Réforme des Retraites : ce n’est pas seulement un projet anti-social que nous rejetons, mais un choix de société que nous défendons !

Emmanuel Maurel, animateur national de la Gauche Républicaine et Socialiste et député européen, intervenait mardi 28 février 2023 à Grenoble dans la Halle Clemenceau lors d’un meeting organisé par la CGT de l’Isère avec de très nombreux intervenants syndicaux, universitaires et politiques : Nicolas Benoît et Élisa Balestrieri (CGT Isère), Catherine Perret (secrétaire confédérale de la CGT), Annie Jolivet (économiste, CNAM, IRES), Mickaël Zemmour (économiste, université Panthéon Sorbonne, IEPP), Guillaume Lissy (maire PS de Seyssinet-Pariset), Élisa Martin (députée LFI de l’Isère), Amandine Demore (conseillère départementale PCF de l’Isère et adjointe au Maire d’Echirolles), Marie Coiffard (EELV Grenoble)…

Il a insisté sur l’invraisemblable choix des priorités du gouvernement Macron : au moment où la crise de l’énergie, l’inflation ou encore la guerre en Ukraine pèsent sur nos concitoyens, après deux années de crise sanitaire qui a mis en lumière la détresse des hôpitaux, que le manque de soutien des services publics accroit la fracture sociale et territoriale, était-ce bien le moment d’engager une réforme des retraites (abstraction faite de son contenu anti-social) ? La priorité était-elle d’allonger la durée de travail et de condamner les plus fragiles de travailleurs à mourir au travail ? Voilà qui en dit long sur la mentalité des membres de l’exécutif.
Pour eux, la répartition des richesses, le partage ou la solidarité entre les travailleurs et entre générations est insupportable : or nous ne voulons pas de cette société qu’ils nous imposent où l’argent seraient la mesure de toute chose ! Ce monde où le capital est systématiquement privilégié sur le travail est à l’opposé de nos principes : les mobilisations sociales ne sont pas seulement l’expression du refus d’une contre réforme ou d’un projet de loi, mais aussi et surtout l’affirmation d’un choix de société.

Emmanuel Maurel a rappelé qu’une des tâches de ce mouvement est aussi de rétablir les faits, car le gouvernement pour justifier ses choix antisociaux travestit la réalité : il n’est pas besoin de sauver notre système de retraites car il n’est pas en danger – en ce moment, il n’est même pas déficitaire et les déficits annoncés pour les 25 prochaines années (sur la base de projections particulièrement pessimistes et malthusiennes, notamment pour l’emploi dans la fonction publique et la rémunération de ses agents) sont parfaitement soutenables, avant un retour à l’équilibre. Les comparaisons européennes sur lesquelles ils s’appuient nous montrent bien le danger qui nous guettent : la Suède voit se multiplier le nombre de septuagénaires retournant au travail pour compléter des pensions de misère, qui sont la conséquences d’une réforme qu’Emmanuel Macron nous présente comme un modèle. Le « bon sens » d’Emmanuel Macron n’est qu’une mauvaise direction !

La détermination du mouvement social ne faiblit pas grâce à une unité syndicale sans faille : nous nous battons pour l’avenir. Nous continuerons les mobilisations le 7 mars, le 8 mars et au-delà… et nous préparons de nouvelles conquêtes et les prochains combats.

Travail, pénibilité, retraites : le « triangle des Bermudes » du macronisme

La loi Touraine de 2014 avait programmé le passage progressif à 43 annuités de cotisations (mesure détestable s’il en est), mais – à titre de compensation d’une certaine manière – elle créait également le Compte personnel de prévention de la pénibilité, assis sur dix facteurs de risques professionnels :

  1. la manutention manuelle de charges ;
  2. les postures pénibles ou positions forcées des articulations ;
  3. les vibrations mécaniques ;
  4. les activités exercées en milieu hyperbare (hautes pressions) ;
  5. les agents chimiques dangereux, y compris poussières et fumées ;
  6. les températures extrêmes ;
  7. le bruit ;
  8. le travail de nuit ;
  9. le travail en équipes successives alternantes ;
  10. le travail répétitif.

Tout cela était en réalité renvoyé à la négociation paritaire et, pendant deux années malgré l’unité syndicale, le MEDEF bloqua toute possibilité de mise en œuvre concrète : les travailleurs pouvaient créer dès le 1er janvier 2015 leur « compte pénibilité » mais ne pouvaient en réalité pas l’alimenter.

En pleine campagne des présidentielles de 2017, Emmanuel Macron se permettait une sortie déplacée – du même niveau que les « fainéants », les « illettrés », « ceux qui ne sont rien » – en disant devant les représentants de la CPME : « Je n’aime pas le terme de pénibilité donc je le supprimerai. Car il induit que le travail est une douleur ».

Ainsi en 2017, avec les ordonnances Macron-Pénicaud sur le code du travail, adieu le compte pénibilité, bonjour le Compte professionnel prévention (C2P) – le mot pénibilité n’allait plus écorcher la bouche du président : quatre critères sur dix étaient évacués : manutention manuelle de charges, postures pénibles, vibrations mécaniques, risques chimiques… ceux rejetés par le MEDEF, cela nous donne une petite idée des préférences du chef de l’État.

En 2019, rebelote : Le président « n’adore pas le mot de pénibilité, parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible ». « Il y a des conditions de travail qui ne sont pas les mêmes », reconnaissait cependant le président de la République. « Il y a des risques au travail qui ne sont pas les mêmes, quand on travaille de nuit, ce n’est pas pareil, quand on est exposé à des risques chimiques, quand on est exposé à des activités qui provoquent des troubles musculo-squelettiques, il est normal qu’on ait des ‘bonus’, qu’on prenne sa retraite plus tôt », assurait-il encore en détaillant le fonctionnement du nouveau système universel de retraite qu’il défendait à l’époque. Cependant, travailler avec des produits toxiques ou avoir le dos esquinté à la fin de sa carrière restaient pour Emmanuel Macron des tâches non pénibles.

L’échec du compte professionnel de prévention : la faute à Macron

Ouvriers, aides-soignants, cuisiniers… Ces métiers ont un point commun : leur pénibilité. Gestes répétitifs, postures douloureuses… Des centaines de milliers de Français sont confrontés à ces maux et qui devraient trouver une réponse avec le compté pénibilité.

Pourtant, les résultats du dispositif mis en œuvre se font attendre, notamment depuis le rabotage de 2017. Depuis 2015, seulement 12 000 salariés l’ont utilisé, dont près de 10 000 pour bénéficier d’un départ anticipé à la retraite. Cela représente à peine 1% des deux millions de comptes ouverts par les entreprises. Un échec dont Emmanuel Macron est responsable. Tout simplement parce que la disparition des quatre critères jugés inquantifiables par le patronat de 2015 à 2017 a freiné le développement du C2P qui a remplacé le compte pénibilité.

« Il n’y a aucun rapport entre le nombre de comptes qui ont été créés entre 2015 et 2017 et les alimentations qui sont faites aujourd’hui sur les six critères qui restent dans le C2P » : ce n’est pas Philippe Martinez ou Laurent Berger que nous venons de citer mais le vice-président de la CPME, Eric Chevée qui s’exprimait ainsi sur Europe 1 en janvier dernier.

La pénibilité ça existe, n’en déplaise au président de la république qui prétend ne pas aimer ce mot… oui un travail pénible ça existe aussi dans des dizaines de métiers… et les 4 facteurs évincés en 2017 représentent bien une pénibilité tangible pour les travailleurs. Et cette pénibilité est marquée socialement.

N’en déplaise au président de la République, une étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) de 2016 montrait bel et bien que 69,7% des ouvriers étaient quotidiennement exposés à au moins un facteur de pénibilité. C’était également le cas pour 35,7% des employés, 24,4% des professions intermédiaires, et seulement 12,2% des cadres. La même enquête montrait que 26% des ouvriers subissaient au moins trois facteurs de pénibilité, contre 0,5% des cadres.

L’Insee relevait quant à lui, également en 2016, un écart moyen d’espérance de vie à 35 ans de 6,4 années entre un homme ouvrier et un homme cadre. Quant aux femmes, l’écart moyen d’espérance de vie entre une ouvrière et une cadre était de 3,2 années.

Finalement, c’est pénible…

En janvier dernier, à l’occasion de la présentation de la réforme des retraites, la Première ministre a mis l’accent sur l’amélioration de la prise en charge des métiers difficiles, en améliorant le C2P. Manière de reconnaître sans le dire, non seulement l’échec de ce dernier, mais surtout la grave erreur d’analyse qui avait conduit à ce choix politique lourd de conséquences…

Mais de là à revenir sur les quatre critères évincés, il y a cependant un gouffre ! Avec leur réforme des retraites, Emmanuel Macron et Élisabeth Borne veulent insérer trois « risques ergonomiques » – port de charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques, trois des quatre risques rejetés en 2017 – au sein d’un nouveau Fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle, qui serait théoriquement doté d’un milliard d’euros. Les salariés concernés bénéficieraient d’un suivi médical renforcé et d’un accès facilité à la reconversion professionnelle. Le premier gouvernement Macron avait donc pour satisfaire le MEDEF retiré du compte pénibilité des facteurs d’exposition au risque finalement suffisamment pénible pour tenter aujourd’hui d’en prévenir les conséquences.

Mais « fonds de prévention », cela veut dire qu’on a le temps de prévenir ces risques : que fera-t-on pour les salariés en fin de carrière et qui ont été exposés toute leur vie professionnelle à ces facteurs de risques ? Faudra-t-il se contenter d’un « ah ben tant pis, dommage » et d’une petite tape sur l’épaule pour les encourager à profiter pleinement de quelques mois à la retraite avant que les ennuis ne commencent et ne se terminent fatalement ?!?

Le président de la République va à Rungis pour asséner à des gens qui ont une vie plus dure que lui « C’est le travail qui vous permet de construire votre avenir » : il faut redonner leur sens aux mots qu’il prononce, plutôt que d’en faire les slogans creux : qu’il reconnaisse la réalité des conditions de travail, donc la dignité des travailleurs ! Et là encore, comme sur tout le reste du projet de réforme des retraites, l’unité syndicale est totale de la CFDT à la CGT…

Il n’y a aucune justification à refuser la réintégration des quatre critères exclus en 2017 dans un véritable compte pénibilité.

Frédéric Faravel

Retraites, dividendes et rachats d’action

Les vraies motivations de la réforme sont écrite noir sur blanc dans le budget 2023 et le programme de stabilité 2022-2027 : « Les administrations de sécurité sociale participeront à la maîtrise de l’évolution des dépenses, permise notamment par la réforme des retraites (…) Cette maîtrise de la dépense permettra (…) la suppression de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises) », c’est-à-dire la suppression des soi-disant « impôts de production » payés par les entreprises en particulier les plus grandes.

Des propos qui ont également été tenus par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire au micro de France Inter : « nous baisserons les impôts de production (…) pour ça, il faut être capable de l’autre côté (…) d’engager des réformes structurelles (…) c’est l’objectif de la réforme des retraites » – avant que le gouvernement change de communication pour tenter un peu tard de masquer le pot aux roses.

Nous avions nous-mêmes mis en lumière en octobre 2021 le fait que l’obsession macronienne pour aggraver la réforme de l’assurance chômage et réformer les retraites répondaient aux « recommandations » de la commission européenne et son exigence de voir menées des « réformes structurelles » pour réduire les dépenses publiques.

L’objectif n’est donc nullement d’améliorer les conditions des retraités ou de « sauver le système de retraites », mais de financer les baisses d’impôts qui favorisent les actionnaires.

Cette logique préside aux politiques néolibérales depuis près de 30 ans dans notre pays : faire basculer massivement le rapport de force de la rémunération du travail vers celle du capital : la réforme des retraites 8 milliards par an de plus dans cette logique.

En avons-nous eu un gain pour notre économie ou pour l’emploi dans notre pays ? La situation de notre commerce extérieur et de notre industrie démontre cruellement le contraire.

Lorsqu’une société rachète ses actions, les titres rachetés sont généralement détruits. Le capital et le nombre d’actions s’en trouvent réduits. Cela améliore mécaniquement certains ratios comme le Bénéficie par Action ou le rendement ou encore la trésorerie par action. Les actionnaires sont ainsi mécaniquement favorisés par une stratégie de rachat d’actions.

Mais ces rachats d’action sont de pures opérations financières qui n’apportent rien au développement des entreprises ; pire, elles traduisent aussi pour l’actionnaire un manque de perspectives ou une absence de stratégie de la part de ces entreprises, ce qui préludent à des déboires, dont font les frais en bout de chaîne les salariés.

Qui sont les entreprises bénéficiaires du transfert massif de rémunération du travail vers le capital méritent ? Ce sont de loin les grandes entreprises (plus de 5.000 salariés ou plus de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires) qui y gagnent le plus : plus de 6 millions d’euros en moyenne pour chacune d’elle, 450 fois plus que le gain moyen de toutes les entreprises, pendant que les boulangers doivent se battre pour payer leur facture d’énergie ! Gagnantes parmi les gagnantes, dans l’ordre : les grandes entreprisses de production et de distribution d’électricité, l’information et la communication, la finance et les assurances.

En 2022, les entreprises du CAC40 ont versé 80,1 milliards d’euros à leurs actionnaires, dont 23,7 milliards d’euros sous forme de rachats d’actions ! C’est 30 fois plus que les sommes que lesdits actionnaires ont apportées aux mêmes entreprises. C’est le niveau le plus haut jamais enregistré depuis 20 ans. Les trois premiers groupes redistribuant des capitaux propres à leurs actionnaires ont représenté 31% du volume : TotalEnergies (13,3 Mds d’euros de rachats d’actions ou de dividendes), LVMH (7,1 Mds) et Sanofi (4,7 Mds).

Le gouvernement prétend que le financement de notre régime général des retraites n’est plus suffisamment assuré ? Il est vrai qu’en taillant dans les cotisation depuis 30 ans, on pouvait s’attendre à quelques difficultés. Soumettre les rachats d’action à l’assiette de cotisation de la sécurité sociale résout ces différents problèmes : retrouver des recettes par l’élargissement des revenus qui cotisent ; renverser la logique privilégiant le capital sur le travail ; désinciter progressivement les entreprises au rachat d’actions en les soumettant à cotisation pour qu’elles préfèrent à terme l’investissement.

Au total, c’est plus de 260 milliards d’euros de dividendes qui sont versés en France chaque année, sans compter le gaspillage des rachats d’action pour gonfler les cours de bourse. Mettre à contribution les dividendes au même taux que les salaires rapporterait jusqu’à 48 milliards d’euros par an pour les retraites. De quoi rendre immédiatement et durablement excédentaire le système, et ainsi permettre de financer de meilleures conditions de retraites. Si ces revenus du capital cotisaient au même niveau que ceux du travail, il y aurait donc de quoi financer largement la retraite à 60 ans avec 40 annuités ou même 37,5 annuités !

Aussi exiger que les rachats d’action soient eux aussi soumis à l’assiette des cotisations de la sécurité sociale, c’est tout simplement de la justice et du bon sens !

Frédéric Faravel

Campagne Retraites

Nous n’avons pas renoncé à changer la vie et 2023 nous engage vers une nouvelle étape. Le gouvernement ayant décidé d’imposer sa réforme injuste et brutale des retraites, nous devons participer pleinement à la bataille. Celle ci devra passer par un travail de mobilisation et de conviction auprès de nos concitoyens.

Vous retrouverez ici les éléments pour mener cette bataille.

Le dossier Retraites, qui regroupe 3 textes. (◦ La réforme des retraites de 2023 : une obsession destructrice des libéraux, ◦ Les Retraites en France de 1940 à 1992, ◦ Les attaques directes contre le système de Retraites français)

Ce premier document, essentiel pour comprendre et expliquer les enjeux de notre engagement dans cette bataille est le premier opus d’une série d’outils et de textes qui seront proposés par la Gauche Républicaine et socialiste

Des tracts à télécharger et des visuels à partager sur les réseaux sociaux

Téléchargez le Tract du 1er mai 2023

Macron veut l’apaisement ? Un seul chemin : le retrait ou le référendum

Il n’est plus question d’accepter ses mensonges, qui ont plongé la France dans la crise sociale et démocratique.
Il faut empêcher l’application du recul de l’âge de la retraite à 64 ans ; il faut répondre à l’urgence sociale en indexant les salaires sur les prix. 
La GRS appelle à la création de Comités locaux citoyens pour le référendum d’initiative partagée (RIP) sur les retraites.
Rendons la parole au peuple et instaurons une 6ème République parlementaire.


Téléchargez le Tract #RIPretraites

Des Comités Citoyens pour le RIP !
Nous sommes + de 70 % contre cette réforme de régression
sociale.
Nous sommes + de 80 % contre le passage en force au 49.3.
Nous pouvons être 100 % pour la démocratie.

La Gauche Républicaine & Socialiste appelle donc à la
création de Comités locaux (départementaux) citoyens
pour le référendum d’initiative partagée (RIP) sur les
retraites.
La parole doit revenir au peuple !

Téléchargez le dossier

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Réforme des retraites, climat et répartition des richesses

La Gauche Républicaine et Socialiste dénonce avec vigueur la « contre-réforme » des retraites voulue par le Président Macron. Ce projet, inutile et injuste aura, en plus, des conséquences écologiques funestes.

Semant le doute chez les futurs retraités quant à l’avenir des pensions de retraite (montant, conditions d’âge, trimestres nécessaires) le gouvernement pousse les salariés et les travailleurs indépendants vers des systèmes de retraites complémentaires gérés par des assurances ou des gestionnaires d’actifs (étude IPSOS de février 2022). C’est ce qui était attendu de la Loi PACTE de 2019 pour dynamiser les plans épargne retraites au montant espéré par le secteur privé de 300 milliards d’euros.

Les assurances ou fonds de pension qu’ils soient français, européens ou américains tel Blackrock ont un point en commun ce sont leurs investissements orientés vers le profit maximum au détriment des choix d’intérêt général. Ces investissements participent trop souvent à l’exploitation des énergies fossiles en contradiction totale avec les objectifs de la COP climat fixant à 1,5°C la hausse maximale des températures pour les 20 ans prochains.

Ce projet évite tout à la fois de poser la question de la répartition de la richesse et de ses conséquences environnementales préférant le court terme des inégalités sociales, inégalités encore plus criantes cet hiver face à la crise énergétique.

Industrie, retraites : la faute à l’Europe ?

Emmanuel Maurel, député européen et animateur national de la Gauche Républicaine et Socialiste, était l’invité mercredi 1er février 2023 de La Faute à l’Europe sur France Télévision aux côtés de Clothilde Goujard de Politico Europe, Jean Quatremer de Libération et de Stéphanie Yon-Courtin, députée européenne renaissance.

Au sommaire :
📍 vers un « vrai » plan industriel européen ?
📍 la réforme des retraites est-elle demandée par l’UE ?

Nous constatons que les libéraux européens refusent de soutenir nos entreprises quand les Américains les incitent à délocaliser outre-Atlantique à coup de subventions massives. Oui agir de la sorte revient à tendre l’autre joue face aux mesures de prédation économique pratiquées par les États-Unis.

La commande de la réforme des retraites, avec celle de l’assurance chômage) au travers des « recommandations européennes » et de la mise en œuvre du « plan de relance » européen ne sont un secret pour personne (nous l’avions expliqué en octobre 2021). La Commission et les macronistes sont prêts à sacrifier tous nos acquis sociaux sur l’autel du marché et de la sacro-sainte « compétitivité ».
Chômage, retraites, même combat : précariser, stigmatiser les plus fragiles.
La présidence Macron restera celle de la grande régression.

La cruauté sociale d’une addition : 18 + 3 + 43 = 64

C’est une addition simple, 18 + 3 + 43 = 64.
Pour quiconque a fait plus de 3 ans d’études, et/ou a commencé à cotiser après l’âge de 21 ans, il n’est pas possible d’atteindre les 43 annuités nécessaire à l’obtention d’une retraite à taux plein avant l’âge de 64 ans. Pour la population la mieux formée de ce pays, celle qui a fait 3 ans d’études et plus, le passage de l’âge légal de 62 à 64 ans ne change quasiment rien. Le passage à 43 ans est déjà à l’œuvre depuis la loi Touraine de 2014. Le gouvernement ne fait que l’accélérer.

La réforme des retraites présentée par Elisabeth Borne prétend ré-équilibrer son système de financement et surtout économiser plusieurs milliards d’euros par an (on a bien compris que le raisonnement valait avant tout pour prétendre agir sur la réduction des dépenses publiques, plutôt que sauvegarder la pérennité d’un système dont le COR lui-même affirme qu’elle n’est pas en danger). D’où viennent les économies ? Sur qui reposeront ces efforts, si les plus aisés et les plus formés n’y participent que marginalement ? Essentiellement sur tous les autres : celles et ceux qui n’ont pas fait d’études, ou des études courtes, celles et ceux qui ont commencé à travailler avant l’âge de 21 ans.

Les prétendus « bénéfices » de la réforme des retraites reposent donc sur des sacrifices exigés de la part la population la moins favorisée de ce pays. Epuiser à la tâche les premiers de corvée pour épargner les premiers de cordée, il fallait y penser.
Comme si ce gouvernement tenait absolument à parfaire sa définition de la cruauté sociale et de la violence de classe.

La Gauche Républicaine et Socialiste soutient donc plus que jamais les mobilisations du 31 janvier et celles à venir en fixant comme objectif le retrait du projet Macron-Borne-Ciotti ; elle rappelle qu’elle considère également comme néfaste la loi Touraine de 2014 : la gauche de retour au pouvoir devra revenir sur celle-ci et proposer une loi pour améliorer notre système de retraites en le rendant plus solidaire encore et en lui permettant de répondre aux besoins des publics aujourd’hui pénalisés (femmes, salariés précaires, emplois pénibles, etc.).

Emmanuel Maurel dans Extra Local : l’étonnante hiérarchie des priorités du gouvernement

Emmanuel Maurel, député européen et animateur national de la Gauche Républicain et Socialiste, était invité vendredi 27 janvier 2023 dans l’émission Extra Local sur LCP et Public Sénat…
Il est interrogé sur l’actualité du socialisme, le congrès du Parti socialiste et le rassemblement de la gauche et sur le bras-de-fer engagé entre le gouvernement, les syndicats et la gauche sur la réforme des retraites, mais aussi la situation internationale et la guerre en Ukraine.

Il est également revenu sur le marché européen de l’énergie, conçu sur un modèle aberrant : oui comme le dit Arnaud Montebourg « L’Europe se suicide au gaz »… Dans les affaires de corruption au Parlement européen, Emmanuel Maurel a rappelé que les lobbies les plus actifs et dotés financièrement étaient les multinationales américaines.

Réforme des retraites : la fonction publique sacrifiée sur l’autel ordolibéral !

La réforme des retraites va également toucher les trois fonctions publiques. Dans un document envoyé à l’ensemble des fonctionnaires de l’État, le gouvernement annonce la couleur : travailler plus longtemps pour 0 % d’augmentation des pensions ! La ligne est claire : économiser sur leur dos.

L’allongement de la durée de cotisation et le recul de l’âge de départ sont identiques au secteur privé : 43 annuités et 64 ans pour les « sédentaires » (comprendre : administratifs). Les actifs et super-actifs (policiers, douaniers, soignants) devront quant à eux attendre respectivement leur 59ème et 54ème anniversaires pour partir en retraite au lieu de 57 et 52 ans. Le mode de calcul de la pension de retraite reste cependant inchangé (75% du dernier traitement brut hors primes).

Les fonctionnaires déroulent leur carrière au sein d’un corps (policier, professeur, inspecteur des finances publiques, etc.) qui comprend un ou plusieurs grades, eux-mêmes composés d’échelons. Le changement d’échelon est de droit (et se fait tous les deux à quatre ans), tandis que le changement de grade ne l’est pas et se réalise par cohortes limitées chaque année par concours, examen professionnel ou selon les bonnes grâces de l’administration. Autrement dit : il n’y a pas de place pour tout le monde !

C’est l’échelon qui détermine le montant du traitement brut et donc de la pension de retraite. Ainsi, pour les fonctionnaires arrivés au dernier échelon de leur grade à la veille de leurs 62 ans, le recul de l’âge de départ à la retraite ne leur permettra pas de bénéficier d’une meilleure base de calcul pour leur future pension !

Après la crise de la COVID-19, voici donc comment le gouvernement remercie les soignants des hôpitaux de leur dévouement !

En reculant l’âge de départ à la retraite, le gouvernent pénalise également les fonctionnaires, remplissant déjà toutes les conditions pour partir sans décote, qui décidaient de poursuivre leur activité de 62 à 64 ans pour bénéficier d’une surcote. Ceci amplifie donc l’arnaque du report de l’âge légal : ceux qui ont cotisé le plus longtemps auront perdu le plus de pouvoir d’achat dans leur vie active et pendant leur retraite ! Le gouvernent en a pleinement conscience, c’est pour cela qu’il propose aujourd’hui de discuter du report de l’âge maximal de départ à 70 ans !

Pour justifier cette réforme, le gouvernement met en avant le nécessaire équilibre du régime des retraites.

Mais les fonctionnaires bénéficient de leur propre régime de retraite (programme 741 de la loi de finances pour la fonction publique d’État et Caisse Nationale de retraite des agents des collectivités locales – CNRACL).

Diminuer les dépenses publiques, véritable objectif du projet Macron

Dans son rapport sur les pensions de retraite de la fonction publique pour la loi de finances pour 2022, le ministère des finances (par sa Direction du budget) relevait qu’en 2020, le régime de la fonction publique d’État était bénéficiaire de 1,3 milliards d’euros et que la caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL) était déficitaire de 1,473 milliards d’euros, notamment dû à la baisse du nombre de fonctionnaires dans les hôpitaux et les collectivités locales.

En somme, le régime de retraite est déficitaire de 173 millions d’euros, liées à la baisse du nombre de fonctionnaires territoriaux et hospitaliers, en lien direct avec la casse de l’hôpital, la dégradation des finances locales imposées par les gouvernements macronistes, en lien avec leur exigence de voir baisser les effectifs dans les collectivités territoriales !

D’autre part, le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) – dans son rapport de septembre dernier – reprend les hypothèses fournies par la Direction du budget. Le nombre de fonctionnaires serait fixe, sauf les 15 000 emplois dans les hôpitaux promis au Grenelle de la Santé. La nécessité d’embauche dans l’éducation, la santé, les soins aux jeunes enfants et aux personnes âgées dépendantes, la culture est oubliée. De 2022 à 2037, l’indice de la fonction publique perdrait 8,3% en pouvoir d’achat, alors que le pouvoir d’achat dans le privé augmenterait lui de 12,7%. Aucune leçon n’est tirée par l’exécutif de la dégradation de l’attractivité des emplois publics. Compte tenu de ces hypothèses, la part du traitement des fonctionnaires dans la masse totale des rémunérations passerait de 10,5% en 2022 à 7,8% en 2037. Cela présage donc d’une dégradation importante des pensions des fonctionnaires ; on comprend mieux pourquoi le ministre de la fonction publique s’est empressé d’envoyer un courrier électronique aux agents publics de l’État pour leur assurer que leur retraite à 1 250 euros bruts (pour les temps plein et les 43 annuités complètes) ne serait pas remise en cause.

Les économies ainsi espérées sur le régime des fonctionnaires grâce à la réforme Macron-Borne-Ciotti pourraient atteindre quelques 17 milliards d’euros, chiffre que le gouvernement n’affiche pourtant jamais et qui démontre ainsi en creux que l’objectif du projet n’est en rien la sauvegarde d’un système par répartition prétendument menacé de faillite (le COR et les économistes s’accordent à dire que c’est faux ou tout le moins « très exagéré » pour les plus indulgents) mais bien une diminution des dépenses publiques.

Les arguments du gouvernement sont concernant le rapport de l’État au régime général de plus en plus tendancieux : ainsi Bruno Le Maire prétend que l’État mettrait déjà au pot pour réduire le déficit des retraites – celui-ci si l’on en croit le ministre des finances creuserait donc le déficit de l’État –, ce n’est pas le cas, l’État ne subventionne pas le régime général : il paye simplement son dû en tant qu’employeur et, au regard du projet présenté, l’objectif du gouvernement est clairement de faire baisser cette dépense au détriment des pensions des fonctionnaires.

Pour équilibrer la CNRACL, il existe des alternatives : nous proposons d’augmenter les moyens alloués aux collectivités locales et aux hôpitaux afin de leur permettre de mener à bien leurs missions en embauchant plus d’agents, ce qui augmentera conséquemment le nombre de cotisants – et tout aussi vraisemblablement la qualité du service public !

Nous alertions déjà fin 2021 sur les liens entre l’Élysée et la Commission Européenne, qui avait « recommandé » à la France de réformer le régime des retraites et de l’assurance chômage – recommandation qui avait été prise en compte dans le Plan National de Résilience et de Relance présenté le 27 avril 2021 par le gouvernement à la demande de la Commission.

L’actualité sociale fin 2022/début 2023 ne fait que confirmer ce que nous disions alors.

JUSTICE-POLICE : NON AU SACCAGE DES RETRAITES !

Les fonctionnaires des services publics de la Justice et de la Police, sous pression et aux conditions de travail loin des besoins, sont tout aussi lucides que les autres salariés français : pour les « carrières longues » comme pour les autres, le projet gouvernemental est une lourde régression sociale. Le passage de la durée de cotisation à 43 annuités dès 2027 (accélération de la réforme Touraine déjà très négative) frapperait encore des fonctionnaires dont le point d’indice a été gelé de 2010 à 2016 puis de 2017 à 2022 et dont le traitement est en grande partie composé de primes qui ne comptent pas pour le calcul du montant de leur retraite.

La GRS s’oppose avec force au projet gouvernemental injuste et brutal de report de l’âge légal de départ à la retraite pour tous. En particulier dans les services publics régaliens que sont la Justice et la Police, la GRS soutient la mobilisation unitaire contre ce projet.
Les études sur la souffrance au travail le prouvent : l’épuisement professionnel lié au sentiment de perte de sens du métier et à l’anxiété se répand dangereusement parmi les fonctionnaires de Justice et de Police. Beaucoup, même parmi les plus anciens, développent des maladies liées à leurs mauvaises conditions de travail, à commencer par des dépressions nécessitant une prise en charge médicale.

Qu’en sera-t-il demain, avec la perspective de travailler deux ans de plus ? Face à cela, il est naturel de se sentir piégé par un gouvernement cynique qui cherche à diviser les salariés et les générations.

L’unité syndicale peut faire reculer le gouvernement et la GRS y apporte son soutien. Elle assure aussi de son soutien les fonctionnaires de Justice et de Police et leurs luttes pour une amélioration de leurs conditions de travail et contre le recul de l’âge légal de départ à la retraite.

TOUTES et TOUS en grève et dans les manifestations jeudi 19 janvier et autant qu’il le faudra !

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.