Comprendre le jeu de la Russie en 2025 – entretien de David Gaüzère dans France-Arménie

Comment évolue la stratégie de Moscou après ses revers en Artsakh et en Syrie ? Jusqu’où pourra aller la coopération compétitive avec la Turquie ? Le chercheur et spécialiste de l’Asie centrale David Gaüzère (Président du Centre d’observation des sociétés d’Asie centrale (COSAC) et chercheur-associé au Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R)1. Il est également militant à la Gauche Républicaine et Socialiste) a accepté de partager ses analyses pour France Arménie. Nous diffusons aujourd’hui l’entretien accordé pour l’édition de mars 2025 par notre camarade avec son accord.

France Arménie : Avec le revers de la Russie en Syrie et ses percées sur le front ukrainien, comment évaluez-vous les priorités de la politique étrangère de la Russie en 2025 ?

David Gaüzère : La priorité de Moscou sera d’après moi un recentrage sur l’Afrique, car ce continent voit la présence russe se renforcer, contrairement au reste du monde où soit l’influence de la Russie est contestée (Ukraine, Caucase, Syrie), soit est bien présente, mais limitée à un soft power discret (Amérique du Sud). En Afrique, des instructeurs militaires et paramilitaires russes sont directement impliqués en Libye, auprès du maréchal Khalifa Haftar, ou, plus au Sud, en soutien aux trois régimes sahéliens putschistes (Mali, Burkina Faso et Niger) ou encore en République centrafricaine.

Les tensions augmentant avec la France à deux niveaux (contentieux franco-algérien et franco-russe), il est fort possible que d’ici peu de temps Alger fasse appel à Moscou pour installer une base navale et/ou aérienne en bordure de la mer Méditerranée en Algérie. Toujours est-il que la Marine russe, naguère stationnée à Tartous en Syrie, peut facilement trouver en Méditerranée d’autres ports d’attache, en premier lieu en Libye, sinon – en accord avec ces États alliés – en Égypte ou en Algérie. Ces ports « prêtés » rapprocheraient du reste la Marine russe des côtes de l’Union européenne (UE), notamment dans le cas algérien.

Cette priorité n’est-elle pas dictée par une question de sécurité nationale ? A savoir éliminer les ressortissants russes partis faire le djihad en Syrie sous la bannière des différentes factions rebelles ?

La Russie a subi ces dernières années deux revers majeurs en peu de temps dans deux régions proches l’une de l’autre, à savoir en Artsakh (2020 et 2023) et en Syrie (2024). Moscou est en mauvaise posture dans ces deux endroits, du fait de sa perte d’influence face à la montée en puissance de la Turquie.

Aujourd’hui, les relations entre Moscou et Ankara souffrent d’un véritable manque de lisibilité, qui nuit en principal lieu à Moscou. Officiellement, les deux hommes forts que sont Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdoğan se toisent, s’impressionnent et se craignent dans une relation virile et équilibrée de joueurs d’échecs. Mais, le Turc, fin stratège, a toujours le dernier mot : soutien d’Ankara au gouvernement libyen de Fayez el-Sarraj face au maréchal Haftar l’homme de Moscou, protection des éléments djihadistes, notamment russophones, par Ankara dans le nord de la Syrie, appui discret d’Ankara aux Tatars de Crimée pour leur autonomie et leur renaissance culturelle contrecarrant à moyen terme l’action de Moscou dans la province annexée ; inaction totale de la Russie face à l’annexion azerbaïdjanaise de l’Artsakh chapeautée par Ankara et aux agressions quotidiennes de l’Azerbaïdjan dans le Siounik arménien et montée de l’Organisation des États turcophones avec une coopération interne très dynamique en matière de défense face à une CEI stagnante, sans encore évoquer l’ancrage turc également en Afrique. Partout, la Russie est contrariée par son soi-disant allié turc du moment. Aussi, cette alliance de façade sera condamnée à échouer d’ici peu de temps, sans doute une fois le conflit ukrainien gelé.

Que sait-on du nombre et de la situation des combattants rebelles de nationalité russe et de pays d’Asie centrale en Syrie ?

Ils seraient évalués autour de 700-800 hommes. Ils appartiennent essentiellement à al-Tawhid wal-Djihad, plus communément qualifié de Djannat Ochiklary. Cette katiba (unité djihadiste), toujours fidèle à al-Qaïda – même du temps de la puissance de l’Organisation État islamique (OEI) – était dirigée par Abou Saloh, un Ouzbek ressortissant du Kirghizstan provenant de la ville d’Och (sud du Kirghizstan), et comprenait quelques centaines de combattants issus de cette région multiethnique qu’est la vallée du Ferghana. En Syrie, cette katiba, qui a un temps tenu Alep jusqu’en 2016, s’est ensuite repliée dans le réduit d’Idlib, jusqu’à l’offensive éclair de décembre 2024, dont elle était l’un des principaux fers de lance. Parmi ses dirigeants, un certain nombre avaient combattu dans l’OEI au sein de la garde prétorienne d’al-Baghdadi dirigée par le colonel tadjik Goulmourod Khalimov. À la mort de ce dernier et à la chute de l’OEI, ces combattants d’élite étaient alors repartis en Afghanistan. Cependant, du fait de leur longue absence entre 2014 et 2019, les hiérarchies avaient été reconstituées dans la djihadosphère afghane, y compris russophone, et ces hommes n’avaient pas, pour la plupart, pu retrouver leur place ; ce qui les avait donc forcés à retourner en Syrie et reprendre la lutte djihadiste sur ce terrain, en plaçant leur tactique militaire héritée de l’ex-Armée rouge soviétique au service d’al-Qaïda, puis de Hayat Tahrir al-Cham (HTC). Parmi ces combattants revenus en Syrie, figure Saïfiddin Tadjibaev, devenu après l’installation du nouveau pouvoir à Damas, le chef d’état-major de la nouvelle armée syrienne, en signe de reconnaissance par HTC pour ses actes passés.

Héritière de la diplomatie soviétique, la diplomatie russe jouit d’une remarquable expertise sur les affaires du monde arabe, pensez-vous que Moscou avait anticipé le succès des rebelles islamistes syriens ?

Non, Moscou pensait que, comme à Alep en 2016, le régime pourrait de nouveau maintenir son emprise sur de larges pans de la Syrie, notamment Damas et le réduit alaouite de Lattaquié (une plaine étroite facilement défendable entre la Méditerranée et les monts Anti-Liban) et n’a pas du tout anticipé un effondrement aussi rapide. Moscou avait cependant plusieurs fois par le passé appelé le régime baasiste syrien à faire des « réformes », mais n’a pu l’y convaincre. Par lassitude d’une part et du fait du dégarnissement d’autres zones du monde où l’armée russe était présente pour renforcer ses troupes en Ukraine, Moscou a laissé tomber le régime d’Assad. Cet abandon aura malheureusement des conséquences dans le Caucase avec le retour du djihadisme dans les républiques musulmanes de la Fédération de Russie et en Asie centrale post-soviétique. Tadjibaev, qui a de nombreux soutiens au Tadjikistan, est par exemple qualifié par ses pairs de « président », car dans sa tête il a déjà détrôné Emomali Rakhmon, le chef d’État tadjik actuel, et gouverne à sa place un État devenu islamiste.

Que pouvez-vous nous dire au sujet de la coopération russo-turque en Syrie ? Est-ce cela qui explique l’absence de confrontation directe entre les soldats russes présents en Syrie et les rebelles de HTC ?

La coopération russo-turque est en Syrie, comme auparavant en Artsakh, une coopération en chiens de faïence. Mais, il est clair que, du moins pour l’instant, c’est la Turquie qui sort gagnante de ce bras de fer. La Russie a besoin de soldats en Ukraine et doit pour ce faire dégarnir les autres fronts (Tadjikistan, Arménie, Syrie…). Mis en place en 2020, le centre de coopération technique russo-turc d’Aghdam n’a pas fonctionné depuis et la prise par l’Azerbaïdjan, aidé de la Turquie, du dernier réduit encore « libre » de l’Artsakh trois ans plus tard a mis fin à la vocation de ce centre, comme à celle de la Russie en tant que puissance d’interposition. La suite de la partie s’est jouée en Syrie, où la chute du régime Assad, soutenu par Moscou, et la panique au même moment des soldats russes sur les bases de Hmeimim et de Tartous ont sonné le glas de leur présence sur place, au même moment où les forces turques ont profité du chaos syrien ambiant pour reprendre des villes comme Manbij aux Kurdes d’YPG et envoyer leurs agents d’influence dans le sillage du ministre des Affaires étrangères (et ancien chef du MIT) Hakan Fidan auprès du nouveau régime à Damas. Moscou n’a, en revanche, à l’heure actuelle, toujours pas envoyé de signes positifs ou négatifs en direction du nouveau pouvoir de HTC à Damas.

Pensez-vous réaliste que la Russie rapatrie ses facilités militaires navales en Libye où dans les zones contrôlées par le maréchal Haftar se trouve le port en eaux profondes de Tobrouk ?

Oui, car c’est la dernière zone que Moscou tient encore en Méditerranée et, dans cette partie du monde, la Russie peut encore compter sur ses alliés égyptien et algérien.

Est-ce que ce repli russe dans le Moyen Orient aura pour conséquence une concentration de l’effort militaire et diplomatique russe dans le Caucase du Sud et en Asie centrale ? Pourquoi ?

Il est difficile ici de répondre pour le moment, tant les signes contradictoires sont forts, ne serait-ce par exemple que dans le Caucase du Sud : en Géorgie, la « victoire » du parti pro-russe, Rêve géorgien, dans les élections législatives trafiquées du 26 octobre 2024 et le départ de la présidente pro-UE Salomé Zourabichvili sont un point marqué par Moscou, mais qui d’un autre côté ne peut enrayer les ambitions azerbaïdjanaises soutenues par Ankara, dont le rêve est d’isoler – sinon occuper – l’Arménie en reliant la Turquie au vaste espace turcophone centrasiatique dans un projet néo-impérial panturquiste. L’Arménie est, comme la Moldavie, tiraillée entre de fortes velléités pro-UE et le besoin d’être défendue par la Russie. À Erevan, le pouvoir pro-occidental de Nikol Pachinian est contesté par une
forte opposition pro-russe conduite par d’anciens hauts-gradés nostalgiques (Onik Gasparian) et appuyée par une grande part d’Artsakhiotes pour qui la perte de l’Artsakh, qui aurait pu être évitée, est la conséquence de la relation inamicale entre Poutine et Pachinian.

Chisinau, la présidente pro-UE Maia Sandu se trouve face à ses minorités gagaouze (turque orthodoxe) et transnistrienne (russe) au positionnement pro-Poutine.

En Asie centrale, le changement générationnel commence à se voir sur la relation entretenue avec la Russie, avec la montée de critiques internes au soutien de l’action de la Russie en Ukraine (le Kazakhstan et l’Ouzbékistan ne reconnaissent pas par exemple les républiques sécessionnistes pro-russes d’Ukraine et les récentes annexions territoriales de Moscou dans ce pays).

Comment peuvent évoluer les relations russo-azerbaïdjanaises après le crash de l’avion d’Azerbaijan Airlines au-dessus de Grozny à Noël dernier ?

Dans l’immédiat, elles n’évolueront pas, car la Russie et l’Azerbaïdjan restent encore tous deux membres de la CEI et des intérêts économiques communs liés aux exportations de pétrole et de gaz naturel de la mer Caspienne lient encore ces deux États. Cependant, il est fort probable qu’à moyen terme la fin prochainement annoncée de l’alliance entre la Russie et la Turquie rebattra de nouveau les cartes dans le Sud-Caucase et ailleurs.

Par ailleurs, si Poutine conserve encore une « vision eurasiste » de son pouvoir, qui ne dit pas que son successeur n’aura pas une vision pan-slaviste mettant plutôt en avant les valeurs de la Russie éternelle ? Si cette éventualité se produisait, peut-être alors que la question de l’Artsakh pourrait revenir sur le devant de la scène régionale, notamment si une nouvelle majorité politique pro-russe venait au même moment à s’emparer du pouvoir par les urnes à Erevan. Enfin, il ne faut pas perdre de vue l’évolution du régime politique en Iran. Si ses jours sont comptés, sa chute pourrait soit, si elle est bien orchestrée, entraîner une évolution politique maîtrisée sans changements territoriaux. En revanche, si elle devait mener au chaos, un risque de désintégration de l’Iran multi-ethnique ne serait alors pas à exclure et, auquel cas, les Azéris iraniens – plus nombreux qu’en Azerbaïdjan – pourraient alors s’unir dans les frontières d’un « Grand Azerbaïdjan » panturquiste.

À cela s’ajoute encore la question kurde. Il en résulterait des conséquences régionales incalculables et gravissimes dans le grand jeu des puissances riveraines qui se déroule du Caucase à l’Asie centrale, dans son acception géographique la plus large.


  1. David Gaüzère est également co-auteur avec Yoann No-miné de l’ouvrage Le Chaudron vert de l’islam centrasiatique : vers un retour des ethnies combattantes en Asie centrale postsoviétique (L’Harmatan, 2020) et de nombreux chapitres d’ouvrages et articles portant sur l’observation des formes de radicalisation religieuse en Asie centrale et de leur incidence sur la situation sécuritaire de la région. Il a notamment publié un chapitre dans l’ouvrage Haut-Karabakh : le livre noir, intitulé « Haut-Karabakh : l’Etat profond turc contrarié par l’axe sino-russe » (Ellipses, 2022). ↩︎

Chute de Bachar el Assad : la Syrie entre espoir et inquiétude

Après 13 ans de guerre civile, le régime sanguinaire de Bachar el Assad est tombé.

Le tyran, connu pour avoir utilisé des armes de guerre incluant des armes chimiques contre la population civile, emprisonné, torturé et assassiné nombres d’opposants politique, est en fuite à Moscou. Sous son règne, la politique internationale de la Syrie sous a toujours consisté à soutenir cyniquement la politique du pire, participant activement à la déstabilisation du Liban après que l’armée syrienne a dû évacuer celui-ci, relâchant des djihadistes qui ont grossi les rangs de l’État Islamique, soutien constant de l’Iran dans les conflits régionaux.

La chute du régime syrien réjouit les défenseurs des droits humains que nous sommes. Cette bonne nouvelle ne saurait masquer nos vives inquiétudes pour l’avenir de la Syrie.

La guerre civile syrienne oppose notamment la Turquie et l’Iran, et c’est un groupe islamiste, Hayat Tahrir Al-Cham, anciennement affilié à Al Qaeda qui est entré dans Damas hier matin. Nous redoutons le pire pour des millions de Syriens, particulièrement les Kurdes, désormais à la merci de l’armée turque et des islamistes, ainsi que les minorités chrétiennes, chi’ites, druzes et alaouites, qui craignent, non sans raisons, que les signes d’apaisement envoyés par le nouveau pouvoir ne soient qu’un écran de fumée.

Nous appelons la diplomatie française à agir avec détermination pour contribuer à la mobilisation internationale indispensable à la protection des droits humains en Syrie, particulièrement ceux des femmes et des minorités, dans le long processus de reconstruction de la Syrie qui s’engage.

Ignoble Bezalel Smotrich

Quelques jours après que son collègue Ben Gvir (celui qui avait réprimé les manifestations des familles des otages) a fait libérer des soldats de Tsahal accusés de viols, le ministre Smotrich envisage à présent de laisser mourir de faim les Palestiniens de Gaza !

Ces actes et déclarations ignobles s’ajoutent aux dizaines de milliers de morts dans les bombardements et aux accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité contre Gallant et Netanyahu. Mais le pire est à venir.

Personne ne devrait pleurer la disparition d’Haniyeh, terroriste antisémite et chef du Hamas. Elle n’aurait pas suscité notre inquiétude s’il n’avait pas été tué en Iran. Or c’est la 2e fois qu’Israël frappe le territoire du régime des Mollahs depuis le 7 octobre.

Une riposte par des moyens sans commune mesure avec ceux employés suite à la destruction de leur ambassade à Damas semble donc inévitable. Le gouvernement d’Israël mène non seulement sa patrie, mais aussi toute la région au bord de l’abîme.

La France et l’Union européenne doivent agir pour enrayer cette mécanique infernale, moralement et humainement insupportable.

CESSEZ-LE-FEU MAINTENANT ! LIBÉRATION DES OTAGES MAINTENANT !  ÉLECTIONS MAINTENANT !

Chaque jour qui passe apporte son lot d’horreurs au Proche-Orient.

Notre communiqué du 16 février dernier conserve malheureusement toute son actualité et nous pourrions le répéter à chaque nouvelle information qui nous parvient de la bande de Gaza, de Cisjordanie et d’Israël.

Ces derniers jours l’ont encore illustré : mitraillage d’un convoi alimentaire dans la bande de Gaza, mises en scène vidéos odieuses par des soldats de Tsahal acquis aux thèses suprémacistes-religieuses des alliés de Netanyahu, colonisation de territoires supplémentaires en Cisjordanie, menaces d’une offensive de grande ampleur sur Rafah, qui provoquerait immanquablement des milliers de morts parmi les civils. Tout cela est insupportable.

Benyamin Netanyahu estime que les attentats islamistes du 7 octobre 2023 l’autorisent à commettre impunément les pires crimes, alors que ni le droit, et encore moins la raison, ne le permettent. Aucune des décisions qu’il a prises pendant les trop longues années où il a été au pouvoir, jusqu’à ces derniers mois et dernières semaines, n’a assuré la sécurité des citoyens israéliens. Netanyahu a été incapable d’obtenir la libération inconditionnelle des otages – il a même été contraint de libérer des terroristes en échange de quelques civils israéliens. Près de 6 mois après le déclenchement de la guerre à Gaza, il se montre incapable « d’éradiquer le Hamas ». Et les atrocités commises contre les civils gazaouis, ainsi que l’officialisation par Tel-Aviv du refus d’une solution à deux États, dégradent presqu’entièrement la légitimité d’Israël à riposter aux yeux de la communauté internationale.

Après le vote du Parlement européen en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et permanent, c’est au tour de la Vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, d’en faire de même. Jamais l’État d’Israël n’a été aussi isolé sur la scène internationale, jamais son existence n’a été remise en cause aussi ouvertement dans le monde et dans certaines fractions des opinions publiques. Netanyahu et ses alliés racistes et suprémacistes religieux ont réussi le tour de force de stimuler la haine et les pires déclarations à l’encontre de leur pays.

La GRS réaffirme l’absolue nécessité d’un cessez-le-feu à Gaza, qui permette de secourir les populations civiles et d’obtenir la libération inconditionnelle des otages israéliens. Nous en appelons également à l’arrêt des provocations, des humiliations et des exactions commises contre les Palestiniens de Cisjordanie. Nous apportons notre soutien aux nombreux Israéliens qui veulent en finir avec Netanyahu et sa coalition criminelle, héritière des assassins d’Yitzhak Rabin, et qui demandent la convocation d’élections générales dans les plus brefs délais.

La Paix, maintenant ! Arrêtons Netanyahu !

Depuis son accession au pouvoir (la première fois, il y a plus de 25 ans), Benyamin Netanyahu a tout fait pour saboter le processus de paix des accords d’Oslo, dont l’aboutissement devait être une solution à deux États. Il n’a eu de cesse de coloniser la Cisjordanie et Jérusalem Est, tout en soutenant en sous-main les mouvements palestiniens les plus dangereux et sectaires.

Sa stratégie sécuritaire est un naufrage ! Enserrer les territoires palestiniens par des murs et des clôtures, expulser les Palestiniens de leur village ou de leur maison, entraver leur circulation n’aura pas permis d’éviter le pire massacre terroriste depuis la création de l’État d’Israël. Au contraire, la responsabilité de Netanyahu et de ses alliés politiques est très lourde dans ce crime commis par le Hamas et le Djihad islamique, qu’il a nourris pour en faire un repoussoir à la Paix. De plus, il a délibérément ignoré les nombreuses alertes de ses services et de ses voisins sur les attaques en préparation.

Après le choc du 7 octobre, l’État d’Israël a exercé son droit légitime à riposter. Mais obsédé par sa survie politique, Netanyahu est allé bien au-delà, lançant son pays dans une guerre totale contre Gaza. Et après quatre mois de frappes aveugles et indiscriminées, les otages n’ont pas été libérés et le Hamas n’a pas été éradiqué. Chaque jour, des civils plus nombreux, hommes, femmes et enfants par centaines, paient de leur vie la fuite en avant du gouvernement israélien.

Benyamin Netanyahu n’est pas plus chef de guerre que protecteur de la population israélienne. Il n’est qu’un politicien corrompu qui pousse l’indignité jusqu’à donner raison aux délires millénaristes du camp « suprémaciste-religieux » avec lequel il s’est allié. L’histoire le jugera comme il le mérite : sévèrement et sans aucune circonstance atténuante.

Nous formons l’espoir que la société israélienne ne cède pas davantage aux exactions perpétrées par les colons messianiques et leurs relais politiques, bureaucratiques et militaires : la mobilisation populaire devra débarrasser Israël du pire gouvernement de son histoire.

Pour sa part, la communauté internationale doit prendre ses responsabilités immédiatement et tout mettre en œuvre pour imposer que l’aide humanitaire atteigne Gaza, que les otages soient libérés sans condition et que les combats cessent, par l’arrêt des bombardements et des opérations sur Rafah, où Netanyahu a contraint les Gazaouis à se « réfugier ». Si Netanyahu décidait, en pleine connaissance de cause, de frapper Rafah transformée en souricière, alors il franchirait avec ses alliés d’extrême droite une étape supplémentaire dans l’ignominie.

La Gauche Républicaine et Socialiste appelle le gouvernement à porter la voix de la France aux Nations Unies pour mettre un terme à ces massacres et engager une procédure internationale contre Benyamin Netanyahu et ses complices ministériels pour ne pas laisser leurs crimes impunis.

Israël – Palestine : assez de la guerre, assez des massacres !

Au moment où le président de la République est en Israël et en Palestine, où les morts se comptent par milliers depuis les attaques terroristes du 7 octobre, le risque d’embrasement général est extrême. Dans ce terrible contexte, la France doit plus que jamais continuer de défendre sa position historique : la sécurité pour les Israéliens et un État pour les Palestiniens.

Le Président doit d’abord renouveler notre soutien au peuple israélien qui a connu l’innommable, subissant des massacres d’une inhumanité absolue et demeurant dans l’angoisse sur le sort de centaines d’otages. Les choses doivent être clairement dites et notre condamnation des atrocités du Hamas ne doit souffrir aucune nuance.

Nos pensées et notre compassion vont naturellement en direction des victimes, particulièrement nos 30 compatriotes qui ont perdu la vie, de leur famille durement éprouvée et de leurs proches. La libération de tous les otages est notre priorité. La France s’honore de ne jamais lâcher ses ressortissants.

S’il faut évidemment être impitoyable à l’encontre des terroristes, notre tâche est aussi d’exiger que les populations civiles de Gaza cessent d’être la cible collatérale des représailles. Le droit de la guerre doit être respecté, ce qui suppose en premier lieu de lever le blocus et de laisser passer toute l’aide humanitaire nécessaire. Le bilan s’aggrave de jour en jour et n’épargne personne : enfants, femmes, personnes âgées. Et n’oublions pas que nous avons des compatriotes à Gaza. Comme tous ceux qui sont pris au piège là-bas, leurs conditions de vie insupportables nécessitent une action rapide et résolue pour que cesse leur tragédie. Une vie humaine a la même valeur en Israël et à Gaza !

Il n’existe pas de responsabilité, ni de punition collectives : le peuple palestinien n’est pas le Hamas ! Les Gazaouis vivent depuis 17 ans sous la coupe réglée de ces fanatiques, qui ne reculent devant rien pour faire taire toute voix différente et toute opposition. Pour le Hamas, tout est bon pour détruire Israël, éradiquer les Juifs et instaurer la Charia, y compris utiliser sa propre population comme bouclier humain.

En accord avec la position de l’ONU exprimée par la voix de son Secrétaire général, la France doit en appeler au respect du droit international et donc à l’arrêt des bombardements indiscriminés. Avec l’ONU, elle peut créer les conditions pour qu’une trêve et un « cessez-le-feu humanitaire » soient instaurés. Gaza a besoin d’au moins 100 camions de vivres, de médicaments et de carburant (notamment pour alimenter les groupes électrogènes des hôpitaux) par jour. Malgré les efforts diplomatiques, nous en sommes encore très loin, alors que les souffrances ne vont qu’en empirant. La France doit peser de tout son poids pour que les missions humanitaires soient pleinement accomplies. Il est à cet égard extrêmement regrettable qu’Emmanuel Macron n’ait pas soulevé ce point lors de sa conférence de presse commune avec Benjamin Netanyahu. Doit-on cette abstention à l’influence du Président américain, qui de manière incompréhensible, rejette cette idée pourtant élémentaire ? La France ne saurait rester alignée sur une telle position. Elle doit non seulement clarifier sa parole, mais aussi prendre les initiatives qu’elle estime justes et nécessaires pour parvenir à la paix, en toute indépendance des États-Unis. L’expérience prouve en effet que les méthodes de Washington sont infiniment loin d’avoir contribué à l’apaisement dans le Proche et le Moyen-Orient.

Il faudra reprendre au plus vite les négociations en vue d’une issue pacifique au conflit israélo-palestinien. Cela sera l’occasion pour la France et l’Union européenne de rappeler qu’il n’y a pas d’alternative à la solution à deux États et l’arrêt immédiat de la colonisation ! Gardons à l’esprit la résolution votée par le Parlement français en 2014, qui reconnaissait la Palestine et que Netanyahu avait violemment rejetée. Tous ceux qui pensent comme lui, et particulièrement ses alliés racistes, suprémacistes et messianistes à la Knesset, ont lamentablement échoué. Leur politique de colonisation et d’annexion de la Cisjordanie et d’humiliation permanente des Palestiniens est un désastre intégral, pour la Paix et la survie de la démocratie, reconnu par les Israéliens eux-mêmes. Il faut retrouver la voie pour une paix durable et la France doit y prendre toute sa place !

Enfin la France doit se mettre à l’avant-garde de la lutte contre l’antisémitisme qui progresse de façon alarmante chez elle et dans toutes les démocraties libérales. Chacun de nous doit y prendre sa part, car il en va de notre modèle républicain. Pour ce faire, nous comptons sur le Gouvernement pour appliquer sans trembler les lois antiracistes et redoubler d’efforts pour éduquer la jeunesse et sensibiliser l’opinion publique, afin de combattre partout l’esprit de haine qui aveugle et rend impossible la Paix.

Proche Orient : halte au feu, cessons d’ajouter les victimes aux victimes !

Les nouvelles du bombardement meurtrier d’un hôpital à Gaza où les civils cherchaient refuge ont semé la consternation, la terreur et l’effroi.

À cette heure, le brouillard de la guerre ne s’est pas dissipé. L’armée israélienne met en cause une roquette défectueuse du Jihad islamique, tandis que le Hamas affirme qu’il s’agit d’un bombardement israélien. Il faut attendre que l’origine de l’explosion et le nombre de victimes soient confirmées.

Mais tout cela n’enlève rien au cauchemar des civils gazaouis, pris entre les fascistes islamistes et les bombardements aveugles de l’armée israélienne, dont le blocus sur la bande de Gaza ne permet aucune fuite, aucune évacuation, aucun répit.

Certaines puissances étrangères jettent de l’huile sur le feu, bien décidées à élargir le conflit et à discréditer la seule démocratie de la région. Il faut dire que la politique de Netanyahu et sa coalition d’extrême-droite n’a rien arrangé, aggravant la colonisation en Cisjordanie et faisant tout, depuis des années, pour affaiblir l’Autorité palestinienne au profit du Hamas.
 
Quand on est de gauche, c’est tout le contexte qu’il faut prendre en compte, faute de quoi l’on perd toute crédibilité. On commet ainsi une très grave faute politique et morale en refusant de qualifier le Hamas de groupe terroriste, voire en n’y voyant qu’un… « mouvement de résistance ». Mais cette position n’est hélas pas isolée et se propage dans toutes les démocraties.

Il est urgent de reprendre le chemin du droit international et de la paix, foulés aux pieds y compris par des gouvernements se prétendant « libéraux » et qui pensaient que le seul commerce, même avec le Qatar, même avec Poutine, serait un vecteur de démocratisation. Il faut redonner sa force à l’ONU, aux règles et aux codes, particulièrement ceux de la guerre et du droit humanitaire, consacrés au même moment, et pour les mêmes raisons, que la création d’Israël.
 
Quant à la France, on ne peut que déplorer son affaiblissement sur la scène internationale et notamment au Proche-Orient. Mais il n’est pas trop tard pour agir. Nous demandons au Président de la République d’exprimer sans ambiguïté la position historique de la France en faveur du droit international, des résolutions des Nations-Unies et de la solution à deux États comme boussole de la sortie de crise.

C’est une nécessité non seulement pour rétablir la paix, mais aussi pour renforcer les démocrates et les forces séculières des deux côtés des murs.
 
Une victoire du Hamas, même symbolique, serait un triomphe pour les Mollahs de Téhéran, qui ne manqueraient pas de se déchaîner encore plus violemment contre l’aspiration des femmes à l’émancipation et contre la lutte de tout le peuple pour la liberté.

Une victoire de l’extrême-droite israélienne, même symbolique, ouvrirait la voie à une transformation autoritaire du régime, débarrassé de l’état de droit, pour marier le Temple et l’État.

La communauté internationale doit imposer la neutralisation du Hamas comme l’arrêt des bombardements par Israël. C’est une question d’assistance à humanité en danger.

Dans l’urgence, nous soutenons la déclaration d’António Guterres, secrétaire général de l’ONU, qui a appelé ce matin à un cessez-le-feu pour permettre

  1. La libération des otages par le Hamas
  2. L’approvisionnement de Gaza en aide humanitaire et médicale.

De la même façon, nous appuyons l’OMS qui demande l’arrêt des bombardements aériens, soulignant que, sans prendre en compte l’hôpital où le doute persiste sur l’origine du tir, 24 cabinets et cliniques ont été détruits en une semaine, tuant 15 personnels de santé.

Rien ne pourra jamais justifier le massacre délibéré de civils

message d’Emmanuel Maurel, député européen, animateur national de la Gauche Républicaine et Socialiste – dimanche 8 octobre 2023, 19h14

« Je suis profondément bouleversé par ce qui se passe en Israël, hanté par des images effroyables, le cri des otages et des victimes. La solidarité est évidente, immédiate, sans ambiguïté et sans « mais ».

Le pays se défend contre une attaque terroriste de grande ampleur, c’est légitime. Le Hamas ne se soucie pas des civils palestiniens victimes d’inévitables représailles, aveuglés qu’ils ont toujours été par l’idéologie du martyre.

Ce qui rajoute du drame, c’est qu’Israël est dirigé par un des pires gouvernements de son histoire, emmené par une coalition d’extrême droite qui divise son peuple et a échoué à le protéger. Le risque est évidemment celui de l’embrasement général, dans la région et au-delà.

Aujourd’hui, les partisans de la paix et d’une solution politique paraissent isolés et vains. Pourtant, c’est bien ce camp là qu’il faut inlassablement soutenir. Palestiniens et israéliens ont le droit à la sécurité et à paix. »

Retrouvez ci-dessous le communiqué de la GRS publié en fil twitter le samedi 7 octobre 2023 à 12h48

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