaine et socialiste (GRS) et responsable associatif. Il s’est engagé en politique pour faire entendre la voix des jeunes des quartiers populaires. Il était interrogé par les journalistes de France Info pour le format « Génération 2022 » qui interroge les jeunes militants ou responsables associatifs à l’occasion de la campagne pour l’élection présidentielle du printemps. Un rappel fort qu’il y a un besoin de République concrète !

Jean-Michel Blanquer ne sait plus à quel saint se vouer

communiqué de presse du samedi 12 févier 2022

Mauvais signe pour la laïcité à l’école ?
Le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer vient de nommer Mark Sherringham à la tête du conseil supérieur des programmes. Or Sherringham est un haut fonctionnaire et philosophe controversé, qui avait plaidé pour la réintroduction du christianisme dans l’école publique. Ancien conseiller de Raymond Barre, de François Fillon et de Xavier Darcos, cet inspecteur général de philosophie a prôné « l’idéal civilisateur du christianisme » et a plaidé pour une école qui fasse en son sein une place à la religion.

Marc Sherringham a critiqué par exemple dans le passé « la volonté laïque de cantonner la religion à la sphère des opinions privées ».

L’annonce de cette nomination a déclenché à juste titre beaucoup d’indignation.
C’est là en effet un drôle de signal (juste avant l’élection présidentielle, de surcroît) que de nommer à la tête de cette instance très symbolique et très politique une personnalité autant préoccupée par la place du christianisme dans le champ éducatif et auteur de propos ambigus sur la laïcité, qui a par ailleurs soutenu les écoles privées hors-contrat et théorisé les liens entre religion et éducation.
Si l’école française a été pendant de longs siècles entre les mains de l’Église, il ne faut pas oublier que l’école laïque républicaine a dû batailler fermement contre elle pour se frayer un chemin.

Sherringham affirmait ainsi son désir de remettre en cause les principes laïcs à l’école en inscrivant l’idée de la spiritualité dans l’enseignement même du « fait religieux » dans une table ronde organisée au CIEP le 29 avril 2004, affirmant : « La laïcité ne sera capable d’une refondation et d’un renouvellement que si elle accepte de penser à nouveau la relation de la vérité et des religions et de considérer que la religion n’est pas seulement un problème culturel mais bien une voie d’accès à la question des finalités ultimes de l’humanité ».
Une telle approche reviendrait à renoncer à la laïcité.

Sherringham est par ailleurs un défenseur des écoles privés hors contrat , lui qui fut formateur, en janvier 2020, pour l’association « Créer son école » dont le but était d’aider à la création d’écoles privées hors contrat. Cette association fut fondée par Anne Coffinier qui, la même année a créé une autre association, Kairos, présidée par Xavier Darcos, dont le but annoncé est de soutenir financièrement les écoles privées.

La Gauche républicaine et socialiste exprime sa vive inquiétude devant cette nomination à ce poste si stratégique , réaffirme son attachement indéfectible à la laïcité comme ciment de l’école française et sera très vigilante face aux futurs travaux ou préconisations émanant du conseil supérieur des programmes.

S’adapter ou disparaître : le gouvernement n’épargne personne … même les forêts !

analyse d’Emmanuel Maurel

Bernard Munch, le nouveau directeur de l’Office National de la Forêt (ONF), ne cache pas son inquiétude : « Pour ne parler que de la forêt domaniale, plus de 300 000 hectares sont touchés par les dépérissements, environ trente fois la superficie de Paris ». En cause le changement climatique qui affaiblit les arbres, particulièrement face aux nuisibles (scolytes notamment).

Toutes les régions et toutes les essences sont touchées : hêtres, frênes, châtaigniers, chênes français. « D’ici cinquante ans, plus de la moitié de la forêt française pourrait avoir changé de visage. Au lieu du couvert forestier actuel, dense, d’un bloc, sur de grandes surfaces, on aura une forêt mitée. »

Le contre-argument répété maintes fois sur la croissance de la superficie forestière se trouve ainsi battu en brèche. L’Institut National de l’Information Géographique et Forestière ajoute que pour la première fois depuis le XIXème siècle, la progression du volume de bois en forêt ralentit, sous le double effet des hausses de prélèvements et d’une mortalité accrue de certaines espèces.

La situation est d’autant plus problématique que les moyens du service public de la forêt dépérissent eux aussi. M. Munch, pourtant réputé proche du pouvoir, comme en atteste son C.V de financier à Bercy, l’admet : « on vit de ce que nous attribue l’État, comme l’hôpital public, les forces de sécurité … C’est près de 500 suppressions de poste sur cinq ans, c’est une contrainte. ».

Jusqu’à présent, l’ONF plantait environ 3 millions d’arbres par an. Le plan « France Relance » de 2020 a porté cet effort à 10 millions, mais sans prévoir la moindre rallonge budgétaire. Ne pouvant plus assurer les trois missions (économique, environnementale et tourisme) qui lui sont confiées, l’ONF doit se résoudre à déléguer une partie de ces tâches au privé et se « restructurer » en scindant les activités d’exploitation et les activités de protection. Quant aux gardes forestiers, leurs missions historiques (protection de la biodiversité, entretien des forêts, coupes commerciales, missions de police) sont noyées dans trois pôles : administratif, technique et travaux. Et il se murmure que le pôle « travaux » leur sera bientôt retiré pour être confié au privé.

Se contenter de dotations budgétaires anémiées et devoir compter sur l’aide d’ouvriers contractuels serait pourtant une grave erreur, aux résultats courus d’avance. Comme dans les autres secteurs où le service public a été démantelé voire privatisé, la partie rentable (la filière bois) ne financera plus la partie non-rentable (protection de la nature). La porte sera laissée grande ouverte aux entreprises forestières, dont le modèle économique repose sur l’intensification de la production, et qui ne peuvent pas se permettre d’être trop tatillonnes sur la prévention des risques environnementaux.

Fait du hasard, l’interview de Bernard Munch est parue le même jour que le lancement de la stratégie « carbon farming » de la Commission européenne. L’Europe veut renforcer le stockage du carbone dans le sol et compte, pour y parvenir, sur la plantation d’arbres. La France a joué un rôle important dans la définition de cette politique, mais le Gouvernement n’en a pas tiré les conclusions sur les moyens. Aucune embauche d’agents dévoués à ces missions n’est prévue. L’État préfère s’en remettre à la sous-traitance, ainsi qu’aux agriculteurs, qui devront planter des arbres pour compenser leur empreinte écologique.

En déléguant, en restructurant et en sous-traitant ses missions dans la plus parfaite incohérence, l’État s’empêche de conduire dans la durée une politique forestière digne de ce nom. Sa vision d’une « forêt mosaïque, patchwork de petites parcelles » selon les mots de Bernard Munch, qui fait écho à l’appel d’un collectif de 600 scientifiques, associatifs et acteurs du secteur voulant concilier nécessité économique et impératifs écologiques, risque fort de ne jamais voir le jour. Sauf si l’État opère un virage de gestion et se décide à renforcer l’ONF et ses agents, qui connaissent mieux que quiconque la complexité, les subtilités et la fragilité de nos forêts.

Enfoncer le clou pour obtenir la levée des brevets sur les vaccins anti-COVID

Depuis un an déjà, la Gauche Républicaine et Socialiste s’est associée à l’initiative citoyenne européenne (ICE) en faveur de la levée des brevets sur les vaccins contre le COVID19, aux côtés de plusieurs dizaines d’ONG, de syndicats et de partis français et quelques centaines d’autres en Europe. Les vaccins et les traitements anti-COVID doivent être des Biens Communs de l’Humanité !

C’est pourquoi la Gauche Républicaine et Socialiste, en accord avec la coordination française de l’ICE « Pas de profit sur la Pandémie ! », propose aux élus locaux de tout le pays de faire adopter un vœu, dont vous trouverez le texte plus bas, dans leurs assemblées.

On ne peut être otages de ces multinationales et laisser tant d’hommes et de femmes vulnérables et menacés. En cas de pandémie et de lourdes maladies, les brevets doivent être libres la production de médicaments largement diffusée. On ne peut pas non plus continuer à laisser des zones entières de la planète abandonnée par les pays riches, qui se contentent de donation de vaccins au compte-gouttes avec le dispositif COVAX : pourtant la santé des peuples des pays en voie de développement, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, c’est aussi la nôtre. Tant que la circulation du virus ne sera pas freinée dans ces pays, le risque qu’ils produisent de nouveaux variants potentiellement gênants sous une forme ou sous une autre (une contagiosité importante, comme avec Omicron par exemple, compense largement une morbidité apparemment moindre) pour le diffuser ensuite à l’échelle de la planète est trop important. Le refus d’Emmanuel Macron de mettre la levée des brevets à l’ordre du jour est non seulement injustifiable, elle est dangereuse et relève d’une conception néolibérale de la santé publique qui a conduit nos sociétés en plein drame.

La recherche et le développement de vaccins et de traitements ont souvent été financés par des fonds publics, l’argent du contribuable. Ce qui a été payé par les citoyens doit appartenir aux citoyens. Nous ne pouvons pas permettre aux grandes multinationales pharmaceutiques de privatiser des technologies de santé.

Les grandes multinationales pharmaceutiques ne devraient pas faire de profit sur cette pandémie, au détriment de la santé des gens. Face à une menace collective comme le COVID19, nous avons besoin de solidarité, pas de profits privés. Des financements publics devraient toujours inclure des garanties sur la disponibilité et le coût des médicaments. Les multinationales pharmaceutiques ne devraient pas être autorisées à piller les systèmes de sécurité sociale.

L’Organisation Mondiale de la Santé, l’Union Européenne et le même l’Organisation Mondiale du Commerce devraient désormais rendre ces brevets libres. La France doit être à l’offensive et, au-delà, il nous faut dans notre pays mettre en place un pôle public du médicament.

Après trois ans, notre ambition est intacte !

Cette semaine, la Gauche Républicaine et Socialiste a fêté ses trois ans d’existence… Trois années particulières car fortement marquées par deux années de crise sanitaire dont nous ne sommes toujours pas sortis. Trois années marquées également par des combats forts face à l’offensive autoritaire et néolibérale qui caractérise la présidence d’Emmanuel Macron : combat pour obtenir l’organisation d’un référendum contre la privatisation d’Aéroports de Paris, combat contre la réforme des retraites, combat contre la réforme de l’assurance chômage, combat contre les reculs incessants imposés aux libertés publiques, combat pour la levée des brevets sur les vaccins COVID, combat pour rappeler la priorité de la justice sociale et de la dignité des travailleurs qui avait été rappelée de manière pressante par la mobilisation des « Gilets Jaunes »…

Le 3 février 2019, alors que la Gauche Républicaine et Socialiste naissait des Rencontres Fondatrices de Valence, nous avions fait le pari que le Peuple français ne voulait plus se laisser conduire comme un troupeau soumis aux coups violents du macronisme triomphant… Un mouvement social dont rien n’annonçait la forme, inattendue, les modalités d’action, inédites, les mots d’ordre, divers et denses, venait de secouer le pays ! Profondément ! Le mouvement des « Gilets Jaunes », c’était bien l’effraction du réel. Il rendait visible, tout d’un coup, ce que le langage managérial, qui euphémise et déshumanise, avait jusque-là dissimulé tant bien que mal. La crise sanitaire est passée par là, elle a également douloureusement et profondément secoué le pays : les Français sont fatigués et souvent démoralisés, l’Hôpital public et tous ses acteurs sont épuisés et exsangues… nous ne parierons pas sur l’explosion de la révolte, mais elle est pourtant bien présente, elle sourde mais intense ; elle risque de se traduire par une grève civique puissante lors des élections nationales du printemps 2022, prolongement des grèves du vote précédentes. Elle se nourrit des humiliations encaissées depuis de trop nombreuses années et de la démonstration violente des conséquences terribles des politiques austéritaires et néolibérales appliquées sans discontinuer depuis 2002 : casse des services publics – au premier rang, notre système de santé – , casse de notre appareil productif – au point que notre souveraineté industrielle et alimentaire a paru vaciller –, casse de notre protection sociale…

La colère dans le Peuple de France est intense et elle est légitime. Elle doit être prise en charge et nos concitoyens méritent plus que jamais des réponses à leurs besoins et à leurs attentes. Une grande partie de la gauche ressemble aujourd’hui un personnage ivre, une sorte de Narcisse qui ne comprend pas qu’il est devenu Dorian Gray, qui se perd dans des débats accessoires et oublie les gens, leurs vies et leurs difficultés concrètes et quotidiennes. C’est là une posture dangereuse car on sait depuis longtemps que la colère d’un peuple peut être prise en charge par de mauvais génies, qui préfèrent l’attiser que la soigner pour la retourner contre des boucs émissaires dont la liste s’élargit toujours un peu plus…

En février 2019, nous nous étions engagés à renouveler l’espérance socialiste et républicaine, nous avions considéré qu’il fallait prendre le parti du vivant – face à la crise climatique et écologique, il fallait porter les couleurs de l’écosocialisme –, prendre le parti du travail – face à la mondialisation libérale et financière, nous devions renverser un rapport de force devenu défavorable –, prendre le parti de la citoyenneté et de la République – face aux entrepreneurs de la haine et de l’égoïsme, nous devions rendre aux principes de Liberté, d’Égalité et de Fraternité leur caractère concret avec le retour d’une puissance publique aux services des citoyens. Notre projet était à nouveau « la République jusqu’au bout » ! Cela n’a jamais été autant d’actualité ! Les trois années qui se sont écoulés ont démontré que cette ambition était plus que jamais nécessaire et qu’il fallait persévérer dans notre combat pour régénérer une Gauche Républicaine apte à porter les espérances de la Nation toute entière…

La Gauche Républicaine et Socialiste reste encore aujourd’hui un petit parti, elle n’a que trois ans, mais elle ne baisse pas les bras… alors que le cours du monde pourrait conduire tant d’autres à désespérer, elle persévère, elle travaille et relève le drapeau tombé à terre et oublié au milieu des querelles futiles. Notre ambition n’a pas changé, nous serons le ferment de la reconstruction d’une gauche républicaine et de transformation sociale, dont notre pays a besoin.

Face à Batsirai, solidarité avec les Mascareignes et Madagascar

Depuis trois jours les Mascareignes (l’île Maurice, l’île Rodrigues et l’île de la Réunion) subissent le passage du cyclone Batsirai. Charriant des pluies diluviennes avec de forts risques de crue, soufflant en moyenne à près de 150 km/h par certains endroits et élevant le niveau de la mer sur les côtes, ce cyclone de grande envergure a amené les autorités de ces îles à placer leurs territoires au plus haut niveau d’alerte et obligé leurs populations à se confiner.

Si les phénomènes cycloniques sont fréquents dans cette partie de l’Océan indien en cette période, nous ne pouvons nous empêcher de penser aux multiples dégâts qu’ils causent, notamment aux ravages matériels et corporels qu’ils représentent pour les populations et les pertes pour les secteurs de l’agriculture, le tourisme ou encore les services.

À la Réunion, ce sont 12 personnes qui ont été blessées, 42 000 foyers qui sont privés d’électricité, 30 000 personnes qui n’ont plus d’accès à l’eau courante et 10 000 foyers qui connaissent des perturbations du réseau des télécommunications. À l’île Maurice (dite l’île sœur) selon les autorités du pays, 7 500 foyers été privés d’électricité et le réseau téléphonique a été perturbé après le passage du cyclone au large de ses côtes. L’on fait aussi état de plusieurs victimes, dont un mort, des dégâts matériels, des familles qui auraient perdu leur foyer et des submersions à quelques endroits.

Selon les météorologues, Batsirai devrait toucher les côtes est et le sud de Madagascar, dans les prochains jours, sous la forme d’un cyclone tropical intense avec des conséquences majeur pour la « grande île » et ses populations.

Malgré la récurrence des cyclones dans cette partie du globe, nous ne pouvons nous empêcher de penser au dérèglement climatique et à ses impacts sur les pays insulaires. Tout doit être mis en œuvre pour préparer leurs habitants à la hausse du niveau des océans qui va très certainement aggraver les difficultés qu’ils connaissent dans le futur.

Toutes nos pensées et notre plein et entier soutien vont aux victimes et aux populations de la Réunion, de l’île Maurice, de l’île Rodrigues et de Madagascar qui connaissent déjà une situation très compliquée avec la pandémie de Covid-19. Nous espérons vivement que l’État français pourra venir en aide aux victimes.

Bien se loger, inséparable de la dignité

Le moment est attendu chaque année et plus encore tous les 5 ans quand commence à s’agiter la campagne pour l’élection présidentielle. Et pourtant le constat est toujours le même ou presque depuis plus de 20 ans… Aujourd’hui dans son 27e rapport sur « L’État du mal-logement en France », la Fondation Abbé-Pierre dessine le portrait d’une France marquée par la précarité, accentuée par la crise sanitaire, et dont les conséquences directes sont visibles sur le mal-logement. Il dresse un bilan particulièrement critique de la politique conduite par Emmanuel Macron sous le quinquennat qui s’achève. Le « choc de l’offre » promis comme toujours par les Libéraux n’a (évidemment) pas eu lieu, bien au contraire, et les prix ont continué leur progression folle. Les choix budgétaires et fiscaux très inégalitaires des gouvernements d’Emmanuel Macron ont rendu inopérantes les correctifs apportés timidement depuis quelques mois… Que vaut en effet le dispositif « Logement d’abord », généreux sur le papier, après les coupes massives subies par les APL et le secteur Hlm… Les plus pauvres restent les oubliés de ce quinquennat et les réponses aux personnes à la rue ou sans domicile continuent à se limiter encore beaucoup trop à des solutions d’urgence précaires.

Cette analyse la Gauche Républicaine et Socialiste la partage et l’avait faite au moment de l’élaboration puis de l’adoption (tout au long de 2021) de son programme politique pour 2022. Elle partage également à moins de 3 mois de l’élection présidentielle, l’essentiel des propositions que la Fondation Abbé-Pierre dévoilera aujourd’hui ses propositions en matière de logement : relance du Logement d’abord et du logement social, encadrement des loyers, sécurité sociale du logement, redistribution des richesses, éradication des passoires énergétiques…

Plusieurs candidats seront invités à confronter leurs idées sur ces grands enjeux pour les cinq ans à venir, dans une campagne électorale qui oublie encore trop souvent les plus exclus d’entre nous. Avant qu’ils ne montent sur la scène nous leur conseillons fortement de consulter les propositions que vous avons fortement travaillées.

Soutien au mouvement des travailleurs sociaux du 1er février 2022

[#travailleurssociaux #médicosocial]La gauche républicaine et socialiste soutient le mouvement unitaire des travailleurs sociaux et médico sociaux pour la journée de mobilisation du mardi 1er février 2022 qui veut amplifier l’action du 7 décembre 2021. Le secteur qui intervient auprès des personnes en situation de handicap, d’exclusion sociale, en insertion professionnelle, en perte d autonomie … à tous les âges de la vie et est bien souvent féminisé, se trouve de plus en plus en difficulté pour assurer dignement ses missions.

Les travailleurs sociaux et médico sociaux se battent chaque jour pour obtenir les moyens nécessaires à l’exercice de leurs missions mais se retrouvent bien souvent à bout de souffle, face à la marchandisation du secteur, à l’augmentation de la précarité sociale et sanitaire des usagers mais aussi face à leur propre précarité. En attendant la convention nationale du travail social, sans cesse repoussée, et face à la crainte que suscite la fusion entre la convention 51 et 66 pour les travailleurs du secteur privé, les travailleurs sociaux (collectifs autonomes et syndicats) souhaitent :

✅ une revalorisation salariale à hauteur de 300 euros mensuels pour toutes et tous ;

✅ la fin des financements à l’acte et des appels à projets qui amènent à une concurrence malsaine et au moins disant social ;

✅ des moyens humains, via le recrutement et la titularisation, et financiers pour apporter un service de qualité aux bénéficiaires.

Face à une situation sociale préoccupante pour de plus en plus de nos concitoyens, la GRS renouvelle son soutien au mouvement et rappelle avec force l’utilité sociale de ce corps de métier.

Portugal : Costa victorieux et l’extrême droite en embuscade

Il y a un an, dans l’article que nous avions rédigé le 27 janvier 2021 aux lendemains de l’élection présidentielle portugaise, nous avertissions de la nécessité de ne pas ignorer le « signal faible » que représentait les 12% du candidat d’extrême André Ventura et nous écrivions : « Le profil attrape-tout de Chega ! [le parti de Ventura] et les dégâts de la crise sanitaire, additionnés à la tentation d’un retour au centrisme gouvernemental, pourraient donc offrir les conditions d’une nouvelle aventure politique et électorale à l’extrême droite portugaise renaissant de ses cendres. »

L’élection présidentielle avait, en pleine vague de COVID, connu une participation faible de moins de 40 %, où s’additionnait à la fois une campagne électorale à bas bruit, la pandémie et l’enjeu relativement faible du scrutin – Marcelo Rebelo de Sousa, le président sortant de centre droit était très populaire et si le président de la République portugaise dispose de pouvoirs importants, ils sont moindres que ceux de son homologue français.

Avec près de 42% des suffrages et au moins 117 sur 230 sièges, le premier ministre socialiste, Antonio Costa, s’est posé en rassembleur, tard dans la nuit du dimanche 30 au lundi 31 janvier, après avoir obtenu une victoire écrasante – car celle-ci lui offre une majorité absolue, la deuxième pour le PS depuis le retour de la démocratie – aux élections législatives anticipées. Elle lui permettra de gouverner les mains libres, sans dépendre de ses anciens alliés de gauche – ni du parti de la gauche radicale Bloco de Esquerada (BE) ni de la CDU, cette improbable coalition qui lie le Parti communiste portugais (PCP, l’un des plus orthodoxes d’Europe) aux écologistes depuis plusieurs décennies.

Une rupture de majorité injustifiée

En octobre 2021, ces deux formations avaient refusé de soutenir la loi de finances 2022, qu’elles jugeaient peu ambitieuse en matière d’investissement public et de mesures sociales, et avaient ainsi précipité la tenue d’élections anticipées. Alors que nous sommes régulièrement critiques à l’égard des politiques conduites par les partis membres du PS, il faut reconnaître que les deux partis de la « gauche radicale » n’ont pas rompu leur soutien sans participation sur des fondements très solides, sur une réorientation forte de la politique budgétaire par Antonio Costa. Ce dernier, à qui l’on peut cependant reprocher d’avoir eu des yeux de Chimène pour Emmanuel Macron, avait en 2015 réalisé l’impensable dans la politique portugaise : le populaire ancien maire socialiste de Lisbonne avait, pour éviter aux Portugais une nouvelle purge libérale par le PSD (dit social-démocrate, mais en réalité parti de centre droit) arrivé très légèrement en tête aux législatives, contre l’avis du président de la République d’alors – le conservateur Aníbal António Cavaco Silva (qui avait menacé de ne pas nommer Costa premier ministre) –, réalisé une inédite union de la gauche en obtenant le soutien du BE et du PCP, sans qu’ils ne participent au gouvernement. L’union de la gauche ne s’était jamais produite au Portugal : il existait une règle non dite selon laquelle pour permettre la transition démocratique, le PS ne pouvait s’allier aux représentants occidentaux de « l’ogre soviétique » et le Portugal avait alterné de gouvernements conservateurs en gouvernements centristes PS-PSD, avec plusieurs gouvernements socialistes minoritaires….

À l’époque le BE, équivalent portugais de Podemos (mais plus ancien), avait le vent en poupe et Costa, par conviction, souci de l’intérêt général et bon sens politique et stratégique, avait mené l’une politique les plus à gauche que le Portugal ait connu avec hausse des salaires, hausse des retraites … et politique fiscale extérieure agressive vis-à-vis de ses partenaires européens pour aider à financer son action, alors même que le Portugal était en 2015 sous le microscope de la Commission européenne et de l’Eurogroupe. Les Portugais en avaient été reconnaissants à Antonio Costa et au PS et lors des élections législatives de 2019, ce parti avait gagné 4 points et 22 sièges, quand le BE stagnait à la baisse et que la CDU perdait 2 points et 5 sièges. La majorité parlementaire était confortée, mais les partenaires du PS commençait à voir que le bénéfice de l’action gouvernementale ne profitait qu’au PS et que (c’est criant pour le PCP) une partie de leur électorat soit leur reprochait de ne pas être maximaliste, soit partait voter directement pour Costa.

Cristallisation autour de la crise sanitaire et de la présidentielle

Les mesures de restrictions des libertés publiques n’avaient pas dû arranger la paix dans le ménage à trois PS-BE-PCP, mais c’est surtout la campagne de l’élection présidentielle qui a préparé le terrain pour une rupture politique. Disons le tout net, Costa a manœuvré pour obtenir une forme de neutralisation du PSD en facilitant la réélection du président sortant Marcelo Rebelo de Sousa, indépendant qui avait été autrefois membre du PSD. Le PS n’avait pas présenté de candidat et ni lui ni Costa n’avait soutenu la socialiste Ana Gomes, qui s’était présenté en indépendante (une diplomate de carrière âgée de 66 ans, devenue une éminente militante anti-corruption et qui s’est posée en rempart contre la montée de l’extrême droite et n’était soutenue officiellement que par deux petits partis maoïstes), et n’avait obtenu que 13 % des suffrages : les dés de cette présidentielle était pipés ce qui explique aussi le très faible taux de participation.

Mais deux enseignements avaient été enregistrés : l’effondrement du BE (sa candidate avait 6 points par rapport à l’élection présidentielle de 2016) qui arrivait derrière le PCP pour laquelle cette élection est traditionnellement défavorable ; et la résurrection de l’extrême droite portugaise avec les 12 % d’André Ventura (juste derrière Ana Gomes) au programme et au discours ouvertement racistes, anti-communiste et complotiste.

Après la déconvenue de la CDU lors des législatives de 2019, c’était désormais au BE d’être sévèrement touché et de considérer que la poursuite du soutien sans participation finirait par lui coûter trop cher. Les manœuvres d’Antonio Costa sur la présidentielle ont achevé de fournir quelques éléments de discours internes sur le retour probable du PS à ses penchants centristes.

Le vote du budget a donc fourni l’occasion pour le BE et le PCP de rompre avec leur soutien à Costa. Ce dernier mis en minorité pour un prétexte fallacieux n’avait plus d’autre choix que de demander la convocation d’élections anticipées ce que le président Rebelo de Sousa a fait sans difficulté.

Désaveu de la gauche radicale et joie à l’extrême droite

Antonio Costa a donc joué à plein sur le bilan avantageux des deux législatures où il a gouverné avec le soutien de la gauche radicale. Celle-ci l’ayant lâché sans raison valable, il a demandé aux Portugais de lui accorder les moyens de poursuivre sa politique sans être menacé d’instabilité parlementaire. Ils lui ont accordé.

Le BE et le PCP dénoncent ce ton de la campagne du PS et de Costa. « M. Costa a créé une crise artificielle pour obtenir la majorité absolue. Son chantage semble avoir eu du succès. La fausse bipolarisation a provoqué une concentration du vote utile, qui a pénalisé la gauche », a commenté, amère, la leader du Bloco, Catarina Martins, mais en réalité ce sont bien le PCP et le BE qui ont créé une crise artificielle et en paient aujourd’hui le prix : le BE perd 5 point à 4,46 % et 14 sièges, il ne lui reste que 5 députés ; la CDU perd 2 points et la moitié de ses sièges, avec un siège de plus que le Bloco. Ainsi l’ancienne coalition de militants trotskystes et de gauche alternative se retrouve en sièges derrière les « frères ennemis » communistes.

La droite – « sociaux-démocrates », conservateurs et libéraux – partait divisée et n’avait rien à proposer, d’autant que 6 ans et demi après la fin du dernier gouvernement de centre droit, les Portugais se souviennent encore de la violence sociale subie sous le cabinet Passos de Coelho en concertation avec la Commission européenne.

C’est donc comme nous le craignions l’année dernière l’extrême droite qui a tiré son épingle du jeu. André Ventura a transformé l’essai de l’élection présidentielle (malgré son taux de participation très faible) : les 20 points de participation supplémentaire entre présidentielle et législatives ne permettent pas à Chega ! d’atteindre les 12 % de Ventura, mais avec 7,15 % elle est à nouveau troisième et passe de 1 à 12 députés (en 2019 elle n’avait fait que 1,3%). « Désormais, au Parlement, il n’y aura pas qu’une gentille opposition à Antonio Costa », triomphait Ventura hier soir en proposant de « redonner sa dignité à ce pays » et en appuyant sur son « avantage comparatif » avec la droite traditionnelle.

Le succès des socialistes au Portugal et l’effondrement de la gauche radicale montre que le peuple préfère ceux qui peuvent agir positivement pour lui plutôt que des partis qui préfèrent – même momentanément – une forme de radicalité vaine. Faut-il encore que les socialistes aient engagé des politiques qui améliorent la vie, ce qui semble avoir été le cas ici… Il y a cependant un risque dans la nouvelle position dominante du PS portugais : c’est que celui-ci ne retombe dans son tropisme centriste après la trahison de ses alliés de la gauche radicale, alors que ce n’était pas son intention avant les élections législatives. À nouveau ici, le Bloco et le PCP porteraient une lourde responsabilité dans la dérive des centres de gravité politiques au Portugal.

Le second risque est celui pour lequel nous tirions la sonnette d’alarme en janvier 2021 : la pérennité d’une force d’extrême droite portugaise dans un pays où le souvenir de la dictature salazariste l’avait jusqu’ici empêchée. Le 24 janvier 2021, Ventura avait prévenu le PSD : « Désormais, il n’y aura pas de gouvernement de droite sans la participation de Chega ! » Il est à craindre qu’il ait raison. Le PSD n’aura au prochain coup pas d’autre choix qu’un gouvernement de centre avec le PS ou un gouvernement d’union des droites avec Chega ! Il faudrait cependant pour cela qu’un coup de barre conservateur soit donné dans le parti de centre droit. D’un autre côté, l’usure du pouvoir touchera tôt ou tard le PS et sans capacité à reproduire l’union de la gauche, ce dernier pourrait choisir l’hypothèse centriste pour se maintenir au responsabilité… sauf que désormais une extrême droite est installée dans l’Assemblée de la République qui pourra en tirer les marrons du feu…

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