Une analyse des élections américaines

Mardi 3 novembre, les États-Unis vont procéder à une quadruple élection. D’abord, ce qui est le plus médiatisé, ils éliront leur prochain président. Ils procéderont aussi au renouvellement intégral de la chambre des représentants. Un tiers du sénat sera aussi renouvelé. Enfin, onze États procéderont à l’élection de leur prochain gouverneur.

Il y a quatre ans, Donald Trump avait renversé le scénario écrit d’avance et avait battu Hillary Clinton. Pour la deuxième fois en 16 ans, les républicains remportaient l’élection présidentielle avec moins de voix que les démocrates. De fait, depuis 1992, ils n’ont obtenu la majorité des voix qu’une seule fois, en 2004. Qu’en sera-t-il en 2020 ? Rappelons le mode de scrutin particulier de cette élection : le candidat en tête dans un État y remporte la totalité des grands électeurs. La nombre de grands électeurs correspond au nombre de parlementaires issus de cet État. Il y a au total 538 grands électeurs, il en faut donc 270 pour remporter l’élection.

Plutôt que de procéder à un exercice de voyance ou de répéter ce qu’indiquent les enquêtes d’opinion, concentrons-nous sur les enjeux de ces élections. En 2016, Hillary Clinton a perdu des États pivots (les fameux swing states qui font basculer l’élection en faveur de l’un ou l’autre candidat) de la zone désindustrialisée des grands lacs : le Wisconsin, le Michigan, la Pennsylvanie et l’Iowa. Les démocrates avaient jugé gagnés d’avance ces États ouvriers du Blue wall qui votaient pour leur candidat même lors des défaites de 1988, 2000 et 2004. Ils n’ont pas vu venir le basculement de la classe ouvrière dans le camp républicain. Les causes de ce basculement sont multiples, rappelons-en les points essentiels :

·        D’abord, les démocrates sont historiquement libre-échangistes tandis que les républicains sont protectionnistes. Cette dualité n’est pas nouvelle et date du XIXème siècle. La multiplication des accords de libre-échange et la mondialisation destructrice d’emplois industriels ont provoqué le basculement chez les républicains d’ouvriers qui votaient jusqu’alors démocrates, en suivant leurs intérêts immédiats.

·        Ensuite, il y a un recul profond de la syndicalisation chez les ouvriers. Or ce critère est déterminant dans le vote. Chez les travailleurs syndiqués, l’avance d’Hillary Clinton était de onze points, alors que Donald Trump la battait de deux points chez les non-syndiqués. Les politiques anti-syndicales menées par les républicains, et l’abandon des syndicats quand les démocrates étaient au pouvoir et les jugeaient ringards ont mené l’électorat ouvrier à ne plus privilégier ces derniers lors des élections.

·        Enfin, le parti républicain a mené depuis vingt ans une campagne d’anti-intellectualisme reprenant la rhétorique de la lutte des classes pour délégitimer le parti démocrate. Ce point a été analysé longuement par Thomas Frank dans Pourquoi les pauvres votent à droite. Les républicains ont fait passer les démocrates pour des intellectuels bourgeois hors-sol et déconnectés des réalités populaires, tandis que les démocrates abandonnaient peu à peu la classe ouvrière dans leur programme et leurs slogans.

Toutefois, ces trois raisons proviennent de plus loin et procèdent de tendances lourdes.

Historiquement, le parti démocrate était le parti des catholiques, des juifs, des afro-américains, des noirs, des sudistes et des ouvriers, tandis que le parti républicain représentait la classe moyenne et supérieure blanche anglo-saxonne, nordiste et protestante. Le parti démocrate représentait les classes populaires mais aussi les minorités, ce qui lui a garanti une majorité confortable et presqu’ininterrompue à la chambre des représentants de 1933 à 1995 et au Sénat de 1933 à 1980. La mise en place de l’État providence leur est due, et malgré une politique anticommuniste viscérale, les présidents Truman, Kennedy et Johnson ont poursuivi la construction d’un État social entamée par Franklin Roosevelt.

La stratégie des républicains pour briser l’unité populaire autour des démocrates a été de diviser son électorat. Dès les années 70, les républicains ont entamé une longue campagne de délégitimation de l’État-providence en alléguant qu’il ne profitait qu’aux minorités et que c’était un système où les blancs payaient pour les autres. Cette rhétorique a malheureusement traversé l’Atlantique, et nous sommes familiers avec ses arguments éculés : les allocations familiales permettraient aux noirs de vivre sans travailler, les soins sont gratuits uniquement pour les autres, etc. Du reste, cela a été efficace pour briser l’unité populaire. Dans un pays ultra-communautaire comme les États-Unis, monter les communautés les unes contre les autres a été chose aisée.

Par ailleurs, les républicains ont misé sur les valeurs religieuses, faisant passer le progressisme démocrate pour de l’irréligion. La question du droit à l’avortement est une fracture profonde et ultra-violente de la société américaine. La religion tient une place prépondérante dans la vie américaine, et l’avortement y est farouchement combattu par une large partie de la population. Les républicains en ont fait un sujet majeur et central éludant tous les autres sujets. Voter démocrate, ce serait voter pour des tueurs de bébés. Qu’importe que les républicains n’aient jamais réussi à renverser le jugement de la Cour suprême sur le droit à l’avortement, ce sujet leur a garanti un statut de parti unique dans les États très religieux du sud et du midwest.

Les démocrates n’ont pas essayé d’apporter une autre grille de lecture du monde. Ils n’ont pas essayé de ramener le débat à une opposition entre le parti du peuple contre le parti des possédants, comme c’était le cas dans les années 40 à 60. Les démocrates ont renoncé et se sont fait dominer par le discours républicain. Plutôt que d’essayer de reconquérir la classe ouvrière, ils ont cherché une majorité par d’autres moyens.

Un de ces moyens a été de miser sur les urbains progressistes et les minorités. Si cette stratégie a pu fonctionner avec Barack Obama, dont les origines ont permis une large mobilisation des afro-américains aux élections présidentielles, ou aux élections de la Chambre des représentants de 2018, où la stratégie de miser sur les circonscriptions des banlieues chics a permis de renverser huit ans de domination législative républicaine, elle a été un cuisant échec aux élections de mi-mandat de 2010 ou aux élections présidentielles de 2016.

Pour les élections présidentielles de 2020, les différents choix des démocrates se sont résumés en deux stratégies a priori incompatibles : la rust belt strategy ou la sun belt strategy. Faut-il essayer de reconquérir les États ouvriers des États industrialisés du nord, ou bien miser sur les métropoles du sud (Atlanta, Phoenix, Austin, Houston…) pour conquérir des États républicains du sud ? Si ces deux choix semblaient incompatibles il y a encore un an, Joe Biden a rendu possible les deux stratégies en segmentant sa communication.

L’ancien vice-président de Barack Obama a profité de deux phénomènes consécutifs. D’une part, le basculement des banlieues opulentes chez les démocrates, de l’autre la renaissance du socialisme à la gauche du parti démocrate.

La haine que Donald Trump et sa rhétorique populiste inspire aux Américains urbains huppés ne suffit pas à expliquer ce basculement. Si les républicains ont pu gagner un électorat populaire en repositionnant le débat sur le thème des valeurs morales et religieuses, ils y ont aussi perdu les riches progressistes. Les démocrates se sont engouffrés dans la brèche, et ont rencontré des succès inimaginables il y a vingt ans : le comté d’Orange, la banlieue hyper riche de Los Angeles, a voté pour la candidate démocrate en 2016 pour la première fois depuis les années 1930. En 2018, des circonscriptions très aisées des banlieues de Houston, Dallas, Atlanta, New York et même Salt Lake City sont passés aux démocrates. Joe Biden a bien compris qu’il y avait là un moyen de conquérir des États pourvoyeurs de grands électeurs. Il force Donald Trump à mener campagne dans des États républicains comme l’Arizona (qui n’a voté démocrate qu’une seule fois depuis 1952), le Texas ou la Géorgie.

Consécutivement, le mouvement socialiste est en pleine expansion à la gauche du parti démocrate. La candidature aux élections présidentielles de 2016 de Bernie Sanders et l’élection en 2018 de la très charismatique Alexandria Ocasio-Cortez ont donné des figures à un mouvement jusque-là moribond. Tout un électorat populaire, jeune, rural comme urbain a été stimulé par ce réveil. Si l’appareil démocrate a tout fait pour empêcher Bernie Sanders d’accéder à la nomination démocrate en 2016 et 2020, il n’a pas pu enrayer la montée socialiste. De plus en plus de primaires démocrates locales sont gagnées par des democratic socialists. Le groupe compte déjà une demi-douzaine de représentants, et va probablement encore s’accroître après les élections de 2020 : deux circonscriptions démocrates à majorité afro-américaine ont voté aux primaires pour un des leurs.

Il faut comprendre l’aspect ultra-communautarisé de la politique, et de la vie en général, aux États-Unis. Une des raisons de la défaite de Bernie Sanders en 2016 a été qu’Hillary Clinton a su fédérer autour d’elle les minorités lors des primaires. La stratégie des socialistes a alors été de miser sur des figures issues des minorités pour combler ce retard. Alexandria Ocasio-Cortez a beaucoup contribué au basculement des latino pour Bernie Sanders aux primaires 2020. La réduction du poids démographique des immigrants d’origine cubaine, farouchement anticommunistes et très républicains, au profit des travailleurs précarisés originaires de l’Amérique Centrale a aussi joué. Toutefois, il manquait à ce mouvement des figures afro-américaines. Les pontes démocrates afro-américains sont situés à l’aile droite du parti. S’ils arrivent à mobiliser la base lors des élections primaires, force est de constater qu’ils n’arrivent pas à enrayer l’abstention croissante et la désinscription massive des listes électorales orchestrée par les républicains. Cori Bush, infirmière et pasteure, ancienne sans-abri, a gagné les élections primaires à Saint-Louis, dans une circonscription imperdable par les démocrates. Jamaal Bowman a quant à lui gagné la primaire démocrate dans une circonscription du Bronx. Comme Alexandria Ocasio-Cortez, ils ont au passage renversé deux éminents démocrates sortants.

Si la stratégie des socialistes de miser sur les communautés qui étaient leur point faible a fonctionné jusqu’alors, ils doivent prendre garde à ne pas basculer dans le communautarisme délétère. Si la société américaine est très communautaire, il n’en reste pas moins que le succès de Bernie Sanders a été de dépasser ces clivages et de défendre les classes populaires sans distinction d’ethnie. Le soutien de Cori Bush et d’Ilhan Omar (représentante de Minneapolis) au mouvement Boycott Israël, la remise au centre du débat de la question migratoire ou bien l’historique de vote pour le moins contestable d’Ilhan Omar sur la reconnaissance du génocide arménien – elle est la seule représentante démocrate à ne pas avoir voté une résolution le reconnaissant – risquent de donner aux républicains et aux démocrates centristes de quoi combattre efficacement le mouvement socialiste en le divisant.

Toutefois, il est indéniable que les socialistes ont le vent en poupe. Malgré leur opposition violente lors des primaires 2020, Bernie Sanders et Joe Biden travaillent désormais main dans la main pour battre Donald Trump. Joe Biden a su adapter sa communication en profitant de l’aura des socialistes chez les jeunes et dans les États des Grands Lacs et de celle des démocrates centristes dans les banlieues huppées. Ils espèrent remporter ces élections sans précipiter leur parti dans une stratégie ouvertement droitière comme en 2018.

Enfin, Joe Biden profite d’un phénomène qui s’est accentué en quatre ans : le vote massif et majoritaire des femmes pour les démocrates. Déjà en 2016, Hillary Clinton avait 13 points d’avance sur Donald Trump dans l’électorat féminin. Toutefois, ce dernier avait dix points d’avance chez les femmes blanches. Les propos outranciers et vulgaires du président à l’égard des femmes, l’inscription assidue des démocrates dans le mouvement me too et le raidissement de Donald Trump sur la question de l’avortement (en 2016, il apparaissait modéré sur la question, et en parlait peu) ont précipité le basculement des femmes blanches. Il n’est désormais pas impossible que les femmes blanches votent majoritairement démocrate en 2020.

Du côté républicain, la croyance en la victoire de Donald Trump est toujours vivace. Si la campagne anti-Trump de l’establishment républicain en 2016 avait été aussi prolifique qu’inefficace, c’est parce que la base républicaine est solidement arrimée à lui. Le basculement de certaines banlieues huppées vient de ce que les indécis ont voté démocrate. Les sympathisants républicains affichent un soutien constant à Donald Trump, dont la popularité a été remarquablement stable durant son mandat. S’il n’a jamais dépassé les 50% d’approbation, il n’a jamais franchi la barre des 40%. L’Amérique évangélique et rurale lui affiche toujours un soutien massif. Il y a peu de déçus de Donald Trump au-delà de certains pans de l’électorat féminin blanc. Il est probable qu’en nombre de voix, le président sera sensiblement au même niveau qu’en 2016. Ce qui change sera la participation des démocrates et des indécis. Le vote par correspondance a explosé, et il est probable qu’il sera majoritairement démocrate.

Quel que soit le résultat des élections, la société américaine restera durablement fracturée. Les partisans de Donald Trump auront perdu un leader mais pas leurs idées et leur nombre. Les démocrates ne gagneront que grâce à un surcroît de mobilisation qu’ils devront consolider s’ils veulent rester durablement au pouvoir. Mais comment fédérer à la fois les banlieues huppées et les déclassés séduits par le socialisme une fois que le repoussoir Trump sera dehors ? Le choix a pu être repoussé une fois, mais on peut douter qu’il puisse encore l’être. Si Donald Trump est réélu, il fera toujours face à l’opposition viscérale et systématique de la moitié de l’Amérique.

Chili : les électeurs tournent la page Pinochet

Dimanche 25 octobre 2020, les Chiliens ont décidé de mettre fin au compromis qui avait présidé à la sortie de la dictature de Pinochet.

Cette transition démocratique avait établi une constitution néo-libérale qui limitait fortement l’action de l’État et promouvait l’activité privée dans tous les secteurs, notamment l’éducation, la santé et les retraites. Un système qui a maintenu une grande partie de la population dans la pauvreté et a poussé à l’endettement une autre partie, précarisant les classes moyennes. Remplacer la Constitution était donc une des revendications des manifestations lancées à partir du 18 octobre 2019 afin de réclamer une société plus juste. Il y a un an jour pour jour, 1,2 million de personnes descendaient dans les rues du Chili pour manifester contre les inégalités sociales après une hausse de 30 pesos (0,03 euro) du prix des transports publics à Santiago. La goutte avait fait déborder le vase social et politique dans le second pays le plus inégalitaire de l’OCDE.

Le vote s’est déroulé dans le calme et a été marqué par une participation de 50,8 %, un record depuis la fin du vote obligatoire dans le pays, en 2012. C’est en fait la participation la plus forte depuis l’instauration du vote volontaire en 2012. Près de 15 millions de Chiliens étaient appelés à voter. De longues files d’attente ont été observées malgré la pandémie. Les jeunes Chiliens ont visiblement voté en nombre, alors que 60 % s’étaient abstenus lors de l’élection présidentielle de 2017.

Les résultats sont sans appel : plus de 78% des électeurs inscrits ont approuvé la nécessité de donner une nouvelle constitution au pays et près de 80 % des votants ont choisi un groupe composé uniquement de citoyens (et aucun parlementaire – avec une parité hommes-femmes) plutôt qu’une “convention mixte” de citoyens et parlementaires.

Ce vote massif pour une Convention constituante illustre ainsi l’immense rejet de la classe politique par les Chiliens : la crise sanitaire du COVID-19 n’a pas arrangé leur confiance en leurs dirigeants (500 000 contaminations et 14 000 morts pour 18,2 millions d’habitants). L’un des grands défis des mois à venir sera d’élire des représentants qui aient davantage de légitimité auprès de la société.

Sebastian Piñera, président mal élu en 2017 et fragilisé depuis l’année dernière par une contestation sociale massive qui a été conduite hors des partis et des syndicats,  risque de connaître une fin de mandat dans l’ombre du processus constituant. La Tercera, l’un des journaux les plus lus du pays, estime que “ceux qui ont parié sur une solution politique ont gagné”. Pour ce grand quotidien, “ce qui s’est passé devrait adoucir le climat politique et, ce que tout le monde espère, écarter la violence”. Prenant acte de la défaite de son camp, le Président n’a même pas attendu la fin du dépouillement pour s’adresser au pays : « Aujourd’hui, nous avons une fois de plus démontré la nature démocratique, participative et pacifique de l’esprit chilien. […] Jusqu’à présent, la Constitution nous a divisés. À partir d’aujourd’hui, nous devons tous collaborer pour que la nouvelle Constitution soit un espace d’unité, de stabilité et d’avenir ».

Ce référendum marque surtout le début de plusieurs longs mois de réflexion. D’abord, le pays retournera aux urnes le 11 avril 2021 pour élire les 155 membres de l’assemblée constituante. Cet organe aura ensuite neuf mois pour préparer une proposition de texte. La ratification de la nouvelle Constitution ne devrait donc pas avoir lieu avant 2022.

C’est un choc violent, une immense défaite, pour la droite, qui s’attendait à obtenir un tiers des voix. La coalition au pouvoir s’en trouve fragilisée, car il y avait en son sein des personnalités favorables au changement de Constitution, dont l’ancien président de Rénovation nationale. Maintenant la droite doit panser ses blessures. Selon des sondages parus lundi matin, 32% des gens se revendiquant de droite auraient voté oui. Mais au regard du contexte aucun parti politique ne peut revendiquer la victoire. Or si certains veulent voir dans le résultat de dimanche et le processus qui commence un premier pas pour rétablir un équilibre social au Chili, la situation du pays impose de faire des réformes en parallèle du processus constituant, pour répondre aux demandes sociales urgentes de la société. Voilà un enjeu de taille pour la gauche chilienne dans un environnement qui reste particulièrement complexe.

Attaques et insultes de Recep Erdogan et d’Imran Khan contre la France : ça suffit !

La Gauche Républicaine et Socialiste considère avec sidération et colère les attaques contre la France menées par le président turc et aussi par le premier ministre pakistanais.

Jusqu’alors, la solidarité internationale primait sur les basses manœuvres politiques après un attentat. Las, M. Recep Tayip Erdogan a choisi de mener une campagne politicienne odieuse contre la République française, reprenant à son compte la rhétorique des terroristes pour masquer son impopularité grandissante et sa contestation interne.

Oser comparer la situation des citoyens français de confession musulmane à celles des Juifs européens sous le Troisième Reich est donc plus qu’une grave insulte diplomatique.
Alors que la liberté de culte est inexistante au Pakistan et que des non-musulmans y sont condamnés pour blasphème pour avoir bu dans un puits, le premier ministre pakistanais Imran Khan ose comparer le droit à la caricature aux mesures discriminatoires qui frappent les musulmans en Inde.

L’organisation d’un boycott des produits français orchestré par des chefs politiques qui ont choisi la lâcheté face à la Chine qui opprime la population ouighour est une marque supplémentaire de l’indécence de ces deux dirigeants. Nous ne pouvons pas croire que des propos aussi insultants pour notre pays n’entraîneront pas des conséquences diplomatiques fortes.

Nous reprenons à notre compte la phrase de Mustafa Kemal : « L’homme politique qui a besoin des secours de la religion pour gouverner n’est qu’un lâche ! Or, jamais un lâche ne devrait être investi des fonctions de chef de l’État. »

Universités de la Gauche Républicaine les 21 et 22 novembre à Marseille

La Gauche républicaine & socialiste, Les Radicaux de Gauche, République & Socialisme et Nos Causes Communes prennent acte de la situation sanitaire.

Nous décidons collectivement d’annuler la tenue de nos Universités de la

Gauche Républicaine les 21 et 22 novembre à Marseille.

Nous organiserons les UGR aux mêmes dates, en ligne. Les évènements

seront diffusés en direct depuis Facebook, Twitter et Youtube.

Nous annoncerons bientôt le programme et les intervenants.

La Bolivie a de nouveau le Morales !

Dimanche se tenaient les élections générales boliviennes dont le résultat a été sans appel. Le peuple bolivien s’est exprimé très majoritairement en faveur du Mouvement vers le socialisme (MAS). Les enseignements de cette élection et de la crise qui l’a précédée sont nombreux, et illustrent comment la presse conventionnelle peut, elle aussi, participer à la diffusion de « fake news » en vue de déstabiliser un régime démocratique.

Pour comprendre la complexité de cette crise, nous devons revenir sur la précédente élection, en octobre 2019. Afin d’effectuer un mandat supplémentaire, Evo Morales, alors président, avait modifié la Constitution. Si cette décision était critiquable, elle avait tout de même été menée démocratiquement dans le respect de l’Etat de droit.

La loi électorale bolivienne prévoit qu’un candidat peut être élu dès le premier s’il dépasse 50% des suffrages exprimés, ou bien s’il dépasse 40% avec plus de 10 points d’avance sur son concurrent le plus proche. Toujours au-dessus de 40% mais toujours en-dessous de 50%, Evo Morales a vu son avance dépasser les 10 points en fin de soirée électorale. Les résultats se sont nettement accrus en sa faveur en fin de soirée en raison de l’arrivée tardive des procès-verbaux des bureaux de vote des zones montagneuses et forestières, extrêmement favorables au MAS.

Toutefois, les opposants ont refusé de reconnaître ces résultats et ont accusé le président sortant de fraude électorale. Deux phénomènes se sont alors déclenchés et nourris l’un l’autre : l’affolement médiatique, et la déstabilisation diplomatique. Les médias institutionnels, y compris la presse française, ont pris pour argent comptant et sans les remettre en question les accusations infondées de l’opposition bolivienne. Les Etats-Unis et leurs alliés se sont empressés de profiter de la situation pour attaquer un régime qui ne leur était pas favorable. Lâché par l’armée et la police, Evo Morales a dû alors fuir le pays pour éviter un sort funeste.

La bourgeoisie bolivienne s’est alors lancée dans une furie contre-révolutionnaire fort peu démocratique : humiliation publique d’élus du MAS, chasses et ratonnades organisées par l’armée la police et les ligues d’extrême-droite de partisans du MAS, proclamation d’un gouvernement de transition en dehors de toute mesure parlementaire légitime. Sûre de son triomphe, elle préparait alors l’après : l’alignement sur le modèle capitaliste libéral pro-américain. La diplomatie bolivienne a tourné sa casaque, et s’est aligné sur la diplomatie de Donald Trump. Les privatisations des secteurs de la rente minière ont été lancées, et la destruction du modèle économique interventionniste bolivien a été entamée. Dans le même temps, la justice bolivienne a été dirigée toute entière contre Evo Morales, l’empêchant de se représenter. Les préparatifs d’une nouvelle élection pour draper le nouveau régime d’une légitimité démocratique qui lui faisait cruellement défaut ont été lancés.

A mesure que l’absurdité des accusations de fraude se révélait, et qu’il apparaissait de plus en plus clair que nous avions assisté ni plus ni moins à un putsch organisé par l’armée et la bourgeoisie bolivienne avec le soutien d’une puissance étrangère et l’approbation presque unanime de la presse dite progressiste, du New York Times au Monde, le peuple bolivien a montré des signes de résistance à cette prise de pouvoir. Les enquêtes d’opinion ont montré un soutien toujours grandissant au MAS, dont la dissolution, réclamée par les putschistes, n’était plus possible sans provoquer un soulèvement général.

Il faut comprendre le séparatisme et le mépris social et racial considérable de la bourgeoisie bolivienne pour saisir les tenants et les aboutissants de ce putsch. La Bolivie est un des pays d’Amérique latine où la part des amérindiens et des métis est la plus élevée. La bourgeoisie, héritière du système colonial, fait preuve d’un racisme bruyant et retentissant pour légitimer ses privilèges de classe : les amérindiens seraient sales, impurs, fainéants, violents, etc. Le mécanisme de racialisation de la question sociale pour éluder celle-ci est poussé à son paroxysme : en raison de critères ethniques présentés comme essentiels voire génétique, les amérindiens seraient indignes de posséder les richesses et les moyens de production. La politique socialiste et redistributive du MAS a radicalisé la bourgeoisie bolivienne et l’a conduit à appuyer un coup d’Etat grossier.

Le jeu de dupe n’a pas résisté à la mobilisation du peuple bolivien. Non seulement le candidat du MAS, Luis Acre, a remporté l’élection dès le premier tour, mais il a gagné près de 10 points par rapport à Evo Morales en octobre 2019 et obtient 54%. Le candidat des putschistes d’extrême-droite n’a obtenu que 14% des suffrages. Dans les régions où le rapport farfelu de l’opposition quant aux fraudes alléguées prétendait voir des résultats anormalement élevés pour Evo Morales, le MAS passe de 91 à 97% des suffrages. Les résultats préliminaires semblent montrer que le MAS, malgré l’entièreté de l’appareil d’Etat mobilisé contre lui, obtient la majorité absolue dans les deux chambres législatives.

L’élection de Luis Acre, figure extrêmement populaire, n’est pas surprenante. Ministre de l’économie d’Evo Morales, il incarnait le « miracle économique bolivien ». Contrairement à ce que préconise le modèle de pensée unique libérale promu par le FMI, il a refusé de privatiser le secteur minier et organisé un pilotage de l’économie par l’Etat, dans le but de redistribuer les richesses produites et d’empêcher un monopole étranger sur les ressources du pays. Le PIB de la Bolivie a quadruplé et le taux de pauvreté a été divisé par deux. La Bolivie démontrait qu’un autre modèle de développement, plus juste, moins inégalitaire, moins impérialiste, était possible. On peut y voir une des raisons de la mobilisation américaine contre le régime d’Evo Morales.

Le soutien de l’Union Européenne et de la presse institutionnelle à sa destitution, et le fait qu’elles aient massivement colporté des informations erronées, non vérifiées et qui sont apparues ridiculement fausse devrait pousser ces acteurs à reconsidérer les leçons de morale dans lesquels elles se drapent quant aux « fake news ».

La Gauche Républicaine et Socialiste se réjouit de la victoire de Luis Acre, et apporte tout son soutien au gouvernement légitime dans la sortie de cette période troublée, où la démocratie a failli être confisquée non dans le silence, mais dans l’approbation générale.

Attentat de Conflans-Sainte-Honorine : nous devons plus que jamais être unis face à la barbarie

Un professeur d’Histoire a été assassiné puis décapité vendredi en pleine rue à Conflans-Sainte-Honorine par un fanatique islamiste qui lui reprochait d’avoir montré en classe les caricatures de Mahomet à l’occasion d’un cours sur la liberté d’expression.

Nous n’avons pas de mots assez forts pour exprimer l’horreur que nous inspire cet acte ignoble et nous adressons nos condoléances à ses proches, ses collègues, ses élèves et sa famille. À travers ce professeur, c’est l’école républicaine son rôle d’éveil des conscience, l’apprentissage de l’esprit critique, la laïcité, la liberté d’expression, qui sont visés. C’est une volonté de nous terroriser pour qu’aucun citoyen n’ose plus réagir devant l’inacceptable et orienter les contenus scolaires pour faire triompher l’obscurantisme.

Nous ne pouvons cependant en rester là : la République doit être forte et rassembler les Français dans ce moment d’intense émotion et de tristesse.

La Gauche Républicaine et Socialiste propose donc à l’ensemble des forces politiques et sociales attachées aux valeurs de la République de demander ensemble l’organisation d’une journée de deuil national, qui doit être un hommage à la victime et à l’ensemble du corps enseignant qui a la charge de transmette les principes républicains à notre jeunesse.

Nous demandons aussi à la rentrée l’organisation d’une minute de silence dans tous les établissements scolaires, suivis d’échanges et de débats dans toutes les classes pour qu’au-delà de l’émotion la force de la Raison reprenne pleinement ses droits.

Enfin, il est essentiel que l’éducation Nationale soit d’une grande attention et d’une vigilance sans faille pour soutenir et accompagner tous les enseignants qui peuvent être mis en cause, menacés, placés sous pression au regard de leur enseignement.

Plus que jamais nous ne devons rien céder aux fanatismes religieux et au terrorisme islamiste.

Veolia-Suez : une fusion négative

Une profonde transformation du paysage des entreprises du secteur de l’eau, des déchets et de l’économie circulaire est en cours. C’est un secteur clef pour notre souveraineté nationale et pour la vie quotidienne de nos concitoyens. Or cette transformation s’est jouée en quelques jours dans un Monopoly capitalistique, face auquel la puissance publique s’est montrée impuissante.

Cette situation est d’autant plus inacceptable que l’État détient 23,64 % du capital d’ENGIE et 34,3 % des droits de vote théoriques. L’intervention et la vigilance publique étaient d’autant plus nécessaires que les activités concernées impactent la gestion de Biens Communs.

Voilà des mois que Bruno Le Maire est moqué sur les réseaux sociaux avec le mot-dièse #BrunoDemande ; la parole de l’État en matière industrielle a donc atteint un niveau de démonétisation terminale : ses admonestations à ne pas se précipiter dans cette affaire, tout en en soutenant de manière contradictoire l’intérêt, ont donc fini « en eau de boudin » : les instances d’ENGIE ont fini par accéder à l’exigence de VEOLIA avec le soutien des représentants CFDT. Cette démonétisation est d’autant plus dramatique que la parole du ministre de l’économie fut tout au long des négociations sapée par celle de l’Élysée. C’est la conséquence d’un déséquilibre institutionnel donnant plus de pouvoir à un fonctionnaire au cabinet présidentiel qu’à un ministre, qu’on avait déjà observé lorsque le secrétaire général adjoint Macron sapait les efforts du ministre Montebourg sur le dossier des hauts fourneaux.

Le rachat de Suez par Veolia aboutira de fait en France à la constitution d’un grand monopole privé dans la gestion de l’eau et des déchets. Or, s’il y a situation de monopole – surtout dans ce secteur –, celui-ci doit être public. Et si tel n’était pas le cas, il était préférable qu’il existe une concurrence saine entre entreprises françaises capables d’organiser une stimulation positive plutôt qu’une compétition destructrice.

Mais plus encore, la logique qui sous-tend le projet de Veolia conduira à court et moyen termes à l’introduction d’opérateurs étrangers qui occuperont l’espace de la libre concurrence. Tous les exemples précédents démontrent que cela aboutit à un accroissement significatif de la pénétration des entreprises étrangères en France. Cela ne sera pas sans conséquences négatives sur nos recettes fiscales, sur l’emploi et les conditions sociales des salariés français de ces entreprises et enfin sur la maîtrise technologique et la Recherche & Développement (car Veolia pour respecter les règles de la concurrence se séparera d’une partie des activités de Suez à l’international qui avait permis à cette société de construire des coopérations mondiales dans ce domaine).

Toute cette affaire pose donc une grave question de souveraineté nationale :

  • d’une part, une pénétration accrue de notre marché par des sociétés étrangères ;
  • d’autre part, et paradoxalement, une mise à mal des synergies qu’ont su construire Veolia et Suez entre activités nationales et internationales, en particulier en matière de développement technologique.

Ce regroupement aura des conséquences négatives pour l’emploi, que ce soit pour les fonctions « support » nationales ou régionales mais aussi dans les agences locales.

Il fait enfin porter un risque important sur la nécessaire diversité des solutions à mettre en œuvre dans le domaine de l’économie circulaire, où un modèle unique pourrait s’imposer, en choisissant de privilégier un modèle hyper-mécanisé et spécialisé, plutôt que de le faire cohabiter avec des centres locaux, plus diffus, plus mixtes mais dont le spectre des produits traités est plus large. Or ce sont des choix majeurs sur le chemin pour engager la transition écologique, pour favoriser l’emploi et les compétences, et pour soutenir le développement local.

La Gauche Républicaine et Socialiste exprime donc son opposition à l’absorption de Suez par Veolia. Elle défend l’idée qu’il ne saurait être possible d’imposer un monopole privé sur la gestion de l’eau et des déchets, tout monopole en ces matières ne pouvant être que public. Enfin elle promeut le retour à une véritable politique industrielle de la France, totalement abandonnée depuis 2014, qui seule peut stopper la désindustrialisation, permettre les relocalisations et engager notre pays vers des stratégies d’avenir en lien avec la nécessaire transition écologique. Il sera du devoir du prochain gouvernement de gauche de nationaliser le nouveau groupe, dans le cadre d’une stratégie offensive de reconquête industrielle.

Chili : les héritiers de Pinochet sombrent dans la répression

Fin 2019, le gouvernement chilien de Sebastian Piñera avait connu des semaines de mobilisation populaire contre l’augmentation du prix des transports publics. L’opposition à la décision du gouvernement avait évolué en une contestation généralisée du régime issu du compromis de 1989, entre partisans de Pinochet et démocrates. Face aux millions de manifestants qui ne reculaient pas devant la répression – qui avait entraîné une vingtaine de morts – le gouvernement n’avait eu d’autre choix que de céder et d’accorder un référendum constitutionnel.

Dimanche 25 octobre, les Chiliens exerceront leur souveraineté et voteront pour décider si une nouvelle constitution doit être adoptée, et le cas échéant si elle doit être proposée par une assemblée constituante ou par une commission mixte composée pour partie de membres du Parlement actuel. La constitution en vigueur, rédigée sous la dictature du général Pinochet, laisse peu de droits aux citoyens et grave dans le marbre les principes néolibéraux des Chicago Boys, les économistes américains qui soutenaient et conseillaient Pinochet et ont appauvri le peuple chilien.

La contestation populaire contre cet héritage de la dictature ne faiblit pas, et les enquêtes d’opinion indiquent un soutien massif au changement de constitution. Face à ce moment démocratique et populaire qui rappelle, dans une certaine mesure, la période d’espérance qui avait accompagné le gouvernement d’Union Populaire de Salvador Allende, le pouvoir et la bourgeoisie chiliens ont conservé des relents répressifs violemment anti démocratiques. La police chilienne s’en prend aux manifestants avec une violence intensive, en témoigne la photographie du manifestant de 16 ans gisant au sol qui circule dans les médias et sur les réseaux sociaux, et qui accentue la contestation d’un gouvernement qui n’a plus aucune légitimité populaire.

La Gauche Républicaine et Socialiste apporte son soutien aux manifestants chiliens et condamne la réponse répressive donnée par le gouvernement Piñera.

Nous avons besoin de vous !

Quelles que soient vos compétences, si vous touchez votre bille en droit, en bricolage, si vous aimez écrire, si vous êtes créatif… vous pouvez prendre part à des actions et ateliers près de chez vous ou encore nous envoyer vos vidéos, vos dessins pour des affiches etc.