Me Too : préférer la justice au pilori

Quelques articles de presses, essentiellement des relais de dépêches AFP, nous ont appris le classement sans suite des investigations contre Julien Bayou, ancien député écologiste de Paris. Cette décision de classement est justifiée par l’absence d’infraction susceptible de lui être reprochée.

Alors que les accusations contre Julien Bayou avaient été relayées à la une de nombreux médias, les mêmes n’offrent pas une couverture aussi large à la conclusion de cette affaire : aucune réhabilitation ni en une des journaux ni de leurs sites internet. C’est là la principale injustice pour un homme qui aura dû se battre seul pour défendre non seulement son innocence mais son honneur.

La présomption d’innocence a été constamment ignorée. Des enquêtes à la qualité douteuse ont cherché à dépeindre Julien Bayou comme un monstre sans aucun souci d’équilibre. Son droit au respect de sa vie privée a été bafoué. Des élus et des militants ont propagé des rumeurs, transformant les réseaux sociaux en chambre d’accusation et de jugement, dans lesquelles chacun était sommé de le condamner bruyamment.

MeToo a permis la libération de la parole des victimes. S’il en était besoin d’autres affaires démontrent régulièrement combien cette libération est nécessaire. Chacun sait le scandale que génère la peur de déposer plainte pour viol ou agression sexuelle à cause d’une forme de pression sociale latente ou explicite ; personne ne peut ignorer que les victimes sont encore trop mal reçues, écoutées et accueillies dans les commissariats et les gendarmeries ; personne ne peut ignorer 97% des plaintes pour viol ou agression sexuelle n’aboutissent à rien.

Les siècles de domination masculine ne se rachèteront pas en frappant sans distinction innocents et coupables, mais lorsque la société prendra enfin pleinement conscience de l’absolu impératif de l’égalité et du respect, de la nécessité d’accélérer leur concrétisation, lorsque les comportements seront enfin appropriés dans les commissariats, lorsque des moyens seront donnés à la justice pour que tous les coupables soient punis et que les victimes puissent se reconstruire.

Ne soyons pas aveugles à ceux qu’on a considéré comme un œuf à casser pour faire une omelette : ceux dont les noms ont été jetés en pâture dans les médias puis sur les réseaux sociaux ou condamnés sans autre forme de procès, avant que la justice finisse par rejeter les accusations. Julien Bayou est aujourd’hui concerné, mais d’autres personnes ont aussi été victimes d’accusations dont les fondements ont disparu à l’examen des faits.

La Justice rendue tardivement, mais rendue, peut ici laisser un goût amer tant le mal est fait. Avec toute sa lenteur, ses biais et ses imperfections, il importe de continuer à préférer la justice au pilori, de l’aider à accomplir sa mission, depuis l’instruction jusqu’à la peine ou la réparation. Il revient à la société dans son ensemble de réhabiliter Julien Bayou, et les autres victimes de dénonciations calomnieuses à la hauteur du préjudice qui leur a été infligé. Il nous revient à toutes et à tous de faire changer la société pour que l’égalité et la justice deviennent de réelles priorités, pour que la violence recule toujours plus, pour que l’égalité femmes-hommes se concrétise dans l’intimité comme dans le métro, dans les salaires comme dans les responsabilités.

Égalité : une fois de plus Macron produit l’inverse de ce qu’il dit

L’égalité femme homme devait être la grande cause du quinquennat … et bien c’est hélas raté car le constat est sans appel. Depuis 2018, les inégalités salariales se sont accrues, et ce bien avant la crise du Covid. Elles ont encore augmenté en 2020 et de 2021. Alors qu’elles avaient timidement commencé à se réduire (à un rythme bien trop lent), c’est tout l’inverse que nous constatons avec la mise en œuvre de la politique conduite par Emmanuel Macron. L’écart moyen est remonté de 15,5 à 16,5%.

Il faut désormais des actes. Plusieurs décisions s’imposent :

  • La première est une revalorisation forte du SMIC car 59,3% des salariés du secteur privé au SMIC sont des femmes. De ce point de vue, la proposition d’Arnaud Montebourg d’augmenter le SMIC immédiatement de 10% est un point d’appui important.
  • Mais il faut aussi revaloriser des métiers à dominante féminine et qui sont apparus plus encore avec la pandémie comme essentiels : infirmières, aides soignantes et métiers du lien, du service, de l’agro-alimentaire, de la grande distribution, enseignants, etc.
  • Il faudra enfin renforcer l’exigence de l’index égalité dans les entreprises et favoriser la parité dans les postes de direction des grandes entreprises et dans l’encadrement…

Arnaud Montebourg propose des négociations par branches pour engager ces revalorisations et si ces dernières n’aboutissent pas, alors le gouvernement prendrait ses responsabilités pour assurer cette juste revalorisation. Il faudra assurer ce même mouvement dans la fonction publique où l’abandon du gel du point d’indice doit nécessairement s’accompagner d’un rattrapage du pouvoir d’achat des salariés du public.

Voilà des mesures que la Gauche Républicaine et Socialiste veut promouvoir dans la campagne qui s’ouvre pour l’élection présidentielle.

Évidemment cela ne suffira pas mais donnerait un coup d’accélérateur pour inverser ces dérives depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron.

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