Contre la logique de guerre, ne pas reculer face à Poutine !

Vladimir POUTINE a choisi de déclencher une guerre contre l’Ukraine, son gouvernement élu et son peuple. Cette agression est une violation du droit international qui menace l’existence même d’un État souverain.

Le Président russe justifie son « opération militaire » par une série de prétextes fallacieux : l’Ukraine serait « aux mains des nazis » et entreprendrait un « génocide » contre les russophones du Donbass…
Il réitère aussi ses arguments géostratégiques : l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine menace la Russie ; les accords de Minsk de 2015, validés par le Conseil de Sécurité pour régler le conflit au Donbass, ont été sabotés.

Mais l’heure n’est plus à la comptabilité des torts des uns et des autres. La responsabilité de la spirale guerrière repose à présent entièrement sur le maître du Kremlin.
Il faut tirer les conséquences de cette politique criminelle du fait accompli en aidant l’Ukraine, en soutenant toutes les sanctions économiques adaptées à la situation, mais aussi en prenant des mesures de défense pour sécuriser la frontière Est de l’Union européenne. Il faut aussi obtenir le plus large consensus à l’ONU pour faire respecter le droit international.
Vladimir POUTINE nous oblige à relever le rapport de forces, pour l’instant déséquilibré, qu’il a lui-même créé.

Les Européens et leurs alliés doivent faire comprendre maintenant à la Russie qu’elle ne sortira pas gagnante de cette confrontation. C’est la condition sine qua non pour la faire revenir à la raison, cesser les hostilités, se retirer Ukraine et s’asseoir à la table des négociations. Pour que la paix revienne durablement sur le continent, pour que la sécurité de tous soit assurée, nous ne pouvons plus reculer.

EDF, Macron et Le Maire ne changent pas une stratégie qui perd

Nous avons décrit en détail dans de précédents articles comment la politique poursuivie par Emmanuel Macron et Bruno Le Maire à court, moyen et long termes avaient contribué à fragiliser EDF et ce qu’il reste du secteur public de l’énergie… La politique inconstante en matière de stratégie énergétique est ainsi indirectement responsable d’un investissement insuffisant en matière d’entretien de nos centrales nucléaires et cela n’est pas étranger à la découverte récente de problèmes de corrosion sur plusieurs réacteurs qui les a contraint à la mise en arrêt en plein hiver. Ce même gouvernement a fait preuve d’une passivité complice concernant le marché européen de l’énergie et la mise en place de l’ARENH qui contraint l’entreprise publique à vendre sous les prix du marché son électricité à ses concurrents pour créer artificiellement un marché là où il ne peut en réalité y en avoir. Sous diverses formes, l’exécutif a avancé sur le chemin de la « vente par appartements » d’EDF en concertation avec la Commission européenne ; si le projet « Hercule » a été officiellement abandonné, la même logique reste toujours d’actualité. Enfin, comme nous l’avions expliqué mi-janvier, la décision de Jean Castex et de Barbara Pompili d’augmenter la part de l’énergie nucléaire devant être vendue à prix cassés aux distributeurs privés au prétexte de limiter la forte hausse des prix pour les consommateurs plutôt que de soutenir directement les ménages. Cette gestion à courte vue du « marché » de l’énergie pour la saison automne hiver 2021-2022 coûtera entre 10 à 13 milliards d’euros.

Pour achever le tableau, les annonces d’Emmanuel Macron à Belfort le 10 février se résume à une terrible arnaque : le rachat des turbines Arabelle imposé par l’État à EDF coûtera en réalité 1,05 milliard d’euros et non 240 millions d’euros par des sources proches de l’Elysée, alors que General Electric les avaient acheté 585 millions d’euros sous le regard enamouré du ministre de l’économie de 2014, nommé Emmanuel Macron… près d’un demi milliard d’euros de perte, une paille.

« Bruno Le Maire, nouveau prince de Salina » ou « EDF Wars : la recapitalisation fantôme« 

Branle-bas de combat… Vendredi 18 février 2022, pour faire face à la fois aux difficultés immédiates d’EDF que l’exécutif a provoqué et à la revendication croissante d’une renationalisation de l’entreprise publique, Bruno Le Maire s’est déplacé sur BFMTV prétendant présenter un plan puissant pour résoudre la crise actuelle. Mais le dispositif annoncé par le ministre de l’économie n’est qu’un mauvais remake du Guépard : peu de choses changent « pour que [surtout] rien ne change ».

Alors qu’EDF fait face à 10 ou 13 milliards de pertes sur 2022, et que la dette accumulée atteint désormais 43 milliards d’euros (aggravé ses dernières années par l’ARENH et le dysfonctionnel marché européen), le taulier de Bercy annonce royalement une recapitalisation à hauteur de … 2,5 milliards d’euros ! Or l’État n’y participera qu’à hauteur de 2,1 milliards ce qui correspond à son poids actuel dans l’entreprise… Il n’y a pas d’augmentation de la part de l’État dans le capital, pas de dilution des actionnaires minoritaires, chacun reste à sa place… dans un premier temps. Le ministre de l’économique s’est – pour ce qui aurait encore des doutes – fendu d’une belle prise de position idéologique contre la nationalisation : « Cette opération n’a rien à voir avec une nationalisation, qui a à voir avec la structure de l’entreprise. Ce n’est que de l’argent à destination de l’entreprise, et un message adressé aux investisseurs privés pour leur dire de continuer à financer EDF parce qu’EDF a le soutien de l’État. » Par ailleurs, le groupe propose également une option de versement en actions (et non en numéraire) des dividendes au titre des exercices 2022 et 2023, ce qui en toute logique devrait à court terme augmenter la part des actionnaires minoritaires…

Parallèlement à l’interview ministérielle, Jean-Bernard Lévy (PDG d’EDF) présentait lui-même la « nouvelle stratégie » adoptée avec l’exécutif. Et quant à la nature et de la motivation de l’augmentation de capital, le PDG exprimait ceci : « nous allons proposer une émission de 500 000 actions à une cote qui devrait être autour de 5€ et cette opération suffira à assurer la consistance de notre plan de marche économique en plafonnant le ratio dette/EBIT DA à la valeur de 3. ». Or il faut savoir que, sauf à convoquer une AG extraordinaire, M. Lévy ne peut pas aller au-delà de cette opération en nombre d’actions. Ensuite, le prix d’émission n’est pas fixé par EDF, mais par la bourse en fonction de règles que je peux regarder de plus près. Donc, en réalité, 5 € et 2,5 milliards ne sont à ce stade qu’une estimation. Il y a de grandes chances que seuls des investisseurs institutionnels vont acheter ces actions, une fois que l’État aura fixé ce qu’il prend – soit uniquement des banques françaises, car il y a belle lurette que plus aucun investisseur institutionnel étranger ne détient la moindre quantité de capital d’EDF (même si M. Lévy semblait souhaiter ce matin du 22 février sur France Info l’entrée au capital de fonds souverains étrangers ce qui nous paraît pour le moins bancal). Ce n’est pas un regret, c’est un constat.

Enfin, EDF et Bruno Le Maire ont également annoncé des cessions d’actifs d’environ 3 milliards d’euros en cumul sur les années 2022 à 2024. Mais le groupe ne donne pas de prévision pour 2022 au-delà de ces indications, compte tenu des fortes incertitudes. « Il peut d’abord se passer beaucoup d’autres choses, opérationnelles, etc. Et, deuxièmement, il y a une extrême volatilité », avec « une très forte sensibilité à l’évolution des prix », a expliqué le directeur financier, Xavier Girre. Or en 2018, EDF achevait un plan de cession d’actifs de 10 milliards d’euros qui devait lui permettre de consolider son ratio d’endettement et de financer des investissements récurrents (réseaux et grand carénage). Pourtant, de 2019 à 2021 (3 exercices) EDF a continué à céder des actifs, en particulier sa participation de 49,9% dans l’américain CENG pour 900 millions. Vendredi nous apprenions donc ce nouveau programme de cession, sans qu’aucun détail ne soit fourni. Nous en apprendrons peut-être plus début mars ; Jean-Bernard Lévy doit en effet recevoir mercredi 2 mars les représentants des actionnaires salariés.

Leurs questions porteront sur tous ces sujets de recapitalisation, de cessions, et de régulation du futur (éventuel) nucléaire. À ce stade, on ne voit qu’une seule cession d’importance significative possible : RTE et/ou ENEDIS. Hercule peut donc en cacher un autre…

Arrêter le jeu de massacre

C’est peu de choses de dire que les salariés de l’entreprise publique sont particulièrement inquiets. Selon Amélie Henri, secrétaire nationale CFE-UNSA Energies pour EDF« on renforce les fonds propres, mais de façon très faible et ça ne va pas résoudre l’équation financière, face au mur d’investissements qu’EDF a à réaliser ». Le plan d’actions, « qui s’apparente à un plan de sauvetage conçu en urgence par la direction et l’État, a été présenté six semaines après que le gouvernement a contraint EDF à brader davantage sa production à la concurrence avec une vente à perte », a souligné le CSE d’EDF dans un communiqué. Ses élus (FNME-CGT, CFE Energies, FCE-CFDT, FO Energie et Mines) « confirment leurs plus sérieuses inquiétudes et mandatent une expertise économique », afin de permettre aux organisations syndicales « de mesurer les impacts sur les conditions d’exercice des missions d’EDF », poursuivant ainsi la procédure de droit d’alerte économique lancée après la décision du gouvernement de mettre à contribution EDF. Sauf à considérer – comme le font certains – que les agents et les cadres de l’entreprise publique sont un lobby conservateur et égoïste vendu au nucléaire, il serait selon nous au contraire préjudiciable de ne pas tenir compte de l’expertise tout à la fois technique et stratégique des salariés de l’entreprise qui ont a de multiples occasions démontré leur sens de l’intérêt général et leur conscience sociale.

Dans un exercice de langue de bois du plus pur effet, Bercy répond de son côté que cette somme permettait « une exécution rapide » (si la bourse répond à ses attentes) et « ne ferme la voie à aucune option pour l’avenir ».

Or il serait temps de sécuriser notre stratégie énergétique et le secteur public de l’énergie. Avec une dette nette de 43 milliards d’euros fin 2021, le groupe doit faire face à d’importants investissements, dans la remise à niveau des réacteurs existants et pour répondre aux annonces belfortaine du président candidat avec la construction de six réacteurs EPR en France et le lancement d’études pour huit supplémentaires (56 Mds € en tout). EPR ou pas EPR et sans préjugé de la durabilité politique des annonces présidentielles du 10 février dernier, si la France veut rester à niveau avec un mix énergétique cohérent pour affronter les défis énergétiques de la sortie du carbone et écologiques du dérèglement climatique, il apparaît évident qu’elle devra engager des investissements massifs dans le nucléaire, d’autant plus coûteux que nous avons connu une certaine perte de compétences avec le désamour des 11 dernières années pour le nucléaire.

La Gauche Républicaine et Socialiste réaffirme donc les conclusions qu’elle avait tirées de la situation en janvier dernier. Continuer à découper EDF en entreprises concurrentes ou indépendantes les unes des autres engendre trois types de risques : un risque de raccourcissement des horizons de temps, parce que la planification est plus difficile pour un ensemble d’acteurs indépendants que pour un acteur intégré ; un risque de hausse des prix, parce que le découpage impose des coûts de transaction à toutes les étapes et renchérit le prix de l’électricité in fine ; et un risque de problèmes techniques, parce que l’expertise pointue ne se décentralise pas facilement.

Nous avons un besoin urgent de retrouver notre souveraineté énergétique. La hausse des prix chez nos voisins ne peut pas, ne doit pas avoir de conséquences sur la facture électrique de nos concitoyens. Notre mix énergétique décarboné doit aussi être défendu à tout prix. Enfin, les investissements massifs à réaliser dans le nucléaire et le renouvelable doivent être supportés par une seule entité monopolistique si l’on veut éviter la faillite ou l’explosion des prix. Tout cela implique la reconstitution d’un pôle public de l’énergie, entièrement nationalisé et administré. Les illusions des gourous du néolibéralisme et les inefficacités qu’elles entraînent sont trop graves pour que nous laissions faire.

Manouchian au Panthéon !

« Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent

Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps

Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant

Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir

Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant. »

Ce sont les dernières lignes de Strophes pour se souvenir écrites par Louis Aragon en hommage au groupe FTP MOI conduit par Missak Manouchian… Voici leurs noms qui ne doivent jamais être oubliés :

  • Celestino Alfonso Espagnol, 27 ans
  • Olga Bancic, Roumaine, 32 ans
  • Joseph Boczov [József Boczor ; Wolff Ferenc], Hongrois, 38 ans – Ingénieur chimiste
  • Georges Cloarec, Français, 20 ans
  • Rino Della Negra, Italien, 19 ans – Footballeur du Red Star Olympique
  • Thomas Elek [Elek Tamás], Hongrois, 18 ans – Étudiant
  • Maurice Fingercwajg, Polonais, 19 ans
  • Spartaco Fontanot, Italien, 22 ans
  • Jonas Geduldig, Polonais, 26 ans
  • Emeric Glasz [Békés (Glass) Imre], Hongrois, 42 ans – Ouvrier métallurgiste
  • Léon Goldberg, Polonais, 19 ans
  • Szlama Grzywacz, Polonais, 34 ans
  • Stanislas Kubacki, Polonais, 36 ans
  • Cesare Luccarini, Italien, 22 ans
  • Missak Manouchian, Arménien, 37 ans
  • Armenak Arpen Manoukian, Arménien, 44 ans
  • Marcel Rajman, Polonais, 21 ans
  • Roger Rouxel, Français, 18 ans
  • Antoine Salvadori, Italien, 24 ans
  • Willy Schapiro, Polonais, 29 ans
  • Amedeo Usseglio, Italien, 32 ans
  • Wolf Wajsbrot, Polonais, 18 ans
  • Robert Witchitz, Français, 19 ans

Les 22 hommes ont été fusillés le 21 février 1944 au Mont-Valérien. Olga Bancic, seule femme du groupe, fut décapitée le 10 mai 1944 à Stuttgart. Nous avons mis en avant les noms des résistants dénoncés sur l’Affiche Rouge.

Ce jour marque donc le 78ème anniversaire de l’exécution de ces Résistants qui donnèrent leur vie pour la France, qu’ils avaient décidé d’aimer à en mourir. Une initiative a été lancée en décembre 2021 pour demander l’entrée de Missak Manouchian et de sa femme Mélinée au Panthéon. Il représente non seulement ses compagnons de l’« Affiche rouge », mais aussi ces étrangers qui firent la France et dont la France fit des citoyens, le vaste peuple des ouvriers, typographes, cheminots, employés, intellectuels et poètes, hommes et femmes d’héroïsme et de devoir. Tous illustrent l’idéal d’une République où comptent avant tout l’amour de la patrie et l’adhésion aux principes universalistes qui la régissent.

C’est pourquoi la Gauche Républicaine et Socialiste s’associe avec enthousiasme à cette initiative et exprime sa reconnaissance éternelle à Missak Manouchian et ses 22 camarades qui seront pour toujours nos Libérateurs.

Addiction aux jeux d’argent : la jeunesse en danger

Une récente étude de la SEDAP « Enquête enjeu-mineurs » parue fin 2021 révèle que près d’un tiers des adolescents de 15-17 participent à des jeux d’argent, essentiellement des paris sportifs en ligne. 7,5% d’entre eux seraient même en situation d’addiction grave.

La multiplication des offres de jeux d’argent en ligne, suivant sa déréglementation en 2010, et l’explosion de la publicité associée ces dernières années ont en partie mené à ce qui n’est ni plus ni moins une crise sanitaire frappant de plein fouet la jeunesse de notre pays.

L’absence de perspective d’émancipation collective et la panne ignorée de l’ascenseur sociale conduisent de plus en plus de jeunes à considérer que le seul moyen de sortir de la misère serait les jeux de hasard ou les paris sportifs. Le chômage de masse ou l’uberisation comme seul avenir ne pouvaient que mener à ce désastre. Les phénomènes addictifs qui en découlent conduisent à l’appauvrissement de mineurs déjà en situation de précarité, enrichissant des sociétés privées.

Il y a donc urgence à agir pour que ce nouvel opium du peuple cesse de mettre en danger la santé mentale et économique de milliers d’adolescents.

La publicité des paris sportifs doit être sévèrement réglementée. Mais que peut-on attendre d’un gouvernement et d’une majorité parlementaire libérale qui a déjà refusé l’année dernière de mettre fin à la publicité de produits polluants ?

Si les jeux d’argent ne peuvent pas être interdits, car cela créerait un marché parallèle en dehors de tout contrôle, nous demandons à ce qu’ils soient placés sous le contrôle exclusif et public de la Française Des Jeux. La déréglementation de 2010 et la captation de ce marché par le secteur privé a conduit à des pratiques commerciales favorisant la multiplication du jeu plutôt que la santé publique. Mais que peut-on attendre d’un gouvernement qui a privatisé la Française Des Jeux, livrant ainsi au marché un secteur dans lequel la maximisation effrénée des profits se fait au détriment de l’intérêt collectif ?

La jeunesse mérite mieux que d’être ballotée entre chômage, pauvreté, addiction et uberisation. Pour sortir de ce désastre, les adolescents doivent avoir accès à des politiques d’emploi, de formation et d’émancipation.

La trahison politique de François Hollande a renvoyé les idées de gauche dans le champ de l’utopie pour nombre de nos concitoyens

Notre camarade Rémi Lefebvre, politiste à l’université Lille 2 et essayiste, était hier 16 février 2022 l’invité de la Midinale du magazine Regards. L’occasion pour lui de présenter son livre à paraître Faut-il désespérer de la gauche ? et de décrypter pourquoi – au-delà des divisions partisanes – la gauche est si faible électoralement en prévision des élections présidentielle et législatives alors que la conscience des inégalités sociales n’a peut-être jamais été aussi fortes.

Il n’y a peut-être jamais eu depuis 40 ans une telle demande d’égalité et de justice sociale. La gauche en elle-même n’est parallèlement pas si atone intellectuellement, selon Rémi Lefebvre, qu’on veut bien le dire. Elle ne manque pas d’idées (le programme de la GRS et ceux d’autres organisations le démontrent) mais assurément manque de « médiation » pour les défendre. Les idées de gauche existent et circulent dans la société, mais elles ne se transforment pas en adhésion ou en vote pour les différentes organisations qui composent la gauche « institutionnelle ».

La crédibilité de ces idées est devenue par ailleurs problématique : les citoyens qui adhèrent intellectuellement et politiquement à ces propositions considèrent dans le même temps qu’elles ne peuvent être – la plupart du temps – mises en œuvre. Selon Rémi Lefebvre et nous le rejoignons encore ici, la responsabilité du quinquennat de François Hollande est à ce titre écrasante, car en trahissant ses électeurs par la conduite de politiques sociales-libérales ou néolibérales, il a tué l’idée de gauche, la crédibilité des idées de gauche.

La gauche n’arrive donc plus à imposer sa vision du monde, non plus à convaincre de sa capacité pratique et réelle à agir concrètement pour la mettre en œuvre. Nous devons donc mener une bataille culturelle, sans doute de longue haleine, pour rétablir l’idée que la transformation sociale, la possibilité d’un autre monde, est non seulement souhaitable mais politiquement et concrètement crédible.

Pour nous, cela passera également par la reconstruction d’un pôle puissant autour des idées de la gauche républicaine qui devra répondre en priorité aux préoccupations essentielles de nos concitoyens, notamment issus des classes populaires.

Les jeunes des quartiers populaires doivent être au centre du débat républicain

Dinks Turki, 21 ans, est coordinateur à Marseille pour la Gauche républicaine et socialiste (GRS) et responsable associatif. Il s’est engagé en politique pour faire entendre la voix des jeunes des quartiers populaires. Il était interrogé par les journalistes de France Info pour le format « Génération 2022 » qui interroge les jeunes militants ou responsables associatifs à l’occasion de la campagne pour l’élection présidentielle du printemps. Un rappel fort qu’il y a un besoin de République concrète !

Jean-Michel Blanquer ne sait plus à quel saint se vouer

communiqué de presse du samedi 12 févier 2022

Mauvais signe pour la laïcité à l’école ?
Le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer vient de nommer Mark Sherringham à la tête du conseil supérieur des programmes. Or Sherringham est un haut fonctionnaire et philosophe controversé, qui avait plaidé pour la réintroduction du christianisme dans l’école publique. Ancien conseiller de Raymond Barre, de François Fillon et de Xavier Darcos, cet inspecteur général de philosophie a prôné « l’idéal civilisateur du christianisme » et a plaidé pour une école qui fasse en son sein une place à la religion.

Marc Sherringham a critiqué par exemple dans le passé « la volonté laïque de cantonner la religion à la sphère des opinions privées ».

L’annonce de cette nomination a déclenché à juste titre beaucoup d’indignation.
C’est là en effet un drôle de signal (juste avant l’élection présidentielle, de surcroît) que de nommer à la tête de cette instance très symbolique et très politique une personnalité autant préoccupée par la place du christianisme dans le champ éducatif et auteur de propos ambigus sur la laïcité, qui a par ailleurs soutenu les écoles privées hors-contrat et théorisé les liens entre religion et éducation.
Si l’école française a été pendant de longs siècles entre les mains de l’Église, il ne faut pas oublier que l’école laïque républicaine a dû batailler fermement contre elle pour se frayer un chemin.

Sherringham affirmait ainsi son désir de remettre en cause les principes laïcs à l’école en inscrivant l’idée de la spiritualité dans l’enseignement même du « fait religieux » dans une table ronde organisée au CIEP le 29 avril 2004, affirmant : « La laïcité ne sera capable d’une refondation et d’un renouvellement que si elle accepte de penser à nouveau la relation de la vérité et des religions et de considérer que la religion n’est pas seulement un problème culturel mais bien une voie d’accès à la question des finalités ultimes de l’humanité ».
Une telle approche reviendrait à renoncer à la laïcité.

Sherringham est par ailleurs un défenseur des écoles privés hors contrat , lui qui fut formateur, en janvier 2020, pour l’association « Créer son école » dont le but était d’aider à la création d’écoles privées hors contrat. Cette association fut fondée par Anne Coffinier qui, la même année a créé une autre association, Kairos, présidée par Xavier Darcos, dont le but annoncé est de soutenir financièrement les écoles privées.

La Gauche républicaine et socialiste exprime sa vive inquiétude devant cette nomination à ce poste si stratégique , réaffirme son attachement indéfectible à la laïcité comme ciment de l’école française et sera très vigilante face aux futurs travaux ou préconisations émanant du conseil supérieur des programmes.

S’adapter ou disparaître : le gouvernement n’épargne personne … même les forêts !

analyse d’Emmanuel Maurel

Bernard Munch, le nouveau directeur de l’Office National de la Forêt (ONF), ne cache pas son inquiétude : « Pour ne parler que de la forêt domaniale, plus de 300 000 hectares sont touchés par les dépérissements, environ trente fois la superficie de Paris ». En cause le changement climatique qui affaiblit les arbres, particulièrement face aux nuisibles (scolytes notamment).

Toutes les régions et toutes les essences sont touchées : hêtres, frênes, châtaigniers, chênes français. « D’ici cinquante ans, plus de la moitié de la forêt française pourrait avoir changé de visage. Au lieu du couvert forestier actuel, dense, d’un bloc, sur de grandes surfaces, on aura une forêt mitée. »

Le contre-argument répété maintes fois sur la croissance de la superficie forestière se trouve ainsi battu en brèche. L’Institut National de l’Information Géographique et Forestière ajoute que pour la première fois depuis le XIXème siècle, la progression du volume de bois en forêt ralentit, sous le double effet des hausses de prélèvements et d’une mortalité accrue de certaines espèces.

La situation est d’autant plus problématique que les moyens du service public de la forêt dépérissent eux aussi. M. Munch, pourtant réputé proche du pouvoir, comme en atteste son C.V de financier à Bercy, l’admet : « on vit de ce que nous attribue l’État, comme l’hôpital public, les forces de sécurité … C’est près de 500 suppressions de poste sur cinq ans, c’est une contrainte. ».

Jusqu’à présent, l’ONF plantait environ 3 millions d’arbres par an. Le plan « France Relance » de 2020 a porté cet effort à 10 millions, mais sans prévoir la moindre rallonge budgétaire. Ne pouvant plus assurer les trois missions (économique, environnementale et tourisme) qui lui sont confiées, l’ONF doit se résoudre à déléguer une partie de ces tâches au privé et se « restructurer » en scindant les activités d’exploitation et les activités de protection. Quant aux gardes forestiers, leurs missions historiques (protection de la biodiversité, entretien des forêts, coupes commerciales, missions de police) sont noyées dans trois pôles : administratif, technique et travaux. Et il se murmure que le pôle « travaux » leur sera bientôt retiré pour être confié au privé.

Se contenter de dotations budgétaires anémiées et devoir compter sur l’aide d’ouvriers contractuels serait pourtant une grave erreur, aux résultats courus d’avance. Comme dans les autres secteurs où le service public a été démantelé voire privatisé, la partie rentable (la filière bois) ne financera plus la partie non-rentable (protection de la nature). La porte sera laissée grande ouverte aux entreprises forestières, dont le modèle économique repose sur l’intensification de la production, et qui ne peuvent pas se permettre d’être trop tatillonnes sur la prévention des risques environnementaux.

Fait du hasard, l’interview de Bernard Munch est parue le même jour que le lancement de la stratégie « carbon farming » de la Commission européenne. L’Europe veut renforcer le stockage du carbone dans le sol et compte, pour y parvenir, sur la plantation d’arbres. La France a joué un rôle important dans la définition de cette politique, mais le Gouvernement n’en a pas tiré les conclusions sur les moyens. Aucune embauche d’agents dévoués à ces missions n’est prévue. L’État préfère s’en remettre à la sous-traitance, ainsi qu’aux agriculteurs, qui devront planter des arbres pour compenser leur empreinte écologique.

En déléguant, en restructurant et en sous-traitant ses missions dans la plus parfaite incohérence, l’État s’empêche de conduire dans la durée une politique forestière digne de ce nom. Sa vision d’une « forêt mosaïque, patchwork de petites parcelles » selon les mots de Bernard Munch, qui fait écho à l’appel d’un collectif de 600 scientifiques, associatifs et acteurs du secteur voulant concilier nécessité économique et impératifs écologiques, risque fort de ne jamais voir le jour. Sauf si l’État opère un virage de gestion et se décide à renforcer l’ONF et ses agents, qui connaissent mieux que quiconque la complexité, les subtilités et la fragilité de nos forêts.

Enfoncer le clou pour obtenir la levée des brevets sur les vaccins anti-COVID

Depuis un an déjà, la Gauche Républicaine et Socialiste s’est associée à l’initiative citoyenne européenne (ICE) en faveur de la levée des brevets sur les vaccins contre le COVID19, aux côtés de plusieurs dizaines d’ONG, de syndicats et de partis français et quelques centaines d’autres en Europe. Les vaccins et les traitements anti-COVID doivent être des Biens Communs de l’Humanité !

C’est pourquoi la Gauche Républicaine et Socialiste, en accord avec la coordination française de l’ICE « Pas de profit sur la Pandémie ! », propose aux élus locaux de tout le pays de faire adopter un vœu, dont vous trouverez le texte plus bas, dans leurs assemblées.

On ne peut être otages de ces multinationales et laisser tant d’hommes et de femmes vulnérables et menacés. En cas de pandémie et de lourdes maladies, les brevets doivent être libres la production de médicaments largement diffusée. On ne peut pas non plus continuer à laisser des zones entières de la planète abandonnée par les pays riches, qui se contentent de donation de vaccins au compte-gouttes avec le dispositif COVAX : pourtant la santé des peuples des pays en voie de développement, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, c’est aussi la nôtre. Tant que la circulation du virus ne sera pas freinée dans ces pays, le risque qu’ils produisent de nouveaux variants potentiellement gênants sous une forme ou sous une autre (une contagiosité importante, comme avec Omicron par exemple, compense largement une morbidité apparemment moindre) pour le diffuser ensuite à l’échelle de la planète est trop important. Le refus d’Emmanuel Macron de mettre la levée des brevets à l’ordre du jour est non seulement injustifiable, elle est dangereuse et relève d’une conception néolibérale de la santé publique qui a conduit nos sociétés en plein drame.

La recherche et le développement de vaccins et de traitements ont souvent été financés par des fonds publics, l’argent du contribuable. Ce qui a été payé par les citoyens doit appartenir aux citoyens. Nous ne pouvons pas permettre aux grandes multinationales pharmaceutiques de privatiser des technologies de santé.

Les grandes multinationales pharmaceutiques ne devraient pas faire de profit sur cette pandémie, au détriment de la santé des gens. Face à une menace collective comme le COVID19, nous avons besoin de solidarité, pas de profits privés. Des financements publics devraient toujours inclure des garanties sur la disponibilité et le coût des médicaments. Les multinationales pharmaceutiques ne devraient pas être autorisées à piller les systèmes de sécurité sociale.

L’Organisation Mondiale de la Santé, l’Union Européenne et le même l’Organisation Mondiale du Commerce devraient désormais rendre ces brevets libres. La France doit être à l’offensive et, au-delà, il nous faut dans notre pays mettre en place un pôle public du médicament.

Après trois ans, notre ambition est intacte !

Cette semaine, la Gauche Républicaine et Socialiste a fêté ses trois ans d’existence… Trois années particulières car fortement marquées par deux années de crise sanitaire dont nous ne sommes toujours pas sortis. Trois années marquées également par des combats forts face à l’offensive autoritaire et néolibérale qui caractérise la présidence d’Emmanuel Macron : combat pour obtenir l’organisation d’un référendum contre la privatisation d’Aéroports de Paris, combat contre la réforme des retraites, combat contre la réforme de l’assurance chômage, combat contre les reculs incessants imposés aux libertés publiques, combat pour la levée des brevets sur les vaccins COVID, combat pour rappeler la priorité de la justice sociale et de la dignité des travailleurs qui avait été rappelée de manière pressante par la mobilisation des « Gilets Jaunes »…

Le 3 février 2019, alors que la Gauche Républicaine et Socialiste naissait des Rencontres Fondatrices de Valence, nous avions fait le pari que le Peuple français ne voulait plus se laisser conduire comme un troupeau soumis aux coups violents du macronisme triomphant… Un mouvement social dont rien n’annonçait la forme, inattendue, les modalités d’action, inédites, les mots d’ordre, divers et denses, venait de secouer le pays ! Profondément ! Le mouvement des « Gilets Jaunes », c’était bien l’effraction du réel. Il rendait visible, tout d’un coup, ce que le langage managérial, qui euphémise et déshumanise, avait jusque-là dissimulé tant bien que mal. La crise sanitaire est passée par là, elle a également douloureusement et profondément secoué le pays : les Français sont fatigués et souvent démoralisés, l’Hôpital public et tous ses acteurs sont épuisés et exsangues… nous ne parierons pas sur l’explosion de la révolte, mais elle est pourtant bien présente, elle sourde mais intense ; elle risque de se traduire par une grève civique puissante lors des élections nationales du printemps 2022, prolongement des grèves du vote précédentes. Elle se nourrit des humiliations encaissées depuis de trop nombreuses années et de la démonstration violente des conséquences terribles des politiques austéritaires et néolibérales appliquées sans discontinuer depuis 2002 : casse des services publics – au premier rang, notre système de santé – , casse de notre appareil productif – au point que notre souveraineté industrielle et alimentaire a paru vaciller –, casse de notre protection sociale…

La colère dans le Peuple de France est intense et elle est légitime. Elle doit être prise en charge et nos concitoyens méritent plus que jamais des réponses à leurs besoins et à leurs attentes. Une grande partie de la gauche ressemble aujourd’hui un personnage ivre, une sorte de Narcisse qui ne comprend pas qu’il est devenu Dorian Gray, qui se perd dans des débats accessoires et oublie les gens, leurs vies et leurs difficultés concrètes et quotidiennes. C’est là une posture dangereuse car on sait depuis longtemps que la colère d’un peuple peut être prise en charge par de mauvais génies, qui préfèrent l’attiser que la soigner pour la retourner contre des boucs émissaires dont la liste s’élargit toujours un peu plus…

En février 2019, nous nous étions engagés à renouveler l’espérance socialiste et républicaine, nous avions considéré qu’il fallait prendre le parti du vivant – face à la crise climatique et écologique, il fallait porter les couleurs de l’écosocialisme –, prendre le parti du travail – face à la mondialisation libérale et financière, nous devions renverser un rapport de force devenu défavorable –, prendre le parti de la citoyenneté et de la République – face aux entrepreneurs de la haine et de l’égoïsme, nous devions rendre aux principes de Liberté, d’Égalité et de Fraternité leur caractère concret avec le retour d’une puissance publique aux services des citoyens. Notre projet était à nouveau « la République jusqu’au bout » ! Cela n’a jamais été autant d’actualité ! Les trois années qui se sont écoulés ont démontré que cette ambition était plus que jamais nécessaire et qu’il fallait persévérer dans notre combat pour régénérer une Gauche Républicaine apte à porter les espérances de la Nation toute entière…

La Gauche Républicaine et Socialiste reste encore aujourd’hui un petit parti, elle n’a que trois ans, mais elle ne baisse pas les bras… alors que le cours du monde pourrait conduire tant d’autres à désespérer, elle persévère, elle travaille et relève le drapeau tombé à terre et oublié au milieu des querelles futiles. Notre ambition n’a pas changé, nous serons le ferment de la reconstruction d’une gauche républicaine et de transformation sociale, dont notre pays a besoin.

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