Ma voix, mon choix : signez l’initiative citoyenne européenne pour l’accès sûr et légal à l’avortement

Il faut 1 million de signatures avant le 31 décembre 2024 pour que l’initiative citoyenne européenne puisse ensuite être officiellement examinée par l’Union européenne. Nous sommes déjà à 700 000 signatures ! Avec votre aide, on peut y arriver, alors signez et faites signer !

Aujourd’hui, plus de 20 millions de femmes en Europe n’ont pas d’accès sûr et légal à l’avortement. Elles ont besoin de nous.

En Pologne ou à Malte, il est soumis à des conditions extrêmement restrictives qui l’empêchent dans les faits. Dans d’autres pays, ce droit des femmes à disposer de leur corps est violemment attaqué. En Hongrie, la Constitution entrée en vigueur en 2012 défend “la vie du fœtus dès sa conception” ; depuis septembre 2022, un décret impose en outre aux femmes hongroises qui veulent avorter d’écouter les battements du cœur du fœtus avant de se décider. Au Portugal, les frais liés à l’IVG sont depuis 2015 à la charge des femmes. En Slovaquie, au moins 11 propositions de loi visant à limiter l’accès à l’avortement ont été déposées en l’espace de deux ans, entre 2018 et 2020. Et partout en Europe, les conditions d’accès reculent car les centres permettant l’avortement ne sont pas présents partout. Il est inacceptable que les femmes soient obligées de parcourir de longues distances ou de chercher des alternatives dangereuses en raison du manque d’accès à l’avortement.

Le manque d’accès à l’avortement dans de nombreuses parties de l’Europe expose non seulement les femmes à un risque de préjudice physique mais exerce également sur elles et sur leur famille une pression économique et psychologique indue, souvent au sein de communautés marginalisées qui peuvent le moins se le permettre.

Il est largement documenté que le fait de considérer les soins de santé génésique comme un luxe ne réduit pas le nombre d’avortement mais pousse simplement les femmes à se tourner vers des avortements dangereux.

Pour remédier à cette situation, nous invitons la Commission européenne à présenter, dans un esprit de solidarité, une proposition de soutien financier aux États membres qui seraient en mesure de réaliser des interruptions de grossesse pour toute personne en Europe qui n’aurait toujours pas accès à un avortement sans danger et légal.

D’innombrables vies et moyens de subsistance sont détruits, perturbés ou perdus en raison du manque d’accès à un avortement sans danger. Il faut que cela cesse. Grâce à cette initiative citoyenne européenne, nous allons mettre en place une politique plus juste qui illustre nos valeurs européennes de manière plus constructive et concrète.

Les Radios locales associatives en danger

Parmi les effets délétères des coupes budgétaires voulues par le Gouvernement Barnier, s’est insidieusement glissée une attaque frontale contre un secteur de l’Économie Sociale et Solidaire dont on ne pouvait s’attendre à ce qu’elle soit une source d’économie aussi nécessaire à l’équilibre budgétaire de la Nation : c’est du Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER) dont il s’agit !

Sur les 12 millions d’économies exigées de la Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles, ce sont 10,4 millions qui seront entièrement supportés par les radios libres associatives, alors que ces dernières ne représentent pourtant que 4% de l’enveloppe budgétaire globale dédiée à la Mission Médias, Livre et Industries Culturelles.

C’est donc entre 700 et 800 emplois sur les 3 000 que compte cette branche qui sont à court terme menacés. Sans compter les plus petites structures qui sont immédiatement menacées de disparition.

Pourtant qui peut nier le rôle social et culturel de ces radios de proximité – restreinte de par leur emprise légale sur le spectre hertzien – au nombre d’environ 750 sur l’ensemble du territoire hexagonal et ultra-marin.

  • Intergénérationnelles, elles regroupent les anciens, amateurs du son de l’accordéon, et les plus jeunes qui y trouvent leur dose de hard-métal. Elles sont le porte-voix des manifestations sportives, culturelles, des promos commerciales et des débats politiques locaux.
  • Elles sont un modèle de démocratie pluraliste, apaisée, bon-enfant et pourtant à la pointe de l’info locale. Réparties sur l’ensemble du territoire, particulièrement appréciées en milieu rural, en montagne ou dans les Outre-Mer, elles ne sont pas pour autant absentes des banlieues et des centre urbains.
  • Pluralistes, elles savent donner la parole à tous les secteurs d’activités qui concernent de près ou de loin la vie quotidienne de leur périmètre de radiodiffusion.

La Gauche Républicaine et Socialiste, engagée passionnément pour la culture populaire, soucieuse pour les emplois menacés, attachée à la liberté d’expression, reconnaissante du maillage du territoire par ces entreprises de l’Économie Sociale et Solidaire, s’insurge de cette mesure dérisoire pour le budget de l’État mais dramatique pour ce secteur d’activités sociales et culturelles.

Si, à ce stade, la Commission des Finances de l’Assemblée nationale a refusé cette coupe budgétaire, c’est au niveau du Sénat que l’effort de persuasion et la pression sur les représentants des territoires doit porter pour faire échouer ce funeste projet s’il venait à y refaire surface.

Alertons les citoyens qui pourraient se voir privés de ce canal d’information, d’échange et de divertissement, de ces voix qui s’éteindront si nous ne les soutenons pas.

Allemagne : rumeur d’élections anticipées cet hiver

L’an dernier, le piège de la stupide « règle d’or » s’est refermé sur une économie allemande qui n’avait rien fait d’utile des 2000 milliards d’excédents commerciaux accumulés depuis 2009. Le gouvernement actuel, mené par un chancelier social-démocrate Olaf Scholz, sur lequel flotte l’épée de Damoclès du scandale d’évasion fiscale CumEx1, est traversé de profondes contradictions entre le SPD, les écologistes et les libéraux.

En 2023, face à une conjoncture économique difficile après le rebond de 2021 et la crise inflationniste que déclenche la guerre en Ukraine, le ministre écologiste de l’économie Habeck tente de monter un plan de relance en utilisant les outils constitutionnels prévus pour s’endetter au-delà des conditions de la « règle d’or » en période de crise. Le ministre libéral des finances Lindner, qui s’accroche à une doctrine qu’on pourrait résumer par « pas de hausse d’impôt pour les riches, réduisons les dépenses et les retraites », a passé son temps à critiquer l’accord qu’il avait pourtant accepté en conseil des ministres.

Le Conseil d’État interdit une politique de relance

Cela a donné une idée au patron de l’opposition, le conservateur Merz (un ancien de Blackrock, qui avait suspendu ses engagements politiques pendant les années Merkel parce qu’elle ne démontait pas assez vite l’État providence) : il a déposé un recours devant le conseil d’État allemand ; n’ayant pourtant aucune formation ni compétence en économie, il a jugé que la crise des prix de l’énergie, provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et l’inflation conséquente n’étaient pas de nature à justifier le déclenchement des outils constitutionnels prévus pour suspendre la « règle d’or ». Le budget complémentaire de 60 milliards en 2023 a donc été annulé. Bien que l’Allemagne fut en récession en 2023 et le restera en 2024, les juges du conseil d’État ont estimé que la crise du Covid étant finie, il ne pouvait y avoir de crise d’un niveau équivalent justifiant le maintien d’une politique de relance par l’investissement. Dans cette logique, l’inflation ne peut découler que des largesses faites aux salariés, et la crise, en modèle néolibéral, est impossible. Le jugement du conseil d’État a privé le budget fédéral de 60 milliards d’euros d’un coup de crayon.

Les outils qui avaient été si efficaces pour faire face à la crise financière de 2008-2009 sont ainsi inaccessibles, car les juges ont préféré une interprétation littérale et étriquée du droit constitutionnel à la prospérité des Allemands et à la survie de la démocratie. Du coup, l’économie s’enfonçant dans la crise, les recettes fiscales s’effondrent La conjoncture continue de se dégrader, mais le ministre libéral des finances s’accroche à sa doctrine imbécile : coupons les dépenses et les investissements encore plus ! Parallèlement, le FMI vient de mettre à jour son « livre blanc » des politiques fiscales et budgétaires recommandées en situation de crise des recettes dues au ralentissement de l’économie : il recommande … d’augmenter les impôts en tenant compte d’une logique de justice sociale, considérant que c’est l’outil le moins coûteux en points de croissance et donc en perte de recettes fiscales.

Le libéral Lindner empêche donc d’appliquer le livre blanc du FMI, refusant par pur sectarisme doctrinal l’augmentation des impôts des plus riches ; l’écologiste Habeck doit constater une aggravation de la récession par effondrement de la demande intérieure, et donc, une chute des recettes de TVA. C’est exactement contre ce cercle vicieux que le livre blanc du FMI tente de mettre en garde.

La coalition s’affronte depuis sur tout et rien. Le grotesque a été atteint cette semaine : le chancelier convoque les grands patrons et les syndicats professionnels à un grand sommet de l’économie, en refusant d’inviter ses deux ministres de l’économie et des finances. Vexé, le ministre des finances convoque en parallèle son propre sommet de l’économie, tout en veillant à exclure des invités le ministre de l’économie.

Le retard allemand sur les investissements publics

Lorsqu’elle bénéficiait d’une période de prospérité, Angela Merkel a refusé, avec une obstination culminant au sublime du stupide, tout grand plan d’investissement public. Elle avait trop peur, par sectarisme doctrinaire, qu’en alimentant l’investissement public la demande intérieure puisse augmenter les importations et accroître l’inflation. Une telle stratégie aurait cependant eu le mérite de rééquilibrer un peu les conséquences de la dévaluation invisible que fut l’Euro pour l’Allemagne, ce qui lui avait permis dès 2006 de manger l’industrie française. Elle a préféré que les Allemands des classes populaires s’appauvrissent.

Mais l’économie allemande souffre aujourd’hui des conséquences de ce malthusianisme imbécile, de cette « sagesse de la mère au foyer souabe » comme la décrivait Merkel elle-même. Entre les ponts qui s’effondrent, les rails qui sautent, les digues qui lâchent, l’internet resté en troisième génération, l’énergie restée à une combinaison charbon-gaz naturel, les bâtiments publics et la numérisation rappelant les années 1990 et le Minitel, les obstacles à la productivité sont nombreux. On évalue le retard d’investissement à près de 1000 milliards !

Ainsi, lorsque l’Allemagne avait les moyens, elle n’a pas voulu les employer. Aujourd’hui, la mobilisation de ces moyens par la dépense publique au service de l’économie ne peuvent pas être mobilisés, car le conseil d’État interdit la dette publique et Lindner refuse les augmentations d’impôts qu’il prétend « confiscatoires ». Résultat : la maladie du capitalisme français – les augmentations des dividendes dans la part de la richesse nationale – est contagieuse et atteint l’Allemagne. L’autre maladie française, la spéculation immobilière, avait déjà atteint depuis 2012 le marché allemand.

Passeront-ils noël ensemble ?

Berlin et ses journalistes spéculent désormais sur l’avenir : est-il possible que la coalition se sépare avant le terme, en septembre 2025 ? Est-ce que le SPD tentera de continuer à gouverner, peut-être avec les verts, en gouvernement minoritaire ou aurons-nous droit à des élections anticipées cet hiver ? D’après le Spiegel, le grand magazine de centre droit allemand, tout va dépendre du calcul politique de l’homme le plus faible, mais aussi l’un des plus arrogants, de ce gouvernement : le libéral Lindner. Pourtant, les sondages prévoient un massacre électoral de son parti, le FDP, qui finirait sous le seuil des 5%.

Le problème se pose aussi pour la gauche radicale des Linke, qui s’est divisé en deux groupes parlementaires l’an dernier. Les Linke maintenus veulent mettre en avant les questions sociétales devant les questions économiques et matérielles et ont perdu tous leurs bastions électoraux populaires sans gagner l’électorat jeune urbain : ils vont probablement disparaître. Les scissionnistes ont créé autour de Sahra Wagenknecht un parti de gauche2 privilégiant les questions économiques et matérielles, très critique et séduisant jusque dans le patronat des PME ; il affiche une ligne « conservatrice » sur les questions sociétales, dénonçant wokisme et théorie du genre comme des diversions des questions économiques. Ce parti est aussi profondément favorable à la Russie contre l’Ukraine et l’Otan. Ayant obtenu 6,5% aux élections européennes de mai dernier, le parti BSW est donné dans les sondages entre 8 et 10%. Il a réussi à entrer en septembre dans les parlements régionaux de trois Länder de l’Est (Saxe, Thuringe, Brandebourg) avec des scores entre 13 et 18% et va être associé aux exécutifs régionaux.

L’autre mouvement anti-système, c’est bien sûr l’extrême droite AfD. À 10%, en septembre 2021, les sondages prévoient un score proche de 20% en cas de scrutin anticipé. Il a réalisé des scores entre 30 et 40% dans les trois Länder déjà cités. Ce parti continue de se radicaliser, au point que Georgia Meloni, la néofasciste italienne, et Marine Le Pen, l’héritière d’une PME politique collaborationniste et pétainiste positionnée à la droite de la droite pour y faire de l’argent, ont chacune tenu à le mettre à distance en Europe.

Les conservateurs des Union Chrétiennes, conduits par Merz, et leur programme d’austérité libérale – l’équivalent de Barnier-Retailleau – sont donnés en tête à 32%, dont 6 à 7 points pour leur aile bavaroise, dont les positions sont plus proches de Ciotti.

Scholz conduirait le SPD à son pire score historique, 14%, au point que le parti envisage de le remplacer par le ministre de la défense, le très populaire Pistorius. Les verts sont au coude à coude avec BSW entre 8 et 10%.

Le parlement pourrait avoir la composition suivante : Unions Chrétiennes 37% des sièges AfD 23% SPD 15% BSW 11% Verts 11% Linke 3% (grâce à une règle électorale qui protège une forte implantation régionale). On aurait de nouveau une coalition Droite-SPD… Les partis non représentés au parlement pourraient rassembler 12% des suffrages exprimés.

Ce sont des structures parlementaires et des comportements électoraux rappelant fortement… la composition du Reichstag dans les dernières années de la République de Weimar.

Mathieu Pouydesseau

1 Cumex : fraude fiscale sur la TVA sur les transactions financières mise en place en 2005, illégale a partir de 2008, révélée par les « Cumex paper » vers 2013, pour un montant de 55 milliards d’euros. Olaf Scholz, lorsqu’il était maire de Hambourg, a tout tenté pour que la banque locale Warburg, responsable de 450 millions de fraude, ne paye pas son amende fiscale. Le chef de l’aile droite du SPD Kahrs, député de Hambourg, a servi de fusible en 2021, mais les enquêtes judiciaires continuent et la défense du Chancelier allemand a été fragilisée à plusieurs reprises.

2 Bündnis Sahra Wagenknecht – für Vernunft und Gerechtigkeit (BSW) : Alliance Sahra Wagenknecht, pour la raison et la justice

Mont-de-Marsan : Samuel Paty a désormais une place à son nom

En septembre 2023, Céline Piot, conseillère municipale et communautaire de Mont-de-Marsan d’opposition et référente départementale de la GRS dans les Landes, proposait au maire de donner le nom de Samuel Paty à un espace public de la commune. Le conseil municipal, unanime, a choisi une place située devant un lycée. Cette initiative s’est concrétisée ce 16 octobre 2024.

Nous relayons ici l’entretien accordé par notre camarade Céline Piot le matin du 16 octobre à France Bleu Gascogne et le discours qu’elle a prononcé lors de l’inauguration à la demande du maire qui a fait preuve ici d’un comportement républicain exemplaire en reconnaissant ainsi l’origine de l’événement.

Inauguration de la Place Samuel-Paty, devant le lycée Charles-Despiau – Discours de Céline Piot, conseillère municipale et communautaire, maîtresse de conférences en Histoire (INSPÉ, site des Landes)

Madame la Préfète, Mesdames et Messieurs des représentants des Autorités, Monsieur le DASEN, Monsieur le Proviseur du lycée Charles-Despiau, Monsieur le Maire de Mont-de-Marsan, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les enseignants – chers collègues -, chers élèves, cher public,

Aujourd’hui, Mont-de-Marsan se souvient et rend hommage.

Aujourd’hui, nous ne devrions pas être ici ; nous ne devrions pas à avoir à rendre hommage à un professeur assassiné ; nous n’aurions jamais dû avoir à inaugurer une place au nom d’une enseignant tué pour avoir fait son métier.

Tué pour avoir fait son métier…

Hélas, en France au XXIe siècle, des professeurs peuvent être assassinés.
Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d’Histoire-Géographie et Enseignement moral et civique au collège de Conflans-Sainte-Honorine (dans les Yvelines), était poignardé, puis décapité par un terroriste islamiste.

N’oublions pas non plus que, trois ans plus tard, le 13 octobre 2023, Dominique Bernard, professeur de Lettres dans un lycée d’Arras (dans le Pas-de-Calais), fut également la victime d’un autre fanatique islamiste.

Le fanatisme et l’obscurantisme, voilà les ennemis !

Le philosophe Jean-Jacques Rousseau expliquait que « le fanatisme n’est pas une erreur, mais une fureur aveugle et stupide que la raison ne retient jamais. » Nietzsche précisait que « ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou. »

Mais Samuel Paty ne fut pas seulement la victime de l’obscurantisme religieux. Il faut aussi la victime de la calomnie, du mensonge, de la rumeur.

La rumeur…

« D’abord un bruit léger, rasant le sol comme l’hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et, rinforzando, de bouche en bouche il va, le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez Calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil ; elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. »

Ces mots de Beaumarchais, dans le Barbier de Séville, ont 249 ans. Ils n’ont rien perdu de leur force et de leur véracité. Ils conviennent très bien à la façon dont, aujourd’hui, une rumeur se diffuse sur les réseaux dits sociaux et peut détruire une vie.

Vous le savez, Samuel Paty était en train de mener un cours sur la liberté d’expression. Et l’obscurantisme, la bêtise, la haine ont voulu le faire taire.

Alors que la liberté d’expression sur laquelle Samuel Paty était en train de faire réfléchir ses élèves – car, oui, Samuel Paty aimait faire réfléchir ses élèves – est un des droits revendiqué par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789), notamment dans l’article 11 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme. »

La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, un texte émancipateur…

À rebours du délit de blasphème que certains voudraient nous imposer.

En France, le délit de blasphème n’existe pas. Le blasphème n’est pas une notion juridique. Le droit de l’exercer est consacré par la loi de 1881 sur la liberté de la presse : liberté d’écrire, de caricaturer…

Lors de la discussion de cette loi à l’Assemblée nationale, le député républicain Georges Clemenceau, qui plaidait en faveur de cette liberté, disait ceci : « Laissez tout attaquer, à condition qu’on puisse tout défendre. Je dirais même : laissez tout attaquer afin qu’on puisse tout défendre, car on ne peut défendre honorablement que ce qu’on peut attaquer librement. » Oui, en France, on peut critiquer les idées, les croyances et les dogmes. Or, ce que révèlent de récentes enquêtes d’opinion, c’est que près d’un jeune sur cinq ne condamne pas fermement l’assassinat de Samuel Paty, ce qui est particulièrement inquiétant.

Certains sont indifférents, d’autres disent partager les motivations du terroriste, d’autres encore estiment que le cours de Samuel Paty constituait une provocation inutile.
Quelle régression !

Aussi le choix de l’emplacement de la place devant un établissement scolaire, en l’occurrence le lycée Charles-Despiau, n’en est-il que plus fort.

Plus jamais un professeur qui cherche à développer l’esprit critique de ses élèves ne doit avoir peur quand il est en classe, au point de d’autocensurer ; ne doit avoir peur d’être tué ; ne doit être tué.
Non, plus jamais !

Si cette inauguration intervient quatre ans après l’assassinat de Samuel Paty, nous ne sommes pas dans « l’après Samuel Paty » ; nous sommes toujours dans « le moment Samuel Paty ».

Depuis 1882, excepté la période du régime de Vichy (1940-1944), l’École publique française est une respiration laïque.

Samuel Paty instruisait les élèves, leur donnait les outils indispensables à l’émancipation, la connaissance et l’esprit critique, fondements essentiels du libre-arbitre et de la liberté.
Honorer Samuel Paty, c’est donc honorer ces valeurs, c’est honorer la République !

Toutes les communes auraient dû et devraient donner le nom de Samuel Paty à un espace public. Il y a environ trente-six mille communes en France ; à ce jour, seule une cinquantaine ont fait ce choix. Ce qui interroge beaucoup…

À Mont-de-Marsan, le Conseil municipal, unanime, a décidé d’honorer la mémoire de Samuel Paty. Merci, Monsieur le Maire, d’avoir répondu positivement à ma proposition. Merci aux élus.

Mont-de-Marsan fait désormais partie des communes qui se lèvent pour dire que les Lumières ne s’éteindront jamais devant l’obscurantisme, quel qu’il soit !

Sami Benfers : il y a urgence à combattre les causes de la violence à Marseille

Le 14 octobre 2024, Sami Benfers, conseiller municipal délégué à l’économie sociale et solidaire et les taxis GRS de Marseille (élu des 13e et 14e arrondissements), répondait aux questions de BFMTV. Il demande qu’au-delà de la nécessité de remettre à la justice les criminels, il est vital pour la métropole méditerranéenne que l’on se préoccupe réellement de réduire les causes de la violence et des trafics dans la cité phocéenne. Les opérations « coups de poing » peuvent être parfois nécessaires, mais elles resteront sans lendemain pour la vie quotidienne des habitants si un travail de fond n’est pas engagé.

Massacre de Pont-Sondé : n’oublions pas Haïti

Jeudi dernier, en Haïti, un gang a commis un massacre sordide, en incendiant le village de Pont-Sondé, tuant 70 personnes, hommes, femmes et enfants, suite au refus des habitants de céder au racket que menait le gang sur un péage mafieux. 

Cette tuerie de masse s’inscrit dans une guerre de gangs impitoyable qui a plongé Haïti dans la chaos depuis quatre ans. L’anarchie la plus totale règne dans le pays, où l’Etat a été remplacé par diverses mafias qui s’entretuent et terrorisent les civils pour gagner des prébendes, alors qu’Haïti est ravagé par la misère. 

La mission mise en place par l’ONU, avec l’envoi de policiers kényans arrivés en juin, n’a que de faibles chances de succès, et le massacre du 3 octobre démontre la volonté des gangs de maintenir leur contrôle sur le territoire livré au pillage. 

Récemment, une campagne proprement raciste et totalement calomnieuse, lancée par Donald Trump, a accusé les Haïtiens vivant aux Etats-Unis de capturer et manger des animaux de compagnie. Les crimes racistes contre les Haïtiens ont depuis explosé, ce qui met en péril les transferts monétaires vitaux pour l’économie haïtienne déjà ravagée par la guerre. 

La Gauche Républicaine et Socialiste fait part de sa plus vive inquiétude concernant la situation de ce pays francophone, ami de la France, à qui nous devons beaucoup. Nous appelons le gouvernement Barnier à aider le gouvernement haïtien à rétablir l’ordre et la sécurité, et à renforcer l’aide au développement en s’assurant qu’elle ne soit pas détournée par les gangs sanguinaires. Nous présentons aux Haïtiens toutes nos condoléances pour les victimes du massacre de jeudi et pour les milliers de morts depuis quatre ans.

Un an après, l’instinct de mort domine

Il y a un an, le 7 octobre 2023, une attaque barbare des terroristes islamistes du Hamas plongeait Israël et le monde dans l’effroi. Plus d’un millier de civils massacrés, des femmes violées par centaines, les corps des victimes affreusement et systématiquement mutilés et humiliés, et 251 otages emmenés dans les profondeurs des souterrains creusés par le Hamas sous Gaza.

Un an après, Gaza est en ruine et c’est maintenant toute la région qui est plongée dans l’abîme et dans l’horreur de la guerre presque généralisée. La riposte du gouvernement Netanyahu, aveugle aux souffrances civiles, se soucie bien plus d’objectifs politiciens et expansionnistes que de la libération des otages. Netanyahu et ses complices devront être jugés pour leurs crimes, qui se mesurent au nombre effroyable des victimes civiles à Gaza. La défense du Hamas, qui repose sur l’utilisation de civils comme boucliers, et l’opportunisme de ses dirigeants qui veulent profiter de cette guerre pour assoir leur domination politique sur la population palestinienne, n’ont fait que prolonger et aggraver un carnage unanimement dénoncé. 

L’ingérence des mollahs iraniens, qui utilisent des milices terroristes à leurs ordres au Liban et au Yémen pour cibler les civils israéliens, et la défense indifférenciée mise en place par Israël, qui tue des civils libanais, palestiniens, yéménites innocents par milliers pour atteindre une seule cible légitime, ne peuvent plus durer.

En France, et au-delà dans le reste du monde, depuis un an, l’antisémitisme a explosé. Des citoyens français sont ciblés parce que juifs, des synagogues ont été brûlées, des personnes physiquement agressées et menacées, sous le faux prétexte de l’antisionisme. Nous le dénonçons avec force, ainsi que tous ceux qui euphémisent cette recrudescence et présentent l’antisémitisme comme résiduel. Nous ne pouvons tolérer plus longtemps que la principale question que se posent des citoyens de confession juive (ou attachés à la culture juive) dans notre République (et dans les autres démocraties de la planète) soit de savoir où ils pourraient bien se réfugier pour ne plus craindre pour leur vie ou ne plus devoir se justifier de crimes qu’ils n’ont pas commis.

La Gauche Républicaine et Socialiste réitère l’urgence d’un cessez-le-feu à Gaza et de la libération des otages israéliens. Nous dénonçons le régime de Netanyahu et sa fuite en avant militariste et expansionniste qui ne peut que fait du tort aux Israéliens : le cessez-le-feu rapide au Liban est impératif. Nous condamnons les terroristes du Hamas, du Hezbollah, qui plongent les populations qu’ils contrôlent dans le chaos. Nous condamnons plus largement toutes celles et tous ceux qui romantisent leurs crimes et appellent « résistance » des viols et des meurtres de civils. Nous appelons au respect du droit international et à la mise en place d’une solution à deux États pour une paix durable. Nous soutenons les interventions des institutions internationales pour trouver une solution politique durable avec l’ensemble des États de la région.

Nous appelons plus que jamais à une réaction vibrante de tous les républicains et démocrates pour que recule enfin l’antisémitisme dans notre société.

Retailleau s’attaque à l’Etat de droit

Le 30 septembre 2024, Emmanuel Maurel était l’invité de France info pour débattre face Yonas Haddad, conseiller régional LR de Normandie.

Le débat s’est d’abord engagé sur la politique migratoire de la France et les mauvaises raisons qui conduisent notre pays à émettre bien plus que nos voisins des « Obligations à Quitter le Territoire Français » (OQTF), sans avoir la capacité à en faire exécuter une grande majorité.

Emmanuel Maurel a enfin recadrer le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau qui s’était laissé aller à dire ce même jour : « L’Etat de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré ». C’est extrêmement grave car il ne s’agit pas d’expliquer qu’on veut changer le droit, changer la loi par un débat et une délibération démocratiques, mais qu’il prétend s’attaquer à la manière de Georgia Meloni ou de Viktor Orbán aux garanties dont disposent les citoyens français et les habitants de notre pays que les règles légales leur seront normalement appliquées et sans écart.

Une attaque en règle contre nos fondements démocratiques qui n’a rien à voir avec le drame horrible que représente le meurtre de la jeune Philippine par un ressortissant étranger qui aurait effectivement dû être expulsé. Un dérapage volontaire qui aurait dû être corrigé par le Premier Ministre Michel Barnier.

« Honorer Samuel Paty, c’est honorer la République », article paru dans Sud-Ouest

Article paru dans Sud-Ouest, vendredi 27 septembre 2024 – Aurélie Champagne

La place située devant le lycée Charles-Despiau portera désormais le nom du professeur d’histoire assassiné le 16 octobre 2020 devant le collège où il enseignait, dans les Yvelines

Tellement de messages et symboles derrière un seul nom. « La laïcité, la liberté
d’expression, la lutte contre le fanatisme et l’obscurantisme… Samuel Paty représente à
lui seul tous les principes républicains
, résume Céline Piot, élue d’opposition représentant la gauche républicaine et socialiste. Je considère que l’honorer, c’est honorer la République. »

Quatre ans après ce funeste 16 octobre 2020 où le professeur d’histoire géographie a été assassiné devant le collège où il enseignait, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le Conseil municipal de Mont-de-Marsan a voté hier [le 26 septembre 2024] une délibération actant la création d’une place Samuel-Paty, devant le lycée Charles-Despiau.

«La France aurait dû se lever »

« On a choisi cette place-là pour la symbolique, souligne le maire Charles Dayot. Elle est à proximité d’un lycée public, elle est visible, il y a du passage. L’idée est née d’un échange avec Céline Piot, particulièrement sensibilisée à cette question. Il nous semblait intéressant et important de la suivre. Il fait bon vivre ici, et justement, parce qu’on veut que ça dure, il faut se donner les moyens, communiquer, sensibiliser. Cette place, c’est aussi une façon de montrer notre soutien vis-à-vis des enseignants qui permettent d’épanouir notre jeunesse, de faire des citoyens de demain. »

Un soutien qu’a apprécié Céline Piot. Pour l’ancienne professeure d’histoire géographie – elle a enseigné durant quinze ans au lycée Charles-Despiau, de 2000 à 2015 – aujourd’hui maîtresse de conférence en histoire, référente laïcité pour l’Inspe (Institut national supérieur du professorat et de l’éducation) de l’Académie de Bordeaux, Mont-de-Marsan ne pouvait pas faire l’impasse sur cet hommage à Samuel Paty.

« J’ai été choquée de voir que sur 36 000 communes, à peine 50 avaient eu le courage de décider de baptiser une rue, une place ou autre du nom de Samuel Paty. Je me suis dit, ce n’est pas possible, il faut que Mont-de-Marsan y soit. C’est extrêmement choquant de voir
qu’en France un professeur est assassiné pour avoir fait son métier. Mais ce qui est encore plus choquant, c’est qu’il n’y ait pas eu de véritable mouvement. La France aurait dû se lever beaucoup plus qu’elle ne l’a fait au moment de son assassinat.
»

Avec d’autres élus de la gauche républicaine et socialiste, décision est prise d’écrire aux maires pour les inciter à baptiser une artère publique. Ce qu’elle-même a fait, le 30 septembre 2023. « Et je suis contente que le maire ait accepté. » Plusieurs événements retardent néanmoins cette initiative, au premier rang desquels l’assassinat de Dominique Bernard, le 13 octobre 2023 à Arras, qui replonge la France dans l’effroi. Puis sont venues les élections européennes, la dissolution de l’Assemblée nationale « qui nous a amenés à un devoir de réserve », les législatives…

«Un levier politique »

Fin août, les choses s’accélèrent : la place Samuel-Paty sera inaugurée le 16 octobre, quatre ans jour pour jour après son assassinat, et quelques jours avant l’ouverture du procès des huit majeurs accusés d’être impliqués dans la mort du professeur devant la cour d’assises spéciale de Paris (du 12 novembre au 20 décembre).

« Même si cela intervient quatre ans après les faits, nous ne sommes pas dans l’après Samuel Paty, nous sommes toujours dans le ‘‘pendant Samuel Paty’’, parce que les problèmes n’ont pas été réglés, reprend Céline Piot. On a toujours de la menace terroriste, il y a un retour du fanatisme et on reparle même de blasphème. Il faut montrer le côté positif, propulsif de la laïcité. Un nom de rue, c’est un levier politique, pas simplement un lieu de
mémoire. La France, c’est le pays des Lumières et l’objectif de cette cérémonie, c’est de montrer que justement, les lumières ne s’éteindront pas.
»

Augmentation des impôts : la fin d’un tabou pour les macronistes ? Non ils défendent les riches…

Lors d’une interview dans la matinale de France 2 le mercredi 18 septembre, le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Gérald Darmanin, a jeté un pavé dans la marre qui pourrait bien perturber la formation du nouveau gouvernement. Il a affirmé qu’il était « hors de question » pour lui d’intégrer une équipe qui mettrait en place une hausse d’impôts. Il a ainsi laissé entendre que cette hypothèse avait été évoquée à plusieurs reprises par le nouveau Premier ministre, Michel Barnier. L’accroissement de la dette française peut-elle justifier une augmentation des impôts ? Si oui, qui doit payer ?

Pour en débattre, Myriam Encaoua avait invité sur LCP :

  • – David Amiel, député « Ensemble pour la République » de Paris
  • François Geerolf, économiste à l’OFCE
  • Marc Vignaud, journaliste économique à L’Opinion
  • Emmanuel Maurel, député (GRS) « Gauche Démocrate et Républicaine » du Val-d’Oise
  • En duplex : Véronique Louwagie, députée « Droite républicaine » de l’Orne

« La France a été mal gérée » : Emmanuel Maurel a accablé le bilan du ministre de l’Économie démissionnaire et finalement incompétent Bruno Le Maire. Bien sûr qu’il faut faire des économies. Exemple : les aides aux entreprises sont colossales et pas toujours efficaces. Ça a été dit par la Cour des Comptes. On a des milliards à économiser là-dessus. Mais il faudra aussi mettre à contribution les ménages les plus riches, ce que refusent la droite et les macronistes. Nous ne sommes pas d’accord quand on nous dit que notre modèle social coûte trop cher et qu’il nuit à l’«attractivité», notamment industrielle. Ce n’est pas une réussite que nos boîtes se fassent racheter par des Chinois ou des Américains !

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