“Les Français n’ont jamais eu autant besoin de République sociale !” – Emmanuel Maurel sur France Info, 14 janvier 2024

Alors que Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre, vient d’effectuer son 5ème déplacement en cinq jours, Emmanuel Maurel, député européen (groupe GUE/NGL), estime qu’Emmanuel Macron “fait joujou au remaniement”“Je remarque que dans cette atmosphère de fin de règne, à défaut d’avoir du pouvoir sur les choses, Macron, ce qu’il aime c’est avoir du pouvoir sur les gens. Ne va rien changer”. Il fustige également le Premier ministre : “Il ne fallait pas attendre d’être Premier ministre pour aller au contact des Français”

Quant à l’annonce de 32 milliards d’euros pour l’hôpital public, Emmanuel Maurel la qualifie “d’arnaque totale”. “C’est prévu depuis cinq ans, c’est un plan pluriannuel de financement de l’hôpital public, il n’y a rien de nouveau. (…) Attal habille avec de jolies phrases une réalité politique qui n’est pas jolie du tout”, a-t-il ajouté. “Ce remaniement, c’est beaucoup de bruit pour rien, résume le député. (…) Je pense que les Français ne sont pas dupes de ce qu’il se passe, et ce qu’il se passe, c’est que c’est la même politique avec les mêmes”.

Amélie Oudéa-Castéra “ment”

Après la sortie d’Amélie Oudéa-Castéra sur l’école publique, Emmanuel Maurel a invité la ministre de l’Éducation à démissionner. “D’abord, je pense qu’elle a menti. (…) Elle habite au cœur de Paris, dans le 6e, et elle nous explique (…) que l’école publique ne va pas bien dans ce quartier ultra privilégié. Ce n’est pas vrai”, introduit le député. “Elle est là pour s’adresser aux enseignants (…), aux parents d’élèves (…) et qu’est-ce qu’elle fait ? Elle est dans le dénigrement. En tant que parent d’élève d’enfants qui sont dans le public et en tant que fils d’enseignants, je me suis sentie insulté”, ajoute Emmanuel Maurel. 

Par ailleurs, il estime qu’Amélie Oudéa-Castéra ne pourra pas assumer son “super-ministère”, qui cumule Sports, Jeux olympiques et Éducation. “L’Éducation nationale c’est un job à plein temps, c’est énorme”.

Reprenons la main en France et en Europe

Il a enfin rappelé un engagement logique aux côtés de Fabien Roussel et de la liste de rassemblement à gauche conduite par Léon Deffontaines : “Avec Fabien Roussel et Léon, nous défendons une gauche de tous les jours de la vie qui n’a pas oublié ses fondamentaux laïques. Et sur l’Europe on veut retrouver plus de souveraineté

Avec la crise sanitaire, on avait dit qu’on allait relocaliser. Et là on veut nous faire avaler un accord de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande !?! Dans cette campagne des élections européennes, on va démasquer les hypocrites !” Or pour peu qu’on en ait la volonté, nous avons bien des marges de manœuvres : “On peut sortir du marché européen de l’électricité pour profiter du mix énergétique français qui est plus écologique…”

Conférence de presse : Reprenons la Main – 10 janvier 2024, élections européennes

L’année 2024 semble annoncer des vents mauvais et les sorties de crises peinent à se dessiner. Le 9 juin, pour le monde du travail, pour la souveraineté industrielle, alimentaire & culturelle, aux côtés du Parti Communiste Français, de L’Engagement et de représentants du monde du travail, il est temps de “Reprendre la Main en France et en Europe”.

Retrouvez ici l’intervention d’Emmanuel Maurel le 10 janvier 2024, lors de la présentation des premiers axes de la liste que nous mènerons avec nos partenaires aux prochaines élections européennes.

Entrer en Résistance

Nous ne faisons pas face à un gouvernement qui voudrait faire de son mieux dans un contexte difficile mais se tromperait sur le diagnostic et les solutions.

Nous faisons face à un président de la République au service des puissants de ce monde, idéologiquement convaincu que la richesse ruisselle sans qu’il n’y ait besoin que la loi instaure la solidarité et qui, délibérément, ne prend pas les mesures pour sauver, soutenir ou améliorer tout ce qui fait l’originalité et la pertinence de notre modèle social français ou même européen.

Au contraire, par tous les moyens, et dans tous les domaines, il affaiblit, casse ou laisse dépérir à dessein. Il n’est pas le seul en Europe. D’autres ont tapé plus fort et plus tôt. Mais les objectifs sont les mêmes.

Ces attaques semblent partir tous azimuts mais sont malheureusement très cohérentes. Ainsi de la réforme des retraites, inutile et injuste ; ainsi de l’Hôpital, de la Recherche ou de l’École où, faute de moyens et d’ambition, on désespère les personnels et on laisse filer les compétences ; ainsi de la Laïcité quand “l’on” fait semblant de ne pas voir que la participation du Président à des cérémonies religieuses est anticonstitutionnelle et rend inaudible le juste discours sur les signes ostentatoires ; ainsi du droit du travail contre lequel on ne compte plus les coups de boutoirs, dont le dernier en date est la proposition de faire reculer d’un an à deux mois le délai de prescription pour la saisine des prudhommes en cas de licenciement abusif… Et la liste est longue.

Entrer en résistance, c’est multiplier les combats ponctuels sans perdre de vue la vision d’ensemble. Entrer en résistance, c’est avoir conscience qu’à ce régime la République est en danger. Mais entrer en résistance c’est aussi gagner : ainsi de la victoire d’Emmanuel Maurel et de ses alliés sur le géoblocage des œuvres culturelles. Entrer en résistance c’est gagner partout où nous sommes car il n’y a pas de petites victoires. Entrer en résistance, c’est ainsi préparer la contre-offensive et la gauche républicaine de demain qui, en France comme en Europe, pourra proposer une alternative attractive aux chemins mortifères.

Assumer le bras-de-fer avec le gouvernement allemand

Déjà absurde à l’origine et inefficace – la dette des États européens s’est maintenue à un niveau élevé et la croissance a été poussive durant les années 2010 –, le Pacte de stabilité et de croissance s’est fracassé sur le mur du Covid en 2020 et 2021. L’éclatement de la guerre en Ukraine, les besoins de la transition écologique et numérique ainsi que la réindustrialisation (notamment l’effort de défense) auraient dû signer sa fin, mais c’est le contraire qui va se passer : les règles du traité budgétaire de 2011 seront rétablies le 1er janvier 2024.

À côté de l’irréalisme des objectifs (3% de déficit, 60% de dette publique, obligation de dégager un excédent primaire, « réformes structurelles »), la quasi impossibilité politique d’infliger des amendes aux États déficitaires commandait pourtant de mettre à jour les lignes directrices de la politique budgétaire.

Timide proposition de la Commission

En avril dernier, la Commission semblait avoir pris (un peu) conscience de la nouvelle donne en proposant une (timide) modification du Pacte : les totems des 3% et 60% demeuraient, mais en privilégiant une approche « au cas par cas » censée tenir compte des spécificités nationales.

À chaque État hors les clous d’un ou plusieurs critères de Maastricht, la Commission souhaitait proposer une « trajectoire budgétaire de référence » sur quatre ans (renouvelable trois ans) si des « réformes structurelles » ou, nouveauté, des investissements de nature à alimenter la croissance, étaient engagés. Le mécanisme du Semestre européen (aux termes duquel les États soumettent leurs orientations budgétaires à la Commission, qui leur répond par des « recommandations ») et les injonctions à conduire des réformes néolibérales étaient maintenues. La Commission pouvait toujours ouvrir une procédure pour déficit excessif, mais avec des amendes moins lourdes.

Nouveau refus germanique

Ces aménagements, pourtant très modérés (pour ne pas dire cosmétiques), n’ont pas fait varier Berlin d’un iota : Scholz, sous la contrainte de Lindner, son très libéral et austéritaire ministre FDP des finances, n’avalise pas cette idée « d’individualisation des parcours » budgétaires, car cela nuirait à la « discipline » et donnerait à la Commission un pouvoir de négociation – et de décision – trop discrétionnaire à leurs yeux. Le gouvernement de la coalition des “feux tricolores” (rouge pour le SPD, jaune pour le FDP et vert pour les Grünen) demande le maintien des règles actuelles, sans changement.

Élisabeth Borne et Bruno Le Maire, qui trouvaient le projet de la Commission à leur goût, ont d’abord répondu « inenvisageable ». Mais comme d’habitude (à l’exception notable de l’inclusion du nucléaire dans la catégorie des énergies soutenues au titre de la transition écologique), Paris a fini par reculer.

Et comme d’habitude, l’Allemagne veut une Europe à son image, sans se soucier des besoins d’investissement massifs auxquels se sont engagés les autres États membres. Pour notre chère moitié du « couple », la seule chose qui compte c’est respecter le verdict de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe du 15 novembre dernier, qui a censuré l’utilisation de 60 milliards d’un fonds spécial hors budget, initialement destiné à la relance post-Covid, pour financer d’autres politiques publiques (l’existence de tels véhicules, qu’en finance privée on appellerait du « shadow banking », n’est pas sans poser question sur le sérieux de la « rigueur » allemande…). Sans doute un peu honteux d’avoir été pris la main dans le sac, Christian Lindner a décidé que pour faire bonne figure et rentrer en grâce en son pays, mieux valait faire payer les autres.

Le gouvernement règle ses problèmes intérieurs sur le dos des Européens

Toujours est-il qu’à ce jour, l’Allemagne n’a toujours pas bouclé son budget 2024. Et la raideur de sa position sur le Pacte budgétaire ne l’aidera pas plus que les autres à trouver les dizaines de milliards d’euros nécessaires à la transition énergétique et à endiguer les délocalisations industrielles provoquées par l’explosion des prix de l’énergie.

Emprunter des dizaines de milliards d’euros sur les marchés financiers est un réflexe politique tout sauf naturel pour les Allemands, qui depuis 15 ans se sont imposés une règle ultra-stricte, qu’ils avaient même inscrite dans leur Constitution : quasi-interdiction de tout déficit public, sauf situation d’urgence. La crise sanitaire avait été considérée comme telle, mais pas la crise climatique. Le SPD et les Verts voudraient bien sortir de cette tenaille, mais ont besoin pour ce faire d’un vote des deux tiers du Bundestag, ce qui est arithmétiquement impossible. Et pour le FDP de Christian Lindner, sans lequel il n’y a plus de majorité, il n’en est pas question.

Au cœur du programme du FDP on trouve en effet le refus catégorique de toute hausse des impôts, particulièrement sur les riches. Comme pour ce parti, plus de dette = plus d’impôts et que tout investissement public (en friche complète depuis Merkel, notamment dans les infrastructures : routes, ponts et canaux sont dans un état lamentable) doit être gagé sur des économies, l’obstacle semble infranchissable. La rentrée en récession de l’Allemagne, dont le secteur privé n’investit plus et réduit ses dépenses de R&D, finit de noircir le tableau, sans que cela émeuve les libéraux. On en vient à se demander si une partie de la classe politique d’outre Rhin n’espère pas secrètement que la Russie gagne la guerre et que le business avec cet ex fournisseur d’énergie reprenne comme au bon vieux temps.

Pour sa part, l’opinion publique allemande n’apprécie guère ces tergiversations et encore moins l’absolutisme du FDP. Les sondages lui donnent moins de 5% en cas d’élections anticipées et la paralysie politique éclabousse aussi le SPD et les Grünen. En revanche, au sein de la CDU, des voix se font entendre pour plaider moins de contraintes, voire la remise en cause de la règle d’or budgétaire. Il se murmure qu’un expédient pourrait être trouvé en prolongeant « l’état d’urgence financier » en 2024. Mais rien de bien consistant à ce stade, alors que le temps presse.

Avoir le cran de l’affrontement

S’il venait à l’idée d’Emmanuel Macron d’essayer de réussir (pour une fois) une opération diplomatique, la « cible Lindner » est tentante. Après tout, celui-ci a toujours dit « non » à toutes les propositions européennes du Président français, et ce depuis 2017. L’Élysée, qui ne manque pas de relais dans la presse, pourrait échafauder un plan qui pour le coup, serait bien utile à la France, l’Allemagne et l’Europe. Lindner et le FDP forment le noyau dur de la coalition des « égoïstes », ils ont failli faire capoter le plan de relance de 2020, ce qui aurait proprement démoli nos économies, et se débarrasser d’un tel « ennemi de l’intérieur » n’attristerait sans doute pas grand monde (et pas davantage Scholz, ni le patron des Grünen, Robert Habeck). Mais Macron aura-t-il le cran d’aller à l’affrontement direct avec l’Allemagne en visant Lindner ? Il est permis d’en douter.

Or le temps ne presse pas seulement pour le budget allemand ; il presse aussi et surtout pour la cohésion de l’Europe. Les élections européennes approchent et la vague d’extrême-droite se profile à l’horizon. Il ne reste, au mieux, que quelques semaines pour trouver un compromis sur le nouveau cadre budgétaire si les Vingt-Sept veulent qu’il soit adopté avant la fin de la législature. Dans cette hypothèse, le nouveau Pacte de stabilité rentrerait en vigueur dès 2025. D’ici là, les règles existantes pourraient être aménagées de manière flexible voire constructive. Mais pour l’instant, tout cela relève de la politique fiction.

Il ne nous reste plus qu’à défendre notre programme de gauche et de souveraineté populaire et à le porter dans la campagne pour forcer un gouvernement français quel qu’il soit à assumer enfin la confrontation européenne nécessaire.

Mathias Weidenberg et Frédéric Faravel

“L’accord UE-Mercosur serait perdant-perdant des deux côtés de l’Atlantique” – tribune d’Emmanuel Maurel dans Marianne

tribune publiée dans Marianne le vendredi 8 décembre 2023

Après le constat d’échec acté lors du sommet du Mercosur le 8 décembre, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le bloc sud-américain semble très mal parti.

L’activisme de la Commission, fortement appuyé par l’Espagne, qui préside le Conseil de l’Union européenne jusqu’au 31 décembre, et par l’Allemagne, qui a tenté d’arracher un compromis de dernière minute, n’a pas abouti et il faut s’en féliciter. Car s’il était finalement avalisé, cet accord serait perdant-perdant des deux côtés de l’Atlantique.

UNE MAUVAISE IDÉE

En termes géographique, démographique et économique, la relation entre l’Europe et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay – le Venezuela en est suspendu depuis 2017) est tout sauf anecdotique. Nous parlons là d’un ensemble de 15 millions de km², 780 millions d’habitants et 90 milliards d’euros annuels d’échanges bilatéraux.

« Le monde n’a pas besoin qu’on intensifie les échanges entre grands blocs “géopolitiques”. »

La Commission européenne, très friande du terme « géopolitique », n’a pas tort de souligner à quel point l’enjeu est important. Mais faire de la politique dans le « grand jeu » ne se distingue pas fondamentalement de la politique à plus petite échelle : c’est un art de contenu et d’exécution. Et si l’on exécutait le contenu de ce traité commercial, ce ne serait bon ni pour l’Europe, ni pour le Mercosur, ni pour le monde.

Le monde n’a pas besoin qu’on intensifie les échanges entre grands blocs « géopolitiques ». Au contraire : d’après une étude de la Banque de France publiée en 2020, l’accroissement de la circulation des flux de marchandises dans la mondialisation est responsable du quart des émissions supplémentaires de gaz à effet de serre. S’agissant du Mercosur, la donne s’aggrave des produits-phare inscrits dans le texte : il est prévu d’importer d’Amérique du Sud 99 000 tonnes de bœuf, 180 000 tonnes de volaille et 650 000 tonnes d’éthanol par an.

COÛT ENVIRONNEMENTAL ET ÉCONOMIQUE

Or selon différentes ONG, cet accroissement inédit des importations agricoles (pour le bœuf, +63 % d’ici 2035) provoquera entre +5 % et +25 % de déforestation supplémentaire. Mais ce n’est pas tout. L’accord favoriserait également les exportations vers le Mercosur de substances actives fabriquées en Europe et… rentrant dans la composition de pesticides interdits sur notre territoire ! Cela accroîtra en retour l’importation de millions de tonnes de produits agricoles traités avec ces pesticides dangereux pour la santé et pour l’environnement. On mesure au passage la contradiction, pour ne pas dire l’hypocrisie de certains discours écologiquement corrects.

« L’arrivée sur le marché européen de produits agricoles à bas prix en provenance du Mercosur exercera une pression concurrentielle. »

Bruxelles et Berlin ne jurent que par le « green deal » et la décarbonation de l’économie, mais quand on passe aux travaux pratiques, les millions de tonnes de CO2 des voitures allemandes et les millions de tonnes de méthane des bovins argentins ne posent plus problème – à tel point que le Chancelier allemand et le Commissaire européen au commerce étaient prêts à retirer du texte toute clause contraignante sur le respect de l’accord de Paris et sur la lutte contre la déforestation…

Au coût environnemental s’ajoute le coût économique, particulièrement pour l’agriculture européenne et française. L’arrivée sur le marché européen de produits agricoles à bas prix en provenance du Mercosur exercera une pression concurrentielle d’autant plus irrésistible que nos agriculteurs doivent respecter les normes les plus strictes du monde.

DES AGRICULTEURS QUI SOUFFRENT

Les partisans de l’accord rétorquent que ces contingents d’importation ne représentent qu’une faible part de la production et de la consommation de viande en Europe. C’est exact, mais comme l’agriculture est la variable d’ajustement quasi systématique des accords commerciaux négociés par la Commission, à force d’empiler les « faibles parts » les unes sur les autres, ça finit par faire beaucoup.

« Même dans la société civile sud-américaine, nombreux sont ceux qui redoutent la passation d’un accord. »

Beaucoup trop pour des millions d’agriculteurs qui souffrent déjà des conditions actuelles du marché, comme l’a rappelé l’épisode rocambolesque du poulet ukrainien, bloqué à la frontière par les Polonais, les Slovaques et les Hongrois – et comme le rappellent les tendances de fond qui affectent la France. Historiquement grande puissance agricole, elle est passée en 20 ans du 2e au 5e rang des exportateurs mondiaux et ses importations alimentaires ont explosé. En 2022, nous avons importé 63 milliards d’euros de denrées alimentaires : deux fois plus qu’en 2000.

Même dans la société civile sud-américaine, nombreux sont ceux qui redoutent la passation d’un accord qui ferait disparaître les droits de douane sur 90 % des marchandises. Syndicalistes et économistes y voient à juste titre un deal « viande et minerais contre voitures et marchés publics » et s’inquiètent des retombées prévisibles.

DANGER SUR LE MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT

Dans un texte commun des syndicats du Mercosur et de l’UE publié en juin, les représentants des travailleurs dénoncent « les dommages causés à la classe ouvrière » et « l’aggravation des inégalités sociales et du chômage », en raison notamment de la « mise en péril de l’industrialisation [du Mercosur] ».

Même son de cloche sous la plume de Paulo Nogueira Batista Jr, économiste et ancien membre du directoire du FMI qui estime, dans une tribune parue le 3 décembre dernier, que signer l’accord serait une « capitulation totale ». À ses yeux les droits de douane actuels sur les importations sont une « compensation partielle d’un ensemble de facteurs défavorables pour les entreprises brésiliennes » et l’« intérêt stratégique » des pays du Mercosur commande de les maintenir.

La sévérité – et la vérité – de ces analyses n’ont d’égales que la légèreté et la désinvolture des institutions européennes. Aux contradictions sur l’écologie s’ajoutent celles, tout aussi graves, sur le modèle de développement. La Commission a renié sa promesse d’une « nouvelle génération d’accords », censés mettre un terme à l’échange inégal entre le Sud et le Nord, où le premier est obligé d’exporter ses matières premières et des biens à faible valeur ajoutée pour pouvoir accéder aux produits sophistiqués du second.

CHANGEMENT DE CAP

À l’été dernier, les eurodéputés membres de la commission du commerce international votaient un texte appelant à partager la valeur entre les pays moins avancés ou émergents et les entreprises européennes, à mettre un terme au pillage de facto de leurs ressources et à promouvoir les plus hauts standards sociaux et environnementaux.

Quelques mois plus tard, la plupart ne trouvent rien à redire au très archaïque accord UE-Mercosur, qui contient exactement le contraire, et approuvent la liste interminable d’accords dans les tuyaux de la Commission : Chili, Philippines, Mexique, Indonésie, Inde…

Nouvelle illustration du « double langage occidental » qui nous est de plus en plus ouvertement reproché par le « Sud Global » ? Incapacité à s’extraire des exigences des grandes multinationales qui auraient, elles, certainement profité d’un tel accord ? L’Europe manque singulièrement de cohérence dans son approche de la nouvelle donne économique, sociale et environnementale.

Pour que sa voix porte à nouveau, elle devra faire son aggiornamento de la mondialisation et ne plus céder aux injonctions néolibérales de sa technostructure et de ses élites économiques et financières.

Un peu de glyphosate sur votre camembert industriel ?

Le mandat du parlement européen s’achève et il faut croire que le conseil et la commission européenne ont décidé de faire passer les pires décisions et compromissions au dernier moment.

On a suivi l’idée absurde de vouloir supprimer les boites de camembert en bois, belle diversion pour faire oublier que la commission a défendu la prolongation pour 10 ans du glyphosate. Dans le même élan, il faudrait en plus soutenir un traité de libre-échange délirant avec la Nouvelle Zélande pénalisant l’Agriculture européenne et générant des millions de tonnes de CO2.

Dans ce concours de la plus mauvaise idée de la législature, le gouvernement français n’a pas brillé : cacophonie, injonctions contradictoires, dénoncer le lendemain les mauvais coups qu’on a avalisés ou laissés passer la veille… ces pratiques gouvernementales ne sont certes pas neuves, tous les gouvernements français ont déjà joué du « c’est pas moi c’est Bruxelles » pour se dédouaner des décisions qu’ils soutenaient. Mais plus que jamais l’exécutif français ressemble aujourd’hui sur ces sujets comme sur bien d’autres à un canard sans tête.

Depuis 10 ans, Emmanuel Maurel défend au nom de la Gauche Républicaine et Socialiste au sein du Parlement européen une ligne offensive et cohérente qui devrait inspirer la position française dans la manière de restaurer la place de notre pays dans une construction européenne qui est de plus en plus un champ de concurrence débridée. Il est temps de travailler à envoyer à ses côtés d’autres député(e)s européen(ne)s sur le même modèle à Strasbourg et Bruxelles.

#UGR 2023 : discours de clôture par Marie-Noëlle Lienemann – dimanche 8 octobre 2023

Marie-Noëlle Lienemann, ancienne Ministre et coordinatrice nationale de la GRS, intervenait dimanche 8 octobre à midi pour la conclusion des Universités de la Gauche Républicaine au Palais des Congrès de Rochefort.

C’est une intervention forte qui permet de caractériser politiquement la période et de tracer des perspectives pour la gauche française au service de nos concitoyens.

Ici l’Europe : notre continent s’installe dans la pauvreté

Public Sénat et France 24 diffusaient samedi 7 octobre l’émission “Ici l’Europe” enregistrée au Parlement Européen.

L’Europe s’installe dans la pauvreté : la solidarité est-elle encore une priorité ? Alors que l’inflation continue de frapper les pays européens, la question de la pauvreté en Europe est d’autant plus urgente. La politique sociale des de l’Union européenne est de toute évidence gravement insuffisante.

Emmanuel Maurel, député européen et animateur national de la GRS, répondait aux questions de Marie Brémeau et Caroline De Camaret. Il débattait avec Alin Mituţa, député européen de Roumanie, membre du groupe Renew Europe (Libéraux et Macronistes).

#UGR2023 : Vers la marginalisation de l’Union Européenne ? samedi 7 octobre 2023

Samedi 7 octobre à 9h30 au Palais des Congrès de Rochefort (Charente-Maritime), se tenait la deuxième table ronde des universités de la gauche républicaine, avec Guillaume Duval (ancien rédacteur en chef d’Alternatives Economiques), Anna Pic (députée PS de la Manche), Marga Ferré (Transform’Europe, PGE) et Liêm Hoang Ngoc (Président de la Nouvelle Gauche Socialiste, ancien député européen, Maître de conférences en économie à Paris I)… Le débat était animé par Laurent Miermont, membre du pôle Idées du collectif de direction de la Gauche Républicaine et Socialiste.

La construction européenne est un idéal de paix, de prospérité et de fraternité entre des peuples qui sont loin d’avoir toujours cultivé ensemble ces valeurs. Mais elle est marquée depuis les origines par son hostilité à l’encontre de l’État Nation et de l’expression démocratique qu’il contient. L’Union européenne est devenue une implacable machine qui s’empare lentement, mais sûrement, de tous les éléments essentiels de la souveraineté. Pour quel résultat ?

Existe-t-il un intérêt général, ou un sentiment d’appartenance, européen ? Sur la scène mondiale, l’Europe est affaiblie et ne compte que peu face aux États-Unis et à la Chine. Comment faire pour éviter la marginalisation de l’Europe ?

Marché de l’électricité : comment tout a disjoncté ! (débat à la Fête de L’Humanité 2023)

Samedi 16 septembre 2023, sur le stand de la Gauche Républicaine et Socialiste pour la Fête de l’Humanité, la GRS avait invité David Cayla – Maître de Conférences en économique à l’université d’Angers, membre des Economistes atterrés et essayiste – et Laurent Miermont – responsable national au sein du pôle Idées, formation et riposte de la GRS – à débattre du marché européen de l’électricité.

Ils ont retracé la construction de ce marché européen et surtout le chemin de la “libéralisation” et de la création d’une concurrence totalement artificielle, dont le principal effet a été ouvertement de mettre à bas l’opérateur public historique français, EDF. Ils sont également revenus sur la crise de l’énergie qui a crû à partir de la fin 2021 avant d’exploser en 2022 avec la guerre en Ukraine, ainsi que sur les actions désordonnées de la commission européenne pour y faire face.

Les deux intervenants convergent en conclusion sur la nécessité urgente pour la France de sortir – y compris unilatéralement – de ce “marché européen”, qui pénalise les usagers et les entreprises, afin de surmonter la crise et de préserver les atouts de notre mix énergétique.

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