Le 4 novembre, faisons entendre le camp de la Paix !

Le 7 octobre dernier, le Hamas a déclenché plusieurs attaques terroristes contre des civils israéliens pour l’unique raison qu’ils étaient juifs. Cette organisation islamiste s’est ainsi rendue coupable d’actes de barbarie et de crimes contre l’humanité qui illustrent parfaitement son projet politique.
 
Le but du Hamas n’est pas la libération de la Palestine mais l’instauration d’un régime totalitaire qu’ils appliquent déjà dans la bande de Gaza. Ses dirigeants ne recherchent pas la Paix et la coexistence des peuples palestinien et israélien mais la destruction d’Israël et des Juifs, assumant, dans leurs harangues depuis leurs QG au Qatar ou à Téhéran, de faire autant de « martyrs » que nécessaire parmi les Palestiniens.
 
La riposte de Netanyahu et de ses alliés d’extrême-droite, sous forme de bombardements indiscriminés et de blocus intégral de la bande de Gaza, n’offre aucune autre perspective que la vengeance aveugle et des milliers de morts, en majorité des femmes et des enfants, ce qui pourrait être caractérisé comme “crimes de guerre” selon les Nations-Unies. Et les vrais coupables ne sont pas dehors, mais bien à l’abri dans leurs tunnels – interdits d’accès aux civils. Nous n’oublions pas non plus la violence déchaînée par les colons israéliens sur les Palestiniens de Cisjordanie, qui ont fait plus de 130 morts. De telles méthodes sont incompatibles avec le droit légitime d’Israël de se défendre.
 
Netanyahu a choisi de se débarrasser des Palestiniens. Il a accéléré la colonisation et préparé l’annexion de la Cisjordanie en misant sur le Hamas et en ruinant ce qui restait de la crédibilité de l’Autorité palestinienne. Il a mis en péril la démocratie israélienne par ses projets de réforme contre l’état de droit. Il a même ignoré les alertes de ses services sur l’imminence d’une attaque : après avoir divisé son propre peuple, il a lamentablement échoué à le protéger. Avec ses alliés suprémacistes, racistes et messianistes, il porte une très lourde responsabilité dans l’enchaînement d’horreurs et de violences que connaît la région.
 
La Gauche Républicaine et Socialiste soutient la position historique de la France : la fin de l’occupation et de la colonisation et une solution à deux États vivant en paix et en sécurité, dans le respect des résolutions de l’ONU. Comme d’autres organisations de gauche, elle appelle le Gouvernement français à remettre au plus vite cet agenda politique à l’ordre du jour.
 
Les bombardements sur les civils doivent cesser et les otages doivent être libérés sans condition. Nous devons renforcer la position des partisans de la Paix en Israël et en Palestine. Le processus conduisant à une solution politique passera nécessairement par la défaite des ennemis de la Paix : le Hamas et l’extrême droite religieuse israélienne, deux faces d’une même déchéance.
 
La Gauche Républicaine et Socialiste appelle enfin à agir contre l’importation du conflit dans notre pays. La parole et les actes antisémites se libèrent et nous ne le tolèrerons jamais. Il en va de notre cohésion nationale. Les pouvoirs publics doivent en prendre la mesure afin que les propagateurs de haine soient arrêtés et punis avec la plus grande sévérité.
 
La GRS appelle à l’arrêt des opérations militaires qui tuent les populations civiles, à la libération sans condition des otages, à la relance du processus de Paix et la recherche d’une solution politique à deux États. Elle participera, sur ces seuls fondements, aux rassemblements qui seront organisés le samedi 4 novembre 2023 en France.

4 mois après les émeutes : diagnostic défaillant pour des propositions erronées

Il aura fallu attendre 4 mois pour que le Gouvernement apporte des réponses aux violentes émeutes qui ont suivi le meurtre de Nahel. On espérait que ce long délai serait mis à profit pour affiner le diagnostic et proposer des solutions à la hauteur : il n’en est malheureusement rien. L’Élysée et Matignon n’ont pas évolué depuis juillet. Ils sont restés agrippés au discours de « fermeté » et à une vision hors sol de « l’autorité parentale ».

Miroir aux alouettes sécuritaire

Jeudi 26 octobre 2023, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, devant un parterre de 250 maires, Élisabeth Borne a présenté ses mesures pour « réaffirmer l’autorité et l’ordre républicain ». Si nous ne contestons pas la nécessité d’apporter des réponses dans ce domaine, nous ne pouvons que constater l’absence d’analyse sérieuse sur les causes de l’affaiblissement de l’autorité républicaine.

Après avoir fait un point d’étape sur la reconstruction – « 60% des bâtiments publics partiellement ou totalement détruits ont d’ores-et-déjà été remis en état », abondement des assurances à hauteur de 100M€ – l’exécutif s’est clairement inscrit dans une matrice répressive, agrémentée d’expressions martiales (« opération coups de poing », « envoyer des forces », « task force »), sans lien solide avec les sciences sociales ce qui est une faiblesse majeure.

La résolution des inégalités urbaines par des politiques publiques de long terme n’est pas la priorité du Gouvernement, comme l’illustre son nouveau dispositif de « Forces d’Action Républicaine ». Destiné à envoyer dans un territoire en difficulté des policiers, des fonctionnaires des finances et des personnels éducatifs, il conforte la logique des mesures et des crédits « exceptionnels », qui se substituent depuis plus de 20 ans aux mesures pérennes de droit commun. Nous y reviendrons.

La France n’a pas besoin de « coups de poing » mais d’action publique durable

Comme Nicolas Sarkozy qui avait aboli en 2002 la police de proximité, Borne et Darmanin cantonnent l’action policière à la projection de forces dans des quartiers qu’elle ne connaît plus. La plupart des élus locaux le déplorent – même à droite – éclairés par la faiblesse des moyens consacrés aux unités de « police de sécurité du quotidien ». Tôt ou tard, il faudra pourtant reparler de police de proximité et en tirer les conséquences en matière de tranquillité publique, au lieu de privilégier le seul « maintien de l’ordre » a posteriori.

Pour donner des gages, le Gouvernement envisage d’élargir les pouvoirs des polices municipales. Mais là aussi, les élus locaux sont divisés, même ceux de droite. Certes, des Robinet (maire Horizons de Reims), Estrosi (maire Horizons de Nice) ou Ciotti, patron de LR, y sont favorables. Mais là encore, la réalité du terrain rattrape les effets d’annonce : accroître les pouvoirs des polices municipales s’accompagnerait d’un retrait équivalent de la police nationale et de la gendarmerie. Un Maire LR comme Benoît Digeon à Montargis rappelait en marge du happening de La Sorbonne que le commissariat de son secteur a perdu 30 policiers en 4 ans. Partout où une police municipale est mise en place, les effectifs de police nationale baissent.

Jusque dans le maintien de l’ordre, le rappel à l’autorité de l’État par Élisabeth Borne masque un désengagement pour renvoyer la responsabilité aux collectivités

Certains élus locaux pourraient être séduits par la ficelle des nouveaux pouvoirs judiciaires accordés aux polices municipales, car ils sont confrontés à la déception de leurs électeurs, face à des résultats qui ne sont généralement pas à la hauteur des dépenses engagées du fait des compétences heureusement limitées des polices municipales. Or, en plus des risques de politisation de l’action de terrain, cette politique de « décentralisation » de la police pourrait s’avérer catastrophique pour l’égalité territoriale : les villes sans ressources suffisantes seront désertées par la police nationale et la gendarmerie et ne pourront pas compenser par la police municipale. On comptera des effectifs pléthoriques et bien équipés, des caméras par centaines à Nice ou à Rueil-Malmaison, mais que se passera-t-il à Charleville-Mézières ou à Grigny ?

Le Gouvernement apporte ainsi une mauvaise réponse à un vrai problème, constaté lors des émeutes : le temps d’intervention des policiers, bien souvent éloignés des lieux des violences. En faisant reposer la charge sur la police municipale au lieu de rétablir la police de proximité, on aggrave l’inégalité territoriale tout en se refusant de réfléchir aux moyens juridiques et budgétaires, et aux stratégies d’action.

Par exemple, l’obligation pour un jeune délinquant de respecter de jour comme de nuit un placement dans une unité éducative de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) et d’y suivre ses activités de formation et d’insertion est louable, mais encore faut-il que les services de la PJJ soient en capacité de l’assumer, alors qu’ils subissent un déficit récurrent de ressources humaines et financières.

La Première ministre a rajouté que « dans certains cas, nous pouvons envisager un encadrement de jeunes délinquants par des militaires », son cabinet évoquant après cette annonce une montée en puissance du « partenariat Justice-armées » avec « les classes de défense dans les CEF, la mise en place de mesures d’encadrement militaire, la signature de nouvelles conventions locales pour la réalisation de travaux d’intérêt général (TIG) au sein d’unités militaires et la participation des militaires dans l’organisation de stages de citoyenneté ». L’armée française est certes disciplinée et aux ordres du pouvoir politique, mais sa mission n’est pas de remettre les délinquants dans le droit chemin et ses soldats n’ont pas été formés pour ça.

La force d’une sanction, particulièrement chez les plus jeunes, c’est sa précocité et sa certitude

La multiplication par cinq de l’amende pour non-respect d’un couvre-feu par un mineur, en la portant à 750 € (au lieu de 150) et les mesures pour « responsabiliser » les parents – aggravation de la peine de délit de soustraction d’un parent à ses obligations légales, “contribution citoyenne familiale éducative” versée à une association d’aide aux victimes, responsabilité financière civile solidaire des deux parents d’un enfant coupable de dégradations, stages de responsabilité parentale – relèvent également de la posture. Rappelons deux chiffres : 60% des jeunes émeutiers sont issus de familles monoparentales et 40% des enfants résidant au sein d’une famille monoparentale vivent sous le seuil de pauvreté. La définition des aides à apporter aux familles monoparentales est renvoyée aux bons soins d’une commission (à créer), alors que la part de ces familles est de 35% en Seine Saint-Denis contre 20% dans le reste du pays. Les moyens dévolus au soutien scolaire et à l’éducation populaire demeurent très insuffisants. Au regard de cette réalité sociale, de telles annonces ne peuvent être que des pétitions de principes.

Pétition de principes, parce que la force d’une sanction, notamment chez les plus jeunes, tient autant à sa sévérité qu’à sa précocité et sa certitude. Cela implique d’avoir une justice effective, or en France celle-ci est engorgée et tarde à prononcer les peines, voire n’est pas en capacité de les faire exécuter. Les conséquences s’en ressentent gravement en matière d’autorité, de sens des responsabilités et de sentiment d’impunité. On peut toujours annoncer des peines très sévères, cela n’en sera que plus contre-productif si on ne peut pas les appliquer. Il en va de même pour les amendes aggravées ou la responsabilité financière des familles : personne ne pourra les recouvrer sur des familles le plus souvent insolvables. Et on voit mal comment exiger d’une mère seule que ses adolescents ne sortent pas dans la rue en son absence (et même en sa présence).

Le gouvernement choisit les discours martiaux pour ne pas s’attaquer à la pauvreté, laquelle a augmenté depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Et cette logique ne se dément pas à l’examen du prétendu “volet social” de la réponse gouvernementale.

Réponse sociale, vous êtes sûrs ?

On connaît la chanson : la politique de la Ville est un échec, « un puits sans fond » qui favorise l’assistanat et gaspille « nos impôts » pour des associations inutiles… Aux yeux des réactionnaires de tout poil, les violences qui ont suivi la mort de Nahel démontrent que l’argent public est dilapidé, les émeutiers profitant « grassement » de ces budgets avant de détruire les équipements publics mis à leur disposition : « de la confiture pour des cochons », pourrait-on dire…

Quand on veut tuer la politique de la Ville, on l’accuse « d’avoir la rage »

Chaque année, entre deux et trois milliards d’euros sont débloqués directement ou indirectement pour la politique de la ville. On compte un peu moins de 600 M€ pour les contrats de Ville. S’y ajoutent des mesures fiscales : certaines PME et petits commerces de banlieue sont exonérés de cotisations foncières (en 2022, cette exonération a coûté 235 M€ à l’État). Il y a également une enveloppe de solidarité urbaine pour les communes les plus pauvres (2,5 Mds€ en 2022). Mais ce qui concentre le plus d’efforts, c’est le programme national de rénovation et de renouvellement urbains : entre 2003 et 2022, près de 46,5 Mds€ ont été dépensés pour rénover quartiers et bâtiments. Sauf que, depuis 2003, l’État n’a investi “que” 3 milliards, le reste provenant de prélèvements sur les organismes HLM (20 Mds€), sur l’Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU, 12 Mds€) et de 9 Mds€ d’abondements des collectivités territoriales.

Or les collectivités territoriales et les organismes HLM ont été particulièrement maltraités lors du premier quinquennat Macron. Les premières ont vu leurs recettes stagner et leur fiscalité propre disparaître. Quant aux seconds, les gouvernements d’Emmanuel Macron leur ont pris des milliards d’euros pour réduire le déficit, en pleine crise de l’accès au logement.

Élisabeth Borne a beau répondre que ses mesures « dépasse[nt] largement la question des quartiers et des banlieues », arguant qu’un tiers des villes concernées par les émeutes n’ont pas de « quartier prioritaire », on rappellera que leur nombre a été artificiellement réduit lors du quinquennat Hollande : en juin 2014, ils passaient de 2500 à 1500 sur 700 communes, dont 100 nouvelles. L’affichage de quelques villes supplémentaires dans la “diagonale du vide” a donc été payé par l’exclusion de… 1000 quartiers en difficulté ! En mars 2018, le dispositif (peu convaincant) des “emplois francs” a été circonscrit à 200 quartiers.

Mais en réalité, situer le débat sur la cartographie des quartiers prioritaires revient à se battre pour les miettes du gâteau.

Définir où sont les véritables responsabilités politiques de l’échec

Si la politique de la ville a permis un rattrapage à la marge dans certains quartiers, elle n’a jamais pu jouer son rôle de réduction des inégalités territoriales. La responsabilité de cet échec n’incombe pas à ses dispositifs et leurs faibles crédits “exceptionnels”, mais à l’absence de politique publique véritablement égalitaire et redistributrice à la base. Ce n’est pas la faute de la politique de la ville si aucun gouvernement n’a cherché à modifier les structures inégalitaires qui frappent les habitants des quartiers. De véritables déserts médicaux continuent de se développer en Seine-Saint-Denis. Un enfant scolarisé dans ce département a reçu avant le bac un an d’enseignement de moins qu’à Paris.

Les responsables politiques ne posent pas suffisamment la question de la réussite éducative des classes populaires, ni ne s’attaquent à la reproduction sociale dans l’école de la République. On connaît l’état de l’Éducation nationale, mais on pourrait tenir le même propos pour l’Hôpital public : sa situation est catastrophique en général et pire encore dans les territoires défavorisés.

Depuis le rapport des députés François Cornut-Gentille (LR) et Rodrigue Kokouendo (LREM) publié en 2018 sur les moyens et l’action de l’État en Seine-Saint-Denis, on “sait” que la République accorde aux quartiers « prioritaires » « quatre fois moins de moyens qu’ailleurs, rapporté au nombre d’habitants ». À cette inégalité flagrante et fondamentale, les annonces gouvernementales à l’occasion du comité interministériel des Villes de Chanteloup-les-Vignes, le 27 octobre dernier, apportent des réponses dérisoires.

La principale mesure, et la plus commentée, est la demande aux préfets « de ne plus installer, via les attributions de logement ou la création de places d’hébergement, les personnes les plus précaires dans les quartiers qui concentrent déjà le plus de difficultés ». En clair, cela concerne les ménages dits “Dalo” (Droit Au Logement Opposable). L’idée est de ne pas les concentrer au même endroit, afin de faciliter l’intégration de tous. Mais en réalité, ce n’est que de la gesticulation.

Comme le nombre de QPV a été drastiquement réduit, ceux qui ne sont plus sur la liste mais dont les conditions sociales objectives n’ont pas changé seront destinataires des demandeurs « Dalo ». L’annonce de la Première Ministre ne changera donc rien, voire aggravera la situation. Quant à l’idée d’un relogement en zone périurbaine ou rurale, elle n’est pas plus opérante : ces publics seront encore plus éloignés des services publics censés les accompagner.

Une mesure qui interdirait en pratique le relogement des foyers les plus précaires

Fin 2022, le nombre de demandeurs de logements a atteint un record avec près de 2,5 millions de personnes, en hausse de 7 % par rapport à 2021. Or la construction de HLM, passée depuis 2020 sous la barre des 100 000 logements par an, devrait continuer de ralentir pour se stabiliser à une moyenne de 66 000 nouveaux logements annuels à l’horizon 2030.

Les bailleurs sociaux sont pris entre leurs obligations d’entretien, de rénovation et une dette croissante, aggravées par les milliards que leur a retirés l’État. Ils n’auront donc pas les moyens de rénover et en même temps de construire de nouveaux HLM. Or, poussés par l’interdiction progressive de louer les logements les plus énergivores, les bailleurs sociaux devront donner la priorité à la rénovation. Les réhabilitations de logements atteindraient un pic à 125 000 logements par an en 2025 et 2026, puis reflueraient, pour atteindre 90 000 par an sur la période 2031-2061, selon une étude la Banque des territoires.

Dans un tel paysage, les annonces du 27 octobre 2023 conduiront à rendre quasiment impossible le relogement des foyers les plus précaires. Pourquoi ? Parce que l’offre de logements PLUS (HLM « classiques ») et PLAI (logements très sociaux) n’existe presque pas dans les quartiers plus favorisés. Cela n’est pas seulement dû aux résistances électorales (comme dans le XVIème arrondissement, où les élus s’étaient opposés à l’installation de foyers d’hébergement ou de logements sociaux) ; il existe des raisons économiques structurelles qui rendent particulièrement difficile la correction de cette logique de ghettoïsation.

Proposer de nouveaux HLM dans les quartiers bourgeois, où le prix du foncier est trop élevé, est une gageure. Même en ayant passé outre les états d’âme des élus conservateurs, même en ayant accumulé tous les dispositifs de subventionnement du logement, les prix de sortie y rendent impossible une production importante de logements sociaux (et encore moins très sociaux). Les organismes HLM n’ont plus les moyens de présenter des opérations trop déséquilibrées. Mettre en œuvre la « fausse bonne idée » d’Élisabeth Borne supposerait une véritable révolution dans la stratégie de l’État en matière de logement, avec des investissements massifs assortis d’une action contraignante et radicale sur la formation des prix du foncier… autant dire que sous Macron, ça n’arrivera pas.

Il y a donc fort à parier que l’État mette en scène quelques opérations spectacle, pendant que les quartiers en QPV et ceux qui devraient y être continueront d’accueillir les publics les plus défavorisés. Ces quartiers ne changeront donc pas, ils resteront des réservoirs à logements abordables que les rares foyers qui ont réussi à s’élever socialement fuiront dès qu’ils en auront l’occasion, pour être remplacés par des foyers extrêmement précaires qui rencontreront les plus grandes difficultés à s’intégrer économiquement et socialement, au milieu d’habitants qui partagent les mêmes peines qu’eux.

Car, en plus d’une action éducative puissante, de mise à niveau généralisée des services publics, le principal enjeu pour les habitants des quartiers populaires est de leur donner durablement accès à l’activité économique. On a vu l’échec des « emplois francs » et des « zones franches », limités à des territoires toujours plus réduits : il vient en grande partie de l’erreur économique qui n’explique le chômage que par un « coût du travail » supposé excessif (le même raisonnement avait nourri la course à l’ubérisation, transformant des salariés en « auto-entrepreneurs » rarement à succès, le plus souvent taillables corvéables à merci).

La plupart des territoires concernés ont en réalité subi une désindustrialisation massive et brutale, rendant l’emploi inaccessible pour des décennies. On attend encore le retour d’une politique industrielle digne de ce nom, mais qui ne donnera des résultats qu’à moyen terme.

Recyclage d’annonces présidentielles sous financées

Les promesses présidentielles recyclées dans l’intervention de la Première ministre n’offriront pas plus de perspectives. Déjà annoncé par Emmanuel Macron à Marseille en juin 2023, Mme Borne reprend en effet, dans son “plan entrepreneuriat Quartiers 2030” (porté avec BpiFrance et la Banque des Territoires, et doté de… 456 M€ étalés sur quatre ans), les annonces macroniennes de juin 2023 faites à Marseille. Est-ce bien sérieux – et suffisant ? L’exécutif répond à la question en renforçant le programme “Les entreprises s’engagent pour les quartiers”, avec l’objectif d’intégrer 2000 entreprises supplémentaires, pour atteindre un total de 6000 entreprises engagées. Nous voilà rassurés…

Enfin chacune des mesures suivantes, déjà annoncées elles aussi, pose un problème de financement ou de logique de rustine. Sur le principe, il n’y aurait rien à redire. Les cités éducatives seraient généralisées d’ici 2027. L’accueil continu de 8h à 18h dans les collèges de REP et REP+ serait assuré à partir de la rentrée scolaire 2024. Le gouvernement promet également une « convergence progressive du zonage des QPV et de celui de l’éducation prioritaire en assurant dès 2024 un traitement spécifique pour l’ensemble des écoles orphelines ». Un plan d’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques viserait à toucher 500 collectivités, pour « neuf heures d’ouverture supplémentaire par semaine en moyenne » et en particulier le dimanche. Enfin, avec l’appui du fonds de co-investissement de l’ANRU, l’expérimentation de 60 centres de santé sera conduite d’ici 2027, avec pour « priorité d’aller vers les habitants et de les orienter vers les soins dont ils ont besoins ».

Au regard des suppressions de postes encore annoncées dans l’éducation nationale, on s’interroge sur la capacité à faire fonctionner les cités éducatives, l’accueil continu dans les collèges et la convergence des zonages, alors que le ministère ne parvient même pas à assurer les remplacements d’enseignants absents dans ces mêmes territoires. L’abondement « exceptionnel » pour financier l’ouverture supplémentaire des bibliothèques laisse présager des lendemains qui déchantent, car une fois que l’actualité brûlante s’éloigne, on connaît le destin des financements exceptionnels de l’État en direction des collectivités… Enfin, les expérimentations de centres de santé (60 pour toute la France !) ne remplaceront pas la nécessité de travailler à l’installation durable de médecins de ville et à la restauration d’un fonctionnement décent des hôpitaux publics.

Les annonces sur la nouvelle génération de contrats de ville pourraient prêter à rire si la situation n’était pas grave. Leur élaboration vient de gagner un délai de 6 mois supplémentaires (donc pour l’État, une facilité de trésorerie supplémentaire) pour des signatures fin mars 2024. Mais la nouvelle géographie prioritaire ne sera publiée qu’en décembre 2023. Si de nouvelles communes devaient entrer dans le champ des QPV, elles auront 3 mois pour boucler leur dossier. En parallèle, les crédits d’État passeront généreusement de 597,5M€ en 2023 à… 600M€ en 2024.

Ne rien changer pour que rien ne change

4 mois après des émeutes d’une intensité et d’une violence rarement connues, le gouvernement a choisi de privilégier la réponse sécuritaire et les opérations « coups de poing ». La reproduction de tels événements est en réalité perçue par l’exécutif comme inéluctable : à la supposée sécession d’une population à la dérive répond la sécession d’élites qui ne s’en remettent qu’à des solutions de type « gestion de crise ». Et même en suivant cette logique, on voit que les moyens alloués à cette réponse sécuritaire sont sous-dimensionnés. Les Quartiers populaires sont vus comme des endroits où il faut, de temps à autre, restaurer l’ordre, sans s’assurer de la tranquillité publique et encore moins de garantir la justice. Quant au volet social, il est absolument anémique et inopérant.

Les Quartiers populaires ne sont qu’une des parties, la plus éruptive sans doute, d’une société française qui subit le néolibéralisme depuis plus de 20 ans. Pour mettre en œuvre ne serait-ce que le début des mots de la Première ministre – « émancipation », « intégration », « respect de l’autorité », « cohésion sociale » – il faudrait une transformation radicale tant sur le fond que sur les moyens budgétaires pour l’éducation, la santé, le logement, la reconquête industrielle, le recul de la pauvreté, les collectivités et la présence de l’État sur le terrain.

Le fatalisme gouvernemental est logique. En ne changeant rien, il peut prévoir que tôt ou tard un nouvel épisode d’émeutes, peut-être plus violent encore, surviendra. Sa seule préoccupation est d’être prêt à frapper le moment venu. Il n’est pas question de changer de politique et de régler le problème à la racine.

Frédéric Faravel, Caroline Dugué, Jean-Paul Lefebvre, Laurent Miermont

Israël – Palestine : assez de la guerre, assez des massacres !

Au moment où le président de la République est en Israël et en Palestine, où les morts se comptent par milliers depuis les attaques terroristes du 7 octobre, le risque d’embrasement général est extrême. Dans ce terrible contexte, la France doit plus que jamais continuer de défendre sa position historique : la sécurité pour les Israéliens et un État pour les Palestiniens.

Le Président doit d’abord renouveler notre soutien au peuple israélien qui a connu l’innommable, subissant des massacres d’une inhumanité absolue et demeurant dans l’angoisse sur le sort de centaines d’otages. Les choses doivent être clairement dites et notre condamnation des atrocités du Hamas ne doit souffrir aucune nuance.

Nos pensées et notre compassion vont naturellement en direction des victimes, particulièrement nos 30 compatriotes qui ont perdu la vie, de leur famille durement éprouvée et de leurs proches. La libération de tous les otages est notre priorité. La France s’honore de ne jamais lâcher ses ressortissants.

S’il faut évidemment être impitoyable à l’encontre des terroristes, notre tâche est aussi d’exiger que les populations civiles de Gaza cessent d’être la cible collatérale des représailles. Le droit de la guerre doit être respecté, ce qui suppose en premier lieu de lever le blocus et de laisser passer toute l’aide humanitaire nécessaire. Le bilan s’aggrave de jour en jour et n’épargne personne : enfants, femmes, personnes âgées. Et n’oublions pas que nous avons des compatriotes à Gaza. Comme tous ceux qui sont pris au piège là-bas, leurs conditions de vie insupportables nécessitent une action rapide et résolue pour que cesse leur tragédie. Une vie humaine a la même valeur en Israël et à Gaza !

Il n’existe pas de responsabilité, ni de punition collectives : le peuple palestinien n’est pas le Hamas ! Les Gazaouis vivent depuis 17 ans sous la coupe réglée de ces fanatiques, qui ne reculent devant rien pour faire taire toute voix différente et toute opposition. Pour le Hamas, tout est bon pour détruire Israël, éradiquer les Juifs et instaurer la Charia, y compris utiliser sa propre population comme bouclier humain.

En accord avec la position de l’ONU exprimée par la voix de son Secrétaire général, la France doit en appeler au respect du droit international et donc à l’arrêt des bombardements indiscriminés. Avec l’ONU, elle peut créer les conditions pour qu’une trêve et un “cessez-le-feu humanitaire” soient instaurés. Gaza a besoin d’au moins 100 camions de vivres, de médicaments et de carburant (notamment pour alimenter les groupes électrogènes des hôpitaux) par jour. Malgré les efforts diplomatiques, nous en sommes encore très loin, alors que les souffrances ne vont qu’en empirant. La France doit peser de tout son poids pour que les missions humanitaires soient pleinement accomplies. Il est à cet égard extrêmement regrettable qu’Emmanuel Macron n’ait pas soulevé ce point lors de sa conférence de presse commune avec Benjamin Netanyahu. Doit-on cette abstention à l’influence du Président américain, qui de manière incompréhensible, rejette cette idée pourtant élémentaire ? La France ne saurait rester alignée sur une telle position. Elle doit non seulement clarifier sa parole, mais aussi prendre les initiatives qu’elle estime justes et nécessaires pour parvenir à la paix, en toute indépendance des États-Unis. L’expérience prouve en effet que les méthodes de Washington sont infiniment loin d’avoir contribué à l’apaisement dans le Proche et le Moyen-Orient.

Il faudra reprendre au plus vite les négociations en vue d’une issue pacifique au conflit israélo-palestinien. Cela sera l’occasion pour la France et l’Union européenne de rappeler qu’il n’y a pas d’alternative à la solution à deux États et l’arrêt immédiat de la colonisation ! Gardons à l’esprit la résolution votée par le Parlement français en 2014, qui reconnaissait la Palestine et que Netanyahu avait violemment rejetée. Tous ceux qui pensent comme lui, et particulièrement ses alliés racistes, suprémacistes et messianistes à la Knesset, ont lamentablement échoué. Leur politique de colonisation et d’annexion de la Cisjordanie et d’humiliation permanente des Palestiniens est un désastre intégral, pour la Paix et la survie de la démocratie, reconnu par les Israéliens eux-mêmes. Il faut retrouver la voie pour une paix durable et la France doit y prendre toute sa place !

Enfin la France doit se mettre à l’avant-garde de la lutte contre l’antisémitisme qui progresse de façon alarmante chez elle et dans toutes les démocraties libérales. Chacun de nous doit y prendre sa part, car il en va de notre modèle républicain. Pour ce faire, nous comptons sur le Gouvernement pour appliquer sans trembler les lois antiracistes et redoubler d’efforts pour éduquer la jeunesse et sensibiliser l’opinion publique, afin de combattre partout l’esprit de haine qui aveugle et rend impossible la Paix.

Qu’est ce qu’on attend !

Depuis ce 7 octobre où nous étions réunis pour nos UGR à Rochefort pour réfléchir avec d’autres la gauche nécessaire pour gagner et changer la vie des gens, l’actualité a mis en sourdine les problèmes légitimes des Français et les solutions pour y remédier (inflationprix de l’énergie, crise du logement, salaires, crise écologique, …)

Le séisme provoqué par l’attaque terroriste du Hamas à l’encontre de la population d’Israël a atteint une grande partie du monde, et ses répliques continuent de nous impacter.

C’est dans ce climat que Dominique Bernard tombe à son tour sous les coups du terrorisme islamiste. À seulement 3 jours des commémorations de l’attentat contre Samuel Patty, l’école et à travers elle, la nation et la République, étaient de nouveau ensanglantées.

Juste à côté, ce lundi 16 octobre, à Bruxelles, c’est le bruit des balles qui nous rappelle que l’islamisme radical nous mène une guerre, tandis que le Haut-Karabagh subit une véritable épuration ethnique par l’Azerbaïdjan dans un silence assourdissant.

Alors il est vraiment temps de reprendre le chemin qui mène à l’espoir. Et il est temps de sortir de l’hystérisation permanente du débat public.

Nous avons besoin de nous retrouver et de travailler sereinement à un programme commun. C’est ce que commencent enfin à dire un certain nombre d’acteurs de gauche, c’est ce que nous proposons depuis le début.

Alors, qu’est-ce qu’on attend !

Proche Orient : halte au feu, cessons d’ajouter les victimes aux victimes !

Les nouvelles du bombardement meurtrier d’un hôpital à Gaza où les civils cherchaient refuge ont semé la consternation, la terreur et l’effroi.

À cette heure, le brouillard de la guerre ne s’est pas dissipé. L’armée israélienne met en cause une roquette défectueuse du Jihad islamique, tandis que le Hamas affirme qu’il s’agit d’un bombardement israélien. Il faut attendre que l’origine de l’explosion et le nombre de victimes soient confirmées.

Mais tout cela n’enlève rien au cauchemar des civils gazaouis, pris entre les fascistes islamistes et les bombardements aveugles de l’armée israélienne, dont le blocus sur la bande de Gaza ne permet aucune fuite, aucune évacuation, aucun répit.

Certaines puissances étrangères jettent de l’huile sur le feu, bien décidées à élargir le conflit et à discréditer la seule démocratie de la région. Il faut dire que la politique de Netanyahu et sa coalition d’extrême-droite n’a rien arrangé, aggravant la colonisation en Cisjordanie et faisant tout, depuis des années, pour affaiblir l’Autorité palestinienne au profit du Hamas.
 
Quand on est de gauche, c’est tout le contexte qu’il faut prendre en compte, faute de quoi l’on perd toute crédibilité. On commet ainsi une très grave faute politique et morale en refusant de qualifier le Hamas de groupe terroriste, voire en n’y voyant qu’un… « mouvement de résistance ». Mais cette position n’est hélas pas isolée et se propage dans toutes les démocraties.

Il est urgent de reprendre le chemin du droit international et de la paix, foulés aux pieds y compris par des gouvernements se prétendant « libéraux » et qui pensaient que le seul commerce, même avec le Qatar, même avec Poutine, serait un vecteur de démocratisation. Il faut redonner sa force à l’ONU, aux règles et aux codes, particulièrement ceux de la guerre et du droit humanitaire, consacrés au même moment, et pour les mêmes raisons, que la création d’Israël.
 
Quant à la France, on ne peut que déplorer son affaiblissement sur la scène internationale et notamment au Proche-Orient. Mais il n’est pas trop tard pour agir. Nous demandons au Président de la République d’exprimer sans ambiguïté la position historique de la France en faveur du droit international, des résolutions des Nations-Unies et de la solution à deux États comme boussole de la sortie de crise.

C’est une nécessité non seulement pour rétablir la paix, mais aussi pour renforcer les démocrates et les forces séculières des deux côtés des murs.
 
Une victoire du Hamas, même symbolique, serait un triomphe pour les Mollahs de Téhéran, qui ne manqueraient pas de se déchaîner encore plus violemment contre l’aspiration des femmes à l’émancipation et contre la lutte de tout le peuple pour la liberté.

Une victoire de l’extrême-droite israélienne, même symbolique, ouvrirait la voie à une transformation autoritaire du régime, débarrassé de l’état de droit, pour marier le Temple et l’État.

La communauté internationale doit imposer la neutralisation du Hamas comme l’arrêt des bombardements par Israël. C’est une question d’assistance à humanité en danger.

Dans l’urgence, nous soutenons la déclaration d’António Guterres, secrétaire général de l’ONU, qui a appelé ce matin à un cessez-le-feu pour permettre

  1. La libération des otages par le Hamas
  2. L’approvisionnement de Gaza en aide humanitaire et médicale.

De la même façon, nous appuyons l’OMS qui demande l’arrêt des bombardements aériens, soulignant que, sans prendre en compte l’hôpital où le doute persiste sur l’origine du tir, 24 cabinets et cliniques ont été détruits en une semaine, tuant 15 personnels de santé.

Attentat au lycée Gambetta d’Arras

Notre pays est à nouveau confronté à l’horreur des attaques terroristes islamistes.

Au-delà de l’effroi, nos pensées vont vers les blessés, l’enseignant assassiné, ses proches et sa famille. Presque 3 ans après l’assassinat de Samuel Paty, l’école et le savoir sont encore visés.

La Gauche Républicaine et Socialiste appelle toutes les organisations républicaines à prendre des initiatives pour dire : “le terrorisme ne passera pas !”

Arrêtons avec l’exacerbation des passions qui accroissent le risque d’attentat et de violence.

Rassemblons tous les Français autour d’actions unitaires.

#UGR 2023 : discours de clôture par Marie-Noëlle Lienemann – dimanche 8 octobre 2023

Marie-Noëlle Lienemann, ancienne Ministre et coordinatrice nationale de la GRS, intervenait dimanche 8 octobre à midi pour la conclusion des Universités de la Gauche Républicaine au Palais des Congrès de Rochefort.

C’est une intervention forte qui permet de caractériser politiquement la période et de tracer des perspectives pour la gauche française au service de nos concitoyens.

#UGR 2023 : Emmanuel Maurel « nous devons contribuer à réveiller les consciences ! » – samedi 7 octobre 2023

Difficile de commencer cette intervention sans évoquer la situation tragique en Israël, l’attaque coordonnée par le Hamas, les milliers de roquettes, les civils morts ou otages. De tout cœur avec le peuple israélien dans ce moment dramatique.

Plaisir des retrouvailles, joie de débattre. État des lieux, perspectives d’avenir. Remercier intervenants, la pertinence de leurs analyses et de leurs combats.

Saluer les camarades de la Fédération de la Gauche Républicaine (FGR), que l’on retrouve, pour certains d’entre eux, un an après nos dernières journées dans la douceur de la Charente-Maritime.

Une année de militantisme, marquée par de nombreuses mobilisations, à commencer par celle, longue et impressionnante, contre la réforme des retraites : l’issue est décevante mais ne croyez pas que la lutte est infructueuse. La détermination tranquille des manifestants, la reconstitution d’un front syndical uni et sa conséquence, l’augmentation des adhérents dans les organisations de défense des droits des salariés, tout cela, en son temps, aura des effets favorables au monde du travail.C’est le lot de tous les militants : la lutte toujours recommencée.

Deux lueurs d’espoir dans cette période sombre et incertaine.

D’abord, le Prix Nobel remis hier à la journaliste iranienne Narges Mohammadi, un an après la mort de Masha Amini, hommage précieux aux femmes qui se battent contre l’oppression, et, au-delà, à tout un peuple confronté à la brutalité d’un régime théocratique et qui veut vivre, et vivre libre. La FGR soutient et soutiendra sans relâche celles qui militent contre l’obscurantisme.

Un mot, également, pour les arméniens récemment chassés du Haut Karabakh (100.000 sur 120.000), au terme d’une opération de nettoyage ethnique qui ne dit pas son nom, et qui se sentent abandonnés. A tous les exilés, les opprimés, les pourchassés, nous redisons notre solidarité sans faille. Cette semaine, à Strasbourg, les députés européens se sont prononcés dans ce sens. Ils ont même adopté l’amendement que je présentais, qui demande à la commission de suspendre l’accord gazier avec le régime de Bakou, signé en grande pompe il y a un an. Il ne saurait y avoir deux poids deux mesures. Quand la Russie a envahi l’Ukraine, les dirigeants européens ont été prompts à demander la rupture des relations diplomatiques et commerciales avec le régime de Poutine. C’est la même chose dans le cas présent et nous attendons maintenant que la Commission et les Etats membres prennent leurs responsabilités.

Je disais : des lueurs d’espoir, mais dans un contexte international qui n’incite guère l’optimisme.

Les grandes tendances (internationales et intérieures) que nous évoquions l’année dernière se confirment et ce n’est pas pour nous rassurer. Persistance de la guerre, aggravation de la crise climatique, creusement des inégalités, importance des flux migratoires.

Au milieu des grands bouleversements de l’époque, sidérés dans le tumulte du monde, les Français sont inquiets et préoccupés. Il y a de quoi.

En trois ans, il a fallu tenir bon face aux confinements successifs et à l’épidémie, affronter les conséquences d’une guerre qui s’éternise, payer le prix des mauvaises décisions du pouvoir, aggravées par les tergiversations européennes.

Et voilà que nous devons, aujourd’hui supporter l’inflation, l’augmentation vertigineuse des prix alimentaires, celle de l’essence, la restriction de l’accès au crédit, la difficulté à trouver un logement, la mésaventure des classes sans professeur.

Et, pour les plus vulnérables d’entre nous, les difficultés qui commencent le cinq du mois, les files devant les locaux des associations d’aide alimentaire, la misère étudiante.

On s’étonnerait presque qu’il y ait si peu d’explosions de colère (gilets jaunes, émeutes, que certains considèrent comme des jacqueries de l’inflation). C’est qu’il y a surtout de la colère sourde, voire même de la résignation. On parle beaucoup, à gauche comme à droite, des classes populaires (dans un rapport d’extériorité qui devrait d’ailleurs nous interroger) qu’il faudrait « détourner du RN » : la vérité est qu’il faut déjà les convaincre de revenir aux urnes. Les PRAF (« plus rien à foutre ») sont légion, et aucune élection n’échappe à la règle. D’autant qu’ils ont l’impression légitime, qu’on se moque d’eux. Macron annonce depuis le début de son premier mandat, dès 2017, qu’il n’exclut pas d’en appeler au referendum sur certaines questions d’intérêt général : il se garde bien de le faire tant il redoute l’avis du peuple. Cette provocation répétée exacerbe le ressentiment et nourrit l’atonie civique.

Atonie civique d’autant plus préoccupante que le modèle démocratique est attaqué de toutes parts. (aussi bien par les grandes puissances autoritaires que par les grandes plateformes numériques, par l’extrême droite tentée par l’illibéralisme que par les technos libéraux qui rêvent de conjuguer verticalité et efficacité). (Le rêve chinois du marché sans la démocratie/Démocratie comme entrave au bon fonctionnement du marché.)

Réveiller les consciences civiques, redonner de l’espoir, tracer une perspective pour la France et les Français.

Car l’enjeu est bien de réparer le pays, qui en a tant besoin.

Le gouvernement proclame que tous les indicateurs sont au vert. Nous n’avons manifestement pas même appréciation de la situation.

France humiliée au Sahel et en Afrique, déficit commercial abyssal, impression de dysfonctionnement généralisé, à commencer par les services publics.

Une pratique du pouvoir solitaire et hors sol (Bruno demande). Un seul pilote dans l’avion, mais sans plan de vol et ballotté au gré du vent. Un équipage incompétent et un brin sadique.

Retraites, assurance chômage et RSA : les « réformes sociales » du quinquennat ont un point commun : celui de s’attaquer toujours aux mêmes, c’est à dire aux plus vulnérables. Jusqu’à la récente mesure sur les accidents du travail. C’est une des constantes du macronisme : l’indifférence au sort des salariés les plus précaires.

Et ceux qui aspirent à lui succéder ont, sur ce point, une belle communauté de vues avec le président actuel. Voir Édouard Philippe, qui, tout sympathique qu’il est, ne jure que par la réduction de la dette et la retraite à 67 ans promettant, au nom du réalisme, du sang et des larmes.

Une stratégie pour redresser le pays

L’urgence : la fin de la vie chère. Concerne l’immense majorité des Français, qui n’ont pas les soucis immobiliers de monsieur le Maire. Précarité voire même pauvreté. Misère en milieu étudiant. Faillites d’entreprises.

Battre en brèche l’idée reçue selon laquelle l’augmentation des salaires nous entraînerait dans une spirale inflationniste. L’originalité de la période est justement que l’inflation est tirée… par les profits.

Oui, l’indexation sur les prix est une étape évidente. Au passage, certains secteurs dits « en tension » découvriront qu’on trouve davantage de salariés quand on leur offre une rémunération correcte et de bonnes conditions de travail.

Oui, le blocage des prix dans l’alimentation, faute d’attitude responsable des distributeurs et des enseignes commerciales.

Reste le problème spécifique de l’énergie. Problème structurel qu’on ne saurait régler en un jour. Sortir de la dépendance aux hydrocarbures. Enjeu de la décarbonation. Ca suppose de reprendre le contrôle du prix de l’électricité.

C’est un des gros sujets du moment, que la FGR a été une des premières organisations politiques à mettre en avant.

C’est le moment de redire le bilan catastrophique, pour les ménages comme pour les entreprises, de l’ouverture à la concurrence. C’est toujours le moment de mener campagne en faveur de la sortie du marché européen de l’électricité. Cela soulagerait ménages et entreprises. A terme, il faudra reconstituer un pôle public de l’électricité autour d’EDF.

Tout ce qui permet de recouvrir notre souveraineté industrielle et agricole est bon à prendre.

Je ne reviens pas en détail sur la question de la réindustrialisation qui a été brillamment évoquée tout à l’heure. Aujourd’hui, personne ne remet en question la pertinence économique et écologique d’une politique du Made in France. Personne, sauf peut-être une partie des élites dirigeantes responsable d’abandons et de trahisons.

Hommage aux combats d’Arnaud Montebourg, plus utile pour la France que bien des plans gouvernementaux. Relocaliser autant qu’on peut. Ça vaut pour l’industrie autant que pour l’agriculture.

Souveraineté agricole. La gauche doit avoir un message en direction de la France paysanne. Qui ne se limite pas à la défense de l’agro-écologie. Se donner les moyens d’être auto suffisant. Un plan sur dix ans. Soutien aux agriculteurs Français en particulier, et à la France rurale en général.

Enfin, le redressement du pays suppose aussi de prendre à bras le corps un problème structurel, celui de l’état de nos services publics.

Les fondamentaux. Un plan massif pour les services publics (à commencer par l’Éducation nationale (école publique fonds publics) et l’hôpital.

(L’école est malade. Des classes sans professeur. Des concours d’enseignement désertés. La maîtrise des fondamentaux qui s’effondre. Les inscriptions dans le privé qui explosent. Pas de grande nation sans instruction.)

Réparer la France, c’est possible, tant sont nombreux nos atouts et nos qualités. Le plus difficile c’est d’en convaincre les dirigeants économiques et politiques qui sont les premiers à douter du pays, et qui abdiquent plus vite que leur ombre.

La grande explication européenne

Rien ne doit entraver notre action pour le redressement du pays. Pas même les règles européennes qui, parfois, nous rendent la tâche plus compliquée. Je dis parfois, parce que bien souvent, ce sont les gouvernements français qui, d’eux-mêmes, s’autocensurent ou s’autocontraignent, attribuant à Bruxelles la responsabilité de leur renoncement et de leur lâcheté.

Mais enfin, il y a, dans le contenu des politiques européennes et dans le texte des traités, des dogmes et des axiomes qui ont fait beaucoup de mal à notre pays.

Longtemps, le slogan « Faire l’Europe sans défaire la France » a fait consensus parce qu’il était habile. La vérité oblige à dire qu’au nom de la construction européenne, beaucoup a été défait. Nous ne sommes pas défavorables à la pratique du compromis, bien sûr, à condition qu’il ne se conclue pas systématiquement en défaveur des mêmes. Or la France, comme l’ont démontré de nombreuses études, et comme nous le constatons sur le terrain depuis des décennies, a payé un lourd tribut aux exigences de l’intégration européenne.

Désindustrialisation, coupes budgétaires, et surtout casse de formidables fleurons publics au nom de la concurrence et non faussée.

Ni frexiteurs, ni eurobéats, Euro critique, euro vigilant, euro lucide.

Je sais que le COVID et la guerre en Ukraine, agissant comme un choc du réel, ont permis d’heureuses inflexions, surtout langagières. Plan de relance, fin de la naïveté en matière commerciale, assouplissement de la réglementation sur la concurrence. Mais cette prise de conscience est contrebalancée par les vieilles habitudes et les vieilles certitudes, au risque de donner raison, une fois de plus, à l’auteur du Guépard : tout change pour que rien ne change.

C’est reparti pour un tour : Accords de libre-échange tous azimuts (Nouvelle-Zélande, en attendant le Mercosur), retour programmé de l’austérité, foi inentamée dans la concurrence, notamment entre les travailleurs.

Le tout sur fond de crise franco-allemande : le modèle outre-Rhin était fondé sur l’énergie russe, l’exportation massive massive vers la Chine, conjugué avec la fin des centrales nucléaires. Patatras, tout est remis en cause, ce qui explique l’Hostilité à l’égard de la France au prétexte que nous bénéficierions d’un « avantage compétitif ». Le couple franco-allemand tient plus de la relation sadomasochiste que de l’union harmonieuse et égalitaire.

Dans ce contexte de guerre aux portes de l’Europe, des voix fusent pour en appeler à un élargissement rapide. Aux Balkans, a l’Ukraine, la Moldavie, et même la Géorgie.

Cela ressemble à une fuite en avant : on cherche à élargir, mais sans se demander pourquoi et comment. Surtout, on ne porte pas une attention  suffisante aux conséquences économiques et sociales de ce choix. Dans les pays aujourd’hui évoqués, les salaires moyens et minimums sont très inférieurs à ceux qui sont pratiqués dans l’Union. Que se passera-t-il si, demain, nous les accueillons ? Il est très probable que cela donnera lieu à du dumping social. Car nos entreprises seront évidemment tentées de délocaliser leurs activités dans ces pays à bas coût, provoquant du chômage à l’ouest et aggravant la désindustrialisation, particulièrement en France. Qui ira expliquer les « bienfaits » de cette Europe-là aux travailleurs ? Je ne suis pas hostile par principe à l’élargissement à l’Est. Mais ces choses-là prennent du temps.

J’entends l’argument géopolitique : on a tendance à croire que plus nous serons nombreux au sein de l’UE, plus nous constituerons un espace géopolitique puissant et indépendant. Mais c’est oublier que bien des pays à l’Est européen ne partagent pas cette vision : ils souhaitent surtout s’arrimer à l’Otan et aux États-Unis.

Sans compter la question de la gouvernance : aujourd’hui, à vingt-sept membres, c’est déjà une gageure d’obtenir une position commune sur certaines questions. Songez aux possibles blocages à trente-six !

C’est une orientation qui me paraît extrêmement difficile à prendre et à faire accepter aux Français. Car si demain, nous renonçons à l’unanimité sur les questions de défense et de diplomatie par exemple, cela signifie que la France confiera à ses voisins une part essentielle de sa souveraineté.

Imaginez qu’un  jour, une majorité de pays européens soutienne une aventure militaire que nos élus et notre opinion désapprouvent largement. Faudra-t-il y participer malgré nous ? Imaginez encore qu’on transfère tout ou partie de la compétence “santé” à Bruxelles. On ne tarderait pas à voir la Sécu mise en concurrence voire privatisée ! Je crois qu’on ne renforcera jamais l’Europe en créant davantage de dissensions entre ses membres.

Marché de l’électricité, relocalisation des activités industrielles, Europe de la défense, élargissement. Autant de sujets décisifs, aux implications énormes.

C’est l’intérêt des élections européennes qui viennent. Elles doivent permettre d’avoir cette indispensable « grande explication ».

La FGR se prononcera en temps et en heure sur cette élection, la stratégie et la campagne qu’elle entend mener, en espérant, c’est notre ligne de conduite depuis que nous nous sommes constitués, être utiles à la France et aux français.

Les défis pour la gauche

La gauche n’est pas toujours à la hauteur, soyons honnêtes. Elle verse trop souvent dans les querelles picrocholines, le nombrilisme. Elle multiplie les concessions au gauchisme culturel qui éloigne des masses, acceptant sans le dire l’américanisation des références et des combats, ce qui l’amène à des excès ou à des fautes. Le combat antiraciste est lui-même dévoyé – un rappeur antisémite et homophobe comme témoin de moralité.

Le risque, nous le sentons bien, est de donner l’image d’un progressisme déconnecté, condescendant et punitif.

La passion de la déconstruction, qui confine parfois à l’absurde : oublier Camus, transformé en homme blanc raciste et colonialiste, ou bannir J.-K. Rowling pour transphobie parce qu’elle a eu le malheur de croire que seules les femmes ont leurs règles.

Mais aussi celle de l’excommunication, a de fâcheuses conséquences.

Renvoyer toute expression divergente ou tout désaccord dans le camp du fascisme, en compagnie de Doriot et Déat, c’est surtout bêtement contribuer à banaliser l’extrême droite. Si tout le monde est d’extrême droite, plus personne ne l’est. Or le problème est qu’elle existe bel et bien, l’extrême droite, qu’elle progresse dangereusement, et qu’elle déroule tranquillement ses argumentaires sans être réellement inquiétée.

Le résultat, c’est que la gauche ne progresse pas. Elle se maintient depuis une décennie dans un étiage relativement bas, qui ne lui permet pas d’accéder au pouvoir. Il y en a qui se satisfont de la fameuse tripartition, oubliant un peu vite qu’on ne saurait gagner avec 30% des exprimés.

Faire tenir ensemble les aspirations des ouvriers, des employés, d’une partie de la classe moyenne et de la petite bourgeoisie. Ce n’est pas toujours facile, car les conditions de vie et les représentations idéologiques ont évolué et divergé, la géographie s’en mêle (on ne pense pas pareil selon qu’on habite dans un centre métropolitain ou dans la diagonale du vide, même si on fait le même métier). Mais ce n’est pas infaisable non plus. A condition de rechercher une position d’équilibre. Qu’on me comprenne bien : l’équilibre ce n’est pas la modération.

Radicalité des propositions (s’attaquer à la racine des problèmes), crédibilité de la méthode et des engagements.

Et surtout, il faut toujours chercher à embarquer le plus grand nombre. Quand la gauche se vit comme une avant-garde éclairée, elle laisse trop souvent des électeurs en route. Un pas en avant des masses, mais pas deux.

La fameuse phrase de Jaurès, aller à l’idéal, partir du réel. Aller à l’idéal : trop nombreux sont ceux qui l’ont abandonné, souvenir amer du quinquennat Hollande. Ne jamais perdre de vue l’objectif de transformation sociale et d’approfondissement de la démocratie.

Partir du réel : notre grille de lecture de la société ne saurait procéder de nos seules convictions. Il faut tenir compte, au moins un minimum, de la façon dont les gens vivent et de ce à quoi ils aspirent. Moquer le désir d’accès a la propriété (maison individuelle avec jardin), tonner contre les comportements prétendument irresponsables des gens, c’est se condamner à la minorité.

Le débat sur la barbecue est de ce pont de vue-là bien moins anecdotique qu’il n’y paraît. Pour des millions de gens, quelles que soient leurs origines sociales, il est synonyme de plaisir partagé, de sociabilité évidente, de proximité joyeuse. En faire le symbole du virilisme et de la consommation viandarde, c’est braquer inutilement des gens qui, dans leur immense majorité, ont déjà commencé à modifier leur mode de consommation alimentaire et sont moins dépourvus de conscience écologique que les CSP+ qui commandent une salade de quinoa sur Uber Eats.

Aller à l’idéal en partant du réel, quand on parle d’écologie, c’est savoir hiérarchiser les renoncements. Si la priorité est à la décarbonation, alors on va avoir encore longtemps besoin du nucléaire. Si le but est de réduire l’empreinte de la voiture et de l’avion, alors on ne peut pas s’opposer en même temps certains grands travaux qui vont améliorer le ferroutage. Je pense par exemple au tunnel Lyon Turin.

Interroger l’acceptabilité sociale de l’indispensable transformation écologique, ce n’est pas trahir la cause. C’est faire en sorte quelle soit partagée par le plus grand nombre.

Je vais prendre un autre exemple, totalement différent mais tout aussi parlant.

Faire campagne sur « la police tue », c’est par définition se couper d’une partie de notre électorat naturel. Il y a des bavures policières, il y a des policiers qui doivent être sanctionnés, mais l’immense majorité de nos compatriotes comptent sur les fonctionnaires de police, (non pas gardienne d’un ordre social injuste mais garante de la paix républicaine) pour les protéger physiquement, c’est aussi simple que ça.

Faire l’impasse sur la progression exponentielle de l’insécurité, c’est simplement occulter la réalité vécue par la majorité de nos concitoyens, ou qu’ils vivent, et accentuer ainsi l’impression de déconnexion.

L’autorité de l’État ne doit pas s’exercer uniquement dans la vie économique. Elle est censée faire appliquer le contrat social.

C’est en cela que la gauche ne peut gagner que si elle prend appui sur l’idée républicaine, qui est toujours une synthèse dynamique. Services publics et conquêtes sociales, mais aussi tranquillité publique et méritocratie républicaine – accessoirement réconcilier la gauche bac pro et la gauche hypokhâgne.

Mais je vous le dis : il ne suffit pas de dire que nous sommes républicains et de gauche pour que tout d’un coup les gens viennent vers nous par millions.

La République est devenue le lieu commun de la vie politique française : moins elle s’incarne, plus on en parle. Moins elle fait battre les cœurs, plus on s’en revendique. J’ai écrit une fois qu’il en est de la République comme des langues mortes. Ça n’a pas été compris. Je voulais dire parfois qu’on en exalte les beautés mais on ne les enseigne ni ne les pratique. Le cadre est incontesté, le contenu est dévitalisé.

Quel est drame des républicains sincères comme nous ? C’est que nos beaux principes, et les politiques publiques qu’ils avaient inspirées, sont profondément percutés par l’avènement de la « société de marché » et par la normalisation anglo saxonne, à laquelle une partie des classes supérieures consent. 

La société française est gangrenée par la ghettoïsation et le séparatisme social.  Et d’abord le séparatisme des riches, cette « révolte des élites » dont parle Christopher Lasch, mais aussi celui, moins spectaculaire, des Tartuffe des hypercentres qui n’ont que le « vivre ensemble » à la bouche quand ils ne vivent, en réalité, qu’avec leurs semblables. On ne dira jamais assez l’étiolement de la conscience républicaine chez les élites hexagonales.

Et c’est vrai aussi dans la jeunesse militante. Les théories différentialistes ont un écho certain dans la jeunesse estudiantine, et qu’il faut toujours être attentif à ce qui taraude la jeunesse. Ce qui nous parait évident à nous, la défense de l’universalisme, et son corollaire, l’attachement à la laïcité, ne vont absolument plus de soi dans certains milieux.

Et c’est là qu’on mesure à quoi l’individualisme des sociétés libérales aboutit : la disparition d’un monde commun. Le « venez comme vous êtes » de Mac Donald s’est progressivement imposé comme un modèle de vie en société. C’est le règne des tribus et des communautés, le triomphe du relativisme, l’exaltation de la singularité à tout prix.

Mais la juxtaposition des singularités mène à la guerre de tous contre tous. Et, tout aussi grave, à la complaisance avec les bigots, à l’acceptation, par des progressistes supposés, qu’une autorité prétendument supérieure s’arroge le droit de faire la police des comportements et des mœurs.

On a donc beaucoup de boulot de conviction. A nous de rappeler inlassablement que la République est plus qu’une constitution ou un régime politique : c’est une manière de voir le monde et d’y agir, propre à la France, à son histoire, à son génie.

L’école laïque, la Sécurité Sociale, le TGV : l’émancipation par l’instruction, la protection collective des travailleurs, l’aménagement du territoire par l’État stratège. Le modèle républicain se veut une réponse à la passion française pour l’égalité. Égalité des conditions, égalité des territoires, égalité des citoyens.

Il faut redonner à la République sa conflictualité originelle. Retrouver ce qu’elle avait de vivant, de piquant, d’irrévérencieux, d’inventif, voire de provocateur.

Je voulais terminer par une note plus personnelle. Puisque je parle d’être inventif, vivant ; piquant, je ne peux pas terminer sans évoquer une figure de notre jeune parti qui vient de quitter la vie parlementaire après plusieurs décennies de bons et loyaux services. Qu’on me comprenne bien : elle reste militante et n’a pas l’intention de prendre sa retraite. Mais, au moment où Marie-Noëlle quitte le Sénat, je voudrais rendre hommage à sa détermination, sa ténacité, son intelligence.

Ici l’Europe : notre continent s’installe dans la pauvreté

Public Sénat et France 24 diffusaient samedi 7 octobre l’émission “Ici l’Europe” enregistrée au Parlement Européen.

L’Europe s’installe dans la pauvreté : la solidarité est-elle encore une priorité ? Alors que l’inflation continue de frapper les pays européens, la question de la pauvreté en Europe est d’autant plus urgente. La politique sociale des de l’Union européenne est de toute évidence gravement insuffisante.

Emmanuel Maurel, député européen et animateur national de la GRS, répondait aux questions de Marie Brémeau et Caroline De Camaret. Il débattait avec Alin Mituţa, député européen de Roumanie, membre du groupe Renew Europe (Libéraux et Macronistes).

Rien ne pourra jamais justifier le massacre délibéré de civils

message d’Emmanuel Maurel, député européen, animateur national de la Gauche Républicaine et Socialiste – dimanche 8 octobre 2023, 19h14

« Je suis profondément bouleversé par ce qui se passe en Israël, hanté par des images effroyables, le cri des otages et des victimes. La solidarité est évidente, immédiate, sans ambiguïté et sans « mais ».

Le pays se défend contre une attaque terroriste de grande ampleur, c’est légitime. Le Hamas ne se soucie pas des civils palestiniens victimes d’inévitables représailles, aveuglés qu’ils ont toujours été par l’idéologie du martyre.

Ce qui rajoute du drame, c’est qu’Israël est dirigé par un des pires gouvernements de son histoire, emmené par une coalition d’extrême droite qui divise son peuple et a échoué à le protéger. Le risque est évidemment celui de l’embrasement général, dans la région et au-delà.

Aujourd’hui, les partisans de la paix et d’une solution politique paraissent isolés et vains. Pourtant, c’est bien ce camp là qu’il faut inlassablement soutenir. Palestiniens et israéliens ont le droit à la sécurité et à paix. »

Retrouvez ci-dessous le communiqué de la GRS publié en fil twitter le samedi 7 octobre 2023 à 12h48

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