Préfet Lallement : le dérapage de trop !

De piètres excuses ne suffisent pas. Comment ne pas imaginer l’indignation et la colère des malades et de leurs proches devant sa déclaration irresponsable qui vise à les culpabiliser et à les montrer du doigt alors même qu’ils sont plongés dans la souffrance. Dans cette période difficile pour la nation, la gauche républicaine et socialiste déplore une telle stratégie de communication qui renvoie la responsabilité aux individus pour mieux faire oublier les manquements de l’État. Le préfet Lallement, multirécidiviste des provocations et des vexations, tout le monde se souvient qu’il avait déclaré ne pas “être dans le même camp” que des manifestants pacifiques, s’est définitivement écarté du champ républicain. Pour toutes ces raisons, la Gauche Républicaine et Socialiste appelle à la démission du préfet Lallement, ou à défaut à sa révocation.

Le démantèlement de l’hôpital public n’est pas un fantasme

Une tribune de Caroline Fiat, députée Gauche républicaine &
socialiste (membre du groupe parlementaire La France Insoumise)

La période d’épidémie du Covid-19 mobilise entièrement la nation. Chaque français joue un rôle dans cette lutte contre l’expansion du virus. Les professionnels de santé, en première ligne, tous ceux qui continuent à maintenir à flot certains secteurs essentiels – en seconde ligne, et tous les français en s’adaptant et en respectant les règles liées au confinement.

Pour l’heure, le Président de la République Emmanuel Macron l’a rappelé, l’objectif est d’être uni dans la lutte contre le virus, d’être responsable pour mener la guerre.

Néanmoins, l’expression de visions alternatives est un impératif – c’est la raison de la reprise des travaux du Parlement, même dans un format réduit – et le moment nous donne plus que jamais l’occasion de prendre du recul sur les politiques de ces dernières décennies pour comprendre ce qui a conduit à la situation catastrophique que nous connaissons. 

Dans ce contexte, Frédéric Lordon, économiste de formation, chercheur en philosophie sociale au CNRS, a trempé sa plume dans le vitriol pour attaquer le système néolibéral, architecte de cette construction bancale qui s’effondre devant nos yeux. Le feuillet encore chaud, Eric Verhaege, haut-fonctionnaire, contributeur à Contrepoints et FigaroVox lui a répondu avec véhémence laissant entendre que le budget la Sécurité sociale et plus précisément celui de nos hôpitaux ne s’étaient jamais si bien portés ces dix dernières années. D’un côté il y aurait le ressenti des soignants et des français, de l’autre la réalité des chiffres.

Jouons le jeu. Regardons ce que nous disent les chiffres justement sur la situation de l’hôpital public aujourd’hui. 

Lorsque l’Eric Verhaege affirme que le budget des hôpitaux a connu une hausse de 25% entre 2009 et 2020, soit deux fois plus rapide l’inflation, il oublie de dire que les charges des hôpitaux ont, elles, cru bien plus rapidement du fait du vieillissement de la population et de l’augmentation des maladies chroniques. 

L’énarque fait ici preuve d’une remarquable malhonnêteté intellectuelle puisque pour juger de la bonne santé de notre hôpital public, il se contente d’en observer le budget, hors de tout contexte. Mais le démantèlement d’un service public ne s’observe qu’en comparant les recettes avec les charges induites par les besoins à satisfaire. En d’autres termes, il faut calculer les économies réalisées.

Chaque année, l’hôpital voit ainsi ses charges augmenter d’environ 4%. Dès lors, lorsque son budget ne croit que de 2% par an, le compte n’y est pas. Ainsi, en 2018, malgré un budget en hausse, les hôpitaux devaient réaliser 960 millions d’euros d’économies. En 2019, rebelotte à hauteur de 650 millions d’euros cette fois-ci. 

Lors du vote du budget pour 2020, malgré l’annonce en grande pompe d’un « Grand plan pour l’hôpital », 800 millions d’euros d’économies étaient demandés aux hôpitaux et 4,2 milliards à l’Assurance maladie. On arrive à un total de 12,2 milliards d’économies sur les dépenses de santé depuis l’arrivée de Macron. Les chiffres font froid dans le dos, la réalité encore davantage.

Regroupements hospitaliers, fermetures de maternités (plus de la moitié en seulement 40 ans), incitation croissante à la pratique libérale… les faits sont têtus. 

Eric Verhaege juge que la fermeture des lits n’est que le corollaire des progrès scientifiques en matière de médecine ambulatoire. Il pointe alors « la fermeture assez naturelle du nombre de lits, devenus inutiles faute de malades en nombres suffisants. » Il fallait oser ! L’argument serait risible s’il n’y avait pas une réalité soignante derrière
faite de souffrance au travail. Courir d’un service à un autre pour trouver un lit de libre à un patient est devenu le quotidien dans certains services, tout particulièrement les services d’urgence. Non les 100 000 lits fermés ces 20 dernières années ne sont pas le simple fait de fulgurants progrès en santé.

Par ailleurs, quand il fait état d’une bureaucratie plus souple dans les structures de santé privées qu’au sein de l’hôpital public, il fait fi des différences de patientèles et de soins pris en charges. En effet, le privé se paie le luxe de choisir ses soins et ses patients. Ainsi, tandis qu’une clinique privée pratique essentiellement de la médecine en ambulatoire, les structures publiques doivent prendre en charge les hospitalisations de longue durée, ce qui induit nécessairement des charges administratives supplémentaires.

Il aura fallu un virus, le Covid-19 pour que soient ébranlées les certitudes austéritaires de nos dirigeants. Car en effet, l’heure est au mea culpa. Le Président de la République a annoncé, ce Mercredi 25 mars, à Mulhouse, qu’un grand plan sur la santé aura lieu à la suite de cette crise. Il atteste du fait que, jusqu’à présent, ce secteur a manqué terriblement de moyens.

Pour l’hôpital, la solidarité pas la charité !

Pour répondre à la détresse budgétaire dans laquelle l’hôpital public se trouve, le ministre des finances Gérald Darmanin , dans un exercice d’autopromotion ne manquant pas de mettre en avant ses origines sociales modestes largement oubliées depuis qu’il est ministre d’un des gouvernements les plus réactionnaires connus sous la cinquième République, a trouvé une idée qui lui semble disruptive et novatrice : lancer une cagnotte en faisant appel aux plus fortunés.

De toutes les outrances du macronisme, celle-ci est particulièrement odieuse.

La sécurité sociale et la solidarité nationale ne reposent pas sur le don, mais sur l’impôt. Ce que veut rétablir monsieur Darmanin, c’est l’assistance publique par la charité. La gestion des problèmes sanitaires et sociaux serait au bon vouloir des fortunés. La République Sociale, ce n’est pas ça ! Le Conseil National de la Résistance, à qui nous devons notre modèle social tellement mis à mal par bientôt quarante de néolibéralisme dont Emmanuel Macron est la synthèse la plus radicale et aboutie, ne s’est pas battu pour que les puissances de l’argent versent l’obole aux pauvres et à leurs hospices. Il a fait émerger un système social protecteur qui reposait sur des caisses de sécurité sociale et sur l’impôt, finançant des hôpitaux ouverts à tous.

Depuis un an les personnels soignants sont en grève pour défendre le service public et pour leur dignité au travail. En les rendant indigents et en voulant les rétribuer à l’aide de cagnottes, le ministre en charge du financement de l’Etat les humilie une fois de plus, au moment où nous leur sommes tant redevable.

Le mode de financement de l’Etat et des services publics ne doit pas passer par de sinistres cagnottes aux noms desquelles nous devrions remercier de généreux bienfaiteurs. Les classes aisées ont bénéficié de baisses d’impôts systématiques qui ont creusé les inégalités et contribué à la destruction de notre système sanitaire.#PlusQueJamais , La Gauche Républicaine et Socialiste propose que le financement en urgence de l’hôpital se fasse par le rétablissement de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune, car c’est la solidarité, et non la charité, qui fonde le contrat social de notre République.

Pour notre souveraineté sanitaire, nationalisons Luxfer !

Les libéraux nous ont fait une belle promesse, celle qu’en laissant les marchés décider seuls, la société gagnerait en bien-être. L’Histoire et nos quotidiens sont remplis de contre-exemples qui prouvent qu’il n’en est rien. La concentration des activités au sein de quelques multinationales tentaculaires, l’avidité de leurs actionnaires et la recherche permanente d’un maximum de profit en un minimum de temps ont condamné de nombreuses activités industrielles sur le territoire national, délocalisées vers des pays où bien souvent les travailleurs sont sous-rémunérés et possèdent des droits inférieurs à ceux des français. Ce dumping social, et souvent aussi environnemental, a bien sûr causé la destruction de centaines de milliers, voire de millions d’emplois dans notre pays, si bien qu’alors que nous connaissons un chômage de masse structurel, nous continuons à laisser délocaliser des activités industrielles. La conséquence pour notre économie est évidemment la dépendance aux importations pour ce que nous ne produisons pas ou avons cessé de produire. En période de crise, comme celle que nous connaissons actuellement avec l’épidémie de Covid-19, l’approvisionnement de nombreux secteurs s’en retrouve fragilisé.

C’est le cas plus particulièrement de la production de bouteilles d’oxygène : l’usine Luxfer de Gerzat (63), dernier site de production de France et d’Europe hors Royaume-Uni, est à l’arrêt, suite à la décision du groupe de le fermer définitivement le 26 novembre 2018. Les bouteilles de gaz produites à Gerzat sont d’une qualité unique au monde et destinées à contenir notamment de l’oxygène pour les hôpitaux et les pompiers. Le savoir-faire des salariés de Gerzat est unique (alliages, processus de production, contrôle de la qualité). Le site est rentable, malgré la baisse drastique des investissements du groupe, et pourrait l’être encore davantage. Le motif avancé serait un manque de « compétitivité » de l’usine de Gerzat. Il n’en est rien. En réalité, les 136 salariés en CDI et les 27 intérimaires sont sacrifiés sur l’autel de la finance. Où sont donc passés les 230 000 € annuels que touche Luxfer au titre du CICE pour l’usine de Gerzat depuis 2013 ? Le Ministère de l’Economie a validé le motif économique des licenciements, alors que l’inspection du travail elle-même l’avait retoqué. 111 salariés et 14 intérimaires contestent aujourd’hui leur licenciement devant les prud’hommes.

Cela fait 15 mois que les salariés sont mobilisés pour faire entendre leur voix, leurs droits et leur volonté de maintenir l’activité sur l’usine de Gerzat. Ils ont cherché et trouvé des repreneurs. Ils ont élaboré un projet de SCOP. Pourtant, le Ministère de l’Economie et le groupe Luxfer n’ont pas fait leur part du travail, malgré les engagements pris au titre de la « revitalisation » du site. Le 20 janvier 2020, les salariés ont été contraints de bloquer l’usine pour empêcher la direction de Luxfer de démanteler le site et de détruire les machines. Tout cela a plus qu’assez duré. Il est temps de rendre hommage aux salariés de Luxfer, car leur combat est d’intérêt général. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités. La CGT vient de lancer un appel à la nationalisation du site de Gerzat. La pétition est disponible ici : http://chng.it/hXcVQM5Jkk.

Nous avons plus que jamais besoin de bouteilles d’oxygène. Nous devons les produire en France. Nous pouvons les produire à Gerzat. L’enjeu est de préserver l’emploi dans un bassin de vie déjà très sinistré. L’enjeu est de préserver un savoir-faire industriel majeur. L’enjeu est de préserver une production d’intérêt public. Il est urgent et indispensable de nationaliser immédiatement l’usine de Gerzat pour relancer la production de bouteilles de gaz. Air Liquide, l’un des clients de l’usine, a annoncé le doublement de sa production de bouteilles d’oxygène : il va bien falloir lui fournir des contenants ! La responsabilité est dans le camp du gouvernement : va-t-il assumer, au nom de son dogmatisme libéral, de risquer la pénurie de bouteilles d’oxygène, en pleine épidémie d’un virus causant précisément des troubles respiratoires ?

Au-delà de ce cas particulier, c’est notre souveraineté sanitaire qui est en cause. Nos hôpitaux manquent de matériel en tout genre, de masques, de gel hydro-alcoolique, de respirateurs, de médicaments. La rupture des chaînes d’approvisionnement venant de Chine nous appelle à mettre l’intérêt général avant la compétitivité, l’utilité publique avant les intérêts privés, les vies avant les profits. La France est suffisamment dotée en savoir-faire, en technologie, en main d’œuvre pour assurer son indépendance sur les secteurs les plus essentiels : la santé en fait partie. Il n’y a là aucun égoïsme national ni aucun chauvinisme. Nous n’avons pas d’autres choix que d’assurer la sécurité et la qualité permanente de l’approvisionnement de notre système de santé en matériel médical.

Mobilisons-nous. Signons ! Partageons ! Amitiés et respect aux Luxfer : vous êtes aujourd’hui le nom de la dignité des travailleurs.

Union Européenne: pas d’élargissement dans le dos des Français

Nous vivons une
situation sanitaire inédite et l’Union Européenne ne parvient pas à
faire vivre la solidarité entre les Etats membres. Dans ce contexte,
la décision d’Emmanuel Macron de retirer le véto de la France à
l’élargissement de l’UE à la Macédoine du Nord et à l’Albanie
sans consulter ni les Français ni le Parlement est une faute
politique majeure. Les réformes des retraites et de
l’assurance-chômage ont été repoussées pour ne pas diviser la
Nation dans l’épreuve que nous traversons. Faire ce choix dans le
dos des Français, alors que l’Union Européenne démontre son
incapacité à répondre à une crise majeure relève de
l’opportunisme cynique ou de la faiblesse politique. Dans le chaos
ambiant de la pandémie, le commissaire européen à l’élargissement
joue le rôle de l’orchestre du Titanic jouant en plein naufrage, en
se déclarant “très heureux” de cette formalité.

Nous formulons nos
craintes que cette décision accroisse encore un peu plus la
désaffection des Français contre l’Union Européenne, et renforce
le sentiment que ce sont des élites politique déconnectées du
peuple qui mènent des négociations majeures sans qu’il soit possible
de les contrôler. La Gauche Républicaine et Socialiste rappelle
ainsi son opposition à tout nouvel élargissement de l’Union
Européenne sans passer par un référendum.

A quand la réquisition des cliniques privées ?

Dimanche 22 mars, le président de la fédération des cliniques privées de France, Lamine Gharbi, s’est étonné dans un entretien journalistique que le gouvernement ne réquisitionne pas les places disponibles dans les établissements de santé, prenant notamment pour exemple le cas de l’Est de la France d’où on évacue les malades par avion au lieu d’utiliser les capacités d’accueil disponibles dans les établissements du secteur privé.

Alors qu’aucune réaction de l’Etat n’était venue, c’est le président de l’AP-HP Martin Hirsch qui lançait par média interposé un appel criant à la réquisition sans vraiment oser prononcer le mot (de peur de froisser la susceptibilité de l’exécutif ?).

Les cliniques privées ont pourtant anticipé une telle réquisition, 4 000 lits supplémentaires ont été rendus disponibles. Faut-il donc que l’Etat sous le pilotage d’Emmanuel Macron soit aveugle et sourd ?

Ou alors y a-t-il au plus haut sommet de l’Etat une réticence à recourir à la réquisition… par la crainte que cela constitue un précédent qui pourrait plus tard inspirer une plus large demande sociale et politique de ce type de procédure, par exemple dans le secteur du logement…

Pour l’instant, seules les ARS ont parfois utilisé ces capacités, dans le Grand-Est et en Occitanie. Alors que nous avons cruellement besoin d’une planification sanitaire nationale et que l’hôpital public est au bord de la rupture, ne pas profiter d’une telle opportunité et en laisser l’initiatives aux seules ARS, sans coordination ni volontarisme assumé, est irresponsable.

La Gauche Républicaine et Socialiste appelle à ce que le gouvernement réponde prestement à la proposition des cliniques privées et à l’appel du président de l’AP-HP, et soulage l’hôpital public, ses soignants, et les malades, en réquisitionnant celles que les ARS n’ont pas encore mobilisées, sans qu’il n’y ait de facturation supplémentaire. La mobilisation générale contre l’épidémie, c’est aussi la capacité de l’Etat à être interventionniste, surtout quand le secteur privé en admet lui-même l’utilité et s’y prépare.

Le double langage ou le « en même temps » de crise !

Alors que la situation sanitaire du Pays, de l’Europe et du Monde se détériore de jours en jours et que les messages provenant de Chine ou d’Italie nous enjoignent à adopter et respecter un confinement strict, seul moyen valide, pour l’instant, de freiner la progression de la pandémie, le gouvernement continue de pratiquer le « En même temps ».

Que ce soit dans les annonces du président ou du premier ministre, qui deviennent de plus en plus moralisateurs, ou dans les points presse quotidiens du professeur Salomon, qui annonce un durcissement de la crise pour les jours suivants, il faut bien se rendre à l’évidence que le « quoi qu’il en coûte » du discours présidentiel reste une belle formule, mais que nos dirigeants disruptifs ne changent pas de ligne dans cette période.

En effet, alors que les salariés du BTP ainsi que les organisations représentatives se posent légitimement la question de la continuité des activités, la ministre du travail, Murielle Penicaut les accuse de défaitisme et de désertion.

Les activités de construction se font toujours en co-activité et en collaboration entre corps d’état. Or si on sait gérer la co-activité pour se prémunir des accidents du travail, on ne peut pas organiser efficacement les mesures barrières sur un chantier. Outre le manque régulier de points d’eau pour se laver les mains, la pénurie de gel hydroalcoolique, ou la pénurie de masques qui doivent être réservés avant tout aux personnels soignants, les règles de distanciation ne peuvent être respectées, pour des raisons simples de sécurité.

En outre, les marchés de travaux de construction sont attribués selon des critères trop souvent économiques, ce qui élimine les petites entreprises artisanales locales. Les trajets effectués par les entreprises de plus grosses taille (souvent les groupes nationaux, Vinci, Eiffage, …) représentent ainsi autant de nouveaux vecteurs de propagation du virus, et la co-activité inhérente à la construction rend de ce fait la contamination inévitable.

De même, l’approvisionnement des fournitures de chantier, principalement organisé par des plateformes nationales crée autant de nouveaux points de fixation du virus.

En proposant une « prime » aux salariés du BTP, le gouvernement crée ainsi les conditions d’un choix économique au détriment d’un choix sanitaire. Ce choix, certaines catégories de salariés du BTP ne l’ont pas : salariés payés au SMIC, intérimaires, auto-entrepreneurs sous contrat quasi exclusif avec de plus grosses entreprises.

Or, s’il y a des activités absolument nécessaires de maintenance et de réparation, il faut préserver l’appareil productif pour la gestion de l’après crise.

Nous aurons besoin de tous pour répondre au plan de relance nécessaire qui devra faire émerger un autre modèle que celui purement financier et spéculatif défendu jusqu’à présent par Emmanuel Macron.

Il appartient donc au gouvernement de protéger tous les Français en prenant les mesures de maintien des niveaux de salaire pendant la crise, sans revenir sur le droit du travail et sans les mettre en danger en utilisant ce double langage.

Quelques remarques et inquiétudes sur les lois d’urgence pour lutter contre la propagation de l’épidémie de #COVID_19

Ce matin commence en commission à l’Assemblée nationale le débat sur le projet de loi de finances rectificative pour 2020 et au Sénat sur les projets de loi organique et ordinaire pour prendre des mesures d’urgence et faire face à la propagation de l’épidémie de COVID-19.

Passons rapidement sur le projet de loi organique qui concerne les délais de traitement des dossiers soumis au Conseil Constitutionnel car c’est celui qui pose le moins de problème. Actuellement la procédure de question prioritaire de constitutionnalité (QPC) est encadrée par des délais devant les juridictions administratives et judiciaires et le Conseil constitutionnel. Ainsi, l’absence d’examen, dans un délai de 3 mois, des QPC soulevées dans le cadre d’un litige devant le Conseil d’État et la Cour de cassation entraînerait le dessaisissement de ces juridictions et la saisine du Conseil constitutionnel. Or le confinement et la crise sanitaire empêchent ces juridictions de se réunir dans un cadre adéquat ce que ces délais puissent être respectés. Aussi, le projet de loi organique prévoit que le délai de 3 mois de transmission des QPC par le Conseil d’État et la Cour de cassation ainsi que le délai de 3 mois dans lequel le Conseil constitutionnel statue sur une question transmise soient suspendus jusqu’au 30 juin 2020.

Concernant le Projet de loi de finance rectificative, sa présentation même était un passage obligé pour pouvoir mettre en oeuvre d’une garantie de l’Etat relative aux prêts consentis par les banques et établissements de crédit, et ceci avec pour un montant maximal de 300 milliards d’euros (Mds€). Ce qui implique une première remarque : Pourquoi les garanties en France ne sont que de 300 Mds€ alors que l’Allemagne monte à 550 Mds€ ? Ils ont 14 millions d’habitants en plus et de meilleurs comptes publics mais est-ce qu’on en est à chipoter au risque de ne pas être à la hauteur ?
D’un point de vue technique, il reste extrêmement lacunaire à quasiment tous les égards et devra s’accompagner d’un nouveau projet de loi de programmation des finances publiques pour être crédible. Il ne l’est en effet pas à ce stade.
Sur le contenu, le texte manque indéniablement de précision, voire de clarté à plusieurs niveaux et, une nouvelle fois, met en lumière des « décisions » gouvernementales dont la véracité n’est à ce stade pas attesté. Les dépenses réellement engagées par l’Etat seront en toute hypothèse très éloignée des 45 Mds€ annoncés et représenteront un montant pour l’Etat de 15,4 Mds€ si l’on se base sur le référentiel retenu par le gouvernement.

Le projet de loi ordinaire sur les mesures d’urgence et qui crée l’état d’urgence sanitaire pose plus de difficultés. Au regard du caractère inédit de la situation et de l’émotion (légitime) qui en résulte, les mesures qui doivent être prises doivent être exceptionnelles, expérimentales, originales… mais c’est un moment délicat pendant lequel le risque existe de faire passer des mesures excessives et dangereuses à court terme et de créer des précédents douteux à long terme. Notre boussole doit évidemment être l’intérêt général et l’efficacité face à l’épidémie. Cela n’est pas à discuter. Mais il ne peut être question de mettre la démocratie entre parenthèses, ou de confier d’une manière ou d’une autre les pleins pouvoirs à qui que ce soit quel qu’en soit le prétexte. La création d’un “état d’urgence sanitaire” est donc inédit et il conviendrait que le contrôle parlementaire soit renforcé pour assurer le suivi de sa mise en oeuvre et la sortie du dispositif. Le recours aux ordonnances extrêmement nombreuses dans ce projet de loi paraît logique vue l’urgence de la situation, mais elles touchent des champs tellement larges que le contrôle des modifications qui seront opérées du point de vue économique et social sera compliqué sinon impossible après coup. Le Gouvernement nous demande une confiance absolue… Nous sommes pour la confiance méfiante.

En effet, les article 6, 7, 8 et 9 de l’avant projet de loi semblaient initialement particulièrement respectueux du Parlement (limite du décret instituant l’état d’urgence sanitaire, vote d’une loi pour le proroger au-delà de 12 jours, fin de l’EUS en cas de démission du gouvernement ou de dissolution du parlement, information du parlement par le gouvernement de toutes les mesures exceptionnelles prises…) ; or le décret tel qu’il est définit par le projet de loi porte à un mois l’instauration de l’état d’urgence sanitaire sans contrôle réel du parlement ; tout cela dans une période sans possibilité de contrôle juridictionnel de la proportionnalité des mesures. L’article 10 définit ce que l’état d’urgence sanitaire permet au gouvernement : limiter la liberté d’aller et venir, la liberté d’entreprendre et la liberté de réunion et procéder aux réquisitions nécessaires. Ces mesures doivent être proportionnées aux risques encourus et appropriées. Mais il est indiqué “Il est mis fin sans délai aux mesures mentionnées à au premier alinéa dès lors qu’elles ne sont plus nécessaires.” Or qui décide ? le gouvernement tout seul ? On peut donc s’interroger ici légitimement sur la façon dont seront conduites les choses…

D’autre part il est à noter que l’article 12  reprend des dispositions déjà existantes concernant les mesures qui peuvent être prises par les représentants de l’Etat dans les territoires et qui existent déjà dans la loi (cf. Article L. 3131-1 du code de la santé publique actuellement en vigueur).

C’est dans la lecture des ordonnances prévues par ce projet de loi que notre interrogation grandit donc, car les mesures envisagées dans le domaine économique et social pourraient ne pas être limitées dans le temps contrairement à ce qui est prévu pour toutes les mesures concernant des sujets de police administrative. Notons encore que la conformité au droit européen n’est d’ailleurs rappelée dans ce projet de loi que pour les questions économiques et sociales et non pour les libertés publiques…

Point commun de toutes ces mesures : on tourne déjà le dos au discours de Macron de jeudi sur le “Quel que soit le coût”. L’exécutif choisit donc dans ces domaines de limiter les coûts pour les entreprises au détriment des droits et surtout de la protection des salariés, c’est également une manière de ne pas mettre l’Etat dans une situation où il aurait à indemniser ou soutenir économiquement trop d’entreprises : on fait donc le lien avec un projet de loi de finances rectificative pour 2020 lacunaire, comme nous le disions plus haut, et cela au prix de la sécurité des salariés. Il faut donc regarder à l’article les sous alinéas suivants :

iii) modifier les conditions d’acquisition de congés payés et permettre à tout employeur d’imposer ou de modifier unilatéralement les dates de prise d’une partie des congés payés, des jours de réduction du temps de travail et des jours de repos affectés sur le compte épargne-temps du salarié, en dérogeant aux délais de prévenance et aux modalités d’utilisation définis par le livre 1er de la troisième partie du code du travail , les conventions et accords collectifs ainsi que par le statut général de la fonction publique ;

On veut permettre aux employeurs de contraindre les salariés à poser leurs jours de Congés payés, RTT et d’utiliser leur Compte Epargne Temps dès maintenant.
Les employeurs, qui font déjà pression sur les salariés en ce sens depuis plusieurs jours, vont avoir intérêt à privilégier cette solution, moins chère et contraignante que le recours à l’activité partielle.
Et les salariés n’auront plus de congés au moment de la reprise de l’activité, notamment cet été, pour récupérer d’une période stressante physiquement et psychologiquement.
Cela pose aussi un problème considérable de rupture d’égalité entre salariés, selon que l’entreprise aura ou non déposé un dossier de recours à l’activité partielle, et aussi selon que le recours au télétravail ou à l’arrêt maladie pour garde d’enfant de moins de 16 ans est possible ou non : des congés d’ici la fin de l’année pour les uns, aucun pour les autres.
Enfin, l’expression “modifier les conditions d’acquisition de congés payés” peut également permettre de toucher à la période d’acquisition des CP, en principe aujourd’hui entre le 1er juillet le 30 juin, afin de permettre aux entreprises de maximiser les congés à prendre dès maintenant.

iv) permettre aux entreprises de secteurs particulièrement nécessaires à la sécurité de la nation ou à la continuité de la vie économique et sociale de déroger de droit aux règles d’ordre public et aux stipulations conventionnelles relatives à la durée du travail, au repos hebdomadaire et au repos dominical ;

Cette mesure générale devant être précisée par ordonnance est très dangereuse. La situation est déjà extrêmement difficile pour ceux qui doivent travailler en présentiel. Va-t-on jusqu’à remettre en cause les durées de repos minimales du droit européen (repos journalier de 13h, hebdo de 24, 48h max hebdo…) ?
On ne peut pas demander aux quelques salariés qui doivent continuer à travailler, pour des raisons évidentes compte tenu de leur activité, de se tuer à la tâche. Il faudrait au contraire les ménager pour qu’ils tiennent dans la durée, organiser les roulements, le repos, etc.

viii) modifier les modalités d’information et de consultation des instances représentatives du personnel, notamment du comité social et économique pour leur permettre d’émettre les avis nécessaires dans les délais impartis ;

Tout dépend de ce que contiendront les ordonnances. Si c’est pour suspendre les délais de consultation des Comités sociaux d’Entreprise (CSE) sur les projets en cours, c’est heureux, mais à condition que la mise en œuvre de ces projets d’entreprise soient eux-mêmes suspendus ; mais cela nous paraît assez improbable. Ce sont donc les salariés qui en feront les frais.
Si c’est pour permettre aux entreprises de remettre en cause toute procédure d’information/consultation des CSE, ou pire, toute obligation de les réunir par visio-conférence, c’est dangereux et largement absurde, dans la mesure où il est au contraire indispensable dans la période de réunir les comités pour les associer à la recherche de solutions concertées, intelligentes, sur-mesure, au bénéfice des salariés comme des entreprises. C’est ce que demandent les CSE, les organisations syndicales et à bien des égards les entreprises qui cherchent des solutions intelligentes et adaptées dans la période.

Aucune interpellation, ou rappels à l’ordre, de la part des des salariés, CSE et organisations syndicales dans les entreprises ne peut être prise au sérieux, puisque il n’y a plus de justice et plus d’inspection du travail. Donc pas d’enquête ni inspection dans les entreprises (confinement), et pas de sanction possible pour les manquements. Et les entreprises commencent à bien le comprendre. 
Il reste donc les médias, et la politique, mais évidemment dans les circonstances il va être facile pour les démagogues de dénoncer les alertes des représentants des salariés et de les faire passer pour des caprices puisqu’on garantit le maintien des emplois. 
Nous devons pourtant absolument faire entendre le message qu’il faut protéger ceux qui travaillent parce qu’on a jamais eu autant besoin d’eux. 

CORONAVIRUS : UN PLAN D’URGENCE s’impose immédiatement en France et en Europe CONTRE LA CRISE

 L’Union européenne prend à peine conscience de lampleur de la crise sanitaire, économique, financière et sociale déclenchée par le coronavirus, en bricolant dans la précipitation quelques milliards de redéploiements de crédits budgétaires.

la France se prépare mais nos concitoyens peinent à se projeter dans l’hypothèse d’une aggravation massive de la contamination. En la matière le principe de précaution doit absolument prévaloir.

Hormis lItalie, qui vient de prendre des mesures draconiennes (de confinement des populations, mais aussi, ça s’est moins remarqué, de déblocage de crédits dun montant de 25 milliards !), les Etats-membres bafouillent leur riposte sans véritable coordination.

Néanmoins, quelques idées forces émergent de la confusion générale et surtout apparaissent absolument urgentes soutien du système de santé, particulièrement hospitalier pour soigner tout le monde; développement des tests et bonne coordination avec les médecins de ville, protection réelle des personnels soignants et paramédicaux, soutien des entreprises et des salariés pour prévenir les faillites et les licenciements ; relance monétaire et budgétaire pour enrayer la récession.

Si Emmanuel Macron souhaite rétablir une confiance qui seffondre au rythme de la propagation du virus (2,5 fois plus de personnes contaminées tous les5 jours), il na plus le choix : ce soir il doit annoncer des décisions massives, globales qui embrassent tous les champs d’abord sanitaires mais aussi économiques et sociaux.

1- Soutien du système de santé et particulièrement hospitalier

Contrairement à la communication chauvine du Gouvernement qui dénigre depuis quelques jours la qualité du système de santé italien, ce dernier na pas à rougir par rapport au nôtre. Dans le classement par pays de la qualité des soins de lOMS, la France est certes première, mais lItalie estdeuxième. Il faut donc sans délais sinspirer, voire copier ce que nos grands frères transalpins ont fait : recrutement de milliers de personnels de santé, acquisition des matériels adéquats (notamment les respirateurs), ouvertures de lits de réanimation (la France nen possède que 5000, contre 20.000 en Allemagne).

D’un point de vue industriel, les entreprises pharmaceutiques doivent impérativement reprendre la fabrication locale, et non plus délocalisée en Chine, des principes actifs et de toutes les molécules utiles. Les fabricants dappareils médicaux doivent être mobilisés comme en économie de guerre (nous ne faisons ici que reprendre une expression deJacques Attali), mais à prix règlementés. Un programme immédiat de production dans l’hexagone des matériels médicaux ou de protection ainsi que de médicaments devrait être arrêté, dans les jours qui viennent, pour faire face aux besoins les plus tangibles et initier un mouvement qu’il faudra amplifier dans la durée de re localisations industrielles.

D’un point de vue budgétaire, il faut immédiatement, au regard d’un cas de force majeure déroger au cadre fixé par le Projet de Loi de Finances de la Sécurité Sociale et se soustraire à la limitation de l’ONDAM ( on ne peut s’empêcher de regretter de ne pas avoir été entendus lorsque dans le débat budgétaires nous alertions sur une remise à niveau de l’hôpital public qui était sous tension et ne pourrait faire face à de graves crises. l’arrogance de Mme Buzyn n’avait d’égal que son mépris pour les professionnels pourtant très inquiets de la situation). Dés à présent plusieurs mesures devraient être prises d’une part une augmentation générale des salaires dans la fonction publique hospitalière avec l’annonce d’une négociation ultérieure pour la revalorisation de certains métiers d’autre part l’annonce de recrutements immédiats pour faire face aux besoins. La revalorisation des salaires et des conditions de travail est un impératif pour pourvoir les postes existants ou à créer. Des crédits supplémentaires de fonctionnement sont aussi indispensables.

Les paroles sur le dévouement des soignants et personnels ne suffisent pas. Et en tout cas, nous avons déjà payé – et payons encore- très cher l’austérité dans le secteur de la santé. Il n’est pas imaginable qu’il y ait la moindre limite budgétaire qui puisse prévaloir aujourd’hui.

2- Soutien des entreprises et des salariés

La crise financière qui frappe actuellement les bourses du monde entier aura des conséquences sur la solvabilité des banques. Lesquelles resserreront leurs crédits, tant dinvestissement que de trésorerie, aux entreprises. Lesquelles sont au surplus menacées de faillite par l’arrêt de lactivité économique. Le Gouvernement doit non seulement mobiliser la Banque Publique dInvestissement pour apporter sa caution au maximum de PME, mais il doit aussi placer sous tutelle toutes les banques françaises afin que le soulagement de la charge financière des entreprises soit total. Dans certains cas, il faut envisager la pure et simple annulation d’impôts ou de cotisations, car certaines entreprises n’auront pas seulement des problèmes de trésorerie mais des capacités à résorber les pertes d’activités.

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S’il s’avère nécessaire de placer des salariés en chômage partiel ou technique (par exemple faute dapprovisionnement en composants chinois), la compensation de la perte de salaire doit être intégrale. Dans le même temps, il faut annuler la réforme de lassurance chômage, comme le demandent tous les syndicats de travailleurs. Enfin, il conviendrait de rétablir l’autorisation administrative de licenciement, de manière à empêcher les licenciements opportunistes ou boursiers infligés au prétexte du coronavirus. En tout cas il convient de réunir une conférence sociale tripartite les partenaires sociaux, état. De la même façon, il convient de prendre des mesures dans la fonction publique avec en autre l’abandon du jour de carence.

3- Relance monétaire et budgétaire

Certaines Banques centrales ont mis en œuvre des mesures de desserrement monétaire dès la semaine dernière. Ainsi la FED a baissé son taux directeur de 0,5 point. Mais il faut faire plus. Les Banques centrales doivent reprendre au plus vite leurs programmes de rachats de dettes souveraines, interrompus ou fortement atténués depuis un an et demi. Cela soulagera bien sûr les banques, mais leur mise sous tutelle permettra dorienter largent non plus vers la spéculation mais vers l’économie réelle.

Mais la reprise de ces programmes « d’assouplissement quantitatif » (ou, en bon français, de planche à billets), qui devra être étendue y compris à la Grèce (qui en est actuellement exclue), soulagera surtout les Etats. En annulant une partie de leur dette publique, ces rachats de titres offriront plus de marge de manœuvre aux Etats pour soutenir lactivité économique (ou plutôt son redémarrage après l’arrêt des mesures de confinement) et les divers dégrèvements sociaux et fiscaux accordés aux entreprises. On l’a vu, l’Italie a débloqué 25 milliards. Un programme similaire est en cours de finalisation au Royaume-Uni. Toute la zone euro doit faire de même.

Au delà, l’injection directe de financements par la BCE auprès des structures publiques comme les hôpitaux doit être envisagée afin d’éviter les lourdeurs et les pertes en ligne.

La règle d’or budgétaire ne sapplique plus, dans la mesure où nous faisons face aux « circonstances exceptionnelles » prévues par le TSCG, mais ce sont toutes les normes austéritaires inscrites dans les autres traités européens qui doivent être abrogées (3% de déficit, 60% de dette publique, « recommandations » de la Commission européenne, « semestre européen » etc). Il va sans dire que si lEurope ne se met pas daccord sur ces points, la France devra prendre seule les mesures adaptées à ses besoins (y compris en mobilisant la Banque de France, même en labsence daccord de la BCE).

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Le coronavirus agit comme un révélateur : révélateur de limpasse de laustérité, révélateur de celle de la mondialisation. En quelques jours, cette pandémie nous a appris que les besoins de lhumanité ne sauraient être contraints par la gestion comptable, ni par la rentabilité des délocalisations dans des pays lointains. Il montre le rôle majeur des services publics, des entreprises publiques qui doivent porter l’intérêt général donc en avoir les moyens. Ce qui suppose de rompre avec la logique libérale qui prévaut depuis trop longtemps. Il est urgent, et même vital pour la France et l’Europe, d’en finir avec laustérité et de sengager résolument et durablement sur la voie de la relocalisation de leur économie.

ADP , La privatisation ne décolle pas!

La pétition officielle demandant que les aéroports de Paris restent un monopole public a atteint plus d’un million deux cent mille signatures alors que le délai légal touche à sa fin. Même si nous sommes loin des quatre millions sept cent mille signatures nécessaires pour déclencher un référendum, objectif irréaliste, nous avons dépassé la barre symbolique du million de signataires. En 2018, pour répondre aux exigences démocratiques des gilets jaunes, Emmanuel Macron avait promis d’abaisser ce seuil de déclenchement à un million de signatures. Force est de constater qu’il n’a pas tenu promesse. Et pourtant, le gouvernement renonce temporairement à privatiser ADP.

Ne nous voilons cependant pas la face sur les raisons de cet abandon temporaire de la privatisation. La crise financière mondiale et l’effondrement des titres boursiers consécutifs à la panique des marchés concernant le coronavirus motive plus le gouvernement que la mobilisation historique de tous les partis de gauche et d’une union transpartisane mobilisant toutes les forces républicaines, des syndicats, du monde associatif, et de nombreux citoyens attachés au service public. En pleine pandémie mondiale, le gouvernement aurait pu prendre conscience de l’enjeu sécuritaire et sanitaire de la gestion de la plus grande frontière de la France. Las, c’est la perspective d’une mauvaise affaire financière qui a entraîné ce recul.

Toujours est-il que cette décision est une défaite amère pour le gouvernement et sa vision du monde. Confier au privé et aux marchés financiers la gestion d’un intérêt stratégique national est irresponsable, et cette crise financière liée au coronavirus l’illustre bien. La volatilité et la recherche constante de profit n’est pas le mode de gestion souhaitable d’une entreprise d’intérêt public comme ADP. Il est cependant à craindre qu’une fois la crise passée, le gouvernement choisira la privatisation. La loi PACTE l’aura permise, et elle pourra avoir lieu très rapidement. Il s’agira alors de nous mobiliser, et de montrer au gouvernement que la large mobilisation du référendum d’initiative partagée n’avait pas pour but d’entraîné un abandon temporaire de la privatisation, mais son abandon définitif

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